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Blueberry

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Décalage horaire…et autres


Récemment, une ancienne camarade de classe m’a demandé quand est-ce qu’on allait se revoir. Ma pensée initiale fut : « probablement jamais ». Ne voulant pas la vexer, j’ai gardé cette pensée peu charitable pour moi et lui ai répondu que je ne savais pas.

C’est un sujet sensible, presque tabou, mais force est de constater qu’une immigration change les rapports familiaux et amicaux. C’est inéluctable quand on est séparé par plusieurs fuseaux horaires et un océan, autrement dit quand on vit dans un autre pays et sur un autre continent depuis un certain temps.

Il y a d’abord l’éloignement géographique. Vu le prix des billets d’avion, je ne peux pas me permettre de rentrer tous les mois, sans compter qu’avec 2 semaines de vacances par an, c’est un peu juste. La réciproque semble être vraie aussi. En presque 8 ans, je compte le nombre de gens qui sont venus me voir sur les doigts….d’une seule main. A cela s’ajoute le décalage horaire. Quand je commence ma journée, les Français la finissent. Bien sûr, il y a Facebook et Skype, mais cela ne remplace pas le face-à-face.

Puis, vient un décalage « socio-culturel » qui peut générer pas mal d’incompréhensions de part et d’autre. On n’a plus la même vie, et surtout, les mêmes préoccupations. J’écoute les informations Françaises d’une oreille de plus en plus distraite, et ma famille et mes amis ont tendance à penser que je vis des aventures extraordinaires tous les jours, tel James Bond. Ben non, il faut bien que je travaille pour payer mon prêt immobilier et manger! Ils me répètent aussi souvent combien j’ai de la chance d’être au Canada. Oui peut-être, mais s’ils avaient lu mon blog, ils sauraient que tout n’a pas été facile non plus.

Une immigration met les choses en perspective, niveau relationnel. Cela fait aussi un tri, souvent malgré soi. J’ai accepté le fait qu’il y a certaines personnes que je ne reverrais probablement jamais, et que les contacts avec d’autres sont plus sporadiques. Je me suis aussi aperçue que les personnes qui me manquaient le plus étaient mes parents. Pourtant, j’ai de bonnes relations avec le reste de ma famille.

Avant d’émigrer, je n’avais pas vraiment réfléchi à la question, en grande partie parce que c’est une décision très personnelle et que j’estimais faire ce qu’il y avait de mieux pour ma vie. Cela peut sembler égoïste. Ça l’est dans une certaine mesure. Si j’avais trop pensé sur ce sujet, je ne serais probablement pas partie.

Dans les moments de moral à zéro, je me demande si le prix à payer n’a pas été un peu lourd pour cette vie que j’ai ici et à laquelle j’aspirais tant en France. J’en ai raté des mariages, naissances, enterrements et réunions de famille et d’amis. Nul doute que je vais encore en manquer pas mal! Le reste du temps, je ne tergiverse pas trop. J’ai choisi de vivre ailleurs et j’assume mon choix et ses implications.

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