O'Hana Posté(e) 29 août 2003 Posté(e) 29 août 2003 Salut la gang,On parle beaucoup des particularités (je préfère ce terme à "obstacles") que connaît l'immigrant fraîchement débarqué dans son pays d'adoption et c'est tout à fait normal sur le forum. Cependant, parfois, arrive parfois dans mon bureau des personnes chez qui on ne s'attendrait pas à vivre la même situation et pourtant ...J'avais fixé aujourd'hui rendez-vous avec une dame à mon bureau pour une rencontre d'évaluation et son besoin se résumait à de la recherche d'emploi : un besoin des plus classiques parmi la clientèle que je rencontre.La dame arrive finalement à l'heure prévue et je lui demande de m'exposer sa situation : formation, expérience professionnelle, ce qu'elle recherche (objectif d'emploi, etc). Jusqu'ici, rien de bien surprenant. Enfin, je reste quand même un peu surpris car à ce stade de l'entrevue, je juge son profil tout ce qu'il y a de plus intéressant, avec de solides compétences et une belle lucidité dans la manière de parler d'elle. Je me dis "où se trouve son besoin ?".Finalement, elle me dit que c'est la première fois qu'elle revient au Québec depuis les 25 dernières années (elle est dans la quarantaine). Après, c'est un flot impossible à retenir qui sort de sa bouche comme si trop longtemps retenue : bien qu'elle se sent très heureuse d'être rentrée à la maison, elle se sent complètement perdue au niveau professionnel en particulier. À ses yeux, tout a radicalement changé que ce soit de la façon de monter son c.v. ou de chercher les entreprises qui pourraient être intéressées par son profil. Elle me dit alors :"je me sens aussi démuni qu'un immigrant car j'arrive quasiment dans un nouveau pays où je dois tout réapprendre ...! Et encore, pour l'immigrant c'est normal : cela fait tellement drôle de se sentir étrangère dans sa propre maison ..."Au SATI (Service d'Accès au Travail des Immigrants), les intervenants ne savaient pas comment réagir avec elle car ils sont habitués à travailler avec des immigrants, pas avec des québécois pure laine comme elle. J'avoue que je me suis senti désemparé pendant un gros dix minutes : c'était une nouvelle réalité à laquelle j'étais confronté. Mais elle avait parfaitement raison : son besoin était tout aussi similaire à celui d'un immigrant compte tenu de son histoire de vie. Je me suis repris et nous avons commencé à regader ce qui était possible de faire Pourquoi je vous raconte cela ? Peut-être parce que l'immigration, au sens strict du terme, ne concerne peut-être que le citoyen étranger désireux de s'installer dans un nouveau pays. Mais l'immigration, dans son sens le plus large, peut révéler tellement de réalités et de vérités, le tout chargé à fond d'émotions, qu'il est difficile de trancher cela au couteau. Et c'est ce que j'ai eu le "plaisir" de vivre avec ma cliente aujourd'hui. Et c'est ce qui nous pend au nez aussi peut-être si d'aventure, dans quelques années, on veut rentrer dans notre pays de naissance O'Hana Citer
Habitués scanlolo Posté(e) 29 août 2003 Habitués Posté(e) 29 août 2003 Salut O'hanaSalut à tousTrès intérressant comme sujet. Je penses que la situation de ta cliente est l'image de ce qui arrive à tous les immigrants, lorsque l'on est loin de chez soi, on a tendance à gommer les muavais cotés et à ne se souvenir et idéaliser les bons seulement.Tout cela fait que le retour à la réalité est souvent rude pour tout ce qui concerne la vie quotidienne comme la job par exemple.A+ Laurentp.s : Est tu sur que ta vision de la baie des citrons correspond toujours à la réalitéps 1 : Il existe un portail calédonien plein d'info (kaori.nc) au cas ou tu ne le connaisse pas. Citer
Invité Posté(e) 29 août 2003 Posté(e) 29 août 2003 Hello,Belle histoire, qui montre qu'il ne faut pas croire que notre base est le repli ou on va se sentir chez soi.Tout évolue et notre chez nous change vite et on perds vite les référence de notre pays d'origine, les habitudes.Immigrer est une grande décision qui va tout chqnger, et le retour est arrière ne sera jamais vraiment un retour à zéro. J'imagine aisement la totale perdition de cette dame qui se sent totalment étrangère dans son pays d'origine!!Mais heureusement hoana était la Gros bec à tous Citer
Invité Posté(e) 29 août 2003 Posté(e) 29 août 2003 Cette situation que vit ta cliente actuellement est semblable à celle que vivent tous les expat ou immigrants du monde entier et où qu'ils soient qui au bout d'un grand nombre d'années rentrent "au pays" de gré ou de force. Et oui quelque part dans ce monde nous sommes tous des immigrés et même dans le pays qu'on a quitté.Sandra Citer
Habitués lemidou Posté(e) 29 août 2003 Habitués Posté(e) 29 août 2003 Tout à fait d'accord Ohana , bcp de nos compéres quittent justement leur pay car ils s'y sentent comme des "immigrés" tellement le decalage de mentalités( entre autres )et frappant, je parle en connaissance de cause.Poka Citer
Invité Posté(e) 29 août 2003 Posté(e) 29 août 2003 trés instructive cette histoire..émouvante qlq part aussi!!mais je ne sais pas pourquoi elle ne me surprends pas pour autant. peut être car mon vécu jusqu'à maintenant a fait que je me sente plus étrangère dans mon pays, que dans mon pays d'acceuil (la france), dans lequel je me suis sentie comme un poisson dans l'eau, il n'y a pas si longtemps..c'est vrai que dans son pays natal, on n'est jamais satisfait des situations les plus enviables, mais dés qu'on est installé ailleurs, on fournie plus d'effort et de passion pour atteindre des objectifs plutôt "corrects" par rapport à ce qu'on a laissé derrière soi, mais qui nous semblent des exploits sous de nouveaux cieux..je crois que c'est cette " rage au ventre" que la plupart de nous cherche à enflammer en tentant l'expérience de l'immigration, c'est un peu comme la recherche du seuil d'extrême de soi-même..j'amplifie un peu les choses, mais je crois qu'inconsciament, c'est le but recherché..o'hana, je ne sais pas si tu serais tenté pour partir dans ton pays un de ces jours, mais j'espère que ça ne se fera pas avant qu'on ait l'occassion de se rencontrer sur sherbrooke ou ailleurs au québec...NINA Citer
Invité Posté(e) 29 août 2003 Posté(e) 29 août 2003 Bonjour O'Hana,Tout comme Nina, je ne suis pas si étonnée de la situation de cette dame qui confirme bien ce que je pense : il est plus difficile de rentrer chez soi que d'aller à l'étranger. J'ai moi aussi vécu la situation plusieurs fois et c'est déroutant de se sentir étranger alors que les autres ne le voient pas. Au moins, quand on est étranger, nos hôtes se comportent avec nous en tant que tel. Je pense qu'on est mons tolérant envers quelqu'un qui rentre chez soi qu'envers un étranger.Cette dame doit se sentir un peu homeless, non ? Je suis contente d'aller au Quebec en tant qu'immigrante mais j'espère qu'un jour, je ne serai plus "l'immigrante".Impatience Citer
Habitués Laurence Nadeau Posté(e) 29 août 2003 Habitués Posté(e) 29 août 2003 Bonjour,Très intéressante cette histoire. J'ai croisé récemment deux Québécois qui voulaient rentrer au pays après des années en France...pas facile. En 20-25 ans, les individus et les sociétés changent énormément et les individus sont moins flexibles avec l'âge. Je suis assez habituée à ce type de situation car j'ai fait un peu la même chose en revenant au Québec après un séjour de 6 ans à l'extérieur. Ce n'est pas 20 ans mais c'est suffisant pour comprendre le décalage sérieux qu'elle doit avoir avec ce qu'elle a quitté. J'ai travaillé aussi avec de nombreuses personnes qui ont passé de nombreuses années à l'étranger. Le problème principal c'est de la société n'est pas adaptée à ce genre de demandes et il sera de plus en plus fréquent dans notre monde. On va souvent sous évaluer les problèmes que cela va causer, en pensant que l'adaptation n'est qu'une question de mois. Mais c'est loin d'être le cas. Je crois que le cap des 5 ans est fondamental, alors 20 ans c'est tout autre chose. D'ailleurs si le personnel diplomatique n'est jamais envoyé plus que quelques années c'est aussi pour ces raisons. Revenir dans son pays, c'est faire table rase de tout ce qu'on connaissait avant son départ, surtout lorsqu'il s'agit de plus de 10 ans de séjour à l'étranger. Un immigrant va s'attendre à recommencer, à perdre des repères mais pas quelqu'un qui est de souche, pas autant, il est débousolé entre la société qu'il a quitté à l'époque et la nouvelle qui a vu le jour depuis son départ. Je pense sincèrement que cette dame doit entrevoir son retour au Québec comme une immigration. C'est plus compliqué qu'une simple immigration car c'est comme si cette personne avait en fait trois pays : son pays de naissance, son pays de résidence pendant 20 ans et le nouveau Québec d'aujourd'hui. Faire l'équilibre dans tout cela n'est pas évident.laurence Citer
Habitués baloo911 Posté(e) 29 août 2003 Habitués Posté(e) 29 août 2003 Effectivement c est pertinent comme situation.....Etranger chez soi, la sensation bizarre.....Ca me fait penser aux differents messages qu on avait lu sur le forum a propos des immigrants comme nous qui sont passes "chez eux" apres 2 ans d absence......la famille, les anciens copains et tous les lieux qui etaient si familiers a l epoque,la sensaton de decalage et de desinteret doit etre etrange a vivre....Mais la je suppose et theorise car je ne l ai pas encore vecu... Citer
O'Hana Posté(e) 29 août 2003 Auteur Posté(e) 29 août 2003 Salut la gang,Merci beaucoup pour vos réponses qui sont venus confirmer le vécu de ma cliente et je me permettrai de les lui partager lors de notre prochaine rencontre : de ce que je sais d'elle, elle appréciera grandement !Coïncidence ou synchronicité (je vous laisse juger), dans toute la gang de conseillers en orientation de l'Estrie, c'est sur moi qu'elle est tombée et je lui ai dit que j'étais moi-même immigrant : cela est venu comme lui enlever tout un poids sur les épaules Laurent : j'ai vu des photos sur le web de la Baie des Citrons et c'est vrai que je ne la reconnais plus !! Quand tu arriveras ici, je tiens absolument à qu'on se voie, tiens-le toi pour dit Laurence : pitié, ne retournes pas le couteau dans la plaie Perso, je "fête" cette année ma cinquième année d'expat et c'est vrai que cette année, je le sens passer (et ben comme il faut) le trip de nostalgie de mon île. Mais j'aime beaucoup ton analyse des "trois pays" qui est très très vraie à mon sensNina : sois assuré que je ne suis pas passé au travers d'un processus d'immigration pour quitter le Québec de sitôt ! Et s'il me fallait une raison supplémentaire de rester ici, celle de rencontrer un jour les forumistes (dont toi évidemment) est plus que justifiée O'Hana Citer
Invité Posté(e) 30 août 2003 Posté(e) 30 août 2003 salut tt le monde je sais pas ! mais a mon sense vous mélangez et vous confondez entre une personne qui c'est éloigner de ses racines pour y revenir plus tard aprés avoir passer un sacret bout temps ds un autre endroit ! et qui naturelement ! a perdu tt ses repéres de sont milieu naturel ! mais qui vas sans doute vite découvrir qu'elle est on faite chez elle ...c'est juste que le pays c'est un peut dévloper et une autre personne qui se déracine de sont envirenement pour aller se faire une autre vie ailleurs ! ....là ou personne ne partage ni sa couleur de peau ni sa religion ni sa culture ........ l'analogie de sentiments que ressent la dame dont vous parliez et un immigrant qui débarque pour la premiers fois et loin d'etre meme .... Citer
Invité Posté(e) 30 août 2003 Posté(e) 30 août 2003 Salut O'HanaVoila un message fort instructif. Chacun vie la situation de cette dame a sa maniere je pense. Moi quand je part en voyage en Afrique c'est sure que pour certains ceremonies (mariage, baptemes etc etc) l faut reapprendre certains gestes car je ne vie plus dans ma ville de naissance depuis bientot1 25 ans. Je salue l'intelligence et le sense d'accompagement d'Ohana dans cette mission delicate. Chapeau!!!!Francais, Africain ou Indonesien je crois que la consequence d'une emigration de longue date est la meme pour tous. Bon article....Pourquoi pas le proposer pour un feuillton au Quebec ou chez less Ricains? Hendrixx Citer
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