Aller au contenu

Le grand vide (des régions)


Messages recommandés

Posté(e)

Le grand vide

par Steve Proulx

Les jeunes des régions dites périphériques, comme la Gaspésie, la Côte-Nord et la Mauricie,s'exilent toujours en grand nombre... Pourra-t-on un jour stopper l'hémorragie?

Le dernier recensement de Statistique Canada (2001) montre que la majorité des petites villes canadiennes enregistrent encore une baisse démographique au profit des grands centres urbains, comme Montréal ou Ottawa-Gatineau. «Les jeunes s'en vont (des régions éloignées et des petites villes) parce qu'ils ne peuvent pas s'instruire et n'ont pas d'avenir», peut-on lire dans un récent rapport de l'Institut national de la recherche scientifique (INRS) intitulé La périphérie face à l'économie du savoir. Cette étude, qui fait état de la situation de la main-d'oeuvre dans 11 régions éloignées du Québec, constate d'ailleurs que l'avenir de ces dernières n'est pas rose.

Selon Mario Polèse, professeur à l'INRS et auteur de l'étude, le mal des régions réside avant tout dans leur manque de diversité économique. Par exemple, l'existence d'une seule et même grande entreprise, dans une région, nuirait à l'établissement de nouvelles industries. «L'impact que peut avoir la présence d'un gros employeur en région sur le développement des autres secteurs économiques est dévastateur. À Baie-Comeau, il y a deux usines principales qui offrent de bons emplois et paient de bons salaires pour des ouvriers et des cols bleus. Mais les PME et les entrepreneurs, qui pourraient créer de l'emploi dans d'autres domaines, ont de la difficulté à se développer, à créer de nouveaux créneaux économiques, faute de trouver de la main-d'oeuvre.»

Pour Mario Polèse, il est possible de conjuguer «dynamisme» et «petites villes» lorsqu'on investit dans la diversité. Amos, en Abitibi, est un exemple en la matière, soutient-il. «Il n'y a pas vraiment d'industrie dominante : il y a l'embouteillage de l'eau des eskers, le textile, l'industrie du bois et différentes PME qui fonctionnent assez bien. Ce n'est pas une question de taille, mais de diversification.»

Sur le terrain cependant, on se montre moins enthousiaste. «Un jeune d'Amos qui voudrait devenir ingénieur, ou quelqu'un qui a un métier ultra-spécialisé, ne trouvera pas nécessairement ici des employeurs pour l'accueillir», dit Yannick Dyell, agent de développement au Mouvement de la relève d'Amos-région.

Selon Gino Reeves, directeur général de Place aux jeunes du Québec, un organisme qui lutte depuis 13 ans contre l'exode régional des jeunes Québécois, une partie du problème est plutôt liée à la formation. «Dans les écoles, on devrait insister auprès des jeunes sur les besoins de main-d'oeuvre dans leur coin de pays, dit-il. À l'âge où l'on doit faire un choix de carrière, on n'est peut-être pas préoccupé par cet aspect-là.»

Le fait de posséder une formation rattachée aux besoins de la région est un facteur prépondérant au moment où l'on considère un retour chez soi. « À 18 ou 19 ans, explique Gino Reeves, on ne veut rien savoir de son patelin. C'est seulement plus tard, quand vient le temps d'avoir des enfants, que l'on souhaite se rapprocher de sa famille. Mais dans bien des cas, il est trop tard puisqu'on a déjà étudié dans un domaine qui n'est pas demandé dans sa région.»

Gino Reeves croit que certains incitatifs pourraient donner des résultats. «On pourrait rembourser une partie de la dette d'études de ceux qui retournent dans leur région, leur faciliter l'accès à la propriété ou réduire leur impôt...»

L'organisme Place aux jeunes met sur pied une foule de projets visant à freiner l'exode des jeunes et à stimuler la création d'entreprises en région. Par exemple, le projet Agent de migration Place aux jeunes - Desjardins prévoit l'embauche de 34 «agents de migration» dans 14 régions du Québec. Leur tâche? Sensibiliser les jeunes aux besoins de main-d'oeuvre de leur région, conserver les coordonnées des élèves qui comptent partir pour aller poursuivre des études postsecondaires, et favoriser les liens entre les employeurs locaux et les jeunes qui cherchent à revenir en région. «Les agents ne sont en place que depuis avril 2003. Nous n'avons pas encore de statistiques, mais nous savons que déjà, ils réussissent à ramener chez eux des jeunes qui, sans l'intervention des agents, ne seraient pas revenus.»

Rejoindre la conversation

Vous pouvez publier maintenant et vous inscrire plus tard. Si vous avez un compte, connectez-vous maintenant pour publier avec votre compte.

Invité
Répondre à ce sujet…

×   Collé en tant que texte enrichi.   Coller en tant que texte brut à la place

  Seulement 75 émoticônes maximum sont autorisées.

×   Votre lien a été automatiquement intégré.   Afficher plutôt comme un lien

×   Votre contenu précédent a été rétabli.   Vider l’éditeur

×   Vous ne pouvez pas directement coller des images. Envoyez-les depuis votre ordinateur ou insérez-les depuis une URL.

  • En ligne récemment   0 membre est en ligne

    • Aucun utilisateur enregistré regarde cette page.


×
×
  • Créer...
Ouvrir un compte bancaire avant mon départ
© 2025 immigrer.com

Advertisement