Invité Posté(e) 25 octobre 2003 Posté(e) 25 octobre 2003 ''«En ce moment, les jeunes générations reçoivent une part moins grande que les générations précédentes. Le revenu moyen à 30 ans, aujourd'hui, est moins élevé que le revenu moyen à 30 ans il y a deux générations, dans les années 70», souligne Simon Langlois, professeur de sociologie à l'Université Laval. Dans les années 50, un homme principal pourvoyeur pouvait, avec son salaire, acheter une maison et faire vivre une famille de deux enfants. «Aujourd'hui, pour avoir le même niveau de vie, il faut deux revenus. Et même là, avec deux revenus, on a plus de difficultés.» N'est-ce que pas que le panier de biens considérés nécessaires a grossi au fil des ans? Télé, câble, magnétoscope, cellulaire, ligne Internet, télécopieur, ordinateur personnel... «Le panier de consommation a grossi. Mais même avec un panier constant, on voit qu'on ne pouvait pas se procurer autant de choses avec autant de facilité à la fin des années 90 qu'à la fin des années 50», note M. Langlois. Entre 1984 et 1999, la richesse réelle médiane des ménages les plus pauvres a diminué et celle des ménages les plus riches a augmenté. En fait, selon les groupes considérés, la richesse réelle moyenne s'est accrue de 28 % à 37 %, d'après l'Enquête sur la sécurité financière de Statistique Canada. La richesse a augmenté beaucoup dans les familles dont le principal soutien économique détient un diplôme universitaire, dans celles où celui-ci est âgé de 55 à 64 ans ou de 65 ans et plus ainsi que chez les couples sans enfants. Par contre, la richesse a chuté chez ceux dont le chef de famille est âgé de 25 à 34 ans. L'argent est concentré surtout dans un groupe d'âge assez élevé. «On a peut-être la sensation d'être plus riche. Le train de vie est plus élevé. Ça ne veut pas dire qu'on est plus riche», note l'historien Paul-André Linteau. «Les conditions de vie des personnes âgées sont infiniment meilleures que dans les années 50. Elles ont mieux vécu. Mais un meilleur revenu ne les rend pas riches. Il faut pouvoir accumuler.»Au début de l'année, l'économiste américain Paul Krugman a écrit dans le New York Times Magazine une charge virulente contre l'accroissement actuel du fossé entre les riches et les pauvres aux États-Unis. Selon lui, les nouveaux riches, peu nombreux et totalement excessifs, sont en train de drainer les ressources des classes moyennes, en voie de disparition. L'écart entre les nantis et les autres, croit-il, est en train de devenir encore plus marqué qu'il ne l'était au début du siècle, à l'époque de l'âge d'or de la richesse à l'extrême où se sont construits les mansions de Newport et de Palm Beach. «L'Amérique des années 50 et 60 était une société de classes moyennes, tant dans les faits que dans les apparences, a-t-il écrit. Les immenses écarts de revenus et de richesses de l'âge d'or avaient disparu. Mais nous connaissons actuellement un nouvel âge d'or, aussi extravagant que l'était l'original. Les palais sont de retour.» Le même phénomène se déroule-t-il ici? Sans doute, mais à une échelle canadienne. Et dans un contexte qui reste davantage égalitariste, quoique de récentes données de Statistique Canada indiquent une nouvelle augmentation de l'écart entre les plus riches et les plus pauvres canadiens. Selon Arnaud Sales, professeur de sociologie à l'Université de Montréal, les professionnels ont beaucoup contribué, en tant que groupe, à l'enrichissement de la société québécois. «On est plus riche aujourd'hui parce qu'on a des professionnels. Pas à cause de la présence de gens insolemment riches», indique le professeur. «Le développement d'une classe comptant tous ces médecins, avocats, professionnels des sciences sociales, de l'éducation, a généré quand même pas mal d'argent. Les francophones ont progressé nettement dans les groupes de direction.» Mais cela ne veut pas dire que la société québécoise s'est enrichi très vite et beaucoup, dans sa catégorie. Le Québec est richissime à l'échelle planétaire, d'autres sociétés se sont enrichies beaucoup plus vite. «On a suivi grâce à l'éducation. Ici, les salaires ont stagné, diminué même avec l'inflation. Aujourd'hui, on ne se compare pas, même avec l'Ontario. Toronto s'est développé beaucoup plus vite que Montréal dans les 30 dernières années», explique M. Sales. En 1999, la valeur nette du ménage du milieu (valeur médiane des avoirs moins les dettes) était la plus élevée en Ontario et se chiffrait à 132 000 $, suivie de près par la Saskatchewan (130 400 $), la Colombie-britannique (127 200 $) et l'Alberta (122 000 $), selon une étude de l'économiste Roger Sauvé réalisée pour l'Institut Vanier de la famille à partir des données de Statistique Canada. Le Québec se trouvait en 9e position, avant Terre-Neuve, avec 79 500 $. Selon M. Sales, le Québec s'est enrichi d'un savoir-faire, d'un système d'éducation. «C'est vrai que sous certains angles, la qualité de la vie est bonne, sinon très bonne. Ce savoir-faire a profité globalement. Il faut miser sur nos forces et je crois qu'elles sont dans le savoir et dans la capacité des entreprises et institutions à mobiliser le savoir.» Pour sa part, Simon Langlois croit que le système d'éducation a aussi été un facteur d'inégalités. «Dans les années 60, on disait «qui s'instruit s'enrichit». C'est vrai d'une certaine façon. Le diplôme donne accès à de meilleurs emplois. Mais on est en train de se rendre compte qu'il se crée une distance avec ceux qui n'ont pas de diplôme.» Selon Richard Couturier, conseiller financier, on a maintenant le luxe de choisir ce qu'on achète plutôt que de se demander si on peut acheter. «On ne se demande pas si on a besoin de tel ou tel bien mais quel est le meilleur modèle qu'on doit choisir. On pourrait généraliser et dire que oui, il y a plus de richesse», avance M. Couturier, vice-président régional des Conseillers financiers T.E. Par contre, note-t-il, les millionnaires ne correspondent plus à l'idée qu'on s'en faisait encore récemment: un million à 4 % d'intérêts tout en obligation, ce n'est quand même plus que 40 000 $ de revenus annuels, 32 000 $ ou 35 000 $ après impôt.''source : La Presse du 24/10/2003 Citer
Habitués MILLER 2 Posté(e) 25 octobre 2003 Habitués Posté(e) 25 octobre 2003 Très beau écrit Kotik Pour qui donc s'enrichit ? C'est probablement les " ni riches ni pauvres" Allez savoir Citer
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