Immigrants et marché de l'emploi : une relation difficile

[Laurent]

Immigrants et marché de l'emploi : une relation difficile

Publié le 28 février 2012 08h22

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L'immigration est une option envisagée par certains intervenants économiques de la région pour résoudre la pénurie de main-d'œuvre dans la région. Cependant, des immigrants ayant choisi Lévis pour vivre ont plusieurs difficultés à obtenir l'emploi qu'ils désirent.

Par Érick Deschênes

La reconnaissance de leurs compétences pose particulièrement des difficultés depuis leurs arrivées au Québec. C'est notamment le cas de Jean Hilaire Babine, infirmier provenant du Burkina Faso. À son arrivée au Québec, M. Babine s'est vu reconnaître partiellement ses études dans son pays en soins infirmiers par l'Ordre des infirmières du Québec.

Ainsi, il a dû reprendre la moitié de la technique collégiale en soins infirmiers avant de passer l'examen de l'ordre. Malheureusement, M. Babine a connu un échec à cet examen et il doit recommencer la technique en soins infirmiers d'une durée de trois ans.

« Ça me frustre beaucoup. J'ai pas mal fait des sacrifices pour venir ici. Ce n'est qu'un problème de communication. Même si les réalités sont différentes entre mon pays et le Québec, j'ai étudié et travaillé dans un système de santé de type français et les compétences des Français elles sont reconnues », a déploré en entrevue téléphonique le résident de Lévis depuis quatre ans.

Avec ce nouveau retour aux études, M. Babine ne peut que travailler 15 heures par semaine comme préposé aux bénéficiaires à l'Hôtel-Dieu de Lévis. Donc, la femme de M. Babine et leur enfant de quatre ans ne peuvent pas le rejoindre à Lévis. « Ça fait quatre ans que je n'ai pas vu ma femme et mon enfant. C'est très dur ! », a-t-il laissé tomber.

Pour Guillaume Boivin, coordonnateur au Tremplin, un organisme lévisien qui vise l'intégration des immigrants et de leur famille, le problème est majeur chez les immigrants. « La reconnaissance des études est vraiment un gros problème. Par exemple, on priorise les docteurs, mais ils sont obligés de recommencer leurs études. C'est pas bien penser », a résumé le coordonnateur.

Avoir un emploi stable

« C'est un enfer pour moi trouver un emploi dans mon domaine. Ce que les immigrants veulent, c'est un emploi stable où l'on peut utiliser nos compétences », a déclaré Malika Irbouh, une immigrante algérienne arrivée depuis cinq ans au Canada.

Étant enseignante dans son pays natal, Mme Irbouh a décidé de réorienter sa carrière professionnelle et d'obtenir un diplôme d'études professionnelles (DEP) en comptabilité. Cependant, après son stage, Mme Irbouh a cumulé plusieurs emplois dans d'autres branches comme le travail de bureau ou dans des garderies avant d'obtenir un emploi d'adjointe administrative au Tremplin.

« Aux États-Unis, les immigrants n'ont qu'à montrer leurs connaissances et ils peuvent obtenir leur emploi. Ici, c'est complètement différent », a comparé Mme Irbouh.

Même son de cloche pour Omar Valladares, un immigrant mexicain résident à Lévis depuis 2009 et actuellement à la recherche d'emploi. Malgré qu'il ait pu travailler dans son domaine auparavant au Service d'appui régional en immigration de Lévis (SARI), Omar Valladares a plutôt travaillé dans des emplois dans d'autres domaines depuis son arrivée au Canada.

« C'est sûr que les immigrants doivent commencer leur expérience de travail québécoise comme les Québécois dans des milieux comme le McDonald's, mais ils doivent aussi pouvoir se réaliser professionnellement en ayant un travail permanent et payé à la mesure de leurs formations », a expliqué M. Valladares qui a étudié en relations internationales dans son pays.

Sur la photo : Omar Valladares, qui a travaillé autrefois au défunt Service d'appui régional en immigration de Lévis (SARI), estime que les entreprises qui refusent d'employer des immigrants ne représentent que « cinq à sept pour cent de toutes les entreprises de la région ».

source : http://www.icilevis.com/fr/accueil-lecture.aspx?sortcode=1&id_article=6028