Ce n’est un secret pour personne, les Français critiquent tout ce qui bouge et le font savoir : ils râlent !
Aventurez vous sur le plateau à Montréal ou, comme Laurence Comet, dans un supermarché*, ou mieux encore, glissez vous parmi un groupe de touristes et vous ne manquerez pas de constater le phénomène sans même avoir à tendre l'oreille.
D'où viens cet agaçant réflexe de tout critiquer ?
Et bien, je pense, tout simplement de l’éducation.
Voyez-vous le petit français à l'école on lui inculque deux choses :
• L'esprit critique.
• L'universalité des valeurs Françaises.
Mélangez ces deux ingrédients et vous obtiendrez un mélange explosif qui ne demande qu'à détonner au moindre objet de critique, c'est à dire à la moindre confrontation avec le différent, l'inconnu, qu'il soit local ou étranger.
L'esprit critique
L’éducation française met en avant l’esprit critique tout au long de la scolarité, en particulier à la fin du secondaire.
Si la France n’est pas le seul pays qui impose la philosophie à ce niveau, cet enseignement s’inscrit dans une tradition révolutionnaire forte.
Ainsi l’exercice roi qu’est la dissertation y suit un plan typiquement français : le fameux Thèse (je présente un point de vue), Antithèse (puis un autre), Synthèse (et je les compare). L’utilisation de la première personne du singulier y est proscrite, c’est un entraînement à l’analyse objective.
Fort de cette habitude, un français ne dira pas “pour moi c’est de la merde”, il dira juste “c’est de la merde” comme il dirait “c’est pas-mal” plutôt que “ça me plaît”.
Dans le monde anglo-saxon il n’y a pas vraiment d’équivalent. Une dissertation, ou paper, s’organise autour de la défense d’un point de vue. C'est un entraînement à l’argumentation.
Au Québec bien sur c’est plus flou puisque les deux formes de dissertations cohabitent, mais l’accent est tout de même mis sur “l’opinion personnelle”.
La dissertation est un exemple parlant car elle montre que la pensée Française se veut objective en se conformant à des règles strictes (comme la langue officielle se conforme à l’Académie Française). Règles qui sont les mêmes partout dans le pays puisque l’éducation y est nationale.
“En France on fait comme ça” se comprend mieux quand on considère que le “comme ça” apparaît à celui qui le prône être le résultat d’une analyse objective.
Donc quand un Français “chiale” il ne faut pas y voir une volonté de nuire mais l'expression d'un trait culturel, fruit d’une éducation particulière.
Il ne faut pas oublier que si les Français ont la critique facile, leur propre pays et leurs compatriotes sont de loin l’objet favori de celle-ci.
Les valeurs universelles
La déclaration des droits de l’Homme et du citoyen, écrite en 1789 par les révolutionnaires et qui aujourd’hui sert de socle à la constitution française, fut dés le début globalisante. De fait, ses principes le sont devenus ensuite par la force des conquêtes napoléoniennes et de la colonisation.
Ainsi cette propension à la critique se double, en voyage, d'un devoir patriotique transformant le citoyen français en ambassadeur d'une culture aux valeurs se voulant universelles.
Les anecdotes sont infinies, nous en avons tous :
Ça concerne d’abord les touristes, surtout bien sur les groupes car le groupe dilue la responsabilité individuelle. Et la ça va de la revendication "subtile" affichée sur un T-shirt à la contestation ouverte des propos du guide : “faudrait arrêter de raconter des conneries au gens !” (entendu)
Mon expérience m’a surtout fait remarquer cette attitude dans les parcs nationaux de l'ouest Américain. C’est peut être la qu’elle est la plus marquée car Français et Américains entretiennent une vive relation mêlant admiration et défiance. Relation due, outre un sentiment d’infériorité partagé (culturelle d’un coté, matérielle de l’autre), à des valeurs américaines qui se veulent elles aussi universelles (donc clash inévitable).
Au Québec j’ai l’impression que c’est plus feutré. La critique serait plus envers ce qui renvoi justement au mode de vie Américain qu’envers le Québec et ses habitants. La Belle Province bénéficie d’un apriori favorable de part sa langue et son image de colonie perdue, apriori qui peut vite devenir condescendant mais nous en parlerons une prochaine fois…
* le plateau OU un supermarché; un supermarché sur le plateau ça n’existe pas voyons
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