Aller au contenu

alice123

Membres
  • Compteur de contenus

    11
  • Inscription

  • Dernière visite

Activité de réputation

  1. J'aime
    alice123 a reçu une réaction de prolib69 dans 10 raisons pourquoi j'ai honte de mon pays d'origine !   
    hahah  vous m'avez fait rire dans ce soir de la fin d'année ! croyez moi on est tous un peu honte de nos origine 
  2. J'aime
    alice123 a reçu une réaction de eli1789 dans ARRIMA: les candidats à la déclaration d’intérêt   
    Merci pour les informations mais je voulais savoir si ces procédures-là sont fesables pour 2020 ou non et merci 
  3. J'aime
    alice123 a réagi à chachawa dans Un peu d'ici et de là-bas : 7 ans et demi à Québec   
    Tsé, 7 ans et demi c'est un moment étrange pour faire un bilan. C'est même pas une date anniversaire. C'est juste qu'en enfilant mes bottes, j'ai réalisé que c'est la huitième fois que je vis cette entrée dans l'hiver québécois, celui-là même qui agite les forums et déchaîne les passions. Et wow, c'est fou le chemin parcouru. 
    Déjà, j'écris "wow".
    Et "tsé".
    Et puis après des années d'absence ici, j'ai eu envie de sacrifier au rituel du bilan, de faire un point. De redonner au suivant, peut-être.
     
    Bref, en 2012, j'ai débarqué pas assez préparée. Sans argent, avec 23 kilos de bagages, avec zéro connaissance du système universitaire dans lequel je m'embarquais. L'année que j'ai passée a été celle qui a le plus testé ma détermination de ma vie.  Préparez-vous un peu, on ne le dira jamais assez.
    En 2019, je suis toujours aux études, mais aussi insérée dans un milieu professionnel universitaire. La demande de RP est envoyée. Je regarde du côté de l'achat immobilier. 
    Pas mal installée, quoi.
     
    Et puis, cette sensation permanente de grand écart.
    Au Québec, je suis la Française, celle qui parle avec son accent pointu, qui râle un peu trop et qui ne comprend pas certains aspects du système québécois auxquels elle ne s'est jamais confrontée. Celle qui ne prend ses vacances annuelles que pour partir en France parce que c'est Noël. Celle qui boit du vin, tant pis pour les prix de la SAQ. Celle qui s'émerveille encore devant les partys de l'Halloween ou qui ne comprend pas pourquoi toutes ces grosses voitures. Celle qui haï l'hiver. Mais vraiment.
    En France, je suis devenue la Québécoise, celle qui parle avec un accent "de là-bas", qui ne connaît plus personne aux Unes des journaux. Celle qui ne comprend plus vraiment le concept du CDD versus le CDI, qui s'émerveille devant le prix du vin, et qui propose de passer au supermarché sur la route du retour, le dimanche soir à 20 heures. Celle qui dit que "ça va, l'hiver, on y survit hein", et qui passe ses samedis matins à passer d'étal en étal au marché avec des cris de joie.
     
    Je suis mélangée. Pétrie de deux cultures. Ni d'ici ni de là-bas, mais à la fois de là-bas et d'ici. Quitter le pays dans lequel j'ai grandi m'a permis de m'en détacher et de l'aimer un peu plus. De réaliser que la France, c'est incroyablement beau, avec ses vieilles pierres et ses paysages variés, son odeur des pins au bord de la mer et ses terrasses mignonnes. J'apprécie maintenant y séjourner, avec ce qu'il faut de recul pour ne pas m'enflammer dans des luttes qui  ne sont plus les miennes et qui pourtant m'importent tant. Mon regard est moins acerbe, plus compréhensif. Je n'ai pas quitté la France par désamour, mais elle me semblait acquise, dévoilée, brute. Elle m'apparaît maintenant dans ses nuances, ses ombres, ses pétillements, et j'ai découvert que je l'aimais.
    À l'inverse, je suis arrivée acquise au Québec. Toute cette nouveauté, c'était magique. La neige ? Tellement belle ! Les grosses voitures ? Tellement dépaysantes ! La poutine ? Tellement goûteuse ! Les québécois ? Tellement gentils ! Et puis, l'isolement, les difficultés, l'éloignement, le mois d'avril qui n'en finit pas. Être perçue comme l'étrangère, toujours. J'ai appris à voir aussi les nuances de ce pays d'accueil, à en accepter les failles, à en découvrir le fonctionnement et à en apprécier les délices. J'ai pris et j'ai laissé, j'ai pilé sur moi, et j'ai fini par m'acclimater, doucement. Pas juste parce que je sais ce que veut dire "pogner un flat". Mais parce que je fonctionne sans gros heurts dans la société qui m'entoure.
     
    Et puis, les douleurs que les expats connaissent. Cette nuit dans l'avion pris en urgence, sans contact avec le sol, à ne pas savoir si l'être cher sera toujours en vie à l'arrivée pour qu'on lui dise au revoir. Les Noël sur Skype, à trinquer avec son chat parce qu'on n'a pas osé accepter l'invitation de ses amis dans leur famille, pour ne pas déranger. Ces questionnements sur l'avenir : ici, là-bas ? Ailleurs ? Ces gens aimés qui se marient, qui ont des enfants, et toi qui n'es toujours pas sur les photos du grand jour. Celles et ceux qui s'éloignent aussi, ou qui croient que tu es en perpétuelles vacances et qui repartent frustrés que tu aies dû travailler pendant leur séjour chez toi. 
     
    Sauf que. Il y a le retour des beaux jours, le Saint-Laurent majestueux et l'incroyable lumière des couchers de soleil d'ici. Il y a le plein emploi, le salaire valorisant, les possibilités professionnelles. Il y a le jour où tu te surprends à échanger avec tes collègues sur le fait que quand même, y en a beaucoup des français icitte, pff, on n'entend que ça dans la rue !  L'habitude que tu as prise de passer chercher ton (grand) café en allant travailler ou de souper pendant ton cours (d'ailleurs, tu dis "souper"), ton avis sur la politique qui s'affine, ton inscription au compost communautaire de ton quartier et au panier bio du maraîcher. Tu te rends compte que tu cherches du sucre d'érable chez Carrefour... mais aussi que tu cherches ta pâte feuilletée bio chez IGA. 
     
    Aujourd'hui, au bout de 7 ans et demi, j'ai l'impression de porter en moi une double culture, un heureux mélange, une complexité qui me rend fière. L'immigration n'est plus un sujet cantonné au journal télévisé, je bondis quand j'entends des discours expliquant que les immigrants veulent transformer le pays d'accueil ou profiter des aides sociales. C'est plus compliqué que ça, l'immigration. C'est un défi à relever, qui nous apprend beaucoup, à commencer par nos propres contradictions. Ça ne se prend pas à la légère, mais ce n'est pas la fin du monde non plus, surtout quand on a un passeport qui nous permet de faire machine arrière. L'immigration aujourd'hui fait partie de mon identité, identité multiple, complexe, joyeuse. Je suis un peu française, mais plus vraiment ; un peu québécoise, mais pas complètement.
     
    J'aurais aimé pouvoir dire tout ça à la moi d'il y a sept ans, qui n'avait pas mesuré les défis qu'allait poser la première année. "Ne t'inquiète pas, l'aventure est belle". ❤️
×
×
  • Créer...
Ouvrir un compte bancaire avant mon départ
© 2024 immigrer.com

Advertisement