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Des oasis de lumière


En 2007, dans l'un des mes albums, Comme un Papillon, j'écrivais :

" Je ne suis plus qu'à quelques heures du terme de mon voyage. Je vais pourtant finir la nuit ici, sur ce parking.

Une station-service, c'est une oasis de lumière, le seul îlot de vie, de chaleur au sein de l'obscurité.

Le simple "bonjour" échangé rapidement avec l'employé, première parole prononcée depuis des heures, est une sorte de retour à la civilisation, à la vie..."

C'était l'une de mes pages préférées de ce livre, parce qu'elle me ramenait à un sentiment de chaleur, de réconfort, ce moment où après des heures à rouler dans la nuit, après des heures de solitude et de noir sur l'autoroute, on s'arrête enfin quelque part où il y a de la vie, où on peut parler, boire un café.

J'ai toujours été ce qu'on appelle un "oiseau de nuit".

Pas dans le sens "fêtard", boîte de nuit ou fermeture des cafés, non, plutôt dans le sens où j'ai toujours privilégié ce qui pouvait être fait quand tout le monde dort. J'ai toujours dessiné mes albums la nuit, j'ai rarement fait quelque chose de bon avant 11h du soir et mes meilleures heures sont définitivement entre 2h et 3h30. Quand j'étais musicien de studio aussi, j'aimais ce travail de nuit. On sortait peu de prises intéressantes en journée, mais passée une certaine heure la magie opérait.

Au bout de quelques heures, quand une sorte de fatigue s'installe, elle s'accompagne d'un frisson, de quelque chose de chaleureux difficile à expliquer, la lumière change, l'inspiration n'est plus la même, tout commence à devenir plus naturel, plus inné. Les mots viennent plus facilement, le trait est plus lâché, les accords prennent de la richesse.

Mais quand j'avais fini mes planches, achevé d'enregistrer une toune, quand c'était le temps d'éteindre la lumière, la radio et ses émissions de nuit, ICQ/MSN/Skype avec les copains qui partagent le même penchant pour le travail de nuit, quand enfin je mettais mon manteau pour sortir de l'atelier, du studio, c'était un retour brutal à la réalité. Je sortais de ma bulle de réconfort pour arriver dans des rues tristes, sombres et désertes. Pas une lumière allumée, pas de voiture qui passe, nulle part où aller manger quelque chose avec les amis, nulle part où aller décrocher un peu, se changer les idées pour permettre au cerveau d'arrêter de penser aux projets en cours. Tout plutôt que de rentrer chez soi, de manger un truc vite fait, sans bruit à la lueur du frigo entrouvert pour ne pas réveiller ta blonde du moment qui est déjà tannée que tu passes tes nuits à travailler et tes matinées à dormir.

J'avoue, je rêvais alors à des villes comme New York, la "ville qui ne dort jamais", sortir à 4h du matin et aller me poser dans une petite cantine ouverte toute la nuit et manger un déjeuner, appeler la vieille serveuse par son prénom, rentrer chez soi quand le soleil commence à pointer à peine, que le ciel se teinte, et que tu sais que tu vas juste avoir le temps de poser la tête sur l'oreiller avant de t'endormir, le cerveau vide.

Je disais à la blague que j'étais pas né sur le bon continent, que je vivais plus tard parce que j'étais en perpétuel décalage horaire.

Bon, ça c'était n'importe quoi, parce que finalement je fais la même chose depuis que je suis arrivé et mes heures les plus productives sont encore au milieu de la nuit. Mais par contre, pour le reste, quel pied.

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J'aime tellement le fait de savoir qu'à tout moment, quelque part des gens sont encore debout, que je peux manger, parler à du monde à l'heure que je veux, que des endroits restent ouverts 24 heures sur 24, même dans les petits villes. Quand avec ma blonde on passe par Victo pour aller voir ses parents, on s'arrange toujours pour traîner, grignoter un truc vite fait le soir assez tôt, juste pour pouvoir se dire vers 2, 3h, "Bon, y a rien au frigo comme d'hab, on va se prendre un truc au Stratos ?" C'est à 5 minutes à pied et il y a toujours, TOUJOURS plusieurs tables occupées. C'est comme les Tim Hortons. Je me demande si ils paient des gens, des figurants pour rester là toute la journée, avec un tarif spécial de nuit, y a TOUJOURS des gens même si tu y passes à 4h du matin. Ashton dans la Vieille Ville, quel bonheur ! Mes premiers mois à Québec j'habitais à Sainte Foy, y avait un Métro sur 4 Bourgeois (ou Chemin de Ste Foy, je me rappelle plus) qui était ouvert 24/24 ! Bon, après ça ils ont changé les horaires, c'était genre fermé juste de 3h à 5h du matin, mais combien de fois j'y suis passé en revenant de la ville aux petite heures...

Je crois que le phénomène est encore plus agréable en hiver. Il neige dehors, tout est blanc et tu arrives dans une petite place pleine de lumière, de gens et de chaleur...

Des vrais petits oasis de lumière, j'vous dis...

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