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Il y a 50 ans, l’homosexualité devenait légale au Canada


Laurent

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Tout en bas de la une du Devoir du 15 mai 1969, dans cette section que les imprimeurs appellent le pied de page ou le rez-de-chaussée, un titre laconique annonçait : « Le bill omnibus est adopté. » La veille, il y a donc très exactement 50 ans, la Chambre des communes avait voté en troisième lecture le projet de loi qui, comme le résumait le court texte, soustrayait « aux rigueurs du Code pénal l’homosexualité entre adultes consentants et en privé ».

Le « bill » était dit « omnibus » parce qu’il autorisait du même coup les loteries d’État tout en légalisant l’avortement. Enfin, « dans certaines circonstances », par exemple si la grossesse présentait un danger pour la vie ou la santé de la mère.

La nouvelle de l’adoption du projet législatif n’était pas montée en haut de page, dans le bandeau, la tribune ou le ventre de la une, sections consacrées ce jour-là à un plan de paix du président Nixon pour mettre fin à la guerre du Vietnam et à une grande manifestation d’enseignants. N’empêche, peu importe sa place, le message était on ne peut plus clair : la révolution juridico-morale canadienne commençait.

Le premier ministre Pierre Elliott Trudeau avait engagé cette profonde mutation deux ans plus tôt en devenant ministre de la Justice.

« Ce qui se fait en privé entre deux adultes, que ce soit un homme et une femme, ou pas, ça les regarde, ça ne regarde pas la police, déclarait-il en décembre 1967, en présentant le projet de loi C-195 (qui allait devenir le C-150). Nous n’autorisons pas l’homosexualité. Nous disons simplement que nous n’allons pas la punir, nous n’enverrons pas de police dans les chambres à coucher pour voir ce qui se passe entre adultes majeurs, consentants, en privé. Ce n’est pas très sorcier. Nous sortons l’idée de péché du Code criminel. »

Le parti créditiste et les conservateurs voulaient au contraire l’y maintenir en menant une obstruction acharnée au projet. « C’est une question de vie ou de mort pour le peuple québécois », clamait le député fédéral René Matte, qui s’opposait particulièrement à la portion sur l’avortement. Le blocage dura une quinzaine de jours à la Commission de la justice, jusqu’à ce que 119 libéraux, 18 néodémocrates et 12 conservateurs approuvent la réforme. Le chef de l’opposition, Robert Stanfield, était du nombre des partisans, tandis que son prédécesseur, John Diefenbaker, rejoignait les 55 députés s’opposant au « bill omnibus ».

 

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