Aller au contenu

Dans un taudis près de chez vous


Amed222

Messages recommandés

la liste des taudis de Mtl

http://www.cyberpresse.ca/article/20070330...9/6576/CPPRESSE

Dans certains cas, l'insalubrité est totale et innommable, témoin cette salle de bain «typique» d'un logement de la Place de l'Acadie.

Photo Ivanoh Demers, La Presse

CATÉGORIE: SÉRIE

Dans un taudis près de chez vous

Katia Gagnon et Hugo Meunier

La Presse

Paru le 20 mars 2006

Au cours des dernières semaines, les journalistes Hugo Meunier et Katia Gagnon sont partis à la chasse aux taudis. Ils en ont visité une vingtaine, tous plus délabrés les uns que les autres. Ils vous présentent six taudis qu'ils ont visités. Les pires. Coeurs sensibles s'abstenir.

Longues moisissures sur les murs

DOMAINE RENAISSANCE à l'angle de la rue Viau et du boul. Robert SAINT-LÉONARD

Cette enclave d'une dizaine d'immeubles compte 336 logements. Son architecture est digne des années soviétiques. Domaine Renaissance: un nom surréaliste pour ces ensembles de briques brunes plantés dans un océan de béton. Pas un arbre en vue. Un beau terrain de jeu pour les gangs de rue, qui ont couvert plusieurs cages d'escalier de graffitis à leur nom. Dans les logements, il y a des souris et des blattes. Et dans les cours, des junkies qui se piquent.

Dans un des appartements, une locataire, qui insiste pour que nous taisions son nom, vit avec sa fille, qui suit des cours au cégep. «Si mes cours finissent après 9h le soir, je dors chez une amie. J'ai trop peur de revenir coucher ici», raconte la jeune fille. Et souvent, elle essaie de manger ailleurs. «Elle est dégoûtée par les coquerelles», explique sa mère. Évidemment, pas question d'inviter les amis du cégep. «Vous savez, vivre ici, c'est très humiliant», dit la jeune fille, les yeux baissés.

La situation est encore plus dramatique dans le logement d'Aïcha Erzzeroug. Arrivée d'Algérie il y a deux ans avec ses quatre enfants et son mari, Aïcha s'est retrouvée au Domaine Renaissance. Elle s'est aperçue que, durant les mois d'hiver, ses murs se couvraient de longues coulées de moisissures noires. L'eau, qui s'infiltre dans ces murs construits à la va-vite, fait des ravages dans tout son appartement, où l'air est pratiquement irrespirable tant il est chargé d'humidité. Dans la chambre des enfants, les lits couverts de toutous sont cernés par ces grandes traînées sombres. Le plus jeune enfant dort. Il est souvent malade. «C'est l'asthme», dit Aïcha.

Mais bientôt, c'est entendu, ils sortiront d'ici, assure-t-elle. «On a donné notre avis au propriétaire. Nous partons.» Et où se trouve le nouveau logement? «Nous n'avons pas encore trouvé.» Parce que la recherche d'un logis, pour une famille immigrée avec quatre enfants, c'est toute une entreprise. Bonne chance, Aïcha.

À 13 dans un trois et demie

5800, 5850, rue Jarry Est SAINT-LÉONARD

Ce parc d'immeubles de 133 logements est une enclave de déchéance au coeur de l'arrondissement Saint-Léonard. À l'appartement 107, le lavabo de la salle de bains arraché, la baignoire dégoûtante, le tapis noirci et la cuisine dont les armoires sont couvertes de crottes de souris donnent une bonne idée de l'état des lieux. Prix: 550 $ par mois. «Le propriétaire est négligent avec ses logements», admet sans peine le concierge, Victor Goudreau.

La locataire qui habitait cet appartement est partie il y a à peine un mois. «Généralement, le propriétaire loue ces appartements en prétendant qu'ils vont être rénovés. Quand le locataire entre, il n'y a rien de fait. Et il n'y a rien qui se fait non plus», explique Sylvie Dalpé, du groupe communautaire Action-dignité, qui oeuvre dans Saint-Léonard. Victor Goudreau, lui, en a aussi contre les locataires, «des hosties de cochons». À l'appartement 107, lorsque la locataire est partie, " j'en ai eu pour quatre heures à sortir les déchets ", raconte-t-il.

M. Goudreau a été mandaté par le gestionnaire pour «faire le ménage» à Place Jarry. À son arrivée, il a expulsé 32 locataires. Dans l'un de ces logements, 13 personnes vivaient dans un trois pièces et demie. Dans les couloirs crasseux, des sacs verts s'accumulaient et des deals de drogue se négociaient durant la nuit. La situation, estime M. Goudreau, s'est améliorée. Mais pas l'état des logements.

En pénétrant dans l'appartement 318, par exemple, on entre dans un condensé de misère pure. Trois générations de Haïtiens, dont un fils handicapé et obèse, vivent à demi-nus dans un logis surchauffé. Un lit occupe pratiquement tout le salon. La table de la cuisine est couverte de victuailles et de détritus. Le plancher est jonché d'objets hétéroclites. De ce logis émane une horrible odeur de pourriture.

Les excréments s'accumulent au fond de la cuvette

4293 à 4305, rue Saint-Jacques SAINT-HENRI

Nous avons dû enfoncer une porte pour faire une entrevue avec Jacques Lévesque. Le vieil homme, qui marche avec beaucoup de difficulté, l'avait cadenassée après la visite d'un voleur. À moitié aveugle, il ne trouvait plus les clés du cadenas. Il nous a demandé d'enfoncer la porte. Nous l'avons fait. Elle s'est ouverte brutalement sur un spectacle crève-coeur.

L'homme de 69 ans, ombre de barbe blanche, jambes nues, les pieds enflés, est assis sur son lit. Un matelas noir de crasse, un petit tas de couvertures raides de saleté. L'odeur nous prend à la gorge. Ça sent la merde. Normal: le coin toilette, grand comme un placard, se trouve dans la chambre et est inutilisable. Néanmoins, il s'en sert parfois. Et les excréments s'accumulent doucement au fond de la cuvette.

Toute la vie de Jacques se déroule ici, dans cette unique pièce. Murs brunis, plancher couvert de détritus, vaisselle sale en pile dans l'évier. Une minuscule cuisinière, un tout petit frigo. Pas de baignoire. Pas de douche. Et 300 $ par mois.

À la porte d'à côté, Benoît «Ben» Riopel occupe une autre chambre. Nous l'avons cueilli au saut du lit. Il s'est assis sur son matelas brun, a pris la grosse bière posée à côté de son lit. S'en est servi un verre. Après un bon rot, il était prêt à s'attaquer à la première tâche de la journée: passer la vadrouille sur son plancher, complètement mouillé. «Ça, c'est l'eau qui s'est accumulée durant la nuit», dit-il. L'énorme fissure dans son plafond témoigne que Ben n'en est pas à son premier dégât d'eau. Dans sa chambre, les murs sont aussi bruns que son matelas. Le bas est couvert de champignons gros comme un ongle.

Ben sort dans le couloir glacial, torse nu. Il n'y a pas de chauffage dans les couloirs, ni d'ailleurs dans les quatre salles de bains communes de cet immeuble de brique rouge, qui compte 22 chambres. «Personne se lave là-dedans, dit Ben en montrant la baignoire. Il fait ben trop frette.»

Après avoir été averti de la situation par un membre du comité logement de Saint-Henri, qui nous accompagnait lors de cette visite, un inspecteur de l'arrondissement a imposé au propriétaire de cette maison de chambres, Mahesh Jain, une longue liste de travaux. Il a jugé que trois chambres, dont celles de Ben et de Jacques, étaient inhabitables et les a condamnées. Ben et Jacques vivent maintenant au YMCA. En attendant.

Douchés par les voisins du dessus

7535, L'Acadie PARC-EXTENSION

«Appartement à louer», peut-on lire sur une affiche placardée sur la vieille bicoque en brique brune. De l'extérieur, l'immeuble, presque en ruine, semble abandonné. Seize familles s'y entassent pourtant dans des conditions misérables.

Tous les logements sont infestés de souris et de blattes. Les excréments dans les coins trahissent la présence des rongeurs. «Ils sortent chaque fois que j'éteins la lumière. Je les entends ronger les fils électriques», raconte une mère d'origine gambienne, qui partage un logement de quatre pièces avec ses enfants.

Dans la salle de bains, un trou immense perce le plafond pourri.

Il n'est pas rare que les membres de cette famille reçoivent de l'eau sur la tête lorsque les voisins d'en haut se douchent en même temps qu'eux.

La locataire doit néanmoins allonger 550 $ par mois pour conserver son taudis. Comme l'ensemble des résidants rencontrés, cette mère de famille déplore ne pas pouvoir joindre le propriétaire des lieux, qui habiterait Toronto.

Quelqu'un frappe pourtant aux portes chaque mois pour récolter le loyer, en argent liquide seulement.

Comme presque tous les autres, la locataire aimerait pouvoir quitter cet endroit de misère. «Mais je suis une mère célibataire», explique-t-elle.

Un étage plus haut, les Faduzi doivent vivre avec des champignons noirs sur les murs. Le toit s'effrite sous le poids d'infiltrations d'eau. Évidemment, il y a les insectes et les souris. «Ma maison, c'est comme le prolongement du Biodôme ou de l'Insectarium», ironise M. Faduzi, qui vit depuis cinq ans à cette adresse en compagnie de sa femme et de quatre enfants en bas âge.

Cette famille d'origine marocaine est inscrite depuis quatre ans sur une liste d'attente pour obtenir un HLM. «Mais on m'a dit qu'il y a des cas plus urgents», déplore le père de famille, ingénieur-informaticien de formation au Maroc... mais assisté social au Québec.

Le soir, parfois, les locataires de l'immeuble reçoivent la visite de squatters, et des effluves de haschisch s'échappent de leur campement de fortune, sous les escaliers.

Des sacs de punaises

Place de l'Acadie et place Henri-Bourassa BORDEAUX-CARTIERVILLE

Un jour, Abdou Lat Fam, travailleur communautaire, a vu débarquer dans son bureau une femme en pleurs. Dans ses mains, elle tenait un sac d'épicerie. Plein à ras bord de punaises vivantes. Son logement était si infesté par les insectes que la peau de ses trois petits enfants était à vif, un véritable champ de piqûres.

Abdou travaille depuis un an à la place de l'Acadie et à la place Henri-Bourassa, deux enclaves de 23 immeubles ceinturées par l'autoroute 15, le boulevard Henri-Bourassa et le boulevard de l'Acadie. Un ghetto d'un millier d'immigrés de fraîche date, l'un des dossiers les plus noirs du logement à Montréal. Depuis près de 10 ans, les problèmes y perdurent. «Au point où on en est rendu, les coquerelles ne font même plus partie des priorités», dit Abdou.

C'est que les problèmes sont multiples. Rats, souris, infiltrations d'eau, déchets répandus par la vermine et les ratons laveurs, qui ont libre accès aux salles où les locataires entassent leurs détritus. Dans certains cas, l'insalubrité est totale. La Ville a fait démolir un immeuble en 2003. Deux autres sont condamnés.

«Les conditions de logement observées peuvent avoir un impact sur la sécurité respiratoire des locataires», a confirmé une récente inspection de la Direction de la santé publique de Montréal. Il est en effet prouvé que l'exposition aux champignons qui causent les moisissures peut causer de graves troubles respiratoires. Sur le terrain, Abdou voit tous les jours des enfants asthmatiques, et des cas de pneumonies et de bronchites chroniques chez leurs parents.

Fady El Ariss habite depuis 15 ans place de l'Acadie. Il en a vu de toutes les couleurs. Le chauffage est parfois coupé la fin de semaine. Dans sa chambre, le plafond tombe en lambeaux à cause d'un ancien dégât d'eau. La fenêtre est ouverte en tout temps, à cause de l'odeur qui émane du sous-sol de son immeuble, où les appartements sont condamnés. Parce qu'il s'est battu contre le propriétaire à la Régie du logement, il ne paie que 360 $ par mois pour quatre pièces et demie. Mais à quelques centaines de mètres de là, Ahmed Benzekri n'a pas autant de chance: il paie 620 $ par mois pour un appartement semblable.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • Habitués

C'est déguelasse, ça n'a même pas de bon sang.

On devrait poursuivre ces gens au criminel, saisir l'ensemble de leur propriétés, tout raser et tout transformer en HLM.

Je lis ça et j'ai l'impression d'être dans un pays du tiers monde. On est supposé avoir un filet social ici!

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • Habitués
C'est déguelasse, ça n'a même pas de bon sang.

On devrait poursuivre ces gens au criminel, saisir l'ensemble de leur propriétés, tout raser et tout transformer en HLM.

Je lis ça et j'ai l'impression d'être dans un pays du tiers monde. On est supposé avoir un filet social ici!

En France aussi, mais les marchands de sommeil y font des fortunes. Quand il y a une pénurie de logements comme à Paris, on voit des choses hallucinantes !

Leurs cibles : les immigrants et les pauvres, ceux qui n'ont pas le choix.

Par contre, on dirait qu'il n'y a pas de squatts au Québec ... je n'en ai pas entendu parler... je pense à ça car les conditions de vie y sont similaires

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • Habitués
On devrait poursuivre ces gens au criminel, saisir l'ensemble de leur propriétés, tout raser et tout transformer en HLM.

Et offrir en priorité les logements nouvellement construits aux malheureux qui vivent actuellement dans ces taudis!

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • Habitués
On devrait poursuivre ces gens au criminel, saisir l'ensemble de leur propriétés, tout raser et tout transformer en HLM.

Et offrir en priorité les logements nouvellement construits aux malheureux qui vivent actuellement dans ces taudis!

+1

c'est vraiment inadmissible de laisser vivre les gens dans ces conditions!

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Rejoindre la conversation

Vous pouvez publier maintenant et vous inscrire plus tard. Si vous avez un compte, connectez-vous maintenant pour publier avec votre compte.

Invité
Répondre à ce sujet…

×   Collé en tant que texte enrichi.   Coller en tant que texte brut à la place

  Seulement 75 émoticônes maximum sont autorisées.

×   Votre lien a été automatiquement intégré.   Afficher plutôt comme un lien

×   Votre contenu précédent a été rétabli.   Vider l’éditeur

×   Vous ne pouvez pas directement coller des images. Envoyez-les depuis votre ordinateur ou insérez-les depuis une URL.

  • En ligne récemment   0 membre est en ligne

    • Aucun utilisateur enregistré regarde cette page.


×
×
  • Créer...
Ouvrir un compte bancaire avant mon départ
© 2024 immigrer.com

Advertisement