Navrant... Pensez-vous que ça puisse exister un jour au Québec ? Un site Internet donne du travail au moins offrant Le jeudi 31 mars 2005 Agence France-Presse Francfort Un site Internet en Allemagne, www.jobdumping.de, propose depuis quelques mois un système d'enchères inversées sur le modèle d'eBay pour décrocher un emploi, une course au moins-disant salarial qui a provoqué la fureur des syndicats. Le système est simple: un employeur propose un travail en fixant un salaire maximum pour la tâche à effectuer et les demandeurs d'emplois font des enchères à la baisse. Comme sur le célèbre site d'enchères eBay, les internautes d'emplois doivent faire la meilleure offre pour décrocher un travail, mais ici, elle doit correspondre au prix le plus bas, avec tout de même une barrière minimale de 3 euros (5,50 $) de l'heure. Il s'agit en majorité de petits boulots: réparation de voitures ou de matériel électroménager, jardinage, ou aide aux personnes âgées. Le site exploite les failles du marché du travail dans un pays où l'intérim reste peu développé et où le chômage atteint des niveaux records dans l'après-guerre. Il est resté en mars au-dessus du seuil de 5 millions, selon des chiffres publiés jeudi. Depuis sa création en novembre, jobdumping a permis à quelque 13 000 personnes de trouver un emploi, assure son créateur, Fabian Loew, 31 ans. «Le coût du travail est invraisemblablement élevé en Allemagne, comparé aux autres pays d'Europe. Il faut une révision complète», s'est-il justifié dans l'hebdomadaire Die Zeit. Le site au nom controversé a déclenché une polémique en Allemagne. En réaction, le Hans Boeckler Stiftung, institut de recherche de la confédération syndicale DGB, a lancé un site Internet pour rappeler les salaires minimaux dans chaque secteur. Même le parti libéral FDP a réagi, pourtant partisan d'une libéralisation poussée du marché du travail, dénonçant via son porte-parole pour les questions sociales, Dirk Niebel, une «idée immorale». «On dirait un marché aux esclaves», dénonce-t-il dans une interview publiée cette semaine par le quotidien Berliner Zeitung.