L'âme de Montréal - Chronique

[Laurent]

L’âme de Montréal

BENOÎT AUBIN @

JOURNAL DE MONTRÉAL, PUBLIÉ LE:

SAMEDI 09 FÉVRIER 2013, 22H36 | MISE À JOUR: SAMEDI 09 FÉVRIER 2013, 23H14

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Une ville à qui personne n’est capable de dire quoi faire...

Montréal n’est pas vraiment belle, pas souvent propre, encore moins souvent radieuse; elle est tumultueuse, dysfonctionnelle, insolente. Montréal? C’est un truck, conduit par une fille qui klaxonne en brûlant un feu rouge...

Bien sûr que Montréal a ses clichés, ses festivals, sa «joah» de vivre, ses terrasses qui débordent à 3 h de l’après-midi un mardi, ses bars bondés à 3 h du matin la nuit suivante.

J’avais une amie de Toronto qui s’émerveillait parce que même dans le comptoir à lunch le plus cheap, les sandwiches sont faits de vraie baguette. Une autre, revenue après des années passées à New York et à Washington, disait que, dans les rues de Montréal, les gens ont tous l’air d’avoir baisé dans l’heure précédente ou de s’apprêter à le faire...

Mignon, mais ce n’est pas ça.

ÉNERGIE CRÉATRICE

Montréal est une ville complexe qui a tous les ingrédients d’une poudrière prête à exploser – sauf qu’elle n’est pas armée. Les rues sont une jungle, la circulation est une joke, mais les gens font civilement la file en attendant l’autobus. L’énergie de Montréal est créatrice plutôt que destructrice.

Il y a autant d’anglophones à Montréal qu’à Calgary. Montréal est un château fort fédéraliste, un château fort séparatiste, un château fort libéral et un château fort péquiste – mais aucun de ces groupes n’est capable de la revendiquer toute entière.

Et, peu importe qui est au pouvoir, on l’a vu hier, des militants vont s’exprimer en cassant des vitres au Palais des Congrès.

Tenter de définir ou de posséder Montréal est futile: il y en aura toujours un bout qui dépassera ou qui retroussera.

Le Canada est un pays officiellement bilingue qui ne parle que l’anglais; Montréal est officiellement unilingue, mais elle est la ville la plus polyglotte d’Amérique, parce que les immigrants y parlent les deux langues officielles, en plus de celle avec laquelle ils ont grandi.

FLUENTLY BILINGUE

Montréal est la seule ville du Canada où les Anglos parlent français. Dans un interrogatoire serré à la commission Charbonneau, Jo Borsalino passe du français à l’anglais dans une même phrase («a bateau is not nécessairement a bateau...») et les procureurs le suivent sans la moindre hésitation.

On ne verrait pas ça à Toronto ni à Québec.

C’est à cause des résistances de Montréal que le Québec ne s’est pas encore séparé du Canada; c’est à cause des turbulences de Montréal qu’il parle encore de le faire.

Montréal fatigue le reste du Québec et exaspère le reste du Canada, mais l’un et l’autre ne seraient pas ce qu’ils sont sans elle.

UNE VILLE PACIFIÉE

L’avocat Julius Grey dit que la loi 101 est la meilleure chose qui soit arrivée à Montréal: elle a pacifié la ville et l’a «déghettoïsée» en imposant une langue commune d’usage public. Ceux qui ont connu les grandes batail­les linguistiques des années 1960 et 1970 savent qu’il a raison.

Montréal n’est pas plus homogène qu’à cette époque et elle ne le sera jamais, mais elle est pacifiée et donc mieux intégrée.

La force de Montréal est plus grande que celle de ses composantes. On rêve de ce qui se produirait si un leader se levait – le prochain maire? – pour lui proposer un projet, une fierté, une finalité commune, qui fédérerait toutes ses énergies.

Mais il se pourrait que cela ne se produise jamais, parce que c’est ça Montréal, justement: une ville à qui personne ne peut dire quoi faire...

Source : http://www.journaldemontreal.com/2013/02/09/lame-de-montreal

[Automne]

jolie résumé
, j'aime pas Montréal non plus

[Sacoflab]

jolie résumé

, j'aime pas Montréal non plus

L'auteur ne dit pas qu'il n'aime pas Montréal !

Moi je suis d'accord avec lui et j'aime Montréal

Peut être justement pour ce côté insaisisable et unique en Amérique du Nord.