15 Mai 2006 : atterrissage à l’aéroport de Vancouver. Je me revois encore traverser le hall d’arrivées avec mes 2 valises et mon visa RP validé, direction la sortie et l’inconnu. Tout était à écrire, à refaire, à reconstruire. En effet, je n’avais jamais mis les pieds à Vancouver et n’y connaissais personne ou presque. Une belle page blanche comme je les aime!
10 plus tard, je suis toujours là, donc c’est que quelque part cela a marché ! Néanmoins, tout n’a pas été facile, surtout les 3 premières années. J’ai dû faire preuve de beaucoup de détermination, de flexibilité, de patience et travailler d’arrache-pied. J’ai aussi fait pas mal de compromis au départ, notamment sur le plan professionnel.
Avec le recul, ces compromis m’ont permis d’arriver là où je suis aujourd’hui, même si sur le moment, ils n’ont pas toujours été facile à faire. Mon emploi actuel, ainsi que le précédent, sont des emplois que malheureusement, je n’aurais pas pu avoir en France. Idem pour le salaire, ou peut-être en fin de carrière.
Ce que j’apprécie le plus ici, c’est le certain côté « tout est possible » ainsi que la flexibilité. Les gens ne sont pas enfermés dans un carcan professionnel basé sur un diplôme obtenu dans leur vingtaine. Il n’est pas mal vu de vouloir changer d’emploi, de carrière ou de reprendre des études. Ici, on apprend tout au long de sa vie. On ne reste pas figé sur des acquis, qui, au bout d’un moment, deviennent obsolètes. On fait aussi plus confiance à la personne, et ce, sur bien des plans.
C’est là une grande différence avec la France. La société Canadienne s’adapte plus facilement aux changements, et du coup, est un peu plus en phase avec son époque. Par exemple, je ne me suis pas du tout reconnue dans le déchaînement sur le « mariage pour tous ».
Il y a pas mal d’autres aspects sur lesquels je ne me reconnais pas non plus. Comme cette manie d’être dans le conflit permanent et la défiance. Cela ne résout pas forcément les problèmes. Ici, c’est le politiquement correct et le consensus qui priment. Parfois, cela m’agace au plus haut point, mais au quotidien, cela rend la vie plus facile et permet d’avancer.
Toutefois, la France est la Mère-Patrie. Comme toute relation Mère-Enfant, cela peut être parfois compliqué. Malgré tout, je reste attachée à mon pays d’origine, qui restera toujours mon pays. D’ailleurs, il n’est pas dit que j’aurais pu immigrer au Canada aussi facilement si j’étais née dans un autre pays.
Alors, qu’ai-je trouvé au Canada que je ne trouvais pas en France? Quelque part, je me suis trouvée moi-même.
Immigrer m’a fait sortir de ma zone de confort relatif et briser les nombreuses limites que je m’étais créées. J’ai découvert que j’étais capable de beaucoup plus que je ne le pensais, que je pouvais faire preuve de créativité et de débrouillardise, plus que je ne le pensais aussi.
Je me suis beaucoup enrichie sur le plan humain, et cela n’a pas de prix. Je ne suis aussi quelque peu enrichie sur les plans financier et matériel, mais cela ne fut pas difficile étant donné qu’en France je n’avais « rien » ou presque.
Tout au long de ces dix années, je n’ai jamais regretté ma décision de venir au Canada, et ce, malgré l’éloignement familial et les occasionnels moments de grande solitude. Ce que j’ai accompli ici est à mille lieues de tout ce que je pouvais espérer. Nul doute qu’il en reste encore plus à venir.