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Pas simple d'immigrer en couple...


Jefke

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Adieu été indien. Adieu paysages de carte postale. Place à la grisaille et au spleen automnal.
Les feuilles se raccrochent désespérément à leur branche. Mais pour combien de temps encore? Elles finiront par manquer de chlorophylle et dépérir au pied des arbres. Ou elles se laisseront emporter par le vent. Épuisées. Comme tous ces immigrants qui finissent eux aussi par lâcher prise.
C’est déprimant de voir autant de connaissances quitter les Cantons de l’Est.

Mes amis liégeois
Nous étions arrivés dans la région à la même période. Le courant est passé tout de suite.
Lui: était venu pour un postdoctorat à l’université de Sherbrooke.
Elle: a cumulé une job dans un callcenter et un quart de nuit dans un fastfood. Ce n’était pas à ça qu’elle aspirait en immigrant. Mais il fallait bien payer les factures. En septembre, ils sont partis poursuivre leur aventure sur Québec. En espérant y trouver mieux.

 

Mes maudits français
Au début c’était intéressant d’écouter leurs commentaires critiques. Puis c’était devenu tellement systématique et méchant que je me demandais ce qu’ils faisaient encore ici.
Elle: recrutée aux Journées Québec.
Lui: est sorti d’une grande école française, l’une des meilleures paraît-il. En fait, je n’en sais rien. Et beaucoup d’employeurs québécois non plus, apparemment. Ça l’a vexé pas mal.
Une fois leur Résidence Permanente acquise, et après avoir râlé contre tous ces gens incapables de reconnaître la valeur de son prestigieux diplôme, il a convaincu sa blonde de déménager à Montréal. Revenir dans sa zone de confort. Travailler pour une grande entreprise bien française.

 

Nos partenaires de tennis
L’accès aux courts de tennis extérieurs est gratuit. A la belle saison, c’est excellente opportunité pour se maintenir en forme et de faire des rencontres.
Elle: ex-architecte, s’occupait de sa garderie familiale.
Lui: auditeur financier, avec un permis temporaire.
Ils se voyaient s’installer ici, construire une fermette au milieu des bois, chasser l’orignal, etc. Et puis bardaf : l’entreprise l’a mis à pied. Tout a basculé. Cela fait présentement plusieurs mois qu’il peine à rebondir. Le bassin d’emplois est restreint en région. Grosse remise en question de leur projet d’immigration. Le Canada n’est peut-être pas l’Eldorado imaginé.

 

Nos voisins boliviens
Ils étaient arrivés au Canada sans parler un mot de français et avec presque rien. Présentement, ils ont l’une des plus jolies maisons du voisinage.
Lui: a quitté la Bolivie il y plusieurs années. Depuis, il s’est fait une place à Sherbrooke.
Elle: après plusieurs années a finalement trouvé une job à la hauteur de ses attentes. A 2 heures de route. Fatiguée de faire la navette, elle a fini par prendre un appartement en ville. Ça semblait plus pratique. Vraiment? Il paraît qu’un couple de nouveaux arrivants sur 2 finit par se séparer.

 

 

Même avec la plus grande motivation, les motifs sont nombreux pour refaire ses valises,immigrer un peu plus loin ou rentrer dans son pays d’origine : insatisfaction professionnelle, choc culturel, éloignement familial, hiver trop long, difficultés financières, intégration difficile, chicanes de couple, déception globale…. Une idée noire qui tourne, tourne et tourne en rond dans un petit appartement peut vite faire remonter à la surface beaucoup de ressentiments.

 

Une job stimulante et une rémunération confortable aident beaucoup à apprécier la qualité de vie au Canada. Clairement, l’épanouissement professionnel est l’une des meilleures clés pour réussir son immigration. Pourtant je vois beaucoup de personnes autour de moi qui ont mis leurs ambitions professionnelles entre parenthèses pour suivre leur conjoint(e). Elles se disent (ou se font dire) : tout est possible au Canada, quand on veut on peut, il suffit de, on s’adaptera, on cherchera sur place… Mais, et si on ne trouvait rien de satisfaisant? Comment être heureux dans son couple si on doit se contenter d’un poste d’agent d’accueil alors qu’on a été conseillère RH avec 10 années d’expériences hors Canada? Comment rester optimiste quand cela fait 3 ans qu’on est coincé dans une job de mécanicien au salaire minimum à Chicoutimi après avoir été ingénieur chez Airbus? Est-ce vraiment cela immigrer? Un mélange d’égoïsme et de sacrifice naïf? Pour un couple qui réussit son pari, combien souffrent en silence?

 

Ce n’est pas évident d’immigrer en famille. La barre est placée très haut.

 

Pendant ce temps, le vent continue d’arracher les feuilles jaunies.
Et ces amitiés auxquelles je m’étais habitué.

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