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    dounet a donné une réputation à soulman pour un billet, Comparer des pommes et des oranges   
    En ce moment, sur le forum, on lit beaucoup de sujets de Français qui repartent au pays. À priori rien de très original, ça arrive. Certains trouvent ici ce qu'ils étaient venu chercher, d'autres non, parfois on doit aller au bout du monde pour se rendre compte qu'on aimait sa vie finalement (lisez l'Alchimiste de Paulo Coelho, un peu simpliste mais efficace comme morale). Chaque histoire est un cas particulier et on ne peut jamais faire de généralité. Chacun émigre pour de bonnes ou de mauvaises raisons : une meilleure situation professionnelle, une fuite en avant, le fait de penser que l'herbe sera plus verte, un ras le bol général de sa vie, l'amour du Canada, l'envie de changement, une mentalité plus proche des Nord Américains, etc. Et il en va de même pour les raisons qui vous feront rester ou au contraire repartir. Quand je lis certains témoignages qui décrivent à quel point la vie dans le sud leur manquait, les cigales, les petits marchés, le climat, je ne peux que me réjouir pour eux. Et je leur souhaite tout le bonheur du monde. Mais par pitié, arrêtons de toujours vouloir confirmer ses choix en dénigrant celui des autres. Comme on dit communément, quand on veut tuer son chien on dit qu'il a la rage.

    Sortons du débat Québec-France et ramenons ça à un Breton et à un Ardéchois. Un bel échange, ça serait : " J'aime la couleur des collines le matin, quand le soleil se lève, la chaleur sèche de l'été, les marchés au mille couleurs et aux mille senteurs, les cigales, les abeilles, le goût des aliments, les petits villages qui surplombent des rivières enfouies entre les falaises". "J'aime la mer, le vent, la bruyère, cette odeur d'iode, ces sons portés par le vent, ces forts qu'on ne peut atteindre qu'après des heures de marche, que seuls une poignée de gens connaissent. Voir Brest de la Pointe des Espagnols, contempler les grands voiliers entrer au port de Camaret, l'ambiance des petits villes côtières, les crêperies, le beurre salé, le goût des coquillages frais, marcher sur les galets frais le matin en cherchant des crevettes, aller en bateau relever le filer pour remonter une quinzaine d’araignées de mer." Je pourrais parler des heures de toutes les régions où j'ai vécu, de tout ce qui les rend uniques. Et encore, je ne le ferai qu'avec mes yeux d'"importé", je n'y ai vécu à chaque fois que quelques années tout au plus, mais je pouvais lire l'amour des gens dont c'était la terre.

    Alors pourquoi aurais-je perdu du temps à dénigrer cet amour de leurs racines par des comparaisons boiteuses ? Au Breton qui me parlerait de la presqu'île de Crozon, du festival de Quimper, je dirais que le festival de théâtre d'Avignon c'est nettement mieux ? Au Nîmois qui me vante ses arènes je comparerais à Périgueux, aux grottes de Lascaux ? Au Briviste qui se dit le "portail riant du midi" j'arguerais qu'il fait bien plus froid qu'à Perpignan ? D'un point de vue plus global à l'amoureux de la nature j'expliquerais en quoi la ville a plus d'attraits culturels ? A l'amoureux de la montagne je dirais à quel point je préfère la mer ? Est-ce qu'on pourrait juste respecter et écouter les autres ? S'enrichir des expériences, rêver avec chacun de son bout de pays, prendre plaisir à l'entendre nous en parler et nous réjouir pour ceux qui ont le courage de suivre leur coeur et leur instinct, qu'ils restent, repartent ou décident de reprendre leur valise pour une autre aventure ?

    À ceux qui ne comprennent pas pourquoi les Québécois prennent mal les critiques de ceux qui décident de repartir, comprenez qu'ici, c'est leur coin de pays, tout comme vous c'était Nice, Marseille, Lille, Strasbourg. On s'en fout qu'en Alsace il fasse plus froid qu'à Toulouse si on a appris à aimer cette région. On s'en fout que les routes de la presqu'île de Crozon soient en mauvais état en comparaison des belles autoroutes de Belgique ! Quelqu'un qui est né à Victoriaville aura le même attachement à son coin de pays que nous tous pour ce qu'on a vécu avant. Allez, peut-être même plus, parce que lui contrairement à nous présents sur ce forum, il n'a pas décidé de partir à l'autre bout du monde en règle générale. Si vous avez envie d'aller expliquer à un Corse pourquoi son île n'est pas la plus belle au monde selon vous, bonne chance. Quand je parle à ma blonde québécoise des endroits où j'ai vécu, c'est pour la faire partager ces souvenirs, en espérant l'y amener un jour. La Rambla de Barcelone, la chaleur de Torremolinos, les odeurs de Casablanca. Je ne me permettrais jamais d'essayer de les rendre plus attrayants en dénigrant une terre qui l'a vue naitre et qui m'a accueilli à bras ouverts.
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    dounet a donné une réputation à soulman pour un billet, Harcèlement moral   
    "Gros porc", "sale bougnoule", "pd", "fayot", "salope"... Combien de fois a-t-on entendu ça quand on était enfant, ado, dans les cours de récré, le bus qui nous amenait en sortie scolaire, sur le chemin du retour de l'école ? Peut-être en étiez-vous victime, peut-être faisiez-vous partie des "bourreaux" ? Peut-être encore faisiez-vous juste partie de cette majorité silencieuse qui de par sa neutralité, sa peur ou sa complaisance accepte, tolère, se rend complice ?

    Pour beaucoup d'adultes, ça ne semble "pas grave". "Ils s'amusent", "rien de bien méchant". Mais où s'arrête le jeu, l'insulte gratuite mais sans rancune et où commence le harcèlement moral ? Le bullying, comme on dit ici, en Amérique du Nord.

    On en a beaucoup parlé, au Québec, les 2-3 dernières années. Une journée spéciale sur l'intimidation, quelques reportages sur ces adolescents, ces enfants qui ont choisi de se donner la mort pour ne plus avoir à subir, parce que personne ne les avait entendus, écoutés. Indignation, incompréhension, écœurement devant ce phénomène amplifié par les réseaux sociaux. Se faire intimider, insulter, railler, humilier c'est déjà pas évident, mais devant des millions de personnes ça semble encore pire. Et pourtant quoi de neuf ? Est-ce qu'on ne voyait pas la même chose dans ces ères pré-internet, où on se parlait plus des Chevaliers du Zodiaque que des dernières vidéos sur Youtube ? Ou une montre Casio avec calculatrice était aussi tendance que le dernier iPhone ? Est-ce que les jeunes d'aujourd'hui sont pires que nous l'étions ? Et surtout, aujourd'hui, que faisons-nous, en tant qu'adultes, parents, enseignants pour trouver des solutions ?

    Je ne me lancerai pas dans un débat sociologique sur comment éradiquer l'intimidation, le harcèlement quel qu'il soit. C'est un sujet passionnant que j'affectionne particulièrement et sur lequel je débattrais volontiers pendant des heures.

    Mais si je souhaitais en parler sur ce forum lié à l'immigration c'est parce que, peut-être pour la première fois de votre vie vous allez vous retrouver dans le rôle du "marginalisé", de celui qui est différent. Est-ce que c'est mal ? Bien sûr que non, c'est juste un constat, une certitude qu'on peut vivre de bien des façons. Peut-être qu'enfant vous n'aviez rien de notable, ni gros, ni petit, ni grand, ni maigre, pas de nom à double sens qui peut être raillé. Ni très timide ni trop voyant, capable de vous fondre dans les murs ou suffisamment sûrs de vous pour ne pas vous faire écœurer. Mais en arrivant dans un nouveau pays, une nouvelle culture, vous allez peut-être pour la première fois de votre vie vous sentir différents. Ne plus faire partie de la "majorité" peut décontenancer et d'une façon ou d'une autre vous force à vous poser de nouvelles questions sur vous et sur les autres. Il n'y aucune recette magique, chaque histoire est unique et chacun va réagir différemment. Certains vont à peine le ressentir. D'autres vont se refermer sur eux-mêmes, se rapprocher d'autres Français, en souffrir, s'en plaindre. D'autres encore vont s'en servir comme d'une motivation et une incitation à en faire encore davantage pour s'intégrer et vivre leur immigration pleinement. Apprécier au quotidien ce sentiment de dépaysement qui vous a poussés à partir, à tenter l'aventure.

    Dans certains cas ça ne sera qu'un constat, quelques décalages par rapport à vos collègues ou voisins, des références que vous n'avez pas, mais parfois ça pourra devenir un fossé, une barrière qui pourraient vite vous paraître insurmontables. Dans ce cas-là, parlez-en, communiquez, n'hésitez pas à aller chercher des conseils chez ceux qui pourraient vivre la même chose que vous. Ne taisez pas la moindre souffrance, le moindre doute.

    En 2006 j'avais écrit un roman graphique, Comme un Papillon, qui parlait du suicide chez l'enfant. Oui, oui, je sais, c'est super gai J'en ai un peu parlé je crois dans ma présentation. En tant qu'éducateur spécialisé j'avais vécu tellement de cas d'enfants qui pour des raisons incompréhensibles pour nous préféraient mettre fin à leur vie. C'est arrivé plusieurs fois que ces gestes ne soient que des appels au secours, mais plusieurs sont arrivés malheureusement à leur fin sans que personne ne puisse comprendre ce qui les avait amenés là. Ça m'avait montré à quel point on sous-estime grandement des notions telles que la dépression, le harcèlement, la détresse psychologique. On a toujours l'impression que pour un enfant, "ça va passer". Mon éditeur insistait pour qu'à la fin du roman l'enfant finalement change d'avis, pensant que le message était suffisamment passé. Mais c'était hors de question, le seul but de cet ouvrage était de montrer aux parents qu'un enfant de 10 ans pouvait pour une raison ou une autre décider de se tuer. Le suicide est la deuxième cause de mortalité pour les moins de 20 ans. J'ai finalement changé d'éditeur et même si ça peut paraître complètement idiot, j'ai dessiné les 12 dernières pages de mon livre en pleurant. Je ne dirai pas "en pleurant comme un enfant", non, en pleurant comme un adulte conscient et impuissant devant toute cette souffrance.

    Pourquoi j'écris ça aujourd'hui ? Parce que je suis tombé sur ce trailer, cette bande-annonce choc prélude à un reportage sur france5 la semaine passée je crois :
    Ça m'a rappelé la polémique l'année passée sur le clip d'Indochine :

    Et parce que j'avais envie d'en parler avec vous, qui peut-être comprenez un peu mieux aujourd'hui ce qu'ont vécu le petit gros, le Tunisien, l'efféminé de votre classe quand ils étaient ostracisés, rejetés.
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    dounet a donné une réputation à soulman pour un billet, Citoyen Canadien !   
    Ça y est, après un peu moins de 2 ans d'attente, je peux enfin le dire, je suis Canadien !

    Arrivé en mars 2007, j'ai lancé la procédure en novembre 2011. Les questions début juillet, et donc la cérémonie mercredi dernier, le 10 octobre. Oui, oui, la totale, l'hommage à la Reine, l'hymne national, les petits drapeaux et tout. On était presque 400, et comme le disait la juge 52 nationalités représentées. Arrivé à 1h, parti à 4h30 avec le papier en main.

    Qu'est-ce que j'ai ressenti lors de cette journée ? Difficile à résumer, une grande fierté, un honneur, un aboutissement mêlé à un départ. Je pense que chacun de nous peut faire cette démarche pour des raisons différentes. chacune se vaut mais je me suis demandé objectivement pourquoi je souhaitais franchir le pas.

    Oh c'est sur, déjà ça sera plus facile à la frontière. Je dois souvent me déplacer aux Etats Unis pour le travail et chaque fois je ralentis mes collègues Québécois.

    C'est rassurant, aussi. De savoir que maintenant, quoi qu'il arrive, je n'ai plus un statut temporaire au Canada. Je n'ai plus besoin de renouveler ma résidence permanente. Des fois qu'un jour ça change. On ne sait jamais. Mes patrons aussi, peut être que ça va les rassurer, leur montrer encore un peu plus que je me sens chez moi ici.

    Mais ça ce sont des détails "techniques", administratifs. Pas de quoi éprouver la moindre joie alors, si ce n'est que ça. Et pourtant quand je suis sorti de la salle j'avais un grand sourire jusqu'aux oreilles.

    Pour la perception des autres ? Me sentir plus intégré ? Non. Déjà parce que je me sens parfaitement intégré, personne ne me donne l'impression que je ne suis pas admis, que je suis un étranger. Un passeport n'y changera rien, et je dirais même que citoyen ou pas je resterai toujours de temps en temps "le Français". Mais dit avec affection, parce que j'ai beau avoir perdu presque intégralement mon accent français, pour mes amis Québécois il restera toujours une petite trace, et c'est très bien de même. Comme un anglophone qui malgré un français parfait gardera toujours cette petite touche british sur certaines consonnes.

    Non, si je suis tellement fier et touché d'être devenu Canadien, c'est juste pour moi. Pouvoir enfin participer à la vie politique, voter, faire mon devoir, m'impliquer encore davantage dans la vie quotidienne. Savoir que quels que soient les choix faits par la population, j'aurai apporté ma voix. Que je ferai partie des statistiques.

    J'étais heureux comme un enfant aussi parce que, si j'avais fait la démarche de citoyenneté en pensant à mes amis Québécois, j'ai été vraiment touché le jour de la cérémonie par toutes ces familles, ces enfants, ces immigrants comme moi qui sont devenus Canadiens. Certains pleuraient. Beaucoup se sont embrassés. Quand la juge nous a demandé de féliciter nos voisins de gauche et de droite personne ne l'a fait machinalement, les gens se regardaient dans les yeux pour se souhaiter le meilleur. En arrivant dans la salle j'étais fier de faire peut-être encore peu plus partie intégrante du peuple des Rene Levesque, Lafleur, Tremblay, Côté, mais d'un coup je me rendais compte que j'étais également fier de faire partie de cette assemblée. J'étais touché par ces familles, ces 52 nationalités, certains, beaucoup sûrement ont vécu l'enfer avant d'arriver, une vie de souffrance avant d'enfin être accueillis ici. Et pour eux, bien plus que pour nous français, la citoyenneté est la certitude que jamais ils n'auront à retourner contraints et forcés dans un pays qu'ils ont rejeté.

    Je ne pense pas que j'arriverai à retranscrire exactement ce que j'ai ressenti en mots, mais je vais essayer. J'ai écrit des albums, des livres, des articles sur les bidonvilles de Dharavi en Inde, sur le Rwanda, la Palestine, en ce moment l'histoire que je dessine se situe au Tchad et au Soudan.

    J'ai été dans tous ces pays, rencontré ces gens, témoigné de leurs douleurs comme de leurs joies. Mais malgré les semaines passées avec eux, dans ces familles, je sais bien que je n'ai fait qu'effleurer leur vie, leur réalité. De voir des ressortissants de tous ces pays réunis ici, au Canada, dans une cérémonie qui leur permet de mettre enfin derrière eux ce qu'ils ont fui, les voir accéder en ce jour comme moi et comme tant d'autres avant nous à la citoyenneté canadienne, ça m'a vraiment ému aux larmes. Oh non, ça va, rassurez-vous, je n'ai pas braillé quand même, je sais me tenir !! Mais j'imaginais ce qu'ils devaient ressentir, les sacrifices qu'ils ont consentis pour donner cette chance à leurs enfants, et je ressentais comme un honneur d'être avec eux à ce moment précis. J'ai passé beaucoup de temps à regarder ces visages, ces regards échangés entre eux, à tel point que finalement je n'ai pas trop eu le temps de me concentrer sur mon expérience personnelle, elle était tellement insignifiante.

    Et de toute façon, comment se concentrer avec Basile, ce grand Sénégalais au coeur immense et au sourire permanent avec qui j'ai passé de très belles heures. C'est que le hasard est drôle parfois. Quand j'ai été passé les questions, quand on a fini le test on doit aller s'assoir dans une grande salle remplie de monde. Il y a des centaines de personnes, on se place où on veut, certains sont là depuis des heures. Je m'étais donc assis au hasard à côté de ce colosse noir qui semblait si content d'être là. On avait tout de suite sympathisé, l'attente était longue et nous avions plein d'histoires à nous conter. Il avait des jus de fruit en trop, j'avais des biscuits, on a pu donc compléter nos repas Quand c'était à mon tour de passer, on s'est souhaité mille bonnes choses.

    Arrivé à la cérémonie, on s'est vu de loin, on s'est salué avec un sourire, espérant se voir plus tard, peut-être après. Les places étaient imposées, on avait tous un numéro défini sur notre convocation, on était comme je le disais près de 400, et on s'est quand même retrouvé côte à côte ! Un très beau hasard.

    Bref, comme d'habitude je m'étale, mais je voulais partager avec vous cette belle journée où je suis devenu canadien, comme les Tremblay, Côté, Ouellet mais également les Baboucar, Khadri, Ngyen.

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    dounet a donné une réputation à Maudite Française pour un billet, La grâce des baleines   
    Je suis allée voir les baleines. Intimidée de rencontrer ses merveilleux mammifères, je rassure mon plus petit en lui disant que nous les verrons d’assez loin, qu’elles seront probablement effrayées par le bruit du bateau et ne s’approcheront pas.
    Je suis bien loin de la réalité.
    Après une heure de navigation, les moteurs s'arrêtent. Nous sommes une centaine sur le bateau, le brouhaha cesse peu après le ronronnement mécanique. Tout est calme. Nous scrutons la surface de l’eau, à l’affût du moindre mouvement. Une longue masse noire surgit, arrondit son dos et plonge dans un mouvement d’une fluidité incroyable, lent et décomposé.

    Ce plongeon est suivi de 100 HOOOOOOOOO émerveillés et parfaitement synchronisés.
    A peine remis de cette apparition, un véritable ballet commence sous nos yeux . Au silence recueilli des premières minutes succédent des encouragements enthousiastes. 5 baleines jouent, sortent leurs têtes, se tournent sur le dos puis plongent à moins de 10m du bateau. D'autres nagent en surface, nous sommes encerclés. C’est magique. Le soleil se couche, la lumière est incroyable, le spectacle à couper le souffle.

    Après en avoir observé une douzaine, le capitaine annonce qu’il faut prendre le chemin du retour. Le moteur repart. Nous nous éloignons. Tout le monde reste sur le pont, la tête tournée vers les baleines jusqu’à ce qu'elles disparaissent. Le silence régne encore sur le bateau quelques minutes, comme si nous sortions d’un rêve et que nous avions besoin de réaliser ce à quoi nous venions d’assister.

    Puis les voix s’élevent, les enfants s’agitent, l’animation reprend.


    Cet article est tiré de mon blogue:
    Les tribulations d'une française à Montréal:
    http://mhlps.wordpress.com
    et la page facebook où je partage mes découvertes québécoises:
    https://www.facebook...ncaiseAMontreal
  5. J'aime
    dounet a donné une réputation à Blueberry pour un billet, Histoires de citoyennetés   
    Je suis devenue Franco-Canadienne l’après-midi du Vendredi 6 Mai 2011, après 22 mois de procédure, celle-ci constituée pour la plupart d’attente et de « silence-radio ». Prendre la citoyenneté Canadienne ce jour symbolisait d’abord pour moi la fin des procédures administratives, puis un cadeau d’anniversaire, anniversaire qui tombait la même semaine.

    En tant que Française, absolument rien ne m’obligeait à prendre une nationalité supplémentaire. J’avais d’ailleurs quelque peu hésité 2 ans auparavant, quand j’étais devenue éligible pour faire une demande. Puis, finalement je me suis dit que devenir Canadienne pourrait peut-être m’aider à me sentir un peu moins en décalage avec ma société d’accueil et à estomper ce statut d’immigrant un peu trop collant à mon goût. Cela pourrait aussi me permettre de m’impliquer plus dans la vie politique, avec le droit de vote. Et puis, aussi, le fait de ne pas avoir parcouru tout ce chemin « pour rien ».

    2 ans plus tard, je peux dire que devenir citoyenne Canadienne m’a aidé avec ce que j’ai décrit plus haut. Toutefois cela ne s’est pas fait du jour au lendemain, mais plutôt graduellement. Le 6 Mai 2011, j’avais presque hâte que la cérémonie se termine, afin de retourner à « ma petite vie » et au week-end en perspective. Il y a un moment où j’avais d’ailleurs « décroché », nul doute quand le juge insistait lourdement sur le fait qu’il fallait travailler et faire du bénévolat. Définitivement pas de larme à l’œil ou d’émotion intense ce jour. Au sortir de la cérémonie, je me sentais surtout Canadienne « sur le papier ».

    Il faut dire que lorsque l’on émigre à l’âge adulte, on ne peut pas devenir « le parfait Canadien ». Il faudrait d’ailleurs s’entendre sur ce qu’est « le parfait Canadien » pour commencer. Sujet sur lequel je ne me lancerai pas! Nous ne sommes pas des « produits » de la société Canadienne, nous n’en sommes pas « issus ». Notre culture d’origine sera toujours présente et occupera aussi toujours beaucoup de place, quoi que l’on en dise. Et c’est bien normal. Pour ma part, la France est le pays qui m’a vu naître et grandir et où j’ai passé le plus clair de ma vie jusqu’à présent. Forcément, ma culture d’origine ne va pas disparaître d’un claquement de doigts. Et, en fait, je ne veux pas qu’elle disparaisse.

    D’ailleurs, cela me fait bien rire quand j’entends certains compatriotes Français, qui, soit ne sont encore pas ici, ou qui viennent juste d’arriver, clamer haut et fort qu’ils ne sont plus Français et qu’ils vont renoncer à leur nationalité. Ceux-là semblent confondre intégration et assimilation. J’ai un scoop pour eux : le gouvernement du Canada et les Canadiens « de souche » n’attendent pas de vous que vous deveniez plus Canadiens qu’eux. Ils ne vous le demandent pas non plus d’ailleurs. Il n’y a donc pas besoin d’en faire des tonnes!

    Alors, 2 ans plus tard, est-ce que ma vie a radicalement changé avec la nationalité Canadienne? Non. Bien sûr, il m’est plus facile de me rendre aux États-Unis, et quand je reviens au Canada, les douanes ne me posent plus autant de questions. Je me sens aussi beaucoup plus impliquée dans la vie locale. Mais, est-ce que je me sens Canadienne? J’admets être un peu coincée quant à la réponse à cette question. Et je suis aussi un peu coincée quand on me demande si je me sens toujours Française.

    La réponse à ces deux questions serait « oui, mais pas complètement ». Pas complètement Canadienne, mais plus complètement Française non plus. Je me sens surtout hybride. Ce mot résume bien ma situation : Franco-Canadienne vivant dans 2 cultures, 2 langues et presque dans 2 pays. Et cela me convient parfaitement!

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    dounet a donné une réputation à Blueberry pour un billet, Vancouver, 7 ans plus tard   
    Je ne suis pas sûre que l’on puisse encore parler de bilan après 7 ans. Si c’était le cas, le mien s’intitulerait « à l’Ouest, rien de nouveau. » Juste la vie quotidienne que je pourrais vivre n’importe où…ou presque.

    7 ans déjà que j’atterrissais à Vancouver, où je n’avais jamais mis les pieds auparavant, avec mes 2 valises, mon visa de résident permanent et ma détermination à rester. Tantôt j’ai l’impression que c’était hier, tantôt je me sens à des années-lumière de ce moment. Il faut dire que j’ai parcouru beaucoup de chemin depuis.

    La réflexion qui suit se base sur ma seule expérience et représente uniquement ma réalité et mon ressenti. Difficile de résumer sept années en quelques lignes!

    Emploi: Le nerf de la guerre, sans lequel rien n’est possible. J’ai toujours travaillé dans mes domaines de compétences -j’en ai quelques-uns-, en relative demande ici. J’ai trouvé mon premier emploi en 6 semaines et globalement, je n’ai pas eu de problèmes pour en changer, sauf au plus fort de la crise début 2009, où je me suis retrouvée en difficulté. J’ai eu l’opportunité de travailler dans des domaines variés où j’ai beaucoup appris. Écris comme cela, c’est prometteur. Mais, si je n’élaborais pas un peu, je ne serai pas très honnête.
    Les trois premières années, j’ai pas mal galéré professionnellement, ce qui a résulté en 5 employeurs et du travail en freelance. Les emplois que j’ai occupés étaient bien en dessous de mes capacités et j’ai eu beaucoup de mal à évoluer. Mon activité en freelance n’a pas marché comme je le voulais non plus. Début 2009, je me suis retrouvée « sans rien » et l’avenir s’annonçait incertain.
    La bouée de sauvetage est arrivée avec un retour aux études grâce à un appui financier de la Colombie-Britannique. Associé avec l’expérience locale acquise, cela m’a ouvert la voie vers des opportunités bien plus intéressantes. Pourquoi n’ai-je pas fait cela plus tôt, me demanderez-vous? Parce que je n’en avais pas les moyens. Ce qui m’amène au point suivant.

    Finances, niveau et coût de la vie : « Il n’y a pas photo », pour moi, c’est au Canada que cela se passe. J’ai toujours gagné plus qu’en France, et ce, dès mon deuxième emploi. Écris comme cela, c’est prometteur aussi. Mais si je n’élaborais pas un peu, je ne serais pas très honnête non plus. En France, je ne partais pas de très haut d’une part, et il faut comparer ce qui est comparable, d’une autre.
    Les salaires de mes premiers emplois étaient bien inférieurs aux salaires moyens de Vancouver. Cela m’a pris 4 ans pour obtenir un salaire et des avantages dignes de ce nom. Revers de la médaille, je paye plus d’impôts, car je ne vis pas dans un paradis fiscal!
    Pour le niveau de vie, pareil, c’est au Canada que cela se passe, surtout depuis 3 ans que j’ai un salaire en rapport. Je peux me permettre de faire bien plus que de payer les factures….donc je fais bien plus!
    Pour le coût de la vie, il ne faut pas se leurrer, tout est cher ici. A bon entendeur….

    Amis et social : Je compte autant de Canadiens de souche que d’immigrants parmi mes amis. Oui, des Canadiens de souche, vous avez bien lu. Mais, évidemment, tout ne s’est pas fait en un jour et j’ai dû sortir de ma zone de confort. Les relations ne sont pas les mêmes ici, ce qui a aussi nécessité une grosse adaptation de ma part.

    Mentalité : Difficile de résumer en quelques lignes aussi. 2 traits à noter : un individualisme très développé et un certain côté « tout est possible ». Je préfère m’attarder sur le « tout est possible » que j’apprécie énormément. J’aime le fait de ne pas être obligée de rentrer dans un moule quelconque et de ne pas avoir à rester dedans non plus.

    Famille et France : En 7 ans, j’en ai manqué des réunions de famille, des mariages, des naissances et des enterrements. C’est ce qui arrive quand on choisit d’aller vivre dans un autre pays, sur un autre continent. Ce n’est pas toujours facile à gérer, surtout lors de périodes de moral à zéro, qui sont très rares maintenant. Quand à la France elle-même, elle ne me manque pas plus que cela, mais pas au point de renoncer à ma nationalité Française.

    Conclusion : 7 ans plus tard, je ne regrette absolument pas ma décision d’être venue à Vancouver et, par extension, d’avoir quitté la France. Tout n’a pas été facile, mais j’aime beaucoup ma vie ici. J’aime le fait d’avoir des possibilités, même si cela n’est pas automatiquement synonyme de réussite. D’ailleurs, j’aime bien ce mot, possibilité.
    Alors non, Le Canada n’est pas la corne d’abondance que l’on vend à tous les coins de rue depuis quelques temps. Énormément de gens idéalisent beaucoup trop le pays. Mais, les opportunités sont réelles, pour peu que l’on arrive à les saisir et que l’on sache faire preuve de patience, parfois quasi infinie. J’aime bien le mot opportunité aussi, tiens.
    Et puis, surtout, j’aime beaucoup le Canada. C’est un pays qui me convient. J’y ai trouvé mon compte. J’espère prolonger cette aventure Canadienne le plus longtemps possible…..rendez-vous dans 7 ans?
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