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Violence: quand l'immigration se retourne contre les femmes


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VIOLENCE : QUAND LA MIGRATION SE RETOURNE CONTRE LES FEMMES

Pour les immigrantes parrainées par un conjoint violent, briser leur union égale incertitude et risque d’expulsion. Même si le règlement doit être amendé prochainement, le défi de rompre l’isolement de ces femmes restera entier, expliquent des intervenantes du milieu.

La porte d’Inter-Val 1175 est verrouillée et surveillée par caméra. De l’autre côté, l’odeur de pain aux bananes et le panier de pantoufles en Phentex destinées aux visiteurs tranchent avec ces mesures sécuritaires, nécessaires dans une maison dont les résidentes ont fui la violence conjugale.

Dans cette maison d’hébergement montréalaise, ces femmes sont de plus en plus des immigrantes. « Depuis plus de cinq ans, on remarque que le parcours migratoire prend de plus en plus de place [dans la manipulation par les conjoints] », note Marylène Paquette, coordonnatrice de l’intervention. Dans la métropole, les nouvelles arrivantes constituent maintenant 40 % des femmes accueillies dans les maisons membres de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes (FMHF), par rapport à 22 % à l’échelle de la province.

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© Anthony Beaulieu

« Dans leur pays d’origine, [ces immigrantes parrainées] étaient maîtresses de leur vie, et ici, elles deviennent attachées à quelqu’un. »

 Lorena Suelves Ezquerro, chercheuse et candidate au doctorat en anthropologie à l’Université Laval

Le phénomène n’est pas nouveau. Il suit la hausse de l’immigration, ainsi que celle du nombre de femmes parrainées par leur conjoint. Au pays, celles-ci sont passées de 27 000 en 2013 à 30 500 en 2015, selon le ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté du Canada. Pour elles, la crainte d’être déportées s’ajoute aux contrecoups physiques et psychologiques de la violence. Le programme fédéral de réunification familiale leur accorde en effet la résidence permanente, à condition que leur couple dure au moins deux ans. Une rupture, même pour des raisons de violence conjugale, peut donc mener à l’expulsion de la femme parrainée.

« Le cas type qui se présente ici, c’est un homme qui est au Canada depuis 25 ans. Il est installé, il est connu de son entourage, il a ses points de repère. Un jour, il décide de faire venir sa femme, peut-être avec des enfants qu’il a eus lors d’allers-retours. Il lui donne peu d’informations sur la façon de se trouver un travail ou de s’inscrire à l’école », relate Mme Paquette.

Il arrive aussi que des Québécois « de souche » parrainent en série, en trouvant des épouses sur des sites spécialisés (voir encadré).

Un étau qui se resserre

À leur arrivée, plusieurs femmes se retrouvent dans un grand isolement, qui s’accroît quand le cycle de violence et de menaces s’enclenche. « Tu ne peux rien faire sans moi », « Personne ne va te croire », « Je t’ai parrainée, tu me dois quelque chose » sont les phrases leitmotivs de ces cas de violence, selon la coordonnatrice d’Inter-Val 1175.

Même lorsque la réunification maritale se passe bien, la plupart des femmes connaissent une perte d’indépendance et un plus grand isolement, a constaté la chercheuse Lorena Suelves Ezquerro, candidate au doctorat en anthropologie à l’Université Laval. C’est ce qui l’a frappée dans son étude du parcours de 10 immigrantes parrainées. « Dans leur pays d’origine, elles étaient maîtresses de leur vie, et ici, elles deviennent attachées à quelqu’un », voire assignées à la sphère privée. La dépendance créée est d’ordre financier, social et légal, poursuit-elle.

Photographie de Manon Monastesse. 

« Les avocats en immigration disent eux-mêmes que la même situation, à quelques détails près, sera interprétée de différentes manières. Les juges ne comprennent pas toujours bien les impacts de la violence faite aux femmes. »

 Manon Monastesse, directrice de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes (FMHF)

Lorsqu’elles finissent par fuir en maison d’hébergement, elles ne sont pas toujours au courant de leur propre statut migratoire, puisque c’est leur conjoint qui s’est occupé des démarches de A à Z.

 

suite et source: https://www.gazettedesfemmes.ca/13510/violence-quand-la-migration-se-retourne-contre-les-femmes/

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