Habitués Sarkos Posté(e) 3 septembre 2009 Habitués Posté(e) 3 septembre 2009 et c'est bon pour nous les profs...http://www.cyberpresse.ca/la-tribune/opini...ls-a-lecole.phpMichèle Vatz-LaaroussiLa TribuneC'est la rentrée des classes et qu'on soit à Montréal ou à Sherbrooke, le nombre de jeunes immigrants et réfugiés y est croissant. La Commission scolaire de Montréal compte près de la moitié de ses élèves ayant une autre langue maternelle que le français et dans certains quartiers, ce taux monte à 90%. C'est le cas de Parc Extension où s'installent beaucoup de nouveaux arrivants.La Commission scolaire de la Région-de-Sherbrooke, elle, dénombre 12% d'élèves qui sont originaires d'un autre pays.Il n'est pas étonnant que tant de jeunes scolarisés au Québec soient immigrants. C'est une volonté politique puisqu'on privilégie la sélection de jeunes familles et que près de 20% des nouveaux arrivants au Québec ont moins de 14 ans. Dans certaines petites communautés ou dans des villes moyennes qui voient leur population décroître, l'arrivée de ces jeunes représente une manne. C'est parfois grâce à eux qu'on ne ferme pas une classe ou même une école!Cependant si l'école représente pour ces jeunes un moyen d'intégration important à la société québécoise, on comprend plus difficilement pourquoi tant d'adultes immigrants retournent aussi sur les bancs de l'école.En effet, dans les familles immigrantes, c'est souvent tout le monde, parents et enfants, qui prend le chemin de l'école québécoise, et ce malgré un taux de diplomation des adultes déjà élevé puisque deux tiers des nouveaux arrivants ont l'équivalent d'un diplôme postsecondaire. Ainsi s'ils ne sont pas en manque d'éducation en arrivant au Québec, que se passe-t-il pour eux? Au Canada en 2007, un immigrant sur cinq déjà titulaire d'un diplôme universitaire est aux études alors que c'est le cas seulement pour un canadien natif sur quinze. Et le Québec est le champion, c'est chez nous qu'on trouve la plus grande proportion d'immigrants titulaires d'un grade universitaire canadien et ce quelle que soit leur durée de vie au Québec.Qui sont ces immigrants qui étudient si nombreux chez nous?Il y a d'abord ceux qui font ce qu'on appelle des cours de francisation: ce sont les personnes non francophones et qui, arrivant au Québec pour y vivre, doivent d'abord apprendre le français. Elles le font en suivant différents programmes qui s'étalent sur six mois à un an et qui doivent leur permettre de devenir fonctionnelles en français. Elles peuvent ensuite se perfectionner ou encore obtenir un diplôme québécois en français. À Sherbrooke on les retrouve au Centre St-Michel ou au CEGEP et elles proviennent d'Afghanistan, du Bhoutan, de Colombie mais aussi du Brésil ou d'Argentine. Dans ces cas, les parents et les enfants apprennent en même temps la langue et tout le monde fait ses devoirs de français ensemble!Il y a ensuite ceux qui viennent au Québec pour prolonger ou reprendre leurs études. C'est bien sûr le cas des étudiants internationaux dont quelques-uns viennent accompagnés de leur famille, souvent dans l'optique de demander ensuite le statut d'immigrant ce qui est maintenant favorisé par le gouvernement québécois. Plusieurs d'entre eux arrivent dans notre région et fréquentent l'Université de Sherbrooke en vue d'obtenir un diplôme universitaire canadien. Le statut économique des étudiants étrangers est précaire puisqu'ils dépendent des fonds qu'ils ont pu accumuler dans leur pays d'origine et selon leur provenance, ils paient des frais de scolarité de plus du double de ceux des résidants locaux. Ils doivent payer eux-mêmes leur assurance-maladie et lorsque la famille s'agrandit ici, l'accouchement et le suivi médical du bébé peuvent représenter des frais majeurs. Pour eux la fréquentation de l'école québécoise est ce qui définit leur statut et leur droit à vivre ici. C'est donc un incontournable!Parmi ces migrants qui ont un projet de retour aux études, on en retrouve aussi qui sont des résidents permanents mais qui souhaitent parfaire ou continuer leur formation ici. Leur situation ressemble le plus à celle des adultes québécois qui font un retour sur les bancs de l'école après une période de travail. Ils doivent assumer à la fois le coût des études et de la vie familiale, sont souvent appelés à travailler dans de petites jobs tout en étudiant et ils le font en espérant trouver ensuite de l'emploi ici. On les retrouve souvent dans des techniques au CEGEP, dans nos écoles professionnelles comme le Centre 24-juin ou dans des microprogrammes à l'Université.Mais la grande majorité de nos étudiants migrants sont des personnes déjà très diplômées dans leur pays d'origine qui espéraient bien trouver directement de l'emploi au Québec et qui retournent aux études par défaut, parce qu'elles sont au chômage et parce qu'elles espèrent qu'un diplôme québécois leur ouvrira les portes du marché de l'emploi. Le gouvernement du Québec s'est d'ailleurs dans les dernières années enorgueilli d'avoir un système de prêts et bourses qui permet ces retours aux études. On les retrouve à l'Université ou encore au CEGEP. Leur situation est précaire et l'angoisse de l'avenir importante.Que donnent ces diplômes québécois à nos immigrants?Sont-ils la voie royale pour l'entrée enfin sur le marché du travail? Il semble bien que ce n'est pas encore le cas, l'obtention de ce précieux diplôme est loin d'être garante d'un emploi. Sur l'ensemble du Canada, un immigrant sur trois qui a déjà obtenu un diplôme canadien, retourne encore aux études. Au Québec, les immigrants arrivés depuis 1997 et ayant obtenu un diplôme ici ont un taux d'emploi encore beaucoup plus bas que celui de leurs pairs nés au Canada.Encore et toujours, le taux d'emploi des immigrants même avec un diplôme québécois, varie selon le pays ou le continent d'origine: plus de 70% des immigrants d'Europe ou des États-Unis trouvent de l'emploi pour seulement 60% des Latino-Américains et 50% des Africains.Alors si nos immigrants sont nombreux à retourner cette rentrée sur les bancs de l'école, s'ils font chaque soir leurs devoirs avec leurs enfants, si beaucoup d'entre eux travaillent en plus le soir ou la nuit à nettoyer nos bureaux ou à livrer nos pizzas, si leur taux d'endettement grimpe encore, ils sont aussi nombreux à craindre que ce retour aux études ne soit finalement qu'une nouvelle voie de garage.Michèle Vatz-Laaroussi est spécialiste de l'immigration en région et chercheuse membre de l'Observatoire de l'immigration dans les zones à faible densité d'immigrants Citer
Messages recommandés
Rejoindre la conversation
Vous pouvez publier maintenant et vous inscrire plus tard. Si vous avez un compte, connectez-vous maintenant pour publier avec votre compte.