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Quand les idéalistes français trouvaient asile en Amérique

Hélène Crié-Wiesner

Binationale

Publié le 14/07/2013 à 10h29

Les Etats-Unis nont pas toujours été le vilain Big Brother de la planète. Au milieu du XIXe siècle, pour les réfugiés politiques et les utopistes français, lAmérique était « le dernier refuge du droit et de la liberté ». Un livre étonnant raconte les rêves et les déceptions de « ces enfants errants de la France » :

« New York, le dimanche 17 décembre 1871. En plein cur de Manhattan, des milliers de badauds et de sympathisants se pressent pour voir arriver la procession funèbre organisée en mémoire de trois communards fusillés près de Versailles moins de trois semaines auparavant.

En tête du défilé, qui avance précédé dimmenses drapeaux rouges, de nombreux Français sont massés derrière un imposant catafalque. Le succès de la manifestation est spectaculaire puisque lon parle de 10 000 participants, les journalistes présents sont interloqués, lopinion publique américaine choquée. »

Michel Cordillot connaît bien son affaire. Professeur à luniversité Paris-VIII, il est un grand spécialiste des luttes politiques en général, et surtout de lAmérique contestataire. Cest lui qui a coordonné et rédigé « La Sociale en Amérique », paru en 2002 aux éditions de LAtelier, sous-titré « Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux Etats-Unis, 1848-1922 ».

Sauver de loubli ces émigrés politiques

Ce dictionnaire était le premier tome dune trilogie « visant à sauver de loubli lhistoire des exilés et émigrés politiques français partis sinstaller aux Etats-Unis entre 1848 et la Première Guerre mondiale ». Il y a trois ans sur Rue89, javais présenté « Les Révolutionnaires du nouveau monde, 1885-1922 », second volet de la saga américaine.

« Utopistes et exilés du nouveau monde, de 1848 à la Commune » de Michel Cordillot, éd. Vendemiaire, juin 2013

Voici donc, à rebours de lordre chronologique, le troisième volet tout juste publié : « Utopistes et exilés du nouveau monde, de 1848 à la Commune ». Et le résumé quen donne léditeur :

« Cette manifestation marqua lapogée dun mouvement né dès 1848, quand 69 disciples du célèbre auteur du Voyage en Icarie, Etienne Cabet, quittèrent la France pour le Texas, bientôt suivis par des centaines dautres communistes icariens désireux de fonder une communauté idéale.

Plus tard arrivèrent les démocrates socialistes chassés de France qui avaient décidé de se construire une nouvelle vie en Amérique, puis les fouriéristes emmenés par Victor Considérant.

Michel Cordillot sest attaché à retracer laventure de ces hommes et de ces femmes, utopistes, vaincus de juin 1848, républicains en fuite après le coup dEtat de Louis-Napoléon Bonaparte, communards en exil, qui prirent les armes lors de la guerre de Sécession pour en finir avec lesclavage, puis fondèrent les sections françaises de lAssociation internationale des travailleurs. »

LAmérique, creuset dune société meilleure

Le livre est long, fouillé, ultradocumenté comme sait lêtre louvrage dun universitaire. Cette fois encore, Cordillot raconte une histoire particulière : non pas celle de tous les immigrés francophones, qui ont été bien plus nombreux quon ne le croit aux Etats-Unis, mais celle des idéalistes, des politiques, de ceux qui voyaient en lAmérique le creuset idéal dune société meilleure.

Difficile de rendre dans un petit article la complexité des aventures humaines, des débats dogmatiques chers aux révolutionnaires de tout poil, des déchirements personnels quont vécu ces exilés, réfugiés, ou émigrés volontaires. De fait, ils étaient tous des transplantés, et larrachement à sa culture dorigine nest jamais simple à vivre.

Pas simple non plus de confronter ses rêves aux réalités ! Les déboires des communautés agricoles icariennes et fouriéristes serrent le cur quand on a soi-même flirté un temps avec les belles idées anarchistes.

Les obsédantes questions du leadership et du contexte économique dont aucune communauté ne peut sabstraire, sauf à vivre sur la lune, ont pulvérisé les illusions de ceux qui fuyaient une monarchie, puis une république bourgeoise, puis un empire quasi dictatoriaux.

http://blogs.rue89.com/americanmiroir/2013/07/14/quand-les-idealistes-francais-trouvaient-asile-en-amerique-230778

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