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Adjamee

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Messages posté(e)s par Adjamee

  1. Bonsoir Elea8275,

    Tu as raison de prendre les témoignages pour ce qu'ils sont, c'est-à-dire des récits et des ressentis individuels, c'est exactement de cette manière qu'il faut les aborder et non comme des recettes ou des recommandations.

    Mon histoire n'est heureusement pas le vécu de la majorité et elle n'a pas pour but de décourager l'immigration au Québec, juste de partager ce que j'y ai vécu et les observations et les opinions que j'ai pu me forger au cours des 11 années que j'y ai passé.

    Je pense par ailleurs que si on a des valeurs et des intérêts qui se marient bien avec la culture et le mode de vie québécois (je pense par exemple au goût des grands espaces et du plein air, à l'accent mis sur la vie familiale ou autre), c'est à n'en pas douter une base solide pour se sentir parfaitement heureux au Québec.

    Et l'expatriation est une expérience très formatrice car on y apprend justement sur soi et les valeurs qui font notre identité et celle de notre pays d'origine. C'est bien connu, il faut parfois prendre du recul pour mieux voir certains détails...

    Bonne réflexion et bonne chance dans ton immigration si tu t'installes au Québec (mais y avoir un amoureux, ça devrait t'aider pas mal :wink:...)

  2. Je pense qu'il faut bien prendre la mesure des conséquences de ce dans quoi on s'engage quand on se lance dans une action en justice. Dans mon parcours, à chaque fois que l'occasion s'est présentée, je me sentais trop fragile ou vulnérable (sur le plan administratif ou personnel) pour entreprendre de telles démarches.

    J'ai au moins eu la chance d'avoir le soutien constant de ma hiérarchie chez mon second employeur, ce n'est pas si fréquent dans ce genre de situation toujours très délicate. Et également un soutien - silencieux et à distance mais un soutien tout de même - de beaucoup de collègues quand de plus en plus de choses ont commencé à filtrer sur la situation.

    J'ai fait le choix de tourner la page et de poursuivre ma route pour des horizons plus riants, je ne le regrette pas une seule seconde ! Je pense que ce que j'ai vécu est le fait d'un microcosme particulier lié à un domaine professionnel très particulier et ne reflète pas du tout les relations de travail habituelles dans les bibliothèques (même si tout n'y est pas rose, mais comme dans n'importe quelle branche !).

    La vie est trop courte et pleine d'embûches pour que j'ai envie de l'employer à autre chose que de m'épanouir autant que je le peux... [Ceci était la pensée philosophique du mercredi soir ;) ]

  3. Pour te répondre Bisounours, chez le premier employeur où ça s'est produit il y avait un service psychologique gratuit pour les employés et c'est la psychologue que j'ai vu là-bas qui m'a appris l'existence de la notion de harcèlement au travail et m'a expliqué la législation au Québec en m'incitant à aller me plaindre auprès de ma supérieure. Supérieure donc, qui m'a dit de ne plus y penser (car je finissais mon contrat peu de temps après) et de garder mon beau sourire !...

    Chez le second employeur, après l'histoire de l'appel à Immigration Canada par le président du comité de grief de mon propre syndicat, la direction des RH m'a fait savoir que si je désirais me lancer dans une poursuite, ils étaient prêts à payer mes frais d'avocat. J'ai effectivement consulté un avocat qui m'a appris que mon dossier était solide pour une plainte devant les Tribunal des droits de la personne. Je n'ai cependant pas poursuivi, par peur de m'attirer encore plus de problème alors que je n'avais pas encore ma résidence permanente et parce que je vivais à ce moment-là en solo une grossesse difficile. Il faut un bon soutien et des nerfs d'acier pour se lancer là-dedans et je ne me sentais pas du tout en mesure d'assumer cette démarche à ce moment-là.

    Quand le harcèlement s'est poursuivi et intensifié et que j'ai fini par faire une dépression majeure pour ce motif, un peu avant mon retour au travail j'ai fait appel aux services du bureau de harcèlement pour les employés. J'ai constitué un dossier (il faut l'étayer de documents servant de preuves, d'une liste de témoins, etc.) et le comité a évalué qu'une enquête interne devait être ouverte pour harcèlement. Malheureusement, parmi les harceleurs très actifs se trouvaient des membres de mon équipe et en faisant ouvrir une enquête au sein de ma propre équipe, l'atmosphère déjà très lourde allait encore empirer et je n'avais plus la possibilité dans ces circonstance de faire appel aux services d'un médiateur. Pour moi, apaiser le climat par la médiation était une priorité et j'ai considéré que comme le harcèlement allait de toute manière se poursuivre (le conseiller du bureau a rencontré les harceleurs et m'a fait part de leurs intentions - "me tasser"), j'aurais éventuellement d'autres occasions de faire ouvrir une enquête. Je pensais aussi à ma santé psychologique, devenue très fragile après cet arrêt pour dépression majeure. Finalement je n'ai pas tenu le coup dans le climat de travail malgré les efforts de médiation et j'ai donc démissionné. Mon employeur m'a alors créé un poste en-dehors du milieu dans lequel j'étais harcelée mais ma spécialité me passionne et après un moment, j'ai décidé de partir définitivement pour avoir une chance de renouer avec ma passion.

    Et mon domaine de spécialité s'exporte difficilement car il exige une connaissance pointue de l'histoire et de la culture (littéraire, artistique, etc.) du pays dans lequel je travaille donc après avoir songé à travailler aux Etats-Unis (où il y a beaucoup de postes dans mon secteur), j'ai préféré pour plus de facilité et pour des raisons familiales et personnelles de plutôt regagner la France.

    Voilà toute l'histoire ! :)

  4. Merci pour les messages de bonne chance, on verra bien comment ça se passera pour cette "seconde immigration" car effectivement après 11 ans au Québec, je vais devoir me réadapter à la vie en France... et ça va sûrement aller avec ses difficultés aussi, je ne me fais aucune illusion là-dessus !

    Quant à Dentan, après avoir cru que ta première intervention allait être la base d'un échange constructif, je constate que finalement j'ai trouvé plus émotif que moi ! Je suis sûre que la pratique de la pêche ou du yoga te feraient beaucoup plus de bien que de parcourir un forum en quête de témoignages qui te font dresser le poil... La colère augmente sensiblement le risque d'accidents cardio-vasculaires, penses-y... :wink:

  5. Bonjour Dentan,

    Ta réaction représente bien celle que l'on retrouve couramment lorsqu'il est question de bilans négatifs d'immigration et des rapports amicaux avec les québécois et c'est donc parfait que cela arrive dans les premières réponses à mon post :).

    1) Pour clarifier mon propos, mon espoir de retour date de ma décision - très douloureuse - de démissionner et de quitter le Québec, il y a trois ans. Avant cela je pensais y être établie pour le reste de ma vie (achat d'un condo, nationalité obtenue, projet d'adoption, etc.). Mon désir de partir n'a donc pu "se sentir" qu'à partir de ce moment-là et s'entendre aussi car j'en parlais évidemment beaucoup avec mes amis !

    2) Si après 11 ans j'entretiens toujours une amitié étroite avec mes amis et anciens collègues laissés en France et qu'une vingtaine d'amis de Montréal ont répondu présent pour venir à ma fête de départ, c'est qu'a priori j'ai quelques outils de communication amicale de base efficaces je crois... Il y a réellement un mode relationnel différent au Québec, il faut juste l'accepter. À chacun ensuite d'y trouver son compte ou pas ! Moi c'est quelque chose que je trouve dommage et qui m'a causé quelques peines à mes débuts au Québec. J'aurais aimé être mieux avertie de cette dimension de la culture québécoise afin justement de prendre parfois plus de distance et mieux me protéger (car je suis une grande affective !), même si encore une fois, chaque individu étant différent, j'ai rencontré des québécois "raccords" avec l'amitié qu'ils exprimaient (et ils seront d'ailleurs de la fête !).

    Cordialement !

  6. Ayant lu régulièrement les témoignages sur Immigrer.com au fil des ans pour y trouver de linformation ou simplement un sentiment dexpérience partagée, je laisse à mon tour le mien

    Quand je parle de mon expérience québécoise autour de moi, je rappelle que cest une expérience individuelle, bâtie sur une histoire personnelle, des rencontres et des hasards et quil serait donc malvenu de généraliser. Ami lecteur, garde cela à lesprit !

    Toulousaine dadoption et coincée dans le chômage, jai décidé de donner un petit coup de pouce à ma carrière (milieu des bibliothèques) il y a 12 ans de ça en reprenant mes études professionnelles pour acquérir un profil ultra spécialisé. Cela ma menée au Québec, que jimaginais naïvement bilingue après avoir fait un stage à Ottawa, et que je pensais utiliser comme tremplin vers une formation aux États-Unis (ma vraie destination). Pour des raisons déquivalences professionnelles et de diplômes qui nexistaient pas à lépoque dans mon secteur entre le France et le Québec, jai dû refaire un second cycle universitaire au complet ce qui a épuisé et mon temps et mes économies : mon projet américain a tourné court.

    Mais la chance ma souri car des opportunités demploi dans mon domaine et ma spécialité se sont présentées sur un plateau à Montréal et à partir de là ma carrière a fait un joli bond en avant. Jai également eu lopportunité de commencer à enseigner à luniversité (autre profession qui me passionne) et de me lancer dans un doctorat. Jamais je naurai imaginé pouvoir faire tout ça lorsque jai quitté la France et je ne pense pas que jaurais eu autant douvertures là-bas pour réaliser tout ce que jai accompli depuis sur le plan professionnel. De ce point de vue, mon bilan québécois est tout à fait positif car il a clairement majoré ma trajectoire professionnelle.

    Cependant, parallèlement à tout ce que je vivais de stimulant dans mes projets professionnels, denseignement et de recherche, sur le plan culturel et relationnel, les choses ne sont malheureusement pas allées aussi bien.

    Dans mon milieu de travail dabord et je parle uniquement du secteur de spécialité qui est le mien au sein du domaine bien plus vaste quest celui des bibliothèques ma nationalité française, ma jeunesse combinée à une ascension rapide, le fait également que je sois une femme, ont cristallisé beaucoup dagressivité. Jai appris le terme et la définition de « harcèlement au travail » dans le bureau dune psychologue que jétais allée consulter chez mon premier employeur, ne sachant plus comment me sortir dun climat de travail hostile et que je ne comprenais pas. La psychologue ma incitée à aller parler à ma hiérarchie immédiatement, hiérarchie qui na finalement rien fait à part mencourager à « garder mon beau sourire » car mon contrat sachevait (et la directrice à laquelle jétais allée parler démissionnait quelques jours plus tard ai-je appris par la suite).

    Chez mon employeur suivant, manque de chance je me suis trouvée obtenir un poste convoité par une déléguée syndicale (qui navait pas les qualifications pour le poste) et avant même mon arrivée plusieurs délégués de mon propre syndicat ont commencé à me faire la guerre. Cela a été plusieurs années extrêmement pénibles dintimidation, de sabotage de mon travail, de diffamation et disolement. Pour la petite histoire, lun des délégués est allé jusquà appeler Immigration Canada pour tenter de faire ouvrir une enquête sur moi au prétexte de fausses déclarations faites dans ma demande de permis de travail. Sa tentative pour me faire perdre mon permis de travail et de séjour a heureusement échoué mais ça donne une bonne idée du caractère « no limit » de leurs actions. Lorsque jai obtenu un poste de cadre, lhostilité sest encore accentuée moi et ma direction pensions que ça irait mieux puisque je ne serais plus syndiquée, quelle bêtise ! et jai fini par faire une dépression majeure qui a duré plus dun an. Après une tentative de retour à mon poste, jai décidé de démissionner et de quitter le Québec où je ne voyais aucun autre poste intéressant et où je navais plus envie de faire partie dun milieu que sa petitesse avait rendu exagérément territorialiste et vindicatif.

    Je tiens à souligner que par ailleurs tous mes collègues bibliothécaires nappartenant pas à ce petit milieu spécialisé et nétant pas amis avec des délégués voulant voir une des leurs à ma place étaient tous absolument adorables (ou invisibles car se cachant pour ne pas être mêlés à tout ça). Ma démission a aussi été un grand choc pour léquipe des cadres et mon histoire et limpuissance à y remédier a été très mal vécue par beaucoup. Donc comme je le disais au début, mon histoire est le fruit de rencontres mauvaises en loccurrence et ne doit pas être généralisée.

    Ce qui se détache néanmoins est que ma nationalité française a à chaque fois servi de levier pour justifier les actions de harcèlement auprès des personnes que les meneurs voulaient rallier à leur cause. Et que ça a toujours très bien marché.

    La décision pour moi de quitter le Québec suite à la décision de quitter ce poste que jadorais a été immédiate car ma vie professionnelle était ce qui me nourrissait en lieu et place de tout ce qui me manquait au Québec.

    Dune part le fait que la culture québécoise était assez restreinte (je parle en terme doffre dans les musées etc., je ne veux pas dire que la culture québécoise est restreinte !) comparé à leffervescence et la richesse culturelle européenne était pour moi une frustration car je suis une grosse consommatrice de culture.

    Dautre part sur le plan relationnel, le fonctionnement québécois tel que je lai expérimenté depuis plus de 10 ans, ne correspondait pas à mes valeurs et ma personnalité.

    Que ce soit dans le travail, dans les rapports amicaux ou dans les relations sentimentales, jai été rapidement confrontée à ce que je décrirais comme un décalage entre le discours et le sentiment. Cest-à-dire que dans le rapport verbal, les québécois que jai rencontrés sont très facilement dans un registre affectif (grande cordialité, expression amicale ou amoureuse facile) mais quen même temps, dans les faits, ils restent très distants et les rapports restent superficiels et souvent sans suite. Par exemple, après que jai quitté mes différents emplois, malgré de grandes démonstrations damitié et de tristesse (allant jusquaux pleurs !), pratiquement personne na cherché à me contacter par la suite pour avoir des nouvelles, prendre un verre ou autre. Alors que je suis toujours amie malgré le temps et la distance avec la majorité des collègues que jai laissés en France.

    Idem pour les relations amoureuses : les hommes québécois que jai rencontrés tiennent un discours qui donne limpression quils veulent sengager dans une relation de couple (présentation aux amis, à la famille, projets dinstallation ensemble, etc.) alors que pas du tout. Il ny a pas cette clarté que je retrouve chez les européens : que l'on soit en couple ou juste amants (avec toutes les nuances possibles entre les deux :wink: !...), c'est clairement exprimé.

    Ce flou artistique se retrouve aussi dans les situations difficiles où il faudrait justement parler de choses qui fâchent ou qui blessent (licenciement, rupture amoureuse, etc.) : la plupart du temps jai constaté que les québécois ont tendance à ne pas dire les choses ou carrément à fuir, à lévidence pour éviter toute situation conflictuelle. Par exemple si vous demandez des nouvelles du renouvellement de contrat qui vous a été confirmé verbalement quelques jours plus tôt et que lon vous répond par courriel quil ny a pas encore de nouveau à ce sujet mais quon vous souhaite la meilleure des chances dans vos projets futurs, cela signifie que vous navez plus de contrat et que vous devez trouver fissa un autre boulot Petit exemple vécu Ma personnalité « cartes sur tables » et mes valeurs saccommodent assez mal de ce fonctionnement très courant au Québec et cest ce qui a certainement empêché que je développe un attachement à la culture québécoise.

    Cela dit, il y a plusieurs aspects que j'apprécie particulièrement dans cette culture. D'abord le côté positif pour les femmes : on nest JAMAIS embêtées dans la rue ! Le féminisme québécois a eu du bon même sil a en même temps fait des ravages (pas mal dhommes sont un peu voire beaucoup effrayés par les femmes). Et le côté positif pour les « minorités visibles » (dont je fais partie, étant métisse) : on nest JAMAIS insulté dans la rue ! La xénophobie et le racisme sont tout aussi présents que dans nimporte quel pays mais cela sexprime de manière plus subtile. Et il y a aussi lexception culturelle québécoise marquée par le versant positif du multiculturalisme : chez certains québécois un réel enthousiasme vis-à-vis des immigrants et un amour fou de la France et des français.

    En rentrant en France je vais donc perdre cette facilité à évoluer et à vire-volter professionnellement, je vais gagner des salaires moins élevés, vivre dans des logements peut-être plus petits et la rue va redevenir un territoire dinsécurité. Mais je vais avoir plus de chances dexercer ma spécialité qui est aussi ma passion, je vais voir grandir ma nièce, je vais pouvoir retrouver lenvironnement culturel qui ma manqué, retrouver mes amis et la spontanéité des échanges avec eux et jaurai peut-être la chance de rencontrer un amoureux français avec les mêmes valeurs que les miennes

    Une petite note finale adressée à ceux qui sinquiètent de lamitié avec les québécois : je laisserai derrière moi quelques bons amis québécois, en avoir est un coup de chance, mais cest possible ! Et ce sont de merveilleux amis !

    Voilà, c'était le bilan rapide de mes presque 11 ans de vie à Montréal. Je rentre en France à la mi-juin et je me sens libérée après des années à espérer ce retour !

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