Pensée de fin de journée
Il est 6 heures et quelques, le travail commence à ralentir dans le studio, de mon bureau j'entends peu à peu le silence s'installer à l'étage. Beaucoup de mes artistes sont partis, la majorité en fait, restent juste les habituels. Les animateurs qui en mettront toujours un peu plus que demandé sur leur scène parce qu'ils aiment le travail bien fait, mes directeurs artistiques qui aiment autant que moi ce qu'on fait et qui passeront me voir avant de partir, pour s'assurer que la journée s'est bien passée et demander si de nouveaux projets s'en viennent pour leur unité, si je prévois de muter des artistes, si j'ai bien lu leurs messages. Dans une demi-heure, le seul qui passera encore sa tête dans l'encadrement de ma porte, c'est notre René, l'homme de ménage, qui va venir me raconter sa petite blague quotidienne et me demander si oui ou non Marc Bergevin va finir par aller chercher un gros attaquant pour épauler les petits joueurs du CH.
En général c'est là que je commence à répondre à mes courriels en retard, ceux qui ont besoin de concentration pour être écrits. Dans un quart d'heure maximum je sentirai une vibration dans ma poche, un SMS qui me dira "j'ai faiiiiiim, aweyyy rentre donc" de la part de ma blonde et comme d'habitude je lui dirai, "mais oui, une demi-heure max". Mais ce soir, j'avais le goût plutôt d'écrire ici mon premier billet. Pourquoi ? Je ne sais pas trop, pas que je pense avoir grand chose de plus à dire que les autres, mais surtout, pourquoi pas ? Ce qui me fait "prendre la plume" ce soir, c'est que tout va bien. Vraiment. J'avais envie en quelques mots de dire à quel point j'aime tous ces petits rituels. Sentir toute cette vie autour de moi et avoir l'intime conviction d'y avoir une place. J'ai aimé le Québec du moment où j'y ai mis le pied, à l'aéroport, il y a 6 ans, et je ne l'en aime que d'avantage aujourd'hui. C'est comme une relation avec la femme ou l'homme de votre vie. Passé le coup de foudre, la passion des premiers mois, ce qui fait que vous l'aimez ce n'est plus la perfection qu'il ou elle incarne, la magie, l'attraction irrépressible, c'est au contraire tout le reste. Le quotidien, la confiance, l'impression de partager quelque chose, d'être aussi important pour l'autre que l'autre l'est pour vous. Ce sont les mille défauts, tout ce qui rend l'autre particulier et unique.
Ce soir je n'avais pas envie d'écrire une longue lettre, de donner des leçons ou d'émettre de grandes vérités, juste le goût de vous dire que oui, on peut être Français et se sentir parfaitement chez soi ici.
- immigrer.com, Hägar Dünor et picvert ont réagi à ceci
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