Le Canada est une destination riche de promesses pour les immigrants. Mais, dans le même temps, les couples qui souffrent leur immigration sont loin d'être une exception. Avoir la meilleure volonté ne suffit pas. Et quand on a dépassé la trentaine, une femme et des enfants, on n'immigre plus comme à 18 ans. Qui quitterait travail/amis/confort pour atterrir dans un appartement étroit au bout du monde et vivre de jobines ?
Avant d’envisager boucler nos bagages, nous voulions, ma compagne et moi, confirmer que nous aurions vraiment de meilleures perspectives au Canada. Pour y arriver nous avons mis en place une stratégie en 3 temps :
1- effectuer un voyage exploratoire
L'occasion de répondre à de multiples questions : quelle sont les régions les plus propices pour nous épanouir ? Qu'est-ce qu'il nous faut améliorer pour décrocher la job de nos rêves ? Quel programme d'immigration nous convient le mieux ? etc.
2- obtenir un premier emploi
Après avoir beaucoup investi dans notre voyage exploratoire, ça a été relativement facile de sortir du lot aux Journées Québec. Le plus délicat a été de négocier un délais pour assurer le point suivant...
3- braquer la banque !
Pourquoi se contenter d’une seule job quand on est deux ? Dès le début, il était exclus que l’un de nous subisse son immigration. Si nous avons choisi le Canada, c’est pour profiter d’une meilleure qualité de vie. Pas pour qu’elle (ou moi) reparte du bas de l'échelle, accepte un emploi de second choix, devienne conjoint au foyer par défaut ou reprenne des études pour espérer accéder un marché du travail. Pas question de sacrifice. Pas de compromis. Nous avons mis toute notre énergie pour trouver une solution. Et, tant qu'à faire, aller chercher un Golden Ticket pour immigrer au Canada avec tapis rouge et petits fours. Pas moins. Je vous partage notre expérience. Cela pourrait être inspirant.
Notre point de départ
Le défi était le suivant : pendant que je négociais un emploi en Estrie, et avec seulement quelques mois devant nous pour effectuer les démarches d’immigration, comment trouver à coup sûr des perspectives passionnantes pour ma femme, dans la même région ? Sherbrooke, c’est pas si grand. Il n’y a pas des millions d’employeurs possibles. Encore moins qui sont prêts à engager une immigrante qu’ils n’ont jamais vue. Encore moins pour une job qui corresponde tip-top à nos attentes. Encore moins pour commencer dès notre période d’arrivée.
Après réflexion, nous sommes arrivé à cette conclusion : quand on part en randonnée et qu’on n’est pas certain de trouver une bonne place où dîner, on fait mieux d’emporter son casse-croûte.
Et donc, au lieu de désespérer après un improbable employeur au Canada, nous avons plutôt ciblé une entreprise locale qui souhaitait se développer au Québec. Exprimé ainsi, le défi est devenu tout de suite plus facile. Avec une économie au ralenti, trouver une PME ou une grande compagnie qui souhaite explorer de nouveaux marchés, ce n’est pas plus compliqué que de feuilleter un annuaire professionnel. Et avec un taux de chômage élevé dans certaines régions, des services encouragent des formations innovantes : cours de langues, programmes de mobilité international, certifications en tout genre, etc. En cherchant, nous nous sommes vite rendu compte que les solutions sont nombreuses pour atteindre notre objectif.
Le stage international : un bon plan
Nous avons opté pour une initiative de l’AWEX (Agence Wallonne à l'Exportation). Le principe est simple : 3 mois de formation théorique puis 3 mois sur le terrain pour aider l’entreprise régionale de son choix à développer ses activités internationales. L’employeur bénéficie ainsi d’une personne formée, à coût réduit - financée à 50% par la collectivité - et de tout le support nécessaire pour cette expérience. De son côté, si le stagiaire est bon, il peut espérer un vrai contrat à son retour de mission.
Ma femme a ainsi pris contact avec une entreprise qu'elle admirait particulièrement et a convaincu ses responsables de développer leurs activités au Québec, plutôt qu’en Asie ou au Etats-Unis. Une fois que nous avons fait coïncider les contraintes du stage et celles de mon emploi, l'affaire était ketchup.
Et nous sommes arrivés au Canada avec 2 contrats d’emploi dans nos bagages. Moi, travailleur qualifié, avec un permis de travail fermé. Elle, VRP, avec son permis de travail ouvert. Pendants plusieurs mois, elle a eu l'opportunité de voyager à travers le Québec, démontrer ses compétences, côtoyer des CEO, offrir du vrai chocolat belge, négocier de projets à... beaucoup de chiffres, loger dans des hôtels pas triste... C’est une façon très agréable, je trouve, d'acquérir cette fameuse expérience Québécoise tant indispensable.
En travaillant d'arrache-pied, il ne nous aura fallu que 4 petits mois pour préparer tous les détails de ce rebond professionnel. Un investissement très rentable.
A titre informatif, de nombreux organismes peuvent aider à un stage international : Pôle Emploi, Actiris, Les Jeunes chambres internationales, les associations professionnelles, etc. Au Canada, Les nouveaux arrivants peuvent aussi bénéficier de stage d’insertion : Programme Interconnexion, Carrer Edge, etc.
La stratégie de couple : indispensable
Clairement, l’épanouissement professionnel est l’une des meilleures clés pour apprécier son immigration. Et maintenir son couple au top.
Au contraire, c'est dommage de voir des personnes chialer d’avoir mis leur carrière entre parenthèses pour suivre leur conjoint. Cela donne parfois l'impression qu'elles ont immigré en catastrophe, sans avoir eu la moindre possibilité de se préparer. Ou qu'elles ont beaucoup procrastiné en se racontant toujours les mêmes excuses : “tout est possible au Canada”, “on trouvera une fois sur place”, “c'est normal de commencer tout en bas de l'échelle”, “quand on veut on peut”, “il suffira de”, “on s'adaptera”, etc. Mouais. Comment être heureux quand son conjoint peut à tout moment regretter d'avoir sacrifié ses ambitions pour venir au Canada ?
Il est important d'aiguiser son profil pour réussir son intégration au Canada.
Mais quand on immigre à deux, il est encore plus crucial - et plus passionnant - de mettre en place une vraie stratégie de couple et de se donner les moyens d’atteindre ensemble ses objectifs. Soignez votre couple.
Et pour l'anecdote...
Faire un stage peut être un excellent moyen de réseauter. Ma conjointe n’a d’ailleurs eu aucune difficulté ni pour obtenir des recommandations ni pour se voir proposer un emploi. Et présentement elle trouve encore le temps de supporter des entreprises européennes au Québec. Avec beaucoup de plaisir. Et je l'encourage. Parce que ça contribue à son épanouissement. Et parce qu'une deuxième job de consultant international, c’est un bon prétexte pour cumuler des Air Miles et refaire régulièrement le plein de spéculoos.
Sur base de mes experiences personnelles, voici une serie d'astuces utiles pour son immigration. Ou pas.
Astuce #08 : retour sur les bancs d'ecole
En preparant mon immigration au Canada, parmi toutes les questions qui sont arrivees se trouvait celle d'un retour eventuel aux etudes : "dans quelles mesures cela peut-il apporter une valeur ajoutee a mon projet" ? Il existe une multitude de formations possibles. Des formations de quelques jours ou de quelques mois. En journee ou en soiree. Pour valider ses acquis ou pour se preparer a de nouveaux defis. Pour etoffer son CV en vue de convaincre un recruteur, ou pour patienter en attendant sa residence permanente. Voici quelques suggestions puisees autour de moi. Enrichir cette liste ou l'etendre a d'autres pays que la Belgique ne doit pas etre complique.
1- Ameliorer son anglais
Ce n'est jamais inutile de consacrer quelques heures pour rafraichir ses connaissances. Et pourquoi pas, se preparer a l'IELTS ou au TOEFL.
2- Developper un hobby
Perfectionner ses talents de menuisier, de couturiere, d'accordeoniste, de ferronnier, de chocolatier, de brasseur, ou n'importe quelle autre habilete peut etre un investissement payant. Au pire : ca peut aider a briser la glace avec les voisins. Au mieux : une passion peut evoluer vers une activite complementaire. Voire beaucoup plus.
3- Chercher le diplome manquant
Beaucoup de grandes ecoles et d'universites proposent des formations continues pour adulte. Un diplome pertinent supplementaire dans ses bagages peut parfois faire la difference pour reussir son immigration.
4- Rebondir en IT
Les entreprises canadiennes recrutent beaucoup d'informaticiens. Pourtant la penurie de main d'oeuvre qualifiee en IT n'est pas propre a l'Amerique du Nord. De fait, il y a quantite de formations disponibles, avec des passerelles a tous les niveaux.
Exemples :
Bachelier en sciences informatiques
Master en Sciences informatiques
Master de Specialisation en Informatique et Innovation
Il y a quelques annees, les industries belges signalaient un manque flagrant d'analystes d'affaire. S'en est suivi la mise sur pied de programmes specifiques de formation avec beaucoup de publicite. Les conditions d'acces sont particulierement souples. Ca reste sans doute l'un des chemins les plus accessibles pour se reorienter en IT, meme sans affinite avec les codes informatiques.
5- Et pourquoi pas un 3eme cycle ?
Il existe de nombreux cursus post-universitaires disponibles aussi en horaire decale. Une facon d'approfondir ses competences aupres d'experts. Mais surtout : reseauter !
Exemples :
D.E.S. en finance
Executive Master in Management
Ma compagne et moi avons suivi plusieurs de ces formations, avec differents benefices :
completer nos CV : l'experience et la motivation ne suffisent pas toujours. Un diplome (supplementaire) peut aider a se demarquer des autres candidats aux Journees Quebec.
reseauter : les alumni et autres associations professionnelles sont d'excellents moyens pour developper son reseau. Rencontrer des personnes avec un vecu international a partager, se faire recommander des entreprises/contacts, etc. C'est toujours utile pour un voyage de prospection.
avantage financier : lorsque l'employeur peut intervenir partiellement ou en totalite dans les couts (conge education paye, conge individuel de formation, etc.), pourquoi se priver ?
gagner du temps : une fois les demarches d'immigration lancees, une periode d'attente commence. Qui peut durer quelques mois ou plusieurs annees. Ce temps peut etre mis a profit pour anticiper son integration. Pourquoi attendre par exemple d'arriver en Ontario pour chercher un cours d'anglais ? Ou se retrouver etre la seule personne d'un 5@7 qui ne tienne pas debout sur des patins a glace ?