Le festival vue d’Afrique à Montréal

[daniel72]

Cest ce jeudi que débute le festival vue dafrique à Montréal qui a lieu du 19 au 29 avril et à Québec du 23 au 29 avril.

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Voici un texte de cyberpresse sur le film douverture :

Imaginez une Afrique super riche. Et une Europe super décadente. Comment les hordes d'immigrants européens seraient-elles accueillies dans le paradis africain? C'est la question, futuriste ou utopiste, à laquelle nous convie le réalisateur béninois Sylvestre Amoussou, dans Africa Paradis, présenté en ouverture du Festival Vues d'Afrique, le 19 avril.

Le racisme ordinaire entourant le passage d'un Africain aux douanes européennes et américaines, Sylvestre Amoussou connaît bien. Il a bien failli ne pas obtenir de visa pour venir présenter son film aux 23es Journées du cinéma africain et créole, à Montréal. Quand nous le joignons au téléphone, la situation est presque réglée, au grand soulagement du réalisateur, qui vit à Paris.

Son premier long métrage, Sylvestre Amoussou hésite à le définir. « Je dis que c'est un film futuriste, mais ce n'est pas tout à fait cela», dit-il. En 2033, l'Afrique unifiée est devenues riche, tandis que l'Europe s'enfonce dans des guerres civiles, et le chômage.

Impossible? Pas tant que cela, dit le réalisateur. «Dans les années 60, le continent africain est le premier continent à avoir voulu se doter, avant l'Europe, d'une constitution, rappelle-t-il. Environ 40 % des richesses mondiales sont en Afrique. Mais malheureusement, nous ne profitons pas de ces richesses.»

Originaire du Bénin, Sylvestre Amoussou vit en France depuis 20 ans. Il y a étudié en économie, avant de se tourner vers le cinéma. Africa Paradis est né des difficultés qu'a éprouvées Sylvestre Amoussou pour «s'intégrer» à la vie sociale et économique française. Dans son long métrage, il inverse les rôles, et suit l'exode clandestin de deux Français, qui immigrent en Afrique. «J'ai inversé la situation, en disant que les Blancs sont fainéants. C'est ce que l'on entend tout le temps sur les Noirs. J'ai eu envie de mettre les Européens dans cette situation», dit-il.

En Afrique, l'immigration «subie» devient la pomme de discorde des députés. On trouve dans le film un superministre de l'Intérieur dont les propos ne sont pas sans rappeler la teneur de ceux d'un ex-ministre de l'Intérieur et actuel candidat à la présidentielle française.

Sylvestre Amoussou s'amuse de cette distorsion, utilisée pour de justes fins. «En France, on parle de l'immigration 24 heures sur 24. Il y a beaucoup de manipulation, et on essaie de monter les gens les uns contre les autres. J'ai eu envie de poser le vrai débat, et de dire, les immigrants sont une richesse pour ce pays.»

Point de discours moralisateur dans le film, qui mise sur l'humour plutôt que sur la tragédie. «On peut dire beaucoup de choses avec beaucoup d'humour. Si pour un film comme Africa Paradis j'avais choisi le drame, j'aurais eu beaucoup moins de succès», dit-il.

Certes, le film n'est pas exempt de certaines faiblesses dans la réalisation et dans la narration. Son propos est tout de même rafraîchissant et pour le moins inusité. Les producteurs contactés par Sylvestre Amoussou pour financer le projet laissent peu de place au doute à ce sujet. «Certains m'ont répondu : trouvez-nous un petit sujet de votre village et l'on vous aidera», dit-il.

Africa Paradis, tourné avec des acteurs noirs africains et antillais, a enregistré 6000 entrées depuis sa sortie, dans une salle de cinéma à Paris. Il a été présenté dans plusieurs festivals, où, assure le réalisateur, son discours séduit tout autant.

«Je suis très content que beaucoup de gens en parlent. Il faut que les gens prennent conscience que l'on doive apprendre à connaître son voisin avant de le juger. Si une personne en prend conscience, j'aurais déjà gagné avec cela», croit-il.

Sylvestre Amoussou se consacre à présent à son deuxième long métrage, sur le détournement de l'aide humanitaire en Afrique. Comme pour Africa Paradis, il compte bien le faire avec du comique plutôt qu'avec du tragique.

Africa Paradis sera projeté au Cinéma Impérial, jeudi à 19h, dans le cadre des 23es Journées du cinéma africain et créole, organisées par Vues d'Afrique. Programmation complète à www.vuesdafrique.org