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Quelle mouche a piqué l'Ordre des infirmières


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Lorsqu’une profession souffre de pénurie chronique, que peut-on faire de mieux que d’en compliquer encore davantage l’accès? C’est l’excellent programme proposé par l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ).

En effet, dès 2014, c’est-à-dire demain matin, l’Ordre veut imposer une formation universitaire obligatoire à ceux et celles qui veulent pratiquer le métier.

À l’heure actuelle, seul le tiers des infirmiers et des infirmières a un baccalauréat, les autres ayant une formation collégiale de trois ans ou encore, dans le cas des auxiliaires, un cours secondaire professionnel, un DEP. Et d’ici l’an prochain, on veut changer ça du tout au tout? Fermer les facultés de sciences infirmières dans les cégeps?

Un baccalauréat, pour quoi faire?
Évidemment, la présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), Régine Laurent, dénonce ce nouveau dada de l’Ordre. Elle estime que l’entrée en vigueur de cette nouvelle mesure arrive trop rapidement. Elle craint pour la relève: pour plusieurs, aller à l’université est une contrainte de trop, que ce soit pour des questions d’argent, de durée, d’exigences académiques ou simplement, d’intérêt. Ça n’en fait pas de moins bonnes infirmières.

Autre inquiétude légitime de Mme Laurent: les formations collégiales se font un peu partout au Québec, de sorte qu’une finissante, disons, du Saguenay, aura tendance à vouloir s’installer dans sa région une fois son diplôme obtenu. En concentrant la formation dans les centres universitaires, on perd bien sûr cette diversité géographique.

Par ailleurs, les infirmières détentrices d’un diplôme collégial déjà sur le marché, soit la grande majorité, seront-elles pénalisées à moyen et long terme? demande Régine Laurent. Elle donne cet exemple d’une infirmière qui travaille depuis 17 ans en cardiologie et a donc développé une expertise unique. Mais elle n’a qu’une formation collégiale, oh! horreur. Dans cinq ans, est-ce qu’on lui dira: «Écoutez, il y a des nouveaux postes, mais vous ne pourrez pas y aller parce que vous n'avez pas un baccalauréat».

La présidente de la FIQ se demande également comment feront les cégeps et les universités pour s'adapter aussi rapidement à une telle mesure. Elle souligne qu’il manque déjà de professeurs en soins infirmiers. «On est au bord de la pénurie», dit-elle.

L’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec dit que la formation universitaire «est la meilleure façon de protéger l'intérêt du public» (c’est effectivement terrorisant de se faire vacciner par une infirmière qui n’est pas bachelière, on s’entend). Et l’OIIQ rappelle que la formation des infirmières est plus longue d'environ deux ans dans le reste du Canada et dans des pays comme l'Angleterre, l'Australie et la France.

Ce à quoi la Fédération des cégeps rétorque que le modèle actuel a largement fait ses preuves, qu'il est prématuré de conclure que le baccalauréat est la panacée et surtout, qu’avant de prendre une décision aussi radicale, il serait peut-être approprié d’analyser les fonctions de travail des infirmières au Québec.
Car c’est bien beau d’exiger un baccalauréat, mais il est toujours impossible pour les infirmières québécoises, mêmes bachelières, d’effectuer des actes médicaux que font leurs consoeurs canadiennes ou britanniques. Le lobby du Collège des médecins veille au grain, vous pensez bien.

Toute cette histoire me rappelle une autre décision pour le moins discutable, celle de l’Ordre des psychologues du Québec, qui exige une formation doctorale pour ses nouveaux membres. Un doctorat! Pour devenir psychologues cliniciens! Loin de moi l’idée de minimiser leur travail, mais une formation doctorale obligatoire, de l’aveu même des psychologues, est excessive, non nécessaire, et risque d’en décourager plusieurs, alors que la profession souffre aussi, à l’instar des infirmières, de pénuries récurrentes.

Et pourquoi ça? Pour se faire appeler «docteur», comme les psychiatres?

Source : http://fr-ca.actualites.yahoo.com/blogues/la-chronique-de-martine-turenne/quelle-mouche-a-pique-l-ordre-des-infirmieres-135413467.html

Modifié par Budweiser
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