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Chômage dans la communauté maghrébine au Québec: un pavé dans la marre


Harry Haller

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  • Habitués
il y a 6 minutes, zineddine04 a dit :

effectivement, ce phénomène à été analysé, mais visiblement nous ne lisons pas les memes analyses et conclusions

 

Vas-y, cite les études en question, mets les liens et on va en discuter encore une fois...

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  • Habitués
il y a une heure, kobico a dit :

 

Les multiples raisons qui expliquent le taux élevé de chômage de la communauté maghrébine ont été maintes fois analysées , que ce soit par des chercheurs universitaires, des groupes communautaires ou encore par les gouvernements. Ces études  ont aussi été rapportées et discutées sur ce forum.

Qui veut s'en souvenir encore? Qui veut les considérer au lieu de s'en tenir qu'à la trop courte explication du prétendu racisme congénital des Québécois francophones? 

 

Les préjugés, ça fonctionne des deux bords, n'est-ce-pas?

 

 

Ils sont génétiquement paresseux , c'est aussi ca ta trop courte explication ( et celle aussi de l'auteur de ce fil) et qui résume tes prétendus analyses scientifiques par des universitaires.

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  • Habitués
il y a 1 minute, kobico a dit :

 

Et quelles sont les causes impliquées selon cette étude, si au moins tu l'as lu?

 

Je pense que vous avez omis de lire le premier article. Commentons ce lien, et on verra pour le deuxième.

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  • Habitués
il y a 26 minutes, Sarayoo a dit :

 

 

Citation

Une étude réalisée par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse montre que les chercheurs d'emploi de la région de Montréal ont 60 % plus de chances d'être invités à un entretien d'embauche s'ils possèdent un patronyme franco-québécois plutôt qu'africain, arabe ou latino-américain

.


 

 

 

 

Curieusement ce sont les immigrants francophones qui sont plus discriminés, selon cet article. 

Les africains et les maghrébins issus des anciennes colonies françaises. Les latino-américains sont aussi plus a l'aise en français qu'en anglais parce que le français est plus proche de l'espagnol. 

Comme j'avais écrit tantôt, il vaut mieux faire comme les asiatiques, ils ont compris ce qu'il fallait faire pour réussir au Canada : Parler et vivre en anglais , créer leurs propres emplois et envoyer les québécois francophones ch**r. Parler  français est un synonyme d’échec, comme le montre le taux de chômage des communautés maghrébines, africaines, et latino-américaines, et les asiatiques ne veulent surement pas connaitre le même sort que ces communautés.

Modifié par UnitedCanada_2015
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  • Habitués
il y a une heure, zineddine04 a dit :
il y a 56 minutes, kobico a dit :
il y a 56 minutes, kobico a dit :

 

Vas-y, cite les études en question, mets les liens et on va en discuter encore une fois...

Vas-y, cite les études en question, mets les liens et on va en discuter encore une fois...

effectivement, ce phénomène à été analysé, mais visiblement nous ne lisons pas les memes analyses et conclusions

Peut-être que vous ne retenez que les conclusions qui font votre affaire?

 

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  • Habitués
il y a une heure, zineddine04 a dit :
il y a une heure, kobico a dit :
il y a une heure, kobico a dit :

 

Vas-y, cite les études en question, mets les liens et on va en discuter encore une fois...

Vas-y, cite les études en question, mets les liens et on va en discuter encore une fois...

effectivement, ce phénomène à été analysé, mais visiblement nous ne lisons pas les memes analyses et conclusions

Savez-vous ce que je pense? Bien des Maghrébins sont très forts pour accuser les autres de tous leurs problèmes, mais ne sont pas très portés sur l'autocritique - et ça vous fait ch**r quand la critique vient de quelqu'un de votre communauté.

Vous préférez accuser les Québécois d'être une bande de racistes plutôt que de vous remettre en question. On se demande d'ailleurs, si les Québécois sont d'aussi odieux racistes, pourquoi vous persistez à demeurer au Québec malgré tout.

C'est étrange, le chômage dans votre communauté est élevé ailleurs au Canada.

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  • Habitués
Il y a 1 heure, Harry Haller a dit :

Automne, tu n'as pas lu l'article. ;)

Moi je te parle  des 30%.pas de ceux qui profitent du système ou qui repartent 

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  • Habitués
il y a 1 minute, Automne a dit :

Moi je te parle  des 30%.pas de ceux qui profitent du système ou qui repartent 

Automne, ils font partie des statistiques tant qu'ils sont au Québec. ;)

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  • Habitués
il y a 6 minutes, Harry Haller a dit :



C'est étrange, le chômage dans votre communauté est élevé ailleurs au Canada.

Curieusement le taux de chômage des maghrébins en Ontario est moins élevé par rapport a celui du Quebec malgré que les maghrébins connaissent mieux que le français que l'anglais et malgré toutes les difficultés linguistiques des maghrébins en Ontario. Je suis persuadé que le problème vient du Quebec 

 

http://affaires.lapresse.ca/economie/200901/06/01-686111-chomage-des-maghrebins-une-honte-pour-le-quebec.php

 

Citation

 

Car le gazon semble un peu plus vert chez le voisin. Au Québec, le taux de chômage des immigrants récents de l'Afrique du Nord atteint 27,1% alors qu'il est de 19,7% en Ontario.

 

 

Modifié par UnitedCanada_2015
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il y a 1 minute, UnitedCanada_2015 a dit :

Curieusement le taux de chômage des maghrébins en Ontario est moins élevé par rapport a celui du Quebec malgré que les maghrébins connaissent mieux que le français que l'anglais et malgré toutes les difficultés linguistiques des maghrébins en Ontario. Je suis persuade que le problème vient du Quebec 

 

http://affaires.lapresse.ca/economie/200901/06/01-686111-chomage-des-maghrebins-une-honte-pour-le-quebec.php

 

 

Peut-être parce qu'ils sont moins nombreux là-bas et ne vont pas là-bas pour étudier sur le bras des contribuables, parce les frais scolaires y sont plus élevés?

Modifié par Harry Haller
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  • Habitués
Il y a 2 heures, new in ontario a dit :

parce que je lutte contre les préjuges que vous véhiculez à tord et à travers

 

Comme quoi? Moi je généralise pas. Faut quand même avouer que vous avez quelques pommes pourrites qui font ternir toute l'ensemble de votre communauté. Donc c'est sur eux que devrait porter ton combat et non pas sur nous.   

 

En passant  ,la lune n'est pas encore un pays... 

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  • Habitués

Un excellent article de Kamal Benkirane décrit le parcours typique d'un Maghrébin au Québec.

Publié dans le Huffington Post Québec

 

 

Tu te projettes vers ce rêve irrésistible, et tu investis moyens et énergies pour y parvenir. Au bout de quelques années, la félicité est là! Tu t'installes au Québec avec ta petite famille, apaisé et confiant. D'abord, tu observes autour de toi, et tu t'approvisionnes de tous les astuces et conseils pour réussir ton intégration. Montréal t'ouvre ses portes et tu vois les mannes défiler devant tes yeux. Tu admires gratte-ciel et espaces, et tu jubiles tout le temps sur ton balcon.

Au bout de quelques semaines, tu t'aperçois que tes ressources s'épuisent. Les portes étant encore fermées à tes idéaux, tu te résignes vers le CLE. L'agent de l'emploi, suspicieux un brin, décide finalement de t'accorder le chèque de survie de la fin du mois. Instantanément, tu réalises que le capitalisme est impitoyable envers les faibles, et que l'argent a plus de contenance que l'être humain. Sans sourciller, tu te mets à la loi des planifications longtemps convoitées dans tes papiers, puis à toi les rues, à toi les centres d'emploi, à toi les consultations interminables. La logique te courbe l'échine, elle veut bien que tu passes par là.

Ton cartable est toujours muni des dossiers de ton cursus: diplômes, attestations d'emploi comme ingénieur en informatique, équivalences, attestations de reconnaissances d'expertises. On ne sait jamais quand le destin sévira! La chape de plomb ne tarde pas à émoustiller ta motivation, c'est une cuirasse!

De bureau en bureau, d'entretien en entretien, tu ne désespères pas! Les mêmes mots reviennent, «l'expérience canadienne», «la surqualification», «l'accent», «le niveau d'anglais»... Tu ne t'arrêtes pas aux codes indéchiffrables mais tu sondes aussi les comportements: certains sont raides, d'autres acariâtres, et d'autres bien hypocrites.

Tu ne lâches pas et tu tapes à d'autres portes, tu crois au Québec, tu aimes le Québec et tu es décidé à suivre et respecter les lois du Québec. Ton agent d'emploi finit par préconiser pour toi une mise à jour pour tes études et, comme c'est un monsieur bienveillant, qui a déjà vécu en Afrique du Nord, il te balance sans scrupules: «Tes recherches maintenant, c'est comme si tu verses de l'eau sur le sable, hélas, il faut te recycler à l'université, retrousse tes manches!»

Sonné, tu te résignes!

Tu entreprends les mesures nécessaires pour tes prochaines inscriptions comme «futur ingénieur»! Au fond de toi, le combat est virulent, tu arrives à te persuader que deux années de mise à jour ne te feront pas de mal et appuieront tes futures démarches!

De l'autre bord, on jubile de te voir signer des formulaires, payer des frais, t'endetter afin de faire reluire ton avenir! Quoi de plus crédible? Et là où tu l'attendais le moins, tu embarques à l'université, combattant infrangible pour les destins anonymes!

Tu t'impliques dans tes cours, usant tes fesses sur les bancs des amphis et des campus. Tu es content de toi, et tu te fais quelques amis. Ton identité est en mouvance et le sourire des autres te donne confiance! Malgré les attentats du 11 septembre et le calvaire des Arabo-musulmans en Amérique du Nord, tu ne crois qu'aux vertus de l'effort et tu fonces! Ce n'est pas évident avec quelques tête-a-claques disséminées un peu partout, mais tu fermes les yeux. Tu ne te soucies pas vraiment de ceux qui sont fanatisés par l'extrême droite, allergiques à la diversité culturelle, adeptes à la tendance unique même dans les recettes culinaires. Tu ne crois qu'à tes objectifs, tu travailles dans un restaurant et tu étudies, tu as le soutien de ta femme et de quelques amis par-ci, par-là. Il t'arrive de somnoler parfois sur un nuage dans un campus et, lorsque tu te réveilles, tu réalises que tu n'es pas encore directeur de succursale, que tu n'es pas encore actionnaire au centre Bell, ni propriétaire d'un condominium sur le mont Royal. Tu réalises que tu n'es qu'un étudiant avec le BS, somme toute, mais un rêveur tout de même! Un irréductible dans le décor, mais de bonne foi.

Finalement, et après beaucoup de sacrifices, ton diplôme est en poche. Tu es aux anges.

Illico, tu déclenches à nouveau la recherche de l'emploi, tu sillonnes à nouveau les centres, tu troques le semi-marathon pour le marathon, dépassant les limites de Montréal.

Lors de ton périple, les mêmes arguments défilent: «tu manques d'expérience canadienne», «tu es surqualifié pour la job», ou des répliques comme «ton nom-là, c'est Abelbak...», et là, tu n'as pas le choix de rectifier à chaque fois «Abdelkrim, Monsieur, Abdelkrim!»

Oui, c'est tannant, mais c'est culturel. Maintenant, le dépanneur te connaît à force de n'acheter chez lui que Le Journal de Montréal et La Presse. Tu le fais souvent pour consulter les sacro-saintes annonces. Tu passes le plus clair de ton temps avec des sites reconnus de la quête des délivrances, mais rien, walou, nada!

La dernière fois que tu as compté le nombre de CV que tu as envoyés, et rafistolés à l'occasion, tu en as comptabilisé 193. Il en est résulté trois entrevues, dont une proposition de travail dans une usine comme commis de livraison. Lors de la troisième entrevue, tu n'as su où donner de la tête lorsque l'employeur a clôturé l'entrevue par la question qui tue:

- Que penses-tu des femmes, ta relation avec elles, les considères-tu comme ton égal? Excuse, parce que pour vous les Arabes... tu comprends? Ici, la femme peut être ton boss, tu le sais bien?

Tu as répondu calmement que tu considères la femme comme complémentaire à l'homme, d'égal à égal, mais l'employeur a eu une moue méprisante, puis a promis de communiquer à nouveau, ce qu'il n'a jamais fait. Tu es resté poli, mais profondément pensif.

En parlant à ton voisin québécois de ta situation, celui-ci te dit qu'il est passé aussi par là et qu'il a fini par trouver très vite une job. Ton autre voisin québécois te raconte qu'il n'a jamais trouvé de problèmes avec le boulot, ça se trouve partout. Celui-là, il n'est pas allé par quatre chemins: «Ingénieur? Mais qu'est-ce que tu fais par ici?»

Malgré tout, tu ne désespères pas.

À jour sur la politique et les mesures prises par les partis politiques, tu attends souvent que ton agent t'appelle pour te parler d'un programme d'intégration ou d'un autre, mais rien! Tu as de la difficulté à assimiler le chiffre hallucinant du chômage des Maghrébins frôlant les 30% et qui n'interpelle pas vraiment l'arène politique au Québec! Cela t'enrage à un plus haut point! Tu réponds à certaines invitations associatives ou des députés et ministres défilent, se goinfrant de tant de délices maghrébines, et gratifiant le monde du dynamisme de la communauté maghrébine au Québec. Tu t'étonnes de tant d'hypocrisie sociale.

Tu ne comprends pas ce qui se passe dans ta communauté, ni dans la communauté qui t'accueille. D'aucuns parlent de funambulisme idéologique, d'autres de mercantilisme politique. Tout est flou dans ta tête. Tu n'as plus aucun intérêt pour tes propres loisirs. Même si ta femme travaille enfin dans une garderie à temps partiel. Heureusement, le gouvernement continue de t'envoyer mensuellement ce maudit chèque «bien balancé» afin de ne pas mourir de chagrin.

Tu réfutes les cafés où s'entassent les écœurés du système, tu envoies paître les pessimistes et les négatifs, surtout de ceux qui parlent de «l'Eldorado en papier». Tu ne fréquentes plus les forums de l'emploi et tu évites comme la peste les milieux snobs. De là où ton énergie fulmine, tu es arrivé à quelques trois cents envois de CV. Tu ne cesses de demander à ton agent si tu as des failles dans tes démarches, mais il te garantit que tu t'en sors bien. La toute dernière fois, celui-ci essayant de te convaincre de prendre un emploi comme plongeur dans un restaurant, tu n'as pas hésité à lui flanquer au nez que tu ne descendrais que de deux marches et non de sept!

Témoin du tout dernier évènement identitaire au Québec, à savoir la charte des valeurs, tu es resté en faveur de la crédibilité de ce projet, mais tu as compris et appuyé d'autre part le fait qu'on ne puisse rejeter ceux qui ne peuvent se passer de leurs signes religieux. Tu n'as jamais compris les aboutissants des bastonnades qui ont déferlé sur toi lorsque tu exprimais sainement ton opinion. Au fil du temps, tu enrages encore en écoutant certains titres sensationnalistes des médias. Parfois, rien qu'en ouvrant la télé, les idiots utiles te sautent à la gorge et la serrent, la serrent jusqu'à étouffement, et même après avoir préconisé de ne plus ouvrir la télé, l'islamophobie te happe. Tu es dépassé par le degré des analyses mesquines et des accusations gratuites. La peur des gens est là, imminente, déconcertante et monochrome. Beaucoup ne comprennent pas que l'islam est utilisé comme un bouc émissaire, et tu maudis tous ceux qui hypothèquent ta religion pour de la crasse subventionnée. Une fois, tu t'es arrêté devant une manifestation anti-islam en plein rue Jean-Talon ou des hommes cagoulés, brandissant les banderoles d'un mouvement du nom de « PEGIDA» s'apprêtaient à défiler sur cette rue. Leur regard hargneux était un boulet de haine sans appel. Ce jour-là, tu n'avais même pas dîné avec ta petite famille. Tu as été définitivement conscient que les Maghrébins du Québec et le reste des Arabo-musulmans sont désormais dans le collimateur.

Tu te réveilles un beau matin du printemps, seul dans ton appartement. Tes enfants sont à l'école et ta femme dans la garderie. Tu réalises que tu as passé quatre années et demie à user tes savates sur les chaussées de Montréal et des alentours pour trouver preneur à tes qualifications, mais toujours rien.

Changer de nom? Hors de question! Changer de religion? Pas de quoi s'éclater les veines! Nettoyer le plancher des employeurs dès leur sortie du bureau? Pas question tant que certains sadiques définissent autrement la dignité!

Les titres de la presse n'ont pas changé, les politiciens se succèdent et la même cécité pompe l'air. Tu lèves les yeux vers le ciel si vaste et si bleu que tu penses sérieusement à changer d'horizons, mais cela te prend des ressources suffisantes, ce que tu n'as pas présentement. Tu ne désespères pas et tu suspends ton destin pour le moment.

Entre l'agent d'immigration qui t'a promis les trésors de Judée au Québec, et ton ami maghrébin, ce médecin qui refait ses études de médecine, tu te retrouves tout d'un coup à sourire à cette teinte d'humour propre à ce dernier, et dont il t'a toujours gratifié entre deux cafés chez Tim Hortons: «Au Québec, Maghrébin, tu ne chômeras point!»

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  • Habitués
il y a 17 minutes, Sarayoo a dit :

Un excellent article de Kamal Benkirane décrit le parcours typique d'un Maghrébin au Québec.

Publié dans le Huffington Post Québec

 

 

Tu te projettes vers ce rêve irrésistible, et tu investis moyens et énergies pour y parvenir. Au bout de quelques années, la félicité est là! Tu t'installes au Québec avec ta petite famille, apaisé et confiant. D'abord, tu observes autour de toi, et tu t'approvisionnes de tous les astuces et conseils pour réussir ton intégration. Montréal t'ouvre ses portes et tu vois les mannes défiler devant tes yeux. Tu admires gratte-ciel et espaces, et tu jubiles tout le temps sur ton balcon.

Au bout de quelques semaines, tu t'aperçois que tes ressources s'épuisent. Les portes étant encore fermées à tes idéaux, tu te résignes vers le CLE. L'agent de l'emploi, suspicieux un brin, décide finalement de t'accorder le chèque de survie de la fin du mois. Instantanément, tu réalises que le capitalisme est impitoyable envers les faibles, et que l'argent a plus de contenance que l'être humain. Sans sourciller, tu te mets à la loi des planifications longtemps convoitées dans tes papiers, puis à toi les rues, à toi les centres d'emploi, à toi les consultations interminables. La logique te courbe l'échine, elle veut bien que tu passes par là.

Ton cartable est toujours muni des dossiers de ton cursus: diplômes, attestations d'emploi comme ingénieur en informatique, équivalences, attestations de reconnaissances d'expertises. On ne sait jamais quand le destin sévira! La chape de plomb ne tarde pas à émoustiller ta motivation, c'est une cuirasse!

De bureau en bureau, d'entretien en entretien, tu ne désespères pas! Les mêmes mots reviennent, «l'expérience canadienne», «la surqualification», «l'accent», «le niveau d'anglais»... Tu ne t'arrêtes pas aux codes indéchiffrables mais tu sondes aussi les comportements: certains sont raides, d'autres acariâtres, et d'autres bien hypocrites.

Tu ne lâches pas et tu tapes à d'autres portes, tu crois au Québec, tu aimes le Québec et tu es décidé à suivre et respecter les lois du Québec. Ton agent d'emploi finit par préconiser pour toi une mise à jour pour tes études et, comme c'est un monsieur bienveillant, qui a déjà vécu en Afrique du Nord, il te balance sans scrupules: «Tes recherches maintenant, c'est comme si tu verses de l'eau sur le sable, hélas, il faut te recycler à l'université, retrousse tes manches!»

Sonné, tu te résignes!

Tu entreprends les mesures nécessaires pour tes prochaines inscriptions comme «futur ingénieur»! Au fond de toi, le combat est virulent, tu arrives à te persuader que deux années de mise à jour ne te feront pas de mal et appuieront tes futures démarches!

De l'autre bord, on jubile de te voir signer des formulaires, payer des frais, t'endetter afin de faire reluire ton avenir! Quoi de plus crédible? Et là où tu l'attendais le moins, tu embarques à l'université, combattant infrangible pour les destins anonymes!

Tu t'impliques dans tes cours, usant tes fesses sur les bancs des amphis et des campus. Tu es content de toi, et tu te fais quelques amis. Ton identité est en mouvance et le sourire des autres te donne confiance! Malgré les attentats du 11 septembre et le calvaire des Arabo-musulmans en Amérique du Nord, tu ne crois qu'aux vertus de l'effort et tu fonces! Ce n'est pas évident avec quelques tête-a-claques disséminées un peu partout, mais tu fermes les yeux. Tu ne te soucies pas vraiment de ceux qui sont fanatisés par l'extrême droite, allergiques à la diversité culturelle, adeptes à la tendance unique même dans les recettes culinaires. Tu ne crois qu'à tes objectifs, tu travailles dans un restaurant et tu étudies, tu as le soutien de ta femme et de quelques amis par-ci, par-là. Il t'arrive de somnoler parfois sur un nuage dans un campus et, lorsque tu te réveilles, tu réalises que tu n'es pas encore directeur de succursale, que tu n'es pas encore actionnaire au centre Bell, ni propriétaire d'un condominium sur le mont Royal. Tu réalises que tu n'es qu'un étudiant avec le BS, somme toute, mais un rêveur tout de même! Un irréductible dans le décor, mais de bonne foi.

Finalement, et après beaucoup de sacrifices, ton diplôme est en poche. Tu es aux anges.

Illico, tu déclenches à nouveau la recherche de l'emploi, tu sillonnes à nouveau les centres, tu troques le semi-marathon pour le marathon, dépassant les limites de Montréal.

Lors de ton périple, les mêmes arguments défilent: «tu manques d'expérience canadienne», «tu es surqualifié pour la job», ou des répliques comme «ton nom-là, c'est Abelbak...», et là, tu n'as pas le choix de rectifier à chaque fois «Abdelkrim, Monsieur, Abdelkrim!»

Oui, c'est tannant, mais c'est culturel. Maintenant, le dépanneur te connaît à force de n'acheter chez lui que Le Journal de Montréal et La Presse. Tu le fais souvent pour consulter les sacro-saintes annonces. Tu passes le plus clair de ton temps avec des sites reconnus de la quête des délivrances, mais rien, walou, nada!

La dernière fois que tu as compté le nombre de CV que tu as envoyés, et rafistolés à l'occasion, tu en as comptabilisé 193. Il en est résulté trois entrevues, dont une proposition de travail dans une usine comme commis de livraison. Lors de la troisième entrevue, tu n'as su où donner de la tête lorsque l'employeur a clôturé l'entrevue par la question qui tue:

- Que penses-tu des femmes, ta relation avec elles, les considères-tu comme ton égal? Excuse, parce que pour vous les Arabes... tu comprends? Ici, la femme peut être ton boss, tu le sais bien?

Tu as répondu calmement que tu considères la femme comme complémentaire à l'homme, d'égal à égal, mais l'employeur a eu une moue méprisante, puis a promis de communiquer à nouveau, ce qu'il n'a jamais fait. Tu es resté poli, mais profondément pensif.

En parlant à ton voisin québécois de ta situation, celui-ci te dit qu'il est passé aussi par là et qu'il a fini par trouver très vite une job. Ton autre voisin québécois te raconte qu'il n'a jamais trouvé de problèmes avec le boulot, ça se trouve partout. Celui-là, il n'est pas allé par quatre chemins: «Ingénieur? Mais qu'est-ce que tu fais par ici?»

Malgré tout, tu ne désespères pas.

À jour sur la politique et les mesures prises par les partis politiques, tu attends souvent que ton agent t'appelle pour te parler d'un programme d'intégration ou d'un autre, mais rien! Tu as de la difficulté à assimiler le chiffre hallucinant du chômage des Maghrébins frôlant les 30% et qui n'interpelle pas vraiment l'arène politique au Québec! Cela t'enrage à un plus haut point! Tu réponds à certaines invitations associatives ou des députés et ministres défilent, se goinfrant de tant de délices maghrébines, et gratifiant le monde du dynamisme de la communauté maghrébine au Québec. Tu t'étonnes de tant d'hypocrisie sociale.

Tu ne comprends pas ce qui se passe dans ta communauté, ni dans la communauté qui t'accueille. D'aucuns parlent de funambulisme idéologique, d'autres de mercantilisme politique. Tout est flou dans ta tête. Tu n'as plus aucun intérêt pour tes propres loisirs. Même si ta femme travaille enfin dans une garderie à temps partiel. Heureusement, le gouvernement continue de t'envoyer mensuellement ce maudit chèque «bien balancé» afin de ne pas mourir de chagrin.

Tu réfutes les cafés où s'entassent les écœurés du système, tu envoies paître les pessimistes et les négatifs, surtout de ceux qui parlent de «l'Eldorado en papier». Tu ne fréquentes plus les forums de l'emploi et tu évites comme la peste les milieux snobs. De là où ton énergie fulmine, tu es arrivé à quelques trois cents envois de CV. Tu ne cesses de demander à ton agent si tu as des failles dans tes démarches, mais il te garantit que tu t'en sors bien. La toute dernière fois, celui-ci essayant de te convaincre de prendre un emploi comme plongeur dans un restaurant, tu n'as pas hésité à lui flanquer au nez que tu ne descendrais que de deux marches et non de sept!

Témoin du tout dernier évènement identitaire au Québec, à savoir la charte des valeurs, tu es resté en faveur de la crédibilité de ce projet, mais tu as compris et appuyé d'autre part le fait qu'on ne puisse rejeter ceux qui ne peuvent se passer de leurs signes religieux. Tu n'as jamais compris les aboutissants des bastonnades qui ont déferlé sur toi lorsque tu exprimais sainement ton opinion. Au fil du temps, tu enrages encore en écoutant certains titres sensationnalistes des médias. Parfois, rien qu'en ouvrant la télé, les idiots utiles te sautent à la gorge et la serrent, la serrent jusqu'à étouffement, et même après avoir préconisé de ne plus ouvrir la télé, l'islamophobie te happe. Tu es dépassé par le degré des analyses mesquines et des accusations gratuites. La peur des gens est là, imminente, déconcertante et monochrome. Beaucoup ne comprennent pas que l'islam est utilisé comme un bouc émissaire, et tu maudis tous ceux qui hypothèquent ta religion pour de la crasse subventionnée. Une fois, tu t'es arrêté devant une manifestation anti-islam en plein rue Jean-Talon ou des hommes cagoulés, brandissant les banderoles d'un mouvement du nom de « PEGIDA» s'apprêtaient à défiler sur cette rue. Leur regard hargneux était un boulet de haine sans appel. Ce jour-là, tu n'avais même pas dîné avec ta petite famille. Tu as été définitivement conscient que les Maghrébins du Québec et le reste des Arabo-musulmans sont désormais dans le collimateur.

Tu te réveilles un beau matin du printemps, seul dans ton appartement. Tes enfants sont à l'école et ta femme dans la garderie. Tu réalises que tu as passé quatre années et demie à user tes savates sur les chaussées de Montréal et des alentours pour trouver preneur à tes qualifications, mais toujours rien.

Changer de nom? Hors de question! Changer de religion? Pas de quoi s'éclater les veines! Nettoyer le plancher des employeurs dès leur sortie du bureau? Pas question tant que certains sadiques définissent autrement la dignité!

Les titres de la presse n'ont pas changé, les politiciens se succèdent et la même cécité pompe l'air. Tu lèves les yeux vers le ciel si vaste et si bleu que tu penses sérieusement à changer d'horizons, mais cela te prend des ressources suffisantes, ce que tu n'as pas présentement. Tu ne désespères pas et tu suspends ton destin pour le moment.

Entre l'agent d'immigration qui t'a promis les trésors de Judée au Québec, et ton ami maghrébin, ce médecin qui refait ses études de médecine, tu te retrouves tout d'un coup à sourire à cette teinte d'humour propre à ce dernier, et dont il t'a toujours gratifié entre deux cafés chez Tim Hortons: «Au Québec, Maghrébin, tu ne chômeras point!»

C'est étrange comme nous n'avons pas la même lecture! Je lis cet article, et j'y vois le parcours typique de quelqu'un qui n'a rien compris à la manière dont fonctionne le marché du travail nord américain. Quelqu'un qui compte sur ses diplômes comme si c'était censé être une clé qui allait lui ouvrir les portes, qui pense que la recherche de travail ne consiste qu'à envoyer des CV, qui n'a pas compris l'importance du réseautage, et qui n'est pas prêt à faire preuve d'adaptabilité en acceptant un boulot moindre pour se constituer une expérience de travail, plutôt que de penser immédiatement à l'aide sociale.

Si vous n'êtes pas débrouillards, capables d'initiatives et de faire preuve de souplesse, le marché du travail nord américain n'est tout simplement pas fait pour vous.

Modifié par Harry Haller
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  • Habitués
Il y a 2 heures, Automne a dit :

ben, t'es pas sur le chômage quand tu es aux études. et ceux qui repartent, c'est pas de ceux là qu'elle parle dans ton article

 

 

Certains restent et se font imam autoproclamé, comme cet ex-étudiant en génie électrique à l'Université Laval.

 

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