Le Québec, paradis de la cigarette

[BiscuitDérable]

Jusqu'à tout récemment, le Québec était l'un des hauts lieux de la cigarette en Amérique du Nord. La proportion de fumeurs y était plus importante et les interdictions de fumer moins fréquentes qu'ailleurs au Canada ou aux États-Unis.

Le catholicisme explique cette différence, selon un livre que vient de publier un historien de l'Université McGill, Jarrett Rudy. The Freedom to Smoke décrit le peu de succès au Québec du mouvement antitabac à la fin du XIXe siècle et pour la plus grande partie du XXe siècle.

«Il faut attendre en 1998 pour avoir une loi antitabac musclée au Québec, alors qu'ailleurs au Canada, elles sont apparues une dizaine d'années avant», explique M. Rudy, en entrevue au Faculty Club, rue McTavish. «Les premiers édifices où il a été interdit de fumer au Québec étaient la propriété de compagnies ontariennes, les centres commerciaux Cadillac Fairview et les cafés Second Cup.»

Le mouvement antitabac n'est pas né avec la parution des études liant la cigarette au cancer du poumon, dans les années 50 et 60. Il date de la fin du XIXe siècle. «Au départ, c'était une croisade morale contre tous les vices, menée par les presbytériens, les baptistes et les méthodistes. Le tabac était visé, au même titre que l'alcool ou les jeux de hasard.»

Or, au Québec, le catholicisme régnait en maître et la minorité anglophone était beaucoup plus anglicane qu'ailleurs. «Les anglicans se méfiaient de l'implication de l'État dans la vie privée, dit M. Rudy. Quant à l'Église catholique, elle voulait garder le contrôle sur l'éducation et la morale. Elle n'a commencé à s'opposer au tabac que lorsque les femmes ont commencé à fumer, dans les années 30 et 40, parce que cela contrevenait à leur image maternelle.»

Résultat: les Québécois ont assimilé la cigarette à la liberté. À la fin du XIXe siècle, une pétition de 15 000 noms a été remise au futur maire Médéric Martin... pour revendiquer le droit de fumer dans les tramways. «Les efforts des autorités de santé publique pour combattre le tabac ont été entravés au Québec, jusque dans les années 90, par cet héritage de l'Église catholique, dit M. Rudy. En 1978, le ministre de la Santé, Camille Laurin, un fumeur invétéré, avait refusé de restreindre le droit de fumer parce que c'était une intrusion dans la vie privée.»

Maintenant, le vent a tourné et le tabagisme s'est normalisé au Québec: la proportion de fumeurs est de 25 %, contre 21 % dans l'ensemble du Canada.

M. Rudy, qui est né dans le sud-ouest de l'Ontario, vient d'être nommé directeur des études québécoises à McGill. L'ouvrage est tiré de son doctorat. Son prochain projet est l'étude de l'identité masculine, à travers trois sportifs: l'homme fort Louis Cyr, le hockeyeur Howie Morenz et le coureur Tom Longboat. «Je pense que Montréal est un endroit formidable pour faire des études culturelles comparées. Jusqu'au milieu du XXe siècle, c'était la métropole culturelle du Canada, avec des communautés francophones, anglophones et juives très dynamiques. Chacune avait son propre regard sur les mêmes personnalités publiques. On peut les comparer pour mieux définir ce qui constitue une différence.»

Texte très intéressant qui me semble avoir bien du sens Source CyberPresse

Au plaisir,

Biscuit.

[O'Hana]

"Elle (la religion) est l'opium du peuple" disait Marx ... Citation prophétique à plus d'un titre

Je pense que Montréal est un endroit formidable pour faire des études culturelles comparées. Jusqu'au milieu du XXe siècle, c'était la métropole culturelle du Canada, avec des communautés francophones, anglophones et juives très dynamiques. Chacune avait son propre regard sur les mêmes personnalités publiques. On peut les comparer pour mieux définir ce qui constitue une différence.»

Entièrement d'accord. J'élargirai cependant l'idée à tout le Québec et non seulement à Montréal. Le Québec comme lieu extraordinaire de confluence de plusieurs cultures, relais de l'Europe dans le brassage des ethnies.

O'Hana