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Billets posté(e)s par soulman

  1. soulman
    Tout à l'heure je lisais un billet sur le forum. Vous l'avez sans doute vu, quelqu'un qui repartait en France après 10 années passées au Québec. Tout ce qui ressortait du message, c'était beaucoup d'amertume, de la frustration, une liste exhaustive de tout ce que cette personne en était venue à détester ici. Loin de moi l'idée de la critiquer, je compatis vraiment et je ne connais pas son histoire.

    Mais cela m'a fait penser à trop d'histoires entendues, trop de cas d'amis, de proches ou d'inconnus qui, au moment d'aborder un changement dans leur vie, s'attardent sur tout ce qui les a écœurés dans ce qu'ils quittent au lieu de se réjouir de ce qui s'en vient. Pas forcément pour des projets aussi grands qu'une immigration, parfois c'est juste pour un nouveau travail, une nouvelle maison, voire même une nouvelle activité du dimanche matin. Que d'énergie perdue à se lamenter sur ce qui est passé sans aucun attrait pour ce qu'il reste à découvrir. J'aime tellement lire des messages qui disent :

    " Plus que 4 jours avant mon retour en France. J'ai tellement hâte, après 6 ans ici, de revoir tous mes amis. Les vacances en Bretagne, les plages désertes et les crêperies du Finistère, les marchés emplis d'accents chantants et de fromages de chèvre quand je vais voir ma famille en Ardèche, ces chaudes soirées sur la terrasse avec le chant des cigales à jouer à la belote. Me sentir à nouveau totalement chez moi quand je marche dans la rue, rire aux blagues de mes collègues parce que je comprendrai à quoi ils font référence. Pouvoir assister à nouveau à toutes les réunions familiales qui m'ennuyaient tant avant, voir grandir mes neveux, savoir que je compte dans leur vie, que je ne suis pas l'"oncle qui habite loin". Vieillir avec les miens, retrouver toutes mes références. Je suis heureux d'avoir pu vivre tout ça, j'ai appris beaucoup sur moi et sur le fait de se sentir étranger quelque part. Je ne verrai plus les immigrés de la même façon en France, parce que maintenant je les comprends. Le soleil que je chérirai dans le sud ne sera pas le même pour un Sénégalais que celui qui l'a vu naître. Je comprends ça maintenant. Tout comme je comprends désormais l'Algérien qui fête l'Aïd en famille, qui célèbre la fin du Ramadan, brève bouffée de sa terre natale qu'il partage à Angoulême, Strasbourg, Lille avec d'autres qui, comme lui, sont venus ici offrir à leurs enfants une chance que eux n'ont pas eue. Je rentre en sachant que j'ai été au bout de mon rêve, sans regret, avec la certitude que quand je serai vieux et qu'il sera trop tard pour bouger à nouveau, je ne me dirai pas "si seulement", "j'aurais du". Mais en sachant par contre que je serai là où je souhaitais vieillir, chez moi, avec les miens."

    " Je suis dans l'avion, ça y est, l'inconnu. Ce n'est pas avec deux séjours de quelques semaines qu'on peut connaître un pays, je ne sais donc pas ce qui m'attend. Mais c'est exactement pour ça que je suis là, prêt à commencer une nouvelle vie. J'ai hâte de vivre ce dépaysement, ce décalage, de pouvoir me plonger intégralement dans un pays, un continent qui m'est étranger. La Gaspésie ne sera jamais la Vendée, Vancouver n'est pas Rome et New York n'est pas Berlin. Mais ça, je le sais, je ne pars pas à 6000 kilomètres pour essayer de tout rapprocher de ce que je connais déjà, sinon j'aurais juste déménagé à 100 kilomètres de Brive. Ça me rappelle mes potes qui étaient partis s'installer en Guadeloupe, ils chialaient tous les jours sur le fait de ne pas avoir de fenêtre, que les laitages étaient chers, que les gens étaient moins souriants que quand ils étaient venus en touristes. Je ne vois pas l'intérêt de vouloir vivre sur une île aussi loin en retrouvant son confort de Paris. Quand je vivais à Marseille je mangeais des sardines sur le Vieux Port, quand j'étais étudiant à Strasbourg j'allais au marché de Noel boire du vin chaud. J'ai découvert le foie gras à Périgueux et la truffade à Clermont. C'est court une vie, on change souvent de place, autant s'attacher à ce qui est bon là où on est que de regretter ce qu'on n'y trouve plus. Je ne vais pas chercher des pistes de ski en Martinique et ne chercherais pas plus à faire de la plongée sous marine dans les Alpes. J'allais au Parc des Princes voir le PSG à Paris, quand je suis arrivé à Brive j'ai découvert le rugby. J'ai hâte d'aller voir un match de hockey, ça a l'air super. J'ai tellement hâte de plonger dans une routine, découvrir de nouvelles personnes, de nouveaux amis, apprendre à me faire accepter. Une nouvelle vie."

    C'est certain que pour avoir le goût de partir, ça peut venir au départ d'un ras le bol de sa vie actuelle. C'est sûr. Pas forcément, mais c'est courant. Ceci dit au moment de construire un nouveau projet, on doit selon moi totalement se tourner vers ce qui s'en vient, ce qui reste à construire. J'ai rencontré beaucoup d'immigrants qui arrivaient ici en disant qu'ils venaient parce que c'est "plus facile de trouver du travail", "il parait que ça paye mieux", "j'en avais marre de la France". La plupart sont repartis. Parce que leurs problèmes les ont suivis, évidemment. Certains souffraient de dépression et n'ont fait qu'accentuer leur mal-être, d'autres n'avaient aucune idée de ce qu'ils voulaient faire dans la vie, d'autres enfin n'en pouvaient plus de leur vie de famille et cherchaient un moyen de sauver leur couple, en pensant qu'un changement d'air leur ferait le plus grand bien. Autant dire que leurs problèmes toujours là à leur arrivée couplés aux difficultés de l'immigration, au coût du projet et à tout ce qui peut saper le moral les premiers mois, ça a été dans la majorité des cas la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Immigrer peut aider à résoudre ses problèmes si ceux-ci étaient liés à votre vie passée, c'est certain, mais ça ne va pas effacer un problème de fond que vous traînerez avec vous où que vous alliez.


  2. soulman
    Si je vous demande quelles raisons peuvent nous pousser à immigrer, beaucoup de réponses nous viennent en tête sans même avoir à chercher. Souvent très différentes d'une personne à l'autre. Certains sont tombés en amour avec le Québec, le Canada, d'autres aiment l'état d'esprit nord-américain. Certains voulaient avant tout quitter leur pays d'origine, d'autres ont entendu dire qu'on trouvait plus facilement du travail dans leur branche. Sécurité, promesses d'emploi, couples réunifiés, projet de famille, dépaysement, coup de tête, témoignages d'amis, de cousins qui ont adoré leur voyage, qui connaissent quelqu'un qui y est parti, etc.  
     
    Si je vous demande maintenant quelles raisons peuvent nous pousser à nous marier, de premier abord on va avoir l'impression qu'il y en a beaucoup moins. Par amour ! Alors que dans le fond, elles sont tout aussi variées, et surtout, comme dans le cas de l'immigration, il arrive qu'on se marie initialement pour les mauvais motifs. Mariages de raison, d'argent, sécurité financière, pression familiale, étape naturelle après quelques années en couple, ou nécessaire selon la famille avant l'arrivée de bb, coup de tête, etc.
     
    Mais en immigration comme en mariage, commencer son histoire par amour, par passion n'empêche pas parfois un divorce déchirant quelques années plus tard et à l'inverse il arrive qu'un mariage de raison débouche sur un amour durable, profond, sincère. Les parallèles sont nombreux, et dans bien des cas on devrait voir notre projet d'immigration comme un mariage, avec ses avantages et ses défauts. 
     
    Comme dans un mariage, vous pouvez avoir un coup de foudre, être persuadé que c'est l'homme/la femme/le pays de votre vie, celui ou celle que vous attendiez depuis votre naissance ! Immigrer après un voyage qu'on a adoré, c'est comme se marier à Vegas avec un inconnu ou presque. Rien ne garantit que ça ne va pas marcher à long terme, mais quand vous allez tomber dans le quotidien, connaitre sa famille, vivre avec ses petites habitudes, il va sans doute y avoir une période d'adaptation, la fin de la lune de miel. Et si vous sortez d'une longue relation, même si elle vous avait déçu, vous aurez quand même un deuil à faire tôt ou tard, qu'il soit léger ou profond. Des doutes, des questions. Est-ce que j'ai bien fait ? Est-ce que c'était vraiment fini ? Maintenant que je me rappelle des bons moments, est-ce que ça me tenterait de replonger ? 
     
    Comme dans un mariage, vous allez aussi devoir passer à travers plusieurs étapes, des passages obligés, des tempêtes, des réconciliations, les haut et les bas inévitables. Et comme dans un mariage, vous devrez être patient, vous dire que ça va revenir, que ce n'est qu'un mauvais moment à passer, que vous n'allez pas divorcer à la première déception, à la première engueulade.
     
    Mais pour continuer le parallèle, c'est important de garder à l'esprit que quand ça ne va pas dans notre couple, c'est parfois parce que ça ne va pas dans d'autres sphères de notre vie, et inversement. Si votre mariage prend l'eau, que vous ne vous sentez plus bien à la maison, votre travail, vos liens avec vos amis peuvent en souffrir, et si ces relations se détériorent vous vous sentez encore moins bien. Ou à l'opposé un mariage peut se gâter quand l'un des deux n'arrive pas à laisser ses problèmes professionnels à la porte, quand ses engueulades au travail jouent sur ses relations avec son ou sa conjointe, quand des problèmes d'argent viennent envenimer les conversations familiales. En immigration comme en mariage, nous devrions tous être capable de séparer les choses, de ne pas nous laisser entraîner vers le bas dans toutes les sphères de notre vie mais au contraire s'en servir pour se remettre à flot, se rééquilibrer. Si ça ne va pas à la maison, autant essayer de s'accomplir dans son travail, dans des activités extérieures, histoire de laisser le temps au temps, comme on dit. De se laisser une chance, de ne pas prendre une décision sur un coup de tête. Si à un moment vous ne supportez plus certains aspects de la vie au Canada, essayez des les contourner, de vous laisser le temps de les accepter, ne focalisez pas dessus, pour vous donner la distance nécessaire, pour ne pas être trop émotif dans vos décisions.
     
    Mais en mariage comme en immigration, parfois il faut savoir envisager la séparation avant que ça ne devienne moche, avant de vous faire souffrir plus que nécessaire. Admettre qu'on a pu se tromper. Quand on voit dans un couple que quoi qu'il arrive, nos chemins ne sont et ne seront plus jamais dans le même sens, qu'on a pas les mêmes attentes et les mêmes buts dans la vie, il vaut mieux parfois se quitter même si on a encore de l'affection, de l'amour pour l'autre, en se laissant une porte ouverte pour éventuellement un jour se retrouver. Parfois des séparations de quelques mois font du bien à un couple, comme des immigrants qui repartent dans leur pays d'origine pour mieux revenir quelques années plus tard, bien plus conscients de là où ils mettent les pieds et plus "prêts" à accepter les différences. Et si la séparation finalement devient définitive, et bien soit.
     
    Parfois aussi on ne revient pas chez notre ex-mari, notre ex-femme. Ce n'est pas parce que notre nouveau chum, notre nouvelle blonde n'était pas ce qu'on espérait que ça veut dire qu'on ne devait pas divorcer la première fois. C'est peut-être juste parce qu'on doit encore chercher, qu'on a pas encore trouvé le bon, la bonne. Avec toutes nos expériences et notre vécu, on sera mieux outillé, mieux équipé pour faire le bon choix. Ou on se laissera encore entraîner par notre cœur d'artichaut avec un nouveau coup de foudre, mais dans le fond, peu importe, c'est tellement beau de continuer à rêver et d'y croire, on a le droit de se tromper ! :)
     
     
  3. soulman
    Je viens de lire le billet de BeatriceMontreal qui parle des rassemblements qui ont eu lieu le jour et le lendemain de l'attentat qui a eu lieu à la rédaction de Charlie Hebdo. J'ai hésité plusieurs semaines à en parler moi aussi, pour différentes raisons. La première étant que je n'aime pas parler sous le coup de l'émotion, nos paroles dépassent souvent notre pensée dans ces cas-là, et si sur certains sujets c'est préférable, sur d'autres on doit au contraire essayer de faire preuve de modération.

    Tout a été dit ou presque au sujet de cette attaque ignoble, les réactions ont fusé de tous bords, le débat entraînant amalgames, accusations, rapprochements. dans ce que la société a de meilleur et de pire. On a parlé de beaucoup de choses, de liberté d'expression, de récupération politique, de provocation, du Nigéria qui n'avait pas la même attention médiatique, des responsables politiques présents au grand rassemblement et de ceux qui en étaient absents. Bref, de tout et n'importe quoi.

    Je n'entrerai pas dans les détails ou dans un débat de fond. J'appréciais la liberté de ton de Charlie mais leur mauvaise foi m'irritait tout autant, j'aimais leur irrévérence quand elle allait dans le sens de mes convictions tout en les blâmant quand elle semblait les heurter. J'ai croisé beaucoup de leurs auteurs dans des salons de BD, invité et animé des colloques avec Charb et Val sur la Palestine, collaboré avec eux quand je travaillais pour RasL'Front et comme beaucoup d'auteurs que je connais j'ai un peu coupé les ponts avec eux suite à des affaires internes sans intérêt aujourd'hui. Mais si une chose est certaine, c'est que d'imaginer des hommes armés faire un massacre dans cette salle de rédaction qui d'habitude raisonnait de rires, de débats enflammés a été pour moi un choc dont j'ai mis plusieurs jours à me remettre. Le rassemblement le soir-même devant le consulat à Québec a été émouvant, même si les paroles de la Marseillaise résonnent toujours étrangement dans un contexte où on souhaite un apaisement et non un appel à la vengeance.

    On a beaucoup utilisé le terme "liberté d'expression" les jours qui ont suivi mais cela m'a forcé à me poser des questions sur ce qu'on entend par là. On dit toujours que notre liberté s'arrête là ou commence celle de notre voisin, et je le crois de plus en plus. Si on accepte tout au nom de l'humour, pourquoi est-ce qu'on se félicite aujourd'hui qu'un Gab Roy soit pris à son propre jeu ? Est-ce qu'un article haineux, raciste, discriminatoire peut être toléré au nom de la liberté d'expression ? Où s'arrête la satire et où commencent la provocation, la diffamation ? Ce qui me dérange quand on en appelle à la liberté d'expression systématiquement, c'est qu'en général on la tolère uniquement quand elle va dans le sens de ce qu'on croit être juste. Quand elle vient "punir", blesser ceux de l'autre camp, quel qu'il soit.

    Pourtant, tout petit déjà on apprend dans la cour que cette liberté vient aussi avec des contraintes, des balises, un contexte. On ne va pas dire à un handicapé que sa présence nous dérange, on ne va pas dire à un obèse qu'il est bien trop gros, on ne va pas dire au costaud de la cour qu'on le trouve abruti. Pourquoi ? Pour ne pas blesser, stigmatiser, ou tout simplement se faire défoncer. La liberté d'expression, c'est de pouvoir dire calmement à un enseignant que selon nous sa méthode ne marche pas, que ses cours pourraient être améliorés, de lui proposer des solutions concrètes sans se faire punir. Ce n'est pas d'écrire des insultes sur lui dans les toilettes de l'établissement.

    Et dans le fond, si ces principes s'appliquent dans une cour d'école, pourquoi en irait-il différemment sur un forum de discussion ?
  4. soulman
    C'est drôle, quand on y pense, plus on s'éloigne d'un endroit où on habitait, plus le "rayon de nos racines" s'élargit. Si vous restez dans la même ville, vous allez parler de votre attachement à votre ancien quartier, votre ancienne rue. "Ah oui, Paulot, le meilleur boulanger de la ville, la petite charcuterie en bas de mon appartement faisait de si bonnes terrines". Si vous déménagez quelque part ailleurs dans le pays, c'est votre région qui devient votre "alma mater", le creuset de vos racines. Une fois installé à Paris, dans le sud ou n'importe où à quelques centaines de kilomètres, oh combien un Breton est Breton, un gars du Nord un ch'ti, un Corse un Corse, etc. Nos différences deviennent une fierté et on se prend à être plus supporter que jamais de l'équipe de notre enfance de foot, de rugby. On aime rencontrer des gens qui viennent du même coin de pays que nous pour pouvoir comparer nos souvenirs, qui sait, trouver une relation en commun, n'importe quoi qui pourra nous rappeler quelque chose dont nous puissions être fiers.

    Je m'attendais donc à ce sentiment en arrivant au Québec, une fierté toute nouvelle d'être Français, un patriotisme que je n'avais jamais vraiment ressenti quand j'étais sur place si on excepte les joutes sportives. Ah ça, oui, je me sentais Gaulois à 100% quand on jouait contre l'Italie, l'Espagne, l'Allemagne ou l'Angleterre en coupe du monde de foot ! Mais pas tant que ça au quotidien. C'est dire que je n'étais pas étonné de ressentir une certaine fierté quand mes collègues ou amis me vantaient quelque chose qui venait de notre coin de pays. "Ah bin oui, la bouffe chez vous, c'est quand même cool. J'ai été en Provence, c'est vraiment magnifique. Quel contraste dans vos régions, c'est dingue si on regarde des photos des Alpes, des côtes Atlantiques et d'Alsace, etc." C'est vrai que ça fait toujours plaisir, on a beau répondre en retour, faussement modeste "oui oui, mais y a de plus en plus de restos vraiment bons ici, ah oui, mais c'est tellement enivrant ces forêts à perte de vue, etc.", on est quand même fiers. J'avais même écrit une note là-dessus, quand avec ma blonde on regardait un match de tennis Raonic-Gasquet

    Mais là où je suis étonné malgré tout, c'est qu'il faut croire que 6000 kilomètres, finalement, ça permet d'élargir encore un peu plus ce "rayon de racines", parce que je ressens la même fierté parfois d'être... Européen ! Et oui, ça arrive, parce que les gens ici parlent souvent par continent, et donc ça éveille en moi un sentiment d'appartenance, aussi bizarre que ça puisse paraître Pourtant, on s'entend que toute phrase qui commence par "Oui, mais vous, les Européens", ça va forcément être un cliché, y a pas grand chose comme notion qui va englober autant les Italiens, les Espagnols, les Allemands, que les Danois, Polonais ou Albanais !

    En fait, je dis ça, mais j'ai hâte d'avoir votre ressenti là-dessus, parce que c'est peut-être juste spécifique à certains de ressentir ça. Ça ne s'applique sans doute pas à tout le monde. Dans mon cas, déjà, mes racines ne viennent pas que de France. Je suis né en Espagne, l'un de mes grand-père était Chypriote, l'autre Italien. Mais quand même, je ne suis jamais senti particulièrement "européen" quand j'étais encore en France.
  5. soulman
    C'est marrant quand même... Quand j'habitais en France, j'étais très partisan de certains sports, les sports collectifs notamment. Foot, basket, handball, rugby... Je suivais les matchs en espérant que notre équipe paraisse le mieux possible, parce que j'aimais ces sports et que tant qu'à faire je voulais qu'on aille le plus loin possible dans ces compétitions. À l'inverse, dans beaucoup d'autres sports je m'en foutais comme de l'an 40. Le tennis, par exemple. Maudit qu'un gars comme Henri Leconte m'énervait. Toujours en train d'acter, d'en mettre des tonnes, de se crier à lui-même. Un show off tellement franchouillard, quand il criait ses "Vas-y Riton" pour se motiver j'avais juste le goût de le voir perdre en 3 manches. C'est surtout que les commentateurs me tapaient sur les nerfs. Quand je regardais le tour de France y en avait que pour les Français, même si ils étaient au fin fond du peloton en train de tirer la langue et de cracher leurs poumons. Sur France2 on s'extasiait d'un Guy Forget, d'un Fabrice Santoro et si dans le fond j'avais rien contre eux, les pauvres bougres, nos journaleux étaient tellement de mauvaise foi que ça me les rendait antipathiques. Oui, j'avoue, quand on est devant sa télé une bière à la main on peut vraiment perdre son temps sur des niaiseries de même. Enfin bref, pour faire court, en dehors des sports que je suivais le plus, où là j'étais le pire des partisans de mauvaise foi, le reste du temps je ne me sentais pas spécialement fier de nos athlètes.

    C'est donc étrange qu'il m'ait fallu 6000 kilomètres pour commencer à devenir... comment dire... sportivement patriote ? Au quotidien je me concentre toujours sur ce que j'ai plutôt que sur ce qui me manque, quand j'habite un nouveau pays ou une nouvelle ville je m'attache à ce que j'y trouve de plus que dans la précédente, pas de moins. Je ne regarde pas TV5, je n'achète pas de produits Français pour me dire que "c'est bon comme là-bas, diiiiiis" (ok, cette référence faut avoir au moins 35 ans pour la comprendre). Mais par contre je me suis trouvé une belle fierté nationale pour plein de petites choses.

    La raison principale ? Ma blonde, évidemment ! Elle est Québécoise, quand elle me dit "hey vous êtes forts les Français pour ça ou ça", bin je suis fier. Des exemples ? J'ai quitté la France en partie parce que les querelles incessantes, l'agressivité ambiante me fatiguaient. Mais quand elle me dit "Vous avez de la colonne, vous vous laissez pas marcher dessus", je la contredis pas, ça me donne un côté tough Quand on regarde un bon film français et qu'elle l'aime, comme les Intouchables dernièrement, ça me fait une pointe de plaisir, c'est une cinéphile et avant de me connaître elle ne s'intéressait pas spécialement au cinéma des cousins. Je sais pas pourquoi, le fait qu'ici justement les gens ne sont pas vendus à la France et que les commentaires sont plus objectifs, du coup ça rend les compliments agréables et gratifiants. Ouuh ça n'est pas un mal français, hein, loin de là ! Pour la même raison avec ma blonde on regarde le hockey sur les chaînes anglo. Parce que les fatigants de RDS qui mettent les Québécois sur un piédestal c'est tout aussi insupportable, et qu'on veut avoir des commentaires le plus objectifs possibles.

    Je pensais à ça l'autre jour en regardant l'US Open, c'était Gasquet contre Raonic, le petit Français courageux contre le grand Canadien mou (je vous le dis, je suis super nationaliste maintenant !). Bin en regardant ça, je me suis senti d'avantage Français que je ne l'ai jamais été, j'avais VRAIMENT envie qu'il gagne, surtout en entendant Yvan "Jacques Mercier" Ponton et sa matante s'extasier devant chaque coup de Milos. Ohhh, joie, quand Richard a fini par gagner ce marathon haletant. C'est dans les cas-là qu'on peut se permettre d'être très beau joueur, genre " Oh mince, il a quand même bien joué Milos, ça va le faire progresser, c'est bien ce genre de matchs et puis anyway, l'un comme l'autre n'a AUCUNE chance contre Ferrer qui va leur botter le cul PARCE QUE L'ESPAGNE EST FORTE DANS TOUS LES SPORTS !!!"

    Euh, je vous ai dit, que j'étais né en Espagne ?!


  6. soulman
    Comme il convient, je vais commencer par de « courtes » présentations (je dis « courtes » entre guillemets, parce que je me connais, je ne sais pas faire « court »). Je n’ai jamais été à l’aise avec l’exercice mais il est nécessaire. J’ai mis plusieurs années à me décider à écrire sur le site, mais il me semblait après tout ce temps que ça allait de soi. Quand je préparais mon immigration et encore plus quand je venais d’arriver, les conseils de ceux qui avaient vécu la même chose que moi ont été une source de réconfort et une précieuse mine d’informations. Il me semble donc naturel d’essayer à mon tour de contribuer.

    Revenons donc dans le passé, 6 ans en arrière.


    D’un père musicien, j’ai toujours pas mal bougé. C’est sans doute pour ça que dès que j’ai eu l’âge de le faire j’ai continué à aimer vivre dans les cartons, découvrir de nouveaux lieux, de nouvelles personnes, de nouveaux contextes. Cuisinier, musicien, éducateur spécialisé, enseignant, dessinateur, des tonnes de petits boulots à droite à gauche, je me suis cherché longtemps sans vraiment me trouver. Oh, je ne peux pas dire que je n’aimais pas ma vie en France, loin de là, mais il me manquait un petit quelque chose. L’impression de ne pas être totalement à ma place, du mal à me projeter à long terme, le sentiment que quoi qu’il arrive je n’atteindrai pas mon plein potentiel.

    Et puis il était plus que temps d’enfin finir ce voyage entrepris par tous les hommes de la famille. Mon grand-père était parti de sa petite île de Chypre à 19 ans, clandestinement, sur un cargo qui partait vers les États-Unis. N’ayant connu que sa vie de gardien de chèvres, il rêvait de ce pays lointain porteur de tant d’espoirs. Finalement il s’est tout fait voler et a été débarqué sans un sou en poche dans le sud de la France. Direction l’Espagne où il trouva l’amour, avant de s’établir enfin au Maroc. C’est là qu’est né mon père qui, à son tour embarqua tout jeune sur un bateau pour se retrouver batteur dans un groupe de rock, à Liverpool. Il rêvait lui aussi d’Amérique mais, là encore, il trouva l’amour avant, à Pennylane. Et comme son père avant lui sa route changea, direction Amsterdam, puis Torremolinos où je suis né. Quelques nuits blanches à jouer avec son groupe et un accident plus tard, le rêve était passé, brisé avec ses jambes. L’Amérique ne voulait pas des hommes de ma famille J Du côté de ma mère ils s’en s’ont davantage approchés. Son grand-père, peintre dissident quitta son Italie natale pour fuir Mussolini et se retrouva au Brésil avant de prendre la direction de la France. Leur point commun, pas un n’a vécu toute sa vie et n’est mort dans le continent qui l’a vu naître. Je n’avais donc pas le choix, les gènes m’obligeaient à partir .
    Me voici donc en 2006, désireux de m’envoler vers l’Amérique du Nord. J’hésite entre Canada et États-Unis, j’avoue que le plan original était de passer quelques années au Québec pour pouvoir ensuite aller m’installer à New York. Je ne suis finalement jamais reparti.

    J’arrive donc le 1er mars 2007 à Montréal, plein d’espoirs en cette nouvelle vie, sans savoir ce que j’allais y faire mais persuadé que l’aventure ne peut qu’être belle. Aujourd’hui, je suis directeur du département artistique d’un studio de jeux vidéo et d’animation de Québec et je continue ma carrière d’auteur BD, commencée il y a 12 ans en Europe. J’ai envie de partager avec vous mes expériences, bavarder, témoigner, débattre, lire vos ressentis et continuer à participer à notre belle communauté. J’ai surtout envie que vous sachiez que oui, c’est possible d’être heureux ici, de se sentir bien et tout à fait à sa place.
  7. soulman
    En commençant ce "blog", je vous avais promis qu'on parlerait de culture québécoise et pour l'instant je ne m'y suis pas attelé, le sujet est peut-être si vaste que je ne savais pas trop par où commencer ! Lançons-nous.

    Le monde de la culture et du divertissement est florissant au Québec, dans beaucoup de domaines. Le but n'est pas de faire des liens Wikipedia, donc je ne parlerai que de ceux qui me touchent particulièrement.

    Le cirque, par exemple, c'est cool, c'est beau, mais j'aime pas ça, même si je reconnais que ça anime les rues de Québec pendant l'été. Ça a l'air magnifique et même si au bout de 40 représentations sous mes fenêtres j'ai envie de tuer en entendant leurs tounes, faut bien avouer que le Cirque du Soleil attire beaucoup de monde en ces belles soirées chaudes de juillet et d'août.

    Y a deux façons d'appréhender la "culture", soit pour découvrir les merveilles du Québec, les trésors plus ou moins cachés et parfaire ses connaissances, soit pour essayer de mieux comprendre et donc de mieux s'intégrer ici. Ça tombe bien, vous trouverez ici, au fil des différents sujets, l'un comme l'autre. Parfois je vous parlerai de séries, de films populaires, que vous DEVEZ absolument voir pour comprendre ce qu'est la province et ne pas être complètement largué dans les "partés d'bureau", parfois j'aurai juste le goût de vous faire découvrir une petite pépite dont presque personne n'aura entendu parler mais qui vaudra la peine d'être vue, lue, entendue, savourée.

    Commençons par les réalisateurs, comme le titre l'indique :

    C'est un trésor de la culture québécoise, depuis longtemps les réalisateurs de talent sont légion. Certains sont connus internationalement, d'autres sont restés "locaux", mais tous les styles sont représentés. Je ne parlerai pas de tout le monde mais je vais essayer de résumer les principaux.

    D'abord, parlons des "anciens", j'en aime certains d'autres moins mais si vous voulez comprendre les références de vos collègues de bureau, il faudra passer par là :

    - L'un des premiers, Claude Jutra, un monument, des films classiques, très beaux, du cinéma d'une autre époque (Mon Oncle Antoine, À tout prendre)
    - Louis Saïa : pas ma tasse de thé, réalisateur populaire, mais sa série Les Boys, est incontournable, un grand succès au Québec, ça parle de hockey !
    - Denys Arcand : je trouve ses films un peu trop classiques, mais si vous connaissez Les invasions barbares et le déclin de l'empire américain, je vous conseille L'Age des Ténèbres et Jésus de Montréal
    - Pierre Falardeau : très engagé politiquement, défenseur de la culture et de la langue québécoise, il a eu une oeuvre très diversifiée. La série des Elvis Gratton est l'équivalent des Bronzés en France. Trèès populaire, difficile à apprécier quand on a pas été élevé dedans, mais tout le monde connait les répliques par coeur. Si vous voulez comprendre vos collègues de travail dans les 5à7, il faudra donc vous y coller. Ses films plus sérieux sont intéressants. Parmi ceux-ci, Le party raconte un spectacle dans une prison et Octobre est un incontournable pour comprendre la Révolution Tranquille. Partisan mais intéressant.15 février 1939 raconte quant à lui les derniers jours de 2 patriotes comdamnés à la pendaison.
    - André Forcier : spécial, original, il ne fait pas l'unanimité. Une sorte de Chabrol en France. L'eau chaude, l'eau frette est à noter, mon préféré est La comtesse de Bâton Rouge, bizarre mais réussi. Mais bizarre quand même
    - Robert Morin : mon préféré dans les "anciens". Il a fait des tonnes de films, mais j'aime particulièrement Le Nèg' et Papa à la Chasse aux lagopèdes

    Si on va dans les plus "actuels", la relève est très intéressante.
    - Louis Bélanger : pas vraiment un tout jeune, mais j'aime beaucoup. Gaz Bar Blues se situe dans les jours qui ont précédé la chute du mur de Berlin, la petite vie d'une station service au Québec. the timekeeper nous plonge dans la construction du chemin de fer et Route 132 nous emmène vers l'est dans un "road movie" tout en subtilité avec les immenses Alexis Martin et François Papineau
    - Jean-Marc Vallée : incontournable. C.R.A.Z.Y. est un grand film, je conseille aussi Café de Flore avec Vanessa Paradis et The Dallas Buyers Club qui est à l'affiche en ce moment
    - Philippe Falardeau : vous avez sûrement entendu parlé du magnifique Monsieur Lazhar, Congorama aussi est superbe.
    - Xavier Dolan : certains adorent d'autres détestent. Réalisateur déjà prolifique, J'ai tué ma mère, Les Amours Imaginaires, j'ai moins aimé Laurence Anyways, vous avez peut-être vu aussi le clip College Boy qu'il a tourné pour Indochine.
    - Denis Villeneuve : très puissant dans son propos, grand réalisateur. Polytechnique vous plongera dans l'un des plus grands drames du Québec, un jeune qui a tué 14 étudiantes. Film fort, en noir et blanc. Incendies est également un chef d'oeuvre, à voir.
    - Ken Scott : plus commercial, mais sympathique. Scénariste de talent sur La Grande Séduction (à voir), il a commencé à réaliser avec les Doigts Croches (pas une réussite, mais belle brochette d'acteurs) et a eu son premier grand succès avec Starbuck.
    - Sébastien Rose : encore une fois un superbe réalisateur. La Vie avec mon père est un grand film avec le génial Raymond Bouchard (l'équivalent d'un Philippe Noiret) , le Banquet est déchirant (il parle aussi d'une tuerie dans une école, je sais, je sais, c'est pas gai)
    - Robin Aubert : ça peut paraitre étrange de le mettre déjà dans cette liste parce qu'il n'a pas une grande carrière en tant que scénariste, mais ce gars-là est génial. Super acteur, drôle et tourmenté, il incarne à lui-seul les Bois Francs, le Québec profond. Son film très personnel A l'origine d'un cri qui parle entre autres du viol qu'il a subi enfant, est une carte postale pour les petits coins glauques et profonds, les motels, bars de danseuse et autres du centre du Québec, de Victoriaville à Drummon.

    Voilà pour un premier "article", si vous pensez à d'autres (il y en a tellement), n'hésitez pas à les laisser dans les commentaires, pour que ce soit plus complet.


  8. soulman
    Bon bon bon, ce blog se voulait initialement "culturel" et finalement je parle de tout et de rien, revenons donc à nos amours, la culture québécoise . J'ai déjà parlé du dynamisme du cinéma québécois, parlons aujourd'hui du 9ème art, la BD. Ça fait une quinzaine d'années que je suis auteur professionnel et avant même mon arrivée ici tout le monde me prévenait "tu vas voir, c'est pas pareil au Québec." Parce que les auteurs québécois, quand ils venaient dans les gros festivals en Europe, étaient étonnés de voir tant de monde, tant de lecteurs prêts à attendre des heures pour une dédicace. Parce qu'ils passaient d'un cercle de quelques dizaines d'auteurs à des milliers d'auteurs rencontrés, pensant à tort que c'était plus facile de vivre de son art en France ou en Belgique.

    C'est certain que le marché de la BD se porte bien, il n'a jamais cessé de se développer. Mais si ce gâteau grossit d'années en années, les parts en sont de plus en plus petites. De plus en plus de sorties, de plus en plus d'éditeurs, de plus en plus d'auteurs prêts à accepter n'importe quel contrat pour éditer leur premier album. Je ne vais pas m'étendre sur les difficultés du marché du livre, que ce soit en Europe ou en Amérique du Nord, je reste disponible pour en discuter plus en détail avec ceux que ça intéresse, mais pour résumer disons que peu d'auteurs en vivent bien. Peu en vivent tout court, moi le premier, j'ai toujours préféré garder un travail à côté, pour que mes albums restent une passion, sans la pression des revenus obligatoires. Autant dire que je ne m'attendais à rien de particulier en arrivant en 2007.

    Et pourtant...

    Ce que le milieu des auteurs BD a de fascinant ici, pour commencer, c'est que justement peu en vivent exclusivement. Ça évite donc ces regroupements d'auteurs qui ne parlent QUE de BD, coupés de tout, avec pour seul sujet leur album en cours. Les auteurs que j'ai rencontrés ici viennent de milieux variés, on y trouve beaucoup de journalistes, d'illustrateurs de presse, de musiciens, d'enseignants. Beaucoup travaillent dans le milieu du jeu vidéo, de la presse ou des arts en général. Logique, vous dites ? Pas tant que ça, pourtant. En France beaucoup de mes amis auteurs en venaient à préférer se lancer à fond uniquement dans la BD, quitte à gagner bien moins qu'un SMIC, parce qu'ils ne pouvaient pas trouver de travail créatif dans un domaine qui leur plaisait. Et à l'inverse, ceux qui accédaient à ces postes n'avaient plus de temps à consacrer à la BD. Ici j'ai trouvé des gens qui comme moi arrivent à cumuler ces deux passions. Le deuxième point qui m'a étonné est la solidarité qui existe entre les auteurs. Tout le monde se connait. Évidemment c'est plus facile parce que le milieu est plus petit, mais ça n'en demeure pas moins agréable. Depuis mon arrivée à Québec, tous les jeudis à midi on se retrouve une dizaine-douzaine d'auteurs pour manger ensemble. Évidemment les invités sont les bienvenus, ce qui élargit sans cesse le cercle et évite là encore de ne parler que de BD. À Montréal aussi on retrouve quelques beaux regroupements d'auteurs et c'est toujours un plaisir de se croiser à la moindre occasion, le festival de BD de Québec étant l'incontournable tous les ans. Les auteurs viennent des 4 coins de la province et d'ailleurs. Tous les ans, on a le plaisir de revoir les auteurs des autres provinces du Canada, mais aussi d'Europe.

    Parce que c'est l'une des autres particularités qui caractérise les "bédéistes" du Québec (terme utilisé uniquement ici et qui ne fait pas l'unanimité), l'ouverture réciproque vers la France. Québec c'est surtout avec Bordeaux. Les villes sont jumelées et tous les ans un programme d'échange et de résidence d'artiste permet à un Bordelais de venir à Québec quelques mois et à un auteur de Québec d'aller à Bordeaux. Ce qui fait que les deux communautés se connaissent très bien et s'apprécient grandement. Beaucoup d'auteurs de Montréal vivent la même chose avec Lyon. Tous les ans un fort contingent d'auteurs Montréalais partent des semaines pour aller au festival de BD de Lyon et beaucoup d'auteurs Lyonnais viennent aux festivals du Québec. Et sachant que les auteurs Bordelais s'entendent bien avec les Lyonnais, que les auteurs de Québec s'entendent bien avec ceux de Montréal, quand tout ce beau monde se réunit ça crée des soirées mémorables.

    Excusez la longueur de mon introduction, je voulais juste résumer le fait que malgré la taille du marché québécois, les ponts et collaborations avec l'Europe rendent la BD québécoise très vivante et actuelle. La jolie Sophie Cadieux a d'ailleurs animé sur ARTV une série de portraits très bien réalisés cette année dans le cadre de son émission BD Québec : https://www.facebook.com/BDQCtv?fref=ts Vous pourrez mettre un visage sur certains des noms que je vais citer plus bas. Avant de parler des auteurs, d'ailleurs, rendons un hommage aux maisons d'édition, qui sont souvent la première chance pour les auteurs locaux de se voir édités.

    - La Pastèque : http://www.lapasteque.com/Catalogue.html
    Un éditeur incontournable, très bien distribué. Allez voir leur catalogue, je ne saurais même pas par où commencer tellement il est diversifié.
    - Mécanique Générale - Les 400 Coups : http://www.editions400coups.com/series/hors-series-49
    Un peu plus underground, moins "jeunesse", mais d'une richesse qui me fait penser à l'Association et aux Requins Marteaux pour ceux qui connaissent.
    - Pow Pow, la Mauvaise Tête, Front Froid : http://editionspowpow.com/ http://www.mauvaisetete.com/ http://www.frontfroid.com/
    Plus jeune et forcément plus petit que nos deux "géants" cités précédemment, ils incarnent toute la jeunesse et le dynamisme de la BD québécoise d'aujourd'hui, chaque album est un petit bijou.

    Parlons maintenant des auteurs principaux. Il y en a tellement que je sais d'avance que je vais en oublier, j'en ai déjà honte, n'hésitez pas à m'en suggérer d'autres que je ne connaîtrais pas. Il y en a quelques uns ici http://fr.wikipedia.org/wiki/Cat%C3%A9gorie:Auteur_qu%C3%A9b%C3%A9cois_de_bande_dessin%C3%A9e mais ce n'est pas complet. Je ne vous citerai que ceux que je connais personnellement, je n'ai pas assez de recul pour les auteurs plus anciens, ce n'est pas une liste complète mais plus des suggestions.

    Les incontournables :

    - La série des Paul de Michel Rabagliati, une adaptation au cinéma est en cours, c'est un monument de la BD
    - Les Nombrils de Delaf et Dubuc, c'est un énorme carton, un succès comparable à Titeuf.
    - Guy Delisle : il passe tellement de temps en France qu'on en oublie même qu'il vient de Québec , mais il revient tous les ans pour le plaisir de tous. Chroniques Birmanes, Chroniques de Jérusalem, le Guide du mauvais père, etc. Son album Pyongyang va lui aussi être adapté au cinéma
    - Jimmy Beaulieu : éditeur, auteur reconnu partout dans le monde, enseignant, il est au centre de quasiment tout ce qui se fait en BD au Québec. Trop d'albums pour être tous détaillés, j'aime particulièrement ses carnets. Si vous voulez le découvrir, puisqu'il faut bien commencer quelque part je vous conseille deux de ses derniers albums, Le temps des siestes et Laisse pourrir au sol les entrailles de ton ennemi.

    Les valeurs sûres :

    - Jacques Lamontagne : des séries magnifiques, les Druides, Yuna, Aspic, etc. Je l'ai découvert quand j'étais encore en France, un ami commun étant son scénariste.
    - Jean-françois Bergeron ou Djief : son album qu vient de sortir, Broadway, est une pure merveille. Sa série le Crépuscule des Dieux un grand succès.
    - Jean-Paul Eid : personnage comme tous les auteurs précédents extrêmement sympathique, qui fait beaucoup penser aux débuts de Fluide Glacial, l'esprit des Solé, Alexis, un dessin très efficace, un humour décalé et des BD qui défient toujours les standards. Sa série des Jérôme Bigras rappelle l'univers de Maester, Tronchet, et son album Le Fond du trou a fait beaucoup parler de lui parce qu'il intégrait dans son histoire un trou qui traversait de part en part l'album.
    - Michel Falardeau : connu initialement pour sa série Mertownville, son trait évolue sans cesse dans ses albums suivants, Luck en 2010 puis le magnifique French Kiss 1986 l'année passée. Et le suivant va être encore plus beau.
    - Philippe Girard alias Phlppgrrd : auteur talentueux et particulièrement productif, l'un de ses albums Tuer Velasquez va être adapté au cinéma.
    - Leif Tande : beaucoup plus underground, son nom en lui-même un jeu de mot (Left Hand) résume bien le personnage. Danger Public, William, Morlac, etc. chaque album est un bel univers en soi et comme Jean Paul Eid il joue beaucoup sur le lien avec le lecteur, n'hésitant pas à défier les conventions de la BD.
    - Francis Desharnais : très impliqué dans tout ce qui touche à la BD au Québec, les échanges/résidences avec la France, les concerts dessinés qui mêlent danse, musique et BD, les matchs d'impros BD, les fresques, etc. Chaque initiative originale, chaque lancement qui fait parler de lui, il est dedans. Sa série Burquette a été adaptée en série animée et ses collaborations avec Caroline Allard pour les Chroniques d'une fille infigne et Pierre Bouchard pour Motel Galactic (3 Tomes) sont des bijoux.
    - Autres auteurs : beaucoup pourraient être considérés comme des "valeurs sûres", je pourrais citer par exemple Paul Bordeleau, Simon Bossé, Pascal Girard, Réal Godbout, David Turgeon, etc.

    Les coups de coeur et auteurs de demain :

    Là encore ils "pullulent" au Québec. Iris et Zviane ont beau avoir collaboré pour un magnifique projet, l'ostie d'chat, elles ont également une belle bibliographie chacune de leur côté. Zviane, notamment, est d'une productivité incroyable et ne cesse d'étonner le monde de la BD. Les deuxièmes est un album magnifique et son projet en cours qui recoupe musique et BD sera captivant. Jeik Dion, personnalité unique, très underground, participe depuis des années à la richesse de la BD québécoise, de par son implication dans Front Froid notamment. Un autre qui était à l'origine de ce projet, Julien Paré Sorel, auteur en pleine explosion cette année, avec la sortie de Léthéonie notamment.

    Si vous aimez la BD, n'hésitez donc pas à découvrir tous ces talents !
  9. soulman
    Je n'ai pas beaucoup d'amis Français au Québec. Je ne les ai pas fuis, mais je ne les ai pas cherchés non plus. Et comme la plupart de mes activités m'amenaient à côtoyer des Québécois, dans l'ensemble pas mal tous mes amis depuis mon arrivée viennent du Canada.

    Mais ça arrive parfois que quelques Français arrivent au studio, généralement pour quelques mois. Ils ne sont souvent que de passage, arrivent par groupes de 2 ou 3. S'ensuivent souvent les mêmes "rituels", les mêmes questions : d'où vous venez en France, ça fait longtemps que vous êtes arrivés, c'est quoi votre statut, vous pensez rester, ça vous plait jusque là, etc. Quand ils viennent d'arriver, ça me fait chaque fois une petite bouffée de souvenirs. L'accent, les références culturelles, leur rythme en soi. Parce que oui, les différences culturelles vont jusque là. La bulle d'intimité, le rythme de paroles, le style d'humour, pas mal de choses divergent. Je ne ressens pas de nostalgie, au contraire, on ne passe pas notre temps à parler de la France, l'essentiel de nos échanges concernent la vie au Québec. Ils ont des tas de questions et j'ai envie de faciliter leur intégration, que leur expérience soit le plus agréable possible.

    Mais comme ce sont beaucoup des jeunes qui venaient chercher une première expérience, très souvent ils repartent au bout d'un an. Parfois plus, souvent moins. Et chaque fois ça me fait la même chose, ce petit feeling d'après-fête. Quand tout le monde est parti et que vous restez seul dans l'appartement, avec les restes de bouteilles vides, les mégots et les chips par terre. Pour ceux qui ont déjà été éducateur ou moniteur de camp, ça me rappelle quand vous restez quelques jours après tout le monde pour "fermer" la colo, que tout le monde part petit à petit. D'abord les jeunes, puis les autres "monos", et pour finir vous restez seul dans un endroit qui quelques jours plus tôt vibrait de la vie de centaines de personnes et qui maintenant est vide.

    Si on s'arrête de lire là, ça pourrait donner l'impression que je les envie d'être repartis et que je me morfonds à rester seul, mais c'est le contraire.

    J'ai aimé l'énergie de ces jeunes Français, leur présence, j'étais content de les voir tous les matins, de pouvoir aborder des sujets avec eux dont je ne pourrais discuter ni avec mes collègues ni même avec ma blonde (quoi qu'elle s'en vient bonne en culture française, à force ! ). Mais une fois replongé dans mon quotidien québécois, j'aime cette tranquillité, ce "cocon" qui m'entoure depuis que j'ai posé le pied ici il y a 7 ans et quelques. Si je reprends mes exemples de tout à l'heure, après une fête quand tout le monde est parti, je ne ressens pas le vide. Je prends le temps de me poser, de profiter du calme, je souris en repensant à toutes les anecdotes de la soirée, heureux de sentir que mes amis ont passé un bon moment. Stravinsky (si je me souviens bien) disait que le silence de quelques secondes qui suit la fin d'une oeuvre appartient encore au musicien. Cette attente qui précède les premiers applaudissements est un moment spécial dans un concert. Les musiciens ont fini de jouer, les spectateurs n'ont pas encore brisé la magie, c'est une bulle fragile qui n'en est que plus belle quand le spectacle était réussi.

    Je regarde ces jeunes repartir en France comme on regarde un bateau s'éloigner du quai. Il y a quelques minutes encore, il était là, vibrant de vies et de promesses, mais une fois seul sur le quai, quand le bateau disparaît au loin, on n'est pas forcément envieux de l'aventure que les passagers vont vivre. On peut tout simplement être en accord avec son quotidien et heureux de pouvoir vivre ses propres défis, espérer que tout va bien se passer pour eux tout en appréciant le fait d'avoir trouver où poser ses propres valises.

    Rester ce n'est pas arrêter de rêver, renoncer à l'aventure, c'est parfois au contraire vivre son rêve au quotidien en souhaitant à tout le monde de trouver le sien.
  10. soulman
    "Sorry, we can't ban everything that offends you". Ainsi commence une vidéo vue sur le site de The Guardian. On y voit une conférencière qui parle des différentes pétitions qui fleurissent de plus en plus sur le web et dans l'espace public en général. Une pétition de plus de 500 000 signatures pour interdire à Donald Trump d'entrer en Angleterre, des mesures pour empêcher les étudiants de se déguiser en femme pour ne pas froisser les transgenres, des conférenciers interdits d'universités parce que les associations étudiantes n'aiment pas leur propos, etc. Je cite quelques phrases (c'est une vidéo directement dans leur site, je n'arrive pas à l'importer dans l'article ni à avoir un lien direct) : "political movements such as civil rights and feminism have made such progress because we were able to hold people to account. Banning people from publicly stating their views does not make those views disappear." "Let us hear the arguments put forward by those with whom we disagree so that we can expand our knowledge and show rational resistance." "We are in danger of making censorship the standard response to any view which offends" "Unless someone is breaking the law by inciting a crime with their words, I believe it's a crime not to hear them". 
     
    La censure, qu'elle paraisse légitime ou pas, reste de la censure. Je ne suis pas d'accord sur tous les exemples qu'elle a cités, mais peu importe, le fond reste là. Si on élimine de la place publique tout élément qui dérange nos convictions, si on empêche une personne qui commence à se radicaliser d'une façon ou d'une autre à débattre avec d'autres personnes qui pourraient lui ouvrir les yeux ou challenger ses arguments, on l'empêche de développer son esprit critique et une opinion nuancée. Et surtout on risque, sous le prétexte de vouloir faire taire ce qui ne nous semble pas convenable, de fixer en tant que groupe les limites de la moralité, de ce qui est correct ou pas. Comme le dit la citation "« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire. » (qui n'aurait jamais été dite par Voltaire, soit dit en passant ).
     
    Évidemment ce qui rend difficile le fait de se prononcer, c'est que souvent on est d'accord avec la pétition. Ces causes nous semblent souvent justes. On trouve même délectable de pouvoir enfin, en tant que groupe et donc en tant que société, d'empêcher de s'exprimer quelqu'un qui nous dérange. C'est comme si on mettait une règle sur un forum, dès que 10 personnes demandent la radiation d'un membre, on lui retire son compte, et donc son droit  à s'exprimer. On trouverait ça plaisant dans certains cas, mais ici comme dans un débat public, le problème est de savoir qui va juger en bout de ligne du bien-fondé de la demande, qui va trancher sur le fait de savoir qu'une action est juste ?
     
    Si on estime par exemple qu'à partir de 2000 signatures, les étudiants peuvent interdire à un conférencier de venir parler sur le campus, comment s'assurer que cette pétition soit basée sur la moralité et non pas sur la couleur de la peau ou la religion de l'intervenant ? Et même si la cause nous semble juste, de quel droit peut-on vouloir interdire à d'autres d'écouter ses arguments ou de leur permettre de les contester ?
  11. soulman
    Ahhhh ça y est, on y est presque, dans quelques jours va s'ouvrir la 3ème édition du Festival de Cinéma de Québec. Merci encore à Laurent qui l'année passée avait prévenu sur le forum que ça commençait bientôt. Pour commencer, j'aime vraiment le cinéma. Ou plutôt les festivals de cinéma. J'ai jamais été un assidu, du genre à y aller toutes les semaines, non. Par contre mes plus beaux souvenirs en salle sont toujours reliés à des événements spéciaux. Une nuit Kubrick quand j'étais étudiant, une nuit de la pub, une nuit du Grand Zapping. Quel pied, passer la nuit complète. J'ai connu aussi les premières fêtes du cinéma, c'est Lang qui avait lancé ça je pense, comme la fête de la musique ? Ce que j'aime dans ces événements, c'est d'être plongé pendant des heures dans des univers différents, découvrir plusieurs films, suivre un réalisateur à travers son "catalogue" pour voir son .évolution, retrouver ses "tics" de réalisation.

    Pour toutes ces raisons, quand je suis venu m'installer à Québec avec ma blonde, on était ravis de pouvoir assister tous les ans au Festival du Film des 3 Amériques, 3-4 jours de films venant du Canada, des États Unis mais surtout d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud. Des films, des documentaires, des courts métrages, un peu de tout. En moyenne on en regardait 12-14 en tout sur les 4 jours et on découvrait tous les ans des perles. Seulement toute bonne chose ayant une fin, 2 ans après mon arrivée le festival s'est éteint. C'est un peu de notre faute, le studio où je travaille a offert un poste de producteur à l'un des piliers de l'organisation, l'âme du festival, qui n'a pas survécu à sa défection.

    C'est donc avec grande joie qu'on a vu renaître un festival ici, après 2 ans de platitude (bon bon, on en a profité pendant ce temps pour aller à Montréal au Festival du Nouveau Cinéma, très très sympa aussi, mais ça nous manquait pareil). Belle sélection de films, des petits bijoux venus de partout, une sélection qui va de l'Asie à l'Europe, beaucoup de films scandinaves de qualité, et des perles Québécoises qui n'ont pas eu de visibilité sur grand écran. Du film d'animation, du court métrage, des films de tous genres. La grande originalité, c'est que les films sont présentés dans des salles qui d'ordinaire ont une autre vocation. Cartier étant un peu loin (et haut, on se fait vieux), je vais aux deux salles proches de chez moi, soit au Carré d'Youville. Une salle dans le magnifique Palais Montcalm et une autre en face, dans le Capitole. Et comme je préfère les activités de fin de soirée, travail oblige, c'est pas mal sympa d'avoir des films qui commencent à 10h, 10h30, voire 11h parfois.

    Si le cinéma vous intéresse, je vous donne le lien de leur site : http://www.fcvq.ca/fr/accueil C'est du 19 au 29 septembre.

    Plus tard dans l'année, quand la date approchera, je vous parlerai des Sommets d'animation, programme présenté conjointement à Québec et à Montréal pour la première année (bon, avant c'était officiellement 2 festivals à part, mais anyway ils programmaient exactement la même chose déjà, ça ne change donc pas grand chose ).
  12. soulman
    On a souvent parlé sur le forum des clashs qui ont pu survenir sur le lieu de travail entre nous et nos collègues québécois.

    Chacun est unique et je vais donc essayer d'éviter les généralisations, parce que non, ce n'est pas vrai que TOUS les Québécois fuient le conflit et que TOUS les Français ont beaucoup de caractère et se complaisent dans la confrontation. Toujours est-il qu'en règle général, l'ambiance globale de travail peut être assez différente ici par rapport à ce qu'on a connu en France. C'est tout à fait normal, au sein même d'une entreprise l'ambiance, les règles "non-dites" sont différentes d'un étage, d'une équipe à l'autre, imaginez sur un continent différent

    C'est plus évident quand on travaille exactement dans la même branche que ce qu'on faisait avant, les comparables sont plus faciles, et c'est là que parfois on peut être un tant soit peu déstabilisé, au début du moins. Les codes ne sont pas forcément les mêmes, les habitudes non plus, et cela prend pas mal de temps avant d'appréhender toutes les subtilités de la vie de bureau au Québec par rapport à ce qu'on a connu en France. Tout est à reconsidérer, la façon de parler à ses patrons, à ses subalternes, la hiérarchisation des tâches, le rythme de travail, les mécaniques pour aborder les problèmes, il y a tellement de points de différenciation que je ne me lancerai pas dans une liste détaillée de toutes ces nuances. et de toutes façons ces points ne s'appliqueraient qu'à mon expérience personnelle, rien ne dit qu'ils seraient valables dans une autre entreprise ou un autre secteur d'activités.

    Mais dans un sens, de toutes façons, je vous dirais de ne pas trop vous en faire avec ça. Évidemment nous devons apprendre ces codes qui nous permettront d'être plus efficaces, mieux intégrés dans nos équipes de travail, mais d'un autre côté, ces différences peuvent amener une belle richesse à votre société. Ces conceptions parfois opposées, une fois combinées peuvent vraiment bonifier votre équipe, et surtout vous permettre de vous faire valoir pour ce que vous êtes au fond de vous. Si vous avez beaucoup de caractère, c'est une force, que vous devez juste apprendre à maîtriser et à doser. Si vous êtes plutôt "verbo-moteur", vous devez comme partout dans le monde être attentif aux "signes" qui vous montrent que votre auditoire commence à décrocher, voire à s'irriter à force de vous écouter. Votre réserve deviendra de la pondération, votre perfectionnisme de la rigueur, chacun de vos traits de caractère peut être vu de façon très positive si vous l'exploitez au mieux, et vous n'avez donc aucunement besoin de devenir quelqu'un d'autre pour progresser dans votre emploi.

    Les exemples sont très nombreux au sein du studio où je travaille où la mixité culturelle amène une richesse que ne peuvent égaler les équipes plus "homogènes". Une modeleuse chinoise, un programmeur marocain, un chargé de projet mexicain, un artiste français, un chargé de compte belge amèneront chacun une identité propre à leur équipe et si ces différences sont bien exploitées, si elles se bonifient au lieu de s'annuler, on obtiendra un produit bien plus unique. Il en va de même pour n'importe quelle équipe, en sport par exemple. La richesse vient des différents profils. Si vous n'avez que des divas, des joueurs étoile et aucun porteur d'eau, il y a peu de chances que vous gagniez quoi que ce soit. Mais si après avoir recruté ce personnel diversifié, vous leur demandez à tous de devenir ce qu'ils ne sont pas, par exemple que vous exigiez dudit porteur d'eau qu'il devienne le joueur étoile de l'équipe, vous allez également avoir beaucoup de problèmes pendant les matchs

    Quand nos employeurs nous offrent un travail, ils savent d'où nous venons et sont donc prêts d'une certaine façon à intégrer notre unicité au sein de leur production, je ne pense pas qu'ils s'attendent à ce que nous devenions exactement comme tout le monde, sinon ils auraient juste embauché un natif. Restons donc nous-même, dans le respect des codes et des habitudes de travail mais tout en amenant notre pierre à l'édifice.
  13. soulman
    Il est 6 heures et quelques, le travail commence à ralentir dans le studio, de mon bureau j'entends peu à peu le silence s'installer à l'étage. Beaucoup de mes artistes sont partis, la majorité en fait, restent juste les habituels. Les animateurs qui en mettront toujours un peu plus que demandé sur leur scène parce qu'ils aiment le travail bien fait, mes directeurs artistiques qui aiment autant que moi ce qu'on fait et qui passeront me voir avant de partir, pour s'assurer que la journée s'est bien passée et demander si de nouveaux projets s'en viennent pour leur unité, si je prévois de muter des artistes, si j'ai bien lu leurs messages. Dans une demi-heure, le seul qui passera encore sa tête dans l'encadrement de ma porte, c'est notre René, l'homme de ménage, qui va venir me raconter sa petite blague quotidienne et me demander si oui ou non Marc Bergevin va finir par aller chercher un gros attaquant pour épauler les petits joueurs du CH.

    En général c'est là que je commence à répondre à mes courriels en retard, ceux qui ont besoin de concentration pour être écrits. Dans un quart d'heure maximum je sentirai une vibration dans ma poche, un SMS qui me dira "j'ai faiiiiiim, aweyyy rentre donc" de la part de ma blonde et comme d'habitude je lui dirai, "mais oui, une demi-heure max". Mais ce soir, j'avais le goût plutôt d'écrire ici mon premier billet. Pourquoi ? Je ne sais pas trop, pas que je pense avoir grand chose de plus à dire que les autres, mais surtout, pourquoi pas ? Ce qui me fait "prendre la plume" ce soir, c'est que tout va bien. Vraiment. J'avais envie en quelques mots de dire à quel point j'aime tous ces petits rituels. Sentir toute cette vie autour de moi et avoir l'intime conviction d'y avoir une place. J'ai aimé le Québec du moment où j'y ai mis le pied, à l'aéroport, il y a 6 ans, et je ne l'en aime que d'avantage aujourd'hui. C'est comme une relation avec la femme ou l'homme de votre vie. Passé le coup de foudre, la passion des premiers mois, ce qui fait que vous l'aimez ce n'est plus la perfection qu'il ou elle incarne, la magie, l'attraction irrépressible, c'est au contraire tout le reste. Le quotidien, la confiance, l'impression de partager quelque chose, d'être aussi important pour l'autre que l'autre l'est pour vous. Ce sont les mille défauts, tout ce qui rend l'autre particulier et unique.

    Ce soir je n'avais pas envie d'écrire une longue lettre, de donner des leçons ou d'émettre de grandes vérités, juste le goût de vous dire que oui, on peut être Français et se sentir parfaitement chez soi ici.

  14. soulman
    En 2007, dans l'un des mes albums, Comme un Papillon, j'écrivais :

    " Je ne suis plus qu'à quelques heures du terme de mon voyage. Je vais pourtant finir la nuit ici, sur ce parking.
    Une station-service, c'est une oasis de lumière, le seul îlot de vie, de chaleur au sein de l'obscurité.
    Le simple "bonjour" échangé rapidement avec l'employé, première parole prononcée depuis des heures, est une sorte de retour à la civilisation, à la vie..."

    C'était l'une de mes pages préférées de ce livre, parce qu'elle me ramenait à un sentiment de chaleur, de réconfort, ce moment où après des heures à rouler dans la nuit, après des heures de solitude et de noir sur l'autoroute, on s'arrête enfin quelque part où il y a de la vie, où on peut parler, boire un café.

    J'ai toujours été ce qu'on appelle un "oiseau de nuit".
    Pas dans le sens "fêtard", boîte de nuit ou fermeture des cafés, non, plutôt dans le sens où j'ai toujours privilégié ce qui pouvait être fait quand tout le monde dort. J'ai toujours dessiné mes albums la nuit, j'ai rarement fait quelque chose de bon avant 11h du soir et mes meilleures heures sont définitivement entre 2h et 3h30. Quand j'étais musicien de studio aussi, j'aimais ce travail de nuit. On sortait peu de prises intéressantes en journée, mais passée une certaine heure la magie opérait.
    Au bout de quelques heures, quand une sorte de fatigue s'installe, elle s'accompagne d'un frisson, de quelque chose de chaleureux difficile à expliquer, la lumière change, l'inspiration n'est plus la même, tout commence à devenir plus naturel, plus inné. Les mots viennent plus facilement, le trait est plus lâché, les accords prennent de la richesse.

    Mais quand j'avais fini mes planches, achevé d'enregistrer une toune, quand c'était le temps d'éteindre la lumière, la radio et ses émissions de nuit, ICQ/MSN/Skype avec les copains qui partagent le même penchant pour le travail de nuit, quand enfin je mettais mon manteau pour sortir de l'atelier, du studio, c'était un retour brutal à la réalité. Je sortais de ma bulle de réconfort pour arriver dans des rues tristes, sombres et désertes. Pas une lumière allumée, pas de voiture qui passe, nulle part où aller manger quelque chose avec les amis, nulle part où aller décrocher un peu, se changer les idées pour permettre au cerveau d'arrêter de penser aux projets en cours. Tout plutôt que de rentrer chez soi, de manger un truc vite fait, sans bruit à la lueur du frigo entrouvert pour ne pas réveiller ta blonde du moment qui est déjà tannée que tu passes tes nuits à travailler et tes matinées à dormir.

    J'avoue, je rêvais alors à des villes comme New York, la "ville qui ne dort jamais", sortir à 4h du matin et aller me poser dans une petite cantine ouverte toute la nuit et manger un déjeuner, appeler la vieille serveuse par son prénom, rentrer chez soi quand le soleil commence à pointer à peine, que le ciel se teinte, et que tu sais que tu vas juste avoir le temps de poser la tête sur l'oreiller avant de t'endormir, le cerveau vide.

    Je disais à la blague que j'étais pas né sur le bon continent, que je vivais plus tard parce que j'étais en perpétuel décalage horaire.
    Bon, ça c'était n'importe quoi, parce que finalement je fais la même chose depuis que je suis arrivé et mes heures les plus productives sont encore au milieu de la nuit. Mais par contre, pour le reste, quel pied.



    J'aime tellement le fait de savoir qu'à tout moment, quelque part des gens sont encore debout, que je peux manger, parler à du monde à l'heure que je veux, que des endroits restent ouverts 24 heures sur 24, même dans les petits villes. Quand avec ma blonde on passe par Victo pour aller voir ses parents, on s'arrange toujours pour traîner, grignoter un truc vite fait le soir assez tôt, juste pour pouvoir se dire vers 2, 3h, "Bon, y a rien au frigo comme d'hab, on va se prendre un truc au Stratos ?" C'est à 5 minutes à pied et il y a toujours, TOUJOURS plusieurs tables occupées. C'est comme les Tim Hortons. Je me demande si ils paient des gens, des figurants pour rester là toute la journée, avec un tarif spécial de nuit, y a TOUJOURS des gens même si tu y passes à 4h du matin. Ashton dans la Vieille Ville, quel bonheur ! Mes premiers mois à Québec j'habitais à Sainte Foy, y avait un Métro sur 4 Bourgeois (ou Chemin de Ste Foy, je me rappelle plus) qui était ouvert 24/24 ! Bon, après ça ils ont changé les horaires, c'était genre fermé juste de 3h à 5h du matin, mais combien de fois j'y suis passé en revenant de la ville aux petite heures...

    Je crois que le phénomène est encore plus agréable en hiver. Il neige dehors, tout est blanc et tu arrives dans une petite place pleine de lumière, de gens et de chaleur...

    Des vrais petits oasis de lumière, j'vous dis...
  15. soulman
    Ça y est, les lumières de la scène se sont éteintes, nos oreilles sifflent encore de ces trois soirées de musique. NoFx, Pennywise, The Flatliners, Face to face et comme tous les ans des jeunes groupes de la relève. J'aime particulièrement ce festival, il nous permet tous les ans de profiter des dernières belles journées, même si on a souvent de la pluie, il retient encore un peu l'automne. L'été commence avec le festival d'été et finit avec Envol et Macadam. Deux festivals différents, pas forcément la même foule mais tous les deux des incontournables. Le premier est peut être plus touristique alors que le second est plus local, l'un est plus généraliste alors que l'autre se veut plus ciblé, mais j'ai la même affection pour les deux.
    En plus cette année c'était dans le joli Parc de l'îlot fleurie, à deux pas de chez moi et de mon travail, en plein coeur de Saint Roch. Pas très loin d'où c'était l'année passée, mais le cadre change tellement.

    C'est toujours l'occasion de voir les copains qu'on n'a pas forcément l'occasion de voir aussi souvent qu'on le souhaiterait, le coin est tellement propice à aller boire un coup après : la Korrigane, la Barberie sont juste à côté. Une poutine chez Gaston au milieu de la nuit et on peut enfin rentrer chez soi, les oreilles, les yeux et le ventre saturés. Manque juste le toucher et l'odorat et on aurait les 5 sens.

    Bon, si on considère la proximité de la foule, l'alternance de plaisir et d'inconfort selon que vous êtes collé à une charmante demoiselle ou à un vieux motard barbu, on a le toucher. Et les odeurs d'aisselle et de vomi occasionnellement emplissent l'odorat. Mais soyons positif, également cette odeur d'été qui s'achève, ces derniers relents de soleil qui se couche (oui, oui, ça "sent" le coucher de soleil ). Bref, on les a les 5 sens finalement.
    Je pourrais même aller jusqu'au 6eme sens, tous les ans on sait pertinemment que ça va être un bon moment, que les groupes soient bons ou moins bons l'ambiance est toujours là. Parce que vous faites partie de cette ambiance, et vos amis aussi.

    Quand je pense au festival d'été ou au festival d'Envol et Macadam, c'est un vrai album photo, plein d'images d'amis en train de rire. Ce sont des souvenirs, des tas, des nouvelles rencontres, des belles surprises, des nuits blanches, et tout ça vous aide à vous sentir encore plus chez vous, ici. Parce que ce qui manque quand on émigre ce sont les repères, les souvenirs avec les amis et la famille, mais plus vous en créez de nouveaux au lieu de vous attacher aux anciens, plus vous vous attachez à votre vie actuelle, et plus ce que vous avez ici compte autant que ce que vous aviez là-bas. Peut-être même plus parce que c'est vous, aujourd'hui.



  16. soulman
    Allez, un peu d'optimisme, on raconte tellement à quel point les hivers peuvent être durs (et c'est vrai, même si j'adore ça), qu'il faut bien le dire aussi quand les saisons sont agréables. C'est vrai que l'été a pas été incroyable, mais bon, le timing a été bon pour moi. En mai et juin ça a été pas mal pluvieux mais j'avais beaucoup de travail, ça a été bin correct pendant le festival d'été (quelques soirées pluvieuses mais globalement c'était pas mal), juillet était pas idéal mais j'étais hors du pays majoritairement, et finalement quand j'ai eu du temps en aout pour en profiter on a eu des belles semaines de canicule. Par contre, toute bonne chose ayant une fin, arrivé en septembre je me disais que ça y est, on allait vers l'automne. Je sais, je sais, l'été indien, tous les ans je me fais avoir, j'oublie !

    Mais c'est un bel oubli, comme se réveiller le samedi matin à 9h, persuadé qu'on est en retard au travail, se rendre compte que finalement on est en week end et reposer sa tête sur l'oreiller encore chaud.

    Ou trouver un billet de 20$ dans la poche d'un manteau.

    Et donc, cette année encore, oh joie, un beau 20 degrés et un grand soleil début octobre. C'était le festival du cinéma à Québec (j'espère que certains d'entre vous y ont été) et les derniers jours j'ai pu enfin remiser le manteau pour quelques jours et reprendre mon attirail spécial été. Ahhhhhh, aller au travail en shorts et en tongs, sentir cette douceur presque printanière après en avoir fait son deuil, retourner une dernière fois au parc jouer au baseball et au basket. On a même fait nos touristes en faisant notre marche annuelle jusqu'à la terrasse Dufferin et mangé notre dernière crème à glace.

    Le bonheur.

    Ne soyez donc pas trop affolés par le temps, si vous prévoyez venir vous installer. L'hiver est magnifique, j'en parlerai sûrement plus tard, mais toutes les saisons sont belles. Je pensais surtout vivre 2 saisons contrastées ici, parfois c'est le cas, mais souvent le printemps ou l'automne nous réservent quelques belles semaines. Il y a 2 ans c'est le printemps qui avait été magnifique, tout le mois de mai je l'avais passé sur ma terrasse à faire des "party de balcon", on avait ouvert la piscine des beaux parents le 3 si je me souviens bien.
  17. soulman
    Ça y est, après un peu moins de 2 ans d'attente, je peux enfin le dire, je suis Canadien !

    Arrivé en mars 2007, j'ai lancé la procédure en novembre 2011. Les questions début juillet, et donc la cérémonie mercredi dernier, le 10 octobre. Oui, oui, la totale, l'hommage à la Reine, l'hymne national, les petits drapeaux et tout. On était presque 400, et comme le disait la juge 52 nationalités représentées. Arrivé à 1h, parti à 4h30 avec le papier en main.

    Qu'est-ce que j'ai ressenti lors de cette journée ? Difficile à résumer, une grande fierté, un honneur, un aboutissement mêlé à un départ. Je pense que chacun de nous peut faire cette démarche pour des raisons différentes. chacune se vaut mais je me suis demandé objectivement pourquoi je souhaitais franchir le pas.

    Oh c'est sur, déjà ça sera plus facile à la frontière. Je dois souvent me déplacer aux Etats Unis pour le travail et chaque fois je ralentis mes collègues Québécois.

    C'est rassurant, aussi. De savoir que maintenant, quoi qu'il arrive, je n'ai plus un statut temporaire au Canada. Je n'ai plus besoin de renouveler ma résidence permanente. Des fois qu'un jour ça change. On ne sait jamais. Mes patrons aussi, peut être que ça va les rassurer, leur montrer encore un peu plus que je me sens chez moi ici.

    Mais ça ce sont des détails "techniques", administratifs. Pas de quoi éprouver la moindre joie alors, si ce n'est que ça. Et pourtant quand je suis sorti de la salle j'avais un grand sourire jusqu'aux oreilles.

    Pour la perception des autres ? Me sentir plus intégré ? Non. Déjà parce que je me sens parfaitement intégré, personne ne me donne l'impression que je ne suis pas admis, que je suis un étranger. Un passeport n'y changera rien, et je dirais même que citoyen ou pas je resterai toujours de temps en temps "le Français". Mais dit avec affection, parce que j'ai beau avoir perdu presque intégralement mon accent français, pour mes amis Québécois il restera toujours une petite trace, et c'est très bien de même. Comme un anglophone qui malgré un français parfait gardera toujours cette petite touche british sur certaines consonnes.

    Non, si je suis tellement fier et touché d'être devenu Canadien, c'est juste pour moi. Pouvoir enfin participer à la vie politique, voter, faire mon devoir, m'impliquer encore davantage dans la vie quotidienne. Savoir que quels que soient les choix faits par la population, j'aurai apporté ma voix. Que je ferai partie des statistiques.

    J'étais heureux comme un enfant aussi parce que, si j'avais fait la démarche de citoyenneté en pensant à mes amis Québécois, j'ai été vraiment touché le jour de la cérémonie par toutes ces familles, ces enfants, ces immigrants comme moi qui sont devenus Canadiens. Certains pleuraient. Beaucoup se sont embrassés. Quand la juge nous a demandé de féliciter nos voisins de gauche et de droite personne ne l'a fait machinalement, les gens se regardaient dans les yeux pour se souhaiter le meilleur. En arrivant dans la salle j'étais fier de faire peut-être encore peu plus partie intégrante du peuple des Rene Levesque, Lafleur, Tremblay, Côté, mais d'un coup je me rendais compte que j'étais également fier de faire partie de cette assemblée. J'étais touché par ces familles, ces 52 nationalités, certains, beaucoup sûrement ont vécu l'enfer avant d'arriver, une vie de souffrance avant d'enfin être accueillis ici. Et pour eux, bien plus que pour nous français, la citoyenneté est la certitude que jamais ils n'auront à retourner contraints et forcés dans un pays qu'ils ont rejeté.

    Je ne pense pas que j'arriverai à retranscrire exactement ce que j'ai ressenti en mots, mais je vais essayer. J'ai écrit des albums, des livres, des articles sur les bidonvilles de Dharavi en Inde, sur le Rwanda, la Palestine, en ce moment l'histoire que je dessine se situe au Tchad et au Soudan.

    J'ai été dans tous ces pays, rencontré ces gens, témoigné de leurs douleurs comme de leurs joies. Mais malgré les semaines passées avec eux, dans ces familles, je sais bien que je n'ai fait qu'effleurer leur vie, leur réalité. De voir des ressortissants de tous ces pays réunis ici, au Canada, dans une cérémonie qui leur permet de mettre enfin derrière eux ce qu'ils ont fui, les voir accéder en ce jour comme moi et comme tant d'autres avant nous à la citoyenneté canadienne, ça m'a vraiment ému aux larmes. Oh non, ça va, rassurez-vous, je n'ai pas braillé quand même, je sais me tenir !! Mais j'imaginais ce qu'ils devaient ressentir, les sacrifices qu'ils ont consentis pour donner cette chance à leurs enfants, et je ressentais comme un honneur d'être avec eux à ce moment précis. J'ai passé beaucoup de temps à regarder ces visages, ces regards échangés entre eux, à tel point que finalement je n'ai pas trop eu le temps de me concentrer sur mon expérience personnelle, elle était tellement insignifiante.

    Et de toute façon, comment se concentrer avec Basile, ce grand Sénégalais au coeur immense et au sourire permanent avec qui j'ai passé de très belles heures. C'est que le hasard est drôle parfois. Quand j'ai été passé les questions, quand on a fini le test on doit aller s'assoir dans une grande salle remplie de monde. Il y a des centaines de personnes, on se place où on veut, certains sont là depuis des heures. Je m'étais donc assis au hasard à côté de ce colosse noir qui semblait si content d'être là. On avait tout de suite sympathisé, l'attente était longue et nous avions plein d'histoires à nous conter. Il avait des jus de fruit en trop, j'avais des biscuits, on a pu donc compléter nos repas Quand c'était à mon tour de passer, on s'est souhaité mille bonnes choses.

    Arrivé à la cérémonie, on s'est vu de loin, on s'est salué avec un sourire, espérant se voir plus tard, peut-être après. Les places étaient imposées, on avait tous un numéro défini sur notre convocation, on était comme je le disais près de 400, et on s'est quand même retrouvé côte à côte ! Un très beau hasard.

    Bref, comme d'habitude je m'étale, mais je voulais partager avec vous cette belle journée où je suis devenu canadien, comme les Tremblay, Côté, Ouellet mais également les Baboucar, Khadri, Ngyen.

  18. soulman
    "Gros porc", "sale bougnoule", "pd", "fayot", "salope"... Combien de fois a-t-on entendu ça quand on était enfant, ado, dans les cours de récré, le bus qui nous amenait en sortie scolaire, sur le chemin du retour de l'école ? Peut-être en étiez-vous victime, peut-être faisiez-vous partie des "bourreaux" ? Peut-être encore faisiez-vous juste partie de cette majorité silencieuse qui de par sa neutralité, sa peur ou sa complaisance accepte, tolère, se rend complice ?

    Pour beaucoup d'adultes, ça ne semble "pas grave". "Ils s'amusent", "rien de bien méchant". Mais où s'arrête le jeu, l'insulte gratuite mais sans rancune et où commence le harcèlement moral ? Le bullying, comme on dit ici, en Amérique du Nord.

    On en a beaucoup parlé, au Québec, les 2-3 dernières années. Une journée spéciale sur l'intimidation, quelques reportages sur ces adolescents, ces enfants qui ont choisi de se donner la mort pour ne plus avoir à subir, parce que personne ne les avait entendus, écoutés. Indignation, incompréhension, écœurement devant ce phénomène amplifié par les réseaux sociaux. Se faire intimider, insulter, railler, humilier c'est déjà pas évident, mais devant des millions de personnes ça semble encore pire. Et pourtant quoi de neuf ? Est-ce qu'on ne voyait pas la même chose dans ces ères pré-internet, où on se parlait plus des Chevaliers du Zodiaque que des dernières vidéos sur Youtube ? Ou une montre Casio avec calculatrice était aussi tendance que le dernier iPhone ? Est-ce que les jeunes d'aujourd'hui sont pires que nous l'étions ? Et surtout, aujourd'hui, que faisons-nous, en tant qu'adultes, parents, enseignants pour trouver des solutions ?

    Je ne me lancerai pas dans un débat sociologique sur comment éradiquer l'intimidation, le harcèlement quel qu'il soit. C'est un sujet passionnant que j'affectionne particulièrement et sur lequel je débattrais volontiers pendant des heures.

    Mais si je souhaitais en parler sur ce forum lié à l'immigration c'est parce que, peut-être pour la première fois de votre vie vous allez vous retrouver dans le rôle du "marginalisé", de celui qui est différent. Est-ce que c'est mal ? Bien sûr que non, c'est juste un constat, une certitude qu'on peut vivre de bien des façons. Peut-être qu'enfant vous n'aviez rien de notable, ni gros, ni petit, ni grand, ni maigre, pas de nom à double sens qui peut être raillé. Ni très timide ni trop voyant, capable de vous fondre dans les murs ou suffisamment sûrs de vous pour ne pas vous faire écœurer. Mais en arrivant dans un nouveau pays, une nouvelle culture, vous allez peut-être pour la première fois de votre vie vous sentir différents. Ne plus faire partie de la "majorité" peut décontenancer et d'une façon ou d'une autre vous force à vous poser de nouvelles questions sur vous et sur les autres. Il n'y aucune recette magique, chaque histoire est unique et chacun va réagir différemment. Certains vont à peine le ressentir. D'autres vont se refermer sur eux-mêmes, se rapprocher d'autres Français, en souffrir, s'en plaindre. D'autres encore vont s'en servir comme d'une motivation et une incitation à en faire encore davantage pour s'intégrer et vivre leur immigration pleinement. Apprécier au quotidien ce sentiment de dépaysement qui vous a poussés à partir, à tenter l'aventure.

    Dans certains cas ça ne sera qu'un constat, quelques décalages par rapport à vos collègues ou voisins, des références que vous n'avez pas, mais parfois ça pourra devenir un fossé, une barrière qui pourraient vite vous paraître insurmontables. Dans ce cas-là, parlez-en, communiquez, n'hésitez pas à aller chercher des conseils chez ceux qui pourraient vivre la même chose que vous. Ne taisez pas la moindre souffrance, le moindre doute.

    En 2006 j'avais écrit un roman graphique, Comme un Papillon, qui parlait du suicide chez l'enfant. Oui, oui, je sais, c'est super gai J'en ai un peu parlé je crois dans ma présentation. En tant qu'éducateur spécialisé j'avais vécu tellement de cas d'enfants qui pour des raisons incompréhensibles pour nous préféraient mettre fin à leur vie. C'est arrivé plusieurs fois que ces gestes ne soient que des appels au secours, mais plusieurs sont arrivés malheureusement à leur fin sans que personne ne puisse comprendre ce qui les avait amenés là. Ça m'avait montré à quel point on sous-estime grandement des notions telles que la dépression, le harcèlement, la détresse psychologique. On a toujours l'impression que pour un enfant, "ça va passer". Mon éditeur insistait pour qu'à la fin du roman l'enfant finalement change d'avis, pensant que le message était suffisamment passé. Mais c'était hors de question, le seul but de cet ouvrage était de montrer aux parents qu'un enfant de 10 ans pouvait pour une raison ou une autre décider de se tuer. Le suicide est la deuxième cause de mortalité pour les moins de 20 ans. J'ai finalement changé d'éditeur et même si ça peut paraître complètement idiot, j'ai dessiné les 12 dernières pages de mon livre en pleurant. Je ne dirai pas "en pleurant comme un enfant", non, en pleurant comme un adulte conscient et impuissant devant toute cette souffrance.

    Pourquoi j'écris ça aujourd'hui ? Parce que je suis tombé sur ce trailer, cette bande-annonce choc prélude à un reportage sur france5 la semaine passée je crois :
    Ça m'a rappelé la polémique l'année passée sur le clip d'Indochine :

    Et parce que j'avais envie d'en parler avec vous, qui peut-être comprenez un peu mieux aujourd'hui ce qu'ont vécu le petit gros, le Tunisien, l'efféminé de votre classe quand ils étaient ostracisés, rejetés.
  19. soulman
    J'ai failli appeler ce billet le "superball". Pourquoi ? Parce que je n'y connaissais tellement rien au football en arrivant ici que je pensais que c'était comme ça qu'on l'écrivait, en rapport avec le ballon. Superball, finale du football, c'était logique, non ? Bin apparemment pas... Ça a plutôt à voir avec le trophée, la coupe (d'où le "bowl" pour bol)...
    C'était donc la grande finale dimanche dernier, le super bowl 2014, 47eme du nom. Immense évènement en Amérique du Nord. Victoire écrasante des SeaHawks de Seattle qui ont mis toute une volée aux Broncos de Denver. Pour quoi je vous parle de ça ? Parce que je suis un fan de foot ? (oui, je sais, si vous êtes encore en France ça vous agace qu'on appelle ça foot et que notre foot soit du soccer, mais faudra vivre avec quand vous serez là, autant commencer à s'y habituer tout de suite , pour que ça pique moins une fois sur place). Je reprends, par amour pour le foot ? Que néni. Paaaaantoute. Je trouve ça interminable. Mais c'est quand même cool de vous plonger tous les ans dans cette ambiance. Si vous venez d'arriver, c'est un super événement social auquel vous pouvez participer. Aller dans un pub avec des amis, à la Cage aux Sports, organiser un brunch "super Bowl" chez vous ou accepter une invitation chez un collègue. L'occasion de passer une bonne journée et de découvrir davantage une gang qui deviendra peut-être des amis plus tard.

    Le sport est vraiment un vecteur intéressant pour se faire des contacts. Sous prétexte de regarder un match de n'importe quoi, ça vous permet de voir du monde, de passer une bonne soirée et rassurez-vous, la moitié de l'assistance s'en foutra comme de l'an quarante du match, vous pourrez donc discuter autant que souhaité. Pour deux acharnés qui regarderont la télé, y aura 10 personnes qui parleront de la Charte, Martineau ou de la glace vive. Vous n'avez que l'embarras du choix : les matchs de l'Impact de Montréal en soccer (très peu connaissent les joueurs, rassurez-vous!), les Alouettes en foot canadien (en général ils sont pas pires, à voir cette année, ils sont en reconstruction), évidemment les Canadiens de Montréal en hockey, surtout les games de séries à partir d'avril, le "super bowl" donc de la NFL, les séries de baseball, etc. Si en plus de ça ça vous tente les galas de boxe, y a toujours un Québécois ou un Canadien champion du monde à regarder (Stevenson, Pascal qui va tenter d'aller chercher une nouvelle ceinture). GSP qui a pris sa retraite ça va laisser un trou pour le UFC, mais Rory McDonald va prendre la relève (bon bon bon, c'est pas un francophone, mais il s'entraîne à Montréal tout de même ). Même le tennis ça devient le fun, Milos Raonic est 11 ou 12eme et la jolie Eugénie Bouchard devient très performante, ça rend les tournois du Grand Chelem intéressants. Si on ajoute à ça les Jeux Olympiques d'hiver où vous pourrez prendre pour le Canada et les JO d'été où vous prendrez pour la France, ça laisse plein de choix pour regarder du sport en gang.
    C'est vraiment plaisant de pouvoir prendre partie pour une équipe ou une autre, s'obstiner avec les amis, surtout quand dans le fond vous vous en foutez pas mal de savoir qui va gagner, c'est juste pour le plaisir de râler et/ou de parader.

    Bref, revenons-en à notre bon vieux Super Bowl.

    Primo, comme je le disais, je n'aime pas le football. J'hais pas ça, mais je ne suis pas un grand fan. Trop long et trop compliqué. Mais, maaaais, je reconnais que pour les grands événements ça fait des belles journées. Je ne me rappelle pas les scores, ni même des gagnants, mais je me rappelle très bien des belles journées passées à faire des BBQ, des brunchs, des soirées arrosées, pour les finales des Alouettes en coupe Grey, les finales universitaires. J'ai même la malchance d'avoir un beau-frère coach de football, une grosse équipe, et du coup je dois me taper ses matchs à partir des demi-finales. Vous avez pas idée comme il fait froid 4 heures sur un banc gelé. Mais les BBQ sur le parking du stade des heures avant le match sont incroyables, toute une ambiance.

    Et puis le super bowl, c'est pas que le match.

    C'est une assistance séparée en 2, chacun son équipe préférée sans que la grande majorité sache même le nom du quart arrière. Moi cette année par exemple j'avais bien choisi, je prenais pour les SeaHawks. Parce que des amis se sont installés à Seattle, parce que c'était l'équipe des jeunes et parce que le quart des Broncos était Manning, l'américain par excellence. Oui, pas plus de raison que ça.

    C'est aussi un show au milieu de la game, très court, mais tous les ans y a une anecdote qui s'y rapporte. Rien cette année, je suis déçu. C'est pendant le super bowl qu'il y a eu l'épisode du sein de Janet Jackson, l'année dernière Beyoncé a fait sauter le courant dans le stade, ce genre de choses.

    C'est aussi les pubs spécialement faites pour la soirée. À 4 millions les 30 secondes t'es mieux qu'elle soit bonne, tous les ans il y a des pépites.

    C'est la chance de pouvoir parler à tout le monde le lendemain au bureau, si t'as pas vu la game tu te sens seul.

    Bref, vivez cette expérience avec du monde !
  20. soulman
    Quand on commence un emploi, c'est souvent 3 mois d'essai avant de signer son contrat d'embauche définitif. On sait que cette période est cruciale, l'employeur peut à tout moment mettre fin à l'emploi sans aucun préavis, mais on a tendance à penser qu'une fois ces 3 mois passés on est d'avantage protégés. Malheureusement non, la date "magique" au Québec, c'est deux ans. Tant que vous n'avez pas dépassé cette date, votre employeur peut mettre fin à votre contrat sans motif. La seule chose qui change par rapport aux trois premiers mois, c'est le préavis. Moins de 3 mois, pas de préavis, de 3 mois à un an, une semaine et de un an à deux ans, deux semaines. Par contre souvent l'employeur va préférer payer ce préavis et vous libérer le jour-même. Il n'y a aucun recours à ce congédiement, votre employeur ne doit justifier ni faute, ni cessation d'activité, ni ralentissement économique, il n'est pas tenu de vous accompagner ni de vous donner les moyens pour atteindre les objectifs. Je sais, c'est dur...

    Vous allez peut-être vous demander : pourquoi laisser partir quelqu'un qui a fait la job jusque là, ou à l'inverse pourquoi est-ce que tout le monde n'utilise pas cette clause pour toujours recommencer avec des jeunes payés moins chers qu'on peut virer quand on veut, pour peu qu'on ne laisse pas passer ces 2 ans ? Il y a plein de raisons, qui dépendent de votre emploi et du type d'industrie dans lequel vous travaillez. Je vais prendre mon exemple, le jeu vidéo.

    Dans mon studio on n'applique que très rarement cette clause. Quand j'embauche du monde, ça prend du temps. J'ouvre un poste, je me déplace dans les différentes écoles et programmes pour rencontrer les étudiants avec du potentiel, je présente le studio et je les rencontre un par un, je passe à travers tous les portfolios que les RH reçoivent, je rencontre les candidats, une heure chacun au moins, et une fois que la sélection est faite on fait enfin notre offre. C'est long et quand on a enfin choisi notre perle rare, on y tient. On accueille notre ressource, on l'encadre, on l'accompagne, on l'intègre à nos équipes, on prépare avec lui son plan de développement, on se voit régulièrement en entretien individuel pour faire le point. Bref, si je ne me suis pas rendu compte dans les premières semaines que je me suis trompé, j'investis dans cette ressource. Pendant un an et demi, deux ans, cette ressource n'est pas pleinement profitable au studio, c'est après cette période qu'elle devient assez autonome et expérimentée pour vraiment apporter. Donc partant de là, je n'ai aucun intérêt à la laisser aller juste avant !

    Mais, parfois, cela peut arriver que malgré tout notre travail d'encadrement, la ressource ne se développe pas comme on s'y attendait. Qu'on sente qu'elle plafonne déjà au bout d'un an et demi. Que sa motivation n'est plus la même qu'à son arrivée et que rien n'indique que ça va s'améliorer. Pire, il se peut que notre pipeline ait tellement changé depuis son embauche qu'elle ne corresponde plus à nos besoins actuels. Dans ces cas-là, il vaut mieux intervenir et procéder au congédiement que d'attendre deux ans et devoir monter des dossiers.

    Toujours pour rester dans mon domaine, certains studios abusent de cette clause. Ils engagent beaucoup de finissants avec une expertise très spécifique à leur projet en cours et les laissent aller dès le projet fini pour embaucher d'autres finissants plus adaptés à leur prochain pipeline. Ils sauvent des coûts, c'est certain, mais ne bâtissent pas de culture d'entreprise, ne développent pas l'appartenance et la rétention et l'embauche deviennent difficiles. Dans un milieu aussi concurrentiel, vous ne pouvez pas impunément traîner une mauvaise réputation.

    Soyez donc vigilants quand vous allez approcher du terme de vos deux premières années, peut-être que votre patron va vouloir vous tester un peu, vérifier certaines choses avant d'être certain de vous garder. Prenez-le de façon positive, si vous êtes bon et motivé dans ce que vous faites, ça va aller !

    Vous allez me dire, après ces deux ans, est-ce qu'on est tranquille ? Oui et non. Après ça il y a trois façons en gros de perdre son emploi :

    - la mise à pied temporaire : le projet sur lequel vous travaillez s’interrompt du jour au lendemain (le client a brisé le contrat par exemple), toute l'équipe peut être mise à pied de façon temporaire si votre entreprise ne peut pas l'absorber dans sa production. Dans ce cas-ci, le lien d'emploi n'est pas brisé, vous restez officiellement lié pendant 6 mois à votre employeur, il est tenu de vous rappeler si l'activité reprend, il ne peut pas embaucher de nouvelle ressource pour le même type d'emploi. À la fin de ces 6 mois par contre, vous recevez votre 4% et le lien d'emploi est définitivement brisé (avec possibilité d'indemnisation selon les compagnies et selon votre ancienneté).

    - le licenciement économique : un peu le même cas que précédemment, mais si votre employeur sent qu'il ne va pas être capable de vous ramener en production dans les 6 mois et que le creux va être plus long, il peut procéder à des licenciements. Les causes doivent être complètement objectives (dates d'embauches, toute l'équipe d'un même projet, etc.) Si les employés semblent être "choisis", c'est un congédiement déguisé et l'employé a des recours. Il y a des lois qui encadrent cette procédure, quand on dépasse un certain nombre par mois, la presse est prévenue.

    - le congédiement pour faute : ça c'est la procédure classique quand on se fait virer. On fait quelque chose qui ne va pas, on se fait rencontrer quelques fois et si ça ne s'améliore pas, on se fait congédier avec ou sans indemnité selon la faute. Ce type de congédiement est très encadré aussi, l'employeur doit avoir tout mis en oeuvre pour aider son employé à s'améliorer et doit lui avoir donné le temps et les ressources pour atteindre ses objectifs. Sous peine de devoir réintégrer l'employé. Si c'est une faute grave, évidemment, ça ne s'applique pas.

    Je ne rentre pas trop dans les détails de ces trois dernières procédures, beaucoup de sites en parlent, vous pouvez lire cette page par exemple :
    http://www.lecourshebert.com/droit-du-travail-Les-Principes-et-regles-du-Congediement-licenciement-au-Quebec.html
    Dans ce lien, vous pourrez aussi trouver quelques motifs qui ne sont pas valides pour un congédiement avec motif :
    http://www.educaloi.qc.ca/capsules/les-motifs-interdits-de-congediement-et-de-sanctions

    Le but de mon billet était surtout de vous parler de cette clause des deux ans, gardez-là en tête pour ne pas vous sentir "intouchable" une fois votre contrat signé

  21. soulman
    Le soir des élections, j'ai failli prendre la plume pour donner mon ressenti sur cette soirée qui n'a pas tourné dans le sens voulu pour tout le monde. Mais était-ce vraiment une réelle surprise ? Je ne l'ai pas fait pour plusieurs raisons.

    La première, c'est que je ne savais pas comment prendre cette nouvelle donne. Les implications de cette écrasante victoire des Libéraux sont grandes pour le Québec, le PQ, mais aussi les partis "alternatifs". Des bilans sont à tirer, des changements à faire. L'ampleur de la majorité donne 4 ans à tout le monde pour rebâtir un projet.

    La deuxième, c'est par respect et par amour de la démocratie. Les Québécois se sont exprimés, et le message était très clair.

    La troisième, enfin, c'est parce que même si la voie choisie par le peuple ne me convainc pas, est-ce que je peux dire que j'en aurais apprécié vraiment une autre ? Est-ce que le PQ de PKP aurait été un meilleur choix ? Est-ce que QS a les épaules et la plateforme pour passer au niveau au-dessus ? Leur troisième siège a été une petite victoire dans une soirée si morose.

    Et enfin, la raison au-dessus de toutes qui m'a fait attendre avant de m'exprimer, c'est je l'avoue un désaveu des solutions proposées ce soir-là. Choisir entre peste et choléra, ce n'est pas forcément faire son devoir de citoyen.

    J'en ai dès le lendemain beaucoup parlé avec mes collègues et amis intéressés comme moi par la politique. Je suis intimement convaincu que tout projet de société commence d'abord et avant tout par une implication sociale, un travail de fond. Que le peuple Québécois souhaite se rapprocher du ROC, que la jeunesse souhaite s'unir avec leurs homologues d'où qu'ils viennent, qu'au contraire ce peuple cherche à affirmer sa souveraineté culturelle, politique, économique ou son indépendance pure et simple, ce chemin ne se fera pas sur les bancs d'une assemblée. On ne doit pas attendre que l'état nous amène tout cuit une solution à nos problèmes, une réponse à nos attentes. Et c'est là que nous, immigrants, avons le même rôle à jouer que quiconque au pays.

    Quand on décide de s'impliquer, de participer à un projet, on ne doit pas le faire dans un même moule, en se demandant "est-ce que ça va dans le sens de l'indépendance, ça ?". Si on veut sauvegarder notre langue, on n'a pas besoin de l'état pour ça, on peut organiser des cours aux immigrants dispensés par des profs retraités bénévoles, on peut organiser des festivals francophones ouverts à TOUS les francophones du Canada et d'ailleurs, intégrer les gens d'Halifax, de Winnipeg, du Nord de l'Ontario qui se battent peut-être (sans doute) même plus que nous pour se faire entendre dans un contexte bien plus anglophone. C'est plus difficile de parler français à Moncton qu'à Victoriaville ! J'aime les initiatives comme les restos du coeur. L'état ne s'occupe pas des sans-abris, ou pas assez ? Créons une chaine de solidarité qui ne dépendra pas des subventions et qui sera basée sur la générosité, l'entraide et le bon sens. les sujets sont infinis dans lesquels nous pouvons nous investir. Je connais depuis plusieurs années que je suis ici beaucoup de gens que j'admire qui agissent tous les jours à leur échelle. Laure Waridel, par exemple, qui s'investit dans la lutte pour la préservation de l'eau, le commerce équitable, la proximité dans les échanges commerciaux, les droits de la femme, etc. Léa Clermont-Dion qui vient d'écrire un livre sur l'apparence physique, milite pour l'acceptation des transgenres. Je pourrais en citer des dizaines, des médecins urgentistes, des enseignants, dans toutes les sphères de la société, qui décident d'agir au lieu d'attendre. Hugo Latulippe, Normand Baillargeon, etc. C'est avec ces gens-là que j'ai envie de construire un Québec dont on sera fiers.

    Il y a quelques jours, j'ai lu cet article sur Alexandre Jardin. J'avoue que je n'ai pas pris le temps d'aller voir son site, je vous mets les liens, c'est sans doute un peu naif connaissant cet auteur plein de bonnes intentions mais parfois un peu simpliste, mais l'initiative mérite d'être soulignée.
    http://www.huffingtonpost.fr/alexandre-jardin/mouvement-bleu-blanc-zebre-_b_4997873.html?just_reloaded=1
    http://bleublanczebre.fr/

  22. soulman
    Avant tout désolé, je me fais rare sur le forum, mais avec plein de bonnes raisons Ouh, si ça peut m'excuser un peu, je délaisse beaucoup d'autres choses en ce moment. Mon éditeur m'écrit plusieurs fois par semaine parce que mon album BD n'avance plus, j'ai du refusé d'aller dans plusieurs salons pour mon studio, je ne vois presque plus mes amis depuis quelques semaines, et tout ça pour ce qui sera le thème de mon billet du jour, je suis en train de rénover un loft que j'ai acheté !

    Les loyers montent, et personnellement ça m'a toujours un peu tanné de savoir que je donnais autant d'argent directement à un propriétaire sans rien mettre de côté. Alors quand j'ai vu que pour la 3ème année consécutive ma proprio nous imposait le max possible en augmentation de loyer, cette fois j'ai dit stop. Tant qu'à payer plus de 800$ dans le beurre, autant commencer à mettre de côté. Et c'est là que j'ai le Québec, c'est tellement plus simple et plus rapide. Quand on a décidé de commencer à regarder le marché, le soir-même avec ma blonde on a été sur tous les sites habituels. Si vous n'avez pas encore commencé à regarder de ce côté, je vous fais un petit résumé des principaux :

    - La méthode traditionnelle, les sites avec agents immobiliers, comme notre bon vieux Century en France. Le meilleur selon moi ici, c'est Remax. Beaucoup de choix, les agents sont proactifs, ils essaient de bien comprendre nos besoins et comprennent que si un jour tu achètes de nouveau ou que tu revends, il vaut mieux t'accompagner correctement jusqu'au bout du processus (ils viennent même à la signature chez le notaire, enfin moi ça a été le cas). Y en a d'autres, le choix est gros.
    - La méthode alternative : Duproprio.com. Le choix est énorme là aussi, l'originalité, c'est qu'il n'y a pas d'intermédiaire, pas d'agent. Les avantages, c'est que personne ne perd la commission, ni le proprio ni l'acheteur. Le site est super bien fait, très pro, ils donnent tous les outils aux vendeurs pour présenter leur maison au mieux. L'inconvénient ? Le prix est parfois trop haut. C'est normal, si un agent vous dit que votre maison vaut 200 000 mais que vous pensez vous pouvoir en tirer davantage, autant s'essayer. Sur leur site il y a pas mal tout ce qu'il faut pour vous faire une tête. Des comparatifs pour voir combien le même style de maison dans le même style de quartier s'est vendu, une simulation de ce que ça vous coutera en hypothèque, etc.
    - Troisième méthode, les petites annonces. LesPac, Kijiji, on ne sait jamais. Évidemment moins professionnel, moins bien présenté, souvent peu de photos, mais autant vérifier.

    N'hésitez pas à aller faire plein de visites pour avoir des comparatifs. Avec ma blonde on souhaitait un loft, en centre ville, proche de Saint Roch, avec assez de potentiel pour pouvoir faire des travaux et revendre plus cher dans quelques années. Premièrement parce qu'on avait pas les moyens d'acheter du "fini", deuxièmement parce qu'elle fait du design d'intérieur, que je me débrouille dans les travaux, et troisièmement pour maximiser notre investissement. On a donc été visiter des lofts qui correspondaient à nos attentes mais entièrement refaits et décorés, et on s'en est servi comme comparatif pour un autre loft qui lui était complètement vide, avec juste du béton et tout à faire. Si vous montrez que vous connaissez bien le marché et que vous n'êtes pas trop pressés, vous avez plus la certitude d'acheter au bon prix, n'hésitez pas à négocier donc si vous sentez que vous êtes dans votre droit (pas juste pour faire descendre si le prix est déjà bas ).

    Après ça, tout va assez vite, quand vous signez la pré-vente, il y a un délai de quelques semaines pour que d'un bord ou l'autre vous puissiez vous rétracter, et si ce n'est pas le cas, vous passez devant le notaire qui coute beaucoup, beaaaaucoup moins cher qu'en France.

    Ça peut vous paraitre rapide de penser à acheter quelque chose, mais si vous avez une mise de fond et que vous aimez bricoler, ça peut être très intéressant. Avec mon loft, je paye moins par mois que je payais pour mon loyer, et je mets de côté un petit peu à chaque versement.

  23. soulman
    En ce moment, sur le forum, on lit beaucoup de sujets de Français qui repartent au pays. À priori rien de très original, ça arrive. Certains trouvent ici ce qu'ils étaient venu chercher, d'autres non, parfois on doit aller au bout du monde pour se rendre compte qu'on aimait sa vie finalement (lisez l'Alchimiste de Paulo Coelho, un peu simpliste mais efficace comme morale). Chaque histoire est un cas particulier et on ne peut jamais faire de généralité. Chacun émigre pour de bonnes ou de mauvaises raisons : une meilleure situation professionnelle, une fuite en avant, le fait de penser que l'herbe sera plus verte, un ras le bol général de sa vie, l'amour du Canada, l'envie de changement, une mentalité plus proche des Nord Américains, etc. Et il en va de même pour les raisons qui vous feront rester ou au contraire repartir. Quand je lis certains témoignages qui décrivent à quel point la vie dans le sud leur manquait, les cigales, les petits marchés, le climat, je ne peux que me réjouir pour eux. Et je leur souhaite tout le bonheur du monde. Mais par pitié, arrêtons de toujours vouloir confirmer ses choix en dénigrant celui des autres. Comme on dit communément, quand on veut tuer son chien on dit qu'il a la rage.

    Sortons du débat Québec-France et ramenons ça à un Breton et à un Ardéchois. Un bel échange, ça serait : " J'aime la couleur des collines le matin, quand le soleil se lève, la chaleur sèche de l'été, les marchés au mille couleurs et aux mille senteurs, les cigales, les abeilles, le goût des aliments, les petits villages qui surplombent des rivières enfouies entre les falaises". "J'aime la mer, le vent, la bruyère, cette odeur d'iode, ces sons portés par le vent, ces forts qu'on ne peut atteindre qu'après des heures de marche, que seuls une poignée de gens connaissent. Voir Brest de la Pointe des Espagnols, contempler les grands voiliers entrer au port de Camaret, l'ambiance des petits villes côtières, les crêperies, le beurre salé, le goût des coquillages frais, marcher sur les galets frais le matin en cherchant des crevettes, aller en bateau relever le filer pour remonter une quinzaine d’araignées de mer." Je pourrais parler des heures de toutes les régions où j'ai vécu, de tout ce qui les rend uniques. Et encore, je ne le ferai qu'avec mes yeux d'"importé", je n'y ai vécu à chaque fois que quelques années tout au plus, mais je pouvais lire l'amour des gens dont c'était la terre.

    Alors pourquoi aurais-je perdu du temps à dénigrer cet amour de leurs racines par des comparaisons boiteuses ? Au Breton qui me parlerait de la presqu'île de Crozon, du festival de Quimper, je dirais que le festival de théâtre d'Avignon c'est nettement mieux ? Au Nîmois qui me vante ses arènes je comparerais à Périgueux, aux grottes de Lascaux ? Au Briviste qui se dit le "portail riant du midi" j'arguerais qu'il fait bien plus froid qu'à Perpignan ? D'un point de vue plus global à l'amoureux de la nature j'expliquerais en quoi la ville a plus d'attraits culturels ? A l'amoureux de la montagne je dirais à quel point je préfère la mer ? Est-ce qu'on pourrait juste respecter et écouter les autres ? S'enrichir des expériences, rêver avec chacun de son bout de pays, prendre plaisir à l'entendre nous en parler et nous réjouir pour ceux qui ont le courage de suivre leur coeur et leur instinct, qu'ils restent, repartent ou décident de reprendre leur valise pour une autre aventure ?

    À ceux qui ne comprennent pas pourquoi les Québécois prennent mal les critiques de ceux qui décident de repartir, comprenez qu'ici, c'est leur coin de pays, tout comme vous c'était Nice, Marseille, Lille, Strasbourg. On s'en fout qu'en Alsace il fasse plus froid qu'à Toulouse si on a appris à aimer cette région. On s'en fout que les routes de la presqu'île de Crozon soient en mauvais état en comparaison des belles autoroutes de Belgique ! Quelqu'un qui est né à Victoriaville aura le même attachement à son coin de pays que nous tous pour ce qu'on a vécu avant. Allez, peut-être même plus, parce que lui contrairement à nous présents sur ce forum, il n'a pas décidé de partir à l'autre bout du monde en règle générale. Si vous avez envie d'aller expliquer à un Corse pourquoi son île n'est pas la plus belle au monde selon vous, bonne chance. Quand je parle à ma blonde québécoise des endroits où j'ai vécu, c'est pour la faire partager ces souvenirs, en espérant l'y amener un jour. La Rambla de Barcelone, la chaleur de Torremolinos, les odeurs de Casablanca. Je ne me permettrais jamais d'essayer de les rendre plus attrayants en dénigrant une terre qui l'a vue naitre et qui m'a accueilli à bras ouverts.
  24. soulman
    Je n'ai pas beaucoup d'amis Français au Québec. Je ne les ai pas fuis, mais je ne les ai pas cherchés non plus. Et comme la plupart de mes activités m'amenaient à côtoyer des Québécois, dans l'ensemble pas mal tous mes amis depuis mon arrivée viennent du Canada.

    Mais ça arrive parfois que quelques Français arrivent au studio, généralement pour quelques mois. Ils ne sont souvent que de passage, arrivent par groupes de 2 ou 3. S'ensuivent souvent les mêmes "rituels", les mêmes questions : d'où vous venez en France, ça fait longtemps que vous êtes arrivés, c'est quoi votre statut, vous pensez rester, ça vous plait jusque là, etc. Quand ils viennent d'arriver, ça me fait chaque fois une petite bouffée de souvenirs. L'accent, les références culturelles, leur rythme en soi. Parce que oui, les différences culturelles vont jusque là. La bulle d'intimité, le rythme de paroles, le style d'humour, pas mal de choses divergent. Je ne ressens pas de nostalgie, au contraire, on ne passe pas notre temps à parler de la France, l'essentiel de nos échanges concernent la vie au Québec. Ils ont des tas de questions et j'ai envie de faciliter leur intégration, que leur expérience soit le plus agréable possible.

    Mais comme ce sont beaucoup des jeunes qui venaient chercher une première expérience, très souvent ils repartent au bout d'un an. Parfois plus, souvent moins. Et chaque fois ça me fait la même chose, ce petit feeling d'après-fête. Quand tout le monde est parti et que vous restez seul dans l'appartement, avec les restes de bouteilles vides, les mégots et les chips par terre. Pour ceux qui ont déjà été éducateur ou moniteur de camp, ça me rappelle quand vous restez quelques jours après tout le monde pour "fermer" la colo, que tout le monde part petit à petit. D'abord les jeunes, puis les autres "monos", et pour finir vous restez seul dans un endroit qui quelques jours plus tôt vibrait de la vie de centaines de personnes et qui maintenant est vide.

    Si on s'arrête de lire là, ça pourrait donner l'impression que je les envie d'être repartis et que je me morfonds à rester seul, mais c'est le contraire.

    J'ai aimé l'énergie de ces jeunes Français, leur présence, j'étais content de les voir tous les matins, de pouvoir aborder des sujets avec eux dont je ne pourrais discuter ni avec mes collègues ni même avec ma blonde (quoi qu'elle s'en vient bonne en culture française, à force ! ). Mais une fois replongé dans mon quotidien québécois, j'aime cette tranquillité, ce "cocon" qui m'entoure depuis que j'ai posé le pied ici il y a 7 ans et quelques. Si je reprends mes exemples de tout à l'heure, après une fête quand tout le monde est parti, je ne ressens pas le vide. Je prends le temps de me poser, de profiter du calme, je souris en repensant à toutes les anecdotes de la soirée, heureux de sentir que mes amis ont passé un bon moment. Stravinsky (si je me souviens bien) disait que le silence de quelques secondes qui suit la fin d'une oeuvre appartient encore au musicien. Cette attente qui précède les premiers applaudissements est un moment spécial dans un concert. Les musiciens ont fini de jouer, les spectateurs n'ont pas encore brisé la magie, c'est une bulle fragile qui n'en est que plus belle quand le spectacle était réussi.

    Je regarde ces jeunes repartir en France comme on regarde un bateau s'éloigner. Il y a quelques minutes encore, il était là, vibrant de vies et de promesses, mais une fois seul sur le quai, quand le bateau disparaît au loin, on n'est pas forcément envieux de l'aventure que les passagers vont vivre. On peut tout simplement être en accord avec son quotidien et heureux de pouvoir vivre ses propres défis, espérer que tout va bien se passer pour eux tout en appréciant le fait d'avoir trouver où poser ses propres valises.

    Rester ce n'est pas arrêter de rêver, renoncer à l'aventure, c'est parfois au contraire vivre son rêve au quotidien en souhaitant à tout le monde de trouver le sien.
  25. soulman
    Booooon, je sais que j'en ai déjà parlé plusieurs fois... Mais comme à chaque fois j'ai l'impression de me répéter, autant en faire une note de blog, comme ça je pourrai mettre le lien vers cette page la prochaine fois que j'ai à en parler

    Donc, le quartier Saint Roch ! Le coeur de l'activité économique de Québec, l'une des plus grosse concentration de studios de jeux vidéos au monde par rapport à la taille de la ville, avec Ubisoft (500 employés), Beenox (dans les 600), Frima(400), sur Charest, auxquels on peut ajouter les journaux (Le Soleil), des chaines de télé, LG2, plein de studios de design graphique, des radios, des agences de publicité. Presque tout le tertiaire de la ville est concentré dans cette rue qui s'articule autour du charmant jardin Saint Roch.

    Parallèle à la rue Charest qui concentre ces studios, la belle rue Saint Joseph. Des salles de spectacle avec Le Cercle, l'Impérial, le théâtre de la Bordée, des dizaines de restaurants dont plusieurs comptent parmi les meilleurs du Québec, de plein de nationalités. Le Ramen, l'Affaire est Ketchup, le Cloché Penché, etc. Une super boucherie, l'Eumatimie, un bon saucissier, Walter, une poissonnerie, deux bonnes boulangeries, le Croquembouche qui est l'une des meilleures de la ville et la Boite à Pain, le chocolatier Champagne, deux brûleries, Le Nectar et la brûlerie Saint Roch, le spécialiste en thé Camellia Sinensis avec leur tout nouveau salon de thé, la bibliothèque Gabrielle Roy et ses activités culturelles, dont les rendez-vous BD de Michel Giguère.

    Les pubs aussi sont présents, avec la Korrigane, le pub du parvis qui a une très bonne carte, le Boudoir, le McFly et ses vieilles arcades, la Barberie et ses bières uniques, etc.

    Saint Jo c'est aussi le concentré des boutiques de design, avec EQ3, ArteMano, et plusieurs autres dont je ne me rappelle pas le nom, des boutiques de mode, Urban Outfitter, une chouette boutique de vinyles, une place à manga. Si on va dans les rues adjacentes, toujours dans Saint Roch, y a encore plein de trouvailles, comme l'Agitée, le DeliMex, les berges aménagées de la rivière Saint Charles avec une chouette piscine l'été, des terrains de basket, des pistes cyclables. On ajoute à ça des spectacles de théâtre de rue, comme "Où vas quand tu dors en marchant ?", pendant tout l'été les spectacles gratuits du cirque du Soleil, plein d’événements comme la foire gastronomique avec des duels de chefs et des dégustations, la parade du Père Noel.

    On y trouve aussi un magnifique édifice, la Fabrique, qui accueille plusieurs programmes de l'université Laval, dont le design graphique, les maîtrises d'art, les sciences de l'animation, etc. Bref, je pourrais en ajouter longtemps. C'est un quartier vivant, moderne, créatif, on y trouve tout ce qui est underground, éclaté, design, des ateliers d'artistes, des expos et depuis une dizaine d'années, c'est clairement le centre ville de Québec et son moteur principal.

    N'hésitez pas à ajouter vos adresses préférées dans les commentaires, je n'en ai cité qu'une petite partie.
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