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B@bouk

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    B@bouk a reçu une réaction de Cousine pour un billet, Bilan après un an (ou presque...)   
    Bilan après un an (ou presque...)
     
    Chaque projet d’immigration est unique. Il n’appartient qu’à ceux qui le vivent et reste fondamentalement dépendant des conditions dans lesquelles il émerge. Chaque personne, qui quitte son pays pour aller s’installer dans un autre, projette des attentes, des envies ou des besoins dans sa volonté de changement. Si certaines expériences apportent des clés, des indices sur ce qu’il faut faire, ou pas, aucune ne peut vraiment se calquer à la nôtre. Aussi, ce bilan dressé après un an passé ici, n’est que le nôtre. Uniquement le nôtre. Notre expérience peut se partager, mais ne doit pas être perçue comme une vérité, ni comme une réalité qui s’impose à tous. Elle n’est que le reflet de ce que nous avons découvert et vécu, en lien avec notre parcours de vie et avec les attentes que nous avions placées dans ce désir de départ. Chaque projet d’immigration est unique.
     
    Émigrer, immigrer, est une épreuve et une aventure.
    Peu importe ce que nous cherchons dans ce nouveau départ, peu importe les motivations qui nous poussent à le faire, cette expérience est une épreuve. Une épreuve personnelle et familiale. Une épreuve difficile humainement, socialement et professionnellement. Une épreuve qui nous transforme. Mais c’est également une aventure extraordinaire, qui nous amène à nous dépasser, à affronter nos craintes, à remettre en cause nos acquis, à sortir de notre zone de confort ; une aventure propice à la remise en question, à l’introspection, qui nous apprend beaucoup sur nous-même. Une aventure riche d’enseignements et d’apprentissages, pour nous, pour nos enfants.
    Voilà donc bientôt un an que nous avons foulé le sol de cette nouvelle vie. Un projet qui a vu le jour voilà plus de dix ans, après le visionnement d’un reportage sur une famille qui traversait le continent américain, avec pour objectif d’aller manger du sirop d’érable coulé sur une petite cuillère de neige, à Québec, le soir de Noël. Une fois la télévision éteinte, nous nous étions dit que, nous aussi, nous ferions cela un jour. Sans y prêter trop attention, le projet a mûri dans nos têtes. Le Québec était toujours en toile de fond, malgré notre vie qui se poursuivait ailleurs. Jusqu’à ce séjour de découverte, à l’été 2012, qui a définitivement scellé notre désir de tenter l’aventure. En décembre de la même année, le dossier d’immigration était lancé. Deux ans et demi de procédures administratives plus tard, le projet est devenu réalité. Le 23 juillet 2015, toute la petite famille (deux adultes, notre fille de 13 ans, notre fils de 10 ans et notre vieux toutou) a posé le pied en terre inconnue, avec quatre valises, quelques cartons, et de quoi subsister quatre ou cinq mois sans travail. Rien de plus. Tout un défi !
     
    Le sentiment prédominant chez moi le jour de notre arrivée a, sans conteste, été la solitude. Une fois passées la longueur des procédures, l’excitation du déménagement, la tristesse des au-revoir, une fois achevées les dernières procédures au bureau de l’immigration et après avoir entendu de la bouche de la préposée la petite phrase libératrice « bienvenue au Québec », ce projet d’immigration s’est révélé à moi, dans toute sa réalité, le soir où nous nous sommes retrouvés seuls, tous les quatre, avec nos valises, dans la maison que nos amis nous ont si gentiment prêtée pour notre première nuit à Montréal. Une solitude qui s’est accompagnée d’un flot de questionnements, de craintes et d’angoisses. Une solitude engendrée par nos seuls choix. Une solitude à affronter et à assumer. Le début de notre vie québécoise.
    Il est incroyable de constater comment, dans ces moments où nous perdons tous nos repères, nos instincts les plus primaires se réveillent en nous. Manger, boire, dormir, s’assurer que tout notre petit monde va bien. Voilà les premières préoccupations, très matérielles, qui ont été les nôtres en ce premier jour. Subvenir à l’essentiel. Passer symboliquement le cap de la première nuit pour pouvoir se dire « un jour de passé, c’est bon. Il peut y en avoir plein d’autres alors. » Une réflexion qui peut sembler idiote, mais qui a été la mienne et ces premiers instants. Le deuxième jour, s’est posée la question du toit à mettre sur notre tête. Le contact téléphonique avec le propriétaire, établi depuis la France et finalisé par la signature du bail, a été bon. Mais on ne peut s’empêcher de penser que ce n’était qu’un bout de papier signé à des milliers de kilomètres, sans garantie autre que la parole donnée, et que des surprises, bonnes ou mauvaises, peuvent toujours survenir. Nous concernant, cela a été une bonne surprise. Tout s’est déroulé pour le mieux et, même s’il nous a fallu plusieurs jours pour nettoyer et investir les lieux, nous avions enfin un domicile à Québec. Soulagement.
     
    Les premières semaines de cette nouvelle vie ont été bercées au rythme des procédures administratives, encore et toujours. Cela nous a permis de nous familiariser peu à peu avec la ville, que nous parcourions en bus, par choix de ne pas investir dans une voiture. Notre logement est situé en plein centre-ville et ce poste de dépenses n’a pas été, volontairement, prévu au budget (nous optons, depuis bientôt un an, par les déplacements en transports en commun et avons recours à de la location ponctuelle de voiture pour les jours où ce besoin se fait sentir. Un bon compromis pour nous). Mais revenons à ces premiers jours, rythmés par les démarches administratives. Certains diront qu’elles sont fastidieuses. Peut-être. Pour nous, chacune d’elle a marqué un point de fixation à notre pays d’accueil. Le numéro d’assurance sociale, indispensable pour travailler, première victoire. La carte d’assurance maladie, le permis de conduire québécois, l’obtention de notre carte bancaire, autant de procédures qui ont scellé cette nouvelle appartenance à la société québécoise. Jusqu’à l’obtention de notre carte de résidents permanents, que nous avons si longuement attendue et qui a achevé de faire de nous des citoyens, au sens symbolique du terme. Migrants, résidents permanents, certes, mais citoyens dans nos têtes.
     
    S’intégrer dans cette nouvelle société, n’a pas été difficile. L’état d’esprit dans lequel cette démarche se fait importe beaucoup. Nous étions influencés par notre première expatriation hors du territoire métropolitain français, lorsque nous sommes partis vivre six ans à l’île de la Réunion. Même si la Réunion est un département français, sa culture, son histoire, sa situation géographique, son climat et son mode de vie singulier nous ont conduits au même effort d’intégration que celui que nous menons ici. Ne pas venir en conquérant. Cela est important. Essentiel même. Ne pas arriver en comparant, même si la réalité fait que cela arrive parfois. Nous avons toujours eu à cœur, à la Réunion comme au Québec, de laisser s’exprimer notre envie de connaitre, d’apprendre, de découvrir, de nous confronter à de nouvelles cultures, à d’autres manières de vivre, de penser et de faire, avec respect et humilité. Tout comme nous avons toujours eu le souci de ne pas passer pour les Z’oreils, au sens péjoratif du terme, à la Réunion, nous avons le même souci de ne pas passer pour les maudits français, ici. Je pense qu’à ce jour, nous suivons fidèlement cette ligne de conduite.
     
    Notre fille aînée, âgée de treize ans, a été parti prenant dans cette aventure, à l’opposé de son frère. Elle s’est toujours montrée investie auprès de nous et a toujours fait sentir sa volonté de mener le projet à son terme. Elle a également, très certainement, dissimulé et tu beaucoup de ses appréhensions et de ses craintes, par souci de nous préserver. Je sais qu’elle a pu vivre, en silence, des moments difficiles et je comprends parfois certaines de ses réactions virulentes, qui ne sont pas uniquement liées à la simple manifestation de son adolescence naissante. Partir avec des enfants, les faire embarquer dans notre train, n’est pas chose facile, même lorsqu’ils adhèrent, à minima, à notre projet. Il faut savoir décoder certains comportements et prendre le temps de parler.
    La rentrée scolaire a été chargée d’émotion. Un sentiment très particulier m’a envahi, lorsque j’ai laissé mon fils de dix ans traverser la cour d’école à l’appel de son nom. Je l’ai regardé partir, dos à moi, vers de nouveaux camarades, un nouvel instituteur, une nouvelle école, une nouvelle vie. Lui qui n’a jamais adhéré à ce projet, qui a toujours catégoriquement refusé de nous accompagner, qui aurait tant voulu rester en France, auprès de ses amis, de notre famille, et que nous avons déraciné de force. Je l’ai regardé partir, perdu au milieu de cette foule bruyante, me cherchant du regard, subissant tant bien que mal une situation qu’il avait toujours refusée, faisant visiblement des efforts pour ne pas céder à la panique et aux larmes. Je me suis dit que nous avions le devoir de réussir. Coûte que coûte. Il le fallait. Impossible d’échouer, car il ne nous le pardonnerait jamais. Le temps a fait son œuvre et notre garçon semble aujourd’hui heureux, ou tout du moins content, de cette nouvelle vie. Mais il nous a reproché longtemps, et nous reproche encore parfois, le déracinement que nous lui avons fait vivre.
    Immigrer, tout quitter, c’est aussi assumer le risque que nos enfants ne partagent pas notre projet. Un obstacle très sérieux à prendre en compte et à vivre. Une expérience parfois douloureuse pour tous. Le dialogue est toujours ouvert à la maison et chacun peut exprimer ses ressentis sans crainte d’être jugé. Libérer la parole est d’une aide précieuse dans des circonstances difficiles. Nous prenons régulièrement le temps de laisser nos enfants parler, verbaliser, exprimer leurs émotions face à cette nouvelle vie. Nous constatons qu’au fil du temps, ils l’apprécient et parviennent à se tisser un nouveau réseau social. Ils nouent de nouvelles amitiés, se créent de nouveaux repères, montent de nouveaux projets. Ils avancent, ils s’adaptent. Comme nous.
     
    S’adapter, s’intégrer, sont des mots qui, pour nous, ont été synonymes de travail. Nous sommes venus au Québec sans emploi. Trouver un travail à des milliers de kilomètres de distances, sur un marché du travail très flexible, dans lequel tout peut se jouer en quelques heures seulement, nous est apparu vain. Nous avons opté pour le pragmatisme en nous disant que notre dossier d’immigration avait été retenu et classé prioritaire, au regard de nos domaines de formation (responsable d’établissement pour personnes âgées ou dépendantes concernant mon épouse et éducateur spécialisé me concernant). Cela signifiait pour nous, au regard des critères drastiques d’immigration fixés par le Canada et le Québec, que nos métiers trouveraient certainement des débouchés ici. C’était un pari sur l’avenir à prendre. Nous l’avons pris.
    Depuis le début de notre projet, nous savions que nos économies ne nous permettraient pas d’aller au-delà des fêtes de fin d’années si nous ne trouvions pas rapidement de travail. Trois semaines après notre arrivée, le temps de nous installer, nous avons intégré un club de recherche d’emploi. Ces clubs permettent de réseauter rapidement et de faciliter l’accès au marché caché du travail. Ainsi, si 20 à 30% des offres de travail sont disponibles à tous sur internet ou dans divers supports d’annonces, l’essentiel des postes à pourvoir (entre 70 et 80% selon les chiffres avancés au sein du club de recherche) se trouve par le biais de l’exploration du marché caché (annonces paraissant à l’interne des entreprises, postes allant s’ouvrir sans affichage officiel, bouche-à-oreille, démarchage informel d’employeur, rencontres diverses, etc.). Il nous a fallu travailler autour de notre CV, nous préparer à démarcher de potentiels employeurs, à passer des entrevues d’embauche, nous adapter à de nouvelles terminologies d’emplois, accepter de repartir de plus bas (peut-être le plus difficile). Une véritable remise en cause à faire, qui n’a pas été des plus simples. Nous avions, mon épouse et moi-même, des emplois satisfaisants en France, qui nous permettaient de vivre correctement. J’étais employé de la fonction publique. Un emploi des plus stables. L’acceptation, le deuil de cet emploi, n’a pas été facile. Il m’a fallu plusieurs semaines pour digérer ce changement. Malgré les difficultés, cette expérience a été des plus concluantes, puisque nous avons eu la chance de retrouver facilement du travail. Des rencontres fortuites, des coïncidences heureuses, mais aussi la volonté et l’acharnement à vouloir décrocher quelque chose vaille que vaille, ont eu raison de nos doutes. Un mois après notre arrivée, j’ai retrouvé un emploi. Un mois plus tard, mon épouse travaillait. Le soulagement ressenti a été énorme, même si la réalité de ce marché du travail fait que rien n’est jamais joué d’avance et qu’il faut se préparer à être débarqué du jour au lendemain. Nous connaissons les règles de ce jeu et les avons acceptées, en nous disant que s’il est facile de perdre son emploi, il est également facile d’en retrouver un. La peur n’évitant pas le danger, nous profitons de chaque jour et le prenons pour ce qu’il est : une vie à lui tout seul.
     
    Des bilans, nous en avons fait. Plein. Quotidiennement ! Lorsque notre vie est à ce point bouleversée, chaque expérience est l’occasion de faire le point, ou presque. Certains jours ont été plus prospères que d’autres. Le cap des premiers mois est important à franchir. Trois mois ? Six mois ? Le délai varie selon chacun. Me concernant, il a fallu près de huit mois pour stabiliser mon moral, mes humeurs, pour être rassuré et confiant, pour être dans une dynamique plus positive. J’ai réellement connu des hauts saisissants et des bas vertigineux, en l’espace de quelques jours, voire quelques heures. Le prix à payer pour vivre une autre vie. Une autre vie ? Vraiment ?
    Le processus d’immigration est usant physiquement et nerveusement, même quand il est bien préparé. Il faut être solide pour affronter tous les obstacles qui se dressent devant soi, et nous comprenons que certains puissent renoncer. Nous concernant, nous n’y avons pas pensé. Nous nous sommes dit que nous n’avions pas vécu deux ans et demi de procédures pour abandonner sans nous laisser une chance de réussir. Des échéances ? Nous n’en avons pas. Pas vraiment. Nous ne nous fixons pas de durée pour rester ici. Nous ne savons pas si nous rentrerons, ou pas, un jour nous établir en France, ou ailleurs. Nous profitons de chaque jour en nous disant que l’avenir nous dira quoi faire.
    Notre intégration se poursuit. Notre réseau social, amical et professionnel se modèle. Nos repères s’ancrent peu à peu. Nous nous posons et sentons une grande fatigue nous gagner. Les mois écoulés n’ont pas épargné les organismes. Malgré les difficultés, nous savourons le goût de cette expérience. Nous sommes heureux de vivre les changements que nous avons occasionnés, car les changements, même radicaux, sont toujours bénéfiques. Nous avons beaucoup appris sur nous-mêmes, sur nos capacités d’adaptation. Nous savons qu’il faut tenter sa chance lorsque l’occasion se présente.
    Aujourd’hui, nous sommes conscients des risques que nous avons pris en réalisant ce projet. Même s’ils étaient anticipés et planifiés, les vivre a été une épreuve et une aventure formidables. Tout n’est pas, non plus, encore gagné et beaucoup d’obstacles risquent encore de se dresser sur notre route. Mais nous restons confiants. Confiants en nous-mêmes, confiants en nos enfants et confiants en l’avenir.
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    B@bouk a reçu une réaction de Neige pour un billet, Bilan après un an (ou presque...)   
    Bilan après un an (ou presque...)
     
    Chaque projet d’immigration est unique. Il n’appartient qu’à ceux qui le vivent et reste fondamentalement dépendant des conditions dans lesquelles il émerge. Chaque personne, qui quitte son pays pour aller s’installer dans un autre, projette des attentes, des envies ou des besoins dans sa volonté de changement. Si certaines expériences apportent des clés, des indices sur ce qu’il faut faire, ou pas, aucune ne peut vraiment se calquer à la nôtre. Aussi, ce bilan dressé après un an passé ici, n’est que le nôtre. Uniquement le nôtre. Notre expérience peut se partager, mais ne doit pas être perçue comme une vérité, ni comme une réalité qui s’impose à tous. Elle n’est que le reflet de ce que nous avons découvert et vécu, en lien avec notre parcours de vie et avec les attentes que nous avions placées dans ce désir de départ. Chaque projet d’immigration est unique.
     
    Émigrer, immigrer, est une épreuve et une aventure.
    Peu importe ce que nous cherchons dans ce nouveau départ, peu importe les motivations qui nous poussent à le faire, cette expérience est une épreuve. Une épreuve personnelle et familiale. Une épreuve difficile humainement, socialement et professionnellement. Une épreuve qui nous transforme. Mais c’est également une aventure extraordinaire, qui nous amène à nous dépasser, à affronter nos craintes, à remettre en cause nos acquis, à sortir de notre zone de confort ; une aventure propice à la remise en question, à l’introspection, qui nous apprend beaucoup sur nous-même. Une aventure riche d’enseignements et d’apprentissages, pour nous, pour nos enfants.
    Voilà donc bientôt un an que nous avons foulé le sol de cette nouvelle vie. Un projet qui a vu le jour voilà plus de dix ans, après le visionnement d’un reportage sur une famille qui traversait le continent américain, avec pour objectif d’aller manger du sirop d’érable coulé sur une petite cuillère de neige, à Québec, le soir de Noël. Une fois la télévision éteinte, nous nous étions dit que, nous aussi, nous ferions cela un jour. Sans y prêter trop attention, le projet a mûri dans nos têtes. Le Québec était toujours en toile de fond, malgré notre vie qui se poursuivait ailleurs. Jusqu’à ce séjour de découverte, à l’été 2012, qui a définitivement scellé notre désir de tenter l’aventure. En décembre de la même année, le dossier d’immigration était lancé. Deux ans et demi de procédures administratives plus tard, le projet est devenu réalité. Le 23 juillet 2015, toute la petite famille (deux adultes, notre fille de 13 ans, notre fils de 10 ans et notre vieux toutou) a posé le pied en terre inconnue, avec quatre valises, quelques cartons, et de quoi subsister quatre ou cinq mois sans travail. Rien de plus. Tout un défi !
     
    Le sentiment prédominant chez moi le jour de notre arrivée a, sans conteste, été la solitude. Une fois passées la longueur des procédures, l’excitation du déménagement, la tristesse des au-revoir, une fois achevées les dernières procédures au bureau de l’immigration et après avoir entendu de la bouche de la préposée la petite phrase libératrice « bienvenue au Québec », ce projet d’immigration s’est révélé à moi, dans toute sa réalité, le soir où nous nous sommes retrouvés seuls, tous les quatre, avec nos valises, dans la maison que nos amis nous ont si gentiment prêtée pour notre première nuit à Montréal. Une solitude qui s’est accompagnée d’un flot de questionnements, de craintes et d’angoisses. Une solitude engendrée par nos seuls choix. Une solitude à affronter et à assumer. Le début de notre vie québécoise.
    Il est incroyable de constater comment, dans ces moments où nous perdons tous nos repères, nos instincts les plus primaires se réveillent en nous. Manger, boire, dormir, s’assurer que tout notre petit monde va bien. Voilà les premières préoccupations, très matérielles, qui ont été les nôtres en ce premier jour. Subvenir à l’essentiel. Passer symboliquement le cap de la première nuit pour pouvoir se dire « un jour de passé, c’est bon. Il peut y en avoir plein d’autres alors. » Une réflexion qui peut sembler idiote, mais qui a été la mienne et ces premiers instants. Le deuxième jour, s’est posée la question du toit à mettre sur notre tête. Le contact téléphonique avec le propriétaire, établi depuis la France et finalisé par la signature du bail, a été bon. Mais on ne peut s’empêcher de penser que ce n’était qu’un bout de papier signé à des milliers de kilomètres, sans garantie autre que la parole donnée, et que des surprises, bonnes ou mauvaises, peuvent toujours survenir. Nous concernant, cela a été une bonne surprise. Tout s’est déroulé pour le mieux et, même s’il nous a fallu plusieurs jours pour nettoyer et investir les lieux, nous avions enfin un domicile à Québec. Soulagement.
     
    Les premières semaines de cette nouvelle vie ont été bercées au rythme des procédures administratives, encore et toujours. Cela nous a permis de nous familiariser peu à peu avec la ville, que nous parcourions en bus, par choix de ne pas investir dans une voiture. Notre logement est situé en plein centre-ville et ce poste de dépenses n’a pas été, volontairement, prévu au budget (nous optons, depuis bientôt un an, par les déplacements en transports en commun et avons recours à de la location ponctuelle de voiture pour les jours où ce besoin se fait sentir. Un bon compromis pour nous). Mais revenons à ces premiers jours, rythmés par les démarches administratives. Certains diront qu’elles sont fastidieuses. Peut-être. Pour nous, chacune d’elle a marqué un point de fixation à notre pays d’accueil. Le numéro d’assurance sociale, indispensable pour travailler, première victoire. La carte d’assurance maladie, le permis de conduire québécois, l’obtention de notre carte bancaire, autant de procédures qui ont scellé cette nouvelle appartenance à la société québécoise. Jusqu’à l’obtention de notre carte de résidents permanents, que nous avons si longuement attendue et qui a achevé de faire de nous des citoyens, au sens symbolique du terme. Migrants, résidents permanents, certes, mais citoyens dans nos têtes.
     
    S’intégrer dans cette nouvelle société, n’a pas été difficile. L’état d’esprit dans lequel cette démarche se fait importe beaucoup. Nous étions influencés par notre première expatriation hors du territoire métropolitain français, lorsque nous sommes partis vivre six ans à l’île de la Réunion. Même si la Réunion est un département français, sa culture, son histoire, sa situation géographique, son climat et son mode de vie singulier nous ont conduits au même effort d’intégration que celui que nous menons ici. Ne pas venir en conquérant. Cela est important. Essentiel même. Ne pas arriver en comparant, même si la réalité fait que cela arrive parfois. Nous avons toujours eu à cœur, à la Réunion comme au Québec, de laisser s’exprimer notre envie de connaitre, d’apprendre, de découvrir, de nous confronter à de nouvelles cultures, à d’autres manières de vivre, de penser et de faire, avec respect et humilité. Tout comme nous avons toujours eu le souci de ne pas passer pour les Z’oreils, au sens péjoratif du terme, à la Réunion, nous avons le même souci de ne pas passer pour les maudits français, ici. Je pense qu’à ce jour, nous suivons fidèlement cette ligne de conduite.
     
    Notre fille aînée, âgée de treize ans, a été parti prenant dans cette aventure, à l’opposé de son frère. Elle s’est toujours montrée investie auprès de nous et a toujours fait sentir sa volonté de mener le projet à son terme. Elle a également, très certainement, dissimulé et tu beaucoup de ses appréhensions et de ses craintes, par souci de nous préserver. Je sais qu’elle a pu vivre, en silence, des moments difficiles et je comprends parfois certaines de ses réactions virulentes, qui ne sont pas uniquement liées à la simple manifestation de son adolescence naissante. Partir avec des enfants, les faire embarquer dans notre train, n’est pas chose facile, même lorsqu’ils adhèrent, à minima, à notre projet. Il faut savoir décoder certains comportements et prendre le temps de parler.
    La rentrée scolaire a été chargée d’émotion. Un sentiment très particulier m’a envahi, lorsque j’ai laissé mon fils de dix ans traverser la cour d’école à l’appel de son nom. Je l’ai regardé partir, dos à moi, vers de nouveaux camarades, un nouvel instituteur, une nouvelle école, une nouvelle vie. Lui qui n’a jamais adhéré à ce projet, qui a toujours catégoriquement refusé de nous accompagner, qui aurait tant voulu rester en France, auprès de ses amis, de notre famille, et que nous avons déraciné de force. Je l’ai regardé partir, perdu au milieu de cette foule bruyante, me cherchant du regard, subissant tant bien que mal une situation qu’il avait toujours refusée, faisant visiblement des efforts pour ne pas céder à la panique et aux larmes. Je me suis dit que nous avions le devoir de réussir. Coûte que coûte. Il le fallait. Impossible d’échouer, car il ne nous le pardonnerait jamais. Le temps a fait son œuvre et notre garçon semble aujourd’hui heureux, ou tout du moins content, de cette nouvelle vie. Mais il nous a reproché longtemps, et nous reproche encore parfois, le déracinement que nous lui avons fait vivre.
    Immigrer, tout quitter, c’est aussi assumer le risque que nos enfants ne partagent pas notre projet. Un obstacle très sérieux à prendre en compte et à vivre. Une expérience parfois douloureuse pour tous. Le dialogue est toujours ouvert à la maison et chacun peut exprimer ses ressentis sans crainte d’être jugé. Libérer la parole est d’une aide précieuse dans des circonstances difficiles. Nous prenons régulièrement le temps de laisser nos enfants parler, verbaliser, exprimer leurs émotions face à cette nouvelle vie. Nous constatons qu’au fil du temps, ils l’apprécient et parviennent à se tisser un nouveau réseau social. Ils nouent de nouvelles amitiés, se créent de nouveaux repères, montent de nouveaux projets. Ils avancent, ils s’adaptent. Comme nous.
     
    S’adapter, s’intégrer, sont des mots qui, pour nous, ont été synonymes de travail. Nous sommes venus au Québec sans emploi. Trouver un travail à des milliers de kilomètres de distances, sur un marché du travail très flexible, dans lequel tout peut se jouer en quelques heures seulement, nous est apparu vain. Nous avons opté pour le pragmatisme en nous disant que notre dossier d’immigration avait été retenu et classé prioritaire, au regard de nos domaines de formation (responsable d’établissement pour personnes âgées ou dépendantes concernant mon épouse et éducateur spécialisé me concernant). Cela signifiait pour nous, au regard des critères drastiques d’immigration fixés par le Canada et le Québec, que nos métiers trouveraient certainement des débouchés ici. C’était un pari sur l’avenir à prendre. Nous l’avons pris.
    Depuis le début de notre projet, nous savions que nos économies ne nous permettraient pas d’aller au-delà des fêtes de fin d’années si nous ne trouvions pas rapidement de travail. Trois semaines après notre arrivée, le temps de nous installer, nous avons intégré un club de recherche d’emploi. Ces clubs permettent de réseauter rapidement et de faciliter l’accès au marché caché du travail. Ainsi, si 20 à 30% des offres de travail sont disponibles à tous sur internet ou dans divers supports d’annonces, l’essentiel des postes à pourvoir (entre 70 et 80% selon les chiffres avancés au sein du club de recherche) se trouve par le biais de l’exploration du marché caché (annonces paraissant à l’interne des entreprises, postes allant s’ouvrir sans affichage officiel, bouche-à-oreille, démarchage informel d’employeur, rencontres diverses, etc.). Il nous a fallu travailler autour de notre CV, nous préparer à démarcher de potentiels employeurs, à passer des entrevues d’embauche, nous adapter à de nouvelles terminologies d’emplois, accepter de repartir de plus bas (peut-être le plus difficile). Une véritable remise en cause à faire, qui n’a pas été des plus simples. Nous avions, mon épouse et moi-même, des emplois satisfaisants en France, qui nous permettaient de vivre correctement. J’étais employé de la fonction publique. Un emploi des plus stables. L’acceptation, le deuil de cet emploi, n’a pas été facile. Il m’a fallu plusieurs semaines pour digérer ce changement. Malgré les difficultés, cette expérience a été des plus concluantes, puisque nous avons eu la chance de retrouver facilement du travail. Des rencontres fortuites, des coïncidences heureuses, mais aussi la volonté et l’acharnement à vouloir décrocher quelque chose vaille que vaille, ont eu raison de nos doutes. Un mois après notre arrivée, j’ai retrouvé un emploi. Un mois plus tard, mon épouse travaillait. Le soulagement ressenti a été énorme, même si la réalité de ce marché du travail fait que rien n’est jamais joué d’avance et qu’il faut se préparer à être débarqué du jour au lendemain. Nous connaissons les règles de ce jeu et les avons acceptées, en nous disant que s’il est facile de perdre son emploi, il est également facile d’en retrouver un. La peur n’évitant pas le danger, nous profitons de chaque jour et le prenons pour ce qu’il est : une vie à lui tout seul.
     
    Des bilans, nous en avons fait. Plein. Quotidiennement ! Lorsque notre vie est à ce point bouleversée, chaque expérience est l’occasion de faire le point, ou presque. Certains jours ont été plus prospères que d’autres. Le cap des premiers mois est important à franchir. Trois mois ? Six mois ? Le délai varie selon chacun. Me concernant, il a fallu près de huit mois pour stabiliser mon moral, mes humeurs, pour être rassuré et confiant, pour être dans une dynamique plus positive. J’ai réellement connu des hauts saisissants et des bas vertigineux, en l’espace de quelques jours, voire quelques heures. Le prix à payer pour vivre une autre vie. Une autre vie ? Vraiment ?
    Le processus d’immigration est usant physiquement et nerveusement, même quand il est bien préparé. Il faut être solide pour affronter tous les obstacles qui se dressent devant soi, et nous comprenons que certains puissent renoncer. Nous concernant, nous n’y avons pas pensé. Nous nous sommes dit que nous n’avions pas vécu deux ans et demi de procédures pour abandonner sans nous laisser une chance de réussir. Des échéances ? Nous n’en avons pas. Pas vraiment. Nous ne nous fixons pas de durée pour rester ici. Nous ne savons pas si nous rentrerons, ou pas, un jour nous établir en France, ou ailleurs. Nous profitons de chaque jour en nous disant que l’avenir nous dira quoi faire.
    Notre intégration se poursuit. Notre réseau social, amical et professionnel se modèle. Nos repères s’ancrent peu à peu. Nous nous posons et sentons une grande fatigue nous gagner. Les mois écoulés n’ont pas épargné les organismes. Malgré les difficultés, nous savourons le goût de cette expérience. Nous sommes heureux de vivre les changements que nous avons occasionnés, car les changements, même radicaux, sont toujours bénéfiques. Nous avons beaucoup appris sur nous-mêmes, sur nos capacités d’adaptation. Nous savons qu’il faut tenter sa chance lorsque l’occasion se présente.
    Aujourd’hui, nous sommes conscients des risques que nous avons pris en réalisant ce projet. Même s’ils étaient anticipés et planifiés, les vivre a été une épreuve et une aventure formidables. Tout n’est pas, non plus, encore gagné et beaucoup d’obstacles risquent encore de se dresser sur notre route. Mais nous restons confiants. Confiants en nous-mêmes, confiants en nos enfants et confiants en l’avenir.
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    B@bouk a reçu une réaction de Les Band'idéas pour un billet, Notre projet d'immigration de A à Z... (livre 2)   
    Juillet 2015 : Le grand départ.
    Ce mois a été marqué par notre départ pour Québec. Derniers coups de collier avant de partir, dernières mises au point, dernière craintes. Voilà comment nous les avions traduits :
    "Ca yest, les inscriptions scolaires des enfants sont faites ! Notre grande entrera en 1ère année du secondaire et notre fils en 5ème année de primaire, à Québec. C'est un soulagement et le signe que notre projet continue d'avancer.
    Côté déménagement, les choses avancent même si nous courons encore après la date définitive d'enlèvement de nos cartons, prévue aux alentours du 16 juillet... Nous relançons le déménageur ces jours-ci. Les voitures sont quasiment vendues. Nous sommes rassurés."
    Quelques jours plus tard, "la date de déménagement est quasiment fixée : entre le 15 et le 17 juillet 2015. Toute la liste de nos effets doit être bouclée ce week-end afin que le déménageur puisse évaluer la taille du camion à nous envoyer.
    On avance (enfin, j'espère !...)"
    Et enfin, "Les déménageurs passent aujourd'hui !Nous sommes prêts pour le grand saut ! Dans une semaine, nous décollons.... Que le temps passe !!!"

    Pour prolonger notre expérience québecoise et faire partager nos rencontres et découvertes, nous avons décidé de créer une page Facebook : "Québec paradis", avec pour objectif de retracer nos aventures par le biais d'une photo par jour !
    En voici le lien : https://www.facebook...796769593774015

    Fin juillet, nous vivions les derniers instants sur le sol français :
    "Visite médicale obligatoire passée par notre toutou hier au soir. Il est autorisé à voyager avec nous et poursuit donc cette aventure ! Décollage demain. Derniers rangements. Derniers coups de balais. Etat des lieux de la maison cet après midi."

    Nous livrions nos pérégrinations quelques jours plus tard :
    " Après avoir retrouvé internet, voici le récit de nos dernières heures en France et de nos premières heures au Québec !

    Quelques heures avant le départ. Dernier coup de collier pour tout boucler. L’état des lieux de la maison s’est déroulé sans encombre. On part manger à l’extérieur. Au retour, énorme orage, pluie diluvienne, nos serviettes de toilette et la caisse de transport du chien, laissée dehors, sont trempées. Plus rien pour prendre la douche. Le coussin de transport du toutou est fichu… Pas grave, on se débrouille. Deux serviettes retrouvées dans un coin feront l’affaire pour nous et les duvets de notre dernière nuit feront office de coussin pour la cage du chien. On s’endort. Epuisés.

    Jour J. Nous sommes levés tôt. Le temps de sortir les affaires et de vider la maison (le propriétaire, malgré l’état des lieux de la veille, nous a autorisés à dormir cette dernière nuit dans la maison. Merci !) et des amis arrivent pour nous accompagner à l’aéroport. On charge les voitures et on part. Nous sommes émus.
    L’arrivée à l’aéroport se passe très bien. La caisse du chien est extrêmement volumineuse, ce qui nous permet de passer devant tout le monde pour enregistrer les bagages et de découvrir les dédales de l’aéroport de Lyon avec notre encombrant compagnon. Nous le laissons à proximité des pistes, au poste de gendarmerie, là où les objets très volumineux peuvent embarquer. Dernier au revoir au toutou. Il part.
    Nous rejoignons la salle d’embarquement, après les au revoir difficiles avec nos amis. L’avion a un peu de retard, mais rien de grave. Nous y sommes presque ! Nous embarquons finalement, pour décoller quelques minutes plus tard. C’est parti ! Le vol se passe sans aucun problème. Nous trouvons le service d’Air Transat très satisfaisant.
    Arrivée à Montréal, sept heures quarante plus tard. Nous sommes ravis. Le passage en douane est une formalité. Quelques questions sur le pourquoi de notre immigration, présentation des passeports, l’agent nous demande de la suivre… Elle nous accompagne jusqu’aux services de l’immigration. « Bienvenue au Canada », nous lance-t-elle avant de repartir. Emotion.
    Dans la salle du bureau d’immigration, nous sommes les seconds. Au bout de quelques minutes, on appelle notre numéro. L’agent des services d’immigration canadienne vérifie nos documents, CRP, CSQ, B4, passeports, et nos coordonnées à Québec. Quelques photocopies et quelques signatures plus tard (à peine 15 minutes), elle nous souhaite elle aussi une bonne arrivée au Canada et nous indique que nos cartes de résidents permanents arriveront d’ci deux mois à notre domicile. Génial !
    Nous passons ensuite au guichet des services d’immigration du Québec. Vérifications de nos CSQ, de nos passeports. Vu que nous pouvons fournir les documents attestant que nous avons suivis les modules du SIEL (Service d’Intégration En Ligne), nous sommes dispensés des rendez-vous d’information auprès des services d’immigration et d’intégration. En 15 minutes à peine, l’affaire est bouclée ! « Bonne installation au Québec, et bonne chance ! ». Ca y est, nous y sommes !!!
    Nous partons récupérer nos bagages et notre chien qui, contre toute espérance, s’est montré détendu et calme en nous attendant. Il patiente sagement dans sa cage, suscitant la curiosité de plein de personnes lorsque nous nous déplaçons avec lui. Le spray hormonal apaisant délivré par notre vétérinaire y est sans doute pour quelque chose. Il nous
    a facilité la vie, à lui et à nous !!! Second passage auprès des douanes car nous voyageons avec un animal. Nous galérons à nous déplacer avec la cage, qui ne tient pas sur un chariot. Le douanier vérifie le carnet de santé de notre animal. Rien à signaler. « Normalement, cette visite est payante, mais vu que vous venez pour la première fois, ça ira. ». Il n’est pas trop gentil ce douanier ?!!! Super ! On s’en va, non sans l’avoir expressément remercié. Nous quittons l’aéroport, une heure trente après avoir quitté l’avion. Tout est donc allé très vite pour nous.

    Cueillette de la voiture de location et départ pour Montréal chez des amis qui nous prêtent très gentiment leur maison pour la nuit alors qu’ils sont en vacances en France. Vraiment tip top, nos amis ! On récupère les clefs chez des voisins et on se pose. Enfin ! Après quelques courses et un léger repas vite avalé, nous nous effondrons sur nos lits. Epuisés. Depuis que nous nous sommes levés le matin, 21 heures se sont écoulées.
    03 heures du matin, nous sommes réveillés. Décalage horaire oblige, nous ne dormons plus. On parle, on discute, on échange des émotions. C’est un moment étrange. Décalé.

    Au petit matin, nous partons pour Québec. Nous redécouvrons les paysages qui nous ont tant plus voilà trois ans, lors de notre voyage ici. Nous arrivons à la pension où notre chien va séjourner quelques jours, le temps que nous nous posions et que nous prenions nos repères. Dur de le quitter…
    Nous arrivons à Québec, nous mangeons un bout sur place et filons à notre appartement où notre propriétaire nous attend. Visite des lieux. Nous sommes ravis. Notre propriétaire, un monsieur en retraite, prend gentiment le temps de nous accompagner à pieds pour une visite du quartier. Boutiques, restaurants, bonnes adresses, écoles, il nous montre tout, avant de m’accompagner en voiture à l’autre bout de la ville pour que je puisse y rendre notre véhicule de location. Il me ramène jusqu’à l’appartement en me faisant visiter la ville pour me montrer quelques points de repères. Avant de me laisser, il me tend un paquet contenant une bouteille de vin. « Tenez, c’est pour vous. Bienvenue au Québec. »
    Elle n’est pas belle la vie ? Ca y est, nous sommes chez nous !

    Lundi, les démarches NAS et RAMQ sont faites, ainsi que l’ouverture du compte Desjardin et réception de nos cartes de débit. Pour le NAS, 10 minutes ont suffit. Il n’y avait personne devant nous. Pour la RAMQ, 45 minutes ont permis de tout boucler. Ici encore, personne devant nous. Le top !
    Depuis ces derniers jours, nous nous consacrons essentiellement au grand nettoyage de notre appartement que les précédents locataires ont laissé dans un état lamentable. On se refait peu à peu un petit nid. On visite, on sort, on découvre. Il y a comme un air de vacances dans l’air… On profite doucement !"


    Août 2015 : transition(s)
    Les démarches administratives et les recherches d'emploi battent leur plein. Peu de temps pour savourer.
    "Réception ce jour de nos 4 cartes d'assurance maladie. 10 jours entre le dépôt du dossier à la RAMQ et la réception des cartes. Efficace !
    A compter de lundi prochain, nous allons intégrer un programme d'aide à la recherche d'emploi d'une durée de trois semaines, nous donnant accès à toutes les techniques québécoises de recherche d'emploi, et notamment le moyen d'accéder au marché caché du travail. Nous espérons pouvoir optimiser nos chances de retrouver rapidement une job.

    Les enfants sont inscrits en camp de jour, où ils sont depuis déjà 2 semaines, histoire de s'immerger parmi un groupe d'enfant de leurs âges. C'est vraiment pas mal car ils se familiarisent avec les pratiques québecoises. Du coup, ils prennent le bus tous seuls (ils ont 10 et 12 ans). Ils pourraient rester seuls à la maison la dernière semaine d'août. Nous ne savons pas encore. Ca fait beaucoup de changement. Nous qui hésitions à les lâcher chez nous, petit village de campagne de 800 habitants, voilà que nous les laissons prendre seuls le bus dans une métropole qui en compte 500 000 ! Mais bon, le côté sécuritaire de la ville y est pour beaucoup. On s'y sent vraiment bien."

    Fin août, "réception de nos permis de conduire. Super !! Le container arrive à Montréal, après 4 semaines de voyage. Correct. Ca frétille au niveau du boulot. Quelques touches qui donnent espoir.
    Opération dédouanement. 6h de route. 2h30 sur place. 32 guichets potentiels. 3 d'ouverts. Le fun ! Mais bon tout est en ordre. On ne va pas trop se plaindre."

    Et puis, le bonheur ! "Job de 3 mois décrochée en tant qu'éducateur en Cegep. Le fun ! On souffle."


    Septembre 2015 : les bonnes nouvelles s'enchainent.
    " Mon épouse vient de décrocher sa job ! Travail permanent à temps plein à deux pas de la maison. Et voilà, nous sommes rendus à un très bon état de notre projet. Nous soufflons enfin."


    Octobre 2015 : fin du processus.
    " 3 de nos cartes de résidents permanents sont arrivées. La 4 ème ne devrait pas tarder. Ça y est, nous touchons à la fin de notre processus. Nous sommes résidents permanents du Canada !!! Le fun !"

    Au milieu du marasme du quotidien, nous prenons le temps de mesurer les avancées faites depuis trois ans. C'est dingue. Notre rêve est devenu réalité. A nous de le mener plus loin. Encore. Toujours.

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    B@bouk a reçu une réaction de Auré84 pour un billet, Toujours en mouvement !   
    Il me prend, parfois, le temps de me poser et de jeter un bref coup d'oeil dans le rétroviseur. Histoire de voir si la route empruntée était la bonne.
    Aujourd'hui, donc, je m'arrête et coupe le moteur.
    Où en suis-je ? Qu'ai-je fait jusqu'ici ? Bref retour en arrière.
     
    Août 2012 : après avoir réfléchi depuis plusieurs années à l'idée de venir nous installer au Québec (l'envie de venir manger une tire d'érable le jour de Noël étant très forte), nous somme donc venus, en famille, pour un voyage de prospection. Une boucle effectuée sur 3 semaines nous a menés de Montréal, à Québec, puis Tadoussac, le fjord du Saguenay, le lac Saint-Jean, les Laurentides, et Trois Rivières. Une vraie découverte. Un coup de coeur. Et l'envie, pourquoi pas, de venir s'installer plus longtemps que 3 semaines. De retour en France, la décision n'a pas tardé : le processus d'immigration était lancé !
    Septembre 2012 : Envoi de la demande d'évaluation comparative des diplômes. Première confrontation avec notre alliée durant cette longue étape : la patience. Et oui, il en faut ! C'est, à mon avis, un bon moyen de tester la motivation à partir. Car de la patience, il en a fallu pour atteindre cette première étape. Le précieux document est arrivé à la maison en novembre 2013. Plus d'un an plus tard.
    Décembre 2012 : Envoi du dossier de demande du Certificat de Sélection pour le Québec. Celui-ci nous sera retourné en mars 2013, pour documents manquants. Coup au moral. Merde ! Trois mois de perdus. Tout est décalé dans le temps. Pas grave, on renvoie le tout.
    Mars 2013 : Renvoi du dossier dûment complété (il faut toujours, toujours, toujours, tout, tout, tout vérifier, re-vérifier, re-re-re-vérifier...). On nous l'avait bien dit pourtant !
    Mars 2014 : Obtention du CSQ. Ça aura été rapide. Notre dossier est passé prioritaire, au regard de nos domaines de formation. Nous étions alors dans d'autres projets personnels et professionnels. Le temps avait fait son travail de sappe. On se fixe donc à nouveau sur l'objectif Québec.
    Mai 2014 : Envoi du dossier fédéral. On patiente. On se prépare un peu plus. On prépare également un peu plus la famille, les proches. Pas simple.
    Octobre 2014 : Visite médicale. Les choses se précisent. À compter de ce jour, nous savons que, si le dossier est accepté, nous avons un an pour nous présenter à la frontière.
    Janvier 2015 : Confirmation de Résidence Permanente ! On claque le champagne. On trinque, tout en restant sur la réserve. On a du mal a partager cette joie que tous, dans notre entourage, ne partagent pas forcément. On l'accepte. On ne juge pas. On comprend. Nous sommes heureux, et angoissés. Plus le droit de faire machine arrière. On y va pour de bon !
    Juillet 2015 : On atterrit dans ce nouveau "chez nous". On se sent seuls, vraiment. Entre le dire, le préparer et y être, il y a une très grosse marche. Mais, nous l'avons franchie sans (trop) de difficultés.
    Août 2015 : Début des recherches d'emploi. Nous avons peu d'économies devant nous et trouver une job est LA priorité !
    Septembre 2015 : Nous trouvons tous les deux un emploi, dans nos domaines, à quelques semaines d'intervalle. On respire mieux. Un nouveau cap est franchi.
    Juillet 2016 : Première bougie sur notre gâteau québécois. Premier bilan. Un an déjà et une belle réussite jusqu'à ce jour. Nous ne regrettons ni les hauts, ni les bas. Nous commençons à nous poser, à nous projeter. Nous avançons.
     
    Bon, jusqu'ici, la route est plutôt bonne.
    On redémarre.
    Moteur !
     

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    B@bouk a donné une réputation à Laurence Comet pour un billet, Top 14 de mes fantasmes !   
    Si tu lis cet article dans l'espoir de découvrir ma vie sexuelle, ne perds pas ton temps : tu vas être déçu !
     
    En revanche, si comme moi tu vis au Canada (ou que tu t'apprêtes à t'y installer), ce billet pourrait t'intéresser car  attention SCOOP : je m'apprête à te livrer mes fantasmes d'expatriée au Canada.
     
    Mais en échange, tu devras à ton tour mes livrer les tiens  ! Marché conclu ? Super !
     
    Alors GO, voici le Top 14 de mes rêves les plus fous, depuis que je me suis installée dans le pays de l'hiver et des grands espaces :
     
    Avoir la même heure que partout dans le monde (et éviter ainsi à Tata Bernadette de m'appeler en pleine nuit, même après 10 ans)


      Acheter du bon fromage à moins de 8$ le morceau


      Mettre à mes (jeunes) enfants leurs habits d'hiver en moins de 10 minute (par enfant) et éviter au premier équipé de sortir tout transpirant !


      Trouver des fruits et des légumes avec du goût


      Me téléporter (pour ne plus dépendre de la distance, du coût des billets d'avion, etc, quand mes proches me manquent... ou la chaleur et la mer !)


      Revenir en pleine forme après mes vacances en France (et effacer les cernes qui trahissent le marathon effectué pour pouvoir voir tout le monde en 2 semaines


      Avoir 10 semaines de vacances (pour aller ailleurs qu'en France pour mes vacances et découvrir de nouvelles destinations)


      Avoir l'accent américain quand je parle anglais (et ne pas me faire répondre "Oh... you are French ?" dès que je pose une question en anglais)


      Vivre dans un hôtel pour pouvoir accueillir les 50 amis & membres de ma famille qui veulent venir me "visiter" la même semaine (alors que les 51 autres semaines, ma chambre d'amis est restée vide)


      Être millionnaire (pour pouvoir prendre mon jet privé quand j'en ai envie, pour ne pas avoir peur de me ruiner en frais de santé si j'ai un problème, pour avoir mon chauffeur privé et ainsi ne plus devoir bouger ma voiture ensevelie sous la neige lors des déneigements)


      Savoir interpréter instantanément les panneaux de stationnement (ça m'a pris 3 ans... et quelques PV !)


      Arrêter de mourir de froid en été dans les magasins


      Arrêter de mourir de chaud l'hiver dans le métro


      Me faire greffer une calculatrice pour calculer instantanément les taxes et les pourboires

     
     
    Voilà, tu sais tout !
     
    À ton tour de partager tes désirs les plus fous depuis que tu vis au Canada... J'ai bien hâte de les connaître... et je ne suis pas la seule !
     
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    B@bouk a reçu une réaction de Tiffany Winny pour un billet, Bilan après un an (ou presque...)   
    Bilan après un an (ou presque...)
     
    Chaque projet d’immigration est unique. Il n’appartient qu’à ceux qui le vivent et reste fondamentalement dépendant des conditions dans lesquelles il émerge. Chaque personne, qui quitte son pays pour aller s’installer dans un autre, projette des attentes, des envies ou des besoins dans sa volonté de changement. Si certaines expériences apportent des clés, des indices sur ce qu’il faut faire, ou pas, aucune ne peut vraiment se calquer à la nôtre. Aussi, ce bilan dressé après un an passé ici, n’est que le nôtre. Uniquement le nôtre. Notre expérience peut se partager, mais ne doit pas être perçue comme une vérité, ni comme une réalité qui s’impose à tous. Elle n’est que le reflet de ce que nous avons découvert et vécu, en lien avec notre parcours de vie et avec les attentes que nous avions placées dans ce désir de départ. Chaque projet d’immigration est unique.
     
    Émigrer, immigrer, est une épreuve et une aventure.
    Peu importe ce que nous cherchons dans ce nouveau départ, peu importe les motivations qui nous poussent à le faire, cette expérience est une épreuve. Une épreuve personnelle et familiale. Une épreuve difficile humainement, socialement et professionnellement. Une épreuve qui nous transforme. Mais c’est également une aventure extraordinaire, qui nous amène à nous dépasser, à affronter nos craintes, à remettre en cause nos acquis, à sortir de notre zone de confort ; une aventure propice à la remise en question, à l’introspection, qui nous apprend beaucoup sur nous-même. Une aventure riche d’enseignements et d’apprentissages, pour nous, pour nos enfants.
    Voilà donc bientôt un an que nous avons foulé le sol de cette nouvelle vie. Un projet qui a vu le jour voilà plus de dix ans, après le visionnement d’un reportage sur une famille qui traversait le continent américain, avec pour objectif d’aller manger du sirop d’érable coulé sur une petite cuillère de neige, à Québec, le soir de Noël. Une fois la télévision éteinte, nous nous étions dit que, nous aussi, nous ferions cela un jour. Sans y prêter trop attention, le projet a mûri dans nos têtes. Le Québec était toujours en toile de fond, malgré notre vie qui se poursuivait ailleurs. Jusqu’à ce séjour de découverte, à l’été 2012, qui a définitivement scellé notre désir de tenter l’aventure. En décembre de la même année, le dossier d’immigration était lancé. Deux ans et demi de procédures administratives plus tard, le projet est devenu réalité. Le 23 juillet 2015, toute la petite famille (deux adultes, notre fille de 13 ans, notre fils de 10 ans et notre vieux toutou) a posé le pied en terre inconnue, avec quatre valises, quelques cartons, et de quoi subsister quatre ou cinq mois sans travail. Rien de plus. Tout un défi !
     
    Le sentiment prédominant chez moi le jour de notre arrivée a, sans conteste, été la solitude. Une fois passées la longueur des procédures, l’excitation du déménagement, la tristesse des au-revoir, une fois achevées les dernières procédures au bureau de l’immigration et après avoir entendu de la bouche de la préposée la petite phrase libératrice « bienvenue au Québec », ce projet d’immigration s’est révélé à moi, dans toute sa réalité, le soir où nous nous sommes retrouvés seuls, tous les quatre, avec nos valises, dans la maison que nos amis nous ont si gentiment prêtée pour notre première nuit à Montréal. Une solitude qui s’est accompagnée d’un flot de questionnements, de craintes et d’angoisses. Une solitude engendrée par nos seuls choix. Une solitude à affronter et à assumer. Le début de notre vie québécoise.
    Il est incroyable de constater comment, dans ces moments où nous perdons tous nos repères, nos instincts les plus primaires se réveillent en nous. Manger, boire, dormir, s’assurer que tout notre petit monde va bien. Voilà les premières préoccupations, très matérielles, qui ont été les nôtres en ce premier jour. Subvenir à l’essentiel. Passer symboliquement le cap de la première nuit pour pouvoir se dire « un jour de passé, c’est bon. Il peut y en avoir plein d’autres alors. » Une réflexion qui peut sembler idiote, mais qui a été la mienne et ces premiers instants. Le deuxième jour, s’est posée la question du toit à mettre sur notre tête. Le contact téléphonique avec le propriétaire, établi depuis la France et finalisé par la signature du bail, a été bon. Mais on ne peut s’empêcher de penser que ce n’était qu’un bout de papier signé à des milliers de kilomètres, sans garantie autre que la parole donnée, et que des surprises, bonnes ou mauvaises, peuvent toujours survenir. Nous concernant, cela a été une bonne surprise. Tout s’est déroulé pour le mieux et, même s’il nous a fallu plusieurs jours pour nettoyer et investir les lieux, nous avions enfin un domicile à Québec. Soulagement.
     
    Les premières semaines de cette nouvelle vie ont été bercées au rythme des procédures administratives, encore et toujours. Cela nous a permis de nous familiariser peu à peu avec la ville, que nous parcourions en bus, par choix de ne pas investir dans une voiture. Notre logement est situé en plein centre-ville et ce poste de dépenses n’a pas été, volontairement, prévu au budget (nous optons, depuis bientôt un an, par les déplacements en transports en commun et avons recours à de la location ponctuelle de voiture pour les jours où ce besoin se fait sentir. Un bon compromis pour nous). Mais revenons à ces premiers jours, rythmés par les démarches administratives. Certains diront qu’elles sont fastidieuses. Peut-être. Pour nous, chacune d’elle a marqué un point de fixation à notre pays d’accueil. Le numéro d’assurance sociale, indispensable pour travailler, première victoire. La carte d’assurance maladie, le permis de conduire québécois, l’obtention de notre carte bancaire, autant de procédures qui ont scellé cette nouvelle appartenance à la société québécoise. Jusqu’à l’obtention de notre carte de résidents permanents, que nous avons si longuement attendue et qui a achevé de faire de nous des citoyens, au sens symbolique du terme. Migrants, résidents permanents, certes, mais citoyens dans nos têtes.
     
    S’intégrer dans cette nouvelle société, n’a pas été difficile. L’état d’esprit dans lequel cette démarche se fait importe beaucoup. Nous étions influencés par notre première expatriation hors du territoire métropolitain français, lorsque nous sommes partis vivre six ans à l’île de la Réunion. Même si la Réunion est un département français, sa culture, son histoire, sa situation géographique, son climat et son mode de vie singulier nous ont conduits au même effort d’intégration que celui que nous menons ici. Ne pas venir en conquérant. Cela est important. Essentiel même. Ne pas arriver en comparant, même si la réalité fait que cela arrive parfois. Nous avons toujours eu à cœur, à la Réunion comme au Québec, de laisser s’exprimer notre envie de connaitre, d’apprendre, de découvrir, de nous confronter à de nouvelles cultures, à d’autres manières de vivre, de penser et de faire, avec respect et humilité. Tout comme nous avons toujours eu le souci de ne pas passer pour les Z’oreils, au sens péjoratif du terme, à la Réunion, nous avons le même souci de ne pas passer pour les maudits français, ici. Je pense qu’à ce jour, nous suivons fidèlement cette ligne de conduite.
     
    Notre fille aînée, âgée de treize ans, a été parti prenant dans cette aventure, à l’opposé de son frère. Elle s’est toujours montrée investie auprès de nous et a toujours fait sentir sa volonté de mener le projet à son terme. Elle a également, très certainement, dissimulé et tu beaucoup de ses appréhensions et de ses craintes, par souci de nous préserver. Je sais qu’elle a pu vivre, en silence, des moments difficiles et je comprends parfois certaines de ses réactions virulentes, qui ne sont pas uniquement liées à la simple manifestation de son adolescence naissante. Partir avec des enfants, les faire embarquer dans notre train, n’est pas chose facile, même lorsqu’ils adhèrent, à minima, à notre projet. Il faut savoir décoder certains comportements et prendre le temps de parler.
    La rentrée scolaire a été chargée d’émotion. Un sentiment très particulier m’a envahi, lorsque j’ai laissé mon fils de dix ans traverser la cour d’école à l’appel de son nom. Je l’ai regardé partir, dos à moi, vers de nouveaux camarades, un nouvel instituteur, une nouvelle école, une nouvelle vie. Lui qui n’a jamais adhéré à ce projet, qui a toujours catégoriquement refusé de nous accompagner, qui aurait tant voulu rester en France, auprès de ses amis, de notre famille, et que nous avons déraciné de force. Je l’ai regardé partir, perdu au milieu de cette foule bruyante, me cherchant du regard, subissant tant bien que mal une situation qu’il avait toujours refusée, faisant visiblement des efforts pour ne pas céder à la panique et aux larmes. Je me suis dit que nous avions le devoir de réussir. Coûte que coûte. Il le fallait. Impossible d’échouer, car il ne nous le pardonnerait jamais. Le temps a fait son œuvre et notre garçon semble aujourd’hui heureux, ou tout du moins content, de cette nouvelle vie. Mais il nous a reproché longtemps, et nous reproche encore parfois, le déracinement que nous lui avons fait vivre.
    Immigrer, tout quitter, c’est aussi assumer le risque que nos enfants ne partagent pas notre projet. Un obstacle très sérieux à prendre en compte et à vivre. Une expérience parfois douloureuse pour tous. Le dialogue est toujours ouvert à la maison et chacun peut exprimer ses ressentis sans crainte d’être jugé. Libérer la parole est d’une aide précieuse dans des circonstances difficiles. Nous prenons régulièrement le temps de laisser nos enfants parler, verbaliser, exprimer leurs émotions face à cette nouvelle vie. Nous constatons qu’au fil du temps, ils l’apprécient et parviennent à se tisser un nouveau réseau social. Ils nouent de nouvelles amitiés, se créent de nouveaux repères, montent de nouveaux projets. Ils avancent, ils s’adaptent. Comme nous.
     
    S’adapter, s’intégrer, sont des mots qui, pour nous, ont été synonymes de travail. Nous sommes venus au Québec sans emploi. Trouver un travail à des milliers de kilomètres de distances, sur un marché du travail très flexible, dans lequel tout peut se jouer en quelques heures seulement, nous est apparu vain. Nous avons opté pour le pragmatisme en nous disant que notre dossier d’immigration avait été retenu et classé prioritaire, au regard de nos domaines de formation (responsable d’établissement pour personnes âgées ou dépendantes concernant mon épouse et éducateur spécialisé me concernant). Cela signifiait pour nous, au regard des critères drastiques d’immigration fixés par le Canada et le Québec, que nos métiers trouveraient certainement des débouchés ici. C’était un pari sur l’avenir à prendre. Nous l’avons pris.
    Depuis le début de notre projet, nous savions que nos économies ne nous permettraient pas d’aller au-delà des fêtes de fin d’années si nous ne trouvions pas rapidement de travail. Trois semaines après notre arrivée, le temps de nous installer, nous avons intégré un club de recherche d’emploi. Ces clubs permettent de réseauter rapidement et de faciliter l’accès au marché caché du travail. Ainsi, si 20 à 30% des offres de travail sont disponibles à tous sur internet ou dans divers supports d’annonces, l’essentiel des postes à pourvoir (entre 70 et 80% selon les chiffres avancés au sein du club de recherche) se trouve par le biais de l’exploration du marché caché (annonces paraissant à l’interne des entreprises, postes allant s’ouvrir sans affichage officiel, bouche-à-oreille, démarchage informel d’employeur, rencontres diverses, etc.). Il nous a fallu travailler autour de notre CV, nous préparer à démarcher de potentiels employeurs, à passer des entrevues d’embauche, nous adapter à de nouvelles terminologies d’emplois, accepter de repartir de plus bas (peut-être le plus difficile). Une véritable remise en cause à faire, qui n’a pas été des plus simples. Nous avions, mon épouse et moi-même, des emplois satisfaisants en France, qui nous permettaient de vivre correctement. J’étais employé de la fonction publique. Un emploi des plus stables. L’acceptation, le deuil de cet emploi, n’a pas été facile. Il m’a fallu plusieurs semaines pour digérer ce changement. Malgré les difficultés, cette expérience a été des plus concluantes, puisque nous avons eu la chance de retrouver facilement du travail. Des rencontres fortuites, des coïncidences heureuses, mais aussi la volonté et l’acharnement à vouloir décrocher quelque chose vaille que vaille, ont eu raison de nos doutes. Un mois après notre arrivée, j’ai retrouvé un emploi. Un mois plus tard, mon épouse travaillait. Le soulagement ressenti a été énorme, même si la réalité de ce marché du travail fait que rien n’est jamais joué d’avance et qu’il faut se préparer à être débarqué du jour au lendemain. Nous connaissons les règles de ce jeu et les avons acceptées, en nous disant que s’il est facile de perdre son emploi, il est également facile d’en retrouver un. La peur n’évitant pas le danger, nous profitons de chaque jour et le prenons pour ce qu’il est : une vie à lui tout seul.
     
    Des bilans, nous en avons fait. Plein. Quotidiennement ! Lorsque notre vie est à ce point bouleversée, chaque expérience est l’occasion de faire le point, ou presque. Certains jours ont été plus prospères que d’autres. Le cap des premiers mois est important à franchir. Trois mois ? Six mois ? Le délai varie selon chacun. Me concernant, il a fallu près de huit mois pour stabiliser mon moral, mes humeurs, pour être rassuré et confiant, pour être dans une dynamique plus positive. J’ai réellement connu des hauts saisissants et des bas vertigineux, en l’espace de quelques jours, voire quelques heures. Le prix à payer pour vivre une autre vie. Une autre vie ? Vraiment ?
    Le processus d’immigration est usant physiquement et nerveusement, même quand il est bien préparé. Il faut être solide pour affronter tous les obstacles qui se dressent devant soi, et nous comprenons que certains puissent renoncer. Nous concernant, nous n’y avons pas pensé. Nous nous sommes dit que nous n’avions pas vécu deux ans et demi de procédures pour abandonner sans nous laisser une chance de réussir. Des échéances ? Nous n’en avons pas. Pas vraiment. Nous ne nous fixons pas de durée pour rester ici. Nous ne savons pas si nous rentrerons, ou pas, un jour nous établir en France, ou ailleurs. Nous profitons de chaque jour en nous disant que l’avenir nous dira quoi faire.
    Notre intégration se poursuit. Notre réseau social, amical et professionnel se modèle. Nos repères s’ancrent peu à peu. Nous nous posons et sentons une grande fatigue nous gagner. Les mois écoulés n’ont pas épargné les organismes. Malgré les difficultés, nous savourons le goût de cette expérience. Nous sommes heureux de vivre les changements que nous avons occasionnés, car les changements, même radicaux, sont toujours bénéfiques. Nous avons beaucoup appris sur nous-mêmes, sur nos capacités d’adaptation. Nous savons qu’il faut tenter sa chance lorsque l’occasion se présente.
    Aujourd’hui, nous sommes conscients des risques que nous avons pris en réalisant ce projet. Même s’ils étaient anticipés et planifiés, les vivre a été une épreuve et une aventure formidables. Tout n’est pas, non plus, encore gagné et beaucoup d’obstacles risquent encore de se dresser sur notre route. Mais nous restons confiants. Confiants en nous-mêmes, confiants en nos enfants et confiants en l’avenir.
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    B@bouk a reçu une réaction de Alba pour un billet, Bilan après un an (ou presque...)   
    Bilan après un an (ou presque...)
     
    Chaque projet d’immigration est unique. Il n’appartient qu’à ceux qui le vivent et reste fondamentalement dépendant des conditions dans lesquelles il émerge. Chaque personne, qui quitte son pays pour aller s’installer dans un autre, projette des attentes, des envies ou des besoins dans sa volonté de changement. Si certaines expériences apportent des clés, des indices sur ce qu’il faut faire, ou pas, aucune ne peut vraiment se calquer à la nôtre. Aussi, ce bilan dressé après un an passé ici, n’est que le nôtre. Uniquement le nôtre. Notre expérience peut se partager, mais ne doit pas être perçue comme une vérité, ni comme une réalité qui s’impose à tous. Elle n’est que le reflet de ce que nous avons découvert et vécu, en lien avec notre parcours de vie et avec les attentes que nous avions placées dans ce désir de départ. Chaque projet d’immigration est unique.
     
    Émigrer, immigrer, est une épreuve et une aventure.
    Peu importe ce que nous cherchons dans ce nouveau départ, peu importe les motivations qui nous poussent à le faire, cette expérience est une épreuve. Une épreuve personnelle et familiale. Une épreuve difficile humainement, socialement et professionnellement. Une épreuve qui nous transforme. Mais c’est également une aventure extraordinaire, qui nous amène à nous dépasser, à affronter nos craintes, à remettre en cause nos acquis, à sortir de notre zone de confort ; une aventure propice à la remise en question, à l’introspection, qui nous apprend beaucoup sur nous-même. Une aventure riche d’enseignements et d’apprentissages, pour nous, pour nos enfants.
    Voilà donc bientôt un an que nous avons foulé le sol de cette nouvelle vie. Un projet qui a vu le jour voilà plus de dix ans, après le visionnement d’un reportage sur une famille qui traversait le continent américain, avec pour objectif d’aller manger du sirop d’érable coulé sur une petite cuillère de neige, à Québec, le soir de Noël. Une fois la télévision éteinte, nous nous étions dit que, nous aussi, nous ferions cela un jour. Sans y prêter trop attention, le projet a mûri dans nos têtes. Le Québec était toujours en toile de fond, malgré notre vie qui se poursuivait ailleurs. Jusqu’à ce séjour de découverte, à l’été 2012, qui a définitivement scellé notre désir de tenter l’aventure. En décembre de la même année, le dossier d’immigration était lancé. Deux ans et demi de procédures administratives plus tard, le projet est devenu réalité. Le 23 juillet 2015, toute la petite famille (deux adultes, notre fille de 13 ans, notre fils de 10 ans et notre vieux toutou) a posé le pied en terre inconnue, avec quatre valises, quelques cartons, et de quoi subsister quatre ou cinq mois sans travail. Rien de plus. Tout un défi !
     
    Le sentiment prédominant chez moi le jour de notre arrivée a, sans conteste, été la solitude. Une fois passées la longueur des procédures, l’excitation du déménagement, la tristesse des au-revoir, une fois achevées les dernières procédures au bureau de l’immigration et après avoir entendu de la bouche de la préposée la petite phrase libératrice « bienvenue au Québec », ce projet d’immigration s’est révélé à moi, dans toute sa réalité, le soir où nous nous sommes retrouvés seuls, tous les quatre, avec nos valises, dans la maison que nos amis nous ont si gentiment prêtée pour notre première nuit à Montréal. Une solitude qui s’est accompagnée d’un flot de questionnements, de craintes et d’angoisses. Une solitude engendrée par nos seuls choix. Une solitude à affronter et à assumer. Le début de notre vie québécoise.
    Il est incroyable de constater comment, dans ces moments où nous perdons tous nos repères, nos instincts les plus primaires se réveillent en nous. Manger, boire, dormir, s’assurer que tout notre petit monde va bien. Voilà les premières préoccupations, très matérielles, qui ont été les nôtres en ce premier jour. Subvenir à l’essentiel. Passer symboliquement le cap de la première nuit pour pouvoir se dire « un jour de passé, c’est bon. Il peut y en avoir plein d’autres alors. » Une réflexion qui peut sembler idiote, mais qui a été la mienne et ces premiers instants. Le deuxième jour, s’est posée la question du toit à mettre sur notre tête. Le contact téléphonique avec le propriétaire, établi depuis la France et finalisé par la signature du bail, a été bon. Mais on ne peut s’empêcher de penser que ce n’était qu’un bout de papier signé à des milliers de kilomètres, sans garantie autre que la parole donnée, et que des surprises, bonnes ou mauvaises, peuvent toujours survenir. Nous concernant, cela a été une bonne surprise. Tout s’est déroulé pour le mieux et, même s’il nous a fallu plusieurs jours pour nettoyer et investir les lieux, nous avions enfin un domicile à Québec. Soulagement.
     
    Les premières semaines de cette nouvelle vie ont été bercées au rythme des procédures administratives, encore et toujours. Cela nous a permis de nous familiariser peu à peu avec la ville, que nous parcourions en bus, par choix de ne pas investir dans une voiture. Notre logement est situé en plein centre-ville et ce poste de dépenses n’a pas été, volontairement, prévu au budget (nous optons, depuis bientôt un an, par les déplacements en transports en commun et avons recours à de la location ponctuelle de voiture pour les jours où ce besoin se fait sentir. Un bon compromis pour nous). Mais revenons à ces premiers jours, rythmés par les démarches administratives. Certains diront qu’elles sont fastidieuses. Peut-être. Pour nous, chacune d’elle a marqué un point de fixation à notre pays d’accueil. Le numéro d’assurance sociale, indispensable pour travailler, première victoire. La carte d’assurance maladie, le permis de conduire québécois, l’obtention de notre carte bancaire, autant de procédures qui ont scellé cette nouvelle appartenance à la société québécoise. Jusqu’à l’obtention de notre carte de résidents permanents, que nous avons si longuement attendue et qui a achevé de faire de nous des citoyens, au sens symbolique du terme. Migrants, résidents permanents, certes, mais citoyens dans nos têtes.
     
    S’intégrer dans cette nouvelle société, n’a pas été difficile. L’état d’esprit dans lequel cette démarche se fait importe beaucoup. Nous étions influencés par notre première expatriation hors du territoire métropolitain français, lorsque nous sommes partis vivre six ans à l’île de la Réunion. Même si la Réunion est un département français, sa culture, son histoire, sa situation géographique, son climat et son mode de vie singulier nous ont conduits au même effort d’intégration que celui que nous menons ici. Ne pas venir en conquérant. Cela est important. Essentiel même. Ne pas arriver en comparant, même si la réalité fait que cela arrive parfois. Nous avons toujours eu à cœur, à la Réunion comme au Québec, de laisser s’exprimer notre envie de connaitre, d’apprendre, de découvrir, de nous confronter à de nouvelles cultures, à d’autres manières de vivre, de penser et de faire, avec respect et humilité. Tout comme nous avons toujours eu le souci de ne pas passer pour les Z’oreils, au sens péjoratif du terme, à la Réunion, nous avons le même souci de ne pas passer pour les maudits français, ici. Je pense qu’à ce jour, nous suivons fidèlement cette ligne de conduite.
     
    Notre fille aînée, âgée de treize ans, a été parti prenant dans cette aventure, à l’opposé de son frère. Elle s’est toujours montrée investie auprès de nous et a toujours fait sentir sa volonté de mener le projet à son terme. Elle a également, très certainement, dissimulé et tu beaucoup de ses appréhensions et de ses craintes, par souci de nous préserver. Je sais qu’elle a pu vivre, en silence, des moments difficiles et je comprends parfois certaines de ses réactions virulentes, qui ne sont pas uniquement liées à la simple manifestation de son adolescence naissante. Partir avec des enfants, les faire embarquer dans notre train, n’est pas chose facile, même lorsqu’ils adhèrent, à minima, à notre projet. Il faut savoir décoder certains comportements et prendre le temps de parler.
    La rentrée scolaire a été chargée d’émotion. Un sentiment très particulier m’a envahi, lorsque j’ai laissé mon fils de dix ans traverser la cour d’école à l’appel de son nom. Je l’ai regardé partir, dos à moi, vers de nouveaux camarades, un nouvel instituteur, une nouvelle école, une nouvelle vie. Lui qui n’a jamais adhéré à ce projet, qui a toujours catégoriquement refusé de nous accompagner, qui aurait tant voulu rester en France, auprès de ses amis, de notre famille, et que nous avons déraciné de force. Je l’ai regardé partir, perdu au milieu de cette foule bruyante, me cherchant du regard, subissant tant bien que mal une situation qu’il avait toujours refusée, faisant visiblement des efforts pour ne pas céder à la panique et aux larmes. Je me suis dit que nous avions le devoir de réussir. Coûte que coûte. Il le fallait. Impossible d’échouer, car il ne nous le pardonnerait jamais. Le temps a fait son œuvre et notre garçon semble aujourd’hui heureux, ou tout du moins content, de cette nouvelle vie. Mais il nous a reproché longtemps, et nous reproche encore parfois, le déracinement que nous lui avons fait vivre.
    Immigrer, tout quitter, c’est aussi assumer le risque que nos enfants ne partagent pas notre projet. Un obstacle très sérieux à prendre en compte et à vivre. Une expérience parfois douloureuse pour tous. Le dialogue est toujours ouvert à la maison et chacun peut exprimer ses ressentis sans crainte d’être jugé. Libérer la parole est d’une aide précieuse dans des circonstances difficiles. Nous prenons régulièrement le temps de laisser nos enfants parler, verbaliser, exprimer leurs émotions face à cette nouvelle vie. Nous constatons qu’au fil du temps, ils l’apprécient et parviennent à se tisser un nouveau réseau social. Ils nouent de nouvelles amitiés, se créent de nouveaux repères, montent de nouveaux projets. Ils avancent, ils s’adaptent. Comme nous.
     
    S’adapter, s’intégrer, sont des mots qui, pour nous, ont été synonymes de travail. Nous sommes venus au Québec sans emploi. Trouver un travail à des milliers de kilomètres de distances, sur un marché du travail très flexible, dans lequel tout peut se jouer en quelques heures seulement, nous est apparu vain. Nous avons opté pour le pragmatisme en nous disant que notre dossier d’immigration avait été retenu et classé prioritaire, au regard de nos domaines de formation (responsable d’établissement pour personnes âgées ou dépendantes concernant mon épouse et éducateur spécialisé me concernant). Cela signifiait pour nous, au regard des critères drastiques d’immigration fixés par le Canada et le Québec, que nos métiers trouveraient certainement des débouchés ici. C’était un pari sur l’avenir à prendre. Nous l’avons pris.
    Depuis le début de notre projet, nous savions que nos économies ne nous permettraient pas d’aller au-delà des fêtes de fin d’années si nous ne trouvions pas rapidement de travail. Trois semaines après notre arrivée, le temps de nous installer, nous avons intégré un club de recherche d’emploi. Ces clubs permettent de réseauter rapidement et de faciliter l’accès au marché caché du travail. Ainsi, si 20 à 30% des offres de travail sont disponibles à tous sur internet ou dans divers supports d’annonces, l’essentiel des postes à pourvoir (entre 70 et 80% selon les chiffres avancés au sein du club de recherche) se trouve par le biais de l’exploration du marché caché (annonces paraissant à l’interne des entreprises, postes allant s’ouvrir sans affichage officiel, bouche-à-oreille, démarchage informel d’employeur, rencontres diverses, etc.). Il nous a fallu travailler autour de notre CV, nous préparer à démarcher de potentiels employeurs, à passer des entrevues d’embauche, nous adapter à de nouvelles terminologies d’emplois, accepter de repartir de plus bas (peut-être le plus difficile). Une véritable remise en cause à faire, qui n’a pas été des plus simples. Nous avions, mon épouse et moi-même, des emplois satisfaisants en France, qui nous permettaient de vivre correctement. J’étais employé de la fonction publique. Un emploi des plus stables. L’acceptation, le deuil de cet emploi, n’a pas été facile. Il m’a fallu plusieurs semaines pour digérer ce changement. Malgré les difficultés, cette expérience a été des plus concluantes, puisque nous avons eu la chance de retrouver facilement du travail. Des rencontres fortuites, des coïncidences heureuses, mais aussi la volonté et l’acharnement à vouloir décrocher quelque chose vaille que vaille, ont eu raison de nos doutes. Un mois après notre arrivée, j’ai retrouvé un emploi. Un mois plus tard, mon épouse travaillait. Le soulagement ressenti a été énorme, même si la réalité de ce marché du travail fait que rien n’est jamais joué d’avance et qu’il faut se préparer à être débarqué du jour au lendemain. Nous connaissons les règles de ce jeu et les avons acceptées, en nous disant que s’il est facile de perdre son emploi, il est également facile d’en retrouver un. La peur n’évitant pas le danger, nous profitons de chaque jour et le prenons pour ce qu’il est : une vie à lui tout seul.
     
    Des bilans, nous en avons fait. Plein. Quotidiennement ! Lorsque notre vie est à ce point bouleversée, chaque expérience est l’occasion de faire le point, ou presque. Certains jours ont été plus prospères que d’autres. Le cap des premiers mois est important à franchir. Trois mois ? Six mois ? Le délai varie selon chacun. Me concernant, il a fallu près de huit mois pour stabiliser mon moral, mes humeurs, pour être rassuré et confiant, pour être dans une dynamique plus positive. J’ai réellement connu des hauts saisissants et des bas vertigineux, en l’espace de quelques jours, voire quelques heures. Le prix à payer pour vivre une autre vie. Une autre vie ? Vraiment ?
    Le processus d’immigration est usant physiquement et nerveusement, même quand il est bien préparé. Il faut être solide pour affronter tous les obstacles qui se dressent devant soi, et nous comprenons que certains puissent renoncer. Nous concernant, nous n’y avons pas pensé. Nous nous sommes dit que nous n’avions pas vécu deux ans et demi de procédures pour abandonner sans nous laisser une chance de réussir. Des échéances ? Nous n’en avons pas. Pas vraiment. Nous ne nous fixons pas de durée pour rester ici. Nous ne savons pas si nous rentrerons, ou pas, un jour nous établir en France, ou ailleurs. Nous profitons de chaque jour en nous disant que l’avenir nous dira quoi faire.
    Notre intégration se poursuit. Notre réseau social, amical et professionnel se modèle. Nos repères s’ancrent peu à peu. Nous nous posons et sentons une grande fatigue nous gagner. Les mois écoulés n’ont pas épargné les organismes. Malgré les difficultés, nous savourons le goût de cette expérience. Nous sommes heureux de vivre les changements que nous avons occasionnés, car les changements, même radicaux, sont toujours bénéfiques. Nous avons beaucoup appris sur nous-mêmes, sur nos capacités d’adaptation. Nous savons qu’il faut tenter sa chance lorsque l’occasion se présente.
    Aujourd’hui, nous sommes conscients des risques que nous avons pris en réalisant ce projet. Même s’ils étaient anticipés et planifiés, les vivre a été une épreuve et une aventure formidables. Tout n’est pas, non plus, encore gagné et beaucoup d’obstacles risquent encore de se dresser sur notre route. Mais nous restons confiants. Confiants en nous-mêmes, confiants en nos enfants et confiants en l’avenir.
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    B@bouk a reçu une réaction de guyleopold pour un billet, Notre projet d'immigration, de A à Z... (livre 1)   
    Notre projet d’immigration, de A à Z…
    Voilà le titre de topic qui m’est venu à l’esprit lorsque nous avons débuté nos réflexions autour de notre éventuel départ pour le Québec.
    Histoire de rassembler un peu les démarches, les émotions et sentiments (« impressions du jour », ou « info du soir ») que nous avons éprouvés durant plus de deux ans (bientôt trois), voici donc présenté le cheminement qui a été le nôtre jusqu’à aujourd’hui, histoire de partager ces moments de vie avec vous tous.


    Août 2012 : Lancement du projet
    Cette date a marqué le début des choses concrètes pour nous. Voici comment je les évoquais à l’époque :
    « Salut à toutes et tous. J'espère poster ce petit récit au bon endroit. Je propose de retracer, dans ce topic, l'ensemble des démarches liées à notre projet d'immigration au Québec, afin de vous faire partager nos questionnements, nos doutes, nos avancées et nos espoirs.
    Petite présentation pour commencer. Je m'appelle Nicolas, je suis âgé de 40 ans et travaille comme éducateur à la Protection Judiciaire de la Jeunesse depuis bientôt 11 ans. Mon épouse est âgée de 38 ans et travaille comme responsable dans un établissement médico-social. Nous avons une petite fille âgée de 10 ans et un garçon âgé de 07 ans. Sans oublier notre "petit" toutou (presque 50 kilos), qui nous suit partout depuis bientôt 07 ans. L'expatriation est quelque chose de connu chez nous puisque nous sommes partis vivre sur l'île de la Réunion pendant plus de 06 ans. Partir loin de chez soi, nous connaissons. Ce qui fait que ce départ futur pour le Québec est déjà écrémé de quelques appréhensions et inquiétudes.
    Commençons par le commencement en vous faisant part de nos premières démarches. Après avoir parcouru ce forum, et tant d'autres, après avoir étudié les nombreux sites officiels liés à l'immigration au Québec, après avoir lu de nombreux ouvrages sur ce sujet et après être partis visiter cette belle province pendant près de 3 semaines, nous avons décidé de concrétiser ce projet qui nous trottait dans la tête depuis plusieurs années : nous installer au Québec. Aujourd'hui, ce long processus n'en est qu'à ses balbutiements. La phase de prospection s'achève tout juste. Les premières démarches vont débuter.

    Etape 1 : Demande d'évaluation comparative des diplômes
    Parcours scolaire de mon épouse : Maîtrise en Administration Economique et Sociale (AES) et obtention du CAFDES (Certificat d'Aptitude aux Fonctions de Directeur d'Etablissement Social et médico-social)
    Mon parcours : Licence AES et obtention du DEES (Diplômes d'Etat d'Educateur Spécialisé)
    Nous achevons d'effectuer l'ensemble des copies certifiées conformes de nos diplômes et de nos relevés de notes. Non sans mal puisque nous nous heurtons déjà à quelques complications purement administratives. Je n'ai, en effet, jamais réclamé mes diplômes de DEUG et de Licence et, après bientôt 18 années, je me mets en quête de les récupérer auprès de mes anciennes universités...Après de nombreux contacts téléphoniques et mails sans résultats, j'ai enfin obtenu un retour positif de la fac concernant mon diplôme du DEUG. Les pièces nécessaires à la délivrance sont parties aujourd'hui. D'ici un mois, tout devrait arriver à la maison. Comme quoi, il ne faut jamais désespérer. J'ai fais de même pour la seconde université auprès de laquelle j'ai obtenu ma licence.
    La demande d'évaluation comparative est remplie et prête à parti au MICC. Nous avons opté pour faire évaluer tous nos diplômes. Les copies certifiées conformes sont faites, non sans avoir dû amadouer la préposée de l'état civil de la mairie du coin qui a du me maudire avec ma liasse de paperasse à faire certifier et qui me réclamait un courrier du Québec justifiant l'obtention de copies certifiées conformes (ben voyons... On en a tous un sur nous, hein !). La p'tite dame m'a également réclamé la pièce d'identité de ma femme, en me disant que c'était obligatoire pour pouvoir faire certifier ses diplômes (pas utile du tout). Elle m'a même demandé si j'habitais bien la commune (rien avoir avec la choucroute). Bref, elle n’avait pas envie de me faire ces fichus certificats. J'ai donc pris mon plus beau sourire et, après quelques explications transmises avec humour histoire de décoincer l'atmosphère, j'ai pu obtenir les précieux documents, que j'ai fait faire en deux exemplaires, histoire d'éviter d'avoir à y retourner en cas de problème. Je suis arrivé à 11h15 à la mairie avec deux personnes derrière moi. J'en suis reparti à 11h50 avec 12 qui attendaient et des bureaux qui fermaient à midi... Départ sur la pointe des pieds obligatoire.
    Le dossier est donc complet, hormis les originaux des diplômes du DEUG et de la Licence me concernant que je vais patiemment attendre. Du coup, l'envoi de la DCS est reporté d'autant, mais j'aurai l'esprit tranquille de savoir que toutes les pièces sont présentes dans notre dossier.

    Etape 2 : Passation du TCFQ
    Premiers contacts pris dans notre coin (Lyon et Annecy). Pour info, Annecy, bien qu'inscrit dans la liste des centres agréés, ne fait pas passer le TCFQ. Nous contactons Lyon cette semaine et tentons d'obtenir un rendez-vous proche.
    Voilà, vous savez tout sur l'état d'avancement de notre projet.
    Nous vous tiendrons régulièrement informés de nos démarches, histoire de partager avec vous un morceau de cette passionnante aventure.

    Question installation, nous serions plutôt attirés par la ville de Québec, mais je crois surtout que nous nous établirons là où nous trouverons un emploi et un logement.
    Concernant les contacts pros, j'ai fait une première démarche auprès du centre de la jeunesse de Québec (il y en a aussi à Montréal). Ils ont vocation à prendre en charge des mineurs relevant, chez nous, de l'article 375 et de l'ordonnance de 45. Ils demandent un document d'équivalence de diplôme avant d'envisager tout contact plus sérieux.
    Concernant cette équivalence, je pense qu'avec un DEES on peut obtenir le diplôme de technicien en éducation spécialisée. Avec le CAFDES de mon épouse, je ne sais pas trop à quel type d'équivalence nous pourrons avoir droit. Ce sera la surprise.
    Même si l'étude comparative n'est pas un préalable à la DCS, nous l'entamons donc quand même, histoire de prendre un peu d'avance dans nos futures démarches d'emploi.
    Concernant les métiers du social, il n'y a pas d'ordre professionnel (d'après les infos que j'ai pu trouver sur le sujet). »
    La réunion d'information était confirmée pour le 11 septembre 2012 à Paris, porte de la Villette. Le 31 août 2012, les informations relatives au TCFQ étaient plus précises :
    Date de passage fixée au 18 octobre 2012
    Centre de passage : Ecole Suisse de Langues, 06 quai Jules Courmont, 69002 LYON
    Tarif : 65 Euros par personne


    Septembre 2012 : Premières démarches, premières impressions
    Au programme du mois ; réception des diplômes, participation à la réunion d’information, envoi de la demande d’évaluation comparative des études, étude du dossier DCSQ.
    Voilà comment nous abordions ces différents évènements :
    « Réception ce jour de mon diplôme de licence, passée voilà 12 ans et que je n'avais jamais réclamé !!! Merci l'université d'Evry pour la rapidité. Moins d'une semaine, en pleine période de vacances. Je dis bravo ! Réception de mon diplôme de DEUG, après une attente de 03 semaines. Merci la fac !!!
    Nous ne nous sommes pas donné de date pour envoyer notre dossier. Avec mon épouse et nos enfants, nous savons que ce projet est lancé et qu'il se réalisera. Nos lectures sur la toile et dans les bouquins nous ont montré le côté variable des délais de procédure. Nous savons juste que nous aimerions le voir coïncider avec une rentrée scolaire, histoire de ne pas trop perturber nos enfants. Nous essayons donc de rassembler les éléments de ce vaste puzzle dans l'ordre qui nous semble adapté (récupération des diplômes, tests, attente des résultats) et tentons de n'en oublier aucun afin de mettre le plus de chances de notre côté.
    Nous ne mettons pas non plus tous nos espoirs dans ce dossier et gardons, dans un coin de notre tête, l'idée qu'il puisse aussi ne pas marcher... Nous ne voulons pas nous sentir prisonniers de cet unique projet, même s'il demeure la réalisation centrale de notre vie future. Nous ne voulons pas subir les attentes trop longues, et les espoirs déçus. Nous poursuivons donc notre vie actuelle et rassemblons les éléments utiles. Je pense que la réception de mon DEUG et les résultats du TCFQ nous permettrons d'envoyer notre DCS. Quand ? Nous ne le savons pas encore. Cette part d'aléatoire nous plait et nous motive.
    Retour sur expérience de la réunion d'information organisée par le BIQ : rien de nouveau sous le soleil : beaucoup d'infos, plutôt destinées à un public en phase de prospection et qui manque encore d'éléments. Pour notre part, cela a permis de conforter notre désir de poursuivre l'aventure. C'est déjà pas mal ! Lors de la réunion d'information, il a été précisé que peu importaient le titre exact des diplômes, mais que c'était le nombre d'année qu'ils sanctionnaient qui était pris en compte.
    Envoi de la demande d'évaluation comparative des études. Nous espérons un retour rapide.

    Nous nous attaquons maintenant à la demande de CSQ proprement dite et tâchons de rassembler tous les documents nécessaires. D'ici le 18 octobre, date de notre TCFQ, nous allons avoir de quoi faire ! Nous nous fixons le mois de septembre 2014 pour poser les pieds sur le sol québécois, pour faire coïncider notre arrivée avec la rentrée scolaire des enfants (septembre 2013 nous semble utopique). De ce que nous lisons de droite et de gauche, ce délai nous parait raisonnable. Lors de la réunion d'info, on nous a fait comprendre qu'il fallait tabler sur une moyenne de 18 mois au total. Patience, oui. Patience. Je crois que c'est le mot d'ordre. Je pense aussi qu'il faut s'aménager d'autres projets et ne pas tout miser sur celui du Québec pour, tout d'abord, éviter des déceptions éventuelles (même si ce projet est relativement préparé) et pour, en second plan, continuer à vivre au quotidien sans être en permanence rivé sur sa boite aux lettres.
    Nous nous sommes penchés de manière beaucoup plus précise sur la demande de CSQ et le moins qu'on puisse dire c'est que son renseignement est assez fastidieux. Les domaines de formation nous posent toujours problème car nous ne savons pas si nos diplômes sont à faire rentrer dans la catégorie "diplômes étrangers" ou "diplômes du Québec ou équivalents". Nous avons opté pour la seconde solution.
    Plusieurs démarches sont nécessaires, surtout concernant les actes de naissances et de mariage.
    Nous avons donc engagé plusieurs démarches, histoire d'être fins prêts lorsque les résultats du TCFQ nous seront adressés. »


    Octobre 2012 : Le nez dedans…
    PréparatIfs du TCFQ au programme du mois. Des hauts et des bas. Voici nos réflexions d’alors :
    « Un peu de morosité ce soir suite au renoncement que nous avons opéré concernant un poste proposé à mon épouse, mais qui ne correspondait pas avec notre projet, à terme, d'immigration. Nous mesurons pleinement les sacrifices et les renoncements induits par un tel processus. Pas simple d'y être confrontés. Notre détermination reste cependant intacte.
    Ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort, non ?
    Concernant le TCFQ, nous nous entraînons sur le site de RFI et c'est vrai qu'il faut être dispo et bien concentré !
    En raison des frais engendrés par nos démarches d'immigration j'ai du me résoudre, la mort dans l'âme, à vendre ma moto, histoire de pouvoir financer le CSQ. Un vrai déchirement pour moi, tant j'appréciais de fendre le vent à son bord. Bref, tout ça dans l'optique de pleins d'évènements positifs ! Et, de toute façon, on n'a rien sans rien dans la vie hein ! Et il y a des moments où il faut faire des choix. En voici un.
    Pffff....

    Retour d'expérience sur le TCFQ passé à l'Ecole Suisse de Langues de LYON.
    Nous étions 15 à passer l'épreuve. 30 minutes d'épreuve.
    Nous avions pris soin de venir repérer les lieux quelques heures avant car, à Lyon, croyez moi, c'est vraiment galère pour se garer. Bref, 15 donc à présenter convocation et pièces d'identité. L'évaluatrice nous a expliqué comment allait se dérouler l'épreuve. Impec.
    30 questions avec QCM. Une seule réponse possible par question. Si on se trompe, on peut rectifier.
    Une feuille portant nos nom, prénom et la liste des cases à cocher est fournie. Un livret contenant les réponses possibles par question est également donné. Les questions défilent à un bon rythme. Il faut garder sa concentration. Certaines questions portent sur des images, d'autres sur des extraits audio d'entretiens ou de reportages. La difficulté des réponses va globalement en s'accroissant. Les nuances de réponses sont parfois subtiles. Il est bien de pouvoir jeter un œil rapide aux réponses qui vont être proposées pour la question à venir, histoire de pouvoir fixer son attention sur le thème.
    L'épreuve de compréhension orale passée, vient l'épreuve d'expression orale. 15 minutes.
    Une salle, un examinateur, un micro, un magnétophone (si, si, les vieux trucs à cassettes pour enregistrer notre voix). 6 questions auxquelles il faut répondre, du type "comment s'organise la répartition des tâches ménagères à la maison ?", "pensez-vous que l'école est un facteur d'intégration ?", "pourquoi voulez-vous immigrer au Québec ?", "vous venez d'arriver dans une nouvelle ville, quelles questions me poseriez-vous pour connaitre les lieux culturels ou sportifs de la ville ?", "quels sont les points pour et contre la mondialisation ?"
    Pas si simple, en fin de compte, surtout l'épreuve de compréhension orale. Il y a 5 ou 6 questions sur lesquelles nous ne sommes pas très sûrs de nos réponses. Nous verrons bien !
    Pour info, nous avions apporté une enveloppe A4 timbrée pour 50g, pour pouvoir recevoir les résultats des tests à la maison.
    Vous pouvez vous entrainer, plus pour savoir à quoi vous attendre que pour acquérir de l'expérience car, quoi qu'il en soit, si on ne comprend pas le sens de la question posée, tous les entrainements du monde n'y ferons rien ! Voilà donc, pour nous. Une étape de plus de franchie !
    Nous attendons les résultats des tests pour envoyer la DCSQ. »


    Novembre 2012 : On continue sur notre lancée !
    Au programme du mois : réception des résultats du TCFQ et constitution du dossier DCSQ.
    « Nous avons eu la confirmation que le diplôme CAFDES de mon épouse ne trouverait pas d'équivalence au Québec. Dommage. Malgré tout, ces contacts nous ont clairement fait comprendre que la demande de travailleurs sociaux était importante au Québec et que, diplôme reconnu ou non, l'expérience suffisait parfois à faire la différence. Nous avons donc bon espoir de trouver notre bonheur côté travail !
    Nous sommes encore en attente de mon attestation de travail, qui transite actuellement par l'île de la Réunion. Nous espérons qu'elle va vite arriver, histoire que, dès réception de nos résultats TCFQ, nous puissions envoyer l'ensemble du dossier DCSQ. Après relance téléphonique, ils m’avaient oublié ! Petite remise au point et tout devrait arriver d'ici peu. Enfin... j'espère. Comme quoi, faut se battre pour tout !
    Les résultats des tests sont bien arrivés dans la boite. Exactement les mêmes scores pour mon épouse et moi-même : Compréhension orale : 599 points. Niveau C1. Expression orale : 20/20. Niveau C2. Ça doit nous faire le max pour les points sur la grille. Waaaouwww ! Une étape de plus de franchie ! Les tests sont valables deux ans. C'est indiqué sur l'attestation.

    Nous nous sommes plongés dans le regroupement des documents utiles à l'envoi de la DCSQ. Nous pensions être au point sur tout, mais quelques détails nous ont échappés (photos d'identité, certaines copies de documents). Il faut donc bien anticiper et prendre le temps de vérifier et revérifier que vous avez bien tout. L'attestation de travail tant attendue est enfin arrivée jusqu'à nous. A noter qu'il nous aura fallu presque trois mois et demi pour rassembler l'ensemble des pièces justificatives. Il est donc important de bien anticiper. Il faut AB-SO-LU-MENT prendre le temps de vérifier encore et encore l'ensemble des pièces du dossier. Cela évite les désagréments de dernière minute. Nous y sommes presque. Nous prenons, malgré nous, du retard. J'ai un peu l'impression que, le moment du dépôt approchant, on réalise un peu mieux ce vers quoi on s'engage. »


    Décembre 2012 : Envois et prélèvements
    Un mois de décembre chargé en émotions puisqu’il correspond à l’envoi de la DCSQ. Pleins d’émotions mêlées que nous retracions ainsi :
    « Le 11 décembre 2012, la DCSQ est envoyée via Chronopost au BIQ de Montréal. Les dés sont lancés. Nous avons un peu de mal à nous dire que notre dossier est enfin parti. Nous n'aurions pas imaginé voici quelques mois que ce jour arriverait si vite, finalement. Nous nous faisions une telle montagne du montage de ce dossier qui, pour peu qu'on y prête temps et attention, n'est pas si complexe que ça. A notre retour estival du Québec, nous nous sommes lancés comme des fous dans ce dossier, en prenant le temps d'en étudier les contours et en posant notre réflexion autour de ses implications. Nous trouvons intéressant le délais qu'il nous a fallu pour le bâtir car, en y regardant bien, ce laps de temps a permis d'élaborer un peu plus notre réflexion, de rendre plus concrètes les représentations que nous pouvions avoir sur ce processus d'immigration, d'accepter les contre temps et les obstacles qui n'ont pas manqué de se mettre sur notre chemin. Immigrer n'est pas un long fleuve tranquille. Et c'est tant mieux. Cela permet de renforcer (ou pas) les espoirs et les attentes que nous pouvons tous placer dans un tel projet.
    Je me suis souvent fait la réflexion que les délais relatifs aux procédures d'immigration au Canada, tout comme les engagements financiers qu'elles imposent, composaient déjà un filtre, une sélection de fait des personnes pouvant être à même de les assumer. Une fois ces obstacles franchis, chacun est alors libre de vivre son rêve comme il l'entend.
    Aujourd'hui, une première étape de ce grand projet de vie est franchie pour nous. Nous y plaçons beaucoup d'espoirs sans toutefois tout miser sur ce seul objectif. Il faut continuer d'avancer, personnellement et professionnellement, en parallèle, afin de ne pas être en permanence rivé sur la petite boite à l'entrée de l'allée et risquer de voir son monde s'écrouler si le projet ne devait, par malheur, pas aboutir. Il faut savoir regarder dans plusieurs directions à la fois et s'aménager des espaces de réussite et de satisfaction autres. Telle est, en tout cas, notre vision de ce projet.
    Notre DCSQ a été livrée le 14 décembre 2012 au BIQ de Montréal.
    Le 16 décembre 2012, le montant l'évaluation comparative a finalement été prélevé en date du 12 décembre. »


    Janvier 2013 : Quand la famille s’en mêle !
    Une fois le flux de la paperasse passé, on se pose, enfin. On réfléchit, beaucoup. Et on se confronte à nos proches…
    « Petit repas de fêtes en famille ce week-end. Au détour d'une conversion portant, entre autres, sur notre projet Canada, la petite question qui tue : Mais au fait, pourquoi vouloir partir au Québec ? Quelles sont vos motivations exactes ?
    Au fond, rien de bien surprenant. Quand on entreprend un projet tel que celui-ci, on s'y attend à un moment où à un autre, de la part de personnes qui nous connaissent peu. Ce qui m'a interloqué ici c'est de ne pas m'être senti compris. J'ai perçu dans cette question une certaine méconnaissance de la part de mes proches de ce que nous étions, de ce que nous voulions, vraiment. Depuis le temps que nous bougeons, que nous échangeons avec notre entourage sur notre mode de vie, sur notre façon de percevoir le monde, autour de notre philosophie quotidienne, je pensais qu'ils nous avaient bien cernés et compris. A croire que non. Soit ils ne nous ont pas compris. Soit nous ne nous sommes pas bien fait comprendre. Peut-être est-ce, d'ailleurs, un peu des deux. C'est étrange comme de petites questions peuvent raisonner ainsi en nous. J'ai eu l'impression de devoir justifier de ce choix de vie qui, pour mon épouse et moi-même, raisonne comme une évidence. J'ai eu l'impression qu'on nous prenait comme les petits jeunots qui partent à l'aventure sans mesurer les conséquences de ce qu'ils allaient pouvoir entreprendre. De n'être pas compris n'est pas ce qui me heurte. De devoir rendre des comptes sur mes choix.
    Alors bon, on peut ne rien avoir à faire de tout cela. On peut s'en sentir blessé. On peut également prendre le temps de poser les choses, de prendre du recul, de réfléchir et de se poser la question de savoir si le bon choix est fait. C'est ce que nous avons fait. Alors, oui. Nous faisons le bon choix. C'est vrai que ça n'est pas toujours simple, même si on est persuadé d'être dans le bon chemin. Pas simple de se sentir si mal compris. Nous ne sommes cependant pas des Caliméro alors on se dit que c'est tant mieux pour celles et ceux qui comprennent le sens de notre démarche et tant pis pour les autres.

    Nous sommes dans une phase d'attente : attente du retour de l'évaluation comparative des études, attente de signes de la part du BIQ concernant notre CSQ. Cette période est étrange car, après l'excitation et l'agitation autour de la préparation et de l'envoi du CSQ, nous nous trouvons dans un temps plus calme de notre processus d'immigration. Nous ne nous projetons pas encore dans la suite des démarches, histoire de ne pas être déçus si le CSQ n'était pas au rendez-vous et, surtout, parce que sans le CSQ, nous ne pouvons pas les poursuivre.
    Attente, donc. Mais pas attente stressée ni fébrile. Nous vaquons à nos occupations, nous nous projetons sur d'autres projets et ne faisons pas le pied de grue à côté de la boite aux lettres (il fait trop froid dehors...) Un moment calme, donc, à appréhender sereinement.
    Je m'étais pourtant promis, superstition oblige, de ne pas aller jeter un oeil sur le volet "fédéral" de notre processus d'immigration tant que je n'avais pas de réponse pour le CSQ. La curiosité aidant, je me suis décidé à aller sur la page dédiée. Pas mal de documents à prévoir pour le fédéral, mais rien d'insurmontable. Après les formalités du CSQ, celles du fédéral ne présentent pas de grosses difficultés. »


    Février et mars 2013 : Questionnements et désillusions
    Cette période troublée a connu de nombreux doutes, des désillusions avec le retour de notre DCSQ et de nouveaux espoirs. Voilà comment nous abordions ces différentes étapes :
    « La vie nous réserve parfois des surprises auxquelles il faut parfois savoir faire face...
    Fâché avec ma mère depuis bientôt un an, j'apprends, voilà une dizaine de jours, que cette dernière est atteinte d'une maladie dont l'issue sera, à terme plus ou moins long, fatale. Pas glop. Voilà de quoi réveiller des craintes et des angoisses tenaces et, surtout, d'apprendre à mettre tous les mauvais moments de côté pour se centrer sur l'essentiel : être auprès d'elle. Ce que j'ai fait en partant quelques jours lui rendre visite. Les choses ont, après de longues heures de discussion, pu se poser et s'apaiser. Voilà cependant de quoi se poser plein de questions concernant notre départ éventuel. Comment pallier à ses besoin si loin d'elle ? Comment gérer cet éloignement ? Comment ne pas ressentir une certaine culpabilité à l'idée de la priver de ses petits enfants durant les années à venir à un moment où elle en aurait vraiment besoin ? Cela va-t-il, doit-il, remettre en cause tout ce projet ? Bref, autant de questions qui sont venues se heurter et auxquelles se sont ajoutés les commentaires et les questions culpabilisantes de la famille chez qui nous étions. Une fois de plus, nous avons eu droit au "vous nous abandonnez", ou encore "vous êtes égoïstes", ou même "vous n'avez pas le droit de nous faire ça"... Autant de choses qui, au regard du contexte, ont fait beaucoup pour nos petites têtes.
    Heureusement pour nous, notre couple est fort. Très fort. Très très fort !! Nous en avons beaucoup parlé, mon épouse et moi-même. Nous nous soutenons. Toujours. Nous allons de l'avant. Toujours plus loin. Nous avons la force et la détermination de montrer, est-ce besoin de le faire, que nous irons au bout de ce projet. Coûte que coûte. Mais, aussi forte que soit cette conviction, je ne peux m'empêcher de me poser et me reposer ces même questions. Sans cesse. Comme pour me convaincre, à chaque fois, que nous allons dans le bon sens.
    Alors oui, un projet comme celui-là doit être mené de façon à pouvoir surmonter les épreuves et les obstacles qu'il comporte, aussi hauts soient-ils. Ce n'est pas chose aisée. C'est même douloureux à certains moments. Après avoir passé de nombreuses heures à parler et à échanger sur ce thème, nous sommes convaincus d'être toujours dans le vrai. Pour nous, pour nos enfants. Rien ne pourra nous faire changer d'avis.
    Nous allons devoir compter et composer avec de nouveaux éléments à prendre en compte, en essayant de les gérer au mieux de manière à partir, nous l'espérons, la conscience tranquille, capables de nous regarder sans rougir chaque matin dans le miroir. Pas simple. Vivre loin des nôtres ne nous préoccupe pas, nous l'avons fait pendant 6 ans lors de notre séjour à la Réunion. Certains de nos proches ne l'avaient d'ailleurs pas plus admis qu'ils ne le font maintenant pour le Québec. Nous en acceptons le principe. Ce qui complique les choses, c'est cette situation de maladie et le fait que nous nous soyons fâchés. Nous parviendrons, quoi qu'il en soit, à surmonter ce cap. Votre soutien nous conforte dans notre conviction d'être dans le vrai. Le dicton populaire dit : "il y a deux choses à donner à nos enfants. L'une ce sont des racines. L'autre ce sont des ailes." Nous avons eu, pour notre part, les deux. Je ressens, me concernant, avoir reçu plus d'ailes que de racines. Ceci explique sans doute cela. Merci à vous tous !

    02 mars 2013, triste nouvelle. En ouvrant la boite aux lettres, nous découvrons que notre dossier est retourné par le BIQ. Motif invoqué : manque les preuves de cotisations sociales. Nous avions pourtant fournis nos derniers bulletins de salaires et nos 4 derniers avis d'imposition...
    Bref, un coup derrière la tête à une période pas vraiment heureuse... Ce qui nous rassure, c'est qu'il s'agit d'un document manquant et non pas d'un refus catégorique de notre dossier. Nous allons vite faire le nécessaire et renvoyer le tout cette semaine. Trois mois de perdus. Comme quoi : immigrer se mérite.
    Contact pris avec le BIQ pour faire le point sur notre situation. Il manquait trop d'éléments pour justifier de la légalité de notre expérience professionnelle. Il faut donc, pour remédier à tout cela :
    1) Envoyer notre relevé de carrière (à demander en ligne sur le site de la sécu)
    2) Joindre nos 5 derniers avis d'imposition et nos 3 dernières fiches de paye (ce que nous avions fait, mais il nous manquait l'avis d'imposition de 2008) Un courrier expliquant les documents manquants devrait permettre de faciliter la compréhension de notre situation. L'agent contacté a précisé de joindre "toutes les preuves possibles permettant de démontrer la validité de notre expérience professionnelle"
    3) Par ricochet, le montant des frais change et devient celui mentionné au titre de l'année 2013 (750$CAD pour le requérant principal et 160$CAD pour le conjoint et pour chaque enfant)
    A savoir : le renvoi global du dossier pour documents manquants fait repartir notre demande de zéro. C'est comme si nous n'avions jamais envoyé de dossier. Ce dernier sera traité comme les autres, par date chronologique d'arrivée. 3 mois de perdus pour nous.

    Malgré tout, le 05 mars 2013, nouveau dépôt de notre DCSQ.
    1.5 kilos de documents envoyés via Chronopost. Nous avons fait, selon nous, le maximum pour rentrer dans les clous, en ajoutant à nos précédents documents notre relevé de carrière, la copie de notre avis d'impôts sur le revenu de 2007 ainsi que toutes nos fiches de paye depuis janvier 2007 à ce jour. Maintenant, ça ne dépend plus de nous.
    La langueur nous gagne. Le renvoi du dossier nous a fichu un coup derrière la tête. Les problèmes familiaux s'ajoutent à tout cela. On ganberge. On voit les copains qui avancent et nous qui restons en suspens. Pas encore de news de l'évaluation comparative, pourtant envoyée en septembre 2012... Je me prends, pour ma part, à penser à d'autres projets (maison, voyages), à m'accrocher à d'autres choses qui me font mettre un peu de côté le Québec pour l'instant. Je peine à me réinvestir dans le trip de peur d'être à nouveau déçu. Du coup, on patiente, en espérant ne pas trop nous lasser... Le coeur n'y est plus trop.
    Fin mars, réception de l'AR du MICC concernant notre demande d'évaluation comparative des études effectuées hors du Québec. Le papier indique que le MICC pourrait avoir à communiquer avec nous dans les prochaines semaines afin de compléter le dossier. Deux numéros sont attribués : N° réf. ind. (C33XXXXX) et n° dossier (C00XXXXXXXX). Pour un envoi en septembre, je trouve le temps un peu long... Mais bref, ça avance un peu quand même... »


    Mai 2013 : La DCSQ avance !
    « Le temps est toujours maussade par chez nous et nous désespérons d'avoir un quelconque signe que notre dossier avance. Le temps passe vraiment lentement et notre optimisme concernant notre dossier en prend un coup. Petit rayon de soleil.......... nous avons été prélevés ! Oui ! Oui ! Oui ! Oui ! Prélevés ! Prélevés ! Prélevés ! Pas de quoi se monter le bourrichon, mais prélevés ! Voilà qui nous rebooste en ces temps moroses. Une nouvelle attente commence maintenant. »


    Octobre 2013 : Le temps passe lentement…. Très lentement… On réfléchit. On doute.
    Emigrer prend du temps. Nous en avons fait l’expérience. Voilà comment nous envisagions cette épreuve :
    « Voilà maintenant plus d'un an que nous avons réellement entamé nos démarches d'immigration avec l'envoi de la reconnaissance des diplômes. La DCSQ a suivi en décembre 2012, avec un retour début mars 2013 pour pièces manquantes et renvoi dans la foulée. Depuis... rien. Plus rien. De la patience, nous savions qu'il en fallait. Imaginions-nous qu'il en faudrait autant ? Peut-être pas...
    Retour sur expérience pour nous donc, car il faut bien mesurer le temps et l'investissement que prend un tel processus d'immigration. Pour notre part, nous nous sommes toujours refusés à mettre nos œufs dans le même panier et avons décidé de mener notre barque coûte que coûte. Le temps passe, les gens changent, les projets aussi.
    Petite promenade en pleine nature l'autre jour. Les enfants jouent. Nous nous posons et faisons le point. Sur notre vie. Sur nos envies. Sur nos projets. Mon épouse à récemment trouvé un emploi dans son domaine de formation. Un emploi nécessitant de se projeter sur du long terme, voire même du très long terme. Dans le même temps, je trouve mon équilibre de vie, jonglant entre la famille et le boulot. La région où nous sommes nous plait vraiment et l'idée nous est venue d'envisager l'achat d'une maison ici.
    Le Québec ? Un projet. Certainement. Le projet d'une vie ? Plus vraiment. Un projet, certes important, mais un projet. Simplement. Non pas que nous ne l'ayons pas souhaité, voulu, attendu, follement désiré, mais plutôt que, le temps passant, il n'est plus devenu LE projet central de notre vie, parce que LE projet central de notre vie c'est notre famille, nous deux, nos enfants, et être bien, ensemble, peu importe l'endroit. Le voilà LE projet de notre vie, tout simplement. Alors, puisque le projet Québec tarde à se concrétiser et puisque notre vie se poursuit ici, nous ne sommes plus très sûrs de vouloir, du jour au lendemain, tout remettre à plat et devoir tout reconstruire, ailleurs, dans des conditions plus difficiles que ce que nous pouvons connaitre ici. Par peur ? Peut-être. Par manque de courage ? Peut-être aussi. Par soucis de ne plus vouloir bousculer l'équilibre que nous parvenons aujourd'hui à atteindre ? De plus en plus.
    Alors voilà, notre réflexion se poursuit et s'infléchit au fil du temps. Notre vie actuelle nous plait énormément et l'idée d'en changer du tout au tout ne nous séduit plus autant. Voilà 8 ans, nous avions trouvé cette force, en quittant la métropole et en partant nous installer pour 6 ans à la Réunion. Nous étions plus jeunes. Notre famille se bâtissait tout juste. Notre aînée avait 3 ans et notre petit dernier un mois seulement ! Que le temps passe ! Aujourd'hui, ils ont 11 et 8 ans et les cartes ne sont plus les mêmes. Pour eux comme pour nous.
    Alors voilà, nous ne mettons pas un terme réel à notre projet d'immigration au Québec, mais il nous faut reconnaitre que si le CSQ devait un jour s'offrir à nous, nous serions face à un choix cornélien à l'issue duquel les grands espaces nord américains ne l'emporteront peut-être pas. »


    Novembre 2013 : Premiers retours concrets.
    « Réception ce jour de l'évaluation comparative des études effectuées hors du Québec !!!
    Délais entre envoi, traitement et retour : 1 an, 1 mois et 17 jours....
    Initialement, j'ai envoyé mon BAC, série B, mon DEUG Sciences du langage, ma Licence Administration Economique et sociale et mon diplôme d'Educateur Spécialisé.
    Au final, seuls mon BAC et ma Licence ont été retenus.
    - BAC série B en France, évalué comme "Diplôme d'Etudes Collégiales en formation préuniversitaire (DEC), domaine de formation : sciences humaines".
    - Licence AES en France, évaluée comme "Baccalauréat, domaine de formation : sociologie".
    Mon diplôme d'éducateur spécialisé n'a pas été retenu. »


    Mars 2014 : Joies et doutes.
    Cette période voit le premier grand tournant de notre processus ! Voilà comment nous en parlions :
    « 21 mars 2014 : Pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Il faut croire à cet adage puisque nous avons reçu nos CSQ, par une belle enveloppe dans la boite. Nous sommes abasourdis et allons devoir, mon épouse et moi, prendre le temps de discuter...
    Enfin voilà, dossier CSQ envoyé en décembre 2012, retourné en mars 2013 pour documents manquants. Renvoyé en mars 2013. En janvier 2014, nous avons reçu un courrier demandant des compléments d'infos. Le CSQ a été accordé, en date du 11 mars 2014 et porte la mention "dossier visé par traitement prioritaire - domaine de formation".

    Les réflexions sont allées bon train. Les méninges ont chauffé !!! Partant du principe qu'il faut saisir les chances qui se présentent à nous et qu'il vaut mieux avoir des remords que des regrets, l'aventure va donc continuer pour nous, non sans certaines craintes et appréhensions, bien normales... A l'heure où j'écris ces quelques lignes, je ne suis pas bien sûr de ce qu'elles représenteront dans les semaines à venir. A chaque jour suffit sa peine. Demain apportera son lot de réponses, et de nouvelles questions... Comme quoi les décisions les plus importantes, se prennent parfois en peu de temps...
    Malgré cela, difficile de se replonger dans un projet que nous avons mis en veille, histoire de rendre l'attente plus supportable. Et, en même temps, nous réalisons la chance qui est la nôtre d'avoir été sélectionnés par le Québec. Nous nous disons "c'est bon. Le Québec veut bien de nous. Il nous envoie un message d'espoir qui nous dit que nous pourrons trouver du travail là-bas et, ainsi, subvenir à nos besoins." On se rassure comme on peut.
    Depuis le dépôt de notre DCSQ, nous avons vécu au jour le jour, tâchant de nous centrer sur le présent, sans présager de ce que serait l'avenir. Nous nous sommes dit qu'il fallait prendre la vie comme elle vient et profiter de chaque instant. Du coup, ce projet d'immigration a peu à peu laissé la place à un projet de pérennisation de notre situation en France et nous nous sommes tournés vers de nouvelles situations professionnelles et de possibles démarches d'acquisition d'une maison dans notre région. On se disait "mieux vaut avoir plusieurs projets et devoir, au final, faire un choix, que de tout miser sur une seule chose, au risque qu'elle ne se réalise pas".
    Alors voilà, prenant toujours la vie comme elle vient, et décidant de happer les opportunités au vol, s'est donc posé, il y a quelques jours avec l'obtention du CSQ, la question de ce choix délicat : partir ou rester ? Au final, malgré mes réserves (qui contrebalancent avec l'enthousiasme de toujours de mon épouse) nous sommes parvenus à faire ce choix de tenter l'aventure. Ma douce m'a convaincu de me lancer en me disant, très justement, qu'il vaut mieux tenter l'expérience, au risque d'échouer, que d'avoir le regret de ne l'avoir jamais osée.
    Malgré tout, je ressens le besoin de digérer ce choix, de me l'approprier... de l'accepter et de prendre la mesure des difficultés qui vont se présenter à nous dans les prochains mois. Les craintes liées à une nouvelle adaptation de style de vie et de culture sont réelles. Aurais-je la force de devoir me vendre sur le marché du travail, alors que mon expérience professionnelle de plus de 20 ans me permet d'envisager l'avenir plus sereinement au sein de mon administration (je suis titulaire au ministère de la Justice) ? Certes, la demande de dispo que je ferai nous assure un repli en cas d'échec de notre aventure. C'est un point très important. Mais, malgré tout, l'idée de devoir plier les gaules et de se lancer dans un nouveau déménagement à l'autre bout du monde (après celui que nous avons fait il y a 9 ans à la Réunion) m'avait, au fil des mois, quitté. Je me projetais plus vers un apaisement et une volonté de me tourner vers d'autres priorités de vie. Du coup, l'arrivée du CSQ vient tout bouleverser et, en quelques jours, en quelques heures, nous avons pris une décision que je n'aurai même pas imaginé prendre il y a une semaine ! Comme la vie est étrange, parfois.
    Au final, nous voilà plongés dans ces démarches en vue de l'obtention du fédéral, avec un départ prévu pour l'été 2015 (l'été 2014 semblant trop court au regard des délais d'obtention de la RP). J'espère que les enfants accepteront notre choix et qu'ils ne nous le reprocheront pas. Eux qui, à 11 et 8 ans, nous ont fait comprendre qu'ils ne souhaitaient pas bouger de là où nous sommes. Je me dis qu'on s'adapte à tout dans la vie et qu'ils sauront aussi s'adapter à cela. Pour me rassurer ? Sûrement.

    Le dossier fédéral se monte pas à pas. Nous commençons à réaliser ce vers quoi nous nous embarquons, et c'est plutôt....disons... grisant ! Nous devons procéder au renouvellement des passeports des enfants. Pour ce faire, nous devons prendre rendez-vous avec la mairie de notre domicile, afin de pouvoir nous y rendre avec les cocos pour déposer le dossier. Pas de rendez-vous avant la mi mai 2014. Ce qui veut dire que les passeports ne seront pas édités avant fin mai-début juin. Le dossier fédéral s'en trouve d'autant décalé et ne sera, selon toute probabilité, pas déposé avant juin 2014. Pour un départ prévu à l'été 2015, nous espérons que les délais seront suffisants. »


    Avril et mai 2014 : Le fédéral se monte !
    Une fois passées les émotions dues à l’obtention du CSQ, nous nous tournons vers le fédéral. Voilà comment nous traversions cette période :
    « Après nous être penchés de manière plus sérieuse sur nos évaluations comparatives des études (CSQ et recherches de travail obligent), nous avons appelés le BIQ pour savoir pourquoi l'un de nos diplôme (CAFDES pour ma femme et DEES pour moi) n'avaient pas été évalués. L'agent du BIQ nous indique qu'il nous reste encore un mois (délais de 6 mois après réception pour faire un recours) pour demander la révision de notre évaluation comparative.
    Du coup, dossier bouclé ce soir. Départ dès demain.
    Notre dossier fédéral est, lui aussi, enfin bouclé. Finalement, il s'est avéré bien moins fastidieux que la DCSQ ! Tant mieux ! L'ensemble partira par la poste. Nous sommes heureux. Cette aventure se prolonge. Une nouvelle attente débute.

    Nous avons reçu la réponse concernant notre demande de révision de l'évaluation comparative (le CAFDES de mon épouse et mon DEES n'avaient pas été évalués). Me concernant, ils me demandent un relevé de notes. J'ai fait une copie certifiée conforme de ce que j'avais. Concernant mon épouse, le CAFDES a été évalué et reçoit une équivalence "Maîtrise en administration". Nous devons renvoyer l'ancienne évaluation comparative la concernant et garder la nouvelle. Finalement, ça a été relativement vite. »


    Juillet et août 2014 : Sauts de puce.
    « AR de Sydney reçu par mail. Tout est OK pour eux (documents, paiement). Notre dossier rejoint la file d'attente. Ca suit son cours....
    J'ai plein de projets en tête, notamment sur le plan professionnel et j'avoue ne pas trop me soucier de l'avancée de notre dossier (c'est tant mieux d'ailleurs). Je me dis que ce qui doit se faire se fera... ou pas. On verra bien. Du coup, je ne suis plus accroché à mes mails ou à ma boite aux lettres. Je prends chaque nouvelle comme elle vient !
    Ma nouvelle évaluation comparative des études est arrivée. Sur la précédente, mon diplôme d'éducateur spécialisé n'avait pas été évalué. Après réclamation de ma part, c'est chose faite puisqu'il est évalué à un niveau DEC (Diplôme d'Etudes Collégiales) en techniques d'éducation spécialisée, comme je l'espérais. Comme quoi, il faut toujours s'accrocher ! »


    Octobre 2014 : Un petit tour chez le docteur…
    Cette période nous rapproche de notre objectif. L’IVM et la visite médicale sont au programme. On reprend espoir de partir dans les mois qui viennent :
    « L’IVM est arrivée, accompagnée de documents complémentaires à fournir concernant notre parcours professionnel (rien d'insurmontable) et demande de paiement des frais de RP. Ça avance...
    Nous passons la visite médicale.
    Première étape : la visite médicale.
    Tout à commencé à l'hôpital britannique de Levallois-Perret.
    Rendez-vous fixé à 13h45. Pas de retard dans les consultations. Impec !
    Le médecin nous reçoit à 4 (les enfants, mon épouse et moi). Pas mal de paperasses à remplir. Ca va être long ! Mais bon, lorsqu'on immigre, la patience, on connaît ! Nous devons présenter les convocations reçues avec l'IVM ! Obligatoires ! Il n'était donc pas question de prendre rdv sans avoir reçu l'IVM ! Même topo pour tout le monde : prise de photo, présentation des passeports (nous n'avions pas ceux des enfants, mais la carte d'identité a suffit), test urinaire, test de vision, mesures (taille, poids), prise de tension, examen physique léger. Une formalité ! Les garçons ont le droit à une palpation des testicules. Je ne sais pas trop à quoi ça sert. Mais bon, lorsqu'on immigre, on fait ce qu'on nous demande de faire ! Quelques renseignements succincts concernant des maladies passées ou des antécédents familiaux particuliers. Rien de plus. Nous signons quelques autorisations de transmissions d'infos médicales nous concernant et nous signons le chèque : 500 euros pour nous 4. Ca pique... Mais bon, lorsqu'on immigre, les dépenses en tout genre, on connaît ! 01h30 de visite médicale. Nous sortons.
    Deuxième étape : prise de sang.
    Seuls mon épouse et moi sommes concernés. Les enfants de moins de 15 ans échappent à la piqure. Objectif de la prise de sang : dépistage du VIH et de la syphilis. Le tout prend moins de 15 minutes. Le laboratoire est désigné par le médecin. On signe le chèque : 50 euros. Ca pique moins...
    Troisième étape : les radios de poumons.
    Direction un cabinet de radiologie, lui aussi désigné par le médecin.
    Sommes concernés, ma fille de 11 ans, mon épouse et moi. Clichés thoraciques de face et de profil, en vue de détecter toute trace de tuberculose. L'opération prend 30 minutes. Méga rapide. Pas d'attente. On signe un dernier chèque de 150 euros. Ca repique un peu.
    En à peine 3 heures, tout a été bouclé ! Les résultats seront communiqués au médecin et transmis de suite au CIC dans la semaine. Bilan de la journée : 700 euros ! Une fortune ! Mais bon, quand on immigre, on sait qu'on y laisse des sous. Une VM rondement menée, à peine deux jours après avoir reçu l'IVM. La chance à joué pour nous. Nous y voyons le signe de la fin proche de notre démarche.
    Restent les frais de RP à payer et un ou deux compléments d'info à apporter concernant mon parcours professionnel. Une broutille.
    Prochaine étape : la brune ! On y croit !!!!

    Frais de RP payés ! Et voilà, c'était la dernière étape. Les frais de RP sont payés (980 Dollars) et les documents complémentaires ont été envoyés à CIC. Dernière étape d'un long, très long processus qui, nous l'espérons, aura une issue favorable. Les dés sont lancés ! Yapuka ! Ca va nous manquer tout cette paperasse là ! »


    Janvier 2015 : Soulagement et inquiétudes!
    « DECISION PRISE !!!!!!!! Ouais, ouais, ouais !!!On a (encore plus) hâte !!!!!! Le 24 janvier 2015, les CRP arrivent à la maison !! Ca y est, nous y sommes !
    « Une semaine et demi après la CRP et... un peu de stress, de doutes (encore ?) et de trouille (tout plein)... Pas le temps de vraiment se poser à cause d'un travail très prenant, qui me voit rentrer claqué et peu réceptif le soir. Mon épouse, actuellement sans travail, bosse pour deux autour de notre installation future et, du coup, je peine à m'impliquer comme j'avais pu le faire lors de notre retour de la Réunion, voilà 3 ans. Période de doute donc où se bousculent pleins de questions autour du pourquoi ? Du comment ? Du où ?
    De la crainte également de devoir plier à nouveau les gaules, de quitter une situation installée pour partir vers un grand inconnu.
    La CRP n'est pas toujours signe d'une grande délivrance. Chez moi, elle suscite plein de craintes. Nous ne savons pour l'heure pas quand nous partirons, juillet ou août, où nous nous installerons, Montréal, Québec ou Trois Rivières, s'il faut trouver la job d'abord et s'installer où elle sera ou bien s'installer quelque part et trouver la job ensuite. Par ricochet, se pose la question des billets d'avion : quelle destination ? Se pose la question de l'école et du collège pour les enfants. Celle de la venue du chien. Bref, un peu le bordel dans ma tête au moment où de grandes décisions doivent se prendre. C'est dingue de se dire qu'à quelques semaines du départ rien n'est encore vraiment fixé... J'ai du mal à m'y mettre, vraiment. Comme si j'avais attendu cette CRP pendant deux ans en me disant qu'elle aurait pu ne jamais arriver et être pris au dépourvu lorsqu'elle est là.
    La nouvelle annoncée à l'entourage et aux collègues nous pousse à agir un peu plus.
    J'espère trouver la sérénité de penser à tout cela calmement lors de ma prochaine semaine de vacances...Je pense que le tumulte actuel de nos vies ne nous permet pas de nous pencher de manière totalement concentrée sur ce projet. Je compte sur les prochaines vacances pour y voir plus clair ! »


    Février et avril 2015 : Du nouveau.
    « Des avancées dans notre projet de départ puisque nous avons trouvé une pension pour accueillir notre compagnon à 4 pattes à notre arrivée à Québec. Du coup, nous voyagerons avec Air Transat qui offre un forfait à 275 dollars pour lui, qui pourra ainsi voyager avec nous. Nous avons donc abandonné notre projet de partir sans lui et de le faire venir seul plus tard. Il partira avec nous et sera en garderie quelques semaines sur Québec, le temps que nous trouvions un logement susceptible de l'accueillir. Les billets seront pris d'ici 15 jours.
    Ça avance !!
    Les billets d’avion sont en poche ! Nous partons le 23 juillet pour Québec !!! »


    Mai 2015 : un toit au-dessus de la tête.
    « Nous avons trouvé un logement !!!!
    Appartement de deux chambres, situé dans le quartier Montcalm à Québec. Ecoles et tous services à proximité. Transports également. Pas besoin de voiture pour commencer. Appartement entièrement meublé et équipé (de la laveuse aux petites cuillères, en passant par la vaisselle et l'aspirateur). Rien à emmener ni a racheter. Juste les valises à poser pour un an.
    Le propriétaire, un homme charmant, nous accepte même sans emploi car nos secteurs d'activité sont porteurs. De plus, il accepte notre chien ce qui, au regard des difficultés pour trouver un logement acceptant les toutous, nous a fait basculer. 1200 Dollars par moi, hors électricité, ce qui portera la facture globale à 1350 dollars environ. Nous sommes aux anges. C'est un vrai poids en moins !
    Nous avons déjà un pied là-bas ! »


    La suite dans le livre 2...
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    B@bouk a reçu une réaction de SD2311 pour un billet, Bilan après un an (ou presque...)   
    Bilan après un an (ou presque...)
     
    Chaque projet d’immigration est unique. Il n’appartient qu’à ceux qui le vivent et reste fondamentalement dépendant des conditions dans lesquelles il émerge. Chaque personne, qui quitte son pays pour aller s’installer dans un autre, projette des attentes, des envies ou des besoins dans sa volonté de changement. Si certaines expériences apportent des clés, des indices sur ce qu’il faut faire, ou pas, aucune ne peut vraiment se calquer à la nôtre. Aussi, ce bilan dressé après un an passé ici, n’est que le nôtre. Uniquement le nôtre. Notre expérience peut se partager, mais ne doit pas être perçue comme une vérité, ni comme une réalité qui s’impose à tous. Elle n’est que le reflet de ce que nous avons découvert et vécu, en lien avec notre parcours de vie et avec les attentes que nous avions placées dans ce désir de départ. Chaque projet d’immigration est unique.
     
    Émigrer, immigrer, est une épreuve et une aventure.
    Peu importe ce que nous cherchons dans ce nouveau départ, peu importe les motivations qui nous poussent à le faire, cette expérience est une épreuve. Une épreuve personnelle et familiale. Une épreuve difficile humainement, socialement et professionnellement. Une épreuve qui nous transforme. Mais c’est également une aventure extraordinaire, qui nous amène à nous dépasser, à affronter nos craintes, à remettre en cause nos acquis, à sortir de notre zone de confort ; une aventure propice à la remise en question, à l’introspection, qui nous apprend beaucoup sur nous-même. Une aventure riche d’enseignements et d’apprentissages, pour nous, pour nos enfants.
    Voilà donc bientôt un an que nous avons foulé le sol de cette nouvelle vie. Un projet qui a vu le jour voilà plus de dix ans, après le visionnement d’un reportage sur une famille qui traversait le continent américain, avec pour objectif d’aller manger du sirop d’érable coulé sur une petite cuillère de neige, à Québec, le soir de Noël. Une fois la télévision éteinte, nous nous étions dit que, nous aussi, nous ferions cela un jour. Sans y prêter trop attention, le projet a mûri dans nos têtes. Le Québec était toujours en toile de fond, malgré notre vie qui se poursuivait ailleurs. Jusqu’à ce séjour de découverte, à l’été 2012, qui a définitivement scellé notre désir de tenter l’aventure. En décembre de la même année, le dossier d’immigration était lancé. Deux ans et demi de procédures administratives plus tard, le projet est devenu réalité. Le 23 juillet 2015, toute la petite famille (deux adultes, notre fille de 13 ans, notre fils de 10 ans et notre vieux toutou) a posé le pied en terre inconnue, avec quatre valises, quelques cartons, et de quoi subsister quatre ou cinq mois sans travail. Rien de plus. Tout un défi !
     
    Le sentiment prédominant chez moi le jour de notre arrivée a, sans conteste, été la solitude. Une fois passées la longueur des procédures, l’excitation du déménagement, la tristesse des au-revoir, une fois achevées les dernières procédures au bureau de l’immigration et après avoir entendu de la bouche de la préposée la petite phrase libératrice « bienvenue au Québec », ce projet d’immigration s’est révélé à moi, dans toute sa réalité, le soir où nous nous sommes retrouvés seuls, tous les quatre, avec nos valises, dans la maison que nos amis nous ont si gentiment prêtée pour notre première nuit à Montréal. Une solitude qui s’est accompagnée d’un flot de questionnements, de craintes et d’angoisses. Une solitude engendrée par nos seuls choix. Une solitude à affronter et à assumer. Le début de notre vie québécoise.
    Il est incroyable de constater comment, dans ces moments où nous perdons tous nos repères, nos instincts les plus primaires se réveillent en nous. Manger, boire, dormir, s’assurer que tout notre petit monde va bien. Voilà les premières préoccupations, très matérielles, qui ont été les nôtres en ce premier jour. Subvenir à l’essentiel. Passer symboliquement le cap de la première nuit pour pouvoir se dire « un jour de passé, c’est bon. Il peut y en avoir plein d’autres alors. » Une réflexion qui peut sembler idiote, mais qui a été la mienne et ces premiers instants. Le deuxième jour, s’est posée la question du toit à mettre sur notre tête. Le contact téléphonique avec le propriétaire, établi depuis la France et finalisé par la signature du bail, a été bon. Mais on ne peut s’empêcher de penser que ce n’était qu’un bout de papier signé à des milliers de kilomètres, sans garantie autre que la parole donnée, et que des surprises, bonnes ou mauvaises, peuvent toujours survenir. Nous concernant, cela a été une bonne surprise. Tout s’est déroulé pour le mieux et, même s’il nous a fallu plusieurs jours pour nettoyer et investir les lieux, nous avions enfin un domicile à Québec. Soulagement.
     
    Les premières semaines de cette nouvelle vie ont été bercées au rythme des procédures administratives, encore et toujours. Cela nous a permis de nous familiariser peu à peu avec la ville, que nous parcourions en bus, par choix de ne pas investir dans une voiture. Notre logement est situé en plein centre-ville et ce poste de dépenses n’a pas été, volontairement, prévu au budget (nous optons, depuis bientôt un an, par les déplacements en transports en commun et avons recours à de la location ponctuelle de voiture pour les jours où ce besoin se fait sentir. Un bon compromis pour nous). Mais revenons à ces premiers jours, rythmés par les démarches administratives. Certains diront qu’elles sont fastidieuses. Peut-être. Pour nous, chacune d’elle a marqué un point de fixation à notre pays d’accueil. Le numéro d’assurance sociale, indispensable pour travailler, première victoire. La carte d’assurance maladie, le permis de conduire québécois, l’obtention de notre carte bancaire, autant de procédures qui ont scellé cette nouvelle appartenance à la société québécoise. Jusqu’à l’obtention de notre carte de résidents permanents, que nous avons si longuement attendue et qui a achevé de faire de nous des citoyens, au sens symbolique du terme. Migrants, résidents permanents, certes, mais citoyens dans nos têtes.
     
    S’intégrer dans cette nouvelle société, n’a pas été difficile. L’état d’esprit dans lequel cette démarche se fait importe beaucoup. Nous étions influencés par notre première expatriation hors du territoire métropolitain français, lorsque nous sommes partis vivre six ans à l’île de la Réunion. Même si la Réunion est un département français, sa culture, son histoire, sa situation géographique, son climat et son mode de vie singulier nous ont conduits au même effort d’intégration que celui que nous menons ici. Ne pas venir en conquérant. Cela est important. Essentiel même. Ne pas arriver en comparant, même si la réalité fait que cela arrive parfois. Nous avons toujours eu à cœur, à la Réunion comme au Québec, de laisser s’exprimer notre envie de connaitre, d’apprendre, de découvrir, de nous confronter à de nouvelles cultures, à d’autres manières de vivre, de penser et de faire, avec respect et humilité. Tout comme nous avons toujours eu le souci de ne pas passer pour les Z’oreils, au sens péjoratif du terme, à la Réunion, nous avons le même souci de ne pas passer pour les maudits français, ici. Je pense qu’à ce jour, nous suivons fidèlement cette ligne de conduite.
     
    Notre fille aînée, âgée de treize ans, a été parti prenant dans cette aventure, à l’opposé de son frère. Elle s’est toujours montrée investie auprès de nous et a toujours fait sentir sa volonté de mener le projet à son terme. Elle a également, très certainement, dissimulé et tu beaucoup de ses appréhensions et de ses craintes, par souci de nous préserver. Je sais qu’elle a pu vivre, en silence, des moments difficiles et je comprends parfois certaines de ses réactions virulentes, qui ne sont pas uniquement liées à la simple manifestation de son adolescence naissante. Partir avec des enfants, les faire embarquer dans notre train, n’est pas chose facile, même lorsqu’ils adhèrent, à minima, à notre projet. Il faut savoir décoder certains comportements et prendre le temps de parler.
    La rentrée scolaire a été chargée d’émotion. Un sentiment très particulier m’a envahi, lorsque j’ai laissé mon fils de dix ans traverser la cour d’école à l’appel de son nom. Je l’ai regardé partir, dos à moi, vers de nouveaux camarades, un nouvel instituteur, une nouvelle école, une nouvelle vie. Lui qui n’a jamais adhéré à ce projet, qui a toujours catégoriquement refusé de nous accompagner, qui aurait tant voulu rester en France, auprès de ses amis, de notre famille, et que nous avons déraciné de force. Je l’ai regardé partir, perdu au milieu de cette foule bruyante, me cherchant du regard, subissant tant bien que mal une situation qu’il avait toujours refusée, faisant visiblement des efforts pour ne pas céder à la panique et aux larmes. Je me suis dit que nous avions le devoir de réussir. Coûte que coûte. Il le fallait. Impossible d’échouer, car il ne nous le pardonnerait jamais. Le temps a fait son œuvre et notre garçon semble aujourd’hui heureux, ou tout du moins content, de cette nouvelle vie. Mais il nous a reproché longtemps, et nous reproche encore parfois, le déracinement que nous lui avons fait vivre.
    Immigrer, tout quitter, c’est aussi assumer le risque que nos enfants ne partagent pas notre projet. Un obstacle très sérieux à prendre en compte et à vivre. Une expérience parfois douloureuse pour tous. Le dialogue est toujours ouvert à la maison et chacun peut exprimer ses ressentis sans crainte d’être jugé. Libérer la parole est d’une aide précieuse dans des circonstances difficiles. Nous prenons régulièrement le temps de laisser nos enfants parler, verbaliser, exprimer leurs émotions face à cette nouvelle vie. Nous constatons qu’au fil du temps, ils l’apprécient et parviennent à se tisser un nouveau réseau social. Ils nouent de nouvelles amitiés, se créent de nouveaux repères, montent de nouveaux projets. Ils avancent, ils s’adaptent. Comme nous.
     
    S’adapter, s’intégrer, sont des mots qui, pour nous, ont été synonymes de travail. Nous sommes venus au Québec sans emploi. Trouver un travail à des milliers de kilomètres de distances, sur un marché du travail très flexible, dans lequel tout peut se jouer en quelques heures seulement, nous est apparu vain. Nous avons opté pour le pragmatisme en nous disant que notre dossier d’immigration avait été retenu et classé prioritaire, au regard de nos domaines de formation (responsable d’établissement pour personnes âgées ou dépendantes concernant mon épouse et éducateur spécialisé me concernant). Cela signifiait pour nous, au regard des critères drastiques d’immigration fixés par le Canada et le Québec, que nos métiers trouveraient certainement des débouchés ici. C’était un pari sur l’avenir à prendre. Nous l’avons pris.
    Depuis le début de notre projet, nous savions que nos économies ne nous permettraient pas d’aller au-delà des fêtes de fin d’années si nous ne trouvions pas rapidement de travail. Trois semaines après notre arrivée, le temps de nous installer, nous avons intégré un club de recherche d’emploi. Ces clubs permettent de réseauter rapidement et de faciliter l’accès au marché caché du travail. Ainsi, si 20 à 30% des offres de travail sont disponibles à tous sur internet ou dans divers supports d’annonces, l’essentiel des postes à pourvoir (entre 70 et 80% selon les chiffres avancés au sein du club de recherche) se trouve par le biais de l’exploration du marché caché (annonces paraissant à l’interne des entreprises, postes allant s’ouvrir sans affichage officiel, bouche-à-oreille, démarchage informel d’employeur, rencontres diverses, etc.). Il nous a fallu travailler autour de notre CV, nous préparer à démarcher de potentiels employeurs, à passer des entrevues d’embauche, nous adapter à de nouvelles terminologies d’emplois, accepter de repartir de plus bas (peut-être le plus difficile). Une véritable remise en cause à faire, qui n’a pas été des plus simples. Nous avions, mon épouse et moi-même, des emplois satisfaisants en France, qui nous permettaient de vivre correctement. J’étais employé de la fonction publique. Un emploi des plus stables. L’acceptation, le deuil de cet emploi, n’a pas été facile. Il m’a fallu plusieurs semaines pour digérer ce changement. Malgré les difficultés, cette expérience a été des plus concluantes, puisque nous avons eu la chance de retrouver facilement du travail. Des rencontres fortuites, des coïncidences heureuses, mais aussi la volonté et l’acharnement à vouloir décrocher quelque chose vaille que vaille, ont eu raison de nos doutes. Un mois après notre arrivée, j’ai retrouvé un emploi. Un mois plus tard, mon épouse travaillait. Le soulagement ressenti a été énorme, même si la réalité de ce marché du travail fait que rien n’est jamais joué d’avance et qu’il faut se préparer à être débarqué du jour au lendemain. Nous connaissons les règles de ce jeu et les avons acceptées, en nous disant que s’il est facile de perdre son emploi, il est également facile d’en retrouver un. La peur n’évitant pas le danger, nous profitons de chaque jour et le prenons pour ce qu’il est : une vie à lui tout seul.
     
    Des bilans, nous en avons fait. Plein. Quotidiennement ! Lorsque notre vie est à ce point bouleversée, chaque expérience est l’occasion de faire le point, ou presque. Certains jours ont été plus prospères que d’autres. Le cap des premiers mois est important à franchir. Trois mois ? Six mois ? Le délai varie selon chacun. Me concernant, il a fallu près de huit mois pour stabiliser mon moral, mes humeurs, pour être rassuré et confiant, pour être dans une dynamique plus positive. J’ai réellement connu des hauts saisissants et des bas vertigineux, en l’espace de quelques jours, voire quelques heures. Le prix à payer pour vivre une autre vie. Une autre vie ? Vraiment ?
    Le processus d’immigration est usant physiquement et nerveusement, même quand il est bien préparé. Il faut être solide pour affronter tous les obstacles qui se dressent devant soi, et nous comprenons que certains puissent renoncer. Nous concernant, nous n’y avons pas pensé. Nous nous sommes dit que nous n’avions pas vécu deux ans et demi de procédures pour abandonner sans nous laisser une chance de réussir. Des échéances ? Nous n’en avons pas. Pas vraiment. Nous ne nous fixons pas de durée pour rester ici. Nous ne savons pas si nous rentrerons, ou pas, un jour nous établir en France, ou ailleurs. Nous profitons de chaque jour en nous disant que l’avenir nous dira quoi faire.
    Notre intégration se poursuit. Notre réseau social, amical et professionnel se modèle. Nos repères s’ancrent peu à peu. Nous nous posons et sentons une grande fatigue nous gagner. Les mois écoulés n’ont pas épargné les organismes. Malgré les difficultés, nous savourons le goût de cette expérience. Nous sommes heureux de vivre les changements que nous avons occasionnés, car les changements, même radicaux, sont toujours bénéfiques. Nous avons beaucoup appris sur nous-mêmes, sur nos capacités d’adaptation. Nous savons qu’il faut tenter sa chance lorsque l’occasion se présente.
    Aujourd’hui, nous sommes conscients des risques que nous avons pris en réalisant ce projet. Même s’ils étaient anticipés et planifiés, les vivre a été une épreuve et une aventure formidables. Tout n’est pas, non plus, encore gagné et beaucoup d’obstacles risquent encore de se dresser sur notre route. Mais nous restons confiants. Confiants en nous-mêmes, confiants en nos enfants et confiants en l’avenir.
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    B@bouk a reçu une réaction de precious perla pour un billet, Bilan après un an (ou presque...)   
    Bilan après un an (ou presque...)
     
    Chaque projet d’immigration est unique. Il n’appartient qu’à ceux qui le vivent et reste fondamentalement dépendant des conditions dans lesquelles il émerge. Chaque personne, qui quitte son pays pour aller s’installer dans un autre, projette des attentes, des envies ou des besoins dans sa volonté de changement. Si certaines expériences apportent des clés, des indices sur ce qu’il faut faire, ou pas, aucune ne peut vraiment se calquer à la nôtre. Aussi, ce bilan dressé après un an passé ici, n’est que le nôtre. Uniquement le nôtre. Notre expérience peut se partager, mais ne doit pas être perçue comme une vérité, ni comme une réalité qui s’impose à tous. Elle n’est que le reflet de ce que nous avons découvert et vécu, en lien avec notre parcours de vie et avec les attentes que nous avions placées dans ce désir de départ. Chaque projet d’immigration est unique.
     
    Émigrer, immigrer, est une épreuve et une aventure.
    Peu importe ce que nous cherchons dans ce nouveau départ, peu importe les motivations qui nous poussent à le faire, cette expérience est une épreuve. Une épreuve personnelle et familiale. Une épreuve difficile humainement, socialement et professionnellement. Une épreuve qui nous transforme. Mais c’est également une aventure extraordinaire, qui nous amène à nous dépasser, à affronter nos craintes, à remettre en cause nos acquis, à sortir de notre zone de confort ; une aventure propice à la remise en question, à l’introspection, qui nous apprend beaucoup sur nous-même. Une aventure riche d’enseignements et d’apprentissages, pour nous, pour nos enfants.
    Voilà donc bientôt un an que nous avons foulé le sol de cette nouvelle vie. Un projet qui a vu le jour voilà plus de dix ans, après le visionnement d’un reportage sur une famille qui traversait le continent américain, avec pour objectif d’aller manger du sirop d’érable coulé sur une petite cuillère de neige, à Québec, le soir de Noël. Une fois la télévision éteinte, nous nous étions dit que, nous aussi, nous ferions cela un jour. Sans y prêter trop attention, le projet a mûri dans nos têtes. Le Québec était toujours en toile de fond, malgré notre vie qui se poursuivait ailleurs. Jusqu’à ce séjour de découverte, à l’été 2012, qui a définitivement scellé notre désir de tenter l’aventure. En décembre de la même année, le dossier d’immigration était lancé. Deux ans et demi de procédures administratives plus tard, le projet est devenu réalité. Le 23 juillet 2015, toute la petite famille (deux adultes, notre fille de 13 ans, notre fils de 10 ans et notre vieux toutou) a posé le pied en terre inconnue, avec quatre valises, quelques cartons, et de quoi subsister quatre ou cinq mois sans travail. Rien de plus. Tout un défi !
     
    Le sentiment prédominant chez moi le jour de notre arrivée a, sans conteste, été la solitude. Une fois passées la longueur des procédures, l’excitation du déménagement, la tristesse des au-revoir, une fois achevées les dernières procédures au bureau de l’immigration et après avoir entendu de la bouche de la préposée la petite phrase libératrice « bienvenue au Québec », ce projet d’immigration s’est révélé à moi, dans toute sa réalité, le soir où nous nous sommes retrouvés seuls, tous les quatre, avec nos valises, dans la maison que nos amis nous ont si gentiment prêtée pour notre première nuit à Montréal. Une solitude qui s’est accompagnée d’un flot de questionnements, de craintes et d’angoisses. Une solitude engendrée par nos seuls choix. Une solitude à affronter et à assumer. Le début de notre vie québécoise.
    Il est incroyable de constater comment, dans ces moments où nous perdons tous nos repères, nos instincts les plus primaires se réveillent en nous. Manger, boire, dormir, s’assurer que tout notre petit monde va bien. Voilà les premières préoccupations, très matérielles, qui ont été les nôtres en ce premier jour. Subvenir à l’essentiel. Passer symboliquement le cap de la première nuit pour pouvoir se dire « un jour de passé, c’est bon. Il peut y en avoir plein d’autres alors. » Une réflexion qui peut sembler idiote, mais qui a été la mienne et ces premiers instants. Le deuxième jour, s’est posée la question du toit à mettre sur notre tête. Le contact téléphonique avec le propriétaire, établi depuis la France et finalisé par la signature du bail, a été bon. Mais on ne peut s’empêcher de penser que ce n’était qu’un bout de papier signé à des milliers de kilomètres, sans garantie autre que la parole donnée, et que des surprises, bonnes ou mauvaises, peuvent toujours survenir. Nous concernant, cela a été une bonne surprise. Tout s’est déroulé pour le mieux et, même s’il nous a fallu plusieurs jours pour nettoyer et investir les lieux, nous avions enfin un domicile à Québec. Soulagement.
     
    Les premières semaines de cette nouvelle vie ont été bercées au rythme des procédures administratives, encore et toujours. Cela nous a permis de nous familiariser peu à peu avec la ville, que nous parcourions en bus, par choix de ne pas investir dans une voiture. Notre logement est situé en plein centre-ville et ce poste de dépenses n’a pas été, volontairement, prévu au budget (nous optons, depuis bientôt un an, par les déplacements en transports en commun et avons recours à de la location ponctuelle de voiture pour les jours où ce besoin se fait sentir. Un bon compromis pour nous). Mais revenons à ces premiers jours, rythmés par les démarches administratives. Certains diront qu’elles sont fastidieuses. Peut-être. Pour nous, chacune d’elle a marqué un point de fixation à notre pays d’accueil. Le numéro d’assurance sociale, indispensable pour travailler, première victoire. La carte d’assurance maladie, le permis de conduire québécois, l’obtention de notre carte bancaire, autant de procédures qui ont scellé cette nouvelle appartenance à la société québécoise. Jusqu’à l’obtention de notre carte de résidents permanents, que nous avons si longuement attendue et qui a achevé de faire de nous des citoyens, au sens symbolique du terme. Migrants, résidents permanents, certes, mais citoyens dans nos têtes.
     
    S’intégrer dans cette nouvelle société, n’a pas été difficile. L’état d’esprit dans lequel cette démarche se fait importe beaucoup. Nous étions influencés par notre première expatriation hors du territoire métropolitain français, lorsque nous sommes partis vivre six ans à l’île de la Réunion. Même si la Réunion est un département français, sa culture, son histoire, sa situation géographique, son climat et son mode de vie singulier nous ont conduits au même effort d’intégration que celui que nous menons ici. Ne pas venir en conquérant. Cela est important. Essentiel même. Ne pas arriver en comparant, même si la réalité fait que cela arrive parfois. Nous avons toujours eu à cœur, à la Réunion comme au Québec, de laisser s’exprimer notre envie de connaitre, d’apprendre, de découvrir, de nous confronter à de nouvelles cultures, à d’autres manières de vivre, de penser et de faire, avec respect et humilité. Tout comme nous avons toujours eu le souci de ne pas passer pour les Z’oreils, au sens péjoratif du terme, à la Réunion, nous avons le même souci de ne pas passer pour les maudits français, ici. Je pense qu’à ce jour, nous suivons fidèlement cette ligne de conduite.
     
    Notre fille aînée, âgée de treize ans, a été parti prenant dans cette aventure, à l’opposé de son frère. Elle s’est toujours montrée investie auprès de nous et a toujours fait sentir sa volonté de mener le projet à son terme. Elle a également, très certainement, dissimulé et tu beaucoup de ses appréhensions et de ses craintes, par souci de nous préserver. Je sais qu’elle a pu vivre, en silence, des moments difficiles et je comprends parfois certaines de ses réactions virulentes, qui ne sont pas uniquement liées à la simple manifestation de son adolescence naissante. Partir avec des enfants, les faire embarquer dans notre train, n’est pas chose facile, même lorsqu’ils adhèrent, à minima, à notre projet. Il faut savoir décoder certains comportements et prendre le temps de parler.
    La rentrée scolaire a été chargée d’émotion. Un sentiment très particulier m’a envahi, lorsque j’ai laissé mon fils de dix ans traverser la cour d’école à l’appel de son nom. Je l’ai regardé partir, dos à moi, vers de nouveaux camarades, un nouvel instituteur, une nouvelle école, une nouvelle vie. Lui qui n’a jamais adhéré à ce projet, qui a toujours catégoriquement refusé de nous accompagner, qui aurait tant voulu rester en France, auprès de ses amis, de notre famille, et que nous avons déraciné de force. Je l’ai regardé partir, perdu au milieu de cette foule bruyante, me cherchant du regard, subissant tant bien que mal une situation qu’il avait toujours refusée, faisant visiblement des efforts pour ne pas céder à la panique et aux larmes. Je me suis dit que nous avions le devoir de réussir. Coûte que coûte. Il le fallait. Impossible d’échouer, car il ne nous le pardonnerait jamais. Le temps a fait son œuvre et notre garçon semble aujourd’hui heureux, ou tout du moins content, de cette nouvelle vie. Mais il nous a reproché longtemps, et nous reproche encore parfois, le déracinement que nous lui avons fait vivre.
    Immigrer, tout quitter, c’est aussi assumer le risque que nos enfants ne partagent pas notre projet. Un obstacle très sérieux à prendre en compte et à vivre. Une expérience parfois douloureuse pour tous. Le dialogue est toujours ouvert à la maison et chacun peut exprimer ses ressentis sans crainte d’être jugé. Libérer la parole est d’une aide précieuse dans des circonstances difficiles. Nous prenons régulièrement le temps de laisser nos enfants parler, verbaliser, exprimer leurs émotions face à cette nouvelle vie. Nous constatons qu’au fil du temps, ils l’apprécient et parviennent à se tisser un nouveau réseau social. Ils nouent de nouvelles amitiés, se créent de nouveaux repères, montent de nouveaux projets. Ils avancent, ils s’adaptent. Comme nous.
     
    S’adapter, s’intégrer, sont des mots qui, pour nous, ont été synonymes de travail. Nous sommes venus au Québec sans emploi. Trouver un travail à des milliers de kilomètres de distances, sur un marché du travail très flexible, dans lequel tout peut se jouer en quelques heures seulement, nous est apparu vain. Nous avons opté pour le pragmatisme en nous disant que notre dossier d’immigration avait été retenu et classé prioritaire, au regard de nos domaines de formation (responsable d’établissement pour personnes âgées ou dépendantes concernant mon épouse et éducateur spécialisé me concernant). Cela signifiait pour nous, au regard des critères drastiques d’immigration fixés par le Canada et le Québec, que nos métiers trouveraient certainement des débouchés ici. C’était un pari sur l’avenir à prendre. Nous l’avons pris.
    Depuis le début de notre projet, nous savions que nos économies ne nous permettraient pas d’aller au-delà des fêtes de fin d’années si nous ne trouvions pas rapidement de travail. Trois semaines après notre arrivée, le temps de nous installer, nous avons intégré un club de recherche d’emploi. Ces clubs permettent de réseauter rapidement et de faciliter l’accès au marché caché du travail. Ainsi, si 20 à 30% des offres de travail sont disponibles à tous sur internet ou dans divers supports d’annonces, l’essentiel des postes à pourvoir (entre 70 et 80% selon les chiffres avancés au sein du club de recherche) se trouve par le biais de l’exploration du marché caché (annonces paraissant à l’interne des entreprises, postes allant s’ouvrir sans affichage officiel, bouche-à-oreille, démarchage informel d’employeur, rencontres diverses, etc.). Il nous a fallu travailler autour de notre CV, nous préparer à démarcher de potentiels employeurs, à passer des entrevues d’embauche, nous adapter à de nouvelles terminologies d’emplois, accepter de repartir de plus bas (peut-être le plus difficile). Une véritable remise en cause à faire, qui n’a pas été des plus simples. Nous avions, mon épouse et moi-même, des emplois satisfaisants en France, qui nous permettaient de vivre correctement. J’étais employé de la fonction publique. Un emploi des plus stables. L’acceptation, le deuil de cet emploi, n’a pas été facile. Il m’a fallu plusieurs semaines pour digérer ce changement. Malgré les difficultés, cette expérience a été des plus concluantes, puisque nous avons eu la chance de retrouver facilement du travail. Des rencontres fortuites, des coïncidences heureuses, mais aussi la volonté et l’acharnement à vouloir décrocher quelque chose vaille que vaille, ont eu raison de nos doutes. Un mois après notre arrivée, j’ai retrouvé un emploi. Un mois plus tard, mon épouse travaillait. Le soulagement ressenti a été énorme, même si la réalité de ce marché du travail fait que rien n’est jamais joué d’avance et qu’il faut se préparer à être débarqué du jour au lendemain. Nous connaissons les règles de ce jeu et les avons acceptées, en nous disant que s’il est facile de perdre son emploi, il est également facile d’en retrouver un. La peur n’évitant pas le danger, nous profitons de chaque jour et le prenons pour ce qu’il est : une vie à lui tout seul.
     
    Des bilans, nous en avons fait. Plein. Quotidiennement ! Lorsque notre vie est à ce point bouleversée, chaque expérience est l’occasion de faire le point, ou presque. Certains jours ont été plus prospères que d’autres. Le cap des premiers mois est important à franchir. Trois mois ? Six mois ? Le délai varie selon chacun. Me concernant, il a fallu près de huit mois pour stabiliser mon moral, mes humeurs, pour être rassuré et confiant, pour être dans une dynamique plus positive. J’ai réellement connu des hauts saisissants et des bas vertigineux, en l’espace de quelques jours, voire quelques heures. Le prix à payer pour vivre une autre vie. Une autre vie ? Vraiment ?
    Le processus d’immigration est usant physiquement et nerveusement, même quand il est bien préparé. Il faut être solide pour affronter tous les obstacles qui se dressent devant soi, et nous comprenons que certains puissent renoncer. Nous concernant, nous n’y avons pas pensé. Nous nous sommes dit que nous n’avions pas vécu deux ans et demi de procédures pour abandonner sans nous laisser une chance de réussir. Des échéances ? Nous n’en avons pas. Pas vraiment. Nous ne nous fixons pas de durée pour rester ici. Nous ne savons pas si nous rentrerons, ou pas, un jour nous établir en France, ou ailleurs. Nous profitons de chaque jour en nous disant que l’avenir nous dira quoi faire.
    Notre intégration se poursuit. Notre réseau social, amical et professionnel se modèle. Nos repères s’ancrent peu à peu. Nous nous posons et sentons une grande fatigue nous gagner. Les mois écoulés n’ont pas épargné les organismes. Malgré les difficultés, nous savourons le goût de cette expérience. Nous sommes heureux de vivre les changements que nous avons occasionnés, car les changements, même radicaux, sont toujours bénéfiques. Nous avons beaucoup appris sur nous-mêmes, sur nos capacités d’adaptation. Nous savons qu’il faut tenter sa chance lorsque l’occasion se présente.
    Aujourd’hui, nous sommes conscients des risques que nous avons pris en réalisant ce projet. Même s’ils étaient anticipés et planifiés, les vivre a été une épreuve et une aventure formidables. Tout n’est pas, non plus, encore gagné et beaucoup d’obstacles risquent encore de se dresser sur notre route. Mais nous restons confiants. Confiants en nous-mêmes, confiants en nos enfants et confiants en l’avenir.
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    B@bouk a reçu une réaction de yann43 pour un billet, Bilan après un an (ou presque...)   
    Bilan après un an (ou presque...)
     
    Chaque projet d’immigration est unique. Il n’appartient qu’à ceux qui le vivent et reste fondamentalement dépendant des conditions dans lesquelles il émerge. Chaque personne, qui quitte son pays pour aller s’installer dans un autre, projette des attentes, des envies ou des besoins dans sa volonté de changement. Si certaines expériences apportent des clés, des indices sur ce qu’il faut faire, ou pas, aucune ne peut vraiment se calquer à la nôtre. Aussi, ce bilan dressé après un an passé ici, n’est que le nôtre. Uniquement le nôtre. Notre expérience peut se partager, mais ne doit pas être perçue comme une vérité, ni comme une réalité qui s’impose à tous. Elle n’est que le reflet de ce que nous avons découvert et vécu, en lien avec notre parcours de vie et avec les attentes que nous avions placées dans ce désir de départ. Chaque projet d’immigration est unique.
     
    Émigrer, immigrer, est une épreuve et une aventure.
    Peu importe ce que nous cherchons dans ce nouveau départ, peu importe les motivations qui nous poussent à le faire, cette expérience est une épreuve. Une épreuve personnelle et familiale. Une épreuve difficile humainement, socialement et professionnellement. Une épreuve qui nous transforme. Mais c’est également une aventure extraordinaire, qui nous amène à nous dépasser, à affronter nos craintes, à remettre en cause nos acquis, à sortir de notre zone de confort ; une aventure propice à la remise en question, à l’introspection, qui nous apprend beaucoup sur nous-même. Une aventure riche d’enseignements et d’apprentissages, pour nous, pour nos enfants.
    Voilà donc bientôt un an que nous avons foulé le sol de cette nouvelle vie. Un projet qui a vu le jour voilà plus de dix ans, après le visionnement d’un reportage sur une famille qui traversait le continent américain, avec pour objectif d’aller manger du sirop d’érable coulé sur une petite cuillère de neige, à Québec, le soir de Noël. Une fois la télévision éteinte, nous nous étions dit que, nous aussi, nous ferions cela un jour. Sans y prêter trop attention, le projet a mûri dans nos têtes. Le Québec était toujours en toile de fond, malgré notre vie qui se poursuivait ailleurs. Jusqu’à ce séjour de découverte, à l’été 2012, qui a définitivement scellé notre désir de tenter l’aventure. En décembre de la même année, le dossier d’immigration était lancé. Deux ans et demi de procédures administratives plus tard, le projet est devenu réalité. Le 23 juillet 2015, toute la petite famille (deux adultes, notre fille de 13 ans, notre fils de 10 ans et notre vieux toutou) a posé le pied en terre inconnue, avec quatre valises, quelques cartons, et de quoi subsister quatre ou cinq mois sans travail. Rien de plus. Tout un défi !
     
    Le sentiment prédominant chez moi le jour de notre arrivée a, sans conteste, été la solitude. Une fois passées la longueur des procédures, l’excitation du déménagement, la tristesse des au-revoir, une fois achevées les dernières procédures au bureau de l’immigration et après avoir entendu de la bouche de la préposée la petite phrase libératrice « bienvenue au Québec », ce projet d’immigration s’est révélé à moi, dans toute sa réalité, le soir où nous nous sommes retrouvés seuls, tous les quatre, avec nos valises, dans la maison que nos amis nous ont si gentiment prêtée pour notre première nuit à Montréal. Une solitude qui s’est accompagnée d’un flot de questionnements, de craintes et d’angoisses. Une solitude engendrée par nos seuls choix. Une solitude à affronter et à assumer. Le début de notre vie québécoise.
    Il est incroyable de constater comment, dans ces moments où nous perdons tous nos repères, nos instincts les plus primaires se réveillent en nous. Manger, boire, dormir, s’assurer que tout notre petit monde va bien. Voilà les premières préoccupations, très matérielles, qui ont été les nôtres en ce premier jour. Subvenir à l’essentiel. Passer symboliquement le cap de la première nuit pour pouvoir se dire « un jour de passé, c’est bon. Il peut y en avoir plein d’autres alors. » Une réflexion qui peut sembler idiote, mais qui a été la mienne et ces premiers instants. Le deuxième jour, s’est posée la question du toit à mettre sur notre tête. Le contact téléphonique avec le propriétaire, établi depuis la France et finalisé par la signature du bail, a été bon. Mais on ne peut s’empêcher de penser que ce n’était qu’un bout de papier signé à des milliers de kilomètres, sans garantie autre que la parole donnée, et que des surprises, bonnes ou mauvaises, peuvent toujours survenir. Nous concernant, cela a été une bonne surprise. Tout s’est déroulé pour le mieux et, même s’il nous a fallu plusieurs jours pour nettoyer et investir les lieux, nous avions enfin un domicile à Québec. Soulagement.
     
    Les premières semaines de cette nouvelle vie ont été bercées au rythme des procédures administratives, encore et toujours. Cela nous a permis de nous familiariser peu à peu avec la ville, que nous parcourions en bus, par choix de ne pas investir dans une voiture. Notre logement est situé en plein centre-ville et ce poste de dépenses n’a pas été, volontairement, prévu au budget (nous optons, depuis bientôt un an, par les déplacements en transports en commun et avons recours à de la location ponctuelle de voiture pour les jours où ce besoin se fait sentir. Un bon compromis pour nous). Mais revenons à ces premiers jours, rythmés par les démarches administratives. Certains diront qu’elles sont fastidieuses. Peut-être. Pour nous, chacune d’elle a marqué un point de fixation à notre pays d’accueil. Le numéro d’assurance sociale, indispensable pour travailler, première victoire. La carte d’assurance maladie, le permis de conduire québécois, l’obtention de notre carte bancaire, autant de procédures qui ont scellé cette nouvelle appartenance à la société québécoise. Jusqu’à l’obtention de notre carte de résidents permanents, que nous avons si longuement attendue et qui a achevé de faire de nous des citoyens, au sens symbolique du terme. Migrants, résidents permanents, certes, mais citoyens dans nos têtes.
     
    S’intégrer dans cette nouvelle société, n’a pas été difficile. L’état d’esprit dans lequel cette démarche se fait importe beaucoup. Nous étions influencés par notre première expatriation hors du territoire métropolitain français, lorsque nous sommes partis vivre six ans à l’île de la Réunion. Même si la Réunion est un département français, sa culture, son histoire, sa situation géographique, son climat et son mode de vie singulier nous ont conduits au même effort d’intégration que celui que nous menons ici. Ne pas venir en conquérant. Cela est important. Essentiel même. Ne pas arriver en comparant, même si la réalité fait que cela arrive parfois. Nous avons toujours eu à cœur, à la Réunion comme au Québec, de laisser s’exprimer notre envie de connaitre, d’apprendre, de découvrir, de nous confronter à de nouvelles cultures, à d’autres manières de vivre, de penser et de faire, avec respect et humilité. Tout comme nous avons toujours eu le souci de ne pas passer pour les Z’oreils, au sens péjoratif du terme, à la Réunion, nous avons le même souci de ne pas passer pour les maudits français, ici. Je pense qu’à ce jour, nous suivons fidèlement cette ligne de conduite.
     
    Notre fille aînée, âgée de treize ans, a été parti prenant dans cette aventure, à l’opposé de son frère. Elle s’est toujours montrée investie auprès de nous et a toujours fait sentir sa volonté de mener le projet à son terme. Elle a également, très certainement, dissimulé et tu beaucoup de ses appréhensions et de ses craintes, par souci de nous préserver. Je sais qu’elle a pu vivre, en silence, des moments difficiles et je comprends parfois certaines de ses réactions virulentes, qui ne sont pas uniquement liées à la simple manifestation de son adolescence naissante. Partir avec des enfants, les faire embarquer dans notre train, n’est pas chose facile, même lorsqu’ils adhèrent, à minima, à notre projet. Il faut savoir décoder certains comportements et prendre le temps de parler.
    La rentrée scolaire a été chargée d’émotion. Un sentiment très particulier m’a envahi, lorsque j’ai laissé mon fils de dix ans traverser la cour d’école à l’appel de son nom. Je l’ai regardé partir, dos à moi, vers de nouveaux camarades, un nouvel instituteur, une nouvelle école, une nouvelle vie. Lui qui n’a jamais adhéré à ce projet, qui a toujours catégoriquement refusé de nous accompagner, qui aurait tant voulu rester en France, auprès de ses amis, de notre famille, et que nous avons déraciné de force. Je l’ai regardé partir, perdu au milieu de cette foule bruyante, me cherchant du regard, subissant tant bien que mal une situation qu’il avait toujours refusée, faisant visiblement des efforts pour ne pas céder à la panique et aux larmes. Je me suis dit que nous avions le devoir de réussir. Coûte que coûte. Il le fallait. Impossible d’échouer, car il ne nous le pardonnerait jamais. Le temps a fait son œuvre et notre garçon semble aujourd’hui heureux, ou tout du moins content, de cette nouvelle vie. Mais il nous a reproché longtemps, et nous reproche encore parfois, le déracinement que nous lui avons fait vivre.
    Immigrer, tout quitter, c’est aussi assumer le risque que nos enfants ne partagent pas notre projet. Un obstacle très sérieux à prendre en compte et à vivre. Une expérience parfois douloureuse pour tous. Le dialogue est toujours ouvert à la maison et chacun peut exprimer ses ressentis sans crainte d’être jugé. Libérer la parole est d’une aide précieuse dans des circonstances difficiles. Nous prenons régulièrement le temps de laisser nos enfants parler, verbaliser, exprimer leurs émotions face à cette nouvelle vie. Nous constatons qu’au fil du temps, ils l’apprécient et parviennent à se tisser un nouveau réseau social. Ils nouent de nouvelles amitiés, se créent de nouveaux repères, montent de nouveaux projets. Ils avancent, ils s’adaptent. Comme nous.
     
    S’adapter, s’intégrer, sont des mots qui, pour nous, ont été synonymes de travail. Nous sommes venus au Québec sans emploi. Trouver un travail à des milliers de kilomètres de distances, sur un marché du travail très flexible, dans lequel tout peut se jouer en quelques heures seulement, nous est apparu vain. Nous avons opté pour le pragmatisme en nous disant que notre dossier d’immigration avait été retenu et classé prioritaire, au regard de nos domaines de formation (responsable d’établissement pour personnes âgées ou dépendantes concernant mon épouse et éducateur spécialisé me concernant). Cela signifiait pour nous, au regard des critères drastiques d’immigration fixés par le Canada et le Québec, que nos métiers trouveraient certainement des débouchés ici. C’était un pari sur l’avenir à prendre. Nous l’avons pris.
    Depuis le début de notre projet, nous savions que nos économies ne nous permettraient pas d’aller au-delà des fêtes de fin d’années si nous ne trouvions pas rapidement de travail. Trois semaines après notre arrivée, le temps de nous installer, nous avons intégré un club de recherche d’emploi. Ces clubs permettent de réseauter rapidement et de faciliter l’accès au marché caché du travail. Ainsi, si 20 à 30% des offres de travail sont disponibles à tous sur internet ou dans divers supports d’annonces, l’essentiel des postes à pourvoir (entre 70 et 80% selon les chiffres avancés au sein du club de recherche) se trouve par le biais de l’exploration du marché caché (annonces paraissant à l’interne des entreprises, postes allant s’ouvrir sans affichage officiel, bouche-à-oreille, démarchage informel d’employeur, rencontres diverses, etc.). Il nous a fallu travailler autour de notre CV, nous préparer à démarcher de potentiels employeurs, à passer des entrevues d’embauche, nous adapter à de nouvelles terminologies d’emplois, accepter de repartir de plus bas (peut-être le plus difficile). Une véritable remise en cause à faire, qui n’a pas été des plus simples. Nous avions, mon épouse et moi-même, des emplois satisfaisants en France, qui nous permettaient de vivre correctement. J’étais employé de la fonction publique. Un emploi des plus stables. L’acceptation, le deuil de cet emploi, n’a pas été facile. Il m’a fallu plusieurs semaines pour digérer ce changement. Malgré les difficultés, cette expérience a été des plus concluantes, puisque nous avons eu la chance de retrouver facilement du travail. Des rencontres fortuites, des coïncidences heureuses, mais aussi la volonté et l’acharnement à vouloir décrocher quelque chose vaille que vaille, ont eu raison de nos doutes. Un mois après notre arrivée, j’ai retrouvé un emploi. Un mois plus tard, mon épouse travaillait. Le soulagement ressenti a été énorme, même si la réalité de ce marché du travail fait que rien n’est jamais joué d’avance et qu’il faut se préparer à être débarqué du jour au lendemain. Nous connaissons les règles de ce jeu et les avons acceptées, en nous disant que s’il est facile de perdre son emploi, il est également facile d’en retrouver un. La peur n’évitant pas le danger, nous profitons de chaque jour et le prenons pour ce qu’il est : une vie à lui tout seul.
     
    Des bilans, nous en avons fait. Plein. Quotidiennement ! Lorsque notre vie est à ce point bouleversée, chaque expérience est l’occasion de faire le point, ou presque. Certains jours ont été plus prospères que d’autres. Le cap des premiers mois est important à franchir. Trois mois ? Six mois ? Le délai varie selon chacun. Me concernant, il a fallu près de huit mois pour stabiliser mon moral, mes humeurs, pour être rassuré et confiant, pour être dans une dynamique plus positive. J’ai réellement connu des hauts saisissants et des bas vertigineux, en l’espace de quelques jours, voire quelques heures. Le prix à payer pour vivre une autre vie. Une autre vie ? Vraiment ?
    Le processus d’immigration est usant physiquement et nerveusement, même quand il est bien préparé. Il faut être solide pour affronter tous les obstacles qui se dressent devant soi, et nous comprenons que certains puissent renoncer. Nous concernant, nous n’y avons pas pensé. Nous nous sommes dit que nous n’avions pas vécu deux ans et demi de procédures pour abandonner sans nous laisser une chance de réussir. Des échéances ? Nous n’en avons pas. Pas vraiment. Nous ne nous fixons pas de durée pour rester ici. Nous ne savons pas si nous rentrerons, ou pas, un jour nous établir en France, ou ailleurs. Nous profitons de chaque jour en nous disant que l’avenir nous dira quoi faire.
    Notre intégration se poursuit. Notre réseau social, amical et professionnel se modèle. Nos repères s’ancrent peu à peu. Nous nous posons et sentons une grande fatigue nous gagner. Les mois écoulés n’ont pas épargné les organismes. Malgré les difficultés, nous savourons le goût de cette expérience. Nous sommes heureux de vivre les changements que nous avons occasionnés, car les changements, même radicaux, sont toujours bénéfiques. Nous avons beaucoup appris sur nous-mêmes, sur nos capacités d’adaptation. Nous savons qu’il faut tenter sa chance lorsque l’occasion se présente.
    Aujourd’hui, nous sommes conscients des risques que nous avons pris en réalisant ce projet. Même s’ils étaient anticipés et planifiés, les vivre a été une épreuve et une aventure formidables. Tout n’est pas, non plus, encore gagné et beaucoup d’obstacles risquent encore de se dresser sur notre route. Mais nous restons confiants. Confiants en nous-mêmes, confiants en nos enfants et confiants en l’avenir.
  12. J'aime
    B@bouk a reçu une réaction de tchouck pour un billet, Bilan après un an (ou presque...)   
    Bilan après un an (ou presque...)
     
    Chaque projet d’immigration est unique. Il n’appartient qu’à ceux qui le vivent et reste fondamentalement dépendant des conditions dans lesquelles il émerge. Chaque personne, qui quitte son pays pour aller s’installer dans un autre, projette des attentes, des envies ou des besoins dans sa volonté de changement. Si certaines expériences apportent des clés, des indices sur ce qu’il faut faire, ou pas, aucune ne peut vraiment se calquer à la nôtre. Aussi, ce bilan dressé après un an passé ici, n’est que le nôtre. Uniquement le nôtre. Notre expérience peut se partager, mais ne doit pas être perçue comme une vérité, ni comme une réalité qui s’impose à tous. Elle n’est que le reflet de ce que nous avons découvert et vécu, en lien avec notre parcours de vie et avec les attentes que nous avions placées dans ce désir de départ. Chaque projet d’immigration est unique.
     
    Émigrer, immigrer, est une épreuve et une aventure.
    Peu importe ce que nous cherchons dans ce nouveau départ, peu importe les motivations qui nous poussent à le faire, cette expérience est une épreuve. Une épreuve personnelle et familiale. Une épreuve difficile humainement, socialement et professionnellement. Une épreuve qui nous transforme. Mais c’est également une aventure extraordinaire, qui nous amène à nous dépasser, à affronter nos craintes, à remettre en cause nos acquis, à sortir de notre zone de confort ; une aventure propice à la remise en question, à l’introspection, qui nous apprend beaucoup sur nous-même. Une aventure riche d’enseignements et d’apprentissages, pour nous, pour nos enfants.
    Voilà donc bientôt un an que nous avons foulé le sol de cette nouvelle vie. Un projet qui a vu le jour voilà plus de dix ans, après le visionnement d’un reportage sur une famille qui traversait le continent américain, avec pour objectif d’aller manger du sirop d’érable coulé sur une petite cuillère de neige, à Québec, le soir de Noël. Une fois la télévision éteinte, nous nous étions dit que, nous aussi, nous ferions cela un jour. Sans y prêter trop attention, le projet a mûri dans nos têtes. Le Québec était toujours en toile de fond, malgré notre vie qui se poursuivait ailleurs. Jusqu’à ce séjour de découverte, à l’été 2012, qui a définitivement scellé notre désir de tenter l’aventure. En décembre de la même année, le dossier d’immigration était lancé. Deux ans et demi de procédures administratives plus tard, le projet est devenu réalité. Le 23 juillet 2015, toute la petite famille (deux adultes, notre fille de 13 ans, notre fils de 10 ans et notre vieux toutou) a posé le pied en terre inconnue, avec quatre valises, quelques cartons, et de quoi subsister quatre ou cinq mois sans travail. Rien de plus. Tout un défi !
     
    Le sentiment prédominant chez moi le jour de notre arrivée a, sans conteste, été la solitude. Une fois passées la longueur des procédures, l’excitation du déménagement, la tristesse des au-revoir, une fois achevées les dernières procédures au bureau de l’immigration et après avoir entendu de la bouche de la préposée la petite phrase libératrice « bienvenue au Québec », ce projet d’immigration s’est révélé à moi, dans toute sa réalité, le soir où nous nous sommes retrouvés seuls, tous les quatre, avec nos valises, dans la maison que nos amis nous ont si gentiment prêtée pour notre première nuit à Montréal. Une solitude qui s’est accompagnée d’un flot de questionnements, de craintes et d’angoisses. Une solitude engendrée par nos seuls choix. Une solitude à affronter et à assumer. Le début de notre vie québécoise.
    Il est incroyable de constater comment, dans ces moments où nous perdons tous nos repères, nos instincts les plus primaires se réveillent en nous. Manger, boire, dormir, s’assurer que tout notre petit monde va bien. Voilà les premières préoccupations, très matérielles, qui ont été les nôtres en ce premier jour. Subvenir à l’essentiel. Passer symboliquement le cap de la première nuit pour pouvoir se dire « un jour de passé, c’est bon. Il peut y en avoir plein d’autres alors. » Une réflexion qui peut sembler idiote, mais qui a été la mienne et ces premiers instants. Le deuxième jour, s’est posée la question du toit à mettre sur notre tête. Le contact téléphonique avec le propriétaire, établi depuis la France et finalisé par la signature du bail, a été bon. Mais on ne peut s’empêcher de penser que ce n’était qu’un bout de papier signé à des milliers de kilomètres, sans garantie autre que la parole donnée, et que des surprises, bonnes ou mauvaises, peuvent toujours survenir. Nous concernant, cela a été une bonne surprise. Tout s’est déroulé pour le mieux et, même s’il nous a fallu plusieurs jours pour nettoyer et investir les lieux, nous avions enfin un domicile à Québec. Soulagement.
     
    Les premières semaines de cette nouvelle vie ont été bercées au rythme des procédures administratives, encore et toujours. Cela nous a permis de nous familiariser peu à peu avec la ville, que nous parcourions en bus, par choix de ne pas investir dans une voiture. Notre logement est situé en plein centre-ville et ce poste de dépenses n’a pas été, volontairement, prévu au budget (nous optons, depuis bientôt un an, par les déplacements en transports en commun et avons recours à de la location ponctuelle de voiture pour les jours où ce besoin se fait sentir. Un bon compromis pour nous). Mais revenons à ces premiers jours, rythmés par les démarches administratives. Certains diront qu’elles sont fastidieuses. Peut-être. Pour nous, chacune d’elle a marqué un point de fixation à notre pays d’accueil. Le numéro d’assurance sociale, indispensable pour travailler, première victoire. La carte d’assurance maladie, le permis de conduire québécois, l’obtention de notre carte bancaire, autant de procédures qui ont scellé cette nouvelle appartenance à la société québécoise. Jusqu’à l’obtention de notre carte de résidents permanents, que nous avons si longuement attendue et qui a achevé de faire de nous des citoyens, au sens symbolique du terme. Migrants, résidents permanents, certes, mais citoyens dans nos têtes.
     
    S’intégrer dans cette nouvelle société, n’a pas été difficile. L’état d’esprit dans lequel cette démarche se fait importe beaucoup. Nous étions influencés par notre première expatriation hors du territoire métropolitain français, lorsque nous sommes partis vivre six ans à l’île de la Réunion. Même si la Réunion est un département français, sa culture, son histoire, sa situation géographique, son climat et son mode de vie singulier nous ont conduits au même effort d’intégration que celui que nous menons ici. Ne pas venir en conquérant. Cela est important. Essentiel même. Ne pas arriver en comparant, même si la réalité fait que cela arrive parfois. Nous avons toujours eu à cœur, à la Réunion comme au Québec, de laisser s’exprimer notre envie de connaitre, d’apprendre, de découvrir, de nous confronter à de nouvelles cultures, à d’autres manières de vivre, de penser et de faire, avec respect et humilité. Tout comme nous avons toujours eu le souci de ne pas passer pour les Z’oreils, au sens péjoratif du terme, à la Réunion, nous avons le même souci de ne pas passer pour les maudits français, ici. Je pense qu’à ce jour, nous suivons fidèlement cette ligne de conduite.
     
    Notre fille aînée, âgée de treize ans, a été parti prenant dans cette aventure, à l’opposé de son frère. Elle s’est toujours montrée investie auprès de nous et a toujours fait sentir sa volonté de mener le projet à son terme. Elle a également, très certainement, dissimulé et tu beaucoup de ses appréhensions et de ses craintes, par souci de nous préserver. Je sais qu’elle a pu vivre, en silence, des moments difficiles et je comprends parfois certaines de ses réactions virulentes, qui ne sont pas uniquement liées à la simple manifestation de son adolescence naissante. Partir avec des enfants, les faire embarquer dans notre train, n’est pas chose facile, même lorsqu’ils adhèrent, à minima, à notre projet. Il faut savoir décoder certains comportements et prendre le temps de parler.
    La rentrée scolaire a été chargée d’émotion. Un sentiment très particulier m’a envahi, lorsque j’ai laissé mon fils de dix ans traverser la cour d’école à l’appel de son nom. Je l’ai regardé partir, dos à moi, vers de nouveaux camarades, un nouvel instituteur, une nouvelle école, une nouvelle vie. Lui qui n’a jamais adhéré à ce projet, qui a toujours catégoriquement refusé de nous accompagner, qui aurait tant voulu rester en France, auprès de ses amis, de notre famille, et que nous avons déraciné de force. Je l’ai regardé partir, perdu au milieu de cette foule bruyante, me cherchant du regard, subissant tant bien que mal une situation qu’il avait toujours refusée, faisant visiblement des efforts pour ne pas céder à la panique et aux larmes. Je me suis dit que nous avions le devoir de réussir. Coûte que coûte. Il le fallait. Impossible d’échouer, car il ne nous le pardonnerait jamais. Le temps a fait son œuvre et notre garçon semble aujourd’hui heureux, ou tout du moins content, de cette nouvelle vie. Mais il nous a reproché longtemps, et nous reproche encore parfois, le déracinement que nous lui avons fait vivre.
    Immigrer, tout quitter, c’est aussi assumer le risque que nos enfants ne partagent pas notre projet. Un obstacle très sérieux à prendre en compte et à vivre. Une expérience parfois douloureuse pour tous. Le dialogue est toujours ouvert à la maison et chacun peut exprimer ses ressentis sans crainte d’être jugé. Libérer la parole est d’une aide précieuse dans des circonstances difficiles. Nous prenons régulièrement le temps de laisser nos enfants parler, verbaliser, exprimer leurs émotions face à cette nouvelle vie. Nous constatons qu’au fil du temps, ils l’apprécient et parviennent à se tisser un nouveau réseau social. Ils nouent de nouvelles amitiés, se créent de nouveaux repères, montent de nouveaux projets. Ils avancent, ils s’adaptent. Comme nous.
     
    S’adapter, s’intégrer, sont des mots qui, pour nous, ont été synonymes de travail. Nous sommes venus au Québec sans emploi. Trouver un travail à des milliers de kilomètres de distances, sur un marché du travail très flexible, dans lequel tout peut se jouer en quelques heures seulement, nous est apparu vain. Nous avons opté pour le pragmatisme en nous disant que notre dossier d’immigration avait été retenu et classé prioritaire, au regard de nos domaines de formation (responsable d’établissement pour personnes âgées ou dépendantes concernant mon épouse et éducateur spécialisé me concernant). Cela signifiait pour nous, au regard des critères drastiques d’immigration fixés par le Canada et le Québec, que nos métiers trouveraient certainement des débouchés ici. C’était un pari sur l’avenir à prendre. Nous l’avons pris.
    Depuis le début de notre projet, nous savions que nos économies ne nous permettraient pas d’aller au-delà des fêtes de fin d’années si nous ne trouvions pas rapidement de travail. Trois semaines après notre arrivée, le temps de nous installer, nous avons intégré un club de recherche d’emploi. Ces clubs permettent de réseauter rapidement et de faciliter l’accès au marché caché du travail. Ainsi, si 20 à 30% des offres de travail sont disponibles à tous sur internet ou dans divers supports d’annonces, l’essentiel des postes à pourvoir (entre 70 et 80% selon les chiffres avancés au sein du club de recherche) se trouve par le biais de l’exploration du marché caché (annonces paraissant à l’interne des entreprises, postes allant s’ouvrir sans affichage officiel, bouche-à-oreille, démarchage informel d’employeur, rencontres diverses, etc.). Il nous a fallu travailler autour de notre CV, nous préparer à démarcher de potentiels employeurs, à passer des entrevues d’embauche, nous adapter à de nouvelles terminologies d’emplois, accepter de repartir de plus bas (peut-être le plus difficile). Une véritable remise en cause à faire, qui n’a pas été des plus simples. Nous avions, mon épouse et moi-même, des emplois satisfaisants en France, qui nous permettaient de vivre correctement. J’étais employé de la fonction publique. Un emploi des plus stables. L’acceptation, le deuil de cet emploi, n’a pas été facile. Il m’a fallu plusieurs semaines pour digérer ce changement. Malgré les difficultés, cette expérience a été des plus concluantes, puisque nous avons eu la chance de retrouver facilement du travail. Des rencontres fortuites, des coïncidences heureuses, mais aussi la volonté et l’acharnement à vouloir décrocher quelque chose vaille que vaille, ont eu raison de nos doutes. Un mois après notre arrivée, j’ai retrouvé un emploi. Un mois plus tard, mon épouse travaillait. Le soulagement ressenti a été énorme, même si la réalité de ce marché du travail fait que rien n’est jamais joué d’avance et qu’il faut se préparer à être débarqué du jour au lendemain. Nous connaissons les règles de ce jeu et les avons acceptées, en nous disant que s’il est facile de perdre son emploi, il est également facile d’en retrouver un. La peur n’évitant pas le danger, nous profitons de chaque jour et le prenons pour ce qu’il est : une vie à lui tout seul.
     
    Des bilans, nous en avons fait. Plein. Quotidiennement ! Lorsque notre vie est à ce point bouleversée, chaque expérience est l’occasion de faire le point, ou presque. Certains jours ont été plus prospères que d’autres. Le cap des premiers mois est important à franchir. Trois mois ? Six mois ? Le délai varie selon chacun. Me concernant, il a fallu près de huit mois pour stabiliser mon moral, mes humeurs, pour être rassuré et confiant, pour être dans une dynamique plus positive. J’ai réellement connu des hauts saisissants et des bas vertigineux, en l’espace de quelques jours, voire quelques heures. Le prix à payer pour vivre une autre vie. Une autre vie ? Vraiment ?
    Le processus d’immigration est usant physiquement et nerveusement, même quand il est bien préparé. Il faut être solide pour affronter tous les obstacles qui se dressent devant soi, et nous comprenons que certains puissent renoncer. Nous concernant, nous n’y avons pas pensé. Nous nous sommes dit que nous n’avions pas vécu deux ans et demi de procédures pour abandonner sans nous laisser une chance de réussir. Des échéances ? Nous n’en avons pas. Pas vraiment. Nous ne nous fixons pas de durée pour rester ici. Nous ne savons pas si nous rentrerons, ou pas, un jour nous établir en France, ou ailleurs. Nous profitons de chaque jour en nous disant que l’avenir nous dira quoi faire.
    Notre intégration se poursuit. Notre réseau social, amical et professionnel se modèle. Nos repères s’ancrent peu à peu. Nous nous posons et sentons une grande fatigue nous gagner. Les mois écoulés n’ont pas épargné les organismes. Malgré les difficultés, nous savourons le goût de cette expérience. Nous sommes heureux de vivre les changements que nous avons occasionnés, car les changements, même radicaux, sont toujours bénéfiques. Nous avons beaucoup appris sur nous-mêmes, sur nos capacités d’adaptation. Nous savons qu’il faut tenter sa chance lorsque l’occasion se présente.
    Aujourd’hui, nous sommes conscients des risques que nous avons pris en réalisant ce projet. Même s’ils étaient anticipés et planifiés, les vivre a été une épreuve et une aventure formidables. Tout n’est pas, non plus, encore gagné et beaucoup d’obstacles risquent encore de se dresser sur notre route. Mais nous restons confiants. Confiants en nous-mêmes, confiants en nos enfants et confiants en l’avenir.
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    Bilan après un an (ou presque...)
     
    Chaque projet d’immigration est unique. Il n’appartient qu’à ceux qui le vivent et reste fondamentalement dépendant des conditions dans lesquelles il émerge. Chaque personne, qui quitte son pays pour aller s’installer dans un autre, projette des attentes, des envies ou des besoins dans sa volonté de changement. Si certaines expériences apportent des clés, des indices sur ce qu’il faut faire, ou pas, aucune ne peut vraiment se calquer à la nôtre. Aussi, ce bilan dressé après un an passé ici, n’est que le nôtre. Uniquement le nôtre. Notre expérience peut se partager, mais ne doit pas être perçue comme une vérité, ni comme une réalité qui s’impose à tous. Elle n’est que le reflet de ce que nous avons découvert et vécu, en lien avec notre parcours de vie et avec les attentes que nous avions placées dans ce désir de départ. Chaque projet d’immigration est unique.
     
    Émigrer, immigrer, est une épreuve et une aventure.
    Peu importe ce que nous cherchons dans ce nouveau départ, peu importe les motivations qui nous poussent à le faire, cette expérience est une épreuve. Une épreuve personnelle et familiale. Une épreuve difficile humainement, socialement et professionnellement. Une épreuve qui nous transforme. Mais c’est également une aventure extraordinaire, qui nous amène à nous dépasser, à affronter nos craintes, à remettre en cause nos acquis, à sortir de notre zone de confort ; une aventure propice à la remise en question, à l’introspection, qui nous apprend beaucoup sur nous-même. Une aventure riche d’enseignements et d’apprentissages, pour nous, pour nos enfants.
    Voilà donc bientôt un an que nous avons foulé le sol de cette nouvelle vie. Un projet qui a vu le jour voilà plus de dix ans, après le visionnement d’un reportage sur une famille qui traversait le continent américain, avec pour objectif d’aller manger du sirop d’érable coulé sur une petite cuillère de neige, à Québec, le soir de Noël. Une fois la télévision éteinte, nous nous étions dit que, nous aussi, nous ferions cela un jour. Sans y prêter trop attention, le projet a mûri dans nos têtes. Le Québec était toujours en toile de fond, malgré notre vie qui se poursuivait ailleurs. Jusqu’à ce séjour de découverte, à l’été 2012, qui a définitivement scellé notre désir de tenter l’aventure. En décembre de la même année, le dossier d’immigration était lancé. Deux ans et demi de procédures administratives plus tard, le projet est devenu réalité. Le 23 juillet 2015, toute la petite famille (deux adultes, notre fille de 13 ans, notre fils de 10 ans et notre vieux toutou) a posé le pied en terre inconnue, avec quatre valises, quelques cartons, et de quoi subsister quatre ou cinq mois sans travail. Rien de plus. Tout un défi !
     
    Le sentiment prédominant chez moi le jour de notre arrivée a, sans conteste, été la solitude. Une fois passées la longueur des procédures, l’excitation du déménagement, la tristesse des au-revoir, une fois achevées les dernières procédures au bureau de l’immigration et après avoir entendu de la bouche de la préposée la petite phrase libératrice « bienvenue au Québec », ce projet d’immigration s’est révélé à moi, dans toute sa réalité, le soir où nous nous sommes retrouvés seuls, tous les quatre, avec nos valises, dans la maison que nos amis nous ont si gentiment prêtée pour notre première nuit à Montréal. Une solitude qui s’est accompagnée d’un flot de questionnements, de craintes et d’angoisses. Une solitude engendrée par nos seuls choix. Une solitude à affronter et à assumer. Le début de notre vie québécoise.
    Il est incroyable de constater comment, dans ces moments où nous perdons tous nos repères, nos instincts les plus primaires se réveillent en nous. Manger, boire, dormir, s’assurer que tout notre petit monde va bien. Voilà les premières préoccupations, très matérielles, qui ont été les nôtres en ce premier jour. Subvenir à l’essentiel. Passer symboliquement le cap de la première nuit pour pouvoir se dire « un jour de passé, c’est bon. Il peut y en avoir plein d’autres alors. » Une réflexion qui peut sembler idiote, mais qui a été la mienne et ces premiers instants. Le deuxième jour, s’est posée la question du toit à mettre sur notre tête. Le contact téléphonique avec le propriétaire, établi depuis la France et finalisé par la signature du bail, a été bon. Mais on ne peut s’empêcher de penser que ce n’était qu’un bout de papier signé à des milliers de kilomètres, sans garantie autre que la parole donnée, et que des surprises, bonnes ou mauvaises, peuvent toujours survenir. Nous concernant, cela a été une bonne surprise. Tout s’est déroulé pour le mieux et, même s’il nous a fallu plusieurs jours pour nettoyer et investir les lieux, nous avions enfin un domicile à Québec. Soulagement.
     
    Les premières semaines de cette nouvelle vie ont été bercées au rythme des procédures administratives, encore et toujours. Cela nous a permis de nous familiariser peu à peu avec la ville, que nous parcourions en bus, par choix de ne pas investir dans une voiture. Notre logement est situé en plein centre-ville et ce poste de dépenses n’a pas été, volontairement, prévu au budget (nous optons, depuis bientôt un an, par les déplacements en transports en commun et avons recours à de la location ponctuelle de voiture pour les jours où ce besoin se fait sentir. Un bon compromis pour nous). Mais revenons à ces premiers jours, rythmés par les démarches administratives. Certains diront qu’elles sont fastidieuses. Peut-être. Pour nous, chacune d’elle a marqué un point de fixation à notre pays d’accueil. Le numéro d’assurance sociale, indispensable pour travailler, première victoire. La carte d’assurance maladie, le permis de conduire québécois, l’obtention de notre carte bancaire, autant de procédures qui ont scellé cette nouvelle appartenance à la société québécoise. Jusqu’à l’obtention de notre carte de résidents permanents, que nous avons si longuement attendue et qui a achevé de faire de nous des citoyens, au sens symbolique du terme. Migrants, résidents permanents, certes, mais citoyens dans nos têtes.
     
    S’intégrer dans cette nouvelle société, n’a pas été difficile. L’état d’esprit dans lequel cette démarche se fait importe beaucoup. Nous étions influencés par notre première expatriation hors du territoire métropolitain français, lorsque nous sommes partis vivre six ans à l’île de la Réunion. Même si la Réunion est un département français, sa culture, son histoire, sa situation géographique, son climat et son mode de vie singulier nous ont conduits au même effort d’intégration que celui que nous menons ici. Ne pas venir en conquérant. Cela est important. Essentiel même. Ne pas arriver en comparant, même si la réalité fait que cela arrive parfois. Nous avons toujours eu à cœur, à la Réunion comme au Québec, de laisser s’exprimer notre envie de connaitre, d’apprendre, de découvrir, de nous confronter à de nouvelles cultures, à d’autres manières de vivre, de penser et de faire, avec respect et humilité. Tout comme nous avons toujours eu le souci de ne pas passer pour les Z’oreils, au sens péjoratif du terme, à la Réunion, nous avons le même souci de ne pas passer pour les maudits français, ici. Je pense qu’à ce jour, nous suivons fidèlement cette ligne de conduite.
     
    Notre fille aînée, âgée de treize ans, a été parti prenant dans cette aventure, à l’opposé de son frère. Elle s’est toujours montrée investie auprès de nous et a toujours fait sentir sa volonté de mener le projet à son terme. Elle a également, très certainement, dissimulé et tu beaucoup de ses appréhensions et de ses craintes, par souci de nous préserver. Je sais qu’elle a pu vivre, en silence, des moments difficiles et je comprends parfois certaines de ses réactions virulentes, qui ne sont pas uniquement liées à la simple manifestation de son adolescence naissante. Partir avec des enfants, les faire embarquer dans notre train, n’est pas chose facile, même lorsqu’ils adhèrent, à minima, à notre projet. Il faut savoir décoder certains comportements et prendre le temps de parler.
    La rentrée scolaire a été chargée d’émotion. Un sentiment très particulier m’a envahi, lorsque j’ai laissé mon fils de dix ans traverser la cour d’école à l’appel de son nom. Je l’ai regardé partir, dos à moi, vers de nouveaux camarades, un nouvel instituteur, une nouvelle école, une nouvelle vie. Lui qui n’a jamais adhéré à ce projet, qui a toujours catégoriquement refusé de nous accompagner, qui aurait tant voulu rester en France, auprès de ses amis, de notre famille, et que nous avons déraciné de force. Je l’ai regardé partir, perdu au milieu de cette foule bruyante, me cherchant du regard, subissant tant bien que mal une situation qu’il avait toujours refusée, faisant visiblement des efforts pour ne pas céder à la panique et aux larmes. Je me suis dit que nous avions le devoir de réussir. Coûte que coûte. Il le fallait. Impossible d’échouer, car il ne nous le pardonnerait jamais. Le temps a fait son œuvre et notre garçon semble aujourd’hui heureux, ou tout du moins content, de cette nouvelle vie. Mais il nous a reproché longtemps, et nous reproche encore parfois, le déracinement que nous lui avons fait vivre.
    Immigrer, tout quitter, c’est aussi assumer le risque que nos enfants ne partagent pas notre projet. Un obstacle très sérieux à prendre en compte et à vivre. Une expérience parfois douloureuse pour tous. Le dialogue est toujours ouvert à la maison et chacun peut exprimer ses ressentis sans crainte d’être jugé. Libérer la parole est d’une aide précieuse dans des circonstances difficiles. Nous prenons régulièrement le temps de laisser nos enfants parler, verbaliser, exprimer leurs émotions face à cette nouvelle vie. Nous constatons qu’au fil du temps, ils l’apprécient et parviennent à se tisser un nouveau réseau social. Ils nouent de nouvelles amitiés, se créent de nouveaux repères, montent de nouveaux projets. Ils avancent, ils s’adaptent. Comme nous.
     
    S’adapter, s’intégrer, sont des mots qui, pour nous, ont été synonymes de travail. Nous sommes venus au Québec sans emploi. Trouver un travail à des milliers de kilomètres de distances, sur un marché du travail très flexible, dans lequel tout peut se jouer en quelques heures seulement, nous est apparu vain. Nous avons opté pour le pragmatisme en nous disant que notre dossier d’immigration avait été retenu et classé prioritaire, au regard de nos domaines de formation (responsable d’établissement pour personnes âgées ou dépendantes concernant mon épouse et éducateur spécialisé me concernant). Cela signifiait pour nous, au regard des critères drastiques d’immigration fixés par le Canada et le Québec, que nos métiers trouveraient certainement des débouchés ici. C’était un pari sur l’avenir à prendre. Nous l’avons pris.
    Depuis le début de notre projet, nous savions que nos économies ne nous permettraient pas d’aller au-delà des fêtes de fin d’années si nous ne trouvions pas rapidement de travail. Trois semaines après notre arrivée, le temps de nous installer, nous avons intégré un club de recherche d’emploi. Ces clubs permettent de réseauter rapidement et de faciliter l’accès au marché caché du travail. Ainsi, si 20 à 30% des offres de travail sont disponibles à tous sur internet ou dans divers supports d’annonces, l’essentiel des postes à pourvoir (entre 70 et 80% selon les chiffres avancés au sein du club de recherche) se trouve par le biais de l’exploration du marché caché (annonces paraissant à l’interne des entreprises, postes allant s’ouvrir sans affichage officiel, bouche-à-oreille, démarchage informel d’employeur, rencontres diverses, etc.). Il nous a fallu travailler autour de notre CV, nous préparer à démarcher de potentiels employeurs, à passer des entrevues d’embauche, nous adapter à de nouvelles terminologies d’emplois, accepter de repartir de plus bas (peut-être le plus difficile). Une véritable remise en cause à faire, qui n’a pas été des plus simples. Nous avions, mon épouse et moi-même, des emplois satisfaisants en France, qui nous permettaient de vivre correctement. J’étais employé de la fonction publique. Un emploi des plus stables. L’acceptation, le deuil de cet emploi, n’a pas été facile. Il m’a fallu plusieurs semaines pour digérer ce changement. Malgré les difficultés, cette expérience a été des plus concluantes, puisque nous avons eu la chance de retrouver facilement du travail. Des rencontres fortuites, des coïncidences heureuses, mais aussi la volonté et l’acharnement à vouloir décrocher quelque chose vaille que vaille, ont eu raison de nos doutes. Un mois après notre arrivée, j’ai retrouvé un emploi. Un mois plus tard, mon épouse travaillait. Le soulagement ressenti a été énorme, même si la réalité de ce marché du travail fait que rien n’est jamais joué d’avance et qu’il faut se préparer à être débarqué du jour au lendemain. Nous connaissons les règles de ce jeu et les avons acceptées, en nous disant que s’il est facile de perdre son emploi, il est également facile d’en retrouver un. La peur n’évitant pas le danger, nous profitons de chaque jour et le prenons pour ce qu’il est : une vie à lui tout seul.
     
    Des bilans, nous en avons fait. Plein. Quotidiennement ! Lorsque notre vie est à ce point bouleversée, chaque expérience est l’occasion de faire le point, ou presque. Certains jours ont été plus prospères que d’autres. Le cap des premiers mois est important à franchir. Trois mois ? Six mois ? Le délai varie selon chacun. Me concernant, il a fallu près de huit mois pour stabiliser mon moral, mes humeurs, pour être rassuré et confiant, pour être dans une dynamique plus positive. J’ai réellement connu des hauts saisissants et des bas vertigineux, en l’espace de quelques jours, voire quelques heures. Le prix à payer pour vivre une autre vie. Une autre vie ? Vraiment ?
    Le processus d’immigration est usant physiquement et nerveusement, même quand il est bien préparé. Il faut être solide pour affronter tous les obstacles qui se dressent devant soi, et nous comprenons que certains puissent renoncer. Nous concernant, nous n’y avons pas pensé. Nous nous sommes dit que nous n’avions pas vécu deux ans et demi de procédures pour abandonner sans nous laisser une chance de réussir. Des échéances ? Nous n’en avons pas. Pas vraiment. Nous ne nous fixons pas de durée pour rester ici. Nous ne savons pas si nous rentrerons, ou pas, un jour nous établir en France, ou ailleurs. Nous profitons de chaque jour en nous disant que l’avenir nous dira quoi faire.
    Notre intégration se poursuit. Notre réseau social, amical et professionnel se modèle. Nos repères s’ancrent peu à peu. Nous nous posons et sentons une grande fatigue nous gagner. Les mois écoulés n’ont pas épargné les organismes. Malgré les difficultés, nous savourons le goût de cette expérience. Nous sommes heureux de vivre les changements que nous avons occasionnés, car les changements, même radicaux, sont toujours bénéfiques. Nous avons beaucoup appris sur nous-mêmes, sur nos capacités d’adaptation. Nous savons qu’il faut tenter sa chance lorsque l’occasion se présente.
    Aujourd’hui, nous sommes conscients des risques que nous avons pris en réalisant ce projet. Même s’ils étaient anticipés et planifiés, les vivre a été une épreuve et une aventure formidables. Tout n’est pas, non plus, encore gagné et beaucoup d’obstacles risquent encore de se dresser sur notre route. Mais nous restons confiants. Confiants en nous-mêmes, confiants en nos enfants et confiants en l’avenir.
  14. J'aime
    B@bouk a reçu une réaction de immigrer.com pour un billet, Bilan après un an (ou presque...)   
    Bilan après un an (ou presque...)
     
    Chaque projet d’immigration est unique. Il n’appartient qu’à ceux qui le vivent et reste fondamentalement dépendant des conditions dans lesquelles il émerge. Chaque personne, qui quitte son pays pour aller s’installer dans un autre, projette des attentes, des envies ou des besoins dans sa volonté de changement. Si certaines expériences apportent des clés, des indices sur ce qu’il faut faire, ou pas, aucune ne peut vraiment se calquer à la nôtre. Aussi, ce bilan dressé après un an passé ici, n’est que le nôtre. Uniquement le nôtre. Notre expérience peut se partager, mais ne doit pas être perçue comme une vérité, ni comme une réalité qui s’impose à tous. Elle n’est que le reflet de ce que nous avons découvert et vécu, en lien avec notre parcours de vie et avec les attentes que nous avions placées dans ce désir de départ. Chaque projet d’immigration est unique.
     
    Émigrer, immigrer, est une épreuve et une aventure.
    Peu importe ce que nous cherchons dans ce nouveau départ, peu importe les motivations qui nous poussent à le faire, cette expérience est une épreuve. Une épreuve personnelle et familiale. Une épreuve difficile humainement, socialement et professionnellement. Une épreuve qui nous transforme. Mais c’est également une aventure extraordinaire, qui nous amène à nous dépasser, à affronter nos craintes, à remettre en cause nos acquis, à sortir de notre zone de confort ; une aventure propice à la remise en question, à l’introspection, qui nous apprend beaucoup sur nous-même. Une aventure riche d’enseignements et d’apprentissages, pour nous, pour nos enfants.
    Voilà donc bientôt un an que nous avons foulé le sol de cette nouvelle vie. Un projet qui a vu le jour voilà plus de dix ans, après le visionnement d’un reportage sur une famille qui traversait le continent américain, avec pour objectif d’aller manger du sirop d’érable coulé sur une petite cuillère de neige, à Québec, le soir de Noël. Une fois la télévision éteinte, nous nous étions dit que, nous aussi, nous ferions cela un jour. Sans y prêter trop attention, le projet a mûri dans nos têtes. Le Québec était toujours en toile de fond, malgré notre vie qui se poursuivait ailleurs. Jusqu’à ce séjour de découverte, à l’été 2012, qui a définitivement scellé notre désir de tenter l’aventure. En décembre de la même année, le dossier d’immigration était lancé. Deux ans et demi de procédures administratives plus tard, le projet est devenu réalité. Le 23 juillet 2015, toute la petite famille (deux adultes, notre fille de 13 ans, notre fils de 10 ans et notre vieux toutou) a posé le pied en terre inconnue, avec quatre valises, quelques cartons, et de quoi subsister quatre ou cinq mois sans travail. Rien de plus. Tout un défi !
     
    Le sentiment prédominant chez moi le jour de notre arrivée a, sans conteste, été la solitude. Une fois passées la longueur des procédures, l’excitation du déménagement, la tristesse des au-revoir, une fois achevées les dernières procédures au bureau de l’immigration et après avoir entendu de la bouche de la préposée la petite phrase libératrice « bienvenue au Québec », ce projet d’immigration s’est révélé à moi, dans toute sa réalité, le soir où nous nous sommes retrouvés seuls, tous les quatre, avec nos valises, dans la maison que nos amis nous ont si gentiment prêtée pour notre première nuit à Montréal. Une solitude qui s’est accompagnée d’un flot de questionnements, de craintes et d’angoisses. Une solitude engendrée par nos seuls choix. Une solitude à affronter et à assumer. Le début de notre vie québécoise.
    Il est incroyable de constater comment, dans ces moments où nous perdons tous nos repères, nos instincts les plus primaires se réveillent en nous. Manger, boire, dormir, s’assurer que tout notre petit monde va bien. Voilà les premières préoccupations, très matérielles, qui ont été les nôtres en ce premier jour. Subvenir à l’essentiel. Passer symboliquement le cap de la première nuit pour pouvoir se dire « un jour de passé, c’est bon. Il peut y en avoir plein d’autres alors. » Une réflexion qui peut sembler idiote, mais qui a été la mienne et ces premiers instants. Le deuxième jour, s’est posée la question du toit à mettre sur notre tête. Le contact téléphonique avec le propriétaire, établi depuis la France et finalisé par la signature du bail, a été bon. Mais on ne peut s’empêcher de penser que ce n’était qu’un bout de papier signé à des milliers de kilomètres, sans garantie autre que la parole donnée, et que des surprises, bonnes ou mauvaises, peuvent toujours survenir. Nous concernant, cela a été une bonne surprise. Tout s’est déroulé pour le mieux et, même s’il nous a fallu plusieurs jours pour nettoyer et investir les lieux, nous avions enfin un domicile à Québec. Soulagement.
     
    Les premières semaines de cette nouvelle vie ont été bercées au rythme des procédures administratives, encore et toujours. Cela nous a permis de nous familiariser peu à peu avec la ville, que nous parcourions en bus, par choix de ne pas investir dans une voiture. Notre logement est situé en plein centre-ville et ce poste de dépenses n’a pas été, volontairement, prévu au budget (nous optons, depuis bientôt un an, par les déplacements en transports en commun et avons recours à de la location ponctuelle de voiture pour les jours où ce besoin se fait sentir. Un bon compromis pour nous). Mais revenons à ces premiers jours, rythmés par les démarches administratives. Certains diront qu’elles sont fastidieuses. Peut-être. Pour nous, chacune d’elle a marqué un point de fixation à notre pays d’accueil. Le numéro d’assurance sociale, indispensable pour travailler, première victoire. La carte d’assurance maladie, le permis de conduire québécois, l’obtention de notre carte bancaire, autant de procédures qui ont scellé cette nouvelle appartenance à la société québécoise. Jusqu’à l’obtention de notre carte de résidents permanents, que nous avons si longuement attendue et qui a achevé de faire de nous des citoyens, au sens symbolique du terme. Migrants, résidents permanents, certes, mais citoyens dans nos têtes.
     
    S’intégrer dans cette nouvelle société, n’a pas été difficile. L’état d’esprit dans lequel cette démarche se fait importe beaucoup. Nous étions influencés par notre première expatriation hors du territoire métropolitain français, lorsque nous sommes partis vivre six ans à l’île de la Réunion. Même si la Réunion est un département français, sa culture, son histoire, sa situation géographique, son climat et son mode de vie singulier nous ont conduits au même effort d’intégration que celui que nous menons ici. Ne pas venir en conquérant. Cela est important. Essentiel même. Ne pas arriver en comparant, même si la réalité fait que cela arrive parfois. Nous avons toujours eu à cœur, à la Réunion comme au Québec, de laisser s’exprimer notre envie de connaitre, d’apprendre, de découvrir, de nous confronter à de nouvelles cultures, à d’autres manières de vivre, de penser et de faire, avec respect et humilité. Tout comme nous avons toujours eu le souci de ne pas passer pour les Z’oreils, au sens péjoratif du terme, à la Réunion, nous avons le même souci de ne pas passer pour les maudits français, ici. Je pense qu’à ce jour, nous suivons fidèlement cette ligne de conduite.
     
    Notre fille aînée, âgée de treize ans, a été parti prenant dans cette aventure, à l’opposé de son frère. Elle s’est toujours montrée investie auprès de nous et a toujours fait sentir sa volonté de mener le projet à son terme. Elle a également, très certainement, dissimulé et tu beaucoup de ses appréhensions et de ses craintes, par souci de nous préserver. Je sais qu’elle a pu vivre, en silence, des moments difficiles et je comprends parfois certaines de ses réactions virulentes, qui ne sont pas uniquement liées à la simple manifestation de son adolescence naissante. Partir avec des enfants, les faire embarquer dans notre train, n’est pas chose facile, même lorsqu’ils adhèrent, à minima, à notre projet. Il faut savoir décoder certains comportements et prendre le temps de parler.
    La rentrée scolaire a été chargée d’émotion. Un sentiment très particulier m’a envahi, lorsque j’ai laissé mon fils de dix ans traverser la cour d’école à l’appel de son nom. Je l’ai regardé partir, dos à moi, vers de nouveaux camarades, un nouvel instituteur, une nouvelle école, une nouvelle vie. Lui qui n’a jamais adhéré à ce projet, qui a toujours catégoriquement refusé de nous accompagner, qui aurait tant voulu rester en France, auprès de ses amis, de notre famille, et que nous avons déraciné de force. Je l’ai regardé partir, perdu au milieu de cette foule bruyante, me cherchant du regard, subissant tant bien que mal une situation qu’il avait toujours refusée, faisant visiblement des efforts pour ne pas céder à la panique et aux larmes. Je me suis dit que nous avions le devoir de réussir. Coûte que coûte. Il le fallait. Impossible d’échouer, car il ne nous le pardonnerait jamais. Le temps a fait son œuvre et notre garçon semble aujourd’hui heureux, ou tout du moins content, de cette nouvelle vie. Mais il nous a reproché longtemps, et nous reproche encore parfois, le déracinement que nous lui avons fait vivre.
    Immigrer, tout quitter, c’est aussi assumer le risque que nos enfants ne partagent pas notre projet. Un obstacle très sérieux à prendre en compte et à vivre. Une expérience parfois douloureuse pour tous. Le dialogue est toujours ouvert à la maison et chacun peut exprimer ses ressentis sans crainte d’être jugé. Libérer la parole est d’une aide précieuse dans des circonstances difficiles. Nous prenons régulièrement le temps de laisser nos enfants parler, verbaliser, exprimer leurs émotions face à cette nouvelle vie. Nous constatons qu’au fil du temps, ils l’apprécient et parviennent à se tisser un nouveau réseau social. Ils nouent de nouvelles amitiés, se créent de nouveaux repères, montent de nouveaux projets. Ils avancent, ils s’adaptent. Comme nous.
     
    S’adapter, s’intégrer, sont des mots qui, pour nous, ont été synonymes de travail. Nous sommes venus au Québec sans emploi. Trouver un travail à des milliers de kilomètres de distances, sur un marché du travail très flexible, dans lequel tout peut se jouer en quelques heures seulement, nous est apparu vain. Nous avons opté pour le pragmatisme en nous disant que notre dossier d’immigration avait été retenu et classé prioritaire, au regard de nos domaines de formation (responsable d’établissement pour personnes âgées ou dépendantes concernant mon épouse et éducateur spécialisé me concernant). Cela signifiait pour nous, au regard des critères drastiques d’immigration fixés par le Canada et le Québec, que nos métiers trouveraient certainement des débouchés ici. C’était un pari sur l’avenir à prendre. Nous l’avons pris.
    Depuis le début de notre projet, nous savions que nos économies ne nous permettraient pas d’aller au-delà des fêtes de fin d’années si nous ne trouvions pas rapidement de travail. Trois semaines après notre arrivée, le temps de nous installer, nous avons intégré un club de recherche d’emploi. Ces clubs permettent de réseauter rapidement et de faciliter l’accès au marché caché du travail. Ainsi, si 20 à 30% des offres de travail sont disponibles à tous sur internet ou dans divers supports d’annonces, l’essentiel des postes à pourvoir (entre 70 et 80% selon les chiffres avancés au sein du club de recherche) se trouve par le biais de l’exploration du marché caché (annonces paraissant à l’interne des entreprises, postes allant s’ouvrir sans affichage officiel, bouche-à-oreille, démarchage informel d’employeur, rencontres diverses, etc.). Il nous a fallu travailler autour de notre CV, nous préparer à démarcher de potentiels employeurs, à passer des entrevues d’embauche, nous adapter à de nouvelles terminologies d’emplois, accepter de repartir de plus bas (peut-être le plus difficile). Une véritable remise en cause à faire, qui n’a pas été des plus simples. Nous avions, mon épouse et moi-même, des emplois satisfaisants en France, qui nous permettaient de vivre correctement. J’étais employé de la fonction publique. Un emploi des plus stables. L’acceptation, le deuil de cet emploi, n’a pas été facile. Il m’a fallu plusieurs semaines pour digérer ce changement. Malgré les difficultés, cette expérience a été des plus concluantes, puisque nous avons eu la chance de retrouver facilement du travail. Des rencontres fortuites, des coïncidences heureuses, mais aussi la volonté et l’acharnement à vouloir décrocher quelque chose vaille que vaille, ont eu raison de nos doutes. Un mois après notre arrivée, j’ai retrouvé un emploi. Un mois plus tard, mon épouse travaillait. Le soulagement ressenti a été énorme, même si la réalité de ce marché du travail fait que rien n’est jamais joué d’avance et qu’il faut se préparer à être débarqué du jour au lendemain. Nous connaissons les règles de ce jeu et les avons acceptées, en nous disant que s’il est facile de perdre son emploi, il est également facile d’en retrouver un. La peur n’évitant pas le danger, nous profitons de chaque jour et le prenons pour ce qu’il est : une vie à lui tout seul.
     
    Des bilans, nous en avons fait. Plein. Quotidiennement ! Lorsque notre vie est à ce point bouleversée, chaque expérience est l’occasion de faire le point, ou presque. Certains jours ont été plus prospères que d’autres. Le cap des premiers mois est important à franchir. Trois mois ? Six mois ? Le délai varie selon chacun. Me concernant, il a fallu près de huit mois pour stabiliser mon moral, mes humeurs, pour être rassuré et confiant, pour être dans une dynamique plus positive. J’ai réellement connu des hauts saisissants et des bas vertigineux, en l’espace de quelques jours, voire quelques heures. Le prix à payer pour vivre une autre vie. Une autre vie ? Vraiment ?
    Le processus d’immigration est usant physiquement et nerveusement, même quand il est bien préparé. Il faut être solide pour affronter tous les obstacles qui se dressent devant soi, et nous comprenons que certains puissent renoncer. Nous concernant, nous n’y avons pas pensé. Nous nous sommes dit que nous n’avions pas vécu deux ans et demi de procédures pour abandonner sans nous laisser une chance de réussir. Des échéances ? Nous n’en avons pas. Pas vraiment. Nous ne nous fixons pas de durée pour rester ici. Nous ne savons pas si nous rentrerons, ou pas, un jour nous établir en France, ou ailleurs. Nous profitons de chaque jour en nous disant que l’avenir nous dira quoi faire.
    Notre intégration se poursuit. Notre réseau social, amical et professionnel se modèle. Nos repères s’ancrent peu à peu. Nous nous posons et sentons une grande fatigue nous gagner. Les mois écoulés n’ont pas épargné les organismes. Malgré les difficultés, nous savourons le goût de cette expérience. Nous sommes heureux de vivre les changements que nous avons occasionnés, car les changements, même radicaux, sont toujours bénéfiques. Nous avons beaucoup appris sur nous-mêmes, sur nos capacités d’adaptation. Nous savons qu’il faut tenter sa chance lorsque l’occasion se présente.
    Aujourd’hui, nous sommes conscients des risques que nous avons pris en réalisant ce projet. Même s’ils étaient anticipés et planifiés, les vivre a été une épreuve et une aventure formidables. Tout n’est pas, non plus, encore gagné et beaucoup d’obstacles risquent encore de se dresser sur notre route. Mais nous restons confiants. Confiants en nous-mêmes, confiants en nos enfants et confiants en l’avenir.
  15. J'aime
    B@bouk a reçu une réaction de zaki78 pour un billet, Notre projet d'immigration, de A à Z... (livre 1)   
    Notre projet d’immigration, de A à Z…
    Voilà le titre de topic qui m’est venu à l’esprit lorsque nous avons débuté nos réflexions autour de notre éventuel départ pour le Québec.
    Histoire de rassembler un peu les démarches, les émotions et sentiments (« impressions du jour », ou « info du soir ») que nous avons éprouvés durant plus de deux ans (bientôt trois), voici donc présenté le cheminement qui a été le nôtre jusqu’à aujourd’hui, histoire de partager ces moments de vie avec vous tous.


    Août 2012 : Lancement du projet
    Cette date a marqué le début des choses concrètes pour nous. Voici comment je les évoquais à l’époque :
    « Salut à toutes et tous. J'espère poster ce petit récit au bon endroit. Je propose de retracer, dans ce topic, l'ensemble des démarches liées à notre projet d'immigration au Québec, afin de vous faire partager nos questionnements, nos doutes, nos avancées et nos espoirs.
    Petite présentation pour commencer. Je m'appelle Nicolas, je suis âgé de 40 ans et travaille comme éducateur à la Protection Judiciaire de la Jeunesse depuis bientôt 11 ans. Mon épouse est âgée de 38 ans et travaille comme responsable dans un établissement médico-social. Nous avons une petite fille âgée de 10 ans et un garçon âgé de 07 ans. Sans oublier notre "petit" toutou (presque 50 kilos), qui nous suit partout depuis bientôt 07 ans. L'expatriation est quelque chose de connu chez nous puisque nous sommes partis vivre sur l'île de la Réunion pendant plus de 06 ans. Partir loin de chez soi, nous connaissons. Ce qui fait que ce départ futur pour le Québec est déjà écrémé de quelques appréhensions et inquiétudes.
    Commençons par le commencement en vous faisant part de nos premières démarches. Après avoir parcouru ce forum, et tant d'autres, après avoir étudié les nombreux sites officiels liés à l'immigration au Québec, après avoir lu de nombreux ouvrages sur ce sujet et après être partis visiter cette belle province pendant près de 3 semaines, nous avons décidé de concrétiser ce projet qui nous trottait dans la tête depuis plusieurs années : nous installer au Québec. Aujourd'hui, ce long processus n'en est qu'à ses balbutiements. La phase de prospection s'achève tout juste. Les premières démarches vont débuter.

    Etape 1 : Demande d'évaluation comparative des diplômes
    Parcours scolaire de mon épouse : Maîtrise en Administration Economique et Sociale (AES) et obtention du CAFDES (Certificat d'Aptitude aux Fonctions de Directeur d'Etablissement Social et médico-social)
    Mon parcours : Licence AES et obtention du DEES (Diplômes d'Etat d'Educateur Spécialisé)
    Nous achevons d'effectuer l'ensemble des copies certifiées conformes de nos diplômes et de nos relevés de notes. Non sans mal puisque nous nous heurtons déjà à quelques complications purement administratives. Je n'ai, en effet, jamais réclamé mes diplômes de DEUG et de Licence et, après bientôt 18 années, je me mets en quête de les récupérer auprès de mes anciennes universités...Après de nombreux contacts téléphoniques et mails sans résultats, j'ai enfin obtenu un retour positif de la fac concernant mon diplôme du DEUG. Les pièces nécessaires à la délivrance sont parties aujourd'hui. D'ici un mois, tout devrait arriver à la maison. Comme quoi, il ne faut jamais désespérer. J'ai fais de même pour la seconde université auprès de laquelle j'ai obtenu ma licence.
    La demande d'évaluation comparative est remplie et prête à parti au MICC. Nous avons opté pour faire évaluer tous nos diplômes. Les copies certifiées conformes sont faites, non sans avoir dû amadouer la préposée de l'état civil de la mairie du coin qui a du me maudire avec ma liasse de paperasse à faire certifier et qui me réclamait un courrier du Québec justifiant l'obtention de copies certifiées conformes (ben voyons... On en a tous un sur nous, hein !). La p'tite dame m'a également réclamé la pièce d'identité de ma femme, en me disant que c'était obligatoire pour pouvoir faire certifier ses diplômes (pas utile du tout). Elle m'a même demandé si j'habitais bien la commune (rien avoir avec la choucroute). Bref, elle n’avait pas envie de me faire ces fichus certificats. J'ai donc pris mon plus beau sourire et, après quelques explications transmises avec humour histoire de décoincer l'atmosphère, j'ai pu obtenir les précieux documents, que j'ai fait faire en deux exemplaires, histoire d'éviter d'avoir à y retourner en cas de problème. Je suis arrivé à 11h15 à la mairie avec deux personnes derrière moi. J'en suis reparti à 11h50 avec 12 qui attendaient et des bureaux qui fermaient à midi... Départ sur la pointe des pieds obligatoire.
    Le dossier est donc complet, hormis les originaux des diplômes du DEUG et de la Licence me concernant que je vais patiemment attendre. Du coup, l'envoi de la DCS est reporté d'autant, mais j'aurai l'esprit tranquille de savoir que toutes les pièces sont présentes dans notre dossier.

    Etape 2 : Passation du TCFQ
    Premiers contacts pris dans notre coin (Lyon et Annecy). Pour info, Annecy, bien qu'inscrit dans la liste des centres agréés, ne fait pas passer le TCFQ. Nous contactons Lyon cette semaine et tentons d'obtenir un rendez-vous proche.
    Voilà, vous savez tout sur l'état d'avancement de notre projet.
    Nous vous tiendrons régulièrement informés de nos démarches, histoire de partager avec vous un morceau de cette passionnante aventure.

    Question installation, nous serions plutôt attirés par la ville de Québec, mais je crois surtout que nous nous établirons là où nous trouverons un emploi et un logement.
    Concernant les contacts pros, j'ai fait une première démarche auprès du centre de la jeunesse de Québec (il y en a aussi à Montréal). Ils ont vocation à prendre en charge des mineurs relevant, chez nous, de l'article 375 et de l'ordonnance de 45. Ils demandent un document d'équivalence de diplôme avant d'envisager tout contact plus sérieux.
    Concernant cette équivalence, je pense qu'avec un DEES on peut obtenir le diplôme de technicien en éducation spécialisée. Avec le CAFDES de mon épouse, je ne sais pas trop à quel type d'équivalence nous pourrons avoir droit. Ce sera la surprise.
    Même si l'étude comparative n'est pas un préalable à la DCS, nous l'entamons donc quand même, histoire de prendre un peu d'avance dans nos futures démarches d'emploi.
    Concernant les métiers du social, il n'y a pas d'ordre professionnel (d'après les infos que j'ai pu trouver sur le sujet). »
    La réunion d'information était confirmée pour le 11 septembre 2012 à Paris, porte de la Villette. Le 31 août 2012, les informations relatives au TCFQ étaient plus précises :
    Date de passage fixée au 18 octobre 2012
    Centre de passage : Ecole Suisse de Langues, 06 quai Jules Courmont, 69002 LYON
    Tarif : 65 Euros par personne


    Septembre 2012 : Premières démarches, premières impressions
    Au programme du mois ; réception des diplômes, participation à la réunion d’information, envoi de la demande d’évaluation comparative des études, étude du dossier DCSQ.
    Voilà comment nous abordions ces différents évènements :
    « Réception ce jour de mon diplôme de licence, passée voilà 12 ans et que je n'avais jamais réclamé !!! Merci l'université d'Evry pour la rapidité. Moins d'une semaine, en pleine période de vacances. Je dis bravo ! Réception de mon diplôme de DEUG, après une attente de 03 semaines. Merci la fac !!!
    Nous ne nous sommes pas donné de date pour envoyer notre dossier. Avec mon épouse et nos enfants, nous savons que ce projet est lancé et qu'il se réalisera. Nos lectures sur la toile et dans les bouquins nous ont montré le côté variable des délais de procédure. Nous savons juste que nous aimerions le voir coïncider avec une rentrée scolaire, histoire de ne pas trop perturber nos enfants. Nous essayons donc de rassembler les éléments de ce vaste puzzle dans l'ordre qui nous semble adapté (récupération des diplômes, tests, attente des résultats) et tentons de n'en oublier aucun afin de mettre le plus de chances de notre côté.
    Nous ne mettons pas non plus tous nos espoirs dans ce dossier et gardons, dans un coin de notre tête, l'idée qu'il puisse aussi ne pas marcher... Nous ne voulons pas nous sentir prisonniers de cet unique projet, même s'il demeure la réalisation centrale de notre vie future. Nous ne voulons pas subir les attentes trop longues, et les espoirs déçus. Nous poursuivons donc notre vie actuelle et rassemblons les éléments utiles. Je pense que la réception de mon DEUG et les résultats du TCFQ nous permettrons d'envoyer notre DCS. Quand ? Nous ne le savons pas encore. Cette part d'aléatoire nous plait et nous motive.
    Retour sur expérience de la réunion d'information organisée par le BIQ : rien de nouveau sous le soleil : beaucoup d'infos, plutôt destinées à un public en phase de prospection et qui manque encore d'éléments. Pour notre part, cela a permis de conforter notre désir de poursuivre l'aventure. C'est déjà pas mal ! Lors de la réunion d'information, il a été précisé que peu importaient le titre exact des diplômes, mais que c'était le nombre d'année qu'ils sanctionnaient qui était pris en compte.
    Envoi de la demande d'évaluation comparative des études. Nous espérons un retour rapide.

    Nous nous attaquons maintenant à la demande de CSQ proprement dite et tâchons de rassembler tous les documents nécessaires. D'ici le 18 octobre, date de notre TCFQ, nous allons avoir de quoi faire ! Nous nous fixons le mois de septembre 2014 pour poser les pieds sur le sol québécois, pour faire coïncider notre arrivée avec la rentrée scolaire des enfants (septembre 2013 nous semble utopique). De ce que nous lisons de droite et de gauche, ce délai nous parait raisonnable. Lors de la réunion d'info, on nous a fait comprendre qu'il fallait tabler sur une moyenne de 18 mois au total. Patience, oui. Patience. Je crois que c'est le mot d'ordre. Je pense aussi qu'il faut s'aménager d'autres projets et ne pas tout miser sur celui du Québec pour, tout d'abord, éviter des déceptions éventuelles (même si ce projet est relativement préparé) et pour, en second plan, continuer à vivre au quotidien sans être en permanence rivé sur sa boite aux lettres.
    Nous nous sommes penchés de manière beaucoup plus précise sur la demande de CSQ et le moins qu'on puisse dire c'est que son renseignement est assez fastidieux. Les domaines de formation nous posent toujours problème car nous ne savons pas si nos diplômes sont à faire rentrer dans la catégorie "diplômes étrangers" ou "diplômes du Québec ou équivalents". Nous avons opté pour la seconde solution.
    Plusieurs démarches sont nécessaires, surtout concernant les actes de naissances et de mariage.
    Nous avons donc engagé plusieurs démarches, histoire d'être fins prêts lorsque les résultats du TCFQ nous seront adressés. »


    Octobre 2012 : Le nez dedans…
    PréparatIfs du TCFQ au programme du mois. Des hauts et des bas. Voici nos réflexions d’alors :
    « Un peu de morosité ce soir suite au renoncement que nous avons opéré concernant un poste proposé à mon épouse, mais qui ne correspondait pas avec notre projet, à terme, d'immigration. Nous mesurons pleinement les sacrifices et les renoncements induits par un tel processus. Pas simple d'y être confrontés. Notre détermination reste cependant intacte.
    Ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort, non ?
    Concernant le TCFQ, nous nous entraînons sur le site de RFI et c'est vrai qu'il faut être dispo et bien concentré !
    En raison des frais engendrés par nos démarches d'immigration j'ai du me résoudre, la mort dans l'âme, à vendre ma moto, histoire de pouvoir financer le CSQ. Un vrai déchirement pour moi, tant j'appréciais de fendre le vent à son bord. Bref, tout ça dans l'optique de pleins d'évènements positifs ! Et, de toute façon, on n'a rien sans rien dans la vie hein ! Et il y a des moments où il faut faire des choix. En voici un.
    Pffff....

    Retour d'expérience sur le TCFQ passé à l'Ecole Suisse de Langues de LYON.
    Nous étions 15 à passer l'épreuve. 30 minutes d'épreuve.
    Nous avions pris soin de venir repérer les lieux quelques heures avant car, à Lyon, croyez moi, c'est vraiment galère pour se garer. Bref, 15 donc à présenter convocation et pièces d'identité. L'évaluatrice nous a expliqué comment allait se dérouler l'épreuve. Impec.
    30 questions avec QCM. Une seule réponse possible par question. Si on se trompe, on peut rectifier.
    Une feuille portant nos nom, prénom et la liste des cases à cocher est fournie. Un livret contenant les réponses possibles par question est également donné. Les questions défilent à un bon rythme. Il faut garder sa concentration. Certaines questions portent sur des images, d'autres sur des extraits audio d'entretiens ou de reportages. La difficulté des réponses va globalement en s'accroissant. Les nuances de réponses sont parfois subtiles. Il est bien de pouvoir jeter un œil rapide aux réponses qui vont être proposées pour la question à venir, histoire de pouvoir fixer son attention sur le thème.
    L'épreuve de compréhension orale passée, vient l'épreuve d'expression orale. 15 minutes.
    Une salle, un examinateur, un micro, un magnétophone (si, si, les vieux trucs à cassettes pour enregistrer notre voix). 6 questions auxquelles il faut répondre, du type "comment s'organise la répartition des tâches ménagères à la maison ?", "pensez-vous que l'école est un facteur d'intégration ?", "pourquoi voulez-vous immigrer au Québec ?", "vous venez d'arriver dans une nouvelle ville, quelles questions me poseriez-vous pour connaitre les lieux culturels ou sportifs de la ville ?", "quels sont les points pour et contre la mondialisation ?"
    Pas si simple, en fin de compte, surtout l'épreuve de compréhension orale. Il y a 5 ou 6 questions sur lesquelles nous ne sommes pas très sûrs de nos réponses. Nous verrons bien !
    Pour info, nous avions apporté une enveloppe A4 timbrée pour 50g, pour pouvoir recevoir les résultats des tests à la maison.
    Vous pouvez vous entrainer, plus pour savoir à quoi vous attendre que pour acquérir de l'expérience car, quoi qu'il en soit, si on ne comprend pas le sens de la question posée, tous les entrainements du monde n'y ferons rien ! Voilà donc, pour nous. Une étape de plus de franchie !
    Nous attendons les résultats des tests pour envoyer la DCSQ. »


    Novembre 2012 : On continue sur notre lancée !
    Au programme du mois : réception des résultats du TCFQ et constitution du dossier DCSQ.
    « Nous avons eu la confirmation que le diplôme CAFDES de mon épouse ne trouverait pas d'équivalence au Québec. Dommage. Malgré tout, ces contacts nous ont clairement fait comprendre que la demande de travailleurs sociaux était importante au Québec et que, diplôme reconnu ou non, l'expérience suffisait parfois à faire la différence. Nous avons donc bon espoir de trouver notre bonheur côté travail !
    Nous sommes encore en attente de mon attestation de travail, qui transite actuellement par l'île de la Réunion. Nous espérons qu'elle va vite arriver, histoire que, dès réception de nos résultats TCFQ, nous puissions envoyer l'ensemble du dossier DCSQ. Après relance téléphonique, ils m’avaient oublié ! Petite remise au point et tout devrait arriver d'ici peu. Enfin... j'espère. Comme quoi, faut se battre pour tout !
    Les résultats des tests sont bien arrivés dans la boite. Exactement les mêmes scores pour mon épouse et moi-même : Compréhension orale : 599 points. Niveau C1. Expression orale : 20/20. Niveau C2. Ça doit nous faire le max pour les points sur la grille. Waaaouwww ! Une étape de plus de franchie ! Les tests sont valables deux ans. C'est indiqué sur l'attestation.

    Nous nous sommes plongés dans le regroupement des documents utiles à l'envoi de la DCSQ. Nous pensions être au point sur tout, mais quelques détails nous ont échappés (photos d'identité, certaines copies de documents). Il faut donc bien anticiper et prendre le temps de vérifier et revérifier que vous avez bien tout. L'attestation de travail tant attendue est enfin arrivée jusqu'à nous. A noter qu'il nous aura fallu presque trois mois et demi pour rassembler l'ensemble des pièces justificatives. Il est donc important de bien anticiper. Il faut AB-SO-LU-MENT prendre le temps de vérifier encore et encore l'ensemble des pièces du dossier. Cela évite les désagréments de dernière minute. Nous y sommes presque. Nous prenons, malgré nous, du retard. J'ai un peu l'impression que, le moment du dépôt approchant, on réalise un peu mieux ce vers quoi on s'engage. »


    Décembre 2012 : Envois et prélèvements
    Un mois de décembre chargé en émotions puisqu’il correspond à l’envoi de la DCSQ. Pleins d’émotions mêlées que nous retracions ainsi :
    « Le 11 décembre 2012, la DCSQ est envoyée via Chronopost au BIQ de Montréal. Les dés sont lancés. Nous avons un peu de mal à nous dire que notre dossier est enfin parti. Nous n'aurions pas imaginé voici quelques mois que ce jour arriverait si vite, finalement. Nous nous faisions une telle montagne du montage de ce dossier qui, pour peu qu'on y prête temps et attention, n'est pas si complexe que ça. A notre retour estival du Québec, nous nous sommes lancés comme des fous dans ce dossier, en prenant le temps d'en étudier les contours et en posant notre réflexion autour de ses implications. Nous trouvons intéressant le délais qu'il nous a fallu pour le bâtir car, en y regardant bien, ce laps de temps a permis d'élaborer un peu plus notre réflexion, de rendre plus concrètes les représentations que nous pouvions avoir sur ce processus d'immigration, d'accepter les contre temps et les obstacles qui n'ont pas manqué de se mettre sur notre chemin. Immigrer n'est pas un long fleuve tranquille. Et c'est tant mieux. Cela permet de renforcer (ou pas) les espoirs et les attentes que nous pouvons tous placer dans un tel projet.
    Je me suis souvent fait la réflexion que les délais relatifs aux procédures d'immigration au Canada, tout comme les engagements financiers qu'elles imposent, composaient déjà un filtre, une sélection de fait des personnes pouvant être à même de les assumer. Une fois ces obstacles franchis, chacun est alors libre de vivre son rêve comme il l'entend.
    Aujourd'hui, une première étape de ce grand projet de vie est franchie pour nous. Nous y plaçons beaucoup d'espoirs sans toutefois tout miser sur ce seul objectif. Il faut continuer d'avancer, personnellement et professionnellement, en parallèle, afin de ne pas être en permanence rivé sur la petite boite à l'entrée de l'allée et risquer de voir son monde s'écrouler si le projet ne devait, par malheur, pas aboutir. Il faut savoir regarder dans plusieurs directions à la fois et s'aménager des espaces de réussite et de satisfaction autres. Telle est, en tout cas, notre vision de ce projet.
    Notre DCSQ a été livrée le 14 décembre 2012 au BIQ de Montréal.
    Le 16 décembre 2012, le montant l'évaluation comparative a finalement été prélevé en date du 12 décembre. »


    Janvier 2013 : Quand la famille s’en mêle !
    Une fois le flux de la paperasse passé, on se pose, enfin. On réfléchit, beaucoup. Et on se confronte à nos proches…
    « Petit repas de fêtes en famille ce week-end. Au détour d'une conversion portant, entre autres, sur notre projet Canada, la petite question qui tue : Mais au fait, pourquoi vouloir partir au Québec ? Quelles sont vos motivations exactes ?
    Au fond, rien de bien surprenant. Quand on entreprend un projet tel que celui-ci, on s'y attend à un moment où à un autre, de la part de personnes qui nous connaissent peu. Ce qui m'a interloqué ici c'est de ne pas m'être senti compris. J'ai perçu dans cette question une certaine méconnaissance de la part de mes proches de ce que nous étions, de ce que nous voulions, vraiment. Depuis le temps que nous bougeons, que nous échangeons avec notre entourage sur notre mode de vie, sur notre façon de percevoir le monde, autour de notre philosophie quotidienne, je pensais qu'ils nous avaient bien cernés et compris. A croire que non. Soit ils ne nous ont pas compris. Soit nous ne nous sommes pas bien fait comprendre. Peut-être est-ce, d'ailleurs, un peu des deux. C'est étrange comme de petites questions peuvent raisonner ainsi en nous. J'ai eu l'impression de devoir justifier de ce choix de vie qui, pour mon épouse et moi-même, raisonne comme une évidence. J'ai eu l'impression qu'on nous prenait comme les petits jeunots qui partent à l'aventure sans mesurer les conséquences de ce qu'ils allaient pouvoir entreprendre. De n'être pas compris n'est pas ce qui me heurte. De devoir rendre des comptes sur mes choix.
    Alors bon, on peut ne rien avoir à faire de tout cela. On peut s'en sentir blessé. On peut également prendre le temps de poser les choses, de prendre du recul, de réfléchir et de se poser la question de savoir si le bon choix est fait. C'est ce que nous avons fait. Alors, oui. Nous faisons le bon choix. C'est vrai que ça n'est pas toujours simple, même si on est persuadé d'être dans le bon chemin. Pas simple de se sentir si mal compris. Nous ne sommes cependant pas des Caliméro alors on se dit que c'est tant mieux pour celles et ceux qui comprennent le sens de notre démarche et tant pis pour les autres.

    Nous sommes dans une phase d'attente : attente du retour de l'évaluation comparative des études, attente de signes de la part du BIQ concernant notre CSQ. Cette période est étrange car, après l'excitation et l'agitation autour de la préparation et de l'envoi du CSQ, nous nous trouvons dans un temps plus calme de notre processus d'immigration. Nous ne nous projetons pas encore dans la suite des démarches, histoire de ne pas être déçus si le CSQ n'était pas au rendez-vous et, surtout, parce que sans le CSQ, nous ne pouvons pas les poursuivre.
    Attente, donc. Mais pas attente stressée ni fébrile. Nous vaquons à nos occupations, nous nous projetons sur d'autres projets et ne faisons pas le pied de grue à côté de la boite aux lettres (il fait trop froid dehors...) Un moment calme, donc, à appréhender sereinement.
    Je m'étais pourtant promis, superstition oblige, de ne pas aller jeter un oeil sur le volet "fédéral" de notre processus d'immigration tant que je n'avais pas de réponse pour le CSQ. La curiosité aidant, je me suis décidé à aller sur la page dédiée. Pas mal de documents à prévoir pour le fédéral, mais rien d'insurmontable. Après les formalités du CSQ, celles du fédéral ne présentent pas de grosses difficultés. »


    Février et mars 2013 : Questionnements et désillusions
    Cette période troublée a connu de nombreux doutes, des désillusions avec le retour de notre DCSQ et de nouveaux espoirs. Voilà comment nous abordions ces différentes étapes :
    « La vie nous réserve parfois des surprises auxquelles il faut parfois savoir faire face...
    Fâché avec ma mère depuis bientôt un an, j'apprends, voilà une dizaine de jours, que cette dernière est atteinte d'une maladie dont l'issue sera, à terme plus ou moins long, fatale. Pas glop. Voilà de quoi réveiller des craintes et des angoisses tenaces et, surtout, d'apprendre à mettre tous les mauvais moments de côté pour se centrer sur l'essentiel : être auprès d'elle. Ce que j'ai fait en partant quelques jours lui rendre visite. Les choses ont, après de longues heures de discussion, pu se poser et s'apaiser. Voilà cependant de quoi se poser plein de questions concernant notre départ éventuel. Comment pallier à ses besoin si loin d'elle ? Comment gérer cet éloignement ? Comment ne pas ressentir une certaine culpabilité à l'idée de la priver de ses petits enfants durant les années à venir à un moment où elle en aurait vraiment besoin ? Cela va-t-il, doit-il, remettre en cause tout ce projet ? Bref, autant de questions qui sont venues se heurter et auxquelles se sont ajoutés les commentaires et les questions culpabilisantes de la famille chez qui nous étions. Une fois de plus, nous avons eu droit au "vous nous abandonnez", ou encore "vous êtes égoïstes", ou même "vous n'avez pas le droit de nous faire ça"... Autant de choses qui, au regard du contexte, ont fait beaucoup pour nos petites têtes.
    Heureusement pour nous, notre couple est fort. Très fort. Très très fort !! Nous en avons beaucoup parlé, mon épouse et moi-même. Nous nous soutenons. Toujours. Nous allons de l'avant. Toujours plus loin. Nous avons la force et la détermination de montrer, est-ce besoin de le faire, que nous irons au bout de ce projet. Coûte que coûte. Mais, aussi forte que soit cette conviction, je ne peux m'empêcher de me poser et me reposer ces même questions. Sans cesse. Comme pour me convaincre, à chaque fois, que nous allons dans le bon sens.
    Alors oui, un projet comme celui-là doit être mené de façon à pouvoir surmonter les épreuves et les obstacles qu'il comporte, aussi hauts soient-ils. Ce n'est pas chose aisée. C'est même douloureux à certains moments. Après avoir passé de nombreuses heures à parler et à échanger sur ce thème, nous sommes convaincus d'être toujours dans le vrai. Pour nous, pour nos enfants. Rien ne pourra nous faire changer d'avis.
    Nous allons devoir compter et composer avec de nouveaux éléments à prendre en compte, en essayant de les gérer au mieux de manière à partir, nous l'espérons, la conscience tranquille, capables de nous regarder sans rougir chaque matin dans le miroir. Pas simple. Vivre loin des nôtres ne nous préoccupe pas, nous l'avons fait pendant 6 ans lors de notre séjour à la Réunion. Certains de nos proches ne l'avaient d'ailleurs pas plus admis qu'ils ne le font maintenant pour le Québec. Nous en acceptons le principe. Ce qui complique les choses, c'est cette situation de maladie et le fait que nous nous soyons fâchés. Nous parviendrons, quoi qu'il en soit, à surmonter ce cap. Votre soutien nous conforte dans notre conviction d'être dans le vrai. Le dicton populaire dit : "il y a deux choses à donner à nos enfants. L'une ce sont des racines. L'autre ce sont des ailes." Nous avons eu, pour notre part, les deux. Je ressens, me concernant, avoir reçu plus d'ailes que de racines. Ceci explique sans doute cela. Merci à vous tous !

    02 mars 2013, triste nouvelle. En ouvrant la boite aux lettres, nous découvrons que notre dossier est retourné par le BIQ. Motif invoqué : manque les preuves de cotisations sociales. Nous avions pourtant fournis nos derniers bulletins de salaires et nos 4 derniers avis d'imposition...
    Bref, un coup derrière la tête à une période pas vraiment heureuse... Ce qui nous rassure, c'est qu'il s'agit d'un document manquant et non pas d'un refus catégorique de notre dossier. Nous allons vite faire le nécessaire et renvoyer le tout cette semaine. Trois mois de perdus. Comme quoi : immigrer se mérite.
    Contact pris avec le BIQ pour faire le point sur notre situation. Il manquait trop d'éléments pour justifier de la légalité de notre expérience professionnelle. Il faut donc, pour remédier à tout cela :
    1) Envoyer notre relevé de carrière (à demander en ligne sur le site de la sécu)
    2) Joindre nos 5 derniers avis d'imposition et nos 3 dernières fiches de paye (ce que nous avions fait, mais il nous manquait l'avis d'imposition de 2008) Un courrier expliquant les documents manquants devrait permettre de faciliter la compréhension de notre situation. L'agent contacté a précisé de joindre "toutes les preuves possibles permettant de démontrer la validité de notre expérience professionnelle"
    3) Par ricochet, le montant des frais change et devient celui mentionné au titre de l'année 2013 (750$CAD pour le requérant principal et 160$CAD pour le conjoint et pour chaque enfant)
    A savoir : le renvoi global du dossier pour documents manquants fait repartir notre demande de zéro. C'est comme si nous n'avions jamais envoyé de dossier. Ce dernier sera traité comme les autres, par date chronologique d'arrivée. 3 mois de perdus pour nous.

    Malgré tout, le 05 mars 2013, nouveau dépôt de notre DCSQ.
    1.5 kilos de documents envoyés via Chronopost. Nous avons fait, selon nous, le maximum pour rentrer dans les clous, en ajoutant à nos précédents documents notre relevé de carrière, la copie de notre avis d'impôts sur le revenu de 2007 ainsi que toutes nos fiches de paye depuis janvier 2007 à ce jour. Maintenant, ça ne dépend plus de nous.
    La langueur nous gagne. Le renvoi du dossier nous a fichu un coup derrière la tête. Les problèmes familiaux s'ajoutent à tout cela. On ganberge. On voit les copains qui avancent et nous qui restons en suspens. Pas encore de news de l'évaluation comparative, pourtant envoyée en septembre 2012... Je me prends, pour ma part, à penser à d'autres projets (maison, voyages), à m'accrocher à d'autres choses qui me font mettre un peu de côté le Québec pour l'instant. Je peine à me réinvestir dans le trip de peur d'être à nouveau déçu. Du coup, on patiente, en espérant ne pas trop nous lasser... Le coeur n'y est plus trop.
    Fin mars, réception de l'AR du MICC concernant notre demande d'évaluation comparative des études effectuées hors du Québec. Le papier indique que le MICC pourrait avoir à communiquer avec nous dans les prochaines semaines afin de compléter le dossier. Deux numéros sont attribués : N° réf. ind. (C33XXXXX) et n° dossier (C00XXXXXXXX). Pour un envoi en septembre, je trouve le temps un peu long... Mais bref, ça avance un peu quand même... »


    Mai 2013 : La DCSQ avance !
    « Le temps est toujours maussade par chez nous et nous désespérons d'avoir un quelconque signe que notre dossier avance. Le temps passe vraiment lentement et notre optimisme concernant notre dossier en prend un coup. Petit rayon de soleil.......... nous avons été prélevés ! Oui ! Oui ! Oui ! Oui ! Prélevés ! Prélevés ! Prélevés ! Pas de quoi se monter le bourrichon, mais prélevés ! Voilà qui nous rebooste en ces temps moroses. Une nouvelle attente commence maintenant. »


    Octobre 2013 : Le temps passe lentement…. Très lentement… On réfléchit. On doute.
    Emigrer prend du temps. Nous en avons fait l’expérience. Voilà comment nous envisagions cette épreuve :
    « Voilà maintenant plus d'un an que nous avons réellement entamé nos démarches d'immigration avec l'envoi de la reconnaissance des diplômes. La DCSQ a suivi en décembre 2012, avec un retour début mars 2013 pour pièces manquantes et renvoi dans la foulée. Depuis... rien. Plus rien. De la patience, nous savions qu'il en fallait. Imaginions-nous qu'il en faudrait autant ? Peut-être pas...
    Retour sur expérience pour nous donc, car il faut bien mesurer le temps et l'investissement que prend un tel processus d'immigration. Pour notre part, nous nous sommes toujours refusés à mettre nos œufs dans le même panier et avons décidé de mener notre barque coûte que coûte. Le temps passe, les gens changent, les projets aussi.
    Petite promenade en pleine nature l'autre jour. Les enfants jouent. Nous nous posons et faisons le point. Sur notre vie. Sur nos envies. Sur nos projets. Mon épouse à récemment trouvé un emploi dans son domaine de formation. Un emploi nécessitant de se projeter sur du long terme, voire même du très long terme. Dans le même temps, je trouve mon équilibre de vie, jonglant entre la famille et le boulot. La région où nous sommes nous plait vraiment et l'idée nous est venue d'envisager l'achat d'une maison ici.
    Le Québec ? Un projet. Certainement. Le projet d'une vie ? Plus vraiment. Un projet, certes important, mais un projet. Simplement. Non pas que nous ne l'ayons pas souhaité, voulu, attendu, follement désiré, mais plutôt que, le temps passant, il n'est plus devenu LE projet central de notre vie, parce que LE projet central de notre vie c'est notre famille, nous deux, nos enfants, et être bien, ensemble, peu importe l'endroit. Le voilà LE projet de notre vie, tout simplement. Alors, puisque le projet Québec tarde à se concrétiser et puisque notre vie se poursuit ici, nous ne sommes plus très sûrs de vouloir, du jour au lendemain, tout remettre à plat et devoir tout reconstruire, ailleurs, dans des conditions plus difficiles que ce que nous pouvons connaitre ici. Par peur ? Peut-être. Par manque de courage ? Peut-être aussi. Par soucis de ne plus vouloir bousculer l'équilibre que nous parvenons aujourd'hui à atteindre ? De plus en plus.
    Alors voilà, notre réflexion se poursuit et s'infléchit au fil du temps. Notre vie actuelle nous plait énormément et l'idée d'en changer du tout au tout ne nous séduit plus autant. Voilà 8 ans, nous avions trouvé cette force, en quittant la métropole et en partant nous installer pour 6 ans à la Réunion. Nous étions plus jeunes. Notre famille se bâtissait tout juste. Notre aînée avait 3 ans et notre petit dernier un mois seulement ! Que le temps passe ! Aujourd'hui, ils ont 11 et 8 ans et les cartes ne sont plus les mêmes. Pour eux comme pour nous.
    Alors voilà, nous ne mettons pas un terme réel à notre projet d'immigration au Québec, mais il nous faut reconnaitre que si le CSQ devait un jour s'offrir à nous, nous serions face à un choix cornélien à l'issue duquel les grands espaces nord américains ne l'emporteront peut-être pas. »


    Novembre 2013 : Premiers retours concrets.
    « Réception ce jour de l'évaluation comparative des études effectuées hors du Québec !!!
    Délais entre envoi, traitement et retour : 1 an, 1 mois et 17 jours....
    Initialement, j'ai envoyé mon BAC, série B, mon DEUG Sciences du langage, ma Licence Administration Economique et sociale et mon diplôme d'Educateur Spécialisé.
    Au final, seuls mon BAC et ma Licence ont été retenus.
    - BAC série B en France, évalué comme "Diplôme d'Etudes Collégiales en formation préuniversitaire (DEC), domaine de formation : sciences humaines".
    - Licence AES en France, évaluée comme "Baccalauréat, domaine de formation : sociologie".
    Mon diplôme d'éducateur spécialisé n'a pas été retenu. »


    Mars 2014 : Joies et doutes.
    Cette période voit le premier grand tournant de notre processus ! Voilà comment nous en parlions :
    « 21 mars 2014 : Pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Il faut croire à cet adage puisque nous avons reçu nos CSQ, par une belle enveloppe dans la boite. Nous sommes abasourdis et allons devoir, mon épouse et moi, prendre le temps de discuter...
    Enfin voilà, dossier CSQ envoyé en décembre 2012, retourné en mars 2013 pour documents manquants. Renvoyé en mars 2013. En janvier 2014, nous avons reçu un courrier demandant des compléments d'infos. Le CSQ a été accordé, en date du 11 mars 2014 et porte la mention "dossier visé par traitement prioritaire - domaine de formation".

    Les réflexions sont allées bon train. Les méninges ont chauffé !!! Partant du principe qu'il faut saisir les chances qui se présentent à nous et qu'il vaut mieux avoir des remords que des regrets, l'aventure va donc continuer pour nous, non sans certaines craintes et appréhensions, bien normales... A l'heure où j'écris ces quelques lignes, je ne suis pas bien sûr de ce qu'elles représenteront dans les semaines à venir. A chaque jour suffit sa peine. Demain apportera son lot de réponses, et de nouvelles questions... Comme quoi les décisions les plus importantes, se prennent parfois en peu de temps...
    Malgré cela, difficile de se replonger dans un projet que nous avons mis en veille, histoire de rendre l'attente plus supportable. Et, en même temps, nous réalisons la chance qui est la nôtre d'avoir été sélectionnés par le Québec. Nous nous disons "c'est bon. Le Québec veut bien de nous. Il nous envoie un message d'espoir qui nous dit que nous pourrons trouver du travail là-bas et, ainsi, subvenir à nos besoins." On se rassure comme on peut.
    Depuis le dépôt de notre DCSQ, nous avons vécu au jour le jour, tâchant de nous centrer sur le présent, sans présager de ce que serait l'avenir. Nous nous sommes dit qu'il fallait prendre la vie comme elle vient et profiter de chaque instant. Du coup, ce projet d'immigration a peu à peu laissé la place à un projet de pérennisation de notre situation en France et nous nous sommes tournés vers de nouvelles situations professionnelles et de possibles démarches d'acquisition d'une maison dans notre région. On se disait "mieux vaut avoir plusieurs projets et devoir, au final, faire un choix, que de tout miser sur une seule chose, au risque qu'elle ne se réalise pas".
    Alors voilà, prenant toujours la vie comme elle vient, et décidant de happer les opportunités au vol, s'est donc posé, il y a quelques jours avec l'obtention du CSQ, la question de ce choix délicat : partir ou rester ? Au final, malgré mes réserves (qui contrebalancent avec l'enthousiasme de toujours de mon épouse) nous sommes parvenus à faire ce choix de tenter l'aventure. Ma douce m'a convaincu de me lancer en me disant, très justement, qu'il vaut mieux tenter l'expérience, au risque d'échouer, que d'avoir le regret de ne l'avoir jamais osée.
    Malgré tout, je ressens le besoin de digérer ce choix, de me l'approprier... de l'accepter et de prendre la mesure des difficultés qui vont se présenter à nous dans les prochains mois. Les craintes liées à une nouvelle adaptation de style de vie et de culture sont réelles. Aurais-je la force de devoir me vendre sur le marché du travail, alors que mon expérience professionnelle de plus de 20 ans me permet d'envisager l'avenir plus sereinement au sein de mon administration (je suis titulaire au ministère de la Justice) ? Certes, la demande de dispo que je ferai nous assure un repli en cas d'échec de notre aventure. C'est un point très important. Mais, malgré tout, l'idée de devoir plier les gaules et de se lancer dans un nouveau déménagement à l'autre bout du monde (après celui que nous avons fait il y a 9 ans à la Réunion) m'avait, au fil des mois, quitté. Je me projetais plus vers un apaisement et une volonté de me tourner vers d'autres priorités de vie. Du coup, l'arrivée du CSQ vient tout bouleverser et, en quelques jours, en quelques heures, nous avons pris une décision que je n'aurai même pas imaginé prendre il y a une semaine ! Comme la vie est étrange, parfois.
    Au final, nous voilà plongés dans ces démarches en vue de l'obtention du fédéral, avec un départ prévu pour l'été 2015 (l'été 2014 semblant trop court au regard des délais d'obtention de la RP). J'espère que les enfants accepteront notre choix et qu'ils ne nous le reprocheront pas. Eux qui, à 11 et 8 ans, nous ont fait comprendre qu'ils ne souhaitaient pas bouger de là où nous sommes. Je me dis qu'on s'adapte à tout dans la vie et qu'ils sauront aussi s'adapter à cela. Pour me rassurer ? Sûrement.

    Le dossier fédéral se monte pas à pas. Nous commençons à réaliser ce vers quoi nous nous embarquons, et c'est plutôt....disons... grisant ! Nous devons procéder au renouvellement des passeports des enfants. Pour ce faire, nous devons prendre rendez-vous avec la mairie de notre domicile, afin de pouvoir nous y rendre avec les cocos pour déposer le dossier. Pas de rendez-vous avant la mi mai 2014. Ce qui veut dire que les passeports ne seront pas édités avant fin mai-début juin. Le dossier fédéral s'en trouve d'autant décalé et ne sera, selon toute probabilité, pas déposé avant juin 2014. Pour un départ prévu à l'été 2015, nous espérons que les délais seront suffisants. »


    Avril et mai 2014 : Le fédéral se monte !
    Une fois passées les émotions dues à l’obtention du CSQ, nous nous tournons vers le fédéral. Voilà comment nous traversions cette période :
    « Après nous être penchés de manière plus sérieuse sur nos évaluations comparatives des études (CSQ et recherches de travail obligent), nous avons appelés le BIQ pour savoir pourquoi l'un de nos diplôme (CAFDES pour ma femme et DEES pour moi) n'avaient pas été évalués. L'agent du BIQ nous indique qu'il nous reste encore un mois (délais de 6 mois après réception pour faire un recours) pour demander la révision de notre évaluation comparative.
    Du coup, dossier bouclé ce soir. Départ dès demain.
    Notre dossier fédéral est, lui aussi, enfin bouclé. Finalement, il s'est avéré bien moins fastidieux que la DCSQ ! Tant mieux ! L'ensemble partira par la poste. Nous sommes heureux. Cette aventure se prolonge. Une nouvelle attente débute.

    Nous avons reçu la réponse concernant notre demande de révision de l'évaluation comparative (le CAFDES de mon épouse et mon DEES n'avaient pas été évalués). Me concernant, ils me demandent un relevé de notes. J'ai fait une copie certifiée conforme de ce que j'avais. Concernant mon épouse, le CAFDES a été évalué et reçoit une équivalence "Maîtrise en administration". Nous devons renvoyer l'ancienne évaluation comparative la concernant et garder la nouvelle. Finalement, ça a été relativement vite. »


    Juillet et août 2014 : Sauts de puce.
    « AR de Sydney reçu par mail. Tout est OK pour eux (documents, paiement). Notre dossier rejoint la file d'attente. Ca suit son cours....
    J'ai plein de projets en tête, notamment sur le plan professionnel et j'avoue ne pas trop me soucier de l'avancée de notre dossier (c'est tant mieux d'ailleurs). Je me dis que ce qui doit se faire se fera... ou pas. On verra bien. Du coup, je ne suis plus accroché à mes mails ou à ma boite aux lettres. Je prends chaque nouvelle comme elle vient !
    Ma nouvelle évaluation comparative des études est arrivée. Sur la précédente, mon diplôme d'éducateur spécialisé n'avait pas été évalué. Après réclamation de ma part, c'est chose faite puisqu'il est évalué à un niveau DEC (Diplôme d'Etudes Collégiales) en techniques d'éducation spécialisée, comme je l'espérais. Comme quoi, il faut toujours s'accrocher ! »


    Octobre 2014 : Un petit tour chez le docteur…
    Cette période nous rapproche de notre objectif. L’IVM et la visite médicale sont au programme. On reprend espoir de partir dans les mois qui viennent :
    « L’IVM est arrivée, accompagnée de documents complémentaires à fournir concernant notre parcours professionnel (rien d'insurmontable) et demande de paiement des frais de RP. Ça avance...
    Nous passons la visite médicale.
    Première étape : la visite médicale.
    Tout à commencé à l'hôpital britannique de Levallois-Perret.
    Rendez-vous fixé à 13h45. Pas de retard dans les consultations. Impec !
    Le médecin nous reçoit à 4 (les enfants, mon épouse et moi). Pas mal de paperasses à remplir. Ca va être long ! Mais bon, lorsqu'on immigre, la patience, on connaît ! Nous devons présenter les convocations reçues avec l'IVM ! Obligatoires ! Il n'était donc pas question de prendre rdv sans avoir reçu l'IVM ! Même topo pour tout le monde : prise de photo, présentation des passeports (nous n'avions pas ceux des enfants, mais la carte d'identité a suffit), test urinaire, test de vision, mesures (taille, poids), prise de tension, examen physique léger. Une formalité ! Les garçons ont le droit à une palpation des testicules. Je ne sais pas trop à quoi ça sert. Mais bon, lorsqu'on immigre, on fait ce qu'on nous demande de faire ! Quelques renseignements succincts concernant des maladies passées ou des antécédents familiaux particuliers. Rien de plus. Nous signons quelques autorisations de transmissions d'infos médicales nous concernant et nous signons le chèque : 500 euros pour nous 4. Ca pique... Mais bon, lorsqu'on immigre, les dépenses en tout genre, on connaît ! 01h30 de visite médicale. Nous sortons.
    Deuxième étape : prise de sang.
    Seuls mon épouse et moi sommes concernés. Les enfants de moins de 15 ans échappent à la piqure. Objectif de la prise de sang : dépistage du VIH et de la syphilis. Le tout prend moins de 15 minutes. Le laboratoire est désigné par le médecin. On signe le chèque : 50 euros. Ca pique moins...
    Troisième étape : les radios de poumons.
    Direction un cabinet de radiologie, lui aussi désigné par le médecin.
    Sommes concernés, ma fille de 11 ans, mon épouse et moi. Clichés thoraciques de face et de profil, en vue de détecter toute trace de tuberculose. L'opération prend 30 minutes. Méga rapide. Pas d'attente. On signe un dernier chèque de 150 euros. Ca repique un peu.
    En à peine 3 heures, tout a été bouclé ! Les résultats seront communiqués au médecin et transmis de suite au CIC dans la semaine. Bilan de la journée : 700 euros ! Une fortune ! Mais bon, quand on immigre, on sait qu'on y laisse des sous. Une VM rondement menée, à peine deux jours après avoir reçu l'IVM. La chance à joué pour nous. Nous y voyons le signe de la fin proche de notre démarche.
    Restent les frais de RP à payer et un ou deux compléments d'info à apporter concernant mon parcours professionnel. Une broutille.
    Prochaine étape : la brune ! On y croit !!!!

    Frais de RP payés ! Et voilà, c'était la dernière étape. Les frais de RP sont payés (980 Dollars) et les documents complémentaires ont été envoyés à CIC. Dernière étape d'un long, très long processus qui, nous l'espérons, aura une issue favorable. Les dés sont lancés ! Yapuka ! Ca va nous manquer tout cette paperasse là ! »


    Janvier 2015 : Soulagement et inquiétudes!
    « DECISION PRISE !!!!!!!! Ouais, ouais, ouais !!!On a (encore plus) hâte !!!!!! Le 24 janvier 2015, les CRP arrivent à la maison !! Ca y est, nous y sommes !
    « Une semaine et demi après la CRP et... un peu de stress, de doutes (encore ?) et de trouille (tout plein)... Pas le temps de vraiment se poser à cause d'un travail très prenant, qui me voit rentrer claqué et peu réceptif le soir. Mon épouse, actuellement sans travail, bosse pour deux autour de notre installation future et, du coup, je peine à m'impliquer comme j'avais pu le faire lors de notre retour de la Réunion, voilà 3 ans. Période de doute donc où se bousculent pleins de questions autour du pourquoi ? Du comment ? Du où ?
    De la crainte également de devoir plier à nouveau les gaules, de quitter une situation installée pour partir vers un grand inconnu.
    La CRP n'est pas toujours signe d'une grande délivrance. Chez moi, elle suscite plein de craintes. Nous ne savons pour l'heure pas quand nous partirons, juillet ou août, où nous nous installerons, Montréal, Québec ou Trois Rivières, s'il faut trouver la job d'abord et s'installer où elle sera ou bien s'installer quelque part et trouver la job ensuite. Par ricochet, se pose la question des billets d'avion : quelle destination ? Se pose la question de l'école et du collège pour les enfants. Celle de la venue du chien. Bref, un peu le bordel dans ma tête au moment où de grandes décisions doivent se prendre. C'est dingue de se dire qu'à quelques semaines du départ rien n'est encore vraiment fixé... J'ai du mal à m'y mettre, vraiment. Comme si j'avais attendu cette CRP pendant deux ans en me disant qu'elle aurait pu ne jamais arriver et être pris au dépourvu lorsqu'elle est là.
    La nouvelle annoncée à l'entourage et aux collègues nous pousse à agir un peu plus.
    J'espère trouver la sérénité de penser à tout cela calmement lors de ma prochaine semaine de vacances...Je pense que le tumulte actuel de nos vies ne nous permet pas de nous pencher de manière totalement concentrée sur ce projet. Je compte sur les prochaines vacances pour y voir plus clair ! »


    Février et avril 2015 : Du nouveau.
    « Des avancées dans notre projet de départ puisque nous avons trouvé une pension pour accueillir notre compagnon à 4 pattes à notre arrivée à Québec. Du coup, nous voyagerons avec Air Transat qui offre un forfait à 275 dollars pour lui, qui pourra ainsi voyager avec nous. Nous avons donc abandonné notre projet de partir sans lui et de le faire venir seul plus tard. Il partira avec nous et sera en garderie quelques semaines sur Québec, le temps que nous trouvions un logement susceptible de l'accueillir. Les billets seront pris d'ici 15 jours.
    Ça avance !!
    Les billets d’avion sont en poche ! Nous partons le 23 juillet pour Québec !!! »


    Mai 2015 : un toit au-dessus de la tête.
    « Nous avons trouvé un logement !!!!
    Appartement de deux chambres, situé dans le quartier Montcalm à Québec. Ecoles et tous services à proximité. Transports également. Pas besoin de voiture pour commencer. Appartement entièrement meublé et équipé (de la laveuse aux petites cuillères, en passant par la vaisselle et l'aspirateur). Rien à emmener ni a racheter. Juste les valises à poser pour un an.
    Le propriétaire, un homme charmant, nous accepte même sans emploi car nos secteurs d'activité sont porteurs. De plus, il accepte notre chien ce qui, au regard des difficultés pour trouver un logement acceptant les toutous, nous a fait basculer. 1200 Dollars par moi, hors électricité, ce qui portera la facture globale à 1350 dollars environ. Nous sommes aux anges. C'est un vrai poids en moins !
    Nous avons déjà un pied là-bas ! »


    La suite dans le livre 2...
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    B@bouk a reçu une réaction de tchouck pour un billet, Notre projet d'immigration de A à Z... (livre 2)   
    Juillet 2015 : Le grand départ.
    Ce mois a été marqué par notre départ pour Québec. Derniers coups de collier avant de partir, dernières mises au point, dernière craintes. Voilà comment nous les avions traduits :
    "Ca yest, les inscriptions scolaires des enfants sont faites ! Notre grande entrera en 1ère année du secondaire et notre fils en 5ème année de primaire, à Québec. C'est un soulagement et le signe que notre projet continue d'avancer.
    Côté déménagement, les choses avancent même si nous courons encore après la date définitive d'enlèvement de nos cartons, prévue aux alentours du 16 juillet... Nous relançons le déménageur ces jours-ci. Les voitures sont quasiment vendues. Nous sommes rassurés."
    Quelques jours plus tard, "la date de déménagement est quasiment fixée : entre le 15 et le 17 juillet 2015. Toute la liste de nos effets doit être bouclée ce week-end afin que le déménageur puisse évaluer la taille du camion à nous envoyer.
    On avance (enfin, j'espère !...)"
    Et enfin, "Les déménageurs passent aujourd'hui !Nous sommes prêts pour le grand saut ! Dans une semaine, nous décollons.... Que le temps passe !!!"

    Pour prolonger notre expérience québecoise et faire partager nos rencontres et découvertes, nous avons décidé de créer une page Facebook : "Québec paradis", avec pour objectif de retracer nos aventures par le biais d'une photo par jour !
    En voici le lien : https://www.facebook...796769593774015

    Fin juillet, nous vivions les derniers instants sur le sol français :
    "Visite médicale obligatoire passée par notre toutou hier au soir. Il est autorisé à voyager avec nous et poursuit donc cette aventure ! Décollage demain. Derniers rangements. Derniers coups de balais. Etat des lieux de la maison cet après midi."

    Nous livrions nos pérégrinations quelques jours plus tard :
    " Après avoir retrouvé internet, voici le récit de nos dernières heures en France et de nos premières heures au Québec !

    Quelques heures avant le départ. Dernier coup de collier pour tout boucler. L’état des lieux de la maison s’est déroulé sans encombre. On part manger à l’extérieur. Au retour, énorme orage, pluie diluvienne, nos serviettes de toilette et la caisse de transport du chien, laissée dehors, sont trempées. Plus rien pour prendre la douche. Le coussin de transport du toutou est fichu… Pas grave, on se débrouille. Deux serviettes retrouvées dans un coin feront l’affaire pour nous et les duvets de notre dernière nuit feront office de coussin pour la cage du chien. On s’endort. Epuisés.

    Jour J. Nous sommes levés tôt. Le temps de sortir les affaires et de vider la maison (le propriétaire, malgré l’état des lieux de la veille, nous a autorisés à dormir cette dernière nuit dans la maison. Merci !) et des amis arrivent pour nous accompagner à l’aéroport. On charge les voitures et on part. Nous sommes émus.
    L’arrivée à l’aéroport se passe très bien. La caisse du chien est extrêmement volumineuse, ce qui nous permet de passer devant tout le monde pour enregistrer les bagages et de découvrir les dédales de l’aéroport de Lyon avec notre encombrant compagnon. Nous le laissons à proximité des pistes, au poste de gendarmerie, là où les objets très volumineux peuvent embarquer. Dernier au revoir au toutou. Il part.
    Nous rejoignons la salle d’embarquement, après les au revoir difficiles avec nos amis. L’avion a un peu de retard, mais rien de grave. Nous y sommes presque ! Nous embarquons finalement, pour décoller quelques minutes plus tard. C’est parti ! Le vol se passe sans aucun problème. Nous trouvons le service d’Air Transat très satisfaisant.
    Arrivée à Montréal, sept heures quarante plus tard. Nous sommes ravis. Le passage en douane est une formalité. Quelques questions sur le pourquoi de notre immigration, présentation des passeports, l’agent nous demande de la suivre… Elle nous accompagne jusqu’aux services de l’immigration. « Bienvenue au Canada », nous lance-t-elle avant de repartir. Emotion.
    Dans la salle du bureau d’immigration, nous sommes les seconds. Au bout de quelques minutes, on appelle notre numéro. L’agent des services d’immigration canadienne vérifie nos documents, CRP, CSQ, B4, passeports, et nos coordonnées à Québec. Quelques photocopies et quelques signatures plus tard (à peine 15 minutes), elle nous souhaite elle aussi une bonne arrivée au Canada et nous indique que nos cartes de résidents permanents arriveront d’ci deux mois à notre domicile. Génial !
    Nous passons ensuite au guichet des services d’immigration du Québec. Vérifications de nos CSQ, de nos passeports. Vu que nous pouvons fournir les documents attestant que nous avons suivis les modules du SIEL (Service d’Intégration En Ligne), nous sommes dispensés des rendez-vous d’information auprès des services d’immigration et d’intégration. En 15 minutes à peine, l’affaire est bouclée ! « Bonne installation au Québec, et bonne chance ! ». Ca y est, nous y sommes !!!
    Nous partons récupérer nos bagages et notre chien qui, contre toute espérance, s’est montré détendu et calme en nous attendant. Il patiente sagement dans sa cage, suscitant la curiosité de plein de personnes lorsque nous nous déplaçons avec lui. Le spray hormonal apaisant délivré par notre vétérinaire y est sans doute pour quelque chose. Il nous
    a facilité la vie, à lui et à nous !!! Second passage auprès des douanes car nous voyageons avec un animal. Nous galérons à nous déplacer avec la cage, qui ne tient pas sur un chariot. Le douanier vérifie le carnet de santé de notre animal. Rien à signaler. « Normalement, cette visite est payante, mais vu que vous venez pour la première fois, ça ira. ». Il n’est pas trop gentil ce douanier ?!!! Super ! On s’en va, non sans l’avoir expressément remercié. Nous quittons l’aéroport, une heure trente après avoir quitté l’avion. Tout est donc allé très vite pour nous.

    Cueillette de la voiture de location et départ pour Montréal chez des amis qui nous prêtent très gentiment leur maison pour la nuit alors qu’ils sont en vacances en France. Vraiment tip top, nos amis ! On récupère les clefs chez des voisins et on se pose. Enfin ! Après quelques courses et un léger repas vite avalé, nous nous effondrons sur nos lits. Epuisés. Depuis que nous nous sommes levés le matin, 21 heures se sont écoulées.
    03 heures du matin, nous sommes réveillés. Décalage horaire oblige, nous ne dormons plus. On parle, on discute, on échange des émotions. C’est un moment étrange. Décalé.

    Au petit matin, nous partons pour Québec. Nous redécouvrons les paysages qui nous ont tant plus voilà trois ans, lors de notre voyage ici. Nous arrivons à la pension où notre chien va séjourner quelques jours, le temps que nous nous posions et que nous prenions nos repères. Dur de le quitter…
    Nous arrivons à Québec, nous mangeons un bout sur place et filons à notre appartement où notre propriétaire nous attend. Visite des lieux. Nous sommes ravis. Notre propriétaire, un monsieur en retraite, prend gentiment le temps de nous accompagner à pieds pour une visite du quartier. Boutiques, restaurants, bonnes adresses, écoles, il nous montre tout, avant de m’accompagner en voiture à l’autre bout de la ville pour que je puisse y rendre notre véhicule de location. Il me ramène jusqu’à l’appartement en me faisant visiter la ville pour me montrer quelques points de repères. Avant de me laisser, il me tend un paquet contenant une bouteille de vin. « Tenez, c’est pour vous. Bienvenue au Québec. »
    Elle n’est pas belle la vie ? Ca y est, nous sommes chez nous !

    Lundi, les démarches NAS et RAMQ sont faites, ainsi que l’ouverture du compte Desjardin et réception de nos cartes de débit. Pour le NAS, 10 minutes ont suffit. Il n’y avait personne devant nous. Pour la RAMQ, 45 minutes ont permis de tout boucler. Ici encore, personne devant nous. Le top !
    Depuis ces derniers jours, nous nous consacrons essentiellement au grand nettoyage de notre appartement que les précédents locataires ont laissé dans un état lamentable. On se refait peu à peu un petit nid. On visite, on sort, on découvre. Il y a comme un air de vacances dans l’air… On profite doucement !"


    Août 2015 : transition(s)
    Les démarches administratives et les recherches d'emploi battent leur plein. Peu de temps pour savourer.
    "Réception ce jour de nos 4 cartes d'assurance maladie. 10 jours entre le dépôt du dossier à la RAMQ et la réception des cartes. Efficace !
    A compter de lundi prochain, nous allons intégrer un programme d'aide à la recherche d'emploi d'une durée de trois semaines, nous donnant accès à toutes les techniques québécoises de recherche d'emploi, et notamment le moyen d'accéder au marché caché du travail. Nous espérons pouvoir optimiser nos chances de retrouver rapidement une job.

    Les enfants sont inscrits en camp de jour, où ils sont depuis déjà 2 semaines, histoire de s'immerger parmi un groupe d'enfant de leurs âges. C'est vraiment pas mal car ils se familiarisent avec les pratiques québecoises. Du coup, ils prennent le bus tous seuls (ils ont 10 et 12 ans). Ils pourraient rester seuls à la maison la dernière semaine d'août. Nous ne savons pas encore. Ca fait beaucoup de changement. Nous qui hésitions à les lâcher chez nous, petit village de campagne de 800 habitants, voilà que nous les laissons prendre seuls le bus dans une métropole qui en compte 500 000 ! Mais bon, le côté sécuritaire de la ville y est pour beaucoup. On s'y sent vraiment bien."

    Fin août, "réception de nos permis de conduire. Super !! Le container arrive à Montréal, après 4 semaines de voyage. Correct. Ca frétille au niveau du boulot. Quelques touches qui donnent espoir.
    Opération dédouanement. 6h de route. 2h30 sur place. 32 guichets potentiels. 3 d'ouverts. Le fun ! Mais bon tout est en ordre. On ne va pas trop se plaindre."

    Et puis, le bonheur ! "Job de 3 mois décrochée en tant qu'éducateur en Cegep. Le fun ! On souffle."


    Septembre 2015 : les bonnes nouvelles s'enchainent.
    " Mon épouse vient de décrocher sa job ! Travail permanent à temps plein à deux pas de la maison. Et voilà, nous sommes rendus à un très bon état de notre projet. Nous soufflons enfin."


    Octobre 2015 : fin du processus.
    " 3 de nos cartes de résidents permanents sont arrivées. La 4 ème ne devrait pas tarder. Ça y est, nous touchons à la fin de notre processus. Nous sommes résidents permanents du Canada !!! Le fun !"

    Au milieu du marasme du quotidien, nous prenons le temps de mesurer les avancées faites depuis trois ans. C'est dingue. Notre rêve est devenu réalité. A nous de le mener plus loin. Encore. Toujours.

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    B@bouk a reçu une réaction de tchouck pour un billet, Notre projet d'immigration, de A à Z... (livre 1)   
    Notre projet d’immigration, de A à Z…
    Voilà le titre de topic qui m’est venu à l’esprit lorsque nous avons débuté nos réflexions autour de notre éventuel départ pour le Québec.
    Histoire de rassembler un peu les démarches, les émotions et sentiments (« impressions du jour », ou « info du soir ») que nous avons éprouvés durant plus de deux ans (bientôt trois), voici donc présenté le cheminement qui a été le nôtre jusqu’à aujourd’hui, histoire de partager ces moments de vie avec vous tous.


    Août 2012 : Lancement du projet
    Cette date a marqué le début des choses concrètes pour nous. Voici comment je les évoquais à l’époque :
    « Salut à toutes et tous. J'espère poster ce petit récit au bon endroit. Je propose de retracer, dans ce topic, l'ensemble des démarches liées à notre projet d'immigration au Québec, afin de vous faire partager nos questionnements, nos doutes, nos avancées et nos espoirs.
    Petite présentation pour commencer. Je m'appelle Nicolas, je suis âgé de 40 ans et travaille comme éducateur à la Protection Judiciaire de la Jeunesse depuis bientôt 11 ans. Mon épouse est âgée de 38 ans et travaille comme responsable dans un établissement médico-social. Nous avons une petite fille âgée de 10 ans et un garçon âgé de 07 ans. Sans oublier notre "petit" toutou (presque 50 kilos), qui nous suit partout depuis bientôt 07 ans. L'expatriation est quelque chose de connu chez nous puisque nous sommes partis vivre sur l'île de la Réunion pendant plus de 06 ans. Partir loin de chez soi, nous connaissons. Ce qui fait que ce départ futur pour le Québec est déjà écrémé de quelques appréhensions et inquiétudes.
    Commençons par le commencement en vous faisant part de nos premières démarches. Après avoir parcouru ce forum, et tant d'autres, après avoir étudié les nombreux sites officiels liés à l'immigration au Québec, après avoir lu de nombreux ouvrages sur ce sujet et après être partis visiter cette belle province pendant près de 3 semaines, nous avons décidé de concrétiser ce projet qui nous trottait dans la tête depuis plusieurs années : nous installer au Québec. Aujourd'hui, ce long processus n'en est qu'à ses balbutiements. La phase de prospection s'achève tout juste. Les premières démarches vont débuter.

    Etape 1 : Demande d'évaluation comparative des diplômes
    Parcours scolaire de mon épouse : Maîtrise en Administration Economique et Sociale (AES) et obtention du CAFDES (Certificat d'Aptitude aux Fonctions de Directeur d'Etablissement Social et médico-social)
    Mon parcours : Licence AES et obtention du DEES (Diplômes d'Etat d'Educateur Spécialisé)
    Nous achevons d'effectuer l'ensemble des copies certifiées conformes de nos diplômes et de nos relevés de notes. Non sans mal puisque nous nous heurtons déjà à quelques complications purement administratives. Je n'ai, en effet, jamais réclamé mes diplômes de DEUG et de Licence et, après bientôt 18 années, je me mets en quête de les récupérer auprès de mes anciennes universités...Après de nombreux contacts téléphoniques et mails sans résultats, j'ai enfin obtenu un retour positif de la fac concernant mon diplôme du DEUG. Les pièces nécessaires à la délivrance sont parties aujourd'hui. D'ici un mois, tout devrait arriver à la maison. Comme quoi, il ne faut jamais désespérer. J'ai fais de même pour la seconde université auprès de laquelle j'ai obtenu ma licence.
    La demande d'évaluation comparative est remplie et prête à parti au MICC. Nous avons opté pour faire évaluer tous nos diplômes. Les copies certifiées conformes sont faites, non sans avoir dû amadouer la préposée de l'état civil de la mairie du coin qui a du me maudire avec ma liasse de paperasse à faire certifier et qui me réclamait un courrier du Québec justifiant l'obtention de copies certifiées conformes (ben voyons... On en a tous un sur nous, hein !). La p'tite dame m'a également réclamé la pièce d'identité de ma femme, en me disant que c'était obligatoire pour pouvoir faire certifier ses diplômes (pas utile du tout). Elle m'a même demandé si j'habitais bien la commune (rien avoir avec la choucroute). Bref, elle n’avait pas envie de me faire ces fichus certificats. J'ai donc pris mon plus beau sourire et, après quelques explications transmises avec humour histoire de décoincer l'atmosphère, j'ai pu obtenir les précieux documents, que j'ai fait faire en deux exemplaires, histoire d'éviter d'avoir à y retourner en cas de problème. Je suis arrivé à 11h15 à la mairie avec deux personnes derrière moi. J'en suis reparti à 11h50 avec 12 qui attendaient et des bureaux qui fermaient à midi... Départ sur la pointe des pieds obligatoire.
    Le dossier est donc complet, hormis les originaux des diplômes du DEUG et de la Licence me concernant que je vais patiemment attendre. Du coup, l'envoi de la DCS est reporté d'autant, mais j'aurai l'esprit tranquille de savoir que toutes les pièces sont présentes dans notre dossier.

    Etape 2 : Passation du TCFQ
    Premiers contacts pris dans notre coin (Lyon et Annecy). Pour info, Annecy, bien qu'inscrit dans la liste des centres agréés, ne fait pas passer le TCFQ. Nous contactons Lyon cette semaine et tentons d'obtenir un rendez-vous proche.
    Voilà, vous savez tout sur l'état d'avancement de notre projet.
    Nous vous tiendrons régulièrement informés de nos démarches, histoire de partager avec vous un morceau de cette passionnante aventure.

    Question installation, nous serions plutôt attirés par la ville de Québec, mais je crois surtout que nous nous établirons là où nous trouverons un emploi et un logement.
    Concernant les contacts pros, j'ai fait une première démarche auprès du centre de la jeunesse de Québec (il y en a aussi à Montréal). Ils ont vocation à prendre en charge des mineurs relevant, chez nous, de l'article 375 et de l'ordonnance de 45. Ils demandent un document d'équivalence de diplôme avant d'envisager tout contact plus sérieux.
    Concernant cette équivalence, je pense qu'avec un DEES on peut obtenir le diplôme de technicien en éducation spécialisée. Avec le CAFDES de mon épouse, je ne sais pas trop à quel type d'équivalence nous pourrons avoir droit. Ce sera la surprise.
    Même si l'étude comparative n'est pas un préalable à la DCS, nous l'entamons donc quand même, histoire de prendre un peu d'avance dans nos futures démarches d'emploi.
    Concernant les métiers du social, il n'y a pas d'ordre professionnel (d'après les infos que j'ai pu trouver sur le sujet). »
    La réunion d'information était confirmée pour le 11 septembre 2012 à Paris, porte de la Villette. Le 31 août 2012, les informations relatives au TCFQ étaient plus précises :
    Date de passage fixée au 18 octobre 2012
    Centre de passage : Ecole Suisse de Langues, 06 quai Jules Courmont, 69002 LYON
    Tarif : 65 Euros par personne


    Septembre 2012 : Premières démarches, premières impressions
    Au programme du mois ; réception des diplômes, participation à la réunion d’information, envoi de la demande d’évaluation comparative des études, étude du dossier DCSQ.
    Voilà comment nous abordions ces différents évènements :
    « Réception ce jour de mon diplôme de licence, passée voilà 12 ans et que je n'avais jamais réclamé !!! Merci l'université d'Evry pour la rapidité. Moins d'une semaine, en pleine période de vacances. Je dis bravo ! Réception de mon diplôme de DEUG, après une attente de 03 semaines. Merci la fac !!!
    Nous ne nous sommes pas donné de date pour envoyer notre dossier. Avec mon épouse et nos enfants, nous savons que ce projet est lancé et qu'il se réalisera. Nos lectures sur la toile et dans les bouquins nous ont montré le côté variable des délais de procédure. Nous savons juste que nous aimerions le voir coïncider avec une rentrée scolaire, histoire de ne pas trop perturber nos enfants. Nous essayons donc de rassembler les éléments de ce vaste puzzle dans l'ordre qui nous semble adapté (récupération des diplômes, tests, attente des résultats) et tentons de n'en oublier aucun afin de mettre le plus de chances de notre côté.
    Nous ne mettons pas non plus tous nos espoirs dans ce dossier et gardons, dans un coin de notre tête, l'idée qu'il puisse aussi ne pas marcher... Nous ne voulons pas nous sentir prisonniers de cet unique projet, même s'il demeure la réalisation centrale de notre vie future. Nous ne voulons pas subir les attentes trop longues, et les espoirs déçus. Nous poursuivons donc notre vie actuelle et rassemblons les éléments utiles. Je pense que la réception de mon DEUG et les résultats du TCFQ nous permettrons d'envoyer notre DCS. Quand ? Nous ne le savons pas encore. Cette part d'aléatoire nous plait et nous motive.
    Retour sur expérience de la réunion d'information organisée par le BIQ : rien de nouveau sous le soleil : beaucoup d'infos, plutôt destinées à un public en phase de prospection et qui manque encore d'éléments. Pour notre part, cela a permis de conforter notre désir de poursuivre l'aventure. C'est déjà pas mal ! Lors de la réunion d'information, il a été précisé que peu importaient le titre exact des diplômes, mais que c'était le nombre d'année qu'ils sanctionnaient qui était pris en compte.
    Envoi de la demande d'évaluation comparative des études. Nous espérons un retour rapide.

    Nous nous attaquons maintenant à la demande de CSQ proprement dite et tâchons de rassembler tous les documents nécessaires. D'ici le 18 octobre, date de notre TCFQ, nous allons avoir de quoi faire ! Nous nous fixons le mois de septembre 2014 pour poser les pieds sur le sol québécois, pour faire coïncider notre arrivée avec la rentrée scolaire des enfants (septembre 2013 nous semble utopique). De ce que nous lisons de droite et de gauche, ce délai nous parait raisonnable. Lors de la réunion d'info, on nous a fait comprendre qu'il fallait tabler sur une moyenne de 18 mois au total. Patience, oui. Patience. Je crois que c'est le mot d'ordre. Je pense aussi qu'il faut s'aménager d'autres projets et ne pas tout miser sur celui du Québec pour, tout d'abord, éviter des déceptions éventuelles (même si ce projet est relativement préparé) et pour, en second plan, continuer à vivre au quotidien sans être en permanence rivé sur sa boite aux lettres.
    Nous nous sommes penchés de manière beaucoup plus précise sur la demande de CSQ et le moins qu'on puisse dire c'est que son renseignement est assez fastidieux. Les domaines de formation nous posent toujours problème car nous ne savons pas si nos diplômes sont à faire rentrer dans la catégorie "diplômes étrangers" ou "diplômes du Québec ou équivalents". Nous avons opté pour la seconde solution.
    Plusieurs démarches sont nécessaires, surtout concernant les actes de naissances et de mariage.
    Nous avons donc engagé plusieurs démarches, histoire d'être fins prêts lorsque les résultats du TCFQ nous seront adressés. »


    Octobre 2012 : Le nez dedans…
    PréparatIfs du TCFQ au programme du mois. Des hauts et des bas. Voici nos réflexions d’alors :
    « Un peu de morosité ce soir suite au renoncement que nous avons opéré concernant un poste proposé à mon épouse, mais qui ne correspondait pas avec notre projet, à terme, d'immigration. Nous mesurons pleinement les sacrifices et les renoncements induits par un tel processus. Pas simple d'y être confrontés. Notre détermination reste cependant intacte.
    Ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort, non ?
    Concernant le TCFQ, nous nous entraînons sur le site de RFI et c'est vrai qu'il faut être dispo et bien concentré !
    En raison des frais engendrés par nos démarches d'immigration j'ai du me résoudre, la mort dans l'âme, à vendre ma moto, histoire de pouvoir financer le CSQ. Un vrai déchirement pour moi, tant j'appréciais de fendre le vent à son bord. Bref, tout ça dans l'optique de pleins d'évènements positifs ! Et, de toute façon, on n'a rien sans rien dans la vie hein ! Et il y a des moments où il faut faire des choix. En voici un.
    Pffff....

    Retour d'expérience sur le TCFQ passé à l'Ecole Suisse de Langues de LYON.
    Nous étions 15 à passer l'épreuve. 30 minutes d'épreuve.
    Nous avions pris soin de venir repérer les lieux quelques heures avant car, à Lyon, croyez moi, c'est vraiment galère pour se garer. Bref, 15 donc à présenter convocation et pièces d'identité. L'évaluatrice nous a expliqué comment allait se dérouler l'épreuve. Impec.
    30 questions avec QCM. Une seule réponse possible par question. Si on se trompe, on peut rectifier.
    Une feuille portant nos nom, prénom et la liste des cases à cocher est fournie. Un livret contenant les réponses possibles par question est également donné. Les questions défilent à un bon rythme. Il faut garder sa concentration. Certaines questions portent sur des images, d'autres sur des extraits audio d'entretiens ou de reportages. La difficulté des réponses va globalement en s'accroissant. Les nuances de réponses sont parfois subtiles. Il est bien de pouvoir jeter un œil rapide aux réponses qui vont être proposées pour la question à venir, histoire de pouvoir fixer son attention sur le thème.
    L'épreuve de compréhension orale passée, vient l'épreuve d'expression orale. 15 minutes.
    Une salle, un examinateur, un micro, un magnétophone (si, si, les vieux trucs à cassettes pour enregistrer notre voix). 6 questions auxquelles il faut répondre, du type "comment s'organise la répartition des tâches ménagères à la maison ?", "pensez-vous que l'école est un facteur d'intégration ?", "pourquoi voulez-vous immigrer au Québec ?", "vous venez d'arriver dans une nouvelle ville, quelles questions me poseriez-vous pour connaitre les lieux culturels ou sportifs de la ville ?", "quels sont les points pour et contre la mondialisation ?"
    Pas si simple, en fin de compte, surtout l'épreuve de compréhension orale. Il y a 5 ou 6 questions sur lesquelles nous ne sommes pas très sûrs de nos réponses. Nous verrons bien !
    Pour info, nous avions apporté une enveloppe A4 timbrée pour 50g, pour pouvoir recevoir les résultats des tests à la maison.
    Vous pouvez vous entrainer, plus pour savoir à quoi vous attendre que pour acquérir de l'expérience car, quoi qu'il en soit, si on ne comprend pas le sens de la question posée, tous les entrainements du monde n'y ferons rien ! Voilà donc, pour nous. Une étape de plus de franchie !
    Nous attendons les résultats des tests pour envoyer la DCSQ. »


    Novembre 2012 : On continue sur notre lancée !
    Au programme du mois : réception des résultats du TCFQ et constitution du dossier DCSQ.
    « Nous avons eu la confirmation que le diplôme CAFDES de mon épouse ne trouverait pas d'équivalence au Québec. Dommage. Malgré tout, ces contacts nous ont clairement fait comprendre que la demande de travailleurs sociaux était importante au Québec et que, diplôme reconnu ou non, l'expérience suffisait parfois à faire la différence. Nous avons donc bon espoir de trouver notre bonheur côté travail !
    Nous sommes encore en attente de mon attestation de travail, qui transite actuellement par l'île de la Réunion. Nous espérons qu'elle va vite arriver, histoire que, dès réception de nos résultats TCFQ, nous puissions envoyer l'ensemble du dossier DCSQ. Après relance téléphonique, ils m’avaient oublié ! Petite remise au point et tout devrait arriver d'ici peu. Enfin... j'espère. Comme quoi, faut se battre pour tout !
    Les résultats des tests sont bien arrivés dans la boite. Exactement les mêmes scores pour mon épouse et moi-même : Compréhension orale : 599 points. Niveau C1. Expression orale : 20/20. Niveau C2. Ça doit nous faire le max pour les points sur la grille. Waaaouwww ! Une étape de plus de franchie ! Les tests sont valables deux ans. C'est indiqué sur l'attestation.

    Nous nous sommes plongés dans le regroupement des documents utiles à l'envoi de la DCSQ. Nous pensions être au point sur tout, mais quelques détails nous ont échappés (photos d'identité, certaines copies de documents). Il faut donc bien anticiper et prendre le temps de vérifier et revérifier que vous avez bien tout. L'attestation de travail tant attendue est enfin arrivée jusqu'à nous. A noter qu'il nous aura fallu presque trois mois et demi pour rassembler l'ensemble des pièces justificatives. Il est donc important de bien anticiper. Il faut AB-SO-LU-MENT prendre le temps de vérifier encore et encore l'ensemble des pièces du dossier. Cela évite les désagréments de dernière minute. Nous y sommes presque. Nous prenons, malgré nous, du retard. J'ai un peu l'impression que, le moment du dépôt approchant, on réalise un peu mieux ce vers quoi on s'engage. »


    Décembre 2012 : Envois et prélèvements
    Un mois de décembre chargé en émotions puisqu’il correspond à l’envoi de la DCSQ. Pleins d’émotions mêlées que nous retracions ainsi :
    « Le 11 décembre 2012, la DCSQ est envoyée via Chronopost au BIQ de Montréal. Les dés sont lancés. Nous avons un peu de mal à nous dire que notre dossier est enfin parti. Nous n'aurions pas imaginé voici quelques mois que ce jour arriverait si vite, finalement. Nous nous faisions une telle montagne du montage de ce dossier qui, pour peu qu'on y prête temps et attention, n'est pas si complexe que ça. A notre retour estival du Québec, nous nous sommes lancés comme des fous dans ce dossier, en prenant le temps d'en étudier les contours et en posant notre réflexion autour de ses implications. Nous trouvons intéressant le délais qu'il nous a fallu pour le bâtir car, en y regardant bien, ce laps de temps a permis d'élaborer un peu plus notre réflexion, de rendre plus concrètes les représentations que nous pouvions avoir sur ce processus d'immigration, d'accepter les contre temps et les obstacles qui n'ont pas manqué de se mettre sur notre chemin. Immigrer n'est pas un long fleuve tranquille. Et c'est tant mieux. Cela permet de renforcer (ou pas) les espoirs et les attentes que nous pouvons tous placer dans un tel projet.
    Je me suis souvent fait la réflexion que les délais relatifs aux procédures d'immigration au Canada, tout comme les engagements financiers qu'elles imposent, composaient déjà un filtre, une sélection de fait des personnes pouvant être à même de les assumer. Une fois ces obstacles franchis, chacun est alors libre de vivre son rêve comme il l'entend.
    Aujourd'hui, une première étape de ce grand projet de vie est franchie pour nous. Nous y plaçons beaucoup d'espoirs sans toutefois tout miser sur ce seul objectif. Il faut continuer d'avancer, personnellement et professionnellement, en parallèle, afin de ne pas être en permanence rivé sur la petite boite à l'entrée de l'allée et risquer de voir son monde s'écrouler si le projet ne devait, par malheur, pas aboutir. Il faut savoir regarder dans plusieurs directions à la fois et s'aménager des espaces de réussite et de satisfaction autres. Telle est, en tout cas, notre vision de ce projet.
    Notre DCSQ a été livrée le 14 décembre 2012 au BIQ de Montréal.
    Le 16 décembre 2012, le montant l'évaluation comparative a finalement été prélevé en date du 12 décembre. »


    Janvier 2013 : Quand la famille s’en mêle !
    Une fois le flux de la paperasse passé, on se pose, enfin. On réfléchit, beaucoup. Et on se confronte à nos proches…
    « Petit repas de fêtes en famille ce week-end. Au détour d'une conversion portant, entre autres, sur notre projet Canada, la petite question qui tue : Mais au fait, pourquoi vouloir partir au Québec ? Quelles sont vos motivations exactes ?
    Au fond, rien de bien surprenant. Quand on entreprend un projet tel que celui-ci, on s'y attend à un moment où à un autre, de la part de personnes qui nous connaissent peu. Ce qui m'a interloqué ici c'est de ne pas m'être senti compris. J'ai perçu dans cette question une certaine méconnaissance de la part de mes proches de ce que nous étions, de ce que nous voulions, vraiment. Depuis le temps que nous bougeons, que nous échangeons avec notre entourage sur notre mode de vie, sur notre façon de percevoir le monde, autour de notre philosophie quotidienne, je pensais qu'ils nous avaient bien cernés et compris. A croire que non. Soit ils ne nous ont pas compris. Soit nous ne nous sommes pas bien fait comprendre. Peut-être est-ce, d'ailleurs, un peu des deux. C'est étrange comme de petites questions peuvent raisonner ainsi en nous. J'ai eu l'impression de devoir justifier de ce choix de vie qui, pour mon épouse et moi-même, raisonne comme une évidence. J'ai eu l'impression qu'on nous prenait comme les petits jeunots qui partent à l'aventure sans mesurer les conséquences de ce qu'ils allaient pouvoir entreprendre. De n'être pas compris n'est pas ce qui me heurte. De devoir rendre des comptes sur mes choix.
    Alors bon, on peut ne rien avoir à faire de tout cela. On peut s'en sentir blessé. On peut également prendre le temps de poser les choses, de prendre du recul, de réfléchir et de se poser la question de savoir si le bon choix est fait. C'est ce que nous avons fait. Alors, oui. Nous faisons le bon choix. C'est vrai que ça n'est pas toujours simple, même si on est persuadé d'être dans le bon chemin. Pas simple de se sentir si mal compris. Nous ne sommes cependant pas des Caliméro alors on se dit que c'est tant mieux pour celles et ceux qui comprennent le sens de notre démarche et tant pis pour les autres.

    Nous sommes dans une phase d'attente : attente du retour de l'évaluation comparative des études, attente de signes de la part du BIQ concernant notre CSQ. Cette période est étrange car, après l'excitation et l'agitation autour de la préparation et de l'envoi du CSQ, nous nous trouvons dans un temps plus calme de notre processus d'immigration. Nous ne nous projetons pas encore dans la suite des démarches, histoire de ne pas être déçus si le CSQ n'était pas au rendez-vous et, surtout, parce que sans le CSQ, nous ne pouvons pas les poursuivre.
    Attente, donc. Mais pas attente stressée ni fébrile. Nous vaquons à nos occupations, nous nous projetons sur d'autres projets et ne faisons pas le pied de grue à côté de la boite aux lettres (il fait trop froid dehors...) Un moment calme, donc, à appréhender sereinement.
    Je m'étais pourtant promis, superstition oblige, de ne pas aller jeter un oeil sur le volet "fédéral" de notre processus d'immigration tant que je n'avais pas de réponse pour le CSQ. La curiosité aidant, je me suis décidé à aller sur la page dédiée. Pas mal de documents à prévoir pour le fédéral, mais rien d'insurmontable. Après les formalités du CSQ, celles du fédéral ne présentent pas de grosses difficultés. »


    Février et mars 2013 : Questionnements et désillusions
    Cette période troublée a connu de nombreux doutes, des désillusions avec le retour de notre DCSQ et de nouveaux espoirs. Voilà comment nous abordions ces différentes étapes :
    « La vie nous réserve parfois des surprises auxquelles il faut parfois savoir faire face...
    Fâché avec ma mère depuis bientôt un an, j'apprends, voilà une dizaine de jours, que cette dernière est atteinte d'une maladie dont l'issue sera, à terme plus ou moins long, fatale. Pas glop. Voilà de quoi réveiller des craintes et des angoisses tenaces et, surtout, d'apprendre à mettre tous les mauvais moments de côté pour se centrer sur l'essentiel : être auprès d'elle. Ce que j'ai fait en partant quelques jours lui rendre visite. Les choses ont, après de longues heures de discussion, pu se poser et s'apaiser. Voilà cependant de quoi se poser plein de questions concernant notre départ éventuel. Comment pallier à ses besoin si loin d'elle ? Comment gérer cet éloignement ? Comment ne pas ressentir une certaine culpabilité à l'idée de la priver de ses petits enfants durant les années à venir à un moment où elle en aurait vraiment besoin ? Cela va-t-il, doit-il, remettre en cause tout ce projet ? Bref, autant de questions qui sont venues se heurter et auxquelles se sont ajoutés les commentaires et les questions culpabilisantes de la famille chez qui nous étions. Une fois de plus, nous avons eu droit au "vous nous abandonnez", ou encore "vous êtes égoïstes", ou même "vous n'avez pas le droit de nous faire ça"... Autant de choses qui, au regard du contexte, ont fait beaucoup pour nos petites têtes.
    Heureusement pour nous, notre couple est fort. Très fort. Très très fort !! Nous en avons beaucoup parlé, mon épouse et moi-même. Nous nous soutenons. Toujours. Nous allons de l'avant. Toujours plus loin. Nous avons la force et la détermination de montrer, est-ce besoin de le faire, que nous irons au bout de ce projet. Coûte que coûte. Mais, aussi forte que soit cette conviction, je ne peux m'empêcher de me poser et me reposer ces même questions. Sans cesse. Comme pour me convaincre, à chaque fois, que nous allons dans le bon sens.
    Alors oui, un projet comme celui-là doit être mené de façon à pouvoir surmonter les épreuves et les obstacles qu'il comporte, aussi hauts soient-ils. Ce n'est pas chose aisée. C'est même douloureux à certains moments. Après avoir passé de nombreuses heures à parler et à échanger sur ce thème, nous sommes convaincus d'être toujours dans le vrai. Pour nous, pour nos enfants. Rien ne pourra nous faire changer d'avis.
    Nous allons devoir compter et composer avec de nouveaux éléments à prendre en compte, en essayant de les gérer au mieux de manière à partir, nous l'espérons, la conscience tranquille, capables de nous regarder sans rougir chaque matin dans le miroir. Pas simple. Vivre loin des nôtres ne nous préoccupe pas, nous l'avons fait pendant 6 ans lors de notre séjour à la Réunion. Certains de nos proches ne l'avaient d'ailleurs pas plus admis qu'ils ne le font maintenant pour le Québec. Nous en acceptons le principe. Ce qui complique les choses, c'est cette situation de maladie et le fait que nous nous soyons fâchés. Nous parviendrons, quoi qu'il en soit, à surmonter ce cap. Votre soutien nous conforte dans notre conviction d'être dans le vrai. Le dicton populaire dit : "il y a deux choses à donner à nos enfants. L'une ce sont des racines. L'autre ce sont des ailes." Nous avons eu, pour notre part, les deux. Je ressens, me concernant, avoir reçu plus d'ailes que de racines. Ceci explique sans doute cela. Merci à vous tous !

    02 mars 2013, triste nouvelle. En ouvrant la boite aux lettres, nous découvrons que notre dossier est retourné par le BIQ. Motif invoqué : manque les preuves de cotisations sociales. Nous avions pourtant fournis nos derniers bulletins de salaires et nos 4 derniers avis d'imposition...
    Bref, un coup derrière la tête à une période pas vraiment heureuse... Ce qui nous rassure, c'est qu'il s'agit d'un document manquant et non pas d'un refus catégorique de notre dossier. Nous allons vite faire le nécessaire et renvoyer le tout cette semaine. Trois mois de perdus. Comme quoi : immigrer se mérite.
    Contact pris avec le BIQ pour faire le point sur notre situation. Il manquait trop d'éléments pour justifier de la légalité de notre expérience professionnelle. Il faut donc, pour remédier à tout cela :
    1) Envoyer notre relevé de carrière (à demander en ligne sur le site de la sécu)
    2) Joindre nos 5 derniers avis d'imposition et nos 3 dernières fiches de paye (ce que nous avions fait, mais il nous manquait l'avis d'imposition de 2008) Un courrier expliquant les documents manquants devrait permettre de faciliter la compréhension de notre situation. L'agent contacté a précisé de joindre "toutes les preuves possibles permettant de démontrer la validité de notre expérience professionnelle"
    3) Par ricochet, le montant des frais change et devient celui mentionné au titre de l'année 2013 (750$CAD pour le requérant principal et 160$CAD pour le conjoint et pour chaque enfant)
    A savoir : le renvoi global du dossier pour documents manquants fait repartir notre demande de zéro. C'est comme si nous n'avions jamais envoyé de dossier. Ce dernier sera traité comme les autres, par date chronologique d'arrivée. 3 mois de perdus pour nous.

    Malgré tout, le 05 mars 2013, nouveau dépôt de notre DCSQ.
    1.5 kilos de documents envoyés via Chronopost. Nous avons fait, selon nous, le maximum pour rentrer dans les clous, en ajoutant à nos précédents documents notre relevé de carrière, la copie de notre avis d'impôts sur le revenu de 2007 ainsi que toutes nos fiches de paye depuis janvier 2007 à ce jour. Maintenant, ça ne dépend plus de nous.
    La langueur nous gagne. Le renvoi du dossier nous a fichu un coup derrière la tête. Les problèmes familiaux s'ajoutent à tout cela. On ganberge. On voit les copains qui avancent et nous qui restons en suspens. Pas encore de news de l'évaluation comparative, pourtant envoyée en septembre 2012... Je me prends, pour ma part, à penser à d'autres projets (maison, voyages), à m'accrocher à d'autres choses qui me font mettre un peu de côté le Québec pour l'instant. Je peine à me réinvestir dans le trip de peur d'être à nouveau déçu. Du coup, on patiente, en espérant ne pas trop nous lasser... Le coeur n'y est plus trop.
    Fin mars, réception de l'AR du MICC concernant notre demande d'évaluation comparative des études effectuées hors du Québec. Le papier indique que le MICC pourrait avoir à communiquer avec nous dans les prochaines semaines afin de compléter le dossier. Deux numéros sont attribués : N° réf. ind. (C33XXXXX) et n° dossier (C00XXXXXXXX). Pour un envoi en septembre, je trouve le temps un peu long... Mais bref, ça avance un peu quand même... »


    Mai 2013 : La DCSQ avance !
    « Le temps est toujours maussade par chez nous et nous désespérons d'avoir un quelconque signe que notre dossier avance. Le temps passe vraiment lentement et notre optimisme concernant notre dossier en prend un coup. Petit rayon de soleil.......... nous avons été prélevés ! Oui ! Oui ! Oui ! Oui ! Prélevés ! Prélevés ! Prélevés ! Pas de quoi se monter le bourrichon, mais prélevés ! Voilà qui nous rebooste en ces temps moroses. Une nouvelle attente commence maintenant. »


    Octobre 2013 : Le temps passe lentement…. Très lentement… On réfléchit. On doute.
    Emigrer prend du temps. Nous en avons fait l’expérience. Voilà comment nous envisagions cette épreuve :
    « Voilà maintenant plus d'un an que nous avons réellement entamé nos démarches d'immigration avec l'envoi de la reconnaissance des diplômes. La DCSQ a suivi en décembre 2012, avec un retour début mars 2013 pour pièces manquantes et renvoi dans la foulée. Depuis... rien. Plus rien. De la patience, nous savions qu'il en fallait. Imaginions-nous qu'il en faudrait autant ? Peut-être pas...
    Retour sur expérience pour nous donc, car il faut bien mesurer le temps et l'investissement que prend un tel processus d'immigration. Pour notre part, nous nous sommes toujours refusés à mettre nos œufs dans le même panier et avons décidé de mener notre barque coûte que coûte. Le temps passe, les gens changent, les projets aussi.
    Petite promenade en pleine nature l'autre jour. Les enfants jouent. Nous nous posons et faisons le point. Sur notre vie. Sur nos envies. Sur nos projets. Mon épouse à récemment trouvé un emploi dans son domaine de formation. Un emploi nécessitant de se projeter sur du long terme, voire même du très long terme. Dans le même temps, je trouve mon équilibre de vie, jonglant entre la famille et le boulot. La région où nous sommes nous plait vraiment et l'idée nous est venue d'envisager l'achat d'une maison ici.
    Le Québec ? Un projet. Certainement. Le projet d'une vie ? Plus vraiment. Un projet, certes important, mais un projet. Simplement. Non pas que nous ne l'ayons pas souhaité, voulu, attendu, follement désiré, mais plutôt que, le temps passant, il n'est plus devenu LE projet central de notre vie, parce que LE projet central de notre vie c'est notre famille, nous deux, nos enfants, et être bien, ensemble, peu importe l'endroit. Le voilà LE projet de notre vie, tout simplement. Alors, puisque le projet Québec tarde à se concrétiser et puisque notre vie se poursuit ici, nous ne sommes plus très sûrs de vouloir, du jour au lendemain, tout remettre à plat et devoir tout reconstruire, ailleurs, dans des conditions plus difficiles que ce que nous pouvons connaitre ici. Par peur ? Peut-être. Par manque de courage ? Peut-être aussi. Par soucis de ne plus vouloir bousculer l'équilibre que nous parvenons aujourd'hui à atteindre ? De plus en plus.
    Alors voilà, notre réflexion se poursuit et s'infléchit au fil du temps. Notre vie actuelle nous plait énormément et l'idée d'en changer du tout au tout ne nous séduit plus autant. Voilà 8 ans, nous avions trouvé cette force, en quittant la métropole et en partant nous installer pour 6 ans à la Réunion. Nous étions plus jeunes. Notre famille se bâtissait tout juste. Notre aînée avait 3 ans et notre petit dernier un mois seulement ! Que le temps passe ! Aujourd'hui, ils ont 11 et 8 ans et les cartes ne sont plus les mêmes. Pour eux comme pour nous.
    Alors voilà, nous ne mettons pas un terme réel à notre projet d'immigration au Québec, mais il nous faut reconnaitre que si le CSQ devait un jour s'offrir à nous, nous serions face à un choix cornélien à l'issue duquel les grands espaces nord américains ne l'emporteront peut-être pas. »


    Novembre 2013 : Premiers retours concrets.
    « Réception ce jour de l'évaluation comparative des études effectuées hors du Québec !!!
    Délais entre envoi, traitement et retour : 1 an, 1 mois et 17 jours....
    Initialement, j'ai envoyé mon BAC, série B, mon DEUG Sciences du langage, ma Licence Administration Economique et sociale et mon diplôme d'Educateur Spécialisé.
    Au final, seuls mon BAC et ma Licence ont été retenus.
    - BAC série B en France, évalué comme "Diplôme d'Etudes Collégiales en formation préuniversitaire (DEC), domaine de formation : sciences humaines".
    - Licence AES en France, évaluée comme "Baccalauréat, domaine de formation : sociologie".
    Mon diplôme d'éducateur spécialisé n'a pas été retenu. »


    Mars 2014 : Joies et doutes.
    Cette période voit le premier grand tournant de notre processus ! Voilà comment nous en parlions :
    « 21 mars 2014 : Pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Il faut croire à cet adage puisque nous avons reçu nos CSQ, par une belle enveloppe dans la boite. Nous sommes abasourdis et allons devoir, mon épouse et moi, prendre le temps de discuter...
    Enfin voilà, dossier CSQ envoyé en décembre 2012, retourné en mars 2013 pour documents manquants. Renvoyé en mars 2013. En janvier 2014, nous avons reçu un courrier demandant des compléments d'infos. Le CSQ a été accordé, en date du 11 mars 2014 et porte la mention "dossier visé par traitement prioritaire - domaine de formation".

    Les réflexions sont allées bon train. Les méninges ont chauffé !!! Partant du principe qu'il faut saisir les chances qui se présentent à nous et qu'il vaut mieux avoir des remords que des regrets, l'aventure va donc continuer pour nous, non sans certaines craintes et appréhensions, bien normales... A l'heure où j'écris ces quelques lignes, je ne suis pas bien sûr de ce qu'elles représenteront dans les semaines à venir. A chaque jour suffit sa peine. Demain apportera son lot de réponses, et de nouvelles questions... Comme quoi les décisions les plus importantes, se prennent parfois en peu de temps...
    Malgré cela, difficile de se replonger dans un projet que nous avons mis en veille, histoire de rendre l'attente plus supportable. Et, en même temps, nous réalisons la chance qui est la nôtre d'avoir été sélectionnés par le Québec. Nous nous disons "c'est bon. Le Québec veut bien de nous. Il nous envoie un message d'espoir qui nous dit que nous pourrons trouver du travail là-bas et, ainsi, subvenir à nos besoins." On se rassure comme on peut.
    Depuis le dépôt de notre DCSQ, nous avons vécu au jour le jour, tâchant de nous centrer sur le présent, sans présager de ce que serait l'avenir. Nous nous sommes dit qu'il fallait prendre la vie comme elle vient et profiter de chaque instant. Du coup, ce projet d'immigration a peu à peu laissé la place à un projet de pérennisation de notre situation en France et nous nous sommes tournés vers de nouvelles situations professionnelles et de possibles démarches d'acquisition d'une maison dans notre région. On se disait "mieux vaut avoir plusieurs projets et devoir, au final, faire un choix, que de tout miser sur une seule chose, au risque qu'elle ne se réalise pas".
    Alors voilà, prenant toujours la vie comme elle vient, et décidant de happer les opportunités au vol, s'est donc posé, il y a quelques jours avec l'obtention du CSQ, la question de ce choix délicat : partir ou rester ? Au final, malgré mes réserves (qui contrebalancent avec l'enthousiasme de toujours de mon épouse) nous sommes parvenus à faire ce choix de tenter l'aventure. Ma douce m'a convaincu de me lancer en me disant, très justement, qu'il vaut mieux tenter l'expérience, au risque d'échouer, que d'avoir le regret de ne l'avoir jamais osée.
    Malgré tout, je ressens le besoin de digérer ce choix, de me l'approprier... de l'accepter et de prendre la mesure des difficultés qui vont se présenter à nous dans les prochains mois. Les craintes liées à une nouvelle adaptation de style de vie et de culture sont réelles. Aurais-je la force de devoir me vendre sur le marché du travail, alors que mon expérience professionnelle de plus de 20 ans me permet d'envisager l'avenir plus sereinement au sein de mon administration (je suis titulaire au ministère de la Justice) ? Certes, la demande de dispo que je ferai nous assure un repli en cas d'échec de notre aventure. C'est un point très important. Mais, malgré tout, l'idée de devoir plier les gaules et de se lancer dans un nouveau déménagement à l'autre bout du monde (après celui que nous avons fait il y a 9 ans à la Réunion) m'avait, au fil des mois, quitté. Je me projetais plus vers un apaisement et une volonté de me tourner vers d'autres priorités de vie. Du coup, l'arrivée du CSQ vient tout bouleverser et, en quelques jours, en quelques heures, nous avons pris une décision que je n'aurai même pas imaginé prendre il y a une semaine ! Comme la vie est étrange, parfois.
    Au final, nous voilà plongés dans ces démarches en vue de l'obtention du fédéral, avec un départ prévu pour l'été 2015 (l'été 2014 semblant trop court au regard des délais d'obtention de la RP). J'espère que les enfants accepteront notre choix et qu'ils ne nous le reprocheront pas. Eux qui, à 11 et 8 ans, nous ont fait comprendre qu'ils ne souhaitaient pas bouger de là où nous sommes. Je me dis qu'on s'adapte à tout dans la vie et qu'ils sauront aussi s'adapter à cela. Pour me rassurer ? Sûrement.

    Le dossier fédéral se monte pas à pas. Nous commençons à réaliser ce vers quoi nous nous embarquons, et c'est plutôt....disons... grisant ! Nous devons procéder au renouvellement des passeports des enfants. Pour ce faire, nous devons prendre rendez-vous avec la mairie de notre domicile, afin de pouvoir nous y rendre avec les cocos pour déposer le dossier. Pas de rendez-vous avant la mi mai 2014. Ce qui veut dire que les passeports ne seront pas édités avant fin mai-début juin. Le dossier fédéral s'en trouve d'autant décalé et ne sera, selon toute probabilité, pas déposé avant juin 2014. Pour un départ prévu à l'été 2015, nous espérons que les délais seront suffisants. »


    Avril et mai 2014 : Le fédéral se monte !
    Une fois passées les émotions dues à l’obtention du CSQ, nous nous tournons vers le fédéral. Voilà comment nous traversions cette période :
    « Après nous être penchés de manière plus sérieuse sur nos évaluations comparatives des études (CSQ et recherches de travail obligent), nous avons appelés le BIQ pour savoir pourquoi l'un de nos diplôme (CAFDES pour ma femme et DEES pour moi) n'avaient pas été évalués. L'agent du BIQ nous indique qu'il nous reste encore un mois (délais de 6 mois après réception pour faire un recours) pour demander la révision de notre évaluation comparative.
    Du coup, dossier bouclé ce soir. Départ dès demain.
    Notre dossier fédéral est, lui aussi, enfin bouclé. Finalement, il s'est avéré bien moins fastidieux que la DCSQ ! Tant mieux ! L'ensemble partira par la poste. Nous sommes heureux. Cette aventure se prolonge. Une nouvelle attente débute.

    Nous avons reçu la réponse concernant notre demande de révision de l'évaluation comparative (le CAFDES de mon épouse et mon DEES n'avaient pas été évalués). Me concernant, ils me demandent un relevé de notes. J'ai fait une copie certifiée conforme de ce que j'avais. Concernant mon épouse, le CAFDES a été évalué et reçoit une équivalence "Maîtrise en administration". Nous devons renvoyer l'ancienne évaluation comparative la concernant et garder la nouvelle. Finalement, ça a été relativement vite. »


    Juillet et août 2014 : Sauts de puce.
    « AR de Sydney reçu par mail. Tout est OK pour eux (documents, paiement). Notre dossier rejoint la file d'attente. Ca suit son cours....
    J'ai plein de projets en tête, notamment sur le plan professionnel et j'avoue ne pas trop me soucier de l'avancée de notre dossier (c'est tant mieux d'ailleurs). Je me dis que ce qui doit se faire se fera... ou pas. On verra bien. Du coup, je ne suis plus accroché à mes mails ou à ma boite aux lettres. Je prends chaque nouvelle comme elle vient !
    Ma nouvelle évaluation comparative des études est arrivée. Sur la précédente, mon diplôme d'éducateur spécialisé n'avait pas été évalué. Après réclamation de ma part, c'est chose faite puisqu'il est évalué à un niveau DEC (Diplôme d'Etudes Collégiales) en techniques d'éducation spécialisée, comme je l'espérais. Comme quoi, il faut toujours s'accrocher ! »


    Octobre 2014 : Un petit tour chez le docteur…
    Cette période nous rapproche de notre objectif. L’IVM et la visite médicale sont au programme. On reprend espoir de partir dans les mois qui viennent :
    « L’IVM est arrivée, accompagnée de documents complémentaires à fournir concernant notre parcours professionnel (rien d'insurmontable) et demande de paiement des frais de RP. Ça avance...
    Nous passons la visite médicale.
    Première étape : la visite médicale.
    Tout à commencé à l'hôpital britannique de Levallois-Perret.
    Rendez-vous fixé à 13h45. Pas de retard dans les consultations. Impec !
    Le médecin nous reçoit à 4 (les enfants, mon épouse et moi). Pas mal de paperasses à remplir. Ca va être long ! Mais bon, lorsqu'on immigre, la patience, on connaît ! Nous devons présenter les convocations reçues avec l'IVM ! Obligatoires ! Il n'était donc pas question de prendre rdv sans avoir reçu l'IVM ! Même topo pour tout le monde : prise de photo, présentation des passeports (nous n'avions pas ceux des enfants, mais la carte d'identité a suffit), test urinaire, test de vision, mesures (taille, poids), prise de tension, examen physique léger. Une formalité ! Les garçons ont le droit à une palpation des testicules. Je ne sais pas trop à quoi ça sert. Mais bon, lorsqu'on immigre, on fait ce qu'on nous demande de faire ! Quelques renseignements succincts concernant des maladies passées ou des antécédents familiaux particuliers. Rien de plus. Nous signons quelques autorisations de transmissions d'infos médicales nous concernant et nous signons le chèque : 500 euros pour nous 4. Ca pique... Mais bon, lorsqu'on immigre, les dépenses en tout genre, on connaît ! 01h30 de visite médicale. Nous sortons.
    Deuxième étape : prise de sang.
    Seuls mon épouse et moi sommes concernés. Les enfants de moins de 15 ans échappent à la piqure. Objectif de la prise de sang : dépistage du VIH et de la syphilis. Le tout prend moins de 15 minutes. Le laboratoire est désigné par le médecin. On signe le chèque : 50 euros. Ca pique moins...
    Troisième étape : les radios de poumons.
    Direction un cabinet de radiologie, lui aussi désigné par le médecin.
    Sommes concernés, ma fille de 11 ans, mon épouse et moi. Clichés thoraciques de face et de profil, en vue de détecter toute trace de tuberculose. L'opération prend 30 minutes. Méga rapide. Pas d'attente. On signe un dernier chèque de 150 euros. Ca repique un peu.
    En à peine 3 heures, tout a été bouclé ! Les résultats seront communiqués au médecin et transmis de suite au CIC dans la semaine. Bilan de la journée : 700 euros ! Une fortune ! Mais bon, quand on immigre, on sait qu'on y laisse des sous. Une VM rondement menée, à peine deux jours après avoir reçu l'IVM. La chance à joué pour nous. Nous y voyons le signe de la fin proche de notre démarche.
    Restent les frais de RP à payer et un ou deux compléments d'info à apporter concernant mon parcours professionnel. Une broutille.
    Prochaine étape : la brune ! On y croit !!!!

    Frais de RP payés ! Et voilà, c'était la dernière étape. Les frais de RP sont payés (980 Dollars) et les documents complémentaires ont été envoyés à CIC. Dernière étape d'un long, très long processus qui, nous l'espérons, aura une issue favorable. Les dés sont lancés ! Yapuka ! Ca va nous manquer tout cette paperasse là ! »


    Janvier 2015 : Soulagement et inquiétudes!
    « DECISION PRISE !!!!!!!! Ouais, ouais, ouais !!!On a (encore plus) hâte !!!!!! Le 24 janvier 2015, les CRP arrivent à la maison !! Ca y est, nous y sommes !
    « Une semaine et demi après la CRP et... un peu de stress, de doutes (encore ?) et de trouille (tout plein)... Pas le temps de vraiment se poser à cause d'un travail très prenant, qui me voit rentrer claqué et peu réceptif le soir. Mon épouse, actuellement sans travail, bosse pour deux autour de notre installation future et, du coup, je peine à m'impliquer comme j'avais pu le faire lors de notre retour de la Réunion, voilà 3 ans. Période de doute donc où se bousculent pleins de questions autour du pourquoi ? Du comment ? Du où ?
    De la crainte également de devoir plier à nouveau les gaules, de quitter une situation installée pour partir vers un grand inconnu.
    La CRP n'est pas toujours signe d'une grande délivrance. Chez moi, elle suscite plein de craintes. Nous ne savons pour l'heure pas quand nous partirons, juillet ou août, où nous nous installerons, Montréal, Québec ou Trois Rivières, s'il faut trouver la job d'abord et s'installer où elle sera ou bien s'installer quelque part et trouver la job ensuite. Par ricochet, se pose la question des billets d'avion : quelle destination ? Se pose la question de l'école et du collège pour les enfants. Celle de la venue du chien. Bref, un peu le bordel dans ma tête au moment où de grandes décisions doivent se prendre. C'est dingue de se dire qu'à quelques semaines du départ rien n'est encore vraiment fixé... J'ai du mal à m'y mettre, vraiment. Comme si j'avais attendu cette CRP pendant deux ans en me disant qu'elle aurait pu ne jamais arriver et être pris au dépourvu lorsqu'elle est là.
    La nouvelle annoncée à l'entourage et aux collègues nous pousse à agir un peu plus.
    J'espère trouver la sérénité de penser à tout cela calmement lors de ma prochaine semaine de vacances...Je pense que le tumulte actuel de nos vies ne nous permet pas de nous pencher de manière totalement concentrée sur ce projet. Je compte sur les prochaines vacances pour y voir plus clair ! »


    Février et avril 2015 : Du nouveau.
    « Des avancées dans notre projet de départ puisque nous avons trouvé une pension pour accueillir notre compagnon à 4 pattes à notre arrivée à Québec. Du coup, nous voyagerons avec Air Transat qui offre un forfait à 275 dollars pour lui, qui pourra ainsi voyager avec nous. Nous avons donc abandonné notre projet de partir sans lui et de le faire venir seul plus tard. Il partira avec nous et sera en garderie quelques semaines sur Québec, le temps que nous trouvions un logement susceptible de l'accueillir. Les billets seront pris d'ici 15 jours.
    Ça avance !!
    Les billets d’avion sont en poche ! Nous partons le 23 juillet pour Québec !!! »


    Mai 2015 : un toit au-dessus de la tête.
    « Nous avons trouvé un logement !!!!
    Appartement de deux chambres, situé dans le quartier Montcalm à Québec. Ecoles et tous services à proximité. Transports également. Pas besoin de voiture pour commencer. Appartement entièrement meublé et équipé (de la laveuse aux petites cuillères, en passant par la vaisselle et l'aspirateur). Rien à emmener ni a racheter. Juste les valises à poser pour un an.
    Le propriétaire, un homme charmant, nous accepte même sans emploi car nos secteurs d'activité sont porteurs. De plus, il accepte notre chien ce qui, au regard des difficultés pour trouver un logement acceptant les toutous, nous a fait basculer. 1200 Dollars par moi, hors électricité, ce qui portera la facture globale à 1350 dollars environ. Nous sommes aux anges. C'est un vrai poids en moins !
    Nous avons déjà un pied là-bas ! »


    La suite dans le livre 2...
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    B@bouk a reçu une réaction de Maraudeur pour un billet, Notre projet d'immigration de A à Z... (livre 2)   
    Juillet 2015 : Le grand départ.
    Ce mois a été marqué par notre départ pour Québec. Derniers coups de collier avant de partir, dernières mises au point, dernière craintes. Voilà comment nous les avions traduits :
    "Ca yest, les inscriptions scolaires des enfants sont faites ! Notre grande entrera en 1ère année du secondaire et notre fils en 5ème année de primaire, à Québec. C'est un soulagement et le signe que notre projet continue d'avancer.
    Côté déménagement, les choses avancent même si nous courons encore après la date définitive d'enlèvement de nos cartons, prévue aux alentours du 16 juillet... Nous relançons le déménageur ces jours-ci. Les voitures sont quasiment vendues. Nous sommes rassurés."
    Quelques jours plus tard, "la date de déménagement est quasiment fixée : entre le 15 et le 17 juillet 2015. Toute la liste de nos effets doit être bouclée ce week-end afin que le déménageur puisse évaluer la taille du camion à nous envoyer.
    On avance (enfin, j'espère !...)"
    Et enfin, "Les déménageurs passent aujourd'hui !Nous sommes prêts pour le grand saut ! Dans une semaine, nous décollons.... Que le temps passe !!!"

    Pour prolonger notre expérience québecoise et faire partager nos rencontres et découvertes, nous avons décidé de créer une page Facebook : "Québec paradis", avec pour objectif de retracer nos aventures par le biais d'une photo par jour !
    En voici le lien : https://www.facebook...796769593774015

    Fin juillet, nous vivions les derniers instants sur le sol français :
    "Visite médicale obligatoire passée par notre toutou hier au soir. Il est autorisé à voyager avec nous et poursuit donc cette aventure ! Décollage demain. Derniers rangements. Derniers coups de balais. Etat des lieux de la maison cet après midi."

    Nous livrions nos pérégrinations quelques jours plus tard :
    " Après avoir retrouvé internet, voici le récit de nos dernières heures en France et de nos premières heures au Québec !

    Quelques heures avant le départ. Dernier coup de collier pour tout boucler. L’état des lieux de la maison s’est déroulé sans encombre. On part manger à l’extérieur. Au retour, énorme orage, pluie diluvienne, nos serviettes de toilette et la caisse de transport du chien, laissée dehors, sont trempées. Plus rien pour prendre la douche. Le coussin de transport du toutou est fichu… Pas grave, on se débrouille. Deux serviettes retrouvées dans un coin feront l’affaire pour nous et les duvets de notre dernière nuit feront office de coussin pour la cage du chien. On s’endort. Epuisés.

    Jour J. Nous sommes levés tôt. Le temps de sortir les affaires et de vider la maison (le propriétaire, malgré l’état des lieux de la veille, nous a autorisés à dormir cette dernière nuit dans la maison. Merci !) et des amis arrivent pour nous accompagner à l’aéroport. On charge les voitures et on part. Nous sommes émus.
    L’arrivée à l’aéroport se passe très bien. La caisse du chien est extrêmement volumineuse, ce qui nous permet de passer devant tout le monde pour enregistrer les bagages et de découvrir les dédales de l’aéroport de Lyon avec notre encombrant compagnon. Nous le laissons à proximité des pistes, au poste de gendarmerie, là où les objets très volumineux peuvent embarquer. Dernier au revoir au toutou. Il part.
    Nous rejoignons la salle d’embarquement, après les au revoir difficiles avec nos amis. L’avion a un peu de retard, mais rien de grave. Nous y sommes presque ! Nous embarquons finalement, pour décoller quelques minutes plus tard. C’est parti ! Le vol se passe sans aucun problème. Nous trouvons le service d’Air Transat très satisfaisant.
    Arrivée à Montréal, sept heures quarante plus tard. Nous sommes ravis. Le passage en douane est une formalité. Quelques questions sur le pourquoi de notre immigration, présentation des passeports, l’agent nous demande de la suivre… Elle nous accompagne jusqu’aux services de l’immigration. « Bienvenue au Canada », nous lance-t-elle avant de repartir. Emotion.
    Dans la salle du bureau d’immigration, nous sommes les seconds. Au bout de quelques minutes, on appelle notre numéro. L’agent des services d’immigration canadienne vérifie nos documents, CRP, CSQ, B4, passeports, et nos coordonnées à Québec. Quelques photocopies et quelques signatures plus tard (à peine 15 minutes), elle nous souhaite elle aussi une bonne arrivée au Canada et nous indique que nos cartes de résidents permanents arriveront d’ci deux mois à notre domicile. Génial !
    Nous passons ensuite au guichet des services d’immigration du Québec. Vérifications de nos CSQ, de nos passeports. Vu que nous pouvons fournir les documents attestant que nous avons suivis les modules du SIEL (Service d’Intégration En Ligne), nous sommes dispensés des rendez-vous d’information auprès des services d’immigration et d’intégration. En 15 minutes à peine, l’affaire est bouclée ! « Bonne installation au Québec, et bonne chance ! ». Ca y est, nous y sommes !!!
    Nous partons récupérer nos bagages et notre chien qui, contre toute espérance, s’est montré détendu et calme en nous attendant. Il patiente sagement dans sa cage, suscitant la curiosité de plein de personnes lorsque nous nous déplaçons avec lui. Le spray hormonal apaisant délivré par notre vétérinaire y est sans doute pour quelque chose. Il nous
    a facilité la vie, à lui et à nous !!! Second passage auprès des douanes car nous voyageons avec un animal. Nous galérons à nous déplacer avec la cage, qui ne tient pas sur un chariot. Le douanier vérifie le carnet de santé de notre animal. Rien à signaler. « Normalement, cette visite est payante, mais vu que vous venez pour la première fois, ça ira. ». Il n’est pas trop gentil ce douanier ?!!! Super ! On s’en va, non sans l’avoir expressément remercié. Nous quittons l’aéroport, une heure trente après avoir quitté l’avion. Tout est donc allé très vite pour nous.

    Cueillette de la voiture de location et départ pour Montréal chez des amis qui nous prêtent très gentiment leur maison pour la nuit alors qu’ils sont en vacances en France. Vraiment tip top, nos amis ! On récupère les clefs chez des voisins et on se pose. Enfin ! Après quelques courses et un léger repas vite avalé, nous nous effondrons sur nos lits. Epuisés. Depuis que nous nous sommes levés le matin, 21 heures se sont écoulées.
    03 heures du matin, nous sommes réveillés. Décalage horaire oblige, nous ne dormons plus. On parle, on discute, on échange des émotions. C’est un moment étrange. Décalé.

    Au petit matin, nous partons pour Québec. Nous redécouvrons les paysages qui nous ont tant plus voilà trois ans, lors de notre voyage ici. Nous arrivons à la pension où notre chien va séjourner quelques jours, le temps que nous nous posions et que nous prenions nos repères. Dur de le quitter…
    Nous arrivons à Québec, nous mangeons un bout sur place et filons à notre appartement où notre propriétaire nous attend. Visite des lieux. Nous sommes ravis. Notre propriétaire, un monsieur en retraite, prend gentiment le temps de nous accompagner à pieds pour une visite du quartier. Boutiques, restaurants, bonnes adresses, écoles, il nous montre tout, avant de m’accompagner en voiture à l’autre bout de la ville pour que je puisse y rendre notre véhicule de location. Il me ramène jusqu’à l’appartement en me faisant visiter la ville pour me montrer quelques points de repères. Avant de me laisser, il me tend un paquet contenant une bouteille de vin. « Tenez, c’est pour vous. Bienvenue au Québec. »
    Elle n’est pas belle la vie ? Ca y est, nous sommes chez nous !

    Lundi, les démarches NAS et RAMQ sont faites, ainsi que l’ouverture du compte Desjardin et réception de nos cartes de débit. Pour le NAS, 10 minutes ont suffit. Il n’y avait personne devant nous. Pour la RAMQ, 45 minutes ont permis de tout boucler. Ici encore, personne devant nous. Le top !
    Depuis ces derniers jours, nous nous consacrons essentiellement au grand nettoyage de notre appartement que les précédents locataires ont laissé dans un état lamentable. On se refait peu à peu un petit nid. On visite, on sort, on découvre. Il y a comme un air de vacances dans l’air… On profite doucement !"


    Août 2015 : transition(s)
    Les démarches administratives et les recherches d'emploi battent leur plein. Peu de temps pour savourer.
    "Réception ce jour de nos 4 cartes d'assurance maladie. 10 jours entre le dépôt du dossier à la RAMQ et la réception des cartes. Efficace !
    A compter de lundi prochain, nous allons intégrer un programme d'aide à la recherche d'emploi d'une durée de trois semaines, nous donnant accès à toutes les techniques québécoises de recherche d'emploi, et notamment le moyen d'accéder au marché caché du travail. Nous espérons pouvoir optimiser nos chances de retrouver rapidement une job.

    Les enfants sont inscrits en camp de jour, où ils sont depuis déjà 2 semaines, histoire de s'immerger parmi un groupe d'enfant de leurs âges. C'est vraiment pas mal car ils se familiarisent avec les pratiques québecoises. Du coup, ils prennent le bus tous seuls (ils ont 10 et 12 ans). Ils pourraient rester seuls à la maison la dernière semaine d'août. Nous ne savons pas encore. Ca fait beaucoup de changement. Nous qui hésitions à les lâcher chez nous, petit village de campagne de 800 habitants, voilà que nous les laissons prendre seuls le bus dans une métropole qui en compte 500 000 ! Mais bon, le côté sécuritaire de la ville y est pour beaucoup. On s'y sent vraiment bien."

    Fin août, "réception de nos permis de conduire. Super !! Le container arrive à Montréal, après 4 semaines de voyage. Correct. Ca frétille au niveau du boulot. Quelques touches qui donnent espoir.
    Opération dédouanement. 6h de route. 2h30 sur place. 32 guichets potentiels. 3 d'ouverts. Le fun ! Mais bon tout est en ordre. On ne va pas trop se plaindre."

    Et puis, le bonheur ! "Job de 3 mois décrochée en tant qu'éducateur en Cegep. Le fun ! On souffle."


    Septembre 2015 : les bonnes nouvelles s'enchainent.
    " Mon épouse vient de décrocher sa job ! Travail permanent à temps plein à deux pas de la maison. Et voilà, nous sommes rendus à un très bon état de notre projet. Nous soufflons enfin."


    Octobre 2015 : fin du processus.
    " 3 de nos cartes de résidents permanents sont arrivées. La 4 ème ne devrait pas tarder. Ça y est, nous touchons à la fin de notre processus. Nous sommes résidents permanents du Canada !!! Le fun !"

    Au milieu du marasme du quotidien, nous prenons le temps de mesurer les avancées faites depuis trois ans. C'est dingue. Notre rêve est devenu réalité. A nous de le mener plus loin. Encore. Toujours.

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    B@bouk a reçu une réaction de Maraudeur pour un billet, Notre projet d'immigration, de A à Z... (livre 1)   
    Notre projet d’immigration, de A à Z…
    Voilà le titre de topic qui m’est venu à l’esprit lorsque nous avons débuté nos réflexions autour de notre éventuel départ pour le Québec.
    Histoire de rassembler un peu les démarches, les émotions et sentiments (« impressions du jour », ou « info du soir ») que nous avons éprouvés durant plus de deux ans (bientôt trois), voici donc présenté le cheminement qui a été le nôtre jusqu’à aujourd’hui, histoire de partager ces moments de vie avec vous tous.


    Août 2012 : Lancement du projet
    Cette date a marqué le début des choses concrètes pour nous. Voici comment je les évoquais à l’époque :
    « Salut à toutes et tous. J'espère poster ce petit récit au bon endroit. Je propose de retracer, dans ce topic, l'ensemble des démarches liées à notre projet d'immigration au Québec, afin de vous faire partager nos questionnements, nos doutes, nos avancées et nos espoirs.
    Petite présentation pour commencer. Je m'appelle Nicolas, je suis âgé de 40 ans et travaille comme éducateur à la Protection Judiciaire de la Jeunesse depuis bientôt 11 ans. Mon épouse est âgée de 38 ans et travaille comme responsable dans un établissement médico-social. Nous avons une petite fille âgée de 10 ans et un garçon âgé de 07 ans. Sans oublier notre "petit" toutou (presque 50 kilos), qui nous suit partout depuis bientôt 07 ans. L'expatriation est quelque chose de connu chez nous puisque nous sommes partis vivre sur l'île de la Réunion pendant plus de 06 ans. Partir loin de chez soi, nous connaissons. Ce qui fait que ce départ futur pour le Québec est déjà écrémé de quelques appréhensions et inquiétudes.
    Commençons par le commencement en vous faisant part de nos premières démarches. Après avoir parcouru ce forum, et tant d'autres, après avoir étudié les nombreux sites officiels liés à l'immigration au Québec, après avoir lu de nombreux ouvrages sur ce sujet et après être partis visiter cette belle province pendant près de 3 semaines, nous avons décidé de concrétiser ce projet qui nous trottait dans la tête depuis plusieurs années : nous installer au Québec. Aujourd'hui, ce long processus n'en est qu'à ses balbutiements. La phase de prospection s'achève tout juste. Les premières démarches vont débuter.

    Etape 1 : Demande d'évaluation comparative des diplômes
    Parcours scolaire de mon épouse : Maîtrise en Administration Economique et Sociale (AES) et obtention du CAFDES (Certificat d'Aptitude aux Fonctions de Directeur d'Etablissement Social et médico-social)
    Mon parcours : Licence AES et obtention du DEES (Diplômes d'Etat d'Educateur Spécialisé)
    Nous achevons d'effectuer l'ensemble des copies certifiées conformes de nos diplômes et de nos relevés de notes. Non sans mal puisque nous nous heurtons déjà à quelques complications purement administratives. Je n'ai, en effet, jamais réclamé mes diplômes de DEUG et de Licence et, après bientôt 18 années, je me mets en quête de les récupérer auprès de mes anciennes universités...Après de nombreux contacts téléphoniques et mails sans résultats, j'ai enfin obtenu un retour positif de la fac concernant mon diplôme du DEUG. Les pièces nécessaires à la délivrance sont parties aujourd'hui. D'ici un mois, tout devrait arriver à la maison. Comme quoi, il ne faut jamais désespérer. J'ai fais de même pour la seconde université auprès de laquelle j'ai obtenu ma licence.
    La demande d'évaluation comparative est remplie et prête à parti au MICC. Nous avons opté pour faire évaluer tous nos diplômes. Les copies certifiées conformes sont faites, non sans avoir dû amadouer la préposée de l'état civil de la mairie du coin qui a du me maudire avec ma liasse de paperasse à faire certifier et qui me réclamait un courrier du Québec justifiant l'obtention de copies certifiées conformes (ben voyons... On en a tous un sur nous, hein !). La p'tite dame m'a également réclamé la pièce d'identité de ma femme, en me disant que c'était obligatoire pour pouvoir faire certifier ses diplômes (pas utile du tout). Elle m'a même demandé si j'habitais bien la commune (rien avoir avec la choucroute). Bref, elle n’avait pas envie de me faire ces fichus certificats. J'ai donc pris mon plus beau sourire et, après quelques explications transmises avec humour histoire de décoincer l'atmosphère, j'ai pu obtenir les précieux documents, que j'ai fait faire en deux exemplaires, histoire d'éviter d'avoir à y retourner en cas de problème. Je suis arrivé à 11h15 à la mairie avec deux personnes derrière moi. J'en suis reparti à 11h50 avec 12 qui attendaient et des bureaux qui fermaient à midi... Départ sur la pointe des pieds obligatoire.
    Le dossier est donc complet, hormis les originaux des diplômes du DEUG et de la Licence me concernant que je vais patiemment attendre. Du coup, l'envoi de la DCS est reporté d'autant, mais j'aurai l'esprit tranquille de savoir que toutes les pièces sont présentes dans notre dossier.

    Etape 2 : Passation du TCFQ
    Premiers contacts pris dans notre coin (Lyon et Annecy). Pour info, Annecy, bien qu'inscrit dans la liste des centres agréés, ne fait pas passer le TCFQ. Nous contactons Lyon cette semaine et tentons d'obtenir un rendez-vous proche.
    Voilà, vous savez tout sur l'état d'avancement de notre projet.
    Nous vous tiendrons régulièrement informés de nos démarches, histoire de partager avec vous un morceau de cette passionnante aventure.

    Question installation, nous serions plutôt attirés par la ville de Québec, mais je crois surtout que nous nous établirons là où nous trouverons un emploi et un logement.
    Concernant les contacts pros, j'ai fait une première démarche auprès du centre de la jeunesse de Québec (il y en a aussi à Montréal). Ils ont vocation à prendre en charge des mineurs relevant, chez nous, de l'article 375 et de l'ordonnance de 45. Ils demandent un document d'équivalence de diplôme avant d'envisager tout contact plus sérieux.
    Concernant cette équivalence, je pense qu'avec un DEES on peut obtenir le diplôme de technicien en éducation spécialisée. Avec le CAFDES de mon épouse, je ne sais pas trop à quel type d'équivalence nous pourrons avoir droit. Ce sera la surprise.
    Même si l'étude comparative n'est pas un préalable à la DCS, nous l'entamons donc quand même, histoire de prendre un peu d'avance dans nos futures démarches d'emploi.
    Concernant les métiers du social, il n'y a pas d'ordre professionnel (d'après les infos que j'ai pu trouver sur le sujet). »
    La réunion d'information était confirmée pour le 11 septembre 2012 à Paris, porte de la Villette. Le 31 août 2012, les informations relatives au TCFQ étaient plus précises :
    Date de passage fixée au 18 octobre 2012
    Centre de passage : Ecole Suisse de Langues, 06 quai Jules Courmont, 69002 LYON
    Tarif : 65 Euros par personne


    Septembre 2012 : Premières démarches, premières impressions
    Au programme du mois ; réception des diplômes, participation à la réunion d’information, envoi de la demande d’évaluation comparative des études, étude du dossier DCSQ.
    Voilà comment nous abordions ces différents évènements :
    « Réception ce jour de mon diplôme de licence, passée voilà 12 ans et que je n'avais jamais réclamé !!! Merci l'université d'Evry pour la rapidité. Moins d'une semaine, en pleine période de vacances. Je dis bravo ! Réception de mon diplôme de DEUG, après une attente de 03 semaines. Merci la fac !!!
    Nous ne nous sommes pas donné de date pour envoyer notre dossier. Avec mon épouse et nos enfants, nous savons que ce projet est lancé et qu'il se réalisera. Nos lectures sur la toile et dans les bouquins nous ont montré le côté variable des délais de procédure. Nous savons juste que nous aimerions le voir coïncider avec une rentrée scolaire, histoire de ne pas trop perturber nos enfants. Nous essayons donc de rassembler les éléments de ce vaste puzzle dans l'ordre qui nous semble adapté (récupération des diplômes, tests, attente des résultats) et tentons de n'en oublier aucun afin de mettre le plus de chances de notre côté.
    Nous ne mettons pas non plus tous nos espoirs dans ce dossier et gardons, dans un coin de notre tête, l'idée qu'il puisse aussi ne pas marcher... Nous ne voulons pas nous sentir prisonniers de cet unique projet, même s'il demeure la réalisation centrale de notre vie future. Nous ne voulons pas subir les attentes trop longues, et les espoirs déçus. Nous poursuivons donc notre vie actuelle et rassemblons les éléments utiles. Je pense que la réception de mon DEUG et les résultats du TCFQ nous permettrons d'envoyer notre DCS. Quand ? Nous ne le savons pas encore. Cette part d'aléatoire nous plait et nous motive.
    Retour sur expérience de la réunion d'information organisée par le BIQ : rien de nouveau sous le soleil : beaucoup d'infos, plutôt destinées à un public en phase de prospection et qui manque encore d'éléments. Pour notre part, cela a permis de conforter notre désir de poursuivre l'aventure. C'est déjà pas mal ! Lors de la réunion d'information, il a été précisé que peu importaient le titre exact des diplômes, mais que c'était le nombre d'année qu'ils sanctionnaient qui était pris en compte.
    Envoi de la demande d'évaluation comparative des études. Nous espérons un retour rapide.

    Nous nous attaquons maintenant à la demande de CSQ proprement dite et tâchons de rassembler tous les documents nécessaires. D'ici le 18 octobre, date de notre TCFQ, nous allons avoir de quoi faire ! Nous nous fixons le mois de septembre 2014 pour poser les pieds sur le sol québécois, pour faire coïncider notre arrivée avec la rentrée scolaire des enfants (septembre 2013 nous semble utopique). De ce que nous lisons de droite et de gauche, ce délai nous parait raisonnable. Lors de la réunion d'info, on nous a fait comprendre qu'il fallait tabler sur une moyenne de 18 mois au total. Patience, oui. Patience. Je crois que c'est le mot d'ordre. Je pense aussi qu'il faut s'aménager d'autres projets et ne pas tout miser sur celui du Québec pour, tout d'abord, éviter des déceptions éventuelles (même si ce projet est relativement préparé) et pour, en second plan, continuer à vivre au quotidien sans être en permanence rivé sur sa boite aux lettres.
    Nous nous sommes penchés de manière beaucoup plus précise sur la demande de CSQ et le moins qu'on puisse dire c'est que son renseignement est assez fastidieux. Les domaines de formation nous posent toujours problème car nous ne savons pas si nos diplômes sont à faire rentrer dans la catégorie "diplômes étrangers" ou "diplômes du Québec ou équivalents". Nous avons opté pour la seconde solution.
    Plusieurs démarches sont nécessaires, surtout concernant les actes de naissances et de mariage.
    Nous avons donc engagé plusieurs démarches, histoire d'être fins prêts lorsque les résultats du TCFQ nous seront adressés. »


    Octobre 2012 : Le nez dedans…
    PréparatIfs du TCFQ au programme du mois. Des hauts et des bas. Voici nos réflexions d’alors :
    « Un peu de morosité ce soir suite au renoncement que nous avons opéré concernant un poste proposé à mon épouse, mais qui ne correspondait pas avec notre projet, à terme, d'immigration. Nous mesurons pleinement les sacrifices et les renoncements induits par un tel processus. Pas simple d'y être confrontés. Notre détermination reste cependant intacte.
    Ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort, non ?
    Concernant le TCFQ, nous nous entraînons sur le site de RFI et c'est vrai qu'il faut être dispo et bien concentré !
    En raison des frais engendrés par nos démarches d'immigration j'ai du me résoudre, la mort dans l'âme, à vendre ma moto, histoire de pouvoir financer le CSQ. Un vrai déchirement pour moi, tant j'appréciais de fendre le vent à son bord. Bref, tout ça dans l'optique de pleins d'évènements positifs ! Et, de toute façon, on n'a rien sans rien dans la vie hein ! Et il y a des moments où il faut faire des choix. En voici un.
    Pffff....

    Retour d'expérience sur le TCFQ passé à l'Ecole Suisse de Langues de LYON.
    Nous étions 15 à passer l'épreuve. 30 minutes d'épreuve.
    Nous avions pris soin de venir repérer les lieux quelques heures avant car, à Lyon, croyez moi, c'est vraiment galère pour se garer. Bref, 15 donc à présenter convocation et pièces d'identité. L'évaluatrice nous a expliqué comment allait se dérouler l'épreuve. Impec.
    30 questions avec QCM. Une seule réponse possible par question. Si on se trompe, on peut rectifier.
    Une feuille portant nos nom, prénom et la liste des cases à cocher est fournie. Un livret contenant les réponses possibles par question est également donné. Les questions défilent à un bon rythme. Il faut garder sa concentration. Certaines questions portent sur des images, d'autres sur des extraits audio d'entretiens ou de reportages. La difficulté des réponses va globalement en s'accroissant. Les nuances de réponses sont parfois subtiles. Il est bien de pouvoir jeter un œil rapide aux réponses qui vont être proposées pour la question à venir, histoire de pouvoir fixer son attention sur le thème.
    L'épreuve de compréhension orale passée, vient l'épreuve d'expression orale. 15 minutes.
    Une salle, un examinateur, un micro, un magnétophone (si, si, les vieux trucs à cassettes pour enregistrer notre voix). 6 questions auxquelles il faut répondre, du type "comment s'organise la répartition des tâches ménagères à la maison ?", "pensez-vous que l'école est un facteur d'intégration ?", "pourquoi voulez-vous immigrer au Québec ?", "vous venez d'arriver dans une nouvelle ville, quelles questions me poseriez-vous pour connaitre les lieux culturels ou sportifs de la ville ?", "quels sont les points pour et contre la mondialisation ?"
    Pas si simple, en fin de compte, surtout l'épreuve de compréhension orale. Il y a 5 ou 6 questions sur lesquelles nous ne sommes pas très sûrs de nos réponses. Nous verrons bien !
    Pour info, nous avions apporté une enveloppe A4 timbrée pour 50g, pour pouvoir recevoir les résultats des tests à la maison.
    Vous pouvez vous entrainer, plus pour savoir à quoi vous attendre que pour acquérir de l'expérience car, quoi qu'il en soit, si on ne comprend pas le sens de la question posée, tous les entrainements du monde n'y ferons rien ! Voilà donc, pour nous. Une étape de plus de franchie !
    Nous attendons les résultats des tests pour envoyer la DCSQ. »


    Novembre 2012 : On continue sur notre lancée !
    Au programme du mois : réception des résultats du TCFQ et constitution du dossier DCSQ.
    « Nous avons eu la confirmation que le diplôme CAFDES de mon épouse ne trouverait pas d'équivalence au Québec. Dommage. Malgré tout, ces contacts nous ont clairement fait comprendre que la demande de travailleurs sociaux était importante au Québec et que, diplôme reconnu ou non, l'expérience suffisait parfois à faire la différence. Nous avons donc bon espoir de trouver notre bonheur côté travail !
    Nous sommes encore en attente de mon attestation de travail, qui transite actuellement par l'île de la Réunion. Nous espérons qu'elle va vite arriver, histoire que, dès réception de nos résultats TCFQ, nous puissions envoyer l'ensemble du dossier DCSQ. Après relance téléphonique, ils m’avaient oublié ! Petite remise au point et tout devrait arriver d'ici peu. Enfin... j'espère. Comme quoi, faut se battre pour tout !
    Les résultats des tests sont bien arrivés dans la boite. Exactement les mêmes scores pour mon épouse et moi-même : Compréhension orale : 599 points. Niveau C1. Expression orale : 20/20. Niveau C2. Ça doit nous faire le max pour les points sur la grille. Waaaouwww ! Une étape de plus de franchie ! Les tests sont valables deux ans. C'est indiqué sur l'attestation.

    Nous nous sommes plongés dans le regroupement des documents utiles à l'envoi de la DCSQ. Nous pensions être au point sur tout, mais quelques détails nous ont échappés (photos d'identité, certaines copies de documents). Il faut donc bien anticiper et prendre le temps de vérifier et revérifier que vous avez bien tout. L'attestation de travail tant attendue est enfin arrivée jusqu'à nous. A noter qu'il nous aura fallu presque trois mois et demi pour rassembler l'ensemble des pièces justificatives. Il est donc important de bien anticiper. Il faut AB-SO-LU-MENT prendre le temps de vérifier encore et encore l'ensemble des pièces du dossier. Cela évite les désagréments de dernière minute. Nous y sommes presque. Nous prenons, malgré nous, du retard. J'ai un peu l'impression que, le moment du dépôt approchant, on réalise un peu mieux ce vers quoi on s'engage. »


    Décembre 2012 : Envois et prélèvements
    Un mois de décembre chargé en émotions puisqu’il correspond à l’envoi de la DCSQ. Pleins d’émotions mêlées que nous retracions ainsi :
    « Le 11 décembre 2012, la DCSQ est envoyée via Chronopost au BIQ de Montréal. Les dés sont lancés. Nous avons un peu de mal à nous dire que notre dossier est enfin parti. Nous n'aurions pas imaginé voici quelques mois que ce jour arriverait si vite, finalement. Nous nous faisions une telle montagne du montage de ce dossier qui, pour peu qu'on y prête temps et attention, n'est pas si complexe que ça. A notre retour estival du Québec, nous nous sommes lancés comme des fous dans ce dossier, en prenant le temps d'en étudier les contours et en posant notre réflexion autour de ses implications. Nous trouvons intéressant le délais qu'il nous a fallu pour le bâtir car, en y regardant bien, ce laps de temps a permis d'élaborer un peu plus notre réflexion, de rendre plus concrètes les représentations que nous pouvions avoir sur ce processus d'immigration, d'accepter les contre temps et les obstacles qui n'ont pas manqué de se mettre sur notre chemin. Immigrer n'est pas un long fleuve tranquille. Et c'est tant mieux. Cela permet de renforcer (ou pas) les espoirs et les attentes que nous pouvons tous placer dans un tel projet.
    Je me suis souvent fait la réflexion que les délais relatifs aux procédures d'immigration au Canada, tout comme les engagements financiers qu'elles imposent, composaient déjà un filtre, une sélection de fait des personnes pouvant être à même de les assumer. Une fois ces obstacles franchis, chacun est alors libre de vivre son rêve comme il l'entend.
    Aujourd'hui, une première étape de ce grand projet de vie est franchie pour nous. Nous y plaçons beaucoup d'espoirs sans toutefois tout miser sur ce seul objectif. Il faut continuer d'avancer, personnellement et professionnellement, en parallèle, afin de ne pas être en permanence rivé sur la petite boite à l'entrée de l'allée et risquer de voir son monde s'écrouler si le projet ne devait, par malheur, pas aboutir. Il faut savoir regarder dans plusieurs directions à la fois et s'aménager des espaces de réussite et de satisfaction autres. Telle est, en tout cas, notre vision de ce projet.
    Notre DCSQ a été livrée le 14 décembre 2012 au BIQ de Montréal.
    Le 16 décembre 2012, le montant l'évaluation comparative a finalement été prélevé en date du 12 décembre. »


    Janvier 2013 : Quand la famille s’en mêle !
    Une fois le flux de la paperasse passé, on se pose, enfin. On réfléchit, beaucoup. Et on se confronte à nos proches…
    « Petit repas de fêtes en famille ce week-end. Au détour d'une conversion portant, entre autres, sur notre projet Canada, la petite question qui tue : Mais au fait, pourquoi vouloir partir au Québec ? Quelles sont vos motivations exactes ?
    Au fond, rien de bien surprenant. Quand on entreprend un projet tel que celui-ci, on s'y attend à un moment où à un autre, de la part de personnes qui nous connaissent peu. Ce qui m'a interloqué ici c'est de ne pas m'être senti compris. J'ai perçu dans cette question une certaine méconnaissance de la part de mes proches de ce que nous étions, de ce que nous voulions, vraiment. Depuis le temps que nous bougeons, que nous échangeons avec notre entourage sur notre mode de vie, sur notre façon de percevoir le monde, autour de notre philosophie quotidienne, je pensais qu'ils nous avaient bien cernés et compris. A croire que non. Soit ils ne nous ont pas compris. Soit nous ne nous sommes pas bien fait comprendre. Peut-être est-ce, d'ailleurs, un peu des deux. C'est étrange comme de petites questions peuvent raisonner ainsi en nous. J'ai eu l'impression de devoir justifier de ce choix de vie qui, pour mon épouse et moi-même, raisonne comme une évidence. J'ai eu l'impression qu'on nous prenait comme les petits jeunots qui partent à l'aventure sans mesurer les conséquences de ce qu'ils allaient pouvoir entreprendre. De n'être pas compris n'est pas ce qui me heurte. De devoir rendre des comptes sur mes choix.
    Alors bon, on peut ne rien avoir à faire de tout cela. On peut s'en sentir blessé. On peut également prendre le temps de poser les choses, de prendre du recul, de réfléchir et de se poser la question de savoir si le bon choix est fait. C'est ce que nous avons fait. Alors, oui. Nous faisons le bon choix. C'est vrai que ça n'est pas toujours simple, même si on est persuadé d'être dans le bon chemin. Pas simple de se sentir si mal compris. Nous ne sommes cependant pas des Caliméro alors on se dit que c'est tant mieux pour celles et ceux qui comprennent le sens de notre démarche et tant pis pour les autres.

    Nous sommes dans une phase d'attente : attente du retour de l'évaluation comparative des études, attente de signes de la part du BIQ concernant notre CSQ. Cette période est étrange car, après l'excitation et l'agitation autour de la préparation et de l'envoi du CSQ, nous nous trouvons dans un temps plus calme de notre processus d'immigration. Nous ne nous projetons pas encore dans la suite des démarches, histoire de ne pas être déçus si le CSQ n'était pas au rendez-vous et, surtout, parce que sans le CSQ, nous ne pouvons pas les poursuivre.
    Attente, donc. Mais pas attente stressée ni fébrile. Nous vaquons à nos occupations, nous nous projetons sur d'autres projets et ne faisons pas le pied de grue à côté de la boite aux lettres (il fait trop froid dehors...) Un moment calme, donc, à appréhender sereinement.
    Je m'étais pourtant promis, superstition oblige, de ne pas aller jeter un oeil sur le volet "fédéral" de notre processus d'immigration tant que je n'avais pas de réponse pour le CSQ. La curiosité aidant, je me suis décidé à aller sur la page dédiée. Pas mal de documents à prévoir pour le fédéral, mais rien d'insurmontable. Après les formalités du CSQ, celles du fédéral ne présentent pas de grosses difficultés. »


    Février et mars 2013 : Questionnements et désillusions
    Cette période troublée a connu de nombreux doutes, des désillusions avec le retour de notre DCSQ et de nouveaux espoirs. Voilà comment nous abordions ces différentes étapes :
    « La vie nous réserve parfois des surprises auxquelles il faut parfois savoir faire face...
    Fâché avec ma mère depuis bientôt un an, j'apprends, voilà une dizaine de jours, que cette dernière est atteinte d'une maladie dont l'issue sera, à terme plus ou moins long, fatale. Pas glop. Voilà de quoi réveiller des craintes et des angoisses tenaces et, surtout, d'apprendre à mettre tous les mauvais moments de côté pour se centrer sur l'essentiel : être auprès d'elle. Ce que j'ai fait en partant quelques jours lui rendre visite. Les choses ont, après de longues heures de discussion, pu se poser et s'apaiser. Voilà cependant de quoi se poser plein de questions concernant notre départ éventuel. Comment pallier à ses besoin si loin d'elle ? Comment gérer cet éloignement ? Comment ne pas ressentir une certaine culpabilité à l'idée de la priver de ses petits enfants durant les années à venir à un moment où elle en aurait vraiment besoin ? Cela va-t-il, doit-il, remettre en cause tout ce projet ? Bref, autant de questions qui sont venues se heurter et auxquelles se sont ajoutés les commentaires et les questions culpabilisantes de la famille chez qui nous étions. Une fois de plus, nous avons eu droit au "vous nous abandonnez", ou encore "vous êtes égoïstes", ou même "vous n'avez pas le droit de nous faire ça"... Autant de choses qui, au regard du contexte, ont fait beaucoup pour nos petites têtes.
    Heureusement pour nous, notre couple est fort. Très fort. Très très fort !! Nous en avons beaucoup parlé, mon épouse et moi-même. Nous nous soutenons. Toujours. Nous allons de l'avant. Toujours plus loin. Nous avons la force et la détermination de montrer, est-ce besoin de le faire, que nous irons au bout de ce projet. Coûte que coûte. Mais, aussi forte que soit cette conviction, je ne peux m'empêcher de me poser et me reposer ces même questions. Sans cesse. Comme pour me convaincre, à chaque fois, que nous allons dans le bon sens.
    Alors oui, un projet comme celui-là doit être mené de façon à pouvoir surmonter les épreuves et les obstacles qu'il comporte, aussi hauts soient-ils. Ce n'est pas chose aisée. C'est même douloureux à certains moments. Après avoir passé de nombreuses heures à parler et à échanger sur ce thème, nous sommes convaincus d'être toujours dans le vrai. Pour nous, pour nos enfants. Rien ne pourra nous faire changer d'avis.
    Nous allons devoir compter et composer avec de nouveaux éléments à prendre en compte, en essayant de les gérer au mieux de manière à partir, nous l'espérons, la conscience tranquille, capables de nous regarder sans rougir chaque matin dans le miroir. Pas simple. Vivre loin des nôtres ne nous préoccupe pas, nous l'avons fait pendant 6 ans lors de notre séjour à la Réunion. Certains de nos proches ne l'avaient d'ailleurs pas plus admis qu'ils ne le font maintenant pour le Québec. Nous en acceptons le principe. Ce qui complique les choses, c'est cette situation de maladie et le fait que nous nous soyons fâchés. Nous parviendrons, quoi qu'il en soit, à surmonter ce cap. Votre soutien nous conforte dans notre conviction d'être dans le vrai. Le dicton populaire dit : "il y a deux choses à donner à nos enfants. L'une ce sont des racines. L'autre ce sont des ailes." Nous avons eu, pour notre part, les deux. Je ressens, me concernant, avoir reçu plus d'ailes que de racines. Ceci explique sans doute cela. Merci à vous tous !

    02 mars 2013, triste nouvelle. En ouvrant la boite aux lettres, nous découvrons que notre dossier est retourné par le BIQ. Motif invoqué : manque les preuves de cotisations sociales. Nous avions pourtant fournis nos derniers bulletins de salaires et nos 4 derniers avis d'imposition...
    Bref, un coup derrière la tête à une période pas vraiment heureuse... Ce qui nous rassure, c'est qu'il s'agit d'un document manquant et non pas d'un refus catégorique de notre dossier. Nous allons vite faire le nécessaire et renvoyer le tout cette semaine. Trois mois de perdus. Comme quoi : immigrer se mérite.
    Contact pris avec le BIQ pour faire le point sur notre situation. Il manquait trop d'éléments pour justifier de la légalité de notre expérience professionnelle. Il faut donc, pour remédier à tout cela :
    1) Envoyer notre relevé de carrière (à demander en ligne sur le site de la sécu)
    2) Joindre nos 5 derniers avis d'imposition et nos 3 dernières fiches de paye (ce que nous avions fait, mais il nous manquait l'avis d'imposition de 2008) Un courrier expliquant les documents manquants devrait permettre de faciliter la compréhension de notre situation. L'agent contacté a précisé de joindre "toutes les preuves possibles permettant de démontrer la validité de notre expérience professionnelle"
    3) Par ricochet, le montant des frais change et devient celui mentionné au titre de l'année 2013 (750$CAD pour le requérant principal et 160$CAD pour le conjoint et pour chaque enfant)
    A savoir : le renvoi global du dossier pour documents manquants fait repartir notre demande de zéro. C'est comme si nous n'avions jamais envoyé de dossier. Ce dernier sera traité comme les autres, par date chronologique d'arrivée. 3 mois de perdus pour nous.

    Malgré tout, le 05 mars 2013, nouveau dépôt de notre DCSQ.
    1.5 kilos de documents envoyés via Chronopost. Nous avons fait, selon nous, le maximum pour rentrer dans les clous, en ajoutant à nos précédents documents notre relevé de carrière, la copie de notre avis d'impôts sur le revenu de 2007 ainsi que toutes nos fiches de paye depuis janvier 2007 à ce jour. Maintenant, ça ne dépend plus de nous.
    La langueur nous gagne. Le renvoi du dossier nous a fichu un coup derrière la tête. Les problèmes familiaux s'ajoutent à tout cela. On ganberge. On voit les copains qui avancent et nous qui restons en suspens. Pas encore de news de l'évaluation comparative, pourtant envoyée en septembre 2012... Je me prends, pour ma part, à penser à d'autres projets (maison, voyages), à m'accrocher à d'autres choses qui me font mettre un peu de côté le Québec pour l'instant. Je peine à me réinvestir dans le trip de peur d'être à nouveau déçu. Du coup, on patiente, en espérant ne pas trop nous lasser... Le coeur n'y est plus trop.
    Fin mars, réception de l'AR du MICC concernant notre demande d'évaluation comparative des études effectuées hors du Québec. Le papier indique que le MICC pourrait avoir à communiquer avec nous dans les prochaines semaines afin de compléter le dossier. Deux numéros sont attribués : N° réf. ind. (C33XXXXX) et n° dossier (C00XXXXXXXX). Pour un envoi en septembre, je trouve le temps un peu long... Mais bref, ça avance un peu quand même... »


    Mai 2013 : La DCSQ avance !
    « Le temps est toujours maussade par chez nous et nous désespérons d'avoir un quelconque signe que notre dossier avance. Le temps passe vraiment lentement et notre optimisme concernant notre dossier en prend un coup. Petit rayon de soleil.......... nous avons été prélevés ! Oui ! Oui ! Oui ! Oui ! Prélevés ! Prélevés ! Prélevés ! Pas de quoi se monter le bourrichon, mais prélevés ! Voilà qui nous rebooste en ces temps moroses. Une nouvelle attente commence maintenant. »


    Octobre 2013 : Le temps passe lentement…. Très lentement… On réfléchit. On doute.
    Emigrer prend du temps. Nous en avons fait l’expérience. Voilà comment nous envisagions cette épreuve :
    « Voilà maintenant plus d'un an que nous avons réellement entamé nos démarches d'immigration avec l'envoi de la reconnaissance des diplômes. La DCSQ a suivi en décembre 2012, avec un retour début mars 2013 pour pièces manquantes et renvoi dans la foulée. Depuis... rien. Plus rien. De la patience, nous savions qu'il en fallait. Imaginions-nous qu'il en faudrait autant ? Peut-être pas...
    Retour sur expérience pour nous donc, car il faut bien mesurer le temps et l'investissement que prend un tel processus d'immigration. Pour notre part, nous nous sommes toujours refusés à mettre nos œufs dans le même panier et avons décidé de mener notre barque coûte que coûte. Le temps passe, les gens changent, les projets aussi.
    Petite promenade en pleine nature l'autre jour. Les enfants jouent. Nous nous posons et faisons le point. Sur notre vie. Sur nos envies. Sur nos projets. Mon épouse à récemment trouvé un emploi dans son domaine de formation. Un emploi nécessitant de se projeter sur du long terme, voire même du très long terme. Dans le même temps, je trouve mon équilibre de vie, jonglant entre la famille et le boulot. La région où nous sommes nous plait vraiment et l'idée nous est venue d'envisager l'achat d'une maison ici.
    Le Québec ? Un projet. Certainement. Le projet d'une vie ? Plus vraiment. Un projet, certes important, mais un projet. Simplement. Non pas que nous ne l'ayons pas souhaité, voulu, attendu, follement désiré, mais plutôt que, le temps passant, il n'est plus devenu LE projet central de notre vie, parce que LE projet central de notre vie c'est notre famille, nous deux, nos enfants, et être bien, ensemble, peu importe l'endroit. Le voilà LE projet de notre vie, tout simplement. Alors, puisque le projet Québec tarde à se concrétiser et puisque notre vie se poursuit ici, nous ne sommes plus très sûrs de vouloir, du jour au lendemain, tout remettre à plat et devoir tout reconstruire, ailleurs, dans des conditions plus difficiles que ce que nous pouvons connaitre ici. Par peur ? Peut-être. Par manque de courage ? Peut-être aussi. Par soucis de ne plus vouloir bousculer l'équilibre que nous parvenons aujourd'hui à atteindre ? De plus en plus.
    Alors voilà, notre réflexion se poursuit et s'infléchit au fil du temps. Notre vie actuelle nous plait énormément et l'idée d'en changer du tout au tout ne nous séduit plus autant. Voilà 8 ans, nous avions trouvé cette force, en quittant la métropole et en partant nous installer pour 6 ans à la Réunion. Nous étions plus jeunes. Notre famille se bâtissait tout juste. Notre aînée avait 3 ans et notre petit dernier un mois seulement ! Que le temps passe ! Aujourd'hui, ils ont 11 et 8 ans et les cartes ne sont plus les mêmes. Pour eux comme pour nous.
    Alors voilà, nous ne mettons pas un terme réel à notre projet d'immigration au Québec, mais il nous faut reconnaitre que si le CSQ devait un jour s'offrir à nous, nous serions face à un choix cornélien à l'issue duquel les grands espaces nord américains ne l'emporteront peut-être pas. »


    Novembre 2013 : Premiers retours concrets.
    « Réception ce jour de l'évaluation comparative des études effectuées hors du Québec !!!
    Délais entre envoi, traitement et retour : 1 an, 1 mois et 17 jours....
    Initialement, j'ai envoyé mon BAC, série B, mon DEUG Sciences du langage, ma Licence Administration Economique et sociale et mon diplôme d'Educateur Spécialisé.
    Au final, seuls mon BAC et ma Licence ont été retenus.
    - BAC série B en France, évalué comme "Diplôme d'Etudes Collégiales en formation préuniversitaire (DEC), domaine de formation : sciences humaines".
    - Licence AES en France, évaluée comme "Baccalauréat, domaine de formation : sociologie".
    Mon diplôme d'éducateur spécialisé n'a pas été retenu. »


    Mars 2014 : Joies et doutes.
    Cette période voit le premier grand tournant de notre processus ! Voilà comment nous en parlions :
    « 21 mars 2014 : Pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Il faut croire à cet adage puisque nous avons reçu nos CSQ, par une belle enveloppe dans la boite. Nous sommes abasourdis et allons devoir, mon épouse et moi, prendre le temps de discuter...
    Enfin voilà, dossier CSQ envoyé en décembre 2012, retourné en mars 2013 pour documents manquants. Renvoyé en mars 2013. En janvier 2014, nous avons reçu un courrier demandant des compléments d'infos. Le CSQ a été accordé, en date du 11 mars 2014 et porte la mention "dossier visé par traitement prioritaire - domaine de formation".

    Les réflexions sont allées bon train. Les méninges ont chauffé !!! Partant du principe qu'il faut saisir les chances qui se présentent à nous et qu'il vaut mieux avoir des remords que des regrets, l'aventure va donc continuer pour nous, non sans certaines craintes et appréhensions, bien normales... A l'heure où j'écris ces quelques lignes, je ne suis pas bien sûr de ce qu'elles représenteront dans les semaines à venir. A chaque jour suffit sa peine. Demain apportera son lot de réponses, et de nouvelles questions... Comme quoi les décisions les plus importantes, se prennent parfois en peu de temps...
    Malgré cela, difficile de se replonger dans un projet que nous avons mis en veille, histoire de rendre l'attente plus supportable. Et, en même temps, nous réalisons la chance qui est la nôtre d'avoir été sélectionnés par le Québec. Nous nous disons "c'est bon. Le Québec veut bien de nous. Il nous envoie un message d'espoir qui nous dit que nous pourrons trouver du travail là-bas et, ainsi, subvenir à nos besoins." On se rassure comme on peut.
    Depuis le dépôt de notre DCSQ, nous avons vécu au jour le jour, tâchant de nous centrer sur le présent, sans présager de ce que serait l'avenir. Nous nous sommes dit qu'il fallait prendre la vie comme elle vient et profiter de chaque instant. Du coup, ce projet d'immigration a peu à peu laissé la place à un projet de pérennisation de notre situation en France et nous nous sommes tournés vers de nouvelles situations professionnelles et de possibles démarches d'acquisition d'une maison dans notre région. On se disait "mieux vaut avoir plusieurs projets et devoir, au final, faire un choix, que de tout miser sur une seule chose, au risque qu'elle ne se réalise pas".
    Alors voilà, prenant toujours la vie comme elle vient, et décidant de happer les opportunités au vol, s'est donc posé, il y a quelques jours avec l'obtention du CSQ, la question de ce choix délicat : partir ou rester ? Au final, malgré mes réserves (qui contrebalancent avec l'enthousiasme de toujours de mon épouse) nous sommes parvenus à faire ce choix de tenter l'aventure. Ma douce m'a convaincu de me lancer en me disant, très justement, qu'il vaut mieux tenter l'expérience, au risque d'échouer, que d'avoir le regret de ne l'avoir jamais osée.
    Malgré tout, je ressens le besoin de digérer ce choix, de me l'approprier... de l'accepter et de prendre la mesure des difficultés qui vont se présenter à nous dans les prochains mois. Les craintes liées à une nouvelle adaptation de style de vie et de culture sont réelles. Aurais-je la force de devoir me vendre sur le marché du travail, alors que mon expérience professionnelle de plus de 20 ans me permet d'envisager l'avenir plus sereinement au sein de mon administration (je suis titulaire au ministère de la Justice) ? Certes, la demande de dispo que je ferai nous assure un repli en cas d'échec de notre aventure. C'est un point très important. Mais, malgré tout, l'idée de devoir plier les gaules et de se lancer dans un nouveau déménagement à l'autre bout du monde (après celui que nous avons fait il y a 9 ans à la Réunion) m'avait, au fil des mois, quitté. Je me projetais plus vers un apaisement et une volonté de me tourner vers d'autres priorités de vie. Du coup, l'arrivée du CSQ vient tout bouleverser et, en quelques jours, en quelques heures, nous avons pris une décision que je n'aurai même pas imaginé prendre il y a une semaine ! Comme la vie est étrange, parfois.
    Au final, nous voilà plongés dans ces démarches en vue de l'obtention du fédéral, avec un départ prévu pour l'été 2015 (l'été 2014 semblant trop court au regard des délais d'obtention de la RP). J'espère que les enfants accepteront notre choix et qu'ils ne nous le reprocheront pas. Eux qui, à 11 et 8 ans, nous ont fait comprendre qu'ils ne souhaitaient pas bouger de là où nous sommes. Je me dis qu'on s'adapte à tout dans la vie et qu'ils sauront aussi s'adapter à cela. Pour me rassurer ? Sûrement.

    Le dossier fédéral se monte pas à pas. Nous commençons à réaliser ce vers quoi nous nous embarquons, et c'est plutôt....disons... grisant ! Nous devons procéder au renouvellement des passeports des enfants. Pour ce faire, nous devons prendre rendez-vous avec la mairie de notre domicile, afin de pouvoir nous y rendre avec les cocos pour déposer le dossier. Pas de rendez-vous avant la mi mai 2014. Ce qui veut dire que les passeports ne seront pas édités avant fin mai-début juin. Le dossier fédéral s'en trouve d'autant décalé et ne sera, selon toute probabilité, pas déposé avant juin 2014. Pour un départ prévu à l'été 2015, nous espérons que les délais seront suffisants. »


    Avril et mai 2014 : Le fédéral se monte !
    Une fois passées les émotions dues à l’obtention du CSQ, nous nous tournons vers le fédéral. Voilà comment nous traversions cette période :
    « Après nous être penchés de manière plus sérieuse sur nos évaluations comparatives des études (CSQ et recherches de travail obligent), nous avons appelés le BIQ pour savoir pourquoi l'un de nos diplôme (CAFDES pour ma femme et DEES pour moi) n'avaient pas été évalués. L'agent du BIQ nous indique qu'il nous reste encore un mois (délais de 6 mois après réception pour faire un recours) pour demander la révision de notre évaluation comparative.
    Du coup, dossier bouclé ce soir. Départ dès demain.
    Notre dossier fédéral est, lui aussi, enfin bouclé. Finalement, il s'est avéré bien moins fastidieux que la DCSQ ! Tant mieux ! L'ensemble partira par la poste. Nous sommes heureux. Cette aventure se prolonge. Une nouvelle attente débute.

    Nous avons reçu la réponse concernant notre demande de révision de l'évaluation comparative (le CAFDES de mon épouse et mon DEES n'avaient pas été évalués). Me concernant, ils me demandent un relevé de notes. J'ai fait une copie certifiée conforme de ce que j'avais. Concernant mon épouse, le CAFDES a été évalué et reçoit une équivalence "Maîtrise en administration". Nous devons renvoyer l'ancienne évaluation comparative la concernant et garder la nouvelle. Finalement, ça a été relativement vite. »


    Juillet et août 2014 : Sauts de puce.
    « AR de Sydney reçu par mail. Tout est OK pour eux (documents, paiement). Notre dossier rejoint la file d'attente. Ca suit son cours....
    J'ai plein de projets en tête, notamment sur le plan professionnel et j'avoue ne pas trop me soucier de l'avancée de notre dossier (c'est tant mieux d'ailleurs). Je me dis que ce qui doit se faire se fera... ou pas. On verra bien. Du coup, je ne suis plus accroché à mes mails ou à ma boite aux lettres. Je prends chaque nouvelle comme elle vient !
    Ma nouvelle évaluation comparative des études est arrivée. Sur la précédente, mon diplôme d'éducateur spécialisé n'avait pas été évalué. Après réclamation de ma part, c'est chose faite puisqu'il est évalué à un niveau DEC (Diplôme d'Etudes Collégiales) en techniques d'éducation spécialisée, comme je l'espérais. Comme quoi, il faut toujours s'accrocher ! »


    Octobre 2014 : Un petit tour chez le docteur…
    Cette période nous rapproche de notre objectif. L’IVM et la visite médicale sont au programme. On reprend espoir de partir dans les mois qui viennent :
    « L’IVM est arrivée, accompagnée de documents complémentaires à fournir concernant notre parcours professionnel (rien d'insurmontable) et demande de paiement des frais de RP. Ça avance...
    Nous passons la visite médicale.
    Première étape : la visite médicale.
    Tout à commencé à l'hôpital britannique de Levallois-Perret.
    Rendez-vous fixé à 13h45. Pas de retard dans les consultations. Impec !
    Le médecin nous reçoit à 4 (les enfants, mon épouse et moi). Pas mal de paperasses à remplir. Ca va être long ! Mais bon, lorsqu'on immigre, la patience, on connaît ! Nous devons présenter les convocations reçues avec l'IVM ! Obligatoires ! Il n'était donc pas question de prendre rdv sans avoir reçu l'IVM ! Même topo pour tout le monde : prise de photo, présentation des passeports (nous n'avions pas ceux des enfants, mais la carte d'identité a suffit), test urinaire, test de vision, mesures (taille, poids), prise de tension, examen physique léger. Une formalité ! Les garçons ont le droit à une palpation des testicules. Je ne sais pas trop à quoi ça sert. Mais bon, lorsqu'on immigre, on fait ce qu'on nous demande de faire ! Quelques renseignements succincts concernant des maladies passées ou des antécédents familiaux particuliers. Rien de plus. Nous signons quelques autorisations de transmissions d'infos médicales nous concernant et nous signons le chèque : 500 euros pour nous 4. Ca pique... Mais bon, lorsqu'on immigre, les dépenses en tout genre, on connaît ! 01h30 de visite médicale. Nous sortons.
    Deuxième étape : prise de sang.
    Seuls mon épouse et moi sommes concernés. Les enfants de moins de 15 ans échappent à la piqure. Objectif de la prise de sang : dépistage du VIH et de la syphilis. Le tout prend moins de 15 minutes. Le laboratoire est désigné par le médecin. On signe le chèque : 50 euros. Ca pique moins...
    Troisième étape : les radios de poumons.
    Direction un cabinet de radiologie, lui aussi désigné par le médecin.
    Sommes concernés, ma fille de 11 ans, mon épouse et moi. Clichés thoraciques de face et de profil, en vue de détecter toute trace de tuberculose. L'opération prend 30 minutes. Méga rapide. Pas d'attente. On signe un dernier chèque de 150 euros. Ca repique un peu.
    En à peine 3 heures, tout a été bouclé ! Les résultats seront communiqués au médecin et transmis de suite au CIC dans la semaine. Bilan de la journée : 700 euros ! Une fortune ! Mais bon, quand on immigre, on sait qu'on y laisse des sous. Une VM rondement menée, à peine deux jours après avoir reçu l'IVM. La chance à joué pour nous. Nous y voyons le signe de la fin proche de notre démarche.
    Restent les frais de RP à payer et un ou deux compléments d'info à apporter concernant mon parcours professionnel. Une broutille.
    Prochaine étape : la brune ! On y croit !!!!

    Frais de RP payés ! Et voilà, c'était la dernière étape. Les frais de RP sont payés (980 Dollars) et les documents complémentaires ont été envoyés à CIC. Dernière étape d'un long, très long processus qui, nous l'espérons, aura une issue favorable. Les dés sont lancés ! Yapuka ! Ca va nous manquer tout cette paperasse là ! »


    Janvier 2015 : Soulagement et inquiétudes!
    « DECISION PRISE !!!!!!!! Ouais, ouais, ouais !!!On a (encore plus) hâte !!!!!! Le 24 janvier 2015, les CRP arrivent à la maison !! Ca y est, nous y sommes !
    « Une semaine et demi après la CRP et... un peu de stress, de doutes (encore ?) et de trouille (tout plein)... Pas le temps de vraiment se poser à cause d'un travail très prenant, qui me voit rentrer claqué et peu réceptif le soir. Mon épouse, actuellement sans travail, bosse pour deux autour de notre installation future et, du coup, je peine à m'impliquer comme j'avais pu le faire lors de notre retour de la Réunion, voilà 3 ans. Période de doute donc où se bousculent pleins de questions autour du pourquoi ? Du comment ? Du où ?
    De la crainte également de devoir plier à nouveau les gaules, de quitter une situation installée pour partir vers un grand inconnu.
    La CRP n'est pas toujours signe d'une grande délivrance. Chez moi, elle suscite plein de craintes. Nous ne savons pour l'heure pas quand nous partirons, juillet ou août, où nous nous installerons, Montréal, Québec ou Trois Rivières, s'il faut trouver la job d'abord et s'installer où elle sera ou bien s'installer quelque part et trouver la job ensuite. Par ricochet, se pose la question des billets d'avion : quelle destination ? Se pose la question de l'école et du collège pour les enfants. Celle de la venue du chien. Bref, un peu le bordel dans ma tête au moment où de grandes décisions doivent se prendre. C'est dingue de se dire qu'à quelques semaines du départ rien n'est encore vraiment fixé... J'ai du mal à m'y mettre, vraiment. Comme si j'avais attendu cette CRP pendant deux ans en me disant qu'elle aurait pu ne jamais arriver et être pris au dépourvu lorsqu'elle est là.
    La nouvelle annoncée à l'entourage et aux collègues nous pousse à agir un peu plus.
    J'espère trouver la sérénité de penser à tout cela calmement lors de ma prochaine semaine de vacances...Je pense que le tumulte actuel de nos vies ne nous permet pas de nous pencher de manière totalement concentrée sur ce projet. Je compte sur les prochaines vacances pour y voir plus clair ! »


    Février et avril 2015 : Du nouveau.
    « Des avancées dans notre projet de départ puisque nous avons trouvé une pension pour accueillir notre compagnon à 4 pattes à notre arrivée à Québec. Du coup, nous voyagerons avec Air Transat qui offre un forfait à 275 dollars pour lui, qui pourra ainsi voyager avec nous. Nous avons donc abandonné notre projet de partir sans lui et de le faire venir seul plus tard. Il partira avec nous et sera en garderie quelques semaines sur Québec, le temps que nous trouvions un logement susceptible de l'accueillir. Les billets seront pris d'ici 15 jours.
    Ça avance !!
    Les billets d’avion sont en poche ! Nous partons le 23 juillet pour Québec !!! »


    Mai 2015 : un toit au-dessus de la tête.
    « Nous avons trouvé un logement !!!!
    Appartement de deux chambres, situé dans le quartier Montcalm à Québec. Ecoles et tous services à proximité. Transports également. Pas besoin de voiture pour commencer. Appartement entièrement meublé et équipé (de la laveuse aux petites cuillères, en passant par la vaisselle et l'aspirateur). Rien à emmener ni a racheter. Juste les valises à poser pour un an.
    Le propriétaire, un homme charmant, nous accepte même sans emploi car nos secteurs d'activité sont porteurs. De plus, il accepte notre chien ce qui, au regard des difficultés pour trouver un logement acceptant les toutous, nous a fait basculer. 1200 Dollars par moi, hors électricité, ce qui portera la facture globale à 1350 dollars environ. Nous sommes aux anges. C'est un vrai poids en moins !
    Nous avons déjà un pied là-bas ! »


    La suite dans le livre 2...
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    B@bouk a reçu une réaction de stnmj.Alex pour un billet, Notre projet d'immigration de A à Z... (livre 2)   
    Juillet 2015 : Le grand départ.
    Ce mois a été marqué par notre départ pour Québec. Derniers coups de collier avant de partir, dernières mises au point, dernière craintes. Voilà comment nous les avions traduits :
    "Ca yest, les inscriptions scolaires des enfants sont faites ! Notre grande entrera en 1ère année du secondaire et notre fils en 5ème année de primaire, à Québec. C'est un soulagement et le signe que notre projet continue d'avancer.
    Côté déménagement, les choses avancent même si nous courons encore après la date définitive d'enlèvement de nos cartons, prévue aux alentours du 16 juillet... Nous relançons le déménageur ces jours-ci. Les voitures sont quasiment vendues. Nous sommes rassurés."
    Quelques jours plus tard, "la date de déménagement est quasiment fixée : entre le 15 et le 17 juillet 2015. Toute la liste de nos effets doit être bouclée ce week-end afin que le déménageur puisse évaluer la taille du camion à nous envoyer.
    On avance (enfin, j'espère !...)"
    Et enfin, "Les déménageurs passent aujourd'hui !Nous sommes prêts pour le grand saut ! Dans une semaine, nous décollons.... Que le temps passe !!!"

    Pour prolonger notre expérience québecoise et faire partager nos rencontres et découvertes, nous avons décidé de créer une page Facebook : "Québec paradis", avec pour objectif de retracer nos aventures par le biais d'une photo par jour !
    En voici le lien : https://www.facebook...796769593774015

    Fin juillet, nous vivions les derniers instants sur le sol français :
    "Visite médicale obligatoire passée par notre toutou hier au soir. Il est autorisé à voyager avec nous et poursuit donc cette aventure ! Décollage demain. Derniers rangements. Derniers coups de balais. Etat des lieux de la maison cet après midi."

    Nous livrions nos pérégrinations quelques jours plus tard :
    " Après avoir retrouvé internet, voici le récit de nos dernières heures en France et de nos premières heures au Québec !

    Quelques heures avant le départ. Dernier coup de collier pour tout boucler. L’état des lieux de la maison s’est déroulé sans encombre. On part manger à l’extérieur. Au retour, énorme orage, pluie diluvienne, nos serviettes de toilette et la caisse de transport du chien, laissée dehors, sont trempées. Plus rien pour prendre la douche. Le coussin de transport du toutou est fichu… Pas grave, on se débrouille. Deux serviettes retrouvées dans un coin feront l’affaire pour nous et les duvets de notre dernière nuit feront office de coussin pour la cage du chien. On s’endort. Epuisés.

    Jour J. Nous sommes levés tôt. Le temps de sortir les affaires et de vider la maison (le propriétaire, malgré l’état des lieux de la veille, nous a autorisés à dormir cette dernière nuit dans la maison. Merci !) et des amis arrivent pour nous accompagner à l’aéroport. On charge les voitures et on part. Nous sommes émus.
    L’arrivée à l’aéroport se passe très bien. La caisse du chien est extrêmement volumineuse, ce qui nous permet de passer devant tout le monde pour enregistrer les bagages et de découvrir les dédales de l’aéroport de Lyon avec notre encombrant compagnon. Nous le laissons à proximité des pistes, au poste de gendarmerie, là où les objets très volumineux peuvent embarquer. Dernier au revoir au toutou. Il part.
    Nous rejoignons la salle d’embarquement, après les au revoir difficiles avec nos amis. L’avion a un peu de retard, mais rien de grave. Nous y sommes presque ! Nous embarquons finalement, pour décoller quelques minutes plus tard. C’est parti ! Le vol se passe sans aucun problème. Nous trouvons le service d’Air Transat très satisfaisant.
    Arrivée à Montréal, sept heures quarante plus tard. Nous sommes ravis. Le passage en douane est une formalité. Quelques questions sur le pourquoi de notre immigration, présentation des passeports, l’agent nous demande de la suivre… Elle nous accompagne jusqu’aux services de l’immigration. « Bienvenue au Canada », nous lance-t-elle avant de repartir. Emotion.
    Dans la salle du bureau d’immigration, nous sommes les seconds. Au bout de quelques minutes, on appelle notre numéro. L’agent des services d’immigration canadienne vérifie nos documents, CRP, CSQ, B4, passeports, et nos coordonnées à Québec. Quelques photocopies et quelques signatures plus tard (à peine 15 minutes), elle nous souhaite elle aussi une bonne arrivée au Canada et nous indique que nos cartes de résidents permanents arriveront d’ci deux mois à notre domicile. Génial !
    Nous passons ensuite au guichet des services d’immigration du Québec. Vérifications de nos CSQ, de nos passeports. Vu que nous pouvons fournir les documents attestant que nous avons suivis les modules du SIEL (Service d’Intégration En Ligne), nous sommes dispensés des rendez-vous d’information auprès des services d’immigration et d’intégration. En 15 minutes à peine, l’affaire est bouclée ! « Bonne installation au Québec, et bonne chance ! ». Ca y est, nous y sommes !!!
    Nous partons récupérer nos bagages et notre chien qui, contre toute espérance, s’est montré détendu et calme en nous attendant. Il patiente sagement dans sa cage, suscitant la curiosité de plein de personnes lorsque nous nous déplaçons avec lui. Le spray hormonal apaisant délivré par notre vétérinaire y est sans doute pour quelque chose. Il nous
    a facilité la vie, à lui et à nous !!! Second passage auprès des douanes car nous voyageons avec un animal. Nous galérons à nous déplacer avec la cage, qui ne tient pas sur un chariot. Le douanier vérifie le carnet de santé de notre animal. Rien à signaler. « Normalement, cette visite est payante, mais vu que vous venez pour la première fois, ça ira. ». Il n’est pas trop gentil ce douanier ?!!! Super ! On s’en va, non sans l’avoir expressément remercié. Nous quittons l’aéroport, une heure trente après avoir quitté l’avion. Tout est donc allé très vite pour nous.

    Cueillette de la voiture de location et départ pour Montréal chez des amis qui nous prêtent très gentiment leur maison pour la nuit alors qu’ils sont en vacances en France. Vraiment tip top, nos amis ! On récupère les clefs chez des voisins et on se pose. Enfin ! Après quelques courses et un léger repas vite avalé, nous nous effondrons sur nos lits. Epuisés. Depuis que nous nous sommes levés le matin, 21 heures se sont écoulées.
    03 heures du matin, nous sommes réveillés. Décalage horaire oblige, nous ne dormons plus. On parle, on discute, on échange des émotions. C’est un moment étrange. Décalé.

    Au petit matin, nous partons pour Québec. Nous redécouvrons les paysages qui nous ont tant plus voilà trois ans, lors de notre voyage ici. Nous arrivons à la pension où notre chien va séjourner quelques jours, le temps que nous nous posions et que nous prenions nos repères. Dur de le quitter…
    Nous arrivons à Québec, nous mangeons un bout sur place et filons à notre appartement où notre propriétaire nous attend. Visite des lieux. Nous sommes ravis. Notre propriétaire, un monsieur en retraite, prend gentiment le temps de nous accompagner à pieds pour une visite du quartier. Boutiques, restaurants, bonnes adresses, écoles, il nous montre tout, avant de m’accompagner en voiture à l’autre bout de la ville pour que je puisse y rendre notre véhicule de location. Il me ramène jusqu’à l’appartement en me faisant visiter la ville pour me montrer quelques points de repères. Avant de me laisser, il me tend un paquet contenant une bouteille de vin. « Tenez, c’est pour vous. Bienvenue au Québec. »
    Elle n’est pas belle la vie ? Ca y est, nous sommes chez nous !

    Lundi, les démarches NAS et RAMQ sont faites, ainsi que l’ouverture du compte Desjardin et réception de nos cartes de débit. Pour le NAS, 10 minutes ont suffit. Il n’y avait personne devant nous. Pour la RAMQ, 45 minutes ont permis de tout boucler. Ici encore, personne devant nous. Le top !
    Depuis ces derniers jours, nous nous consacrons essentiellement au grand nettoyage de notre appartement que les précédents locataires ont laissé dans un état lamentable. On se refait peu à peu un petit nid. On visite, on sort, on découvre. Il y a comme un air de vacances dans l’air… On profite doucement !"


    Août 2015 : transition(s)
    Les démarches administratives et les recherches d'emploi battent leur plein. Peu de temps pour savourer.
    "Réception ce jour de nos 4 cartes d'assurance maladie. 10 jours entre le dépôt du dossier à la RAMQ et la réception des cartes. Efficace !
    A compter de lundi prochain, nous allons intégrer un programme d'aide à la recherche d'emploi d'une durée de trois semaines, nous donnant accès à toutes les techniques québécoises de recherche d'emploi, et notamment le moyen d'accéder au marché caché du travail. Nous espérons pouvoir optimiser nos chances de retrouver rapidement une job.

    Les enfants sont inscrits en camp de jour, où ils sont depuis déjà 2 semaines, histoire de s'immerger parmi un groupe d'enfant de leurs âges. C'est vraiment pas mal car ils se familiarisent avec les pratiques québecoises. Du coup, ils prennent le bus tous seuls (ils ont 10 et 12 ans). Ils pourraient rester seuls à la maison la dernière semaine d'août. Nous ne savons pas encore. Ca fait beaucoup de changement. Nous qui hésitions à les lâcher chez nous, petit village de campagne de 800 habitants, voilà que nous les laissons prendre seuls le bus dans une métropole qui en compte 500 000 ! Mais bon, le côté sécuritaire de la ville y est pour beaucoup. On s'y sent vraiment bien."

    Fin août, "réception de nos permis de conduire. Super !! Le container arrive à Montréal, après 4 semaines de voyage. Correct. Ca frétille au niveau du boulot. Quelques touches qui donnent espoir.
    Opération dédouanement. 6h de route. 2h30 sur place. 32 guichets potentiels. 3 d'ouverts. Le fun ! Mais bon tout est en ordre. On ne va pas trop se plaindre."

    Et puis, le bonheur ! "Job de 3 mois décrochée en tant qu'éducateur en Cegep. Le fun ! On souffle."


    Septembre 2015 : les bonnes nouvelles s'enchainent.
    " Mon épouse vient de décrocher sa job ! Travail permanent à temps plein à deux pas de la maison. Et voilà, nous sommes rendus à un très bon état de notre projet. Nous soufflons enfin."


    Octobre 2015 : fin du processus.
    " 3 de nos cartes de résidents permanents sont arrivées. La 4 ème ne devrait pas tarder. Ça y est, nous touchons à la fin de notre processus. Nous sommes résidents permanents du Canada !!! Le fun !"

    Au milieu du marasme du quotidien, nous prenons le temps de mesurer les avancées faites depuis trois ans. C'est dingue. Notre rêve est devenu réalité. A nous de le mener plus loin. Encore. Toujours.

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    B@bouk a reçu une réaction de stnmj.Alex pour un billet, Notre projet d'immigration, de A à Z... (livre 1)   
    Notre projet d’immigration, de A à Z…
    Voilà le titre de topic qui m’est venu à l’esprit lorsque nous avons débuté nos réflexions autour de notre éventuel départ pour le Québec.
    Histoire de rassembler un peu les démarches, les émotions et sentiments (« impressions du jour », ou « info du soir ») que nous avons éprouvés durant plus de deux ans (bientôt trois), voici donc présenté le cheminement qui a été le nôtre jusqu’à aujourd’hui, histoire de partager ces moments de vie avec vous tous.


    Août 2012 : Lancement du projet
    Cette date a marqué le début des choses concrètes pour nous. Voici comment je les évoquais à l’époque :
    « Salut à toutes et tous. J'espère poster ce petit récit au bon endroit. Je propose de retracer, dans ce topic, l'ensemble des démarches liées à notre projet d'immigration au Québec, afin de vous faire partager nos questionnements, nos doutes, nos avancées et nos espoirs.
    Petite présentation pour commencer. Je m'appelle Nicolas, je suis âgé de 40 ans et travaille comme éducateur à la Protection Judiciaire de la Jeunesse depuis bientôt 11 ans. Mon épouse est âgée de 38 ans et travaille comme responsable dans un établissement médico-social. Nous avons une petite fille âgée de 10 ans et un garçon âgé de 07 ans. Sans oublier notre "petit" toutou (presque 50 kilos), qui nous suit partout depuis bientôt 07 ans. L'expatriation est quelque chose de connu chez nous puisque nous sommes partis vivre sur l'île de la Réunion pendant plus de 06 ans. Partir loin de chez soi, nous connaissons. Ce qui fait que ce départ futur pour le Québec est déjà écrémé de quelques appréhensions et inquiétudes.
    Commençons par le commencement en vous faisant part de nos premières démarches. Après avoir parcouru ce forum, et tant d'autres, après avoir étudié les nombreux sites officiels liés à l'immigration au Québec, après avoir lu de nombreux ouvrages sur ce sujet et après être partis visiter cette belle province pendant près de 3 semaines, nous avons décidé de concrétiser ce projet qui nous trottait dans la tête depuis plusieurs années : nous installer au Québec. Aujourd'hui, ce long processus n'en est qu'à ses balbutiements. La phase de prospection s'achève tout juste. Les premières démarches vont débuter.

    Etape 1 : Demande d'évaluation comparative des diplômes
    Parcours scolaire de mon épouse : Maîtrise en Administration Economique et Sociale (AES) et obtention du CAFDES (Certificat d'Aptitude aux Fonctions de Directeur d'Etablissement Social et médico-social)
    Mon parcours : Licence AES et obtention du DEES (Diplômes d'Etat d'Educateur Spécialisé)
    Nous achevons d'effectuer l'ensemble des copies certifiées conformes de nos diplômes et de nos relevés de notes. Non sans mal puisque nous nous heurtons déjà à quelques complications purement administratives. Je n'ai, en effet, jamais réclamé mes diplômes de DEUG et de Licence et, après bientôt 18 années, je me mets en quête de les récupérer auprès de mes anciennes universités...Après de nombreux contacts téléphoniques et mails sans résultats, j'ai enfin obtenu un retour positif de la fac concernant mon diplôme du DEUG. Les pièces nécessaires à la délivrance sont parties aujourd'hui. D'ici un mois, tout devrait arriver à la maison. Comme quoi, il ne faut jamais désespérer. J'ai fais de même pour la seconde université auprès de laquelle j'ai obtenu ma licence.
    La demande d'évaluation comparative est remplie et prête à parti au MICC. Nous avons opté pour faire évaluer tous nos diplômes. Les copies certifiées conformes sont faites, non sans avoir dû amadouer la préposée de l'état civil de la mairie du coin qui a du me maudire avec ma liasse de paperasse à faire certifier et qui me réclamait un courrier du Québec justifiant l'obtention de copies certifiées conformes (ben voyons... On en a tous un sur nous, hein !). La p'tite dame m'a également réclamé la pièce d'identité de ma femme, en me disant que c'était obligatoire pour pouvoir faire certifier ses diplômes (pas utile du tout). Elle m'a même demandé si j'habitais bien la commune (rien avoir avec la choucroute). Bref, elle n’avait pas envie de me faire ces fichus certificats. J'ai donc pris mon plus beau sourire et, après quelques explications transmises avec humour histoire de décoincer l'atmosphère, j'ai pu obtenir les précieux documents, que j'ai fait faire en deux exemplaires, histoire d'éviter d'avoir à y retourner en cas de problème. Je suis arrivé à 11h15 à la mairie avec deux personnes derrière moi. J'en suis reparti à 11h50 avec 12 qui attendaient et des bureaux qui fermaient à midi... Départ sur la pointe des pieds obligatoire.
    Le dossier est donc complet, hormis les originaux des diplômes du DEUG et de la Licence me concernant que je vais patiemment attendre. Du coup, l'envoi de la DCS est reporté d'autant, mais j'aurai l'esprit tranquille de savoir que toutes les pièces sont présentes dans notre dossier.

    Etape 2 : Passation du TCFQ
    Premiers contacts pris dans notre coin (Lyon et Annecy). Pour info, Annecy, bien qu'inscrit dans la liste des centres agréés, ne fait pas passer le TCFQ. Nous contactons Lyon cette semaine et tentons d'obtenir un rendez-vous proche.
    Voilà, vous savez tout sur l'état d'avancement de notre projet.
    Nous vous tiendrons régulièrement informés de nos démarches, histoire de partager avec vous un morceau de cette passionnante aventure.

    Question installation, nous serions plutôt attirés par la ville de Québec, mais je crois surtout que nous nous établirons là où nous trouverons un emploi et un logement.
    Concernant les contacts pros, j'ai fait une première démarche auprès du centre de la jeunesse de Québec (il y en a aussi à Montréal). Ils ont vocation à prendre en charge des mineurs relevant, chez nous, de l'article 375 et de l'ordonnance de 45. Ils demandent un document d'équivalence de diplôme avant d'envisager tout contact plus sérieux.
    Concernant cette équivalence, je pense qu'avec un DEES on peut obtenir le diplôme de technicien en éducation spécialisée. Avec le CAFDES de mon épouse, je ne sais pas trop à quel type d'équivalence nous pourrons avoir droit. Ce sera la surprise.
    Même si l'étude comparative n'est pas un préalable à la DCS, nous l'entamons donc quand même, histoire de prendre un peu d'avance dans nos futures démarches d'emploi.
    Concernant les métiers du social, il n'y a pas d'ordre professionnel (d'après les infos que j'ai pu trouver sur le sujet). »
    La réunion d'information était confirmée pour le 11 septembre 2012 à Paris, porte de la Villette. Le 31 août 2012, les informations relatives au TCFQ étaient plus précises :
    Date de passage fixée au 18 octobre 2012
    Centre de passage : Ecole Suisse de Langues, 06 quai Jules Courmont, 69002 LYON
    Tarif : 65 Euros par personne


    Septembre 2012 : Premières démarches, premières impressions
    Au programme du mois ; réception des diplômes, participation à la réunion d’information, envoi de la demande d’évaluation comparative des études, étude du dossier DCSQ.
    Voilà comment nous abordions ces différents évènements :
    « Réception ce jour de mon diplôme de licence, passée voilà 12 ans et que je n'avais jamais réclamé !!! Merci l'université d'Evry pour la rapidité. Moins d'une semaine, en pleine période de vacances. Je dis bravo ! Réception de mon diplôme de DEUG, après une attente de 03 semaines. Merci la fac !!!
    Nous ne nous sommes pas donné de date pour envoyer notre dossier. Avec mon épouse et nos enfants, nous savons que ce projet est lancé et qu'il se réalisera. Nos lectures sur la toile et dans les bouquins nous ont montré le côté variable des délais de procédure. Nous savons juste que nous aimerions le voir coïncider avec une rentrée scolaire, histoire de ne pas trop perturber nos enfants. Nous essayons donc de rassembler les éléments de ce vaste puzzle dans l'ordre qui nous semble adapté (récupération des diplômes, tests, attente des résultats) et tentons de n'en oublier aucun afin de mettre le plus de chances de notre côté.
    Nous ne mettons pas non plus tous nos espoirs dans ce dossier et gardons, dans un coin de notre tête, l'idée qu'il puisse aussi ne pas marcher... Nous ne voulons pas nous sentir prisonniers de cet unique projet, même s'il demeure la réalisation centrale de notre vie future. Nous ne voulons pas subir les attentes trop longues, et les espoirs déçus. Nous poursuivons donc notre vie actuelle et rassemblons les éléments utiles. Je pense que la réception de mon DEUG et les résultats du TCFQ nous permettrons d'envoyer notre DCS. Quand ? Nous ne le savons pas encore. Cette part d'aléatoire nous plait et nous motive.
    Retour sur expérience de la réunion d'information organisée par le BIQ : rien de nouveau sous le soleil : beaucoup d'infos, plutôt destinées à un public en phase de prospection et qui manque encore d'éléments. Pour notre part, cela a permis de conforter notre désir de poursuivre l'aventure. C'est déjà pas mal ! Lors de la réunion d'information, il a été précisé que peu importaient le titre exact des diplômes, mais que c'était le nombre d'année qu'ils sanctionnaient qui était pris en compte.
    Envoi de la demande d'évaluation comparative des études. Nous espérons un retour rapide.

    Nous nous attaquons maintenant à la demande de CSQ proprement dite et tâchons de rassembler tous les documents nécessaires. D'ici le 18 octobre, date de notre TCFQ, nous allons avoir de quoi faire ! Nous nous fixons le mois de septembre 2014 pour poser les pieds sur le sol québécois, pour faire coïncider notre arrivée avec la rentrée scolaire des enfants (septembre 2013 nous semble utopique). De ce que nous lisons de droite et de gauche, ce délai nous parait raisonnable. Lors de la réunion d'info, on nous a fait comprendre qu'il fallait tabler sur une moyenne de 18 mois au total. Patience, oui. Patience. Je crois que c'est le mot d'ordre. Je pense aussi qu'il faut s'aménager d'autres projets et ne pas tout miser sur celui du Québec pour, tout d'abord, éviter des déceptions éventuelles (même si ce projet est relativement préparé) et pour, en second plan, continuer à vivre au quotidien sans être en permanence rivé sur sa boite aux lettres.
    Nous nous sommes penchés de manière beaucoup plus précise sur la demande de CSQ et le moins qu'on puisse dire c'est que son renseignement est assez fastidieux. Les domaines de formation nous posent toujours problème car nous ne savons pas si nos diplômes sont à faire rentrer dans la catégorie "diplômes étrangers" ou "diplômes du Québec ou équivalents". Nous avons opté pour la seconde solution.
    Plusieurs démarches sont nécessaires, surtout concernant les actes de naissances et de mariage.
    Nous avons donc engagé plusieurs démarches, histoire d'être fins prêts lorsque les résultats du TCFQ nous seront adressés. »


    Octobre 2012 : Le nez dedans…
    PréparatIfs du TCFQ au programme du mois. Des hauts et des bas. Voici nos réflexions d’alors :
    « Un peu de morosité ce soir suite au renoncement que nous avons opéré concernant un poste proposé à mon épouse, mais qui ne correspondait pas avec notre projet, à terme, d'immigration. Nous mesurons pleinement les sacrifices et les renoncements induits par un tel processus. Pas simple d'y être confrontés. Notre détermination reste cependant intacte.
    Ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort, non ?
    Concernant le TCFQ, nous nous entraînons sur le site de RFI et c'est vrai qu'il faut être dispo et bien concentré !
    En raison des frais engendrés par nos démarches d'immigration j'ai du me résoudre, la mort dans l'âme, à vendre ma moto, histoire de pouvoir financer le CSQ. Un vrai déchirement pour moi, tant j'appréciais de fendre le vent à son bord. Bref, tout ça dans l'optique de pleins d'évènements positifs ! Et, de toute façon, on n'a rien sans rien dans la vie hein ! Et il y a des moments où il faut faire des choix. En voici un.
    Pffff....

    Retour d'expérience sur le TCFQ passé à l'Ecole Suisse de Langues de LYON.
    Nous étions 15 à passer l'épreuve. 30 minutes d'épreuve.
    Nous avions pris soin de venir repérer les lieux quelques heures avant car, à Lyon, croyez moi, c'est vraiment galère pour se garer. Bref, 15 donc à présenter convocation et pièces d'identité. L'évaluatrice nous a expliqué comment allait se dérouler l'épreuve. Impec.
    30 questions avec QCM. Une seule réponse possible par question. Si on se trompe, on peut rectifier.
    Une feuille portant nos nom, prénom et la liste des cases à cocher est fournie. Un livret contenant les réponses possibles par question est également donné. Les questions défilent à un bon rythme. Il faut garder sa concentration. Certaines questions portent sur des images, d'autres sur des extraits audio d'entretiens ou de reportages. La difficulté des réponses va globalement en s'accroissant. Les nuances de réponses sont parfois subtiles. Il est bien de pouvoir jeter un œil rapide aux réponses qui vont être proposées pour la question à venir, histoire de pouvoir fixer son attention sur le thème.
    L'épreuve de compréhension orale passée, vient l'épreuve d'expression orale. 15 minutes.
    Une salle, un examinateur, un micro, un magnétophone (si, si, les vieux trucs à cassettes pour enregistrer notre voix). 6 questions auxquelles il faut répondre, du type "comment s'organise la répartition des tâches ménagères à la maison ?", "pensez-vous que l'école est un facteur d'intégration ?", "pourquoi voulez-vous immigrer au Québec ?", "vous venez d'arriver dans une nouvelle ville, quelles questions me poseriez-vous pour connaitre les lieux culturels ou sportifs de la ville ?", "quels sont les points pour et contre la mondialisation ?"
    Pas si simple, en fin de compte, surtout l'épreuve de compréhension orale. Il y a 5 ou 6 questions sur lesquelles nous ne sommes pas très sûrs de nos réponses. Nous verrons bien !
    Pour info, nous avions apporté une enveloppe A4 timbrée pour 50g, pour pouvoir recevoir les résultats des tests à la maison.
    Vous pouvez vous entrainer, plus pour savoir à quoi vous attendre que pour acquérir de l'expérience car, quoi qu'il en soit, si on ne comprend pas le sens de la question posée, tous les entrainements du monde n'y ferons rien ! Voilà donc, pour nous. Une étape de plus de franchie !
    Nous attendons les résultats des tests pour envoyer la DCSQ. »


    Novembre 2012 : On continue sur notre lancée !
    Au programme du mois : réception des résultats du TCFQ et constitution du dossier DCSQ.
    « Nous avons eu la confirmation que le diplôme CAFDES de mon épouse ne trouverait pas d'équivalence au Québec. Dommage. Malgré tout, ces contacts nous ont clairement fait comprendre que la demande de travailleurs sociaux était importante au Québec et que, diplôme reconnu ou non, l'expérience suffisait parfois à faire la différence. Nous avons donc bon espoir de trouver notre bonheur côté travail !
    Nous sommes encore en attente de mon attestation de travail, qui transite actuellement par l'île de la Réunion. Nous espérons qu'elle va vite arriver, histoire que, dès réception de nos résultats TCFQ, nous puissions envoyer l'ensemble du dossier DCSQ. Après relance téléphonique, ils m’avaient oublié ! Petite remise au point et tout devrait arriver d'ici peu. Enfin... j'espère. Comme quoi, faut se battre pour tout !
    Les résultats des tests sont bien arrivés dans la boite. Exactement les mêmes scores pour mon épouse et moi-même : Compréhension orale : 599 points. Niveau C1. Expression orale : 20/20. Niveau C2. Ça doit nous faire le max pour les points sur la grille. Waaaouwww ! Une étape de plus de franchie ! Les tests sont valables deux ans. C'est indiqué sur l'attestation.

    Nous nous sommes plongés dans le regroupement des documents utiles à l'envoi de la DCSQ. Nous pensions être au point sur tout, mais quelques détails nous ont échappés (photos d'identité, certaines copies de documents). Il faut donc bien anticiper et prendre le temps de vérifier et revérifier que vous avez bien tout. L'attestation de travail tant attendue est enfin arrivée jusqu'à nous. A noter qu'il nous aura fallu presque trois mois et demi pour rassembler l'ensemble des pièces justificatives. Il est donc important de bien anticiper. Il faut AB-SO-LU-MENT prendre le temps de vérifier encore et encore l'ensemble des pièces du dossier. Cela évite les désagréments de dernière minute. Nous y sommes presque. Nous prenons, malgré nous, du retard. J'ai un peu l'impression que, le moment du dépôt approchant, on réalise un peu mieux ce vers quoi on s'engage. »


    Décembre 2012 : Envois et prélèvements
    Un mois de décembre chargé en émotions puisqu’il correspond à l’envoi de la DCSQ. Pleins d’émotions mêlées que nous retracions ainsi :
    « Le 11 décembre 2012, la DCSQ est envoyée via Chronopost au BIQ de Montréal. Les dés sont lancés. Nous avons un peu de mal à nous dire que notre dossier est enfin parti. Nous n'aurions pas imaginé voici quelques mois que ce jour arriverait si vite, finalement. Nous nous faisions une telle montagne du montage de ce dossier qui, pour peu qu'on y prête temps et attention, n'est pas si complexe que ça. A notre retour estival du Québec, nous nous sommes lancés comme des fous dans ce dossier, en prenant le temps d'en étudier les contours et en posant notre réflexion autour de ses implications. Nous trouvons intéressant le délais qu'il nous a fallu pour le bâtir car, en y regardant bien, ce laps de temps a permis d'élaborer un peu plus notre réflexion, de rendre plus concrètes les représentations que nous pouvions avoir sur ce processus d'immigration, d'accepter les contre temps et les obstacles qui n'ont pas manqué de se mettre sur notre chemin. Immigrer n'est pas un long fleuve tranquille. Et c'est tant mieux. Cela permet de renforcer (ou pas) les espoirs et les attentes que nous pouvons tous placer dans un tel projet.
    Je me suis souvent fait la réflexion que les délais relatifs aux procédures d'immigration au Canada, tout comme les engagements financiers qu'elles imposent, composaient déjà un filtre, une sélection de fait des personnes pouvant être à même de les assumer. Une fois ces obstacles franchis, chacun est alors libre de vivre son rêve comme il l'entend.
    Aujourd'hui, une première étape de ce grand projet de vie est franchie pour nous. Nous y plaçons beaucoup d'espoirs sans toutefois tout miser sur ce seul objectif. Il faut continuer d'avancer, personnellement et professionnellement, en parallèle, afin de ne pas être en permanence rivé sur la petite boite à l'entrée de l'allée et risquer de voir son monde s'écrouler si le projet ne devait, par malheur, pas aboutir. Il faut savoir regarder dans plusieurs directions à la fois et s'aménager des espaces de réussite et de satisfaction autres. Telle est, en tout cas, notre vision de ce projet.
    Notre DCSQ a été livrée le 14 décembre 2012 au BIQ de Montréal.
    Le 16 décembre 2012, le montant l'évaluation comparative a finalement été prélevé en date du 12 décembre. »


    Janvier 2013 : Quand la famille s’en mêle !
    Une fois le flux de la paperasse passé, on se pose, enfin. On réfléchit, beaucoup. Et on se confronte à nos proches…
    « Petit repas de fêtes en famille ce week-end. Au détour d'une conversion portant, entre autres, sur notre projet Canada, la petite question qui tue : Mais au fait, pourquoi vouloir partir au Québec ? Quelles sont vos motivations exactes ?
    Au fond, rien de bien surprenant. Quand on entreprend un projet tel que celui-ci, on s'y attend à un moment où à un autre, de la part de personnes qui nous connaissent peu. Ce qui m'a interloqué ici c'est de ne pas m'être senti compris. J'ai perçu dans cette question une certaine méconnaissance de la part de mes proches de ce que nous étions, de ce que nous voulions, vraiment. Depuis le temps que nous bougeons, que nous échangeons avec notre entourage sur notre mode de vie, sur notre façon de percevoir le monde, autour de notre philosophie quotidienne, je pensais qu'ils nous avaient bien cernés et compris. A croire que non. Soit ils ne nous ont pas compris. Soit nous ne nous sommes pas bien fait comprendre. Peut-être est-ce, d'ailleurs, un peu des deux. C'est étrange comme de petites questions peuvent raisonner ainsi en nous. J'ai eu l'impression de devoir justifier de ce choix de vie qui, pour mon épouse et moi-même, raisonne comme une évidence. J'ai eu l'impression qu'on nous prenait comme les petits jeunots qui partent à l'aventure sans mesurer les conséquences de ce qu'ils allaient pouvoir entreprendre. De n'être pas compris n'est pas ce qui me heurte. De devoir rendre des comptes sur mes choix.
    Alors bon, on peut ne rien avoir à faire de tout cela. On peut s'en sentir blessé. On peut également prendre le temps de poser les choses, de prendre du recul, de réfléchir et de se poser la question de savoir si le bon choix est fait. C'est ce que nous avons fait. Alors, oui. Nous faisons le bon choix. C'est vrai que ça n'est pas toujours simple, même si on est persuadé d'être dans le bon chemin. Pas simple de se sentir si mal compris. Nous ne sommes cependant pas des Caliméro alors on se dit que c'est tant mieux pour celles et ceux qui comprennent le sens de notre démarche et tant pis pour les autres.

    Nous sommes dans une phase d'attente : attente du retour de l'évaluation comparative des études, attente de signes de la part du BIQ concernant notre CSQ. Cette période est étrange car, après l'excitation et l'agitation autour de la préparation et de l'envoi du CSQ, nous nous trouvons dans un temps plus calme de notre processus d'immigration. Nous ne nous projetons pas encore dans la suite des démarches, histoire de ne pas être déçus si le CSQ n'était pas au rendez-vous et, surtout, parce que sans le CSQ, nous ne pouvons pas les poursuivre.
    Attente, donc. Mais pas attente stressée ni fébrile. Nous vaquons à nos occupations, nous nous projetons sur d'autres projets et ne faisons pas le pied de grue à côté de la boite aux lettres (il fait trop froid dehors...) Un moment calme, donc, à appréhender sereinement.
    Je m'étais pourtant promis, superstition oblige, de ne pas aller jeter un oeil sur le volet "fédéral" de notre processus d'immigration tant que je n'avais pas de réponse pour le CSQ. La curiosité aidant, je me suis décidé à aller sur la page dédiée. Pas mal de documents à prévoir pour le fédéral, mais rien d'insurmontable. Après les formalités du CSQ, celles du fédéral ne présentent pas de grosses difficultés. »


    Février et mars 2013 : Questionnements et désillusions
    Cette période troublée a connu de nombreux doutes, des désillusions avec le retour de notre DCSQ et de nouveaux espoirs. Voilà comment nous abordions ces différentes étapes :
    « La vie nous réserve parfois des surprises auxquelles il faut parfois savoir faire face...
    Fâché avec ma mère depuis bientôt un an, j'apprends, voilà une dizaine de jours, que cette dernière est atteinte d'une maladie dont l'issue sera, à terme plus ou moins long, fatale. Pas glop. Voilà de quoi réveiller des craintes et des angoisses tenaces et, surtout, d'apprendre à mettre tous les mauvais moments de côté pour se centrer sur l'essentiel : être auprès d'elle. Ce que j'ai fait en partant quelques jours lui rendre visite. Les choses ont, après de longues heures de discussion, pu se poser et s'apaiser. Voilà cependant de quoi se poser plein de questions concernant notre départ éventuel. Comment pallier à ses besoin si loin d'elle ? Comment gérer cet éloignement ? Comment ne pas ressentir une certaine culpabilité à l'idée de la priver de ses petits enfants durant les années à venir à un moment où elle en aurait vraiment besoin ? Cela va-t-il, doit-il, remettre en cause tout ce projet ? Bref, autant de questions qui sont venues se heurter et auxquelles se sont ajoutés les commentaires et les questions culpabilisantes de la famille chez qui nous étions. Une fois de plus, nous avons eu droit au "vous nous abandonnez", ou encore "vous êtes égoïstes", ou même "vous n'avez pas le droit de nous faire ça"... Autant de choses qui, au regard du contexte, ont fait beaucoup pour nos petites têtes.
    Heureusement pour nous, notre couple est fort. Très fort. Très très fort !! Nous en avons beaucoup parlé, mon épouse et moi-même. Nous nous soutenons. Toujours. Nous allons de l'avant. Toujours plus loin. Nous avons la force et la détermination de montrer, est-ce besoin de le faire, que nous irons au bout de ce projet. Coûte que coûte. Mais, aussi forte que soit cette conviction, je ne peux m'empêcher de me poser et me reposer ces même questions. Sans cesse. Comme pour me convaincre, à chaque fois, que nous allons dans le bon sens.
    Alors oui, un projet comme celui-là doit être mené de façon à pouvoir surmonter les épreuves et les obstacles qu'il comporte, aussi hauts soient-ils. Ce n'est pas chose aisée. C'est même douloureux à certains moments. Après avoir passé de nombreuses heures à parler et à échanger sur ce thème, nous sommes convaincus d'être toujours dans le vrai. Pour nous, pour nos enfants. Rien ne pourra nous faire changer d'avis.
    Nous allons devoir compter et composer avec de nouveaux éléments à prendre en compte, en essayant de les gérer au mieux de manière à partir, nous l'espérons, la conscience tranquille, capables de nous regarder sans rougir chaque matin dans le miroir. Pas simple. Vivre loin des nôtres ne nous préoccupe pas, nous l'avons fait pendant 6 ans lors de notre séjour à la Réunion. Certains de nos proches ne l'avaient d'ailleurs pas plus admis qu'ils ne le font maintenant pour le Québec. Nous en acceptons le principe. Ce qui complique les choses, c'est cette situation de maladie et le fait que nous nous soyons fâchés. Nous parviendrons, quoi qu'il en soit, à surmonter ce cap. Votre soutien nous conforte dans notre conviction d'être dans le vrai. Le dicton populaire dit : "il y a deux choses à donner à nos enfants. L'une ce sont des racines. L'autre ce sont des ailes." Nous avons eu, pour notre part, les deux. Je ressens, me concernant, avoir reçu plus d'ailes que de racines. Ceci explique sans doute cela. Merci à vous tous !

    02 mars 2013, triste nouvelle. En ouvrant la boite aux lettres, nous découvrons que notre dossier est retourné par le BIQ. Motif invoqué : manque les preuves de cotisations sociales. Nous avions pourtant fournis nos derniers bulletins de salaires et nos 4 derniers avis d'imposition...
    Bref, un coup derrière la tête à une période pas vraiment heureuse... Ce qui nous rassure, c'est qu'il s'agit d'un document manquant et non pas d'un refus catégorique de notre dossier. Nous allons vite faire le nécessaire et renvoyer le tout cette semaine. Trois mois de perdus. Comme quoi : immigrer se mérite.
    Contact pris avec le BIQ pour faire le point sur notre situation. Il manquait trop d'éléments pour justifier de la légalité de notre expérience professionnelle. Il faut donc, pour remédier à tout cela :
    1) Envoyer notre relevé de carrière (à demander en ligne sur le site de la sécu)
    2) Joindre nos 5 derniers avis d'imposition et nos 3 dernières fiches de paye (ce que nous avions fait, mais il nous manquait l'avis d'imposition de 2008) Un courrier expliquant les documents manquants devrait permettre de faciliter la compréhension de notre situation. L'agent contacté a précisé de joindre "toutes les preuves possibles permettant de démontrer la validité de notre expérience professionnelle"
    3) Par ricochet, le montant des frais change et devient celui mentionné au titre de l'année 2013 (750$CAD pour le requérant principal et 160$CAD pour le conjoint et pour chaque enfant)
    A savoir : le renvoi global du dossier pour documents manquants fait repartir notre demande de zéro. C'est comme si nous n'avions jamais envoyé de dossier. Ce dernier sera traité comme les autres, par date chronologique d'arrivée. 3 mois de perdus pour nous.

    Malgré tout, le 05 mars 2013, nouveau dépôt de notre DCSQ.
    1.5 kilos de documents envoyés via Chronopost. Nous avons fait, selon nous, le maximum pour rentrer dans les clous, en ajoutant à nos précédents documents notre relevé de carrière, la copie de notre avis d'impôts sur le revenu de 2007 ainsi que toutes nos fiches de paye depuis janvier 2007 à ce jour. Maintenant, ça ne dépend plus de nous.
    La langueur nous gagne. Le renvoi du dossier nous a fichu un coup derrière la tête. Les problèmes familiaux s'ajoutent à tout cela. On ganberge. On voit les copains qui avancent et nous qui restons en suspens. Pas encore de news de l'évaluation comparative, pourtant envoyée en septembre 2012... Je me prends, pour ma part, à penser à d'autres projets (maison, voyages), à m'accrocher à d'autres choses qui me font mettre un peu de côté le Québec pour l'instant. Je peine à me réinvestir dans le trip de peur d'être à nouveau déçu. Du coup, on patiente, en espérant ne pas trop nous lasser... Le coeur n'y est plus trop.
    Fin mars, réception de l'AR du MICC concernant notre demande d'évaluation comparative des études effectuées hors du Québec. Le papier indique que le MICC pourrait avoir à communiquer avec nous dans les prochaines semaines afin de compléter le dossier. Deux numéros sont attribués : N° réf. ind. (C33XXXXX) et n° dossier (C00XXXXXXXX). Pour un envoi en septembre, je trouve le temps un peu long... Mais bref, ça avance un peu quand même... »


    Mai 2013 : La DCSQ avance !
    « Le temps est toujours maussade par chez nous et nous désespérons d'avoir un quelconque signe que notre dossier avance. Le temps passe vraiment lentement et notre optimisme concernant notre dossier en prend un coup. Petit rayon de soleil.......... nous avons été prélevés ! Oui ! Oui ! Oui ! Oui ! Prélevés ! Prélevés ! Prélevés ! Pas de quoi se monter le bourrichon, mais prélevés ! Voilà qui nous rebooste en ces temps moroses. Une nouvelle attente commence maintenant. »


    Octobre 2013 : Le temps passe lentement…. Très lentement… On réfléchit. On doute.
    Emigrer prend du temps. Nous en avons fait l’expérience. Voilà comment nous envisagions cette épreuve :
    « Voilà maintenant plus d'un an que nous avons réellement entamé nos démarches d'immigration avec l'envoi de la reconnaissance des diplômes. La DCSQ a suivi en décembre 2012, avec un retour début mars 2013 pour pièces manquantes et renvoi dans la foulée. Depuis... rien. Plus rien. De la patience, nous savions qu'il en fallait. Imaginions-nous qu'il en faudrait autant ? Peut-être pas...
    Retour sur expérience pour nous donc, car il faut bien mesurer le temps et l'investissement que prend un tel processus d'immigration. Pour notre part, nous nous sommes toujours refusés à mettre nos œufs dans le même panier et avons décidé de mener notre barque coûte que coûte. Le temps passe, les gens changent, les projets aussi.
    Petite promenade en pleine nature l'autre jour. Les enfants jouent. Nous nous posons et faisons le point. Sur notre vie. Sur nos envies. Sur nos projets. Mon épouse à récemment trouvé un emploi dans son domaine de formation. Un emploi nécessitant de se projeter sur du long terme, voire même du très long terme. Dans le même temps, je trouve mon équilibre de vie, jonglant entre la famille et le boulot. La région où nous sommes nous plait vraiment et l'idée nous est venue d'envisager l'achat d'une maison ici.
    Le Québec ? Un projet. Certainement. Le projet d'une vie ? Plus vraiment. Un projet, certes important, mais un projet. Simplement. Non pas que nous ne l'ayons pas souhaité, voulu, attendu, follement désiré, mais plutôt que, le temps passant, il n'est plus devenu LE projet central de notre vie, parce que LE projet central de notre vie c'est notre famille, nous deux, nos enfants, et être bien, ensemble, peu importe l'endroit. Le voilà LE projet de notre vie, tout simplement. Alors, puisque le projet Québec tarde à se concrétiser et puisque notre vie se poursuit ici, nous ne sommes plus très sûrs de vouloir, du jour au lendemain, tout remettre à plat et devoir tout reconstruire, ailleurs, dans des conditions plus difficiles que ce que nous pouvons connaitre ici. Par peur ? Peut-être. Par manque de courage ? Peut-être aussi. Par soucis de ne plus vouloir bousculer l'équilibre que nous parvenons aujourd'hui à atteindre ? De plus en plus.
    Alors voilà, notre réflexion se poursuit et s'infléchit au fil du temps. Notre vie actuelle nous plait énormément et l'idée d'en changer du tout au tout ne nous séduit plus autant. Voilà 8 ans, nous avions trouvé cette force, en quittant la métropole et en partant nous installer pour 6 ans à la Réunion. Nous étions plus jeunes. Notre famille se bâtissait tout juste. Notre aînée avait 3 ans et notre petit dernier un mois seulement ! Que le temps passe ! Aujourd'hui, ils ont 11 et 8 ans et les cartes ne sont plus les mêmes. Pour eux comme pour nous.
    Alors voilà, nous ne mettons pas un terme réel à notre projet d'immigration au Québec, mais il nous faut reconnaitre que si le CSQ devait un jour s'offrir à nous, nous serions face à un choix cornélien à l'issue duquel les grands espaces nord américains ne l'emporteront peut-être pas. »


    Novembre 2013 : Premiers retours concrets.
    « Réception ce jour de l'évaluation comparative des études effectuées hors du Québec !!!
    Délais entre envoi, traitement et retour : 1 an, 1 mois et 17 jours....
    Initialement, j'ai envoyé mon BAC, série B, mon DEUG Sciences du langage, ma Licence Administration Economique et sociale et mon diplôme d'Educateur Spécialisé.
    Au final, seuls mon BAC et ma Licence ont été retenus.
    - BAC série B en France, évalué comme "Diplôme d'Etudes Collégiales en formation préuniversitaire (DEC), domaine de formation : sciences humaines".
    - Licence AES en France, évaluée comme "Baccalauréat, domaine de formation : sociologie".
    Mon diplôme d'éducateur spécialisé n'a pas été retenu. »


    Mars 2014 : Joies et doutes.
    Cette période voit le premier grand tournant de notre processus ! Voilà comment nous en parlions :
    « 21 mars 2014 : Pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Il faut croire à cet adage puisque nous avons reçu nos CSQ, par une belle enveloppe dans la boite. Nous sommes abasourdis et allons devoir, mon épouse et moi, prendre le temps de discuter...
    Enfin voilà, dossier CSQ envoyé en décembre 2012, retourné en mars 2013 pour documents manquants. Renvoyé en mars 2013. En janvier 2014, nous avons reçu un courrier demandant des compléments d'infos. Le CSQ a été accordé, en date du 11 mars 2014 et porte la mention "dossier visé par traitement prioritaire - domaine de formation".

    Les réflexions sont allées bon train. Les méninges ont chauffé !!! Partant du principe qu'il faut saisir les chances qui se présentent à nous et qu'il vaut mieux avoir des remords que des regrets, l'aventure va donc continuer pour nous, non sans certaines craintes et appréhensions, bien normales... A l'heure où j'écris ces quelques lignes, je ne suis pas bien sûr de ce qu'elles représenteront dans les semaines à venir. A chaque jour suffit sa peine. Demain apportera son lot de réponses, et de nouvelles questions... Comme quoi les décisions les plus importantes, se prennent parfois en peu de temps...
    Malgré cela, difficile de se replonger dans un projet que nous avons mis en veille, histoire de rendre l'attente plus supportable. Et, en même temps, nous réalisons la chance qui est la nôtre d'avoir été sélectionnés par le Québec. Nous nous disons "c'est bon. Le Québec veut bien de nous. Il nous envoie un message d'espoir qui nous dit que nous pourrons trouver du travail là-bas et, ainsi, subvenir à nos besoins." On se rassure comme on peut.
    Depuis le dépôt de notre DCSQ, nous avons vécu au jour le jour, tâchant de nous centrer sur le présent, sans présager de ce que serait l'avenir. Nous nous sommes dit qu'il fallait prendre la vie comme elle vient et profiter de chaque instant. Du coup, ce projet d'immigration a peu à peu laissé la place à un projet de pérennisation de notre situation en France et nous nous sommes tournés vers de nouvelles situations professionnelles et de possibles démarches d'acquisition d'une maison dans notre région. On se disait "mieux vaut avoir plusieurs projets et devoir, au final, faire un choix, que de tout miser sur une seule chose, au risque qu'elle ne se réalise pas".
    Alors voilà, prenant toujours la vie comme elle vient, et décidant de happer les opportunités au vol, s'est donc posé, il y a quelques jours avec l'obtention du CSQ, la question de ce choix délicat : partir ou rester ? Au final, malgré mes réserves (qui contrebalancent avec l'enthousiasme de toujours de mon épouse) nous sommes parvenus à faire ce choix de tenter l'aventure. Ma douce m'a convaincu de me lancer en me disant, très justement, qu'il vaut mieux tenter l'expérience, au risque d'échouer, que d'avoir le regret de ne l'avoir jamais osée.
    Malgré tout, je ressens le besoin de digérer ce choix, de me l'approprier... de l'accepter et de prendre la mesure des difficultés qui vont se présenter à nous dans les prochains mois. Les craintes liées à une nouvelle adaptation de style de vie et de culture sont réelles. Aurais-je la force de devoir me vendre sur le marché du travail, alors que mon expérience professionnelle de plus de 20 ans me permet d'envisager l'avenir plus sereinement au sein de mon administration (je suis titulaire au ministère de la Justice) ? Certes, la demande de dispo que je ferai nous assure un repli en cas d'échec de notre aventure. C'est un point très important. Mais, malgré tout, l'idée de devoir plier les gaules et de se lancer dans un nouveau déménagement à l'autre bout du monde (après celui que nous avons fait il y a 9 ans à la Réunion) m'avait, au fil des mois, quitté. Je me projetais plus vers un apaisement et une volonté de me tourner vers d'autres priorités de vie. Du coup, l'arrivée du CSQ vient tout bouleverser et, en quelques jours, en quelques heures, nous avons pris une décision que je n'aurai même pas imaginé prendre il y a une semaine ! Comme la vie est étrange, parfois.
    Au final, nous voilà plongés dans ces démarches en vue de l'obtention du fédéral, avec un départ prévu pour l'été 2015 (l'été 2014 semblant trop court au regard des délais d'obtention de la RP). J'espère que les enfants accepteront notre choix et qu'ils ne nous le reprocheront pas. Eux qui, à 11 et 8 ans, nous ont fait comprendre qu'ils ne souhaitaient pas bouger de là où nous sommes. Je me dis qu'on s'adapte à tout dans la vie et qu'ils sauront aussi s'adapter à cela. Pour me rassurer ? Sûrement.

    Le dossier fédéral se monte pas à pas. Nous commençons à réaliser ce vers quoi nous nous embarquons, et c'est plutôt....disons... grisant ! Nous devons procéder au renouvellement des passeports des enfants. Pour ce faire, nous devons prendre rendez-vous avec la mairie de notre domicile, afin de pouvoir nous y rendre avec les cocos pour déposer le dossier. Pas de rendez-vous avant la mi mai 2014. Ce qui veut dire que les passeports ne seront pas édités avant fin mai-début juin. Le dossier fédéral s'en trouve d'autant décalé et ne sera, selon toute probabilité, pas déposé avant juin 2014. Pour un départ prévu à l'été 2015, nous espérons que les délais seront suffisants. »


    Avril et mai 2014 : Le fédéral se monte !
    Une fois passées les émotions dues à l’obtention du CSQ, nous nous tournons vers le fédéral. Voilà comment nous traversions cette période :
    « Après nous être penchés de manière plus sérieuse sur nos évaluations comparatives des études (CSQ et recherches de travail obligent), nous avons appelés le BIQ pour savoir pourquoi l'un de nos diplôme (CAFDES pour ma femme et DEES pour moi) n'avaient pas été évalués. L'agent du BIQ nous indique qu'il nous reste encore un mois (délais de 6 mois après réception pour faire un recours) pour demander la révision de notre évaluation comparative.
    Du coup, dossier bouclé ce soir. Départ dès demain.
    Notre dossier fédéral est, lui aussi, enfin bouclé. Finalement, il s'est avéré bien moins fastidieux que la DCSQ ! Tant mieux ! L'ensemble partira par la poste. Nous sommes heureux. Cette aventure se prolonge. Une nouvelle attente débute.

    Nous avons reçu la réponse concernant notre demande de révision de l'évaluation comparative (le CAFDES de mon épouse et mon DEES n'avaient pas été évalués). Me concernant, ils me demandent un relevé de notes. J'ai fait une copie certifiée conforme de ce que j'avais. Concernant mon épouse, le CAFDES a été évalué et reçoit une équivalence "Maîtrise en administration". Nous devons renvoyer l'ancienne évaluation comparative la concernant et garder la nouvelle. Finalement, ça a été relativement vite. »


    Juillet et août 2014 : Sauts de puce.
    « AR de Sydney reçu par mail. Tout est OK pour eux (documents, paiement). Notre dossier rejoint la file d'attente. Ca suit son cours....
    J'ai plein de projets en tête, notamment sur le plan professionnel et j'avoue ne pas trop me soucier de l'avancée de notre dossier (c'est tant mieux d'ailleurs). Je me dis que ce qui doit se faire se fera... ou pas. On verra bien. Du coup, je ne suis plus accroché à mes mails ou à ma boite aux lettres. Je prends chaque nouvelle comme elle vient !
    Ma nouvelle évaluation comparative des études est arrivée. Sur la précédente, mon diplôme d'éducateur spécialisé n'avait pas été évalué. Après réclamation de ma part, c'est chose faite puisqu'il est évalué à un niveau DEC (Diplôme d'Etudes Collégiales) en techniques d'éducation spécialisée, comme je l'espérais. Comme quoi, il faut toujours s'accrocher ! »


    Octobre 2014 : Un petit tour chez le docteur…
    Cette période nous rapproche de notre objectif. L’IVM et la visite médicale sont au programme. On reprend espoir de partir dans les mois qui viennent :
    « L’IVM est arrivée, accompagnée de documents complémentaires à fournir concernant notre parcours professionnel (rien d'insurmontable) et demande de paiement des frais de RP. Ça avance...
    Nous passons la visite médicale.
    Première étape : la visite médicale.
    Tout à commencé à l'hôpital britannique de Levallois-Perret.
    Rendez-vous fixé à 13h45. Pas de retard dans les consultations. Impec !
    Le médecin nous reçoit à 4 (les enfants, mon épouse et moi). Pas mal de paperasses à remplir. Ca va être long ! Mais bon, lorsqu'on immigre, la patience, on connaît ! Nous devons présenter les convocations reçues avec l'IVM ! Obligatoires ! Il n'était donc pas question de prendre rdv sans avoir reçu l'IVM ! Même topo pour tout le monde : prise de photo, présentation des passeports (nous n'avions pas ceux des enfants, mais la carte d'identité a suffit), test urinaire, test de vision, mesures (taille, poids), prise de tension, examen physique léger. Une formalité ! Les garçons ont le droit à une palpation des testicules. Je ne sais pas trop à quoi ça sert. Mais bon, lorsqu'on immigre, on fait ce qu'on nous demande de faire ! Quelques renseignements succincts concernant des maladies passées ou des antécédents familiaux particuliers. Rien de plus. Nous signons quelques autorisations de transmissions d'infos médicales nous concernant et nous signons le chèque : 500 euros pour nous 4. Ca pique... Mais bon, lorsqu'on immigre, les dépenses en tout genre, on connaît ! 01h30 de visite médicale. Nous sortons.
    Deuxième étape : prise de sang.
    Seuls mon épouse et moi sommes concernés. Les enfants de moins de 15 ans échappent à la piqure. Objectif de la prise de sang : dépistage du VIH et de la syphilis. Le tout prend moins de 15 minutes. Le laboratoire est désigné par le médecin. On signe le chèque : 50 euros. Ca pique moins...
    Troisième étape : les radios de poumons.
    Direction un cabinet de radiologie, lui aussi désigné par le médecin.
    Sommes concernés, ma fille de 11 ans, mon épouse et moi. Clichés thoraciques de face et de profil, en vue de détecter toute trace de tuberculose. L'opération prend 30 minutes. Méga rapide. Pas d'attente. On signe un dernier chèque de 150 euros. Ca repique un peu.
    En à peine 3 heures, tout a été bouclé ! Les résultats seront communiqués au médecin et transmis de suite au CIC dans la semaine. Bilan de la journée : 700 euros ! Une fortune ! Mais bon, quand on immigre, on sait qu'on y laisse des sous. Une VM rondement menée, à peine deux jours après avoir reçu l'IVM. La chance à joué pour nous. Nous y voyons le signe de la fin proche de notre démarche.
    Restent les frais de RP à payer et un ou deux compléments d'info à apporter concernant mon parcours professionnel. Une broutille.
    Prochaine étape : la brune ! On y croit !!!!

    Frais de RP payés ! Et voilà, c'était la dernière étape. Les frais de RP sont payés (980 Dollars) et les documents complémentaires ont été envoyés à CIC. Dernière étape d'un long, très long processus qui, nous l'espérons, aura une issue favorable. Les dés sont lancés ! Yapuka ! Ca va nous manquer tout cette paperasse là ! »


    Janvier 2015 : Soulagement et inquiétudes!
    « DECISION PRISE !!!!!!!! Ouais, ouais, ouais !!!On a (encore plus) hâte !!!!!! Le 24 janvier 2015, les CRP arrivent à la maison !! Ca y est, nous y sommes !
    « Une semaine et demi après la CRP et... un peu de stress, de doutes (encore ?) et de trouille (tout plein)... Pas le temps de vraiment se poser à cause d'un travail très prenant, qui me voit rentrer claqué et peu réceptif le soir. Mon épouse, actuellement sans travail, bosse pour deux autour de notre installation future et, du coup, je peine à m'impliquer comme j'avais pu le faire lors de notre retour de la Réunion, voilà 3 ans. Période de doute donc où se bousculent pleins de questions autour du pourquoi ? Du comment ? Du où ?
    De la crainte également de devoir plier à nouveau les gaules, de quitter une situation installée pour partir vers un grand inconnu.
    La CRP n'est pas toujours signe d'une grande délivrance. Chez moi, elle suscite plein de craintes. Nous ne savons pour l'heure pas quand nous partirons, juillet ou août, où nous nous installerons, Montréal, Québec ou Trois Rivières, s'il faut trouver la job d'abord et s'installer où elle sera ou bien s'installer quelque part et trouver la job ensuite. Par ricochet, se pose la question des billets d'avion : quelle destination ? Se pose la question de l'école et du collège pour les enfants. Celle de la venue du chien. Bref, un peu le bordel dans ma tête au moment où de grandes décisions doivent se prendre. C'est dingue de se dire qu'à quelques semaines du départ rien n'est encore vraiment fixé... J'ai du mal à m'y mettre, vraiment. Comme si j'avais attendu cette CRP pendant deux ans en me disant qu'elle aurait pu ne jamais arriver et être pris au dépourvu lorsqu'elle est là.
    La nouvelle annoncée à l'entourage et aux collègues nous pousse à agir un peu plus.
    J'espère trouver la sérénité de penser à tout cela calmement lors de ma prochaine semaine de vacances...Je pense que le tumulte actuel de nos vies ne nous permet pas de nous pencher de manière totalement concentrée sur ce projet. Je compte sur les prochaines vacances pour y voir plus clair ! »


    Février et avril 2015 : Du nouveau.
    « Des avancées dans notre projet de départ puisque nous avons trouvé une pension pour accueillir notre compagnon à 4 pattes à notre arrivée à Québec. Du coup, nous voyagerons avec Air Transat qui offre un forfait à 275 dollars pour lui, qui pourra ainsi voyager avec nous. Nous avons donc abandonné notre projet de partir sans lui et de le faire venir seul plus tard. Il partira avec nous et sera en garderie quelques semaines sur Québec, le temps que nous trouvions un logement susceptible de l'accueillir. Les billets seront pris d'ici 15 jours.
    Ça avance !!
    Les billets d’avion sont en poche ! Nous partons le 23 juillet pour Québec !!! »


    Mai 2015 : un toit au-dessus de la tête.
    « Nous avons trouvé un logement !!!!
    Appartement de deux chambres, situé dans le quartier Montcalm à Québec. Ecoles et tous services à proximité. Transports également. Pas besoin de voiture pour commencer. Appartement entièrement meublé et équipé (de la laveuse aux petites cuillères, en passant par la vaisselle et l'aspirateur). Rien à emmener ni a racheter. Juste les valises à poser pour un an.
    Le propriétaire, un homme charmant, nous accepte même sans emploi car nos secteurs d'activité sont porteurs. De plus, il accepte notre chien ce qui, au regard des difficultés pour trouver un logement acceptant les toutous, nous a fait basculer. 1200 Dollars par moi, hors électricité, ce qui portera la facture globale à 1350 dollars environ. Nous sommes aux anges. C'est un vrai poids en moins !
    Nous avons déjà un pied là-bas ! »


    La suite dans le livre 2...
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    B@bouk a reçu une réaction de Merymiki pour un billet, Notre projet d'immigration, de A à Z... (livre 1)   
    Notre projet d’immigration, de A à Z…
    Voilà le titre de topic qui m’est venu à l’esprit lorsque nous avons débuté nos réflexions autour de notre éventuel départ pour le Québec.
    Histoire de rassembler un peu les démarches, les émotions et sentiments (« impressions du jour », ou « info du soir ») que nous avons éprouvés durant plus de deux ans (bientôt trois), voici donc présenté le cheminement qui a été le nôtre jusqu’à aujourd’hui, histoire de partager ces moments de vie avec vous tous.


    Août 2012 : Lancement du projet
    Cette date a marqué le début des choses concrètes pour nous. Voici comment je les évoquais à l’époque :
    « Salut à toutes et tous. J'espère poster ce petit récit au bon endroit. Je propose de retracer, dans ce topic, l'ensemble des démarches liées à notre projet d'immigration au Québec, afin de vous faire partager nos questionnements, nos doutes, nos avancées et nos espoirs.
    Petite présentation pour commencer. Je m'appelle Nicolas, je suis âgé de 40 ans et travaille comme éducateur à la Protection Judiciaire de la Jeunesse depuis bientôt 11 ans. Mon épouse est âgée de 38 ans et travaille comme responsable dans un établissement médico-social. Nous avons une petite fille âgée de 10 ans et un garçon âgé de 07 ans. Sans oublier notre "petit" toutou (presque 50 kilos), qui nous suit partout depuis bientôt 07 ans. L'expatriation est quelque chose de connu chez nous puisque nous sommes partis vivre sur l'île de la Réunion pendant plus de 06 ans. Partir loin de chez soi, nous connaissons. Ce qui fait que ce départ futur pour le Québec est déjà écrémé de quelques appréhensions et inquiétudes.
    Commençons par le commencement en vous faisant part de nos premières démarches. Après avoir parcouru ce forum, et tant d'autres, après avoir étudié les nombreux sites officiels liés à l'immigration au Québec, après avoir lu de nombreux ouvrages sur ce sujet et après être partis visiter cette belle province pendant près de 3 semaines, nous avons décidé de concrétiser ce projet qui nous trottait dans la tête depuis plusieurs années : nous installer au Québec. Aujourd'hui, ce long processus n'en est qu'à ses balbutiements. La phase de prospection s'achève tout juste. Les premières démarches vont débuter.

    Etape 1 : Demande d'évaluation comparative des diplômes
    Parcours scolaire de mon épouse : Maîtrise en Administration Economique et Sociale (AES) et obtention du CAFDES (Certificat d'Aptitude aux Fonctions de Directeur d'Etablissement Social et médico-social)
    Mon parcours : Licence AES et obtention du DEES (Diplômes d'Etat d'Educateur Spécialisé)
    Nous achevons d'effectuer l'ensemble des copies certifiées conformes de nos diplômes et de nos relevés de notes. Non sans mal puisque nous nous heurtons déjà à quelques complications purement administratives. Je n'ai, en effet, jamais réclamé mes diplômes de DEUG et de Licence et, après bientôt 18 années, je me mets en quête de les récupérer auprès de mes anciennes universités...Après de nombreux contacts téléphoniques et mails sans résultats, j'ai enfin obtenu un retour positif de la fac concernant mon diplôme du DEUG. Les pièces nécessaires à la délivrance sont parties aujourd'hui. D'ici un mois, tout devrait arriver à la maison. Comme quoi, il ne faut jamais désespérer. J'ai fais de même pour la seconde université auprès de laquelle j'ai obtenu ma licence.
    La demande d'évaluation comparative est remplie et prête à parti au MICC. Nous avons opté pour faire évaluer tous nos diplômes. Les copies certifiées conformes sont faites, non sans avoir dû amadouer la préposée de l'état civil de la mairie du coin qui a du me maudire avec ma liasse de paperasse à faire certifier et qui me réclamait un courrier du Québec justifiant l'obtention de copies certifiées conformes (ben voyons... On en a tous un sur nous, hein !). La p'tite dame m'a également réclamé la pièce d'identité de ma femme, en me disant que c'était obligatoire pour pouvoir faire certifier ses diplômes (pas utile du tout). Elle m'a même demandé si j'habitais bien la commune (rien avoir avec la choucroute). Bref, elle n’avait pas envie de me faire ces fichus certificats. J'ai donc pris mon plus beau sourire et, après quelques explications transmises avec humour histoire de décoincer l'atmosphère, j'ai pu obtenir les précieux documents, que j'ai fait faire en deux exemplaires, histoire d'éviter d'avoir à y retourner en cas de problème. Je suis arrivé à 11h15 à la mairie avec deux personnes derrière moi. J'en suis reparti à 11h50 avec 12 qui attendaient et des bureaux qui fermaient à midi... Départ sur la pointe des pieds obligatoire.
    Le dossier est donc complet, hormis les originaux des diplômes du DEUG et de la Licence me concernant que je vais patiemment attendre. Du coup, l'envoi de la DCS est reporté d'autant, mais j'aurai l'esprit tranquille de savoir que toutes les pièces sont présentes dans notre dossier.

    Etape 2 : Passation du TCFQ
    Premiers contacts pris dans notre coin (Lyon et Annecy). Pour info, Annecy, bien qu'inscrit dans la liste des centres agréés, ne fait pas passer le TCFQ. Nous contactons Lyon cette semaine et tentons d'obtenir un rendez-vous proche.
    Voilà, vous savez tout sur l'état d'avancement de notre projet.
    Nous vous tiendrons régulièrement informés de nos démarches, histoire de partager avec vous un morceau de cette passionnante aventure.

    Question installation, nous serions plutôt attirés par la ville de Québec, mais je crois surtout que nous nous établirons là où nous trouverons un emploi et un logement.
    Concernant les contacts pros, j'ai fait une première démarche auprès du centre de la jeunesse de Québec (il y en a aussi à Montréal). Ils ont vocation à prendre en charge des mineurs relevant, chez nous, de l'article 375 et de l'ordonnance de 45. Ils demandent un document d'équivalence de diplôme avant d'envisager tout contact plus sérieux.
    Concernant cette équivalence, je pense qu'avec un DEES on peut obtenir le diplôme de technicien en éducation spécialisée. Avec le CAFDES de mon épouse, je ne sais pas trop à quel type d'équivalence nous pourrons avoir droit. Ce sera la surprise.
    Même si l'étude comparative n'est pas un préalable à la DCS, nous l'entamons donc quand même, histoire de prendre un peu d'avance dans nos futures démarches d'emploi.
    Concernant les métiers du social, il n'y a pas d'ordre professionnel (d'après les infos que j'ai pu trouver sur le sujet). »
    La réunion d'information était confirmée pour le 11 septembre 2012 à Paris, porte de la Villette. Le 31 août 2012, les informations relatives au TCFQ étaient plus précises :
    Date de passage fixée au 18 octobre 2012
    Centre de passage : Ecole Suisse de Langues, 06 quai Jules Courmont, 69002 LYON
    Tarif : 65 Euros par personne


    Septembre 2012 : Premières démarches, premières impressions
    Au programme du mois ; réception des diplômes, participation à la réunion d’information, envoi de la demande d’évaluation comparative des études, étude du dossier DCSQ.
    Voilà comment nous abordions ces différents évènements :
    « Réception ce jour de mon diplôme de licence, passée voilà 12 ans et que je n'avais jamais réclamé !!! Merci l'université d'Evry pour la rapidité. Moins d'une semaine, en pleine période de vacances. Je dis bravo ! Réception de mon diplôme de DEUG, après une attente de 03 semaines. Merci la fac !!!
    Nous ne nous sommes pas donné de date pour envoyer notre dossier. Avec mon épouse et nos enfants, nous savons que ce projet est lancé et qu'il se réalisera. Nos lectures sur la toile et dans les bouquins nous ont montré le côté variable des délais de procédure. Nous savons juste que nous aimerions le voir coïncider avec une rentrée scolaire, histoire de ne pas trop perturber nos enfants. Nous essayons donc de rassembler les éléments de ce vaste puzzle dans l'ordre qui nous semble adapté (récupération des diplômes, tests, attente des résultats) et tentons de n'en oublier aucun afin de mettre le plus de chances de notre côté.
    Nous ne mettons pas non plus tous nos espoirs dans ce dossier et gardons, dans un coin de notre tête, l'idée qu'il puisse aussi ne pas marcher... Nous ne voulons pas nous sentir prisonniers de cet unique projet, même s'il demeure la réalisation centrale de notre vie future. Nous ne voulons pas subir les attentes trop longues, et les espoirs déçus. Nous poursuivons donc notre vie actuelle et rassemblons les éléments utiles. Je pense que la réception de mon DEUG et les résultats du TCFQ nous permettrons d'envoyer notre DCS. Quand ? Nous ne le savons pas encore. Cette part d'aléatoire nous plait et nous motive.
    Retour sur expérience de la réunion d'information organisée par le BIQ : rien de nouveau sous le soleil : beaucoup d'infos, plutôt destinées à un public en phase de prospection et qui manque encore d'éléments. Pour notre part, cela a permis de conforter notre désir de poursuivre l'aventure. C'est déjà pas mal ! Lors de la réunion d'information, il a été précisé que peu importaient le titre exact des diplômes, mais que c'était le nombre d'année qu'ils sanctionnaient qui était pris en compte.
    Envoi de la demande d'évaluation comparative des études. Nous espérons un retour rapide.

    Nous nous attaquons maintenant à la demande de CSQ proprement dite et tâchons de rassembler tous les documents nécessaires. D'ici le 18 octobre, date de notre TCFQ, nous allons avoir de quoi faire ! Nous nous fixons le mois de septembre 2014 pour poser les pieds sur le sol québécois, pour faire coïncider notre arrivée avec la rentrée scolaire des enfants (septembre 2013 nous semble utopique). De ce que nous lisons de droite et de gauche, ce délai nous parait raisonnable. Lors de la réunion d'info, on nous a fait comprendre qu'il fallait tabler sur une moyenne de 18 mois au total. Patience, oui. Patience. Je crois que c'est le mot d'ordre. Je pense aussi qu'il faut s'aménager d'autres projets et ne pas tout miser sur celui du Québec pour, tout d'abord, éviter des déceptions éventuelles (même si ce projet est relativement préparé) et pour, en second plan, continuer à vivre au quotidien sans être en permanence rivé sur sa boite aux lettres.
    Nous nous sommes penchés de manière beaucoup plus précise sur la demande de CSQ et le moins qu'on puisse dire c'est que son renseignement est assez fastidieux. Les domaines de formation nous posent toujours problème car nous ne savons pas si nos diplômes sont à faire rentrer dans la catégorie "diplômes étrangers" ou "diplômes du Québec ou équivalents". Nous avons opté pour la seconde solution.
    Plusieurs démarches sont nécessaires, surtout concernant les actes de naissances et de mariage.
    Nous avons donc engagé plusieurs démarches, histoire d'être fins prêts lorsque les résultats du TCFQ nous seront adressés. »


    Octobre 2012 : Le nez dedans…
    PréparatIfs du TCFQ au programme du mois. Des hauts et des bas. Voici nos réflexions d’alors :
    « Un peu de morosité ce soir suite au renoncement que nous avons opéré concernant un poste proposé à mon épouse, mais qui ne correspondait pas avec notre projet, à terme, d'immigration. Nous mesurons pleinement les sacrifices et les renoncements induits par un tel processus. Pas simple d'y être confrontés. Notre détermination reste cependant intacte.
    Ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort, non ?
    Concernant le TCFQ, nous nous entraînons sur le site de RFI et c'est vrai qu'il faut être dispo et bien concentré !
    En raison des frais engendrés par nos démarches d'immigration j'ai du me résoudre, la mort dans l'âme, à vendre ma moto, histoire de pouvoir financer le CSQ. Un vrai déchirement pour moi, tant j'appréciais de fendre le vent à son bord. Bref, tout ça dans l'optique de pleins d'évènements positifs ! Et, de toute façon, on n'a rien sans rien dans la vie hein ! Et il y a des moments où il faut faire des choix. En voici un.
    Pffff....

    Retour d'expérience sur le TCFQ passé à l'Ecole Suisse de Langues de LYON.
    Nous étions 15 à passer l'épreuve. 30 minutes d'épreuve.
    Nous avions pris soin de venir repérer les lieux quelques heures avant car, à Lyon, croyez moi, c'est vraiment galère pour se garer. Bref, 15 donc à présenter convocation et pièces d'identité. L'évaluatrice nous a expliqué comment allait se dérouler l'épreuve. Impec.
    30 questions avec QCM. Une seule réponse possible par question. Si on se trompe, on peut rectifier.
    Une feuille portant nos nom, prénom et la liste des cases à cocher est fournie. Un livret contenant les réponses possibles par question est également donné. Les questions défilent à un bon rythme. Il faut garder sa concentration. Certaines questions portent sur des images, d'autres sur des extraits audio d'entretiens ou de reportages. La difficulté des réponses va globalement en s'accroissant. Les nuances de réponses sont parfois subtiles. Il est bien de pouvoir jeter un œil rapide aux réponses qui vont être proposées pour la question à venir, histoire de pouvoir fixer son attention sur le thème.
    L'épreuve de compréhension orale passée, vient l'épreuve d'expression orale. 15 minutes.
    Une salle, un examinateur, un micro, un magnétophone (si, si, les vieux trucs à cassettes pour enregistrer notre voix). 6 questions auxquelles il faut répondre, du type "comment s'organise la répartition des tâches ménagères à la maison ?", "pensez-vous que l'école est un facteur d'intégration ?", "pourquoi voulez-vous immigrer au Québec ?", "vous venez d'arriver dans une nouvelle ville, quelles questions me poseriez-vous pour connaitre les lieux culturels ou sportifs de la ville ?", "quels sont les points pour et contre la mondialisation ?"
    Pas si simple, en fin de compte, surtout l'épreuve de compréhension orale. Il y a 5 ou 6 questions sur lesquelles nous ne sommes pas très sûrs de nos réponses. Nous verrons bien !
    Pour info, nous avions apporté une enveloppe A4 timbrée pour 50g, pour pouvoir recevoir les résultats des tests à la maison.
    Vous pouvez vous entrainer, plus pour savoir à quoi vous attendre que pour acquérir de l'expérience car, quoi qu'il en soit, si on ne comprend pas le sens de la question posée, tous les entrainements du monde n'y ferons rien ! Voilà donc, pour nous. Une étape de plus de franchie !
    Nous attendons les résultats des tests pour envoyer la DCSQ. »


    Novembre 2012 : On continue sur notre lancée !
    Au programme du mois : réception des résultats du TCFQ et constitution du dossier DCSQ.
    « Nous avons eu la confirmation que le diplôme CAFDES de mon épouse ne trouverait pas d'équivalence au Québec. Dommage. Malgré tout, ces contacts nous ont clairement fait comprendre que la demande de travailleurs sociaux était importante au Québec et que, diplôme reconnu ou non, l'expérience suffisait parfois à faire la différence. Nous avons donc bon espoir de trouver notre bonheur côté travail !
    Nous sommes encore en attente de mon attestation de travail, qui transite actuellement par l'île de la Réunion. Nous espérons qu'elle va vite arriver, histoire que, dès réception de nos résultats TCFQ, nous puissions envoyer l'ensemble du dossier DCSQ. Après relance téléphonique, ils m’avaient oublié ! Petite remise au point et tout devrait arriver d'ici peu. Enfin... j'espère. Comme quoi, faut se battre pour tout !
    Les résultats des tests sont bien arrivés dans la boite. Exactement les mêmes scores pour mon épouse et moi-même : Compréhension orale : 599 points. Niveau C1. Expression orale : 20/20. Niveau C2. Ça doit nous faire le max pour les points sur la grille. Waaaouwww ! Une étape de plus de franchie ! Les tests sont valables deux ans. C'est indiqué sur l'attestation.

    Nous nous sommes plongés dans le regroupement des documents utiles à l'envoi de la DCSQ. Nous pensions être au point sur tout, mais quelques détails nous ont échappés (photos d'identité, certaines copies de documents). Il faut donc bien anticiper et prendre le temps de vérifier et revérifier que vous avez bien tout. L'attestation de travail tant attendue est enfin arrivée jusqu'à nous. A noter qu'il nous aura fallu presque trois mois et demi pour rassembler l'ensemble des pièces justificatives. Il est donc important de bien anticiper. Il faut AB-SO-LU-MENT prendre le temps de vérifier encore et encore l'ensemble des pièces du dossier. Cela évite les désagréments de dernière minute. Nous y sommes presque. Nous prenons, malgré nous, du retard. J'ai un peu l'impression que, le moment du dépôt approchant, on réalise un peu mieux ce vers quoi on s'engage. »


    Décembre 2012 : Envois et prélèvements
    Un mois de décembre chargé en émotions puisqu’il correspond à l’envoi de la DCSQ. Pleins d’émotions mêlées que nous retracions ainsi :
    « Le 11 décembre 2012, la DCSQ est envoyée via Chronopost au BIQ de Montréal. Les dés sont lancés. Nous avons un peu de mal à nous dire que notre dossier est enfin parti. Nous n'aurions pas imaginé voici quelques mois que ce jour arriverait si vite, finalement. Nous nous faisions une telle montagne du montage de ce dossier qui, pour peu qu'on y prête temps et attention, n'est pas si complexe que ça. A notre retour estival du Québec, nous nous sommes lancés comme des fous dans ce dossier, en prenant le temps d'en étudier les contours et en posant notre réflexion autour de ses implications. Nous trouvons intéressant le délais qu'il nous a fallu pour le bâtir car, en y regardant bien, ce laps de temps a permis d'élaborer un peu plus notre réflexion, de rendre plus concrètes les représentations que nous pouvions avoir sur ce processus d'immigration, d'accepter les contre temps et les obstacles qui n'ont pas manqué de se mettre sur notre chemin. Immigrer n'est pas un long fleuve tranquille. Et c'est tant mieux. Cela permet de renforcer (ou pas) les espoirs et les attentes que nous pouvons tous placer dans un tel projet.
    Je me suis souvent fait la réflexion que les délais relatifs aux procédures d'immigration au Canada, tout comme les engagements financiers qu'elles imposent, composaient déjà un filtre, une sélection de fait des personnes pouvant être à même de les assumer. Une fois ces obstacles franchis, chacun est alors libre de vivre son rêve comme il l'entend.
    Aujourd'hui, une première étape de ce grand projet de vie est franchie pour nous. Nous y plaçons beaucoup d'espoirs sans toutefois tout miser sur ce seul objectif. Il faut continuer d'avancer, personnellement et professionnellement, en parallèle, afin de ne pas être en permanence rivé sur la petite boite à l'entrée de l'allée et risquer de voir son monde s'écrouler si le projet ne devait, par malheur, pas aboutir. Il faut savoir regarder dans plusieurs directions à la fois et s'aménager des espaces de réussite et de satisfaction autres. Telle est, en tout cas, notre vision de ce projet.
    Notre DCSQ a été livrée le 14 décembre 2012 au BIQ de Montréal.
    Le 16 décembre 2012, le montant l'évaluation comparative a finalement été prélevé en date du 12 décembre. »


    Janvier 2013 : Quand la famille s’en mêle !
    Une fois le flux de la paperasse passé, on se pose, enfin. On réfléchit, beaucoup. Et on se confronte à nos proches…
    « Petit repas de fêtes en famille ce week-end. Au détour d'une conversion portant, entre autres, sur notre projet Canada, la petite question qui tue : Mais au fait, pourquoi vouloir partir au Québec ? Quelles sont vos motivations exactes ?
    Au fond, rien de bien surprenant. Quand on entreprend un projet tel que celui-ci, on s'y attend à un moment où à un autre, de la part de personnes qui nous connaissent peu. Ce qui m'a interloqué ici c'est de ne pas m'être senti compris. J'ai perçu dans cette question une certaine méconnaissance de la part de mes proches de ce que nous étions, de ce que nous voulions, vraiment. Depuis le temps que nous bougeons, que nous échangeons avec notre entourage sur notre mode de vie, sur notre façon de percevoir le monde, autour de notre philosophie quotidienne, je pensais qu'ils nous avaient bien cernés et compris. A croire que non. Soit ils ne nous ont pas compris. Soit nous ne nous sommes pas bien fait comprendre. Peut-être est-ce, d'ailleurs, un peu des deux. C'est étrange comme de petites questions peuvent raisonner ainsi en nous. J'ai eu l'impression de devoir justifier de ce choix de vie qui, pour mon épouse et moi-même, raisonne comme une évidence. J'ai eu l'impression qu'on nous prenait comme les petits jeunots qui partent à l'aventure sans mesurer les conséquences de ce qu'ils allaient pouvoir entreprendre. De n'être pas compris n'est pas ce qui me heurte. De devoir rendre des comptes sur mes choix.
    Alors bon, on peut ne rien avoir à faire de tout cela. On peut s'en sentir blessé. On peut également prendre le temps de poser les choses, de prendre du recul, de réfléchir et de se poser la question de savoir si le bon choix est fait. C'est ce que nous avons fait. Alors, oui. Nous faisons le bon choix. C'est vrai que ça n'est pas toujours simple, même si on est persuadé d'être dans le bon chemin. Pas simple de se sentir si mal compris. Nous ne sommes cependant pas des Caliméro alors on se dit que c'est tant mieux pour celles et ceux qui comprennent le sens de notre démarche et tant pis pour les autres.

    Nous sommes dans une phase d'attente : attente du retour de l'évaluation comparative des études, attente de signes de la part du BIQ concernant notre CSQ. Cette période est étrange car, après l'excitation et l'agitation autour de la préparation et de l'envoi du CSQ, nous nous trouvons dans un temps plus calme de notre processus d'immigration. Nous ne nous projetons pas encore dans la suite des démarches, histoire de ne pas être déçus si le CSQ n'était pas au rendez-vous et, surtout, parce que sans le CSQ, nous ne pouvons pas les poursuivre.
    Attente, donc. Mais pas attente stressée ni fébrile. Nous vaquons à nos occupations, nous nous projetons sur d'autres projets et ne faisons pas le pied de grue à côté de la boite aux lettres (il fait trop froid dehors...) Un moment calme, donc, à appréhender sereinement.
    Je m'étais pourtant promis, superstition oblige, de ne pas aller jeter un oeil sur le volet "fédéral" de notre processus d'immigration tant que je n'avais pas de réponse pour le CSQ. La curiosité aidant, je me suis décidé à aller sur la page dédiée. Pas mal de documents à prévoir pour le fédéral, mais rien d'insurmontable. Après les formalités du CSQ, celles du fédéral ne présentent pas de grosses difficultés. »


    Février et mars 2013 : Questionnements et désillusions
    Cette période troublée a connu de nombreux doutes, des désillusions avec le retour de notre DCSQ et de nouveaux espoirs. Voilà comment nous abordions ces différentes étapes :
    « La vie nous réserve parfois des surprises auxquelles il faut parfois savoir faire face...
    Fâché avec ma mère depuis bientôt un an, j'apprends, voilà une dizaine de jours, que cette dernière est atteinte d'une maladie dont l'issue sera, à terme plus ou moins long, fatale. Pas glop. Voilà de quoi réveiller des craintes et des angoisses tenaces et, surtout, d'apprendre à mettre tous les mauvais moments de côté pour se centrer sur l'essentiel : être auprès d'elle. Ce que j'ai fait en partant quelques jours lui rendre visite. Les choses ont, après de longues heures de discussion, pu se poser et s'apaiser. Voilà cependant de quoi se poser plein de questions concernant notre départ éventuel. Comment pallier à ses besoin si loin d'elle ? Comment gérer cet éloignement ? Comment ne pas ressentir une certaine culpabilité à l'idée de la priver de ses petits enfants durant les années à venir à un moment où elle en aurait vraiment besoin ? Cela va-t-il, doit-il, remettre en cause tout ce projet ? Bref, autant de questions qui sont venues se heurter et auxquelles se sont ajoutés les commentaires et les questions culpabilisantes de la famille chez qui nous étions. Une fois de plus, nous avons eu droit au "vous nous abandonnez", ou encore "vous êtes égoïstes", ou même "vous n'avez pas le droit de nous faire ça"... Autant de choses qui, au regard du contexte, ont fait beaucoup pour nos petites têtes.
    Heureusement pour nous, notre couple est fort. Très fort. Très très fort !! Nous en avons beaucoup parlé, mon épouse et moi-même. Nous nous soutenons. Toujours. Nous allons de l'avant. Toujours plus loin. Nous avons la force et la détermination de montrer, est-ce besoin de le faire, que nous irons au bout de ce projet. Coûte que coûte. Mais, aussi forte que soit cette conviction, je ne peux m'empêcher de me poser et me reposer ces même questions. Sans cesse. Comme pour me convaincre, à chaque fois, que nous allons dans le bon sens.
    Alors oui, un projet comme celui-là doit être mené de façon à pouvoir surmonter les épreuves et les obstacles qu'il comporte, aussi hauts soient-ils. Ce n'est pas chose aisée. C'est même douloureux à certains moments. Après avoir passé de nombreuses heures à parler et à échanger sur ce thème, nous sommes convaincus d'être toujours dans le vrai. Pour nous, pour nos enfants. Rien ne pourra nous faire changer d'avis.
    Nous allons devoir compter et composer avec de nouveaux éléments à prendre en compte, en essayant de les gérer au mieux de manière à partir, nous l'espérons, la conscience tranquille, capables de nous regarder sans rougir chaque matin dans le miroir. Pas simple. Vivre loin des nôtres ne nous préoccupe pas, nous l'avons fait pendant 6 ans lors de notre séjour à la Réunion. Certains de nos proches ne l'avaient d'ailleurs pas plus admis qu'ils ne le font maintenant pour le Québec. Nous en acceptons le principe. Ce qui complique les choses, c'est cette situation de maladie et le fait que nous nous soyons fâchés. Nous parviendrons, quoi qu'il en soit, à surmonter ce cap. Votre soutien nous conforte dans notre conviction d'être dans le vrai. Le dicton populaire dit : "il y a deux choses à donner à nos enfants. L'une ce sont des racines. L'autre ce sont des ailes." Nous avons eu, pour notre part, les deux. Je ressens, me concernant, avoir reçu plus d'ailes que de racines. Ceci explique sans doute cela. Merci à vous tous !

    02 mars 2013, triste nouvelle. En ouvrant la boite aux lettres, nous découvrons que notre dossier est retourné par le BIQ. Motif invoqué : manque les preuves de cotisations sociales. Nous avions pourtant fournis nos derniers bulletins de salaires et nos 4 derniers avis d'imposition...
    Bref, un coup derrière la tête à une période pas vraiment heureuse... Ce qui nous rassure, c'est qu'il s'agit d'un document manquant et non pas d'un refus catégorique de notre dossier. Nous allons vite faire le nécessaire et renvoyer le tout cette semaine. Trois mois de perdus. Comme quoi : immigrer se mérite.
    Contact pris avec le BIQ pour faire le point sur notre situation. Il manquait trop d'éléments pour justifier de la légalité de notre expérience professionnelle. Il faut donc, pour remédier à tout cela :
    1) Envoyer notre relevé de carrière (à demander en ligne sur le site de la sécu)
    2) Joindre nos 5 derniers avis d'imposition et nos 3 dernières fiches de paye (ce que nous avions fait, mais il nous manquait l'avis d'imposition de 2008) Un courrier expliquant les documents manquants devrait permettre de faciliter la compréhension de notre situation. L'agent contacté a précisé de joindre "toutes les preuves possibles permettant de démontrer la validité de notre expérience professionnelle"
    3) Par ricochet, le montant des frais change et devient celui mentionné au titre de l'année 2013 (750$CAD pour le requérant principal et 160$CAD pour le conjoint et pour chaque enfant)
    A savoir : le renvoi global du dossier pour documents manquants fait repartir notre demande de zéro. C'est comme si nous n'avions jamais envoyé de dossier. Ce dernier sera traité comme les autres, par date chronologique d'arrivée. 3 mois de perdus pour nous.

    Malgré tout, le 05 mars 2013, nouveau dépôt de notre DCSQ.
    1.5 kilos de documents envoyés via Chronopost. Nous avons fait, selon nous, le maximum pour rentrer dans les clous, en ajoutant à nos précédents documents notre relevé de carrière, la copie de notre avis d'impôts sur le revenu de 2007 ainsi que toutes nos fiches de paye depuis janvier 2007 à ce jour. Maintenant, ça ne dépend plus de nous.
    La langueur nous gagne. Le renvoi du dossier nous a fichu un coup derrière la tête. Les problèmes familiaux s'ajoutent à tout cela. On ganberge. On voit les copains qui avancent et nous qui restons en suspens. Pas encore de news de l'évaluation comparative, pourtant envoyée en septembre 2012... Je me prends, pour ma part, à penser à d'autres projets (maison, voyages), à m'accrocher à d'autres choses qui me font mettre un peu de côté le Québec pour l'instant. Je peine à me réinvestir dans le trip de peur d'être à nouveau déçu. Du coup, on patiente, en espérant ne pas trop nous lasser... Le coeur n'y est plus trop.
    Fin mars, réception de l'AR du MICC concernant notre demande d'évaluation comparative des études effectuées hors du Québec. Le papier indique que le MICC pourrait avoir à communiquer avec nous dans les prochaines semaines afin de compléter le dossier. Deux numéros sont attribués : N° réf. ind. (C33XXXXX) et n° dossier (C00XXXXXXXX). Pour un envoi en septembre, je trouve le temps un peu long... Mais bref, ça avance un peu quand même... »


    Mai 2013 : La DCSQ avance !
    « Le temps est toujours maussade par chez nous et nous désespérons d'avoir un quelconque signe que notre dossier avance. Le temps passe vraiment lentement et notre optimisme concernant notre dossier en prend un coup. Petit rayon de soleil.......... nous avons été prélevés ! Oui ! Oui ! Oui ! Oui ! Prélevés ! Prélevés ! Prélevés ! Pas de quoi se monter le bourrichon, mais prélevés ! Voilà qui nous rebooste en ces temps moroses. Une nouvelle attente commence maintenant. »


    Octobre 2013 : Le temps passe lentement…. Très lentement… On réfléchit. On doute.
    Emigrer prend du temps. Nous en avons fait l’expérience. Voilà comment nous envisagions cette épreuve :
    « Voilà maintenant plus d'un an que nous avons réellement entamé nos démarches d'immigration avec l'envoi de la reconnaissance des diplômes. La DCSQ a suivi en décembre 2012, avec un retour début mars 2013 pour pièces manquantes et renvoi dans la foulée. Depuis... rien. Plus rien. De la patience, nous savions qu'il en fallait. Imaginions-nous qu'il en faudrait autant ? Peut-être pas...
    Retour sur expérience pour nous donc, car il faut bien mesurer le temps et l'investissement que prend un tel processus d'immigration. Pour notre part, nous nous sommes toujours refusés à mettre nos œufs dans le même panier et avons décidé de mener notre barque coûte que coûte. Le temps passe, les gens changent, les projets aussi.
    Petite promenade en pleine nature l'autre jour. Les enfants jouent. Nous nous posons et faisons le point. Sur notre vie. Sur nos envies. Sur nos projets. Mon épouse à récemment trouvé un emploi dans son domaine de formation. Un emploi nécessitant de se projeter sur du long terme, voire même du très long terme. Dans le même temps, je trouve mon équilibre de vie, jonglant entre la famille et le boulot. La région où nous sommes nous plait vraiment et l'idée nous est venue d'envisager l'achat d'une maison ici.
    Le Québec ? Un projet. Certainement. Le projet d'une vie ? Plus vraiment. Un projet, certes important, mais un projet. Simplement. Non pas que nous ne l'ayons pas souhaité, voulu, attendu, follement désiré, mais plutôt que, le temps passant, il n'est plus devenu LE projet central de notre vie, parce que LE projet central de notre vie c'est notre famille, nous deux, nos enfants, et être bien, ensemble, peu importe l'endroit. Le voilà LE projet de notre vie, tout simplement. Alors, puisque le projet Québec tarde à se concrétiser et puisque notre vie se poursuit ici, nous ne sommes plus très sûrs de vouloir, du jour au lendemain, tout remettre à plat et devoir tout reconstruire, ailleurs, dans des conditions plus difficiles que ce que nous pouvons connaitre ici. Par peur ? Peut-être. Par manque de courage ? Peut-être aussi. Par soucis de ne plus vouloir bousculer l'équilibre que nous parvenons aujourd'hui à atteindre ? De plus en plus.
    Alors voilà, notre réflexion se poursuit et s'infléchit au fil du temps. Notre vie actuelle nous plait énormément et l'idée d'en changer du tout au tout ne nous séduit plus autant. Voilà 8 ans, nous avions trouvé cette force, en quittant la métropole et en partant nous installer pour 6 ans à la Réunion. Nous étions plus jeunes. Notre famille se bâtissait tout juste. Notre aînée avait 3 ans et notre petit dernier un mois seulement ! Que le temps passe ! Aujourd'hui, ils ont 11 et 8 ans et les cartes ne sont plus les mêmes. Pour eux comme pour nous.
    Alors voilà, nous ne mettons pas un terme réel à notre projet d'immigration au Québec, mais il nous faut reconnaitre que si le CSQ devait un jour s'offrir à nous, nous serions face à un choix cornélien à l'issue duquel les grands espaces nord américains ne l'emporteront peut-être pas. »


    Novembre 2013 : Premiers retours concrets.
    « Réception ce jour de l'évaluation comparative des études effectuées hors du Québec !!!
    Délais entre envoi, traitement et retour : 1 an, 1 mois et 17 jours....
    Initialement, j'ai envoyé mon BAC, série B, mon DEUG Sciences du langage, ma Licence Administration Economique et sociale et mon diplôme d'Educateur Spécialisé.
    Au final, seuls mon BAC et ma Licence ont été retenus.
    - BAC série B en France, évalué comme "Diplôme d'Etudes Collégiales en formation préuniversitaire (DEC), domaine de formation : sciences humaines".
    - Licence AES en France, évaluée comme "Baccalauréat, domaine de formation : sociologie".
    Mon diplôme d'éducateur spécialisé n'a pas été retenu. »


    Mars 2014 : Joies et doutes.
    Cette période voit le premier grand tournant de notre processus ! Voilà comment nous en parlions :
    « 21 mars 2014 : Pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Il faut croire à cet adage puisque nous avons reçu nos CSQ, par une belle enveloppe dans la boite. Nous sommes abasourdis et allons devoir, mon épouse et moi, prendre le temps de discuter...
    Enfin voilà, dossier CSQ envoyé en décembre 2012, retourné en mars 2013 pour documents manquants. Renvoyé en mars 2013. En janvier 2014, nous avons reçu un courrier demandant des compléments d'infos. Le CSQ a été accordé, en date du 11 mars 2014 et porte la mention "dossier visé par traitement prioritaire - domaine de formation".

    Les réflexions sont allées bon train. Les méninges ont chauffé !!! Partant du principe qu'il faut saisir les chances qui se présentent à nous et qu'il vaut mieux avoir des remords que des regrets, l'aventure va donc continuer pour nous, non sans certaines craintes et appréhensions, bien normales... A l'heure où j'écris ces quelques lignes, je ne suis pas bien sûr de ce qu'elles représenteront dans les semaines à venir. A chaque jour suffit sa peine. Demain apportera son lot de réponses, et de nouvelles questions... Comme quoi les décisions les plus importantes, se prennent parfois en peu de temps...
    Malgré cela, difficile de se replonger dans un projet que nous avons mis en veille, histoire de rendre l'attente plus supportable. Et, en même temps, nous réalisons la chance qui est la nôtre d'avoir été sélectionnés par le Québec. Nous nous disons "c'est bon. Le Québec veut bien de nous. Il nous envoie un message d'espoir qui nous dit que nous pourrons trouver du travail là-bas et, ainsi, subvenir à nos besoins." On se rassure comme on peut.
    Depuis le dépôt de notre DCSQ, nous avons vécu au jour le jour, tâchant de nous centrer sur le présent, sans présager de ce que serait l'avenir. Nous nous sommes dit qu'il fallait prendre la vie comme elle vient et profiter de chaque instant. Du coup, ce projet d'immigration a peu à peu laissé la place à un projet de pérennisation de notre situation en France et nous nous sommes tournés vers de nouvelles situations professionnelles et de possibles démarches d'acquisition d'une maison dans notre région. On se disait "mieux vaut avoir plusieurs projets et devoir, au final, faire un choix, que de tout miser sur une seule chose, au risque qu'elle ne se réalise pas".
    Alors voilà, prenant toujours la vie comme elle vient, et décidant de happer les opportunités au vol, s'est donc posé, il y a quelques jours avec l'obtention du CSQ, la question de ce choix délicat : partir ou rester ? Au final, malgré mes réserves (qui contrebalancent avec l'enthousiasme de toujours de mon épouse) nous sommes parvenus à faire ce choix de tenter l'aventure. Ma douce m'a convaincu de me lancer en me disant, très justement, qu'il vaut mieux tenter l'expérience, au risque d'échouer, que d'avoir le regret de ne l'avoir jamais osée.
    Malgré tout, je ressens le besoin de digérer ce choix, de me l'approprier... de l'accepter et de prendre la mesure des difficultés qui vont se présenter à nous dans les prochains mois. Les craintes liées à une nouvelle adaptation de style de vie et de culture sont réelles. Aurais-je la force de devoir me vendre sur le marché du travail, alors que mon expérience professionnelle de plus de 20 ans me permet d'envisager l'avenir plus sereinement au sein de mon administration (je suis titulaire au ministère de la Justice) ? Certes, la demande de dispo que je ferai nous assure un repli en cas d'échec de notre aventure. C'est un point très important. Mais, malgré tout, l'idée de devoir plier les gaules et de se lancer dans un nouveau déménagement à l'autre bout du monde (après celui que nous avons fait il y a 9 ans à la Réunion) m'avait, au fil des mois, quitté. Je me projetais plus vers un apaisement et une volonté de me tourner vers d'autres priorités de vie. Du coup, l'arrivée du CSQ vient tout bouleverser et, en quelques jours, en quelques heures, nous avons pris une décision que je n'aurai même pas imaginé prendre il y a une semaine ! Comme la vie est étrange, parfois.
    Au final, nous voilà plongés dans ces démarches en vue de l'obtention du fédéral, avec un départ prévu pour l'été 2015 (l'été 2014 semblant trop court au regard des délais d'obtention de la RP). J'espère que les enfants accepteront notre choix et qu'ils ne nous le reprocheront pas. Eux qui, à 11 et 8 ans, nous ont fait comprendre qu'ils ne souhaitaient pas bouger de là où nous sommes. Je me dis qu'on s'adapte à tout dans la vie et qu'ils sauront aussi s'adapter à cela. Pour me rassurer ? Sûrement.

    Le dossier fédéral se monte pas à pas. Nous commençons à réaliser ce vers quoi nous nous embarquons, et c'est plutôt....disons... grisant ! Nous devons procéder au renouvellement des passeports des enfants. Pour ce faire, nous devons prendre rendez-vous avec la mairie de notre domicile, afin de pouvoir nous y rendre avec les cocos pour déposer le dossier. Pas de rendez-vous avant la mi mai 2014. Ce qui veut dire que les passeports ne seront pas édités avant fin mai-début juin. Le dossier fédéral s'en trouve d'autant décalé et ne sera, selon toute probabilité, pas déposé avant juin 2014. Pour un départ prévu à l'été 2015, nous espérons que les délais seront suffisants. »


    Avril et mai 2014 : Le fédéral se monte !
    Une fois passées les émotions dues à l’obtention du CSQ, nous nous tournons vers le fédéral. Voilà comment nous traversions cette période :
    « Après nous être penchés de manière plus sérieuse sur nos évaluations comparatives des études (CSQ et recherches de travail obligent), nous avons appelés le BIQ pour savoir pourquoi l'un de nos diplôme (CAFDES pour ma femme et DEES pour moi) n'avaient pas été évalués. L'agent du BIQ nous indique qu'il nous reste encore un mois (délais de 6 mois après réception pour faire un recours) pour demander la révision de notre évaluation comparative.
    Du coup, dossier bouclé ce soir. Départ dès demain.
    Notre dossier fédéral est, lui aussi, enfin bouclé. Finalement, il s'est avéré bien moins fastidieux que la DCSQ ! Tant mieux ! L'ensemble partira par la poste. Nous sommes heureux. Cette aventure se prolonge. Une nouvelle attente débute.

    Nous avons reçu la réponse concernant notre demande de révision de l'évaluation comparative (le CAFDES de mon épouse et mon DEES n'avaient pas été évalués). Me concernant, ils me demandent un relevé de notes. J'ai fait une copie certifiée conforme de ce que j'avais. Concernant mon épouse, le CAFDES a été évalué et reçoit une équivalence "Maîtrise en administration". Nous devons renvoyer l'ancienne évaluation comparative la concernant et garder la nouvelle. Finalement, ça a été relativement vite. »


    Juillet et août 2014 : Sauts de puce.
    « AR de Sydney reçu par mail. Tout est OK pour eux (documents, paiement). Notre dossier rejoint la file d'attente. Ca suit son cours....
    J'ai plein de projets en tête, notamment sur le plan professionnel et j'avoue ne pas trop me soucier de l'avancée de notre dossier (c'est tant mieux d'ailleurs). Je me dis que ce qui doit se faire se fera... ou pas. On verra bien. Du coup, je ne suis plus accroché à mes mails ou à ma boite aux lettres. Je prends chaque nouvelle comme elle vient !
    Ma nouvelle évaluation comparative des études est arrivée. Sur la précédente, mon diplôme d'éducateur spécialisé n'avait pas été évalué. Après réclamation de ma part, c'est chose faite puisqu'il est évalué à un niveau DEC (Diplôme d'Etudes Collégiales) en techniques d'éducation spécialisée, comme je l'espérais. Comme quoi, il faut toujours s'accrocher ! »


    Octobre 2014 : Un petit tour chez le docteur…
    Cette période nous rapproche de notre objectif. L’IVM et la visite médicale sont au programme. On reprend espoir de partir dans les mois qui viennent :
    « L’IVM est arrivée, accompagnée de documents complémentaires à fournir concernant notre parcours professionnel (rien d'insurmontable) et demande de paiement des frais de RP. Ça avance...
    Nous passons la visite médicale.
    Première étape : la visite médicale.
    Tout à commencé à l'hôpital britannique de Levallois-Perret.
    Rendez-vous fixé à 13h45. Pas de retard dans les consultations. Impec !
    Le médecin nous reçoit à 4 (les enfants, mon épouse et moi). Pas mal de paperasses à remplir. Ca va être long ! Mais bon, lorsqu'on immigre, la patience, on connaît ! Nous devons présenter les convocations reçues avec l'IVM ! Obligatoires ! Il n'était donc pas question de prendre rdv sans avoir reçu l'IVM ! Même topo pour tout le monde : prise de photo, présentation des passeports (nous n'avions pas ceux des enfants, mais la carte d'identité a suffit), test urinaire, test de vision, mesures (taille, poids), prise de tension, examen physique léger. Une formalité ! Les garçons ont le droit à une palpation des testicules. Je ne sais pas trop à quoi ça sert. Mais bon, lorsqu'on immigre, on fait ce qu'on nous demande de faire ! Quelques renseignements succincts concernant des maladies passées ou des antécédents familiaux particuliers. Rien de plus. Nous signons quelques autorisations de transmissions d'infos médicales nous concernant et nous signons le chèque : 500 euros pour nous 4. Ca pique... Mais bon, lorsqu'on immigre, les dépenses en tout genre, on connaît ! 01h30 de visite médicale. Nous sortons.
    Deuxième étape : prise de sang.
    Seuls mon épouse et moi sommes concernés. Les enfants de moins de 15 ans échappent à la piqure. Objectif de la prise de sang : dépistage du VIH et de la syphilis. Le tout prend moins de 15 minutes. Le laboratoire est désigné par le médecin. On signe le chèque : 50 euros. Ca pique moins...
    Troisième étape : les radios de poumons.
    Direction un cabinet de radiologie, lui aussi désigné par le médecin.
    Sommes concernés, ma fille de 11 ans, mon épouse et moi. Clichés thoraciques de face et de profil, en vue de détecter toute trace de tuberculose. L'opération prend 30 minutes. Méga rapide. Pas d'attente. On signe un dernier chèque de 150 euros. Ca repique un peu.
    En à peine 3 heures, tout a été bouclé ! Les résultats seront communiqués au médecin et transmis de suite au CIC dans la semaine. Bilan de la journée : 700 euros ! Une fortune ! Mais bon, quand on immigre, on sait qu'on y laisse des sous. Une VM rondement menée, à peine deux jours après avoir reçu l'IVM. La chance à joué pour nous. Nous y voyons le signe de la fin proche de notre démarche.
    Restent les frais de RP à payer et un ou deux compléments d'info à apporter concernant mon parcours professionnel. Une broutille.
    Prochaine étape : la brune ! On y croit !!!!

    Frais de RP payés ! Et voilà, c'était la dernière étape. Les frais de RP sont payés (980 Dollars) et les documents complémentaires ont été envoyés à CIC. Dernière étape d'un long, très long processus qui, nous l'espérons, aura une issue favorable. Les dés sont lancés ! Yapuka ! Ca va nous manquer tout cette paperasse là ! »


    Janvier 2015 : Soulagement et inquiétudes!
    « DECISION PRISE !!!!!!!! Ouais, ouais, ouais !!!On a (encore plus) hâte !!!!!! Le 24 janvier 2015, les CRP arrivent à la maison !! Ca y est, nous y sommes !
    « Une semaine et demi après la CRP et... un peu de stress, de doutes (encore ?) et de trouille (tout plein)... Pas le temps de vraiment se poser à cause d'un travail très prenant, qui me voit rentrer claqué et peu réceptif le soir. Mon épouse, actuellement sans travail, bosse pour deux autour de notre installation future et, du coup, je peine à m'impliquer comme j'avais pu le faire lors de notre retour de la Réunion, voilà 3 ans. Période de doute donc où se bousculent pleins de questions autour du pourquoi ? Du comment ? Du où ?
    De la crainte également de devoir plier à nouveau les gaules, de quitter une situation installée pour partir vers un grand inconnu.
    La CRP n'est pas toujours signe d'une grande délivrance. Chez moi, elle suscite plein de craintes. Nous ne savons pour l'heure pas quand nous partirons, juillet ou août, où nous nous installerons, Montréal, Québec ou Trois Rivières, s'il faut trouver la job d'abord et s'installer où elle sera ou bien s'installer quelque part et trouver la job ensuite. Par ricochet, se pose la question des billets d'avion : quelle destination ? Se pose la question de l'école et du collège pour les enfants. Celle de la venue du chien. Bref, un peu le bordel dans ma tête au moment où de grandes décisions doivent se prendre. C'est dingue de se dire qu'à quelques semaines du départ rien n'est encore vraiment fixé... J'ai du mal à m'y mettre, vraiment. Comme si j'avais attendu cette CRP pendant deux ans en me disant qu'elle aurait pu ne jamais arriver et être pris au dépourvu lorsqu'elle est là.
    La nouvelle annoncée à l'entourage et aux collègues nous pousse à agir un peu plus.
    J'espère trouver la sérénité de penser à tout cela calmement lors de ma prochaine semaine de vacances...Je pense que le tumulte actuel de nos vies ne nous permet pas de nous pencher de manière totalement concentrée sur ce projet. Je compte sur les prochaines vacances pour y voir plus clair ! »


    Février et avril 2015 : Du nouveau.
    « Des avancées dans notre projet de départ puisque nous avons trouvé une pension pour accueillir notre compagnon à 4 pattes à notre arrivée à Québec. Du coup, nous voyagerons avec Air Transat qui offre un forfait à 275 dollars pour lui, qui pourra ainsi voyager avec nous. Nous avons donc abandonné notre projet de partir sans lui et de le faire venir seul plus tard. Il partira avec nous et sera en garderie quelques semaines sur Québec, le temps que nous trouvions un logement susceptible de l'accueillir. Les billets seront pris d'ici 15 jours.
    Ça avance !!
    Les billets d’avion sont en poche ! Nous partons le 23 juillet pour Québec !!! »


    Mai 2015 : un toit au-dessus de la tête.
    « Nous avons trouvé un logement !!!!
    Appartement de deux chambres, situé dans le quartier Montcalm à Québec. Ecoles et tous services à proximité. Transports également. Pas besoin de voiture pour commencer. Appartement entièrement meublé et équipé (de la laveuse aux petites cuillères, en passant par la vaisselle et l'aspirateur). Rien à emmener ni a racheter. Juste les valises à poser pour un an.
    Le propriétaire, un homme charmant, nous accepte même sans emploi car nos secteurs d'activité sont porteurs. De plus, il accepte notre chien ce qui, au regard des difficultés pour trouver un logement acceptant les toutous, nous a fait basculer. 1200 Dollars par moi, hors électricité, ce qui portera la facture globale à 1350 dollars environ. Nous sommes aux anges. C'est un vrai poids en moins !
    Nous avons déjà un pied là-bas ! »


    La suite dans le livre 2...
  23. J'aime
    B@bouk a reçu une réaction de immigrer.com pour un billet, Notre projet d'immigration de A à Z... (livre 2)   
    Juillet 2015 : Le grand départ.
    Ce mois a été marqué par notre départ pour Québec. Derniers coups de collier avant de partir, dernières mises au point, dernière craintes. Voilà comment nous les avions traduits :
    "Ca yest, les inscriptions scolaires des enfants sont faites ! Notre grande entrera en 1ère année du secondaire et notre fils en 5ème année de primaire, à Québec. C'est un soulagement et le signe que notre projet continue d'avancer.
    Côté déménagement, les choses avancent même si nous courons encore après la date définitive d'enlèvement de nos cartons, prévue aux alentours du 16 juillet... Nous relançons le déménageur ces jours-ci. Les voitures sont quasiment vendues. Nous sommes rassurés."
    Quelques jours plus tard, "la date de déménagement est quasiment fixée : entre le 15 et le 17 juillet 2015. Toute la liste de nos effets doit être bouclée ce week-end afin que le déménageur puisse évaluer la taille du camion à nous envoyer.
    On avance (enfin, j'espère !...)"
    Et enfin, "Les déménageurs passent aujourd'hui !Nous sommes prêts pour le grand saut ! Dans une semaine, nous décollons.... Que le temps passe !!!"

    Pour prolonger notre expérience québecoise et faire partager nos rencontres et découvertes, nous avons décidé de créer une page Facebook : "Québec paradis", avec pour objectif de retracer nos aventures par le biais d'une photo par jour !
    En voici le lien : https://www.facebook...796769593774015

    Fin juillet, nous vivions les derniers instants sur le sol français :
    "Visite médicale obligatoire passée par notre toutou hier au soir. Il est autorisé à voyager avec nous et poursuit donc cette aventure ! Décollage demain. Derniers rangements. Derniers coups de balais. Etat des lieux de la maison cet après midi."

    Nous livrions nos pérégrinations quelques jours plus tard :
    " Après avoir retrouvé internet, voici le récit de nos dernières heures en France et de nos premières heures au Québec !

    Quelques heures avant le départ. Dernier coup de collier pour tout boucler. L’état des lieux de la maison s’est déroulé sans encombre. On part manger à l’extérieur. Au retour, énorme orage, pluie diluvienne, nos serviettes de toilette et la caisse de transport du chien, laissée dehors, sont trempées. Plus rien pour prendre la douche. Le coussin de transport du toutou est fichu… Pas grave, on se débrouille. Deux serviettes retrouvées dans un coin feront l’affaire pour nous et les duvets de notre dernière nuit feront office de coussin pour la cage du chien. On s’endort. Epuisés.

    Jour J. Nous sommes levés tôt. Le temps de sortir les affaires et de vider la maison (le propriétaire, malgré l’état des lieux de la veille, nous a autorisés à dormir cette dernière nuit dans la maison. Merci !) et des amis arrivent pour nous accompagner à l’aéroport. On charge les voitures et on part. Nous sommes émus.
    L’arrivée à l’aéroport se passe très bien. La caisse du chien est extrêmement volumineuse, ce qui nous permet de passer devant tout le monde pour enregistrer les bagages et de découvrir les dédales de l’aéroport de Lyon avec notre encombrant compagnon. Nous le laissons à proximité des pistes, au poste de gendarmerie, là où les objets très volumineux peuvent embarquer. Dernier au revoir au toutou. Il part.
    Nous rejoignons la salle d’embarquement, après les au revoir difficiles avec nos amis. L’avion a un peu de retard, mais rien de grave. Nous y sommes presque ! Nous embarquons finalement, pour décoller quelques minutes plus tard. C’est parti ! Le vol se passe sans aucun problème. Nous trouvons le service d’Air Transat très satisfaisant.
    Arrivée à Montréal, sept heures quarante plus tard. Nous sommes ravis. Le passage en douane est une formalité. Quelques questions sur le pourquoi de notre immigration, présentation des passeports, l’agent nous demande de la suivre… Elle nous accompagne jusqu’aux services de l’immigration. « Bienvenue au Canada », nous lance-t-elle avant de repartir. Emotion.
    Dans la salle du bureau d’immigration, nous sommes les seconds. Au bout de quelques minutes, on appelle notre numéro. L’agent des services d’immigration canadienne vérifie nos documents, CRP, CSQ, B4, passeports, et nos coordonnées à Québec. Quelques photocopies et quelques signatures plus tard (à peine 15 minutes), elle nous souhaite elle aussi une bonne arrivée au Canada et nous indique que nos cartes de résidents permanents arriveront d’ci deux mois à notre domicile. Génial !
    Nous passons ensuite au guichet des services d’immigration du Québec. Vérifications de nos CSQ, de nos passeports. Vu que nous pouvons fournir les documents attestant que nous avons suivis les modules du SIEL (Service d’Intégration En Ligne), nous sommes dispensés des rendez-vous d’information auprès des services d’immigration et d’intégration. En 15 minutes à peine, l’affaire est bouclée ! « Bonne installation au Québec, et bonne chance ! ». Ca y est, nous y sommes !!!
    Nous partons récupérer nos bagages et notre chien qui, contre toute espérance, s’est montré détendu et calme en nous attendant. Il patiente sagement dans sa cage, suscitant la curiosité de plein de personnes lorsque nous nous déplaçons avec lui. Le spray hormonal apaisant délivré par notre vétérinaire y est sans doute pour quelque chose. Il nous
    a facilité la vie, à lui et à nous !!! Second passage auprès des douanes car nous voyageons avec un animal. Nous galérons à nous déplacer avec la cage, qui ne tient pas sur un chariot. Le douanier vérifie le carnet de santé de notre animal. Rien à signaler. « Normalement, cette visite est payante, mais vu que vous venez pour la première fois, ça ira. ». Il n’est pas trop gentil ce douanier ?!!! Super ! On s’en va, non sans l’avoir expressément remercié. Nous quittons l’aéroport, une heure trente après avoir quitté l’avion. Tout est donc allé très vite pour nous.

    Cueillette de la voiture de location et départ pour Montréal chez des amis qui nous prêtent très gentiment leur maison pour la nuit alors qu’ils sont en vacances en France. Vraiment tip top, nos amis ! On récupère les clefs chez des voisins et on se pose. Enfin ! Après quelques courses et un léger repas vite avalé, nous nous effondrons sur nos lits. Epuisés. Depuis que nous nous sommes levés le matin, 21 heures se sont écoulées.
    03 heures du matin, nous sommes réveillés. Décalage horaire oblige, nous ne dormons plus. On parle, on discute, on échange des émotions. C’est un moment étrange. Décalé.

    Au petit matin, nous partons pour Québec. Nous redécouvrons les paysages qui nous ont tant plus voilà trois ans, lors de notre voyage ici. Nous arrivons à la pension où notre chien va séjourner quelques jours, le temps que nous nous posions et que nous prenions nos repères. Dur de le quitter…
    Nous arrivons à Québec, nous mangeons un bout sur place et filons à notre appartement où notre propriétaire nous attend. Visite des lieux. Nous sommes ravis. Notre propriétaire, un monsieur en retraite, prend gentiment le temps de nous accompagner à pieds pour une visite du quartier. Boutiques, restaurants, bonnes adresses, écoles, il nous montre tout, avant de m’accompagner en voiture à l’autre bout de la ville pour que je puisse y rendre notre véhicule de location. Il me ramène jusqu’à l’appartement en me faisant visiter la ville pour me montrer quelques points de repères. Avant de me laisser, il me tend un paquet contenant une bouteille de vin. « Tenez, c’est pour vous. Bienvenue au Québec. »
    Elle n’est pas belle la vie ? Ca y est, nous sommes chez nous !

    Lundi, les démarches NAS et RAMQ sont faites, ainsi que l’ouverture du compte Desjardin et réception de nos cartes de débit. Pour le NAS, 10 minutes ont suffit. Il n’y avait personne devant nous. Pour la RAMQ, 45 minutes ont permis de tout boucler. Ici encore, personne devant nous. Le top !
    Depuis ces derniers jours, nous nous consacrons essentiellement au grand nettoyage de notre appartement que les précédents locataires ont laissé dans un état lamentable. On se refait peu à peu un petit nid. On visite, on sort, on découvre. Il y a comme un air de vacances dans l’air… On profite doucement !"


    Août 2015 : transition(s)
    Les démarches administratives et les recherches d'emploi battent leur plein. Peu de temps pour savourer.
    "Réception ce jour de nos 4 cartes d'assurance maladie. 10 jours entre le dépôt du dossier à la RAMQ et la réception des cartes. Efficace !
    A compter de lundi prochain, nous allons intégrer un programme d'aide à la recherche d'emploi d'une durée de trois semaines, nous donnant accès à toutes les techniques québécoises de recherche d'emploi, et notamment le moyen d'accéder au marché caché du travail. Nous espérons pouvoir optimiser nos chances de retrouver rapidement une job.

    Les enfants sont inscrits en camp de jour, où ils sont depuis déjà 2 semaines, histoire de s'immerger parmi un groupe d'enfant de leurs âges. C'est vraiment pas mal car ils se familiarisent avec les pratiques québecoises. Du coup, ils prennent le bus tous seuls (ils ont 10 et 12 ans). Ils pourraient rester seuls à la maison la dernière semaine d'août. Nous ne savons pas encore. Ca fait beaucoup de changement. Nous qui hésitions à les lâcher chez nous, petit village de campagne de 800 habitants, voilà que nous les laissons prendre seuls le bus dans une métropole qui en compte 500 000 ! Mais bon, le côté sécuritaire de la ville y est pour beaucoup. On s'y sent vraiment bien."

    Fin août, "réception de nos permis de conduire. Super !! Le container arrive à Montréal, après 4 semaines de voyage. Correct. Ca frétille au niveau du boulot. Quelques touches qui donnent espoir.
    Opération dédouanement. 6h de route. 2h30 sur place. 32 guichets potentiels. 3 d'ouverts. Le fun ! Mais bon tout est en ordre. On ne va pas trop se plaindre."

    Et puis, le bonheur ! "Job de 3 mois décrochée en tant qu'éducateur en Cegep. Le fun ! On souffle."


    Septembre 2015 : les bonnes nouvelles s'enchainent.
    " Mon épouse vient de décrocher sa job ! Travail permanent à temps plein à deux pas de la maison. Et voilà, nous sommes rendus à un très bon état de notre projet. Nous soufflons enfin."


    Octobre 2015 : fin du processus.
    " 3 de nos cartes de résidents permanents sont arrivées. La 4 ème ne devrait pas tarder. Ça y est, nous touchons à la fin de notre processus. Nous sommes résidents permanents du Canada !!! Le fun !"

    Au milieu du marasme du quotidien, nous prenons le temps de mesurer les avancées faites depuis trois ans. C'est dingue. Notre rêve est devenu réalité. A nous de le mener plus loin. Encore. Toujours.

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    B@bouk a reçu une réaction de riuk pour un billet, Notre projet d'immigration, de A à Z... (livre 1)   
    Notre projet d’immigration, de A à Z…
    Voilà le titre de topic qui m’est venu à l’esprit lorsque nous avons débuté nos réflexions autour de notre éventuel départ pour le Québec.
    Histoire de rassembler un peu les démarches, les émotions et sentiments (« impressions du jour », ou « info du soir ») que nous avons éprouvés durant plus de deux ans (bientôt trois), voici donc présenté le cheminement qui a été le nôtre jusqu’à aujourd’hui, histoire de partager ces moments de vie avec vous tous.


    Août 2012 : Lancement du projet
    Cette date a marqué le début des choses concrètes pour nous. Voici comment je les évoquais à l’époque :
    « Salut à toutes et tous. J'espère poster ce petit récit au bon endroit. Je propose de retracer, dans ce topic, l'ensemble des démarches liées à notre projet d'immigration au Québec, afin de vous faire partager nos questionnements, nos doutes, nos avancées et nos espoirs.
    Petite présentation pour commencer. Je m'appelle Nicolas, je suis âgé de 40 ans et travaille comme éducateur à la Protection Judiciaire de la Jeunesse depuis bientôt 11 ans. Mon épouse est âgée de 38 ans et travaille comme responsable dans un établissement médico-social. Nous avons une petite fille âgée de 10 ans et un garçon âgé de 07 ans. Sans oublier notre "petit" toutou (presque 50 kilos), qui nous suit partout depuis bientôt 07 ans. L'expatriation est quelque chose de connu chez nous puisque nous sommes partis vivre sur l'île de la Réunion pendant plus de 06 ans. Partir loin de chez soi, nous connaissons. Ce qui fait que ce départ futur pour le Québec est déjà écrémé de quelques appréhensions et inquiétudes.
    Commençons par le commencement en vous faisant part de nos premières démarches. Après avoir parcouru ce forum, et tant d'autres, après avoir étudié les nombreux sites officiels liés à l'immigration au Québec, après avoir lu de nombreux ouvrages sur ce sujet et après être partis visiter cette belle province pendant près de 3 semaines, nous avons décidé de concrétiser ce projet qui nous trottait dans la tête depuis plusieurs années : nous installer au Québec. Aujourd'hui, ce long processus n'en est qu'à ses balbutiements. La phase de prospection s'achève tout juste. Les premières démarches vont débuter.

    Etape 1 : Demande d'évaluation comparative des diplômes
    Parcours scolaire de mon épouse : Maîtrise en Administration Economique et Sociale (AES) et obtention du CAFDES (Certificat d'Aptitude aux Fonctions de Directeur d'Etablissement Social et médico-social)
    Mon parcours : Licence AES et obtention du DEES (Diplômes d'Etat d'Educateur Spécialisé)
    Nous achevons d'effectuer l'ensemble des copies certifiées conformes de nos diplômes et de nos relevés de notes. Non sans mal puisque nous nous heurtons déjà à quelques complications purement administratives. Je n'ai, en effet, jamais réclamé mes diplômes de DEUG et de Licence et, après bientôt 18 années, je me mets en quête de les récupérer auprès de mes anciennes universités...Après de nombreux contacts téléphoniques et mails sans résultats, j'ai enfin obtenu un retour positif de la fac concernant mon diplôme du DEUG. Les pièces nécessaires à la délivrance sont parties aujourd'hui. D'ici un mois, tout devrait arriver à la maison. Comme quoi, il ne faut jamais désespérer. J'ai fais de même pour la seconde université auprès de laquelle j'ai obtenu ma licence.
    La demande d'évaluation comparative est remplie et prête à parti au MICC. Nous avons opté pour faire évaluer tous nos diplômes. Les copies certifiées conformes sont faites, non sans avoir dû amadouer la préposée de l'état civil de la mairie du coin qui a du me maudire avec ma liasse de paperasse à faire certifier et qui me réclamait un courrier du Québec justifiant l'obtention de copies certifiées conformes (ben voyons... On en a tous un sur nous, hein !). La p'tite dame m'a également réclamé la pièce d'identité de ma femme, en me disant que c'était obligatoire pour pouvoir faire certifier ses diplômes (pas utile du tout). Elle m'a même demandé si j'habitais bien la commune (rien avoir avec la choucroute). Bref, elle n’avait pas envie de me faire ces fichus certificats. J'ai donc pris mon plus beau sourire et, après quelques explications transmises avec humour histoire de décoincer l'atmosphère, j'ai pu obtenir les précieux documents, que j'ai fait faire en deux exemplaires, histoire d'éviter d'avoir à y retourner en cas de problème. Je suis arrivé à 11h15 à la mairie avec deux personnes derrière moi. J'en suis reparti à 11h50 avec 12 qui attendaient et des bureaux qui fermaient à midi... Départ sur la pointe des pieds obligatoire.
    Le dossier est donc complet, hormis les originaux des diplômes du DEUG et de la Licence me concernant que je vais patiemment attendre. Du coup, l'envoi de la DCS est reporté d'autant, mais j'aurai l'esprit tranquille de savoir que toutes les pièces sont présentes dans notre dossier.

    Etape 2 : Passation du TCFQ
    Premiers contacts pris dans notre coin (Lyon et Annecy). Pour info, Annecy, bien qu'inscrit dans la liste des centres agréés, ne fait pas passer le TCFQ. Nous contactons Lyon cette semaine et tentons d'obtenir un rendez-vous proche.
    Voilà, vous savez tout sur l'état d'avancement de notre projet.
    Nous vous tiendrons régulièrement informés de nos démarches, histoire de partager avec vous un morceau de cette passionnante aventure.

    Question installation, nous serions plutôt attirés par la ville de Québec, mais je crois surtout que nous nous établirons là où nous trouverons un emploi et un logement.
    Concernant les contacts pros, j'ai fait une première démarche auprès du centre de la jeunesse de Québec (il y en a aussi à Montréal). Ils ont vocation à prendre en charge des mineurs relevant, chez nous, de l'article 375 et de l'ordonnance de 45. Ils demandent un document d'équivalence de diplôme avant d'envisager tout contact plus sérieux.
    Concernant cette équivalence, je pense qu'avec un DEES on peut obtenir le diplôme de technicien en éducation spécialisée. Avec le CAFDES de mon épouse, je ne sais pas trop à quel type d'équivalence nous pourrons avoir droit. Ce sera la surprise.
    Même si l'étude comparative n'est pas un préalable à la DCS, nous l'entamons donc quand même, histoire de prendre un peu d'avance dans nos futures démarches d'emploi.
    Concernant les métiers du social, il n'y a pas d'ordre professionnel (d'après les infos que j'ai pu trouver sur le sujet). »
    La réunion d'information était confirmée pour le 11 septembre 2012 à Paris, porte de la Villette. Le 31 août 2012, les informations relatives au TCFQ étaient plus précises :
    Date de passage fixée au 18 octobre 2012
    Centre de passage : Ecole Suisse de Langues, 06 quai Jules Courmont, 69002 LYON
    Tarif : 65 Euros par personne


    Septembre 2012 : Premières démarches, premières impressions
    Au programme du mois ; réception des diplômes, participation à la réunion d’information, envoi de la demande d’évaluation comparative des études, étude du dossier DCSQ.
    Voilà comment nous abordions ces différents évènements :
    « Réception ce jour de mon diplôme de licence, passée voilà 12 ans et que je n'avais jamais réclamé !!! Merci l'université d'Evry pour la rapidité. Moins d'une semaine, en pleine période de vacances. Je dis bravo ! Réception de mon diplôme de DEUG, après une attente de 03 semaines. Merci la fac !!!
    Nous ne nous sommes pas donné de date pour envoyer notre dossier. Avec mon épouse et nos enfants, nous savons que ce projet est lancé et qu'il se réalisera. Nos lectures sur la toile et dans les bouquins nous ont montré le côté variable des délais de procédure. Nous savons juste que nous aimerions le voir coïncider avec une rentrée scolaire, histoire de ne pas trop perturber nos enfants. Nous essayons donc de rassembler les éléments de ce vaste puzzle dans l'ordre qui nous semble adapté (récupération des diplômes, tests, attente des résultats) et tentons de n'en oublier aucun afin de mettre le plus de chances de notre côté.
    Nous ne mettons pas non plus tous nos espoirs dans ce dossier et gardons, dans un coin de notre tête, l'idée qu'il puisse aussi ne pas marcher... Nous ne voulons pas nous sentir prisonniers de cet unique projet, même s'il demeure la réalisation centrale de notre vie future. Nous ne voulons pas subir les attentes trop longues, et les espoirs déçus. Nous poursuivons donc notre vie actuelle et rassemblons les éléments utiles. Je pense que la réception de mon DEUG et les résultats du TCFQ nous permettrons d'envoyer notre DCS. Quand ? Nous ne le savons pas encore. Cette part d'aléatoire nous plait et nous motive.
    Retour sur expérience de la réunion d'information organisée par le BIQ : rien de nouveau sous le soleil : beaucoup d'infos, plutôt destinées à un public en phase de prospection et qui manque encore d'éléments. Pour notre part, cela a permis de conforter notre désir de poursuivre l'aventure. C'est déjà pas mal ! Lors de la réunion d'information, il a été précisé que peu importaient le titre exact des diplômes, mais que c'était le nombre d'année qu'ils sanctionnaient qui était pris en compte.
    Envoi de la demande d'évaluation comparative des études. Nous espérons un retour rapide.

    Nous nous attaquons maintenant à la demande de CSQ proprement dite et tâchons de rassembler tous les documents nécessaires. D'ici le 18 octobre, date de notre TCFQ, nous allons avoir de quoi faire ! Nous nous fixons le mois de septembre 2014 pour poser les pieds sur le sol québécois, pour faire coïncider notre arrivée avec la rentrée scolaire des enfants (septembre 2013 nous semble utopique). De ce que nous lisons de droite et de gauche, ce délai nous parait raisonnable. Lors de la réunion d'info, on nous a fait comprendre qu'il fallait tabler sur une moyenne de 18 mois au total. Patience, oui. Patience. Je crois que c'est le mot d'ordre. Je pense aussi qu'il faut s'aménager d'autres projets et ne pas tout miser sur celui du Québec pour, tout d'abord, éviter des déceptions éventuelles (même si ce projet est relativement préparé) et pour, en second plan, continuer à vivre au quotidien sans être en permanence rivé sur sa boite aux lettres.
    Nous nous sommes penchés de manière beaucoup plus précise sur la demande de CSQ et le moins qu'on puisse dire c'est que son renseignement est assez fastidieux. Les domaines de formation nous posent toujours problème car nous ne savons pas si nos diplômes sont à faire rentrer dans la catégorie "diplômes étrangers" ou "diplômes du Québec ou équivalents". Nous avons opté pour la seconde solution.
    Plusieurs démarches sont nécessaires, surtout concernant les actes de naissances et de mariage.
    Nous avons donc engagé plusieurs démarches, histoire d'être fins prêts lorsque les résultats du TCFQ nous seront adressés. »


    Octobre 2012 : Le nez dedans…
    PréparatIfs du TCFQ au programme du mois. Des hauts et des bas. Voici nos réflexions d’alors :
    « Un peu de morosité ce soir suite au renoncement que nous avons opéré concernant un poste proposé à mon épouse, mais qui ne correspondait pas avec notre projet, à terme, d'immigration. Nous mesurons pleinement les sacrifices et les renoncements induits par un tel processus. Pas simple d'y être confrontés. Notre détermination reste cependant intacte.
    Ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort, non ?
    Concernant le TCFQ, nous nous entraînons sur le site de RFI et c'est vrai qu'il faut être dispo et bien concentré !
    En raison des frais engendrés par nos démarches d'immigration j'ai du me résoudre, la mort dans l'âme, à vendre ma moto, histoire de pouvoir financer le CSQ. Un vrai déchirement pour moi, tant j'appréciais de fendre le vent à son bord. Bref, tout ça dans l'optique de pleins d'évènements positifs ! Et, de toute façon, on n'a rien sans rien dans la vie hein ! Et il y a des moments où il faut faire des choix. En voici un.
    Pffff....

    Retour d'expérience sur le TCFQ passé à l'Ecole Suisse de Langues de LYON.
    Nous étions 15 à passer l'épreuve. 30 minutes d'épreuve.
    Nous avions pris soin de venir repérer les lieux quelques heures avant car, à Lyon, croyez moi, c'est vraiment galère pour se garer. Bref, 15 donc à présenter convocation et pièces d'identité. L'évaluatrice nous a expliqué comment allait se dérouler l'épreuve. Impec.
    30 questions avec QCM. Une seule réponse possible par question. Si on se trompe, on peut rectifier.
    Une feuille portant nos nom, prénom et la liste des cases à cocher est fournie. Un livret contenant les réponses possibles par question est également donné. Les questions défilent à un bon rythme. Il faut garder sa concentration. Certaines questions portent sur des images, d'autres sur des extraits audio d'entretiens ou de reportages. La difficulté des réponses va globalement en s'accroissant. Les nuances de réponses sont parfois subtiles. Il est bien de pouvoir jeter un œil rapide aux réponses qui vont être proposées pour la question à venir, histoire de pouvoir fixer son attention sur le thème.
    L'épreuve de compréhension orale passée, vient l'épreuve d'expression orale. 15 minutes.
    Une salle, un examinateur, un micro, un magnétophone (si, si, les vieux trucs à cassettes pour enregistrer notre voix). 6 questions auxquelles il faut répondre, du type "comment s'organise la répartition des tâches ménagères à la maison ?", "pensez-vous que l'école est un facteur d'intégration ?", "pourquoi voulez-vous immigrer au Québec ?", "vous venez d'arriver dans une nouvelle ville, quelles questions me poseriez-vous pour connaitre les lieux culturels ou sportifs de la ville ?", "quels sont les points pour et contre la mondialisation ?"
    Pas si simple, en fin de compte, surtout l'épreuve de compréhension orale. Il y a 5 ou 6 questions sur lesquelles nous ne sommes pas très sûrs de nos réponses. Nous verrons bien !
    Pour info, nous avions apporté une enveloppe A4 timbrée pour 50g, pour pouvoir recevoir les résultats des tests à la maison.
    Vous pouvez vous entrainer, plus pour savoir à quoi vous attendre que pour acquérir de l'expérience car, quoi qu'il en soit, si on ne comprend pas le sens de la question posée, tous les entrainements du monde n'y ferons rien ! Voilà donc, pour nous. Une étape de plus de franchie !
    Nous attendons les résultats des tests pour envoyer la DCSQ. »


    Novembre 2012 : On continue sur notre lancée !
    Au programme du mois : réception des résultats du TCFQ et constitution du dossier DCSQ.
    « Nous avons eu la confirmation que le diplôme CAFDES de mon épouse ne trouverait pas d'équivalence au Québec. Dommage. Malgré tout, ces contacts nous ont clairement fait comprendre que la demande de travailleurs sociaux était importante au Québec et que, diplôme reconnu ou non, l'expérience suffisait parfois à faire la différence. Nous avons donc bon espoir de trouver notre bonheur côté travail !
    Nous sommes encore en attente de mon attestation de travail, qui transite actuellement par l'île de la Réunion. Nous espérons qu'elle va vite arriver, histoire que, dès réception de nos résultats TCFQ, nous puissions envoyer l'ensemble du dossier DCSQ. Après relance téléphonique, ils m’avaient oublié ! Petite remise au point et tout devrait arriver d'ici peu. Enfin... j'espère. Comme quoi, faut se battre pour tout !
    Les résultats des tests sont bien arrivés dans la boite. Exactement les mêmes scores pour mon épouse et moi-même : Compréhension orale : 599 points. Niveau C1. Expression orale : 20/20. Niveau C2. Ça doit nous faire le max pour les points sur la grille. Waaaouwww ! Une étape de plus de franchie ! Les tests sont valables deux ans. C'est indiqué sur l'attestation.

    Nous nous sommes plongés dans le regroupement des documents utiles à l'envoi de la DCSQ. Nous pensions être au point sur tout, mais quelques détails nous ont échappés (photos d'identité, certaines copies de documents). Il faut donc bien anticiper et prendre le temps de vérifier et revérifier que vous avez bien tout. L'attestation de travail tant attendue est enfin arrivée jusqu'à nous. A noter qu'il nous aura fallu presque trois mois et demi pour rassembler l'ensemble des pièces justificatives. Il est donc important de bien anticiper. Il faut AB-SO-LU-MENT prendre le temps de vérifier encore et encore l'ensemble des pièces du dossier. Cela évite les désagréments de dernière minute. Nous y sommes presque. Nous prenons, malgré nous, du retard. J'ai un peu l'impression que, le moment du dépôt approchant, on réalise un peu mieux ce vers quoi on s'engage. »


    Décembre 2012 : Envois et prélèvements
    Un mois de décembre chargé en émotions puisqu’il correspond à l’envoi de la DCSQ. Pleins d’émotions mêlées que nous retracions ainsi :
    « Le 11 décembre 2012, la DCSQ est envoyée via Chronopost au BIQ de Montréal. Les dés sont lancés. Nous avons un peu de mal à nous dire que notre dossier est enfin parti. Nous n'aurions pas imaginé voici quelques mois que ce jour arriverait si vite, finalement. Nous nous faisions une telle montagne du montage de ce dossier qui, pour peu qu'on y prête temps et attention, n'est pas si complexe que ça. A notre retour estival du Québec, nous nous sommes lancés comme des fous dans ce dossier, en prenant le temps d'en étudier les contours et en posant notre réflexion autour de ses implications. Nous trouvons intéressant le délais qu'il nous a fallu pour le bâtir car, en y regardant bien, ce laps de temps a permis d'élaborer un peu plus notre réflexion, de rendre plus concrètes les représentations que nous pouvions avoir sur ce processus d'immigration, d'accepter les contre temps et les obstacles qui n'ont pas manqué de se mettre sur notre chemin. Immigrer n'est pas un long fleuve tranquille. Et c'est tant mieux. Cela permet de renforcer (ou pas) les espoirs et les attentes que nous pouvons tous placer dans un tel projet.
    Je me suis souvent fait la réflexion que les délais relatifs aux procédures d'immigration au Canada, tout comme les engagements financiers qu'elles imposent, composaient déjà un filtre, une sélection de fait des personnes pouvant être à même de les assumer. Une fois ces obstacles franchis, chacun est alors libre de vivre son rêve comme il l'entend.
    Aujourd'hui, une première étape de ce grand projet de vie est franchie pour nous. Nous y plaçons beaucoup d'espoirs sans toutefois tout miser sur ce seul objectif. Il faut continuer d'avancer, personnellement et professionnellement, en parallèle, afin de ne pas être en permanence rivé sur la petite boite à l'entrée de l'allée et risquer de voir son monde s'écrouler si le projet ne devait, par malheur, pas aboutir. Il faut savoir regarder dans plusieurs directions à la fois et s'aménager des espaces de réussite et de satisfaction autres. Telle est, en tout cas, notre vision de ce projet.
    Notre DCSQ a été livrée le 14 décembre 2012 au BIQ de Montréal.
    Le 16 décembre 2012, le montant l'évaluation comparative a finalement été prélevé en date du 12 décembre. »


    Janvier 2013 : Quand la famille s’en mêle !
    Une fois le flux de la paperasse passé, on se pose, enfin. On réfléchit, beaucoup. Et on se confronte à nos proches…
    « Petit repas de fêtes en famille ce week-end. Au détour d'une conversion portant, entre autres, sur notre projet Canada, la petite question qui tue : Mais au fait, pourquoi vouloir partir au Québec ? Quelles sont vos motivations exactes ?
    Au fond, rien de bien surprenant. Quand on entreprend un projet tel que celui-ci, on s'y attend à un moment où à un autre, de la part de personnes qui nous connaissent peu. Ce qui m'a interloqué ici c'est de ne pas m'être senti compris. J'ai perçu dans cette question une certaine méconnaissance de la part de mes proches de ce que nous étions, de ce que nous voulions, vraiment. Depuis le temps que nous bougeons, que nous échangeons avec notre entourage sur notre mode de vie, sur notre façon de percevoir le monde, autour de notre philosophie quotidienne, je pensais qu'ils nous avaient bien cernés et compris. A croire que non. Soit ils ne nous ont pas compris. Soit nous ne nous sommes pas bien fait comprendre. Peut-être est-ce, d'ailleurs, un peu des deux. C'est étrange comme de petites questions peuvent raisonner ainsi en nous. J'ai eu l'impression de devoir justifier de ce choix de vie qui, pour mon épouse et moi-même, raisonne comme une évidence. J'ai eu l'impression qu'on nous prenait comme les petits jeunots qui partent à l'aventure sans mesurer les conséquences de ce qu'ils allaient pouvoir entreprendre. De n'être pas compris n'est pas ce qui me heurte. De devoir rendre des comptes sur mes choix.
    Alors bon, on peut ne rien avoir à faire de tout cela. On peut s'en sentir blessé. On peut également prendre le temps de poser les choses, de prendre du recul, de réfléchir et de se poser la question de savoir si le bon choix est fait. C'est ce que nous avons fait. Alors, oui. Nous faisons le bon choix. C'est vrai que ça n'est pas toujours simple, même si on est persuadé d'être dans le bon chemin. Pas simple de se sentir si mal compris. Nous ne sommes cependant pas des Caliméro alors on se dit que c'est tant mieux pour celles et ceux qui comprennent le sens de notre démarche et tant pis pour les autres.

    Nous sommes dans une phase d'attente : attente du retour de l'évaluation comparative des études, attente de signes de la part du BIQ concernant notre CSQ. Cette période est étrange car, après l'excitation et l'agitation autour de la préparation et de l'envoi du CSQ, nous nous trouvons dans un temps plus calme de notre processus d'immigration. Nous ne nous projetons pas encore dans la suite des démarches, histoire de ne pas être déçus si le CSQ n'était pas au rendez-vous et, surtout, parce que sans le CSQ, nous ne pouvons pas les poursuivre.
    Attente, donc. Mais pas attente stressée ni fébrile. Nous vaquons à nos occupations, nous nous projetons sur d'autres projets et ne faisons pas le pied de grue à côté de la boite aux lettres (il fait trop froid dehors...) Un moment calme, donc, à appréhender sereinement.
    Je m'étais pourtant promis, superstition oblige, de ne pas aller jeter un oeil sur le volet "fédéral" de notre processus d'immigration tant que je n'avais pas de réponse pour le CSQ. La curiosité aidant, je me suis décidé à aller sur la page dédiée. Pas mal de documents à prévoir pour le fédéral, mais rien d'insurmontable. Après les formalités du CSQ, celles du fédéral ne présentent pas de grosses difficultés. »


    Février et mars 2013 : Questionnements et désillusions
    Cette période troublée a connu de nombreux doutes, des désillusions avec le retour de notre DCSQ et de nouveaux espoirs. Voilà comment nous abordions ces différentes étapes :
    « La vie nous réserve parfois des surprises auxquelles il faut parfois savoir faire face...
    Fâché avec ma mère depuis bientôt un an, j'apprends, voilà une dizaine de jours, que cette dernière est atteinte d'une maladie dont l'issue sera, à terme plus ou moins long, fatale. Pas glop. Voilà de quoi réveiller des craintes et des angoisses tenaces et, surtout, d'apprendre à mettre tous les mauvais moments de côté pour se centrer sur l'essentiel : être auprès d'elle. Ce que j'ai fait en partant quelques jours lui rendre visite. Les choses ont, après de longues heures de discussion, pu se poser et s'apaiser. Voilà cependant de quoi se poser plein de questions concernant notre départ éventuel. Comment pallier à ses besoin si loin d'elle ? Comment gérer cet éloignement ? Comment ne pas ressentir une certaine culpabilité à l'idée de la priver de ses petits enfants durant les années à venir à un moment où elle en aurait vraiment besoin ? Cela va-t-il, doit-il, remettre en cause tout ce projet ? Bref, autant de questions qui sont venues se heurter et auxquelles se sont ajoutés les commentaires et les questions culpabilisantes de la famille chez qui nous étions. Une fois de plus, nous avons eu droit au "vous nous abandonnez", ou encore "vous êtes égoïstes", ou même "vous n'avez pas le droit de nous faire ça"... Autant de choses qui, au regard du contexte, ont fait beaucoup pour nos petites têtes.
    Heureusement pour nous, notre couple est fort. Très fort. Très très fort !! Nous en avons beaucoup parlé, mon épouse et moi-même. Nous nous soutenons. Toujours. Nous allons de l'avant. Toujours plus loin. Nous avons la force et la détermination de montrer, est-ce besoin de le faire, que nous irons au bout de ce projet. Coûte que coûte. Mais, aussi forte que soit cette conviction, je ne peux m'empêcher de me poser et me reposer ces même questions. Sans cesse. Comme pour me convaincre, à chaque fois, que nous allons dans le bon sens.
    Alors oui, un projet comme celui-là doit être mené de façon à pouvoir surmonter les épreuves et les obstacles qu'il comporte, aussi hauts soient-ils. Ce n'est pas chose aisée. C'est même douloureux à certains moments. Après avoir passé de nombreuses heures à parler et à échanger sur ce thème, nous sommes convaincus d'être toujours dans le vrai. Pour nous, pour nos enfants. Rien ne pourra nous faire changer d'avis.
    Nous allons devoir compter et composer avec de nouveaux éléments à prendre en compte, en essayant de les gérer au mieux de manière à partir, nous l'espérons, la conscience tranquille, capables de nous regarder sans rougir chaque matin dans le miroir. Pas simple. Vivre loin des nôtres ne nous préoccupe pas, nous l'avons fait pendant 6 ans lors de notre séjour à la Réunion. Certains de nos proches ne l'avaient d'ailleurs pas plus admis qu'ils ne le font maintenant pour le Québec. Nous en acceptons le principe. Ce qui complique les choses, c'est cette situation de maladie et le fait que nous nous soyons fâchés. Nous parviendrons, quoi qu'il en soit, à surmonter ce cap. Votre soutien nous conforte dans notre conviction d'être dans le vrai. Le dicton populaire dit : "il y a deux choses à donner à nos enfants. L'une ce sont des racines. L'autre ce sont des ailes." Nous avons eu, pour notre part, les deux. Je ressens, me concernant, avoir reçu plus d'ailes que de racines. Ceci explique sans doute cela. Merci à vous tous !

    02 mars 2013, triste nouvelle. En ouvrant la boite aux lettres, nous découvrons que notre dossier est retourné par le BIQ. Motif invoqué : manque les preuves de cotisations sociales. Nous avions pourtant fournis nos derniers bulletins de salaires et nos 4 derniers avis d'imposition...
    Bref, un coup derrière la tête à une période pas vraiment heureuse... Ce qui nous rassure, c'est qu'il s'agit d'un document manquant et non pas d'un refus catégorique de notre dossier. Nous allons vite faire le nécessaire et renvoyer le tout cette semaine. Trois mois de perdus. Comme quoi : immigrer se mérite.
    Contact pris avec le BIQ pour faire le point sur notre situation. Il manquait trop d'éléments pour justifier de la légalité de notre expérience professionnelle. Il faut donc, pour remédier à tout cela :
    1) Envoyer notre relevé de carrière (à demander en ligne sur le site de la sécu)
    2) Joindre nos 5 derniers avis d'imposition et nos 3 dernières fiches de paye (ce que nous avions fait, mais il nous manquait l'avis d'imposition de 2008) Un courrier expliquant les documents manquants devrait permettre de faciliter la compréhension de notre situation. L'agent contacté a précisé de joindre "toutes les preuves possibles permettant de démontrer la validité de notre expérience professionnelle"
    3) Par ricochet, le montant des frais change et devient celui mentionné au titre de l'année 2013 (750$CAD pour le requérant principal et 160$CAD pour le conjoint et pour chaque enfant)
    A savoir : le renvoi global du dossier pour documents manquants fait repartir notre demande de zéro. C'est comme si nous n'avions jamais envoyé de dossier. Ce dernier sera traité comme les autres, par date chronologique d'arrivée. 3 mois de perdus pour nous.

    Malgré tout, le 05 mars 2013, nouveau dépôt de notre DCSQ.
    1.5 kilos de documents envoyés via Chronopost. Nous avons fait, selon nous, le maximum pour rentrer dans les clous, en ajoutant à nos précédents documents notre relevé de carrière, la copie de notre avis d'impôts sur le revenu de 2007 ainsi que toutes nos fiches de paye depuis janvier 2007 à ce jour. Maintenant, ça ne dépend plus de nous.
    La langueur nous gagne. Le renvoi du dossier nous a fichu un coup derrière la tête. Les problèmes familiaux s'ajoutent à tout cela. On ganberge. On voit les copains qui avancent et nous qui restons en suspens. Pas encore de news de l'évaluation comparative, pourtant envoyée en septembre 2012... Je me prends, pour ma part, à penser à d'autres projets (maison, voyages), à m'accrocher à d'autres choses qui me font mettre un peu de côté le Québec pour l'instant. Je peine à me réinvestir dans le trip de peur d'être à nouveau déçu. Du coup, on patiente, en espérant ne pas trop nous lasser... Le coeur n'y est plus trop.
    Fin mars, réception de l'AR du MICC concernant notre demande d'évaluation comparative des études effectuées hors du Québec. Le papier indique que le MICC pourrait avoir à communiquer avec nous dans les prochaines semaines afin de compléter le dossier. Deux numéros sont attribués : N° réf. ind. (C33XXXXX) et n° dossier (C00XXXXXXXX). Pour un envoi en septembre, je trouve le temps un peu long... Mais bref, ça avance un peu quand même... »


    Mai 2013 : La DCSQ avance !
    « Le temps est toujours maussade par chez nous et nous désespérons d'avoir un quelconque signe que notre dossier avance. Le temps passe vraiment lentement et notre optimisme concernant notre dossier en prend un coup. Petit rayon de soleil.......... nous avons été prélevés ! Oui ! Oui ! Oui ! Oui ! Prélevés ! Prélevés ! Prélevés ! Pas de quoi se monter le bourrichon, mais prélevés ! Voilà qui nous rebooste en ces temps moroses. Une nouvelle attente commence maintenant. »


    Octobre 2013 : Le temps passe lentement…. Très lentement… On réfléchit. On doute.
    Emigrer prend du temps. Nous en avons fait l’expérience. Voilà comment nous envisagions cette épreuve :
    « Voilà maintenant plus d'un an que nous avons réellement entamé nos démarches d'immigration avec l'envoi de la reconnaissance des diplômes. La DCSQ a suivi en décembre 2012, avec un retour début mars 2013 pour pièces manquantes et renvoi dans la foulée. Depuis... rien. Plus rien. De la patience, nous savions qu'il en fallait. Imaginions-nous qu'il en faudrait autant ? Peut-être pas...
    Retour sur expérience pour nous donc, car il faut bien mesurer le temps et l'investissement que prend un tel processus d'immigration. Pour notre part, nous nous sommes toujours refusés à mettre nos œufs dans le même panier et avons décidé de mener notre barque coûte que coûte. Le temps passe, les gens changent, les projets aussi.
    Petite promenade en pleine nature l'autre jour. Les enfants jouent. Nous nous posons et faisons le point. Sur notre vie. Sur nos envies. Sur nos projets. Mon épouse à récemment trouvé un emploi dans son domaine de formation. Un emploi nécessitant de se projeter sur du long terme, voire même du très long terme. Dans le même temps, je trouve mon équilibre de vie, jonglant entre la famille et le boulot. La région où nous sommes nous plait vraiment et l'idée nous est venue d'envisager l'achat d'une maison ici.
    Le Québec ? Un projet. Certainement. Le projet d'une vie ? Plus vraiment. Un projet, certes important, mais un projet. Simplement. Non pas que nous ne l'ayons pas souhaité, voulu, attendu, follement désiré, mais plutôt que, le temps passant, il n'est plus devenu LE projet central de notre vie, parce que LE projet central de notre vie c'est notre famille, nous deux, nos enfants, et être bien, ensemble, peu importe l'endroit. Le voilà LE projet de notre vie, tout simplement. Alors, puisque le projet Québec tarde à se concrétiser et puisque notre vie se poursuit ici, nous ne sommes plus très sûrs de vouloir, du jour au lendemain, tout remettre à plat et devoir tout reconstruire, ailleurs, dans des conditions plus difficiles que ce que nous pouvons connaitre ici. Par peur ? Peut-être. Par manque de courage ? Peut-être aussi. Par soucis de ne plus vouloir bousculer l'équilibre que nous parvenons aujourd'hui à atteindre ? De plus en plus.
    Alors voilà, notre réflexion se poursuit et s'infléchit au fil du temps. Notre vie actuelle nous plait énormément et l'idée d'en changer du tout au tout ne nous séduit plus autant. Voilà 8 ans, nous avions trouvé cette force, en quittant la métropole et en partant nous installer pour 6 ans à la Réunion. Nous étions plus jeunes. Notre famille se bâtissait tout juste. Notre aînée avait 3 ans et notre petit dernier un mois seulement ! Que le temps passe ! Aujourd'hui, ils ont 11 et 8 ans et les cartes ne sont plus les mêmes. Pour eux comme pour nous.
    Alors voilà, nous ne mettons pas un terme réel à notre projet d'immigration au Québec, mais il nous faut reconnaitre que si le CSQ devait un jour s'offrir à nous, nous serions face à un choix cornélien à l'issue duquel les grands espaces nord américains ne l'emporteront peut-être pas. »


    Novembre 2013 : Premiers retours concrets.
    « Réception ce jour de l'évaluation comparative des études effectuées hors du Québec !!!
    Délais entre envoi, traitement et retour : 1 an, 1 mois et 17 jours....
    Initialement, j'ai envoyé mon BAC, série B, mon DEUG Sciences du langage, ma Licence Administration Economique et sociale et mon diplôme d'Educateur Spécialisé.
    Au final, seuls mon BAC et ma Licence ont été retenus.
    - BAC série B en France, évalué comme "Diplôme d'Etudes Collégiales en formation préuniversitaire (DEC), domaine de formation : sciences humaines".
    - Licence AES en France, évaluée comme "Baccalauréat, domaine de formation : sociologie".
    Mon diplôme d'éducateur spécialisé n'a pas été retenu. »


    Mars 2014 : Joies et doutes.
    Cette période voit le premier grand tournant de notre processus ! Voilà comment nous en parlions :
    « 21 mars 2014 : Pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Il faut croire à cet adage puisque nous avons reçu nos CSQ, par une belle enveloppe dans la boite. Nous sommes abasourdis et allons devoir, mon épouse et moi, prendre le temps de discuter...
    Enfin voilà, dossier CSQ envoyé en décembre 2012, retourné en mars 2013 pour documents manquants. Renvoyé en mars 2013. En janvier 2014, nous avons reçu un courrier demandant des compléments d'infos. Le CSQ a été accordé, en date du 11 mars 2014 et porte la mention "dossier visé par traitement prioritaire - domaine de formation".

    Les réflexions sont allées bon train. Les méninges ont chauffé !!! Partant du principe qu'il faut saisir les chances qui se présentent à nous et qu'il vaut mieux avoir des remords que des regrets, l'aventure va donc continuer pour nous, non sans certaines craintes et appréhensions, bien normales... A l'heure où j'écris ces quelques lignes, je ne suis pas bien sûr de ce qu'elles représenteront dans les semaines à venir. A chaque jour suffit sa peine. Demain apportera son lot de réponses, et de nouvelles questions... Comme quoi les décisions les plus importantes, se prennent parfois en peu de temps...
    Malgré cela, difficile de se replonger dans un projet que nous avons mis en veille, histoire de rendre l'attente plus supportable. Et, en même temps, nous réalisons la chance qui est la nôtre d'avoir été sélectionnés par le Québec. Nous nous disons "c'est bon. Le Québec veut bien de nous. Il nous envoie un message d'espoir qui nous dit que nous pourrons trouver du travail là-bas et, ainsi, subvenir à nos besoins." On se rassure comme on peut.
    Depuis le dépôt de notre DCSQ, nous avons vécu au jour le jour, tâchant de nous centrer sur le présent, sans présager de ce que serait l'avenir. Nous nous sommes dit qu'il fallait prendre la vie comme elle vient et profiter de chaque instant. Du coup, ce projet d'immigration a peu à peu laissé la place à un projet de pérennisation de notre situation en France et nous nous sommes tournés vers de nouvelles situations professionnelles et de possibles démarches d'acquisition d'une maison dans notre région. On se disait "mieux vaut avoir plusieurs projets et devoir, au final, faire un choix, que de tout miser sur une seule chose, au risque qu'elle ne se réalise pas".
    Alors voilà, prenant toujours la vie comme elle vient, et décidant de happer les opportunités au vol, s'est donc posé, il y a quelques jours avec l'obtention du CSQ, la question de ce choix délicat : partir ou rester ? Au final, malgré mes réserves (qui contrebalancent avec l'enthousiasme de toujours de mon épouse) nous sommes parvenus à faire ce choix de tenter l'aventure. Ma douce m'a convaincu de me lancer en me disant, très justement, qu'il vaut mieux tenter l'expérience, au risque d'échouer, que d'avoir le regret de ne l'avoir jamais osée.
    Malgré tout, je ressens le besoin de digérer ce choix, de me l'approprier... de l'accepter et de prendre la mesure des difficultés qui vont se présenter à nous dans les prochains mois. Les craintes liées à une nouvelle adaptation de style de vie et de culture sont réelles. Aurais-je la force de devoir me vendre sur le marché du travail, alors que mon expérience professionnelle de plus de 20 ans me permet d'envisager l'avenir plus sereinement au sein de mon administration (je suis titulaire au ministère de la Justice) ? Certes, la demande de dispo que je ferai nous assure un repli en cas d'échec de notre aventure. C'est un point très important. Mais, malgré tout, l'idée de devoir plier les gaules et de se lancer dans un nouveau déménagement à l'autre bout du monde (après celui que nous avons fait il y a 9 ans à la Réunion) m'avait, au fil des mois, quitté. Je me projetais plus vers un apaisement et une volonté de me tourner vers d'autres priorités de vie. Du coup, l'arrivée du CSQ vient tout bouleverser et, en quelques jours, en quelques heures, nous avons pris une décision que je n'aurai même pas imaginé prendre il y a une semaine ! Comme la vie est étrange, parfois.
    Au final, nous voilà plongés dans ces démarches en vue de l'obtention du fédéral, avec un départ prévu pour l'été 2015 (l'été 2014 semblant trop court au regard des délais d'obtention de la RP). J'espère que les enfants accepteront notre choix et qu'ils ne nous le reprocheront pas. Eux qui, à 11 et 8 ans, nous ont fait comprendre qu'ils ne souhaitaient pas bouger de là où nous sommes. Je me dis qu'on s'adapte à tout dans la vie et qu'ils sauront aussi s'adapter à cela. Pour me rassurer ? Sûrement.

    Le dossier fédéral se monte pas à pas. Nous commençons à réaliser ce vers quoi nous nous embarquons, et c'est plutôt....disons... grisant ! Nous devons procéder au renouvellement des passeports des enfants. Pour ce faire, nous devons prendre rendez-vous avec la mairie de notre domicile, afin de pouvoir nous y rendre avec les cocos pour déposer le dossier. Pas de rendez-vous avant la mi mai 2014. Ce qui veut dire que les passeports ne seront pas édités avant fin mai-début juin. Le dossier fédéral s'en trouve d'autant décalé et ne sera, selon toute probabilité, pas déposé avant juin 2014. Pour un départ prévu à l'été 2015, nous espérons que les délais seront suffisants. »


    Avril et mai 2014 : Le fédéral se monte !
    Une fois passées les émotions dues à l’obtention du CSQ, nous nous tournons vers le fédéral. Voilà comment nous traversions cette période :
    « Après nous être penchés de manière plus sérieuse sur nos évaluations comparatives des études (CSQ et recherches de travail obligent), nous avons appelés le BIQ pour savoir pourquoi l'un de nos diplôme (CAFDES pour ma femme et DEES pour moi) n'avaient pas été évalués. L'agent du BIQ nous indique qu'il nous reste encore un mois (délais de 6 mois après réception pour faire un recours) pour demander la révision de notre évaluation comparative.
    Du coup, dossier bouclé ce soir. Départ dès demain.
    Notre dossier fédéral est, lui aussi, enfin bouclé. Finalement, il s'est avéré bien moins fastidieux que la DCSQ ! Tant mieux ! L'ensemble partira par la poste. Nous sommes heureux. Cette aventure se prolonge. Une nouvelle attente débute.

    Nous avons reçu la réponse concernant notre demande de révision de l'évaluation comparative (le CAFDES de mon épouse et mon DEES n'avaient pas été évalués). Me concernant, ils me demandent un relevé de notes. J'ai fait une copie certifiée conforme de ce que j'avais. Concernant mon épouse, le CAFDES a été évalué et reçoit une équivalence "Maîtrise en administration". Nous devons renvoyer l'ancienne évaluation comparative la concernant et garder la nouvelle. Finalement, ça a été relativement vite. »


    Juillet et août 2014 : Sauts de puce.
    « AR de Sydney reçu par mail. Tout est OK pour eux (documents, paiement). Notre dossier rejoint la file d'attente. Ca suit son cours....
    J'ai plein de projets en tête, notamment sur le plan professionnel et j'avoue ne pas trop me soucier de l'avancée de notre dossier (c'est tant mieux d'ailleurs). Je me dis que ce qui doit se faire se fera... ou pas. On verra bien. Du coup, je ne suis plus accroché à mes mails ou à ma boite aux lettres. Je prends chaque nouvelle comme elle vient !
    Ma nouvelle évaluation comparative des études est arrivée. Sur la précédente, mon diplôme d'éducateur spécialisé n'avait pas été évalué. Après réclamation de ma part, c'est chose faite puisqu'il est évalué à un niveau DEC (Diplôme d'Etudes Collégiales) en techniques d'éducation spécialisée, comme je l'espérais. Comme quoi, il faut toujours s'accrocher ! »


    Octobre 2014 : Un petit tour chez le docteur…
    Cette période nous rapproche de notre objectif. L’IVM et la visite médicale sont au programme. On reprend espoir de partir dans les mois qui viennent :
    « L’IVM est arrivée, accompagnée de documents complémentaires à fournir concernant notre parcours professionnel (rien d'insurmontable) et demande de paiement des frais de RP. Ça avance...
    Nous passons la visite médicale.
    Première étape : la visite médicale.
    Tout à commencé à l'hôpital britannique de Levallois-Perret.
    Rendez-vous fixé à 13h45. Pas de retard dans les consultations. Impec !
    Le médecin nous reçoit à 4 (les enfants, mon épouse et moi). Pas mal de paperasses à remplir. Ca va être long ! Mais bon, lorsqu'on immigre, la patience, on connaît ! Nous devons présenter les convocations reçues avec l'IVM ! Obligatoires ! Il n'était donc pas question de prendre rdv sans avoir reçu l'IVM ! Même topo pour tout le monde : prise de photo, présentation des passeports (nous n'avions pas ceux des enfants, mais la carte d'identité a suffit), test urinaire, test de vision, mesures (taille, poids), prise de tension, examen physique léger. Une formalité ! Les garçons ont le droit à une palpation des testicules. Je ne sais pas trop à quoi ça sert. Mais bon, lorsqu'on immigre, on fait ce qu'on nous demande de faire ! Quelques renseignements succincts concernant des maladies passées ou des antécédents familiaux particuliers. Rien de plus. Nous signons quelques autorisations de transmissions d'infos médicales nous concernant et nous signons le chèque : 500 euros pour nous 4. Ca pique... Mais bon, lorsqu'on immigre, les dépenses en tout genre, on connaît ! 01h30 de visite médicale. Nous sortons.
    Deuxième étape : prise de sang.
    Seuls mon épouse et moi sommes concernés. Les enfants de moins de 15 ans échappent à la piqure. Objectif de la prise de sang : dépistage du VIH et de la syphilis. Le tout prend moins de 15 minutes. Le laboratoire est désigné par le médecin. On signe le chèque : 50 euros. Ca pique moins...
    Troisième étape : les radios de poumons.
    Direction un cabinet de radiologie, lui aussi désigné par le médecin.
    Sommes concernés, ma fille de 11 ans, mon épouse et moi. Clichés thoraciques de face et de profil, en vue de détecter toute trace de tuberculose. L'opération prend 30 minutes. Méga rapide. Pas d'attente. On signe un dernier chèque de 150 euros. Ca repique un peu.
    En à peine 3 heures, tout a été bouclé ! Les résultats seront communiqués au médecin et transmis de suite au CIC dans la semaine. Bilan de la journée : 700 euros ! Une fortune ! Mais bon, quand on immigre, on sait qu'on y laisse des sous. Une VM rondement menée, à peine deux jours après avoir reçu l'IVM. La chance à joué pour nous. Nous y voyons le signe de la fin proche de notre démarche.
    Restent les frais de RP à payer et un ou deux compléments d'info à apporter concernant mon parcours professionnel. Une broutille.
    Prochaine étape : la brune ! On y croit !!!!

    Frais de RP payés ! Et voilà, c'était la dernière étape. Les frais de RP sont payés (980 Dollars) et les documents complémentaires ont été envoyés à CIC. Dernière étape d'un long, très long processus qui, nous l'espérons, aura une issue favorable. Les dés sont lancés ! Yapuka ! Ca va nous manquer tout cette paperasse là ! »


    Janvier 2015 : Soulagement et inquiétudes!
    « DECISION PRISE !!!!!!!! Ouais, ouais, ouais !!!On a (encore plus) hâte !!!!!! Le 24 janvier 2015, les CRP arrivent à la maison !! Ca y est, nous y sommes !
    « Une semaine et demi après la CRP et... un peu de stress, de doutes (encore ?) et de trouille (tout plein)... Pas le temps de vraiment se poser à cause d'un travail très prenant, qui me voit rentrer claqué et peu réceptif le soir. Mon épouse, actuellement sans travail, bosse pour deux autour de notre installation future et, du coup, je peine à m'impliquer comme j'avais pu le faire lors de notre retour de la Réunion, voilà 3 ans. Période de doute donc où se bousculent pleins de questions autour du pourquoi ? Du comment ? Du où ?
    De la crainte également de devoir plier à nouveau les gaules, de quitter une situation installée pour partir vers un grand inconnu.
    La CRP n'est pas toujours signe d'une grande délivrance. Chez moi, elle suscite plein de craintes. Nous ne savons pour l'heure pas quand nous partirons, juillet ou août, où nous nous installerons, Montréal, Québec ou Trois Rivières, s'il faut trouver la job d'abord et s'installer où elle sera ou bien s'installer quelque part et trouver la job ensuite. Par ricochet, se pose la question des billets d'avion : quelle destination ? Se pose la question de l'école et du collège pour les enfants. Celle de la venue du chien. Bref, un peu le bordel dans ma tête au moment où de grandes décisions doivent se prendre. C'est dingue de se dire qu'à quelques semaines du départ rien n'est encore vraiment fixé... J'ai du mal à m'y mettre, vraiment. Comme si j'avais attendu cette CRP pendant deux ans en me disant qu'elle aurait pu ne jamais arriver et être pris au dépourvu lorsqu'elle est là.
    La nouvelle annoncée à l'entourage et aux collègues nous pousse à agir un peu plus.
    J'espère trouver la sérénité de penser à tout cela calmement lors de ma prochaine semaine de vacances...Je pense que le tumulte actuel de nos vies ne nous permet pas de nous pencher de manière totalement concentrée sur ce projet. Je compte sur les prochaines vacances pour y voir plus clair ! »


    Février et avril 2015 : Du nouveau.
    « Des avancées dans notre projet de départ puisque nous avons trouvé une pension pour accueillir notre compagnon à 4 pattes à notre arrivée à Québec. Du coup, nous voyagerons avec Air Transat qui offre un forfait à 275 dollars pour lui, qui pourra ainsi voyager avec nous. Nous avons donc abandonné notre projet de partir sans lui et de le faire venir seul plus tard. Il partira avec nous et sera en garderie quelques semaines sur Québec, le temps que nous trouvions un logement susceptible de l'accueillir. Les billets seront pris d'ici 15 jours.
    Ça avance !!
    Les billets d’avion sont en poche ! Nous partons le 23 juillet pour Québec !!! »


    Mai 2015 : un toit au-dessus de la tête.
    « Nous avons trouvé un logement !!!!
    Appartement de deux chambres, situé dans le quartier Montcalm à Québec. Ecoles et tous services à proximité. Transports également. Pas besoin de voiture pour commencer. Appartement entièrement meublé et équipé (de la laveuse aux petites cuillères, en passant par la vaisselle et l'aspirateur). Rien à emmener ni a racheter. Juste les valises à poser pour un an.
    Le propriétaire, un homme charmant, nous accepte même sans emploi car nos secteurs d'activité sont porteurs. De plus, il accepte notre chien ce qui, au regard des difficultés pour trouver un logement acceptant les toutous, nous a fait basculer. 1200 Dollars par moi, hors électricité, ce qui portera la facture globale à 1350 dollars environ. Nous sommes aux anges. C'est un vrai poids en moins !
    Nous avons déjà un pied là-bas ! »


    La suite dans le livre 2...
  25. J'aime
    B@bouk a reçu une réaction de KAMAH pour un billet, Si loin, si proche...   
    Septembre 2012, juin 2015.
    Bientôt trois ans.
    Trois ans de questionnements, de doutes, d'envies, de procédures, de joies, de peines.
    Trois ans de vie qui nous ont vu changer.
    Etre les mêmes, mais plus vraiment.
    Parce que ce projet d'émigration a évolué au fil de l'eau. Se nourissant de nos interrogations et des réponses que nous avons pu y apporter. Se construisant au fil de représentations qui se sont heurtées à des réalités parfois difficiles. Se mêlant à d'autres projets, d'autres envies qui, eux, n'attendaient pas l'arrivée d'un certificat de sélection ou d'une confirmation de résidence. D'autres projets à imaginer, à construire, à déconstruire, à mettre de côté pour, au final, se concentrer sur le principal, celui que nous n'espérions plus, celui qui était resté là, dans un coin de notre tête et que nous ne pensions plus voir aboutir un jour : partir. Et voilà, après un peu plus de deux ans de procédures, les précieux sésames sont en poche, la date est couchée sur le papier, les billets d'avion sont pris, la maison se vide, nous partons cet été.

    Les craintes, les doutes, les angoisses d'avant ont laissé la place à cette envie curieuse, teintée d'une peur positive de l'inconnu, d'aller découvrir l'Autre. Autre continent, autre culture, autre mode de vie, autres gens, autres horizons. Un nouveau départ, mais pas une fuite. L'envie d'aller de l'avant, l'envie d'un Ailleurs, sans renier ce qui nous a mené jusqu'ici, sans avoir l'espoir de trouver une vie meilleure. Non. Juste l'envie de découvrir, tout simplement. D'apprendre, toujours. Sans idéaliser. Sans être naïfs ou utopiques. Conscients des difficultés à venir et de la possibilité que tout cela puisse ne pas marcher. Avec la pression d'emmener les enfants dans notre sillage et de devoir réussir pour eux, avec eux, malgré eux. Eux qui n'ont rien demandé, et surtout pas de devoir quitter l'environnement sécure qu'ils se sont construit ici. Eux que nous exposons à un avenir incertain. Eux qui nous reprochent parfois de les arracher à leurs racines pour les mener vers un ailleurs qu'ils peinent à se représenter, si ce n'est au travers de nos discours optimistes et des photos glanées sur la toile. Partir en famille reste, avant tout, un projet d'adulte sur lequel les enfants se greffent, adhèrent, ou pas.

    Aujourd'hui, plusieurs émotions nous traversent, positives et négatives.
    L'envie (la nécessité ?) de réussir, soutenus (ou pas) comme nous les sommes par nos familles, nos amis, nos collègues qui, suivent depuis le premier jour l'évolution de nos démarches.
    La crainte (l'angoisse ?) d'échouer et de devoir faire route arrière.
    Le besoin toutefois d'essayer. De tenter le coup. Pour ne pas regretter.
    Autant de sentiments, d'impressions qui s'entremêlent et qui occupent, du matin au soir et du soir au matin, nos pensées.
    Malgré ce flot permanent de ressentis multiples, nous avançons, nous cheminons. A notre rythme.
    La maison se vide.
    Nous partons cet été.

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