Une petite histoire

[Invité]

Bonjour,

Il faut que je vous raconte quelque chose.

Il y a une quinzaine d'années je suis partie au Canada seule, poussée par "l'appel de la forêt". Là bas j'ai rencontré une petite choupette Tunisienne aux cheveux frisés et nous avons fait des milliers de kms de stop, à travers le Canada et les States.

Des années plus tard alors que j'étais en études à Grenoble, mue par une attirance physique de ces espaces je suis repartie à Montréal à l'UQAM faire mes études.

J'ai rencontré là bas une québécoise hors norme pour nous francais, parfois si fluets... Elle m'a entraînée dans les folles nuits montréalaises...

Elle a fait la rencontre d'un iranien et a désiré me le présenter sans me préciser qu'il viendrait avec un copain...

Il était recquérant au statut de réfugié et se nourrissait de pain dur et d'eau, j'était étudiante intellectuelle, collée au conversations intellectuelles avec les Pères Blancs.

Nous avons conversationné en anglais, mais pas l'anglais que l'on parle lorsque l'on est bilingue, non, l'anglais moitié Farsi, moitié Français...

Nous sommes tombés en amour dans le froid.

Pendant un an j'ai fait pas mal d'allés-retour entre Montréal et la France. Puis la seule solution pour rester ensemble a été de nous marier.

Je ne savais pas que l'on pouvais se marier aussi vite. Le lundi nous avons pris rendez-vous pour le mercredi. "Allo, papa, maman, oui je me marie mercredi..."

Nous nous sommes acheté des alliances à 11 dollards, des accessoires kitch au dollorama et le mercredi nous nous sommes mariés sous l'oeuil d'une célébrante italienne, avec nos témoins quebecois, iranien, tunisien et libanais.

Je n'ai rien compris à la cérémonie qui a eu lieu en anglais.

Le statut de réfugié de mon mari a donc été refusé et on nous a collé dans l'avion pour la France.

Six ans plus tard nous sommes toujours en France mais notre coeur est resté là-bas.

Nous allons entamer nos démarches d'immigration, j'ai parfois l'impression que ces six ans en France n'ont été qu'une lutte pour ne pas sombrer dans la nostalgie du quebec. Maintenant que nous allons entamer nos démarches nous avons avec nous un petit garçon qui appelle le Canada le "Cada", et j'ai très peur, peur d'être freinés encore, peur d'être refusés.

C'est pas beau d'avoir peur car si nous étions refusés, finalement ce serait peut-être parce que notre vie ne serait pas là-bas, mais que ce serait dur d'aller contre son coeur...

Ha la vache, l'amour d'un pays c'est aussi apprendre à être heureux ailleurs et loin,

avec les gens qu'on aime. Et si on apprend cette patience et cette sérénité alors on a la capacité d'être heureux et d'aimer la vie dans les pires des circonstance (pour faire des économies moi et mon mari nous nous nourrissons de pâte).

Merci de m'avoir lue jusque là,

Et merci aux modérateurs

[Petitblanc]

Salut Nanak,

as tu déjà effectué l'évaluation en ligne du site pour savoir où vous positionner tous les trois sur la ligne de départ vers l'autre monde...?!

A+

Petitblanc

[Nanne]

Nanak,

Ton témoignage est très touchant.

Je te souhaite beaucoup de courage et de patience dans tes démarches.

Nanne