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Bilan après deux ans


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Je n’ai pas beaucoup fréquenté ce site depuis mon arrivée au Québec en mai 2012, alors que depuis la France, j'y allais quasiment quotidiennement. Mais voilà, il faut se faire sa propre expérience et essayer d'oublier tout ce qu'on a pû entendre de vrai, de faux, d'exagéré et de caricatural sur le Québec pour pouvoir enfin se faire SON opinion.

Aujourd'hui, c'est mon tour de vous donner ma vision des choses et peut-être quelques conseils (sans prétention aucune) sur la vie au Québec.

Nous sommes arrivés en mai 2002 à Drummondville (parfaitement centré à mi-chemin entre Québec et Montréal), avec 7 valises et notre fille de 2 ans. Nous avions la chance d'être hébergés chez des amis pour les premières semaines, donc aucun problème d'hébergement pour nous. Mais l'atterrissage est quand même épuisant (surtout s’il faut attendre 2h30 à l’immigration parce que les douaniers vous ont oublié et sont allé "luncher").

Je vais essayer de la faire courte, on a trouvé un logement très rapidement, contrairement à tout ce qu'on avait pu lire avant, aucun besoin de supplier ou de soudoyer le propriétaire du 4 1/2 que nous avons loué 560$ par mois pendant un an, on a signé le bail en 5 min (montre en main). Nous avons simplement dû attendre 3 semaines, le temps d’acheter des meubles et tout ce qui ne rentrait plus dans les valises. Oui, il faut avoir des économies, car ça part très très vite.

Nous avons trouvé très rapidement une garderie en milieu familial pour notre fille (25$ par jour mais avec le remboursement anticipé du gouvernement, ne revient qu’à 7$ par jour) Ensuite, nous sommes allés au centre local emploi afin de .....trouver un emploi. Nous avons été inscrits à un groupe de recherche d’emploi et j'ai trouvé un travail dans une clinique en trois semaines comme adjointe administrative à 15$ de l'heure pour 35h semaine, donc vraiment honorable pour un premier job. (En France mon bac+5 en droit ne m'avait pas permis de trouver un emploi à temps complet dans mon domaine d'études et mon trop haut niveau d'études m'empêchait de prétendre à des emplois de secrétaire ou d'assistante juridique). Mon conjoint à lui aussi trouvé rapidement un emploi dans sa passion, l'informatique, malgré l'absence de diplôme relié à l'emploi, mais avec un CV bien fourni et beaucoup d'expériences, dans l'immobilier, les télécommunications et la gestion. Il a pû être engagé en travailleur autonome comme technicien informatique. En France, l'absence de diplôme était un frein à la reconversion, pas ici.

Au Québec, ce qui compte, ce sont les compétences, les expériences et la personnalité. Il faut d'ailleurs refaire son c.v. en arrivant afin de les valoriser.

Quand j'ai décidé de retourner à mon domaine d'études j'ai déposé trois c.v chez des notaires et j'ai décroché 2 entrevues (En France, pour une quarantaine c.v, chez des notaires, huissiers et avocats, j’avais décroché 0 entrevue). J'ai été engagée quelques semaines plus tard comme secrétaire/technicienne juridique dans un bureau de notaires employant 15 personnes.

Entre-temps nous avons acheté une maison de 120 m2 avec 3000m2 de terrain pour 100 000 dollars. Pour ce faire, nous avions contacté une agence Multi-prêts quelques mois après notre arrivée et le courtier (qui n’est rémunéré que par la banque une fois le prêt accepté) nous a donné de très bon conseils pour nous créer une bonne côte de crédit. Un an après notre arrivée, nous étions propriétaires (rêve devenu inaccessible dans le sud de la France).

Il n’est pas difficile de se faire des amis comme j’ai pû le lire. Les québécois aiment les français et sont très accueillants et avenants avec nous. Je dirais que le plus drôle c’est quand on vous dit « hey, vous avez un accent! ». Et oui, ici, c’est le français qui a un accent. Après deux ans, il m’arrive encore de ne pas comprendre ce qu’on me dit car les expressions et les tournures de phrases sont différentes. Parfois les anglicismes sont aussi incompréhensibles. car les québecois en utilisent aussi beaucoup, ce ne sont simplement pas les mêmes que nous (ex : top-shape (en forme), cruiser, (flirter), hot (sexy), checker (vérifier), joke (blague), sans parler des anyway, whatever, that’s it et autre bullshitt. Autre exemple, être chaude, signifie avoir trop bu, ou être bonne, signifie vraiment être bonne (ne vous sentez pas insultée si on vous le dit). Parfois, on rit de ne pas se comprendre….parfois on s’en agace, mais on finit toujours par y arriver.

Le plus déstabilisant au Québec, c’est à quel point tout va plus vite, louer un appartement, acheter une maison ou commencer un nouvel emploi. Oubliez les baux d’habitation de 14 pages et les contrats de travail à rallonge. La parole vaut parfois plus que l’écrit et la confiance est toujours de rigueur.

Ce que j’aime ici avant tout ici c’est la décontraction et la tolérance. Habillez-vous et coiffez-vous comme vous l’entendez, tatouez-vous si vous le voulez, on ne vous jugera pas en fonction de votre style. Il y a bien-sûr des limites à ne pas franchir, mais vous pouvez être vous-même sans sentir les regards sur vous. Les gens ont l’air heureux dans cette société définitivement optimiste. Pas tous les jours bien sûr, pas tout le temps, mais le sourire des gens que l’on croise, le fait d’être abordé dans la rue de façon simple et décontractée, ça met de bonne humeur.

Par contre, en tant que français qui a plutôt l’habitude de dire ce qu’il pense, de râler quand quelque chose ne lui convient pas, et de débattre dès que l’occasion se présente, il faut savoir mettre de l’eau dans son vin (qui plus est très cher!). Les québécois ne polémiquent pas pour un oui ou pour un non, le mot d’ordre est consensus et le politiquement correct leur leitmotiv. Mais ce n’est pas une mauvaise ou une bonne chose, c’est juste un mode de vie différent et il faut savoir s’adapter.

Inutile de passer son temps à comparer son pays d’origine et son pays d’adoption, (même si on ne peut pas s’en empêcher) car il y a du bon et du mauvais partout et que même si l’herbe paraît plus ou moins verte, elle est peut-être plus ou moins haute et coûte plus ou moins cher.

Pour conclure, je dirais juste que si parfois la France me manque, si parfois j’en ai marre d’être l’immigrante qui a un accent, je n’ai absolument aucun regrets et je souhaite à tous ceux qui en rêvent comme j’ai pû le rêver, de rejoindre ce beau pays et de se faire son expérience, bonne ou mauvaise, car l’important c’est d’oser vivre ses rêves…

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Je n’ai pas beaucoup fréquenté ce site depuis mon arrivée au Québec en mai 2012, alors que depuis la France, j'y allais quasiment quotidiennement. Mais voilà, il faut se faire sa propre expérience et essayer d'oublier tout ce qu'on a pû entendre de vrai, de faux, d'exagéré et de caricatural sur le Québec pour pouvoir enfin se faire SON opinion.

Aujourd'hui, c'est mon tour de vous donner ma vision des choses et peut-être quelques conseils (sans prétention aucune) sur la vie au Québec.

Nous sommes arrivés en mai 2002 à Drummondville (parfaitement centré à mi-chemin entre Québec et Montréal), avec 7 valises et notre fille de 2 ans. Nous avions la chance d'être hébergés chez des amis pour les premières semaines, donc aucun problème d'hébergement pour nous. Mais l'atterrissage est quand même épuisant (surtout s’il faut attendre 2h30 à l’immigration parce que les douaniers vous ont oublié et sont allé "luncher").

Je vais essayer de la faire courte, on a trouvé un logement très rapidement, contrairement à tout ce qu'on avait pu lire avant, aucun besoin de supplier ou de soudoyer le propriétaire du 4 1/2 que nous avons loué 560$ par mois pendant un an, on a signé le bail en 5 min (montre en main). Nous avons simplement dû attendre 3 semaines, le temps d’acheter des meubles et tout ce qui ne rentrait plus dans les valises. Oui, il faut avoir des économies, car ça part très très vite.

Nous avons trouvé très rapidement une garderie en milieu familial pour notre fille (25$ par jour mais avec le remboursement anticipé du gouvernement, ne revient qu’à 7$ par jour) Ensuite, nous sommes allés au centre local emploi afin de .....trouver un emploi. Nous avons été inscrits à un groupe de recherche d’emploi et j'ai trouvé un travail dans une clinique en trois semaines comme adjointe administrative à 15$ de l'heure pour 35h semaine, donc vraiment honorable pour un premier job. (En France mon bac+5 en droit ne m'avait pas permis de trouver un emploi à temps complet dans mon domaine d'études et mon trop haut niveau d'études m'empêchait de prétendre à des emplois de secrétaire ou d'assistante juridique). Mon conjoint à lui aussi trouvé rapidement un emploi dans sa passion, l'informatique, malgré l'absence de diplôme relié à l'emploi, mais avec un CV bien fourni et beaucoup d'expériences, dans l'immobilier, les télécommunications et la gestion. Il a pû être engagé en travailleur autonome comme technicien informatique. En France, l'absence de diplôme était un frein à la reconversion, pas ici.

Au Québec, ce qui compte, ce sont les compétences, les expériences et la personnalité. Il faut d'ailleurs refaire son c.v. en arrivant afin de les valoriser.

Quand j'ai décidé de retourner à mon domaine d'études j'ai déposé trois c.v chez des notaires et j'ai décroché 2 entrevues (En France, pour une quarantaine c.v, chez des notaires, huissiers et avocats, j’avais décroché 0 entrevue). J'ai été engagée quelques semaines plus tard comme secrétaire/technicienne juridique dans un bureau de notaires employant 15 personnes.

Entre-temps nous avons acheté une maison de 120 m2 avec 3000m2 de terrain pour 100 000 dollars. Pour ce faire, nous avions contacté une agence Multi-prêts quelques mois après notre arrivée et le courtier (qui n’est rémunéré que par la banque une fois le prêt accepté) nous a donné de très bon conseils pour nous créer une bonne côte de crédit. Un an après notre arrivée, nous étions propriétaires (rêve devenu inaccessible dans le sud de la France).

Il n’est pas difficile de se faire des amis comme j’ai pû le lire. Les québécois aiment les français et sont très accueillants et avenants avec nous. Je dirais que le plus drôle c’est quand on vous dit « hey, vous avez un accent! ». Et oui, ici, c’est le français qui a un accent. Après deux ans, il m’arrive encore de ne pas comprendre ce qu’on me dit car les expressions et les tournures de phrases sont différentes. Parfois les anglicismes sont aussi incompréhensibles. car les québecois en utilisent aussi beaucoup, ce ne sont simplement pas les mêmes que nous (ex : top-shape (en forme), cruiser, (flirter), hot (sexy), checker (vérifier), joke (blague), sans parler des anyway, whatever, that’s it et autre bullshitt. Autre exemple, être chaude, signifie avoir trop bu, ou être bonne, signifie vraiment être bonne (ne vous sentez pas insultée si on vous le dit). Parfois, on rit de ne pas se comprendre….parfois on s’en agace, mais on finit toujours par y arriver.

Le plus déstabilisant au Québec, c’est à quel point tout va plus vite, louer un appartement, acheter une maison ou commencer un nouvel emploi. Oubliez les baux d’habitation de 14 pages et les contrats de travail à rallonge. La parole vaut parfois plus que l’écrit et la confiance est toujours de rigueur.

Ce que j’aime ici avant tout ici c’est la décontraction et la tolérance. Habillez-vous et coiffez-vous comme vous l’entendez, tatouez-vous si vous le voulez, on ne vous jugera pas en fonction de votre style. Il y a bien-sûr des limites à ne pas franchir, mais vous pouvez être vous-même sans sentir les regards sur vous. Les gens ont l’air heureux dans cette société définitivement optimiste. Pas tous les jours bien sûr, pas tout le temps, mais le sourire des gens que l’on croise, le fait d’être abordé dans la rue de façon simple et décontractée, ça met de bonne humeur.

Par contre, en tant que français qui a plutôt l’habitude de dire ce qu’il pense, de râler quand quelque chose ne lui convient pas, et de débattre dès que l’occasion se présente, il faut savoir mettre de l’eau dans son vin (qui plus est très cher!). Les québécois ne polémiquent pas pour un oui ou pour un non, le mot d’ordre est consensus et le politiquement correct leur leitmotiv. Mais ce n’est pas une mauvaise ou une bonne chose, c’est juste un mode de vie différent et il faut savoir s’adapter.

Inutile de passer son temps à comparer son pays d’origine et son pays d’adoption, (même si on ne peut pas s’en empêcher) car il y a du bon et du mauvais partout et que même si l’herbe paraît plus ou moins verte, elle est peut-être plus ou moins haute et coûte plus ou moins cher.

Pour conclure, je dirais juste que si parfois la France me manque, si parfois j’en ai marre d’être l’immigrante qui a un accent, je n’ai absolument aucun regrets et je souhaite à tous ceux qui en rêvent comme j’ai pû le rêver, de rejoindre ce beau pays et de se faire son expérience, bonne ou mauvaise, car l’important c’est d’oser vivre ses rêves…

J'aime beaucoup ton récit.

Il fleure bon la sincérité.

Merci pour ton témoignage et bonne continuation.

:smile:

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  • Habitués

Pour conclure, je dirais juste que si parfois la France me manque, si parfois j’en ai marre d’être l’immigrante qui a un accent, je n’ai absolument aucun regrets et je souhaite à tous ceux qui en rêvent comme j’ai pû le rêver, de rejoindre ce beau pays et de se faire son expérience, bonne ou mauvaise, car l’important c’est d’oser vivre ses rêves…

Félicitations! C'est allé vite pour vous!

Pour l'accent, ça se remarque un peu plus parce que vous êtes "en région". Mais ça passera comme le reste :)

Profitez bien de votre nouveau pays et soyez heureux!

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  • Habitués

Salut ! Merci pour ton message, ça fait du bien de lire ton expérience en moment de doute.

Bonne continuation !

C.

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  • Habitués

Effectivement ce récit est des plus encourageant, sincère et apporte de l'eau au moulin de ceux qui, comme nous, souhaitent sauter le pas vers "une autre vie".

Cependant, à la lecture concomitante de ce récit et de celui de Vercors sur le vrai visage du Québec, je m'intérroge (en toute sincérité) sur les facteurs qui font que telle aventure (car à mon sens il s'agit, malgré toute la préparation que l'on puisse avoir, d'une aventure) réussisse et pas telle autre.

cela provient-il de la préparation des protagoniste, de leurs champs d'activité professionnelle, de leurs ressources financières, de la "gnaque", du fait de partir seul ou en famille, du lieu d'installation,.... ou simplement de la chance ?

J'interroge sur ce sujet car comme beaucoup d'autres personnes, je souhaite comprendre et préparer au mieux Mon "aventure".

En tout cas, merci pour ce récit et bravo, car vous semblez être pleinement heureux de votre situation.

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En effet, tous ces critères entrent en compte. Personnellement, je pense que beaucoup font l'erreur de s'installer à Montréal (80% des français), en s'installant dans une ville plus petite et plus dynamique, les chances sont bien meilleures de trouver un emploi (Drummondville, Sherbrooke, Victoriaville et Trois-Rivières sont des bonnes options), en plus les habitants ne sont pas écœurés de la population immigrante. C'est certain qu'il faut une bonne préparation, histoire de connaître les démarches à entreprendre une fois sur place. Idéalement, je pense qu'il faut être venu au Québec, au moins une fois pour s'essayer à immigrer, ce n'est pas une petite France au nord des USA. Les mœurs sont très différentes et les mentalités aussi. Ensuite, il ne faut pas arriver en français prétentieux qui veut absolument le même emploi et le même salaire qu'en France, et c'est sûr que, tout comme en France, certaines branches sont bouchées, d'autres sont en pénurie de main-d'oeuvre. J'imagine aussi que de partir en couple est plus facile que seul, mais tout dépend des gens.

En comptabilité, je pense pas que tu auras de soucis, c'est assez recherché et en droit, tu peux passer des équivalences.

Merci à toi!

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  • Habitués

Merci pour ce récit et si tu trouves autres choses à nous raconter sur le quotidien, le système de santé ou autres, pas de problèmes. Je pense qu'on est tous preneurs d'informations vécues.

Merci encore

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  • Habitués

Je n’ai pas beaucoup fréquenté ce site depuis mon arrivée au Québec en mai 2012, alors que depuis la France, j'y allais quasiment quotidiennement. Mais voilà, il faut se faire sa propre expérience et essayer d'oublier tout ce qu'on a pû entendre de vrai, de faux, d'exagéré et de caricatural sur le Québec pour pouvoir enfin se faire SON opinion.

Aujourd'hui, c'est mon tour de vous donner ma vision des choses et peut-être quelques conseils (sans prétention aucune) sur la vie au Québec.

Nous sommes arrivés en mai 2002 à Drummondville (parfaitement centré à mi-chemin entre Québec et Montréal), avec 7 valises et notre fille de 2 ans. Nous avions la chance d'être hébergés chez des amis pour les premières semaines, donc aucun problème d'hébergement pour nous. Mais l'atterrissage est quand même épuisant (surtout s’il faut attendre 2h30 à l’immigration parce que les douaniers vous ont oublié et sont allé "luncher").

Je vais essayer de la faire courte, on a trouvé un logement très rapidement, contrairement à tout ce qu'on avait pu lire avant, aucun besoin de supplier ou de soudoyer le propriétaire du 4 1/2 que nous avons loué 560$ par mois pendant un an, on a signé le bail en 5 min (montre en main). Nous avons simplement dû attendre 3 semaines, le temps d’acheter des meubles et tout ce qui ne rentrait plus dans les valises. Oui, il faut avoir des économies, car ça part très très vite.

Nous avons trouvé très rapidement une garderie en milieu familial pour notre fille (25$ par jour mais avec le remboursement anticipé du gouvernement, ne revient qu’à 7$ par jour) Ensuite, nous sommes allés au centre local emploi afin de .....trouver un emploi. Nous avons été inscrits à un groupe de recherche d’emploi et j'ai trouvé un travail dans une clinique en trois semaines comme adjointe administrative à 15$ de l'heure pour 35h semaine, donc vraiment honorable pour un premier job. (En France mon bac+5 en droit ne m'avait pas permis de trouver un emploi à temps complet dans mon domaine d'études et mon trop haut niveau d'études m'empêchait de prétendre à des emplois de secrétaire ou d'assistante juridique). Mon conjoint à lui aussi trouvé rapidement un emploi dans sa passion, l'informatique, malgré l'absence de diplôme relié à l'emploi, mais avec un CV bien fourni et beaucoup d'expériences, dans l'immobilier, les télécommunications et la gestion. Il a pû être engagé en travailleur autonome comme technicien informatique. En France, l'absence de diplôme était un frein à la reconversion, pas ici.

Au Québec, ce qui compte, ce sont les compétences, les expériences et la personnalité. Il faut d'ailleurs refaire son c.v. en arrivant afin de les valoriser.

Quand j'ai décidé de retourner à mon domaine d'études j'ai déposé trois c.v chez des notaires et j'ai décroché 2 entrevues (En France, pour une quarantaine c.v, chez des notaires, huissiers et avocats, j’avais décroché 0 entrevue). J'ai été engagée quelques semaines plus tard comme secrétaire/technicienne juridique dans un bureau de notaires employant 15 personnes.

Entre-temps nous avons acheté une maison de 120 m2 avec 3000m2 de terrain pour 100 000 dollars. Pour ce faire, nous avions contacté une agence Multi-prêts quelques mois après notre arrivée et le courtier (qui n’est rémunéré que par la banque une fois le prêt accepté) nous a donné de très bon conseils pour nous créer une bonne côte de crédit. Un an après notre arrivée, nous étions propriétaires (rêve devenu inaccessible dans le sud de la France).

Il n’est pas difficile de se faire des amis comme j’ai pû le lire. Les québécois aiment les français et sont très accueillants et avenants avec nous. Je dirais que le plus drôle c’est quand on vous dit « hey, vous avez un accent! ». Et oui, ici, c’est le français qui a un accent. Après deux ans, il m’arrive encore de ne pas comprendre ce qu’on me dit car les expressions et les tournures de phrases sont différentes. Parfois les anglicismes sont aussi incompréhensibles. car les québecois en utilisent aussi beaucoup, ce ne sont simplement pas les mêmes que nous (ex : top-shape (en forme), cruiser, (flirter), hot (sexy), checker (vérifier), joke (blague), sans parler des anyway, whatever, that’s it et autre bullshitt. Autre exemple, être chaude, signifie avoir trop bu, ou être bonne, signifie vraiment être bonne (ne vous sentez pas insultée si on vous le dit). Parfois, on rit de ne pas se comprendre….parfois on s’en agace, mais on finit toujours par y arriver.

Le plus déstabilisant au Québec, c’est à quel point tout va plus vite, louer un appartement, acheter une maison ou commencer un nouvel emploi. Oubliez les baux d’habitation de 14 pages et les contrats de travail à rallonge. La parole vaut parfois plus que l’écrit et la confiance est toujours de rigueur.

Ce que j’aime ici avant tout ici c’est la décontraction et la tolérance. Habillez-vous et coiffez-vous comme vous l’entendez, tatouez-vous si vous le voulez, on ne vous jugera pas en fonction de votre style. Il y a bien-sûr des limites à ne pas franchir, mais vous pouvez être vous-même sans sentir les regards sur vous. Les gens ont l’air heureux dans cette société définitivement optimiste. Pas tous les jours bien sûr, pas tout le temps, mais le sourire des gens que l’on croise, le fait d’être abordé dans la rue de façon simple et décontractée, ça met de bonne humeur.

Par contre, en tant que français qui a plutôt l’habitude de dire ce qu’il pense, de râler quand quelque chose ne lui convient pas, et de débattre dès que l’occasion se présente, il faut savoir mettre de l’eau dans son vin (qui plus est très cher!). Les québécois ne polémiquent pas pour un oui ou pour un non, le mot d’ordre est consensus et le politiquement correct leur leitmotiv. Mais ce n’est pas une mauvaise ou une bonne chose, c’est juste un mode de vie différent et il faut savoir s’adapter.

Inutile de passer son temps à comparer son pays d’origine et son pays d’adoption, (même si on ne peut pas s’en empêcher) car il y a du bon et du mauvais partout et que même si l’herbe paraît plus ou moins verte, elle est peut-être plus ou moins haute et coûte plus ou moins cher.

Pour conclure, je dirais juste que si parfois la France me manque, si parfois j’en ai marre d’être l’immigrante qui a un accent, je n’ai absolument aucun regrets et je souhaite à tous ceux qui en rêvent comme j’ai pû le rêver, de rejoindre ce beau pays et de se faire son expérience, bonne ou mauvaise, car l’important c’est d’oser vivre ses rêves…

Merci pour ce beau témoignage optimiste ! Ça fait du bien.

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Cependant, à la lecture concomitante de ce récit et de celui de Vercors sur le vrai visage du Québec, je m'intérroge (en toute sincérité) sur les facteurs qui font que telle aventure (car à mon sens il s'agit, malgré toute la préparation que l'on puisse avoir, d'une aventure) réussisse et pas telle autre.

cela provient-il de la préparation des protagoniste, de leurs champs d'activité professionnelle, de leurs ressources financières, de la "gnaque", du fait de partir seul ou en famille, du lieu d'installation,.... ou simplement de la chance ?

J'interroge sur ce sujet car comme beaucoup d'autres personnes, je souhaite comprendre et préparer au mieux Mon "aventure".

En tout cas, merci pour ce récit et bravo, car vous semblez être pleinement heureux de votre situation.

Vous avez bien mis le doigt là où ça fait mal. Pour les immigrants, ça peut être chacun de ces points cités. Je remarque que le point de vue des Québécois "de souche" est influencé exactement de la même façon.

Des milliers d'immigrants, des milliers d'expériences différentes. Le tout étant de mettre en place les mécanismes qui réduiront la casse au maximum, si casse il doit y avoir.

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Super sympa, rien de vraiment négatif comme retour ?

non, rien de vraiment négatif, mais cette année l'hiver ne finit plus, on a encore eus -25 cette semaine, on a hâte de mettre le manteau au placard, mais c'est pas pour tout de suite.....Je conseille donc aux frileux et aux amoureux du short et du maillot de bien réfléchir... mais l'avantage c'est qu'on peut skier et faire du skiddo plusieurs mois.

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Merci pour ce récit et si tu trouves autres choses à nous raconter sur le quotidien, le système de santé ou autres, pas de problèmes. Je pense qu'on est tous preneurs d'informations vécues.

Merci encore

ok, je ne manquerais pas d'en parler dans un prochain post, j'ai récemment testé les urgences d'un hôpital et j'ai vu différents des médecins pour des soucis de santé, donc je vous reviens vite!

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  • Habitués

Merci pour ce témoignage. Il est plein de fraîcheur, de douceur et de sourire... et ça fait un bien fou. Bonne continuation !

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Je n’ai pas beaucoup fréquenté ce site depuis mon arrivée au Québec en mai 2012, alors que depuis la France, j'y allais quasiment quotidiennement. Mais voilà, il faut se faire sa propre expérience et essayer d'oublier tout ce qu'on a pû entendre de vrai, de faux, d'exagéré et de caricatural sur le Québec pour pouvoir enfin se faire SON opinion.

Aujourd'hui, c'est mon tour de vous donner ma vision des choses et peut-être quelques conseils (sans prétention aucune) sur la vie au Québec.

Nous sommes arrivés en mai 2002 à Drummondville (parfaitement centré à mi-chemin entre Québec et Montréal), avec 7 valises et notre fille de 2 ans. Nous avions la chance d'être hébergés chez des amis pour les premières semaines, donc aucun problème d'hébergement pour nous. Mais l'atterrissage est quand même épuisant (surtout s’il faut attendre 2h30 à l’immigration parce que les douaniers vous ont oublié et sont allé "luncher").

Je vais essayer de la faire courte, on a trouvé un logement très rapidement, contrairement à tout ce qu'on avait pu lire avant, aucun besoin de supplier ou de soudoyer le propriétaire du 4 1/2 que nous avons loué 560$ par mois pendant un an, on a signé le bail en 5 min (montre en main). Nous avons simplement dû attendre 3 semaines, le temps d’acheter des meubles et tout ce qui ne rentrait plus dans les valises. Oui, il faut avoir des économies, car ça part très très vite.

Nous avons trouvé très rapidement une garderie en milieu familial pour notre fille (25$ par jour mais avec le remboursement anticipé du gouvernement, ne revient qu’à 7$ par jour) Ensuite, nous sommes allés au centre local emploi afin de .....trouver un emploi. Nous avons été inscrits à un groupe de recherche d’emploi et j'ai trouvé un travail dans une clinique en trois semaines comme adjointe administrative à 15$ de l'heure pour 35h semaine, donc vraiment honorable pour un premier job. (En France mon bac+5 en droit ne m'avait pas permis de trouver un emploi à temps complet dans mon domaine d'études et mon trop haut niveau d'études m'empêchait de prétendre à des emplois de secrétaire ou d'assistante juridique). Mon conjoint à lui aussi trouvé rapidement un emploi dans sa passion, l'informatique, malgré l'absence de diplôme relié à l'emploi, mais avec un CV bien fourni et beaucoup d'expériences, dans l'immobilier, les télécommunications et la gestion. Il a pû être engagé en travailleur autonome comme technicien informatique. En France, l'absence de diplôme était un frein à la reconversion, pas ici.

Au Québec, ce qui compte, ce sont les compétences, les expériences et la personnalité. Il faut d'ailleurs refaire son c.v. en arrivant afin de les valoriser.

Quand j'ai décidé de retourner à mon domaine d'études j'ai déposé trois c.v chez des notaires et j'ai décroché 2 entrevues (En France, pour une quarantaine c.v, chez des notaires, huissiers et avocats, j’avais décroché 0 entrevue). J'ai été engagée quelques semaines plus tard comme secrétaire/technicienne juridique dans un bureau de notaires employant 15 personnes.

Entre-temps nous avons acheté une maison de 120 m2 avec 3000m2 de terrain pour 100 000 dollars. Pour ce faire, nous avions contacté une agence Multi-prêts quelques mois après notre arrivée et le courtier (qui n’est rémunéré que par la banque une fois le prêt accepté) nous a donné de très bon conseils pour nous créer une bonne côte de crédit. Un an après notre arrivée, nous étions propriétaires (rêve devenu inaccessible dans le sud de la France).

Il n’est pas difficile de se faire des amis comme j’ai pû le lire. Les québécois aiment les français et sont très accueillants et avenants avec nous. Je dirais que le plus drôle c’est quand on vous dit « hey, vous avez un accent! ». Et oui, ici, c’est le français qui a un accent. Après deux ans, il m’arrive encore de ne pas comprendre ce qu’on me dit car les expressions et les tournures de phrases sont différentes. Parfois les anglicismes sont aussi incompréhensibles. car les québecois en utilisent aussi beaucoup, ce ne sont simplement pas les mêmes que nous (ex : top-shape (en forme), cruiser, (flirter), hot (sexy), checker (vérifier), joke (blague), sans parler des anyway, whatever, that’s it et autre bullshitt. Autre exemple, être chaude, signifie avoir trop bu, ou être bonne, signifie vraiment être bonne (ne vous sentez pas insultée si on vous le dit). Parfois, on rit de ne pas se comprendre….parfois on s’en agace, mais on finit toujours par y arriver.

Le plus déstabilisant au Québec, c’est à quel point tout va plus vite, louer un appartement, acheter une maison ou commencer un nouvel emploi. Oubliez les baux d’habitation de 14 pages et les contrats de travail à rallonge. La parole vaut parfois plus que l’écrit et la confiance est toujours de rigueur.

Ce que j’aime ici avant tout ici c’est la décontraction et la tolérance. Habillez-vous et coiffez-vous comme vous l’entendez, tatouez-vous si vous le voulez, on ne vous jugera pas en fonction de votre style. Il y a bien-sûr des limites à ne pas franchir, mais vous pouvez être vous-même sans sentir les regards sur vous. Les gens ont l’air heureux dans cette société définitivement optimiste. Pas tous les jours bien sûr, pas tout le temps, mais le sourire des gens que l’on croise, le fait d’être abordé dans la rue de façon simple et décontractée, ça met de bonne humeur.

Par contre, en tant que français qui a plutôt l’habitude de dire ce qu’il pense, de râler quand quelque chose ne lui convient pas, et de débattre dès que l’occasion se présente, il faut savoir mettre de l’eau dans son vin (qui plus est très cher!). Les québécois ne polémiquent pas pour un oui ou pour un non, le mot d’ordre est consensus et le politiquement correct leur leitmotiv. Mais ce n’est pas une mauvaise ou une bonne chose, c’est juste un mode de vie différent et il faut savoir s’adapter.

Inutile de passer son temps à comparer son pays d’origine et son pays d’adoption, (même si on ne peut pas s’en empêcher) car il y a du bon et du mauvais partout et que même si l’herbe paraît plus ou moins verte, elle est peut-être plus ou moins haute et coûte plus ou moins cher.

Pour conclure, je dirais juste que si parfois la France me manque, si parfois j’en ai marre d’être l’immigrante qui a un accent, je n’ai absolument aucun regrets et je souhaite à tous ceux qui en rêvent comme j’ai pû le rêver, de rejoindre ce beau pays et de se faire son expérience, bonne ou mauvaise, car l’important c’est d’oser vivre ses rêves…

Très bon témoignage. Je te souhaite bonne chance pour la suite.

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Cela fait du bien de lire ton récit. Ce n'est pas le paradis, ni l'enfer non plus. Quelque soit le choix qu'on fait dans la vie, il sera toujours accompagné de ses avantages et de ses inconvénients. Et on t'attend pour le reste.

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