« Mon pays ce n’est pas un pays c’est l’hiver », comme disait l’autre. L’autre, c’est Gilles Vigneault, chansonnier Québécois qui ne manquait pas de sens de l’observation. Des chroniques et articles sur la rudesses de l’hiver Québécois, vous ne manquerez pas d’en trouver des centaines sur le net, dans les livres, à la radio, à la télé… Le Canada, c’est le pays du froid, particulièrement dans la tête de tous ceux qui n’y ont jamais mis les pieds. Le pays dans lequel le Père-Noël aurait immigré s’il avait été confronté aux mêmes problématiques que les passagers du Mayflower et n’était pas resté dans sa Laponie natale.
Non pas que l’hiver Québécois ne soit qu’une légende, mais il fait souvent oublier qu’il y a aussi un été.
Quand on part s’installer à Montréal, et qu’on n’y a encore jamais posé un orteil, en tout cas jamais en hiver, on est comme tout le monde : on a peur. Peur du froid. Peur de tomber dans une tempête de neige, de s’endormir, de se réveiller tout bleu, et tout mort… On se renseigne, on se prépare, on s’équipe. Parfois pas assez. Parfois trop. Voici quelques clichés à démentir, et quelques vérités à asséner.
L’hiver, il fait -30.
C’est vrai. Mais 4 ou 5 jours par an seulement, rarement de suite, et uniquement aux mois de janvier ou février. Sur le plus gros de l’hiver, il fait plutôt entre -10 et -15… Ça fait moins peur, du coup. Mais il faut dire qu’on ressent un vrai pallier à -15 (en tout cas c’est mon cas). Jusqu’à -15 : même pas mal. À partir de -15 : ah ouais, quand même.
On a les poils du nez qui gèlent.
C’est vrai (à partir de -15 aussi). C’est désagréable, mais on s’y fait. Ah au fait, si vous êtes en train de penser « moi je n’ai pas de poils au nez », détrompez vous. Même si vous êtes une princesse, vous avez des poils au nez. Tout petits tout mignons, c’est entendu, mais des poils quand même. Vous verrez ! Et un spécial pour certains seulement (dont moi), les cils du haut qui gèlent avec les cils du bas. Ça c’est vers -20 et c’est beaucoup plus désagréable. Ne surtout pas frotter si vous tenez à les garder.
Il faut absolument acheter une doudoune Canada Goose.
Ce n’est pas obligatoire, on vous laissera rentrer si vous n’en avez pas. À Montréal, la marque Canada Goose est considérée comme une marque de Français (alors qu’à Toronto ou à Vancouver, c’est simplement une marque à la mode). Ce qui est sûr, c’est que les seuls à les porter quand il fait plus de 0 degrés, ce sont effectivement des Français. En revanche, ce qui est totalement indispensable, c’est d’avoir un très bon manteau d’hiver. Non, ce que vous appeliez à Paris un très bon manteau d’hiver n’est ici qu’une petite laine. Il vous faut un vêtement technique, fait pour les très basses températures. Canada Goose est une bonne marque. Attention, le col est en fourrure de coyote. On cautionne ou pas, c’est à vous de voir. Il faut bien dire que c’est extrêmement chaud. North Face fait également de très bons produits. Ce ne sont pas les seules marques, et il y a moins cher. Mais attention, n’achetez pas n’importe quoi pour payer moins cher, c’est une question de survie (et là je ne rigole pas !)
Il faut une doudoune longue pour ne pas perdre un testicule.
J’ai déjà entendu ça, je vous jure. Selon la légende, une doudoune trop courte exposerait au froid vos parties intimes et serait dangereux pour votre intégrité. À moins de rester face au vent pendant 5h par moins 30, j’ai envie de dire foutaise !
Ouvrir la porte d’entrée, puis enlever ses gants. Pas l’inverse !
Sinon, les doigts restent collés à la poignée. Peut-être. Je n’ai jamais essayé par -30. Par -10, c’est sans danger. Évitez quand même d’y coller votre langue…
Bon allez, l’hiver Québécois n’est pas si terrible. Quand on est bien habillé, ça se passe très bien. Mieux qu’à Paris, en tout cas, car le froid est sec et le ciel toujours bleu !
Et puis l’hiver, c’est l’occasion d’essayer le patin, le ski, le traîneau à chiens, la motoneige… Je peux vous aider à organiser tout ça, bien sûr. N’hésitez pas à me contacter sur http://lemondeestmonvillage.com
Déjà 2 ans et demi que nous sommes au Québec. Quand je regarde en arrière, je me rends compte de tout un tas de choses que je fais aujourd’hui presque normalement, et que je n’aurais jamais fait auparavant, quand j’habitais en France.
D’ailleurs, pour information, j’habitais à Cannes sur la Côte d’Azur! Donc un endroit ensoleillé ou il fait bon vivre et bondé de VIP l’été ainsi que pendant le festival… Besoin de changer d’air. Ce fut radical mais positif!
Quand on vit au Québec depuis un petit bout de temps, on prend certaines habitudes. En voici quelques-unes.
Je ne suis presque plus choquée de voir des personnes de balader en short alors qu’il neige.
Je trimbale dans ma voiture des bougies de rechange ainsi qu’un système de démarrage au cas où la batterie me lâche.
Je trouve qu’il fait incroyablement bon quand il ne fait que -5 degrés en hiver. Ça me donne presque envie de faire des folies et de sortir sans mes gants!!
J’ai évidemment un ou plusieurs amis dont le nom de famille est Tremblay!
Je commence à décorer ma maison comme pas permis à Halloween et Noel.
Je suis accro au Dollarama!!! A ce stade, c’est plus de l’achat impulsif mais compulsif!!!
Je suis toujours à l’heure pour le traitement antirouille de ma voiture. Mes enfants se mettent plein de graisse dans les mains mais ici on est suréquipé en débarbouillettes (=lingettes) alors pas de problème, je gère.
Au mois d’octobre, j’ai déjà signé le contrat avec le déneigeur pour déblayer l’allée devant la maison.
J’ai une paires de super bottes d’hiver qui remontent jusqu’aux genoux. Incontournable.
J’ai 2 enfants, mais 4 luges.
Chaque enfants a 4 tuques (=bonnets) et 5 paires de gants. Je suis du genre prévoyant.
J’ai acheté mes patins à glace dans une vente de garage (=les puces devant chez soi! J’adore le concept) pendant l’été a seulement 5 $ (l’affaire du siècle!).
Mon demi-sous-sol s’est transformé en immense salle de jeux pour les gosses (oups! pardon! On ne dit pas gosses ici!!!!!!!! Ça pourrait être très mal interprété…)
Je connais plein de nouveaux mots : Québécois 2ième langue!!
Chaque hiver, je pars en vacances en famille à Cuba! Destination au soleil la moins chère depuis Montréal.
J’évite de prendre mes congés au moment du Spring break… Pas bon plan…
J’ai 2 baby-sitters. Des petites voisines de 16 ans, bilingues, que je paye 5$ de l’heure. Le bonheur!
L’hiver, j’enclenche le démarrage à distance de ma voiture depuis mon salon 5 minutes avant de sortir afin de ne pas me transformer en glaçon. Mon rêve : avoir des sièges chauffants!!
L’été, je passe la tondeuse toutes les 2 semaines, en accord avec mon voisin, qui n’hésite pas me rappeler si je suis en retard sur le planning. C’est un vrai concerto de tondeuses ici l’été. Sport national!
En bon apprenti québécois, je commence à être suréquipé. Mon abri de jardin déborde.
J’ai du arrêter de demander de la farine ou du sucre à mes voisins, comme je faisais si bien en France.
Je mets des mots anglais dans mes phrases et vice-versa.
J’ai une carte de membre Costco.
Je mets de la vaseline sur les joues de mes enfants l’hiver, pour que celles-ci ne gèlent pas! Tuyau a retenir.
Je prends les panneaux STOP pour des cédez le passage… normal.
Pour ma recherche d’emploi, je passe des entrevues, et non pas des entretiens, rien à voir!
Je ne perds même pas le fil quand une personne commence une phrase en français et la termine en anglais lors d’une entrevue. Total maîtrise des langues.
Par contre, au risque de vous décevoir, je n’ai pas d’abri Tempo pour ma voiture l’hiver! En maudite française, j’ai trop la flemme de l’installer…!!!!